INCANTATIONS DE LA CRÉATION
"HIERSEIN IST HERRLICH." (RILKE)
"ÊTRE LA EST MERVEILLE."
AURORE
Jonchées d'astres s'effaçant.
Les glaïeuls gloussent
dans l'aurore.
Les jacinthes jaillissent
des songes d'ombre.
Braises d'aube
derrière la dentelle des branches.
Une main d'enfant
cueille une étoile
et la laisse choir
nonchalamment
dans le bol d'azur frais
du matin.
LE PUR CROISSANT DE LUNE
au-dessus des autoroutes
du dense flot des véhicules
du chaos des constructions
des parkings des supermarchés
des usines des gares
au-dessus des lampadaires
des grues des échafaudages
des derricks des chevalements des tours
dans l'immensité bleu-rose
de l'aube
le pur croissant de lune
DANS L’IMMENSITÉ BLEU-ROSE DE L'AUBE
DANS L’IMMENSITÉ BLEU-ROSE DE L'AUBE
ROSÉE DU MATIN
Les perles de l'aube
se dissolvent
dans la bleuité.
La nuit retire sa robe
d'étoiles parsemée
par-delà les collines
où près des étangs se perdent les voix cristallines
des nixes aux regards d'émeraude.
La flamme des fleurs danse
sous la neige du printemps.
Légère, l'aile
au-dessus des lys.
Saison de délice.
Les ivres fêtes d'ailes
à la neige se mêlent
et d'éclairs étincellent
sur la noirceur du ciel.
déluge de délice au milieu des glaïeuls
de l'enfance irradiée de lumière l'été
jardin de fraîcheur
où les oiseaux sont seuls compagnons
de l'ivresse immense de beauté
l'oiseau en vol
ivre de vastitude
perd une plume
qui virevolte
et tombe doucement
dans l'étang en feu
du soir
DOUCEUR PRINTANIÈRE
La lumière est amoureuse des roses.
Le ciel rêve sur le repos des choses.
De frais chemins mènent les pas
vers des tiédeurs de miel
près de l’arbre là-bas,
gardien du silence essentiel.
INSTANT D’ÉTÉ
Touffeur.
Songe de soleil peuplé de souffles délicats
et sous les branches
tremblements plus subtils encore:
frissons de flaque,
brindilles qu'un rayon chauffe,
tendresses discrètes de myosotis,
battements d'ailes invisibles,
regards de musaraignes.
C'est le monde arrêté,
suspendu à son propre silence,
la terre qui s'écoute être.
C'est l'oreille des choses
attentive au murmure le plus tendre.
MONDE SUSPENDU A SON PROPRE SILENCE
TERRE QUI S’ÉCOUTE ÊTRE
APRÈS-MIDI D’ÉTÉ
Le ciel tendre
se penche sur le toit.
Bleue de silence,
la fenêtre contemple
le jardin calme
ruisselant de lumière.
été
tendresse bleue bourdonnante
d'abeilles
dans les creux frais
où se cachent de secrètes merveilles
DANS LA FORET, L’ÉTÉ
J'allais par de frais chemins,
léché tour à tour
par l'ombre et les coulées de lumière.
Des fabulations démentes
me tourmentaient.
Parfois une pluie brève
faisait murmurer les feuillages.
Clairières. Éclaircies.
Lumineuses gazes pendant
d'où l'azur était trouble.
Et, l'averse s'étant tue,
la forêt creusait son silence.
Touffeur.
Songe de soleil peuplé de souffles délicats
et sous les branches
tremblements plus subtils encore:
frissons de flaque,
brindilles qu'un rayon chauffe,
tendresses discrètes de myosotis,
battements d'ailes invisibles,
regards de musaraignes.
C'est le monde arrêté,
suspendu à son propre silence,
la terre qui s'écoute être.
C'est l'oreille des choses
attentive au murmure le plus tendre.
