INCANTATIONS DU SOLEIL ROUGE OR ET NOIR DE LA VIE
INCANTATION DU NAÎTRE
Voici déjà
l’automne saison des fruits
saison des
brumes au verger de tendresse
Tu as mûri
tu as déplié ton être mystérieux
tissé de
force et de délicatesse
Voici
bientôt tu quitteras ton antre délicieux
L’automne
avance temps des maturités
Vastes
matins de brume sur les terres fécondes
Collines lourdes
de vignes plaines labourées
Voici humble
vivant tu viens au monde
Tu entres
dans la gloire de vivre tu nais
à l’étrange
aventure de la mortalité
L’automne
avance saison des complétudes
Tu viens
vivant fragile et la longue inquiétude
désormais
restera compagne de nos jours
ombre fidèle
de l’attentif amour
Longtemps
j’ai séjourné dans la demeure d’ombre
Et voici
il te faut
naître
Naître ou
n’être pas
Naître ou
n’être qu’ombre
au royaume
des langueurs
Fauve est le
naître non fade non rose non bleu
obscure
gestation
d’organes
d’yeux
de membres
fête de
chair jubilation souffrance
ventre
chaud comme le pain
chaud comme le pain
glaise tendre où couve la vie
abri de sang
marées de rêves roses
ténèbre tiède qui
doucement remue
vase de viscères
demeure mouvante molle
murmurante
fluide habitation
nuit de neige
silencieuse
de muettes cosmogonies
sommeils de
miel peuplés de murmures traversés d’ailes légères danses d’eau de feuilles
sommeils fluides fusant d’étoiles
sommeils de
glaise gloussements d’aube dans la bleutée fraîcheur des jardins
fragiles
envols
des êtres de
neige nagent dans la nuit de velours
et puis le
silence
la plénitude
du silence
silence de
chair silence de tendre ciel matinal
silence
baigné de bleu
Je me
pelotonne dans les buissons d’artères de veines de nerfs
dans l’œuf
chaud du ventre je me blottis
dans la nuit
bruissante d’eau de sang de sève
et de
caresses de baisers je me réfugie je me nourris
de tiédeur
de tendresse
je bois le
breuvage ardent
de l’eau de
feu qui fait s’épanouir les fragiles vivants
les fleurs
frêles les étoiles passagères
Le ciel de
la terre l’oxygène
descend dans
mes membres mon torse éclaire ma tête
Je vois des
oiseaux voler sur des surfaces d’eau lisse
et longtemps
s’illuminer le ciel
tendres profondeurs je vis lové dans
le velours
je voyage à travers des verdures mouvantes des brumes de tendres éclairs des météores des astres qui dansent
je vis lové dans le velours de la
nuit
j’ai des milliers d’yeux des
milliers de mains
POUR FÊTER TA NAISSANCE
Tu entends la rumeur de la mer
le murmure sourd du sang
le bruit de soie des caresses
prodiguées par nos mains
à la mouvante colline du ventre
Tu nais et c’est grande fête
chez les bêtes
qui dansent au soleil levant
Et c’est profonde allégresse
chez les humains
qui se taisent et te contemplent
Et c’est miracle pour les astres
Tu nais et c’est jour faste
pour tous les vivants
Tu nais et maintenant
naître sera ta tâche
jusqu’à l’ultime que nous avons
appelé
MOURIR
forêt de fables où tu entres le
monde
texte diffus confus touffu
des songes humains
tissu de songes de mensonges
tramé en tout lieu
avec nos obscurs désirs
forêt des saisons des lieux
forêt des visages
où tu pénètres
Pour fêter
ta naissance
je convie
les mots les plus beaux
je convie
les ailes des papillons
je convie la
transparence des cristaux
le bleu
tendre des horizons
je convie la
gloire des soleils
les secrètes
merveilles
des étangs
et des bois
je convie le
chant de joie
le chant de
mélancolie des terrestres saisons
je convie la
splendeur des floraisons
le silence
des neiges
UNSPRACHE
ich kann nicht
sprechen
alles dunkel
Sonnennacht
Nachtsonne
Nebel
ich bin das ewige
Kind
Infans
ich zottere
wo das Leben ?
sterbe ich schon?
versinke ich schon
im Ozean des Nichts?
ist am Ende das Wort ?
ist am Ende
Gott ?
POUR NAITRE
N'être pas encore né et être
déjà forcé de se promener
dans les rues, de parler aux
hommes.
KAFKA
Pour naître, dotez-moi d'un corps, douez-moi d'une
voix, donnez-moi un nom, un beau nom habitable, et
un peu de jour. Derrière les âcres fumées, derrière
les gravats amoncelés, je végète, infirme, informe,
lançant de petits appels stridents, esquivant de
risibles petits gestes , vite épuisé à cause de
l'épaisseur oppressante de l'air. Depuis
d'immémoriales saisons, je dissimule la larve de
mon être. Toute ma patience, je l'ai vouée à désirer la
naissance. Désespérément je tends les bras; je me
force jusqu'à risquer mourir. Ah! vite, vite un vrai
corps vivant, que je sois au monde! Vite une voix,
que j'entende mon propre écho et me sache existant!