MONDE SUSPENDU A SON PROPRE SILENCE
TERRE QUI S’ÉCOUTE ÊTRE
APRÈS-MIDI D’ÉTÉ
Le ciel tendre
se penche sur le toit.
Bleue de silence,
la fenêtre contemple
le jardin calme
ruisselant de lumière.
été
tendresse bleue bourdonnante
d'abeilles
dans les creux frais
où se cachent de secrètes merveilles
DANS LA FORET, L’ÉTÉ
J'allais par de frais chemins,
léché tour à tour
par l'ombre et les coulées de lumière.
Des fabulations démentes
me tourmentaient.
Parfois une pluie brève
faisait murmurer les feuillages.
Clairières. Éclaircies.
Lumineuses gazes pendant
d'où l'azur était trouble.
Et, l'averse s'étant tue,
la forêt creusait son silence.
JOIE
brillez roses
brillez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de soie des caresses
dans le bruissement bleu des brises et des branches
riez roses riez de joie
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits
et des tourments humains
dansez dansez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie de l'été souverain
ADORATION PERPÉTUELLE
Tout est encore calme, tout est encore silencieux
Tout est encore calme, tout est encore silencieux
dans l’attente du jour.
On entend la secrète germination et la
croissance des plantes,
le lent dépliement des feuilles,
des fleurs dans la transparence du jour
d’été,
le déploiement de la simple beauté,
odeurs, couleurs, formes,
psaume silencieux de toutes les
créatures.
Arbres et buissons s’éveillent,
vibrant d’yeux et de gazouillis.
Les jardins resplendissent,
débordant de lys, de glaïeuls, de
tournesols.
Une brise vagabonde traverse les maisons
ouvertes sans réserve dans l’illimité
songe de lumière.
La mer des champs de blé s’étend
jusqu’aux vignes, jusqu’au ciel.
Midi. Suspens du temps. Chaleur.
Canicule.
L’odeur de la terre danse dans l’air
vibrant.
Les abeilles bourdonnent dans le verger.
Les poules gloussent assoupies près du
poulailler.
Les enfants somnolents fantasment
et se dissolvent dans le délire solaire.
Les amoureux flirtent, gazouillent
et commettent de tendres péchés dans
l’ombre.
Les chiens dorment et ronflent dans
l’herbe humide.
Les chats s’étirent sur les pavés
chauds.
Suspens du temps. Innocence de la vie.
Songe d’été. Tout est silence,
tout est extase, élévation, infinité.
Les oiseaux se perdent dans l’or liquide du soleil,
dans la splendeur paradisiaque.
Le jour le plus long,
pure édification d’azur,
règne sur la plaine en toute plénitude
et dans les vaporeux lointains bleu ciel
les montagnes nagent comme des nefs aériennes.
TOITS PARMI LES HERBES ET LES FEUILLES
Le chemin s'incurve au pied du peuplier.
Des poulains piaffent dans les prairies
vastes jusqu'au ciel.
Les toits se baissent vers l'herbe
frémissante de lumière.
Villages nimbés de candeur,
assoupis parmi les feuilles;
églises sépulcrales où l'on entre
après la promenade au soleil.
Pierres en prière dans les saisons sans fin.
L'HERBE DE MERVEILLE
L'herbe de merveille
pousse n'importe où,
entre les pierres, dans la boue,
dans les jardins abandonnés,
au bout des chemins vicinaux.
L'herbe de merveille,
nous l'ignorons,
nous la piétinons,
n'ayant pas dans le regard
assez de simplicité
pour la voir,
extrême naïveté
de toute chose.
L'herbe de merveille
pousse pour le vent,
pour les chiens errants,
pour l'âme des enfants.
L'herbe de merveille diaphane
pousse pour les ânes.
et nous ne dormons plus, debout aux fenêtres
à manger la blancheur.
TOURBILLONNANTS CHAOS
Tourbillonnants chaos de neige
sur les campagnes désertées,
tonnes de blancheur dont s'allègent
les gouffres noirs de bleuité.
Parfois rugissent des stridences
aux lisières des forêts floues,
fureurs de sang, sombres silences
béant comme d'horribles trous.
LITURGIE DES BÊTES
Chaleur, fièvre caniculaire.
Tout est en attente d’orage.
Tout appelle : pluie !
pluie !
Viens,
sombre temps d’orage !
Déchirez le frêle silence, éclairs
sauvages
avec vos violents zigzags !
Submergez la terre assoiffée,
gigantesques seaux d’eau des
nuages !
Après l’orage, calme, tendre calme.
Les arbres et les plantes boivent
la fraîcheur verte de lait-menthe du
silence.
Un arc-en-ciel unit le ciel noir et la
terre exhalant des vapeurs.
Le soir violet monte derrière les toits.
Un cœur d’oiseau bat dans le silence
crépusculaire.
Sérénité, tendresse rose avant la nuit.
Le ciel saigne dans la sombre forêt.
Entendez-vous battre le cœur de
l’oiseau ?
Entendez-vous prier le silence ?
PSÀLM VU DR STELLA
1. MORGA
Dr gànza Tàg, d gànza Nàcht
wia’na Gebatt
àlles üs dr ennra Stella erlawa.
Melda, melchiga Morgastella,
Porzelàn-Hemmel
ewer d igschlofena Derfer.
Blib gànz stell un heer dr
Stella züa.
Stella vu da weicha
tràimenda Kerwer in da kiahla Zemmer.
Blàia Stella vum Erwàcha,
vu dr emmer neia Wedergeburt
àns Lawa.
Stella wia Sida, wia frescha
Qualla,
heiligi Màteria, Freeda wia
lichta, wissa Nawel
wu ewer d gànza Arda schwebt
un àlles durchdrengt.
Alles steht noch riahwig, àlles
steht noch stell
un wàrtet uf dr Tàg.
Mr heert s geheima Kima un Wàchsa
vu da Pflànza,
s làngsàma Entfàlta vu da
Blätter,
vu da Blüama im
durchsechtiga Summertàg,
s Entfàlta vu dr eifàcha
Scheenheit, Duft, Fàrwa, Form,
steller Psàlm vu àlla Kreatüra.
D Baim un d Hecka erwàcha
voll vu Aiga un Zwetschra.
D Garta stràhla ewerfellt
vu Lelia, Glàdiola, Sunnablüama.
A wàndersluschtiger Wend waiht
durch d Hieser
wu gànz uffa stehn im granzlosa
Liacht-Tràim.
S Meer vu da Kornfalder erstreckt
sech
bis zu da Rawa, bis in dr Hemmel.
Summertàgstràim. Alles esch
stell,
àlles esch ekstàtisch, hoch,
unandlig.
D Vegel verliara sech im
fliassiga Sunnagold,
im Glànz vum Pàràdies.
Dr längschta Tàg
reina Azür-Gestàlt
herscht breit ewer d Ewena
un in dr hellblàia Farna
schwemma d Barga wia Luftscheffa
.
2. MITTAG
Mittàg. Stellstànd. Hetz. Hetz.
Hundstàgàhetz.
Dr Duft vu dr Arda tànzt in dr
vibriarenda Luft.
D Emmala summa im Obschtgàrta.
D Hianer glucksa schlofrig nawem
Stàll.
D schlummernda Kender fàwla
un vergehn im Sunna-Wàhn.
D Liawenda schmüsa, flüschtra
un màcha sànfta Senda im
Schàtta.
D Hend schlofa un schnàchla
im fichta Gràss.
D Kàtza strecka sech üs uf
da heissa Pflàschter.
Stellstànd. Unschuld vum Lawa.
Ech setz unterm mim Bàim, dr Bàim
vu dr Dechtung
un heer àndachtig, porös dr
Stella züa.