Pour que je naisse, appelez-moi, entendez-moi, je
vous en supplie, entendez-moi.
Pour naître, je ramperai sur les briques et, haletant,
au sommet du tas, je hélerai les passants distraits.
Pour naître, de toute ma débile violence, je les
agripperai, de tout mon chétif, de tout mon féroce
désir, je les ouvrirai et je parasiterai les êtres.
ALANGUE
je ne peux parler
tout est sombre
soleilnuit
nuitsoleil
brouillard
je suis l’éternel enfant
infans
je bégaie
où est la vie ?
déjà je meurs ?
déjà je sombre dans l’océan du néant ?
à la fin y a-t-il la Parole ?
à la fin y a-t-il Dieu ?
POUR NAITRE
N'être pas encore né et être
déjà forcé de se promener
dans les rues, de parler aux
hommes.
KAFKA
Pour naître, dotez-moi d'un corps, douez-moi d'une
voix, donnez-moi un nom, un beau nom habitable, et
un peu de jour. Derrière les âcres fumées, derrière
les gravats amoncelés, je végète, infirme, informe,
lançant de petits appels stridents, esquivant de
risibles petits gestes , vite épuisé à cause de
l'épaisseur oppressante de l'air. Depuis
d'immémoriales saisons, je dissimule la larve de
mon être. Toute ma patience, je l'ai vouée à désirer la
naissance. Désespérément je tends les bras; je me
force jusqu'à risquer mourir. Ah! vite, vite un vrai
corps vivant, que je sois au monde! Vite une voix,
que j'entende mon propre écho et me sache existant!
Pour que je naisse, appelez-moi, entendez-moi, je
vous en supplie, entendez-moi.
Pour naître, je ramperai sur les briques et, haletant,
au sommet du tas, je hélerai les passants distraits.
Pour naître, de toute ma débile violence, je les
agripperai, de tout mon chétif, de tout mon féroce
désir, je les ouvrirai et je parasiterai les êtres.
RÉVEIL
Cris pourpres du coq à l'aurore.
Les enfants sommeillent encore.
Dans la pénombre bleue des chambres,
l'aube vient caresser leurs membres.
Et puis voici que la lumière
vient soudain noyer leurs paupières
lorsque la matinale sœur
ouvre les volets aux fraîcheurs
étincelantes du matin
montant des rues et des jardins.
j’épie la fraîche fille
dans le jardin voisin.
CHANSON DU SIMPLE
Je ne suis ni savant ni roi.
Frères humains, je suis le simple.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Qu'éclot la lumière tout humble.
Je ne pèse pas d'un grand poids,
Frères humains, dans vos affaires.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que le jour ouvre ses paupières.
J'ai du mal à suivre vos voies.
Frères humains, je suis l'obscur.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que le ciel se déploie si pur.
Au chapitre je n'ai pas voix.
Frères humais, je parle peu.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que l'azur brûle ivre de bleu.
Cris pourpres du coq à l'aurore.
Les enfants sommeillent encore.
Dans la pénombre bleue des chambres,
l'aube vient caresser leurs membres.
Et puis voici que la lumière
vient soudain noyer leurs paupières
lorsque la matinale sœur
ouvre les volets aux fraîcheurs
étincelantes du matin
montant des rues et des jardins.
A TRAVERS LA CLÔTURE ENVAHIE DE LISERONS
A travers la clôture
envahie de liserons,
j’épie la fraîche fille
qui arrose les salades
dans le jardin voisin.
ENFANTS DE L’INFINI
Enfants de l’infini,
nous errions ivres
dans les vastes
prairies
du paradis
jusqu’à ce que la nuit
nous livre
à ses splendeurs de
givre.
Étoiles vagabondes,
nous rêvions alors de
dérives
aux lointaines rives
où se perdent les
mondes.
LA MAISON QUI DÉRIVE
Dans la lumière mate
du jour d'automne,
l'enfant s'abandonne
aux imaginations.
Une mer de ouate
environne la maison.
Des hautes nefs la traversent
comme dans un rêve,
très lentement,
embarcations énigmatiques
d'où émanent des musiques.
Et parfois des visages extasiés
apparaissent aux hublots,
regardant l'enfant en sarrau
avec des grands yeux d'éternité.
Et la maison aussi
se met à naviguer
jusqu'au bord du ciel,
accompagnée par le carrousel
des oiseaux familiers.
Elle dérive dans la brume bleutée,
elle danse, danse au-dessus des arbres,
au-dessus des clochers.
Et l'enfant dans la cuisine
caresse l'échine
du chat qui ronronne d'aise
en lapant le lait dans son bol.
Et la table, les chaises
doucement glissent sur le sol.