Jetz wàchst in mer a àndra
Bàim,
dr Wortbàim, stella Müsik,
stella Sproch vu da Blüama,
vu da Wulka, vu da Tiarer,
vu da stumma Sàcha vum
blossa Alltàg.
S làwandiga Wort wàchst in mim
Kerwer,
s Wort werd Fleisch, werd Liacht,
werd Poesie,
s diafa Liad vum Lawa,
s hocha Liad vu dr Schepfung.
Hetz. Summerfiawer. Alles wàrtet
uf Gwetter.
Alles riaft: Raga! Raga!
Kumm Raga, dunkles Dunnerwatter!
Welder Bletz, verriss d denna
Stella
met dina gwàltiga Zickzàcka!
Ewerschwemma d durschtiga Arda,
riesiga Wàsser-Kewel vu da Wulka!
Freeda, zàrta Freeda noch’m
Gwetter.
D Baim un Pflànza trenka
d frescha Pfaffermenz-griana
Melch vu dr Stella.
A Ragaboga vereint dr schwàrza
Hemmel un d dampfeta Arda.
Dr veialeta Owa stiegt
henter da Dacher.
A Vegalaharz schlet in dr dämmerda
Stella.
Freeda, rosarota Zàrtheit vor dr
Nàcht.
Dr Hemmel blüatet im dunkla Wàld.
Heert ehr s Harz vu da Vegala
schlàga?
Heert ehr d Stella bata?
3.NACHT
Lieslig stiegt d Nàcht
üsm Müater-Schoss vu dr Heimet,
üsm Ungrund vum Firmamant.
In dr Stella vu dr Nàcht brennt
d versteckta Glüat vu dr
Sehnsucht
un d hungriga Flàmma vu dr Luscht,
Luscht noch Wolluscht, Luscht
noch Liawa.
In dr Nàcht verdiaft sech d
Stella.
Bleicha Visiona, unheimligi
Angscht-Erschienunga
umkreisa d stüenenda Einsàmkeit.
In dr Stella vu dr Nàcht heert mr
komfüsa Stemma.
O Schlofenda, ô Tràimenda,
heert ehr net riafa in dr Nàcht?
D Fenschternis esch voll Stemma,
stumma Stemma wu schreia.
As sen vergasseni Toda, unsri
verlosseni Toda,
àrmi Seela verlora in Nàcht
un Nawel.
Besch stell un riahwig,
laar di Geischt un heer züa.
Alles redet in dr Stella, àlles
sengt, àlles schreit.
Alles esch eifàch
un àlles esch unandlig,
geheimnisvoll.
Alles fàngt à , àlles àtmet un
àlles geht zruck
in d ungrundliga Stella Gottes.
O s Wohna in dr ewiga Rüahj!
D Stella esch mini Heimet.
In dr Stella wohn i,
witt vum lütta Schlàmàssel vu dr
Walt.
D Stella esch mini Qualla, d
Stella esch mini Nàhrung,
d Stella esch mini unandligi
Rüahj.
D Stella sengt d Fraid un dr
Schmarz vu dr gànza Schepfung.
D Stella sengt d Pràcht vum
Starnahemmel
un vum grengschta Schmatterleng.
D Stella esch ewiger Andàcht.
In dr Stella esch s Mysterium vu
dr Ewigkeit verborga.
D Stella esch s Harz vu dr Walt,
s Harz vu jedem Gschepf.
D Stella esch d Heimet vu àllem
Liawenda.
D Stella esch Gottes
Odem.
TOITS PARMI LES HERBES ET LES FEUILLES
Le chemin s'incurve au pied du peuplier.
Des poulains piaffent dans les prairies
vastes jusqu'au ciel.
Les toits se baissent vers l'herbe
frémissante de lumière.
Villages nimbés de candeur,
assoupis parmi les feuilles;
églises sépulcrales où l'on entre
après la promenade au soleil.
Pierres en prière dans les saisons sans fin.
L'HERBE DE MERVEILLE
L'herbe de merveille
pousse n'importe où,
entre les pierres, dans la boue,
dans les jardins abandonnés,
au bout des chemins vicinaux.
L'herbe de merveille,
nous l'ignorons,
nous la piétinons,
n'ayant pas dans le regard
assez de simplicité
pour la voir,
extrême naïveté
de toute chose.
L'herbe de merveille
pousse pour le vent,
pour les chiens errants,
pour l'âme des enfants.
L'herbe de merveille diaphane
pousse pour les ânes.
JOIE
riez roses
riez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de neige
ardente des baisers
dans le bruissement bleu des brises
et des branches
brûlez roses brûlez
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits noirs
et des tourments humains
dansez
brûlez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie
de l'été souverain
riez roses
riez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de neige
ardente des baisers
dans le bruissement bleu des brises
et des branches
brûlez roses brûlez
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits noirs
et des tourments humains
dansez
brûlez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie
de l'été souverain
DANS MON
HUMBLE JARDIN
L’armée
rouge des coquelicots règne sur mon humble jardin et la horde ailée piaillante
assaille le vieux cerisier mangé par le lierre.
C'EST UN JOUR DOUX ET GRIS
C'est un jour
doux
et gris infiniment
d'automne,
lent
et lointain d'enfance,
et noir
de brume jaune.
AUTOMNE
Il y a près des étangs
des peupliers tremblants
et sur les grands bois jaunes
le blanc soleil d'automne.
Il y a dans les rues grises
les feuilles que la bise
fait danser follement.
Il y a la pluie, il y a le vent.
LONGTEMPS DANS LES SAISONS D'OUBLI
"WINTER UNDER CULTIVATION
IS AS ARABLE AS SPRING."
(EMILY DICKINSON)
"L'Hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps."
AUTOMNE
Il y a près des étangs
des peupliers tremblants
et sur les grands bois jaunes
le blanc soleil d'automne.
Il y a dans les rues grises
les feuilles que la bise
fait danser follement.
Il y a la pluie, il y a le vent.
LONGTEMPS DANS LES SAISONS D'OUBLI
Longtemps dans les saisons d'oubli,
d'arbres flous et de fileuses,
ombres aux visages pâlis,
nous rôdions au bord des meuses,
des meuses, des mélancolies
aux tiédeurs insidieuses.
Nous errions sous les douces pluies
jusqu'aux collines dormeuses
où se perdaient les hallalis
des clairières odieuses
et les bleues guirlandes de cris
des lointaines vendangeuses.
d'arbres flous et de fileuses,
ombres aux visages pâlis,
nous rôdions au bord des meuses,
des meuses, des mélancolies
aux tiédeurs insidieuses.
Nous errions sous les douces pluies
jusqu'aux collines dormeuses
où se perdaient les hallalis
des clairières odieuses
et les bleues guirlandes de cris
des lointaines vendangeuses.
"WINTER UNDER CULTIVATION
IS AS ARABLE AS SPRING."
(EMILY DICKINSON)
"L'Hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps."
Beauté des
soirs d’hiver
brûlant dans
les bois nus.
Depuis quelques jours, il
neigeet nous ne dormons plus, debout aux fenêtres
à manger la blancheur.
TOURBILLONNANTS CHAOS
Tourbillonnants chaos de neige
sur les campagnes désertées,
tonnes de blancheur dont s'allègent
les gouffres noirs de bleuité.
Parfois rugissent des stridences
aux lisières des forêts floues,
fureurs de sang, sombres silences
béant comme d'horribles trous.
Sans fin danse, danse la neige
sur les étendues dévastées,
lentement tombe et puis s'agrège
aux herbages ensanglantés.
DOLOR
où se blottissent les démons
où germent les crimes
et les rires des printemps
sous la terre
du lait et les louves fluides de l’enfer
et les forces noires
charbon métaux
reptiles
sous la terre nuit lourde lenteur de plomb
morts
SOLITUDE
oiseaux perdus
dans la nuit opaque
cris
au-dessus des toits chargés de peur
la verdure noire vocifère
et dans la terre dorment
les bêtes minuscules
immensément seules
au milieu des galaxies
sur les étendues dévastées,
lentement tombe et puis s'agrège
aux herbages ensanglantés.
DÉLICATEMENT BLEUES MONTAGNES
Il y a ces
délicatement bleues montagnes de janvier
à travers
les branches nues doucement remuées.
DOLOR
douleur des pierres
compacte dure terrible nuit
minérale
douleur des arbres figés
sous le ciel torride
ou tordus par la fureur déchaînée des tempêtes
douleur lourde lente des plantes
dans le froid
douleur dans l’infini
fracas d’astres
cri du ciel rouge noir
au-dessus des potences
au-dessus des potences
SOUS LA TERRE
Sous la terre
du feu blanc où se blottissent les démons
où germent les crimes
et les rires des printemps
sous la terre
du lait et les louves fluides de l’enfer
et les forces noires
charbon métaux
reptiles
sous la terre nuit lourde lenteur de plomb
morts
SOLITUDE
oiseaux perdus
dans la nuit opaque
cris
au-dessus des toits chargés de peur
la verdure noire vocifère
et dans la terre dorment
les bêtes minuscules
immensément seules
au milieu des galaxies
Invisible,
omniprésent orchestre des insectes
aux
bruissements d’aiguilles remuées,
basse
continue de la symphonie du silence
battant
comme un pouls vibrant.
Mouches tourbillonnant comme atomes en folie
autour de ma tête.
Gros insectes volants dont on appréhende l'approche.
Sur l'arbre sous lequel j'écris, une cigale jette par intervalles
sa stridulation insistante dans la sérénité de l'après-midi.
Sur la terrasse, un long lézard s'immobilise un instant au soleil
et détale au moindre bruit.
Serpents, lézards...Idéaux résidents de ces hauts lieux du silence et du secret.
Oiseau égrenant parcimonieusement ses neumes monotones.
Maigres troupeaux de moutons et de chèvres.
Le bruit liquide des clochettes se mêle à la rumeur du ruisseau.
Oiseaux survolant les étangs,
Oiseaux survolant les étangs,
brumeux
étangs de la mémoire,
oiseaux
planant sur les enfances,
enfances
d’herbe et de lumière.
L’AVERSE
L’averse
jette ses bleues giclées
de perles
liquides
contre la
vitre qui chante
heureuse et
fraîche
comme
l’enfance en été
quand dans
le verger les pêches
ont des
joues d’aube
sous
l’humide feuillage du matin. La rose est une rose,
rose sans pourquoi,
simplement être rose,
merveille sans loi,
beauté gratuite éclose
pour n'être qu'une rose.
PROFONDEUR DU SOIR
L'arbre respire plus ample.
Pas une étoile
ne tremble
encore au ciel laiteux.
L'araignée se fige
au milieu de sa toile.
Le silence apaisant s'érige
sur les prés brumeux
qui lentement s'inclinent
dans le soir
comme si la terre,
la vieille terre carnivore
avec ses morts,
s'offrait doucement au ciel
et à la nuit naissante,
comme si un imperceptible mouvement,
au-delà de la demeure des vivants,
fondait la paix des trépassés
et le calme du firmament.
Bientôt ce sera la profondeur,
eaux, herbes, brumes, branches,
tombes aux sombres moiteurs,
toutes choses comme imbibées,
ouvertes par la dense obscurité
envahissant le pays de lenteur.
Maintenant la nuit, infinie infinie profondeur.
Le soir brûle dans les vitres
Vertige de silence.
L'insecte replie ses élytres.
Les arbres pensent.
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