Et la maison, bercée par la houle de lumière,
gagne le large et là-bas, loin des pôles,
s'illumine de splendeur hauturière.
NEIGE DU PRINTEMPS
Silencieusement lentement
la neige du printemps
danse parmi les lys.
Revenez pures délices
des saisons candides.
Revivez magies liquides
du royaume d'enfance
aux claires jouissances.
Doucement tendrement
la neige du printemps
tombe sur les pâquerettes
et les papillons qui volètent
à travers le verger fleuri
où s'ébattent les enfants du paradis.
LA MAISON QUI DÉRIVE
Dans la lumière mate
du jour d'automne,
l'enfant s'abandonne
aux imaginations.
Une mer de ouate
environne la maison.
Des hautes nefs la traversent
comme dans un rêve,
très lentement,
embarcations énigmatiques
d'où émanent des musiques.
Et parfois des visages extasiés
apparaissent aux hublots,
regardant l'enfant en sarrau
avec des grands yeux d'éternité.
Et la maison aussi
se met à naviguer
jusqu'au bord du ciel,
accompagnée par le carrousel
des oiseaux familiers.
Elle dérive dans la brume bleutée,
elle danse, danse au-dessus des arbres,
au-dessus des clochers.
Et l'enfant dans la cuisine
caresse l'échine
du chat qui ronronne d'aise
en lapant le lait dans son bol.
Et la table, les chaises
doucement glissent sur le sol.
Et la maison, bercée par la houle de lumière,
gagne le large et là-bas, loin des pôles,
s'illumine de splendeur hauturière.
NEIGE DU PRINTEMPS
Silencieusement lentement
la neige du printemps
danse parmi les lys.
Revenez pures délices
des saisons candides.
Revivez magies liquides
du royaume d'enfance
aux claires jouissances.
Doucement tendrement
la neige du printemps
tombe sur les pâquerettes
et les papillons qui volètent
à travers le verger fleuri
où s'ébattent les enfants du paradis.
J'AI PASSE COMME LE
VENT
J'ai passé
comme le vent
virevoltant
un instant
dans les blés
un matin d'été.
Ne m'a reconnu
qu'un lièvre
sur un sentier perdu
où j'ai disparu
dans le silence aigu
aux odeurs de genièvre.
SOIR
Les vitres rutilent
dans le blond visage des maisons;
pain des murs
où glissent des ombres de pigeons.
Dans le verger d'avril,
la jeune mère fragile
éclaire l'enfant
aux regards débordant
du mystère de l'azur
et de la force du futur.
SOIR DANS LA CUISINE
Odeur de concombre
dans la cuisine.
Le jour décline.
La maison s'emplit d'ombre.
Le père rentre de l'usine,
l'air sombre.
J'ai passé
comme le vent
virevoltant
un instant
dans les blés
un matin d'été.
Ne m'a reconnu
qu'un lièvre
sur un sentier perdu
où j'ai disparu
dans le silence aigu
aux odeurs de genièvre.
Les vitres rutilent
dans le blond visage des maisons;
pain des murs
où glissent des ombres de pigeons.
Dans le verger d'avril,
la jeune mère fragile
éclaire l'enfant
aux regards débordant
du mystère de l'azur
et de la force du futur.
SOIR DANS LA CUISINE
Odeur de concombre
dans la cuisine.
Le jour décline.
La maison s'emplit d'ombre.
Le père rentre de l'usine,
l'air sombre.
CHANSON DU SIMPLE
Je ne suis ni savant ni roi.
Frères humains, je suis le simple.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Qu'éclot la lumière tout humble.
Je ne pèse pas d'un grand poids,
Frères humains, dans vos affaires.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que le jour ouvre ses paupières.
J'ai du mal à suivre vos voies.
Frères humains, je suis l'obscur.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que le ciel se déploie si pur.
Au chapitre je n'ai pas voix.
Frères humais, je parle peu.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que l'azur brûle ivre de bleu.
AUTRE CHANSON DU
SIMPLE
Je ne sais pas
pourquoi,
pourquoi le ciel est
bleu.
Je ne sais pas de
quoi,
de quoi est fait le
feu.
Je ne sais pas s’il y
a
un ciel avec un Dieu.
Je ne sais pas où va
l’âme, quel est son
lieu.
Je ne sais rien de
rien,
rien de moi, rien de
toi,
rien du mal, rien du
bien,
et je demeure coi.
LA BEAUTÉ SIMPLE
La beauté simple
visite les jours
de l'ouvrier et de sa femme.
Il y a les tournesols du jardin
et l'odeur du vent
entrant par la fenêtre.
Il y a le pain et le vin
sur la table éclairée
par le soleil couchant.
Il y a les bras de la nuit et la tendresse.
BRAISE SECRÈTE
Dire. Il faudrait pouvoir
dire. Cette chose indicible.
Dire cette chose la plus simple,
la plus prodigieuse.
Etre là. Ensemble.
Nous. Connivence heureuse.
Avec les saisons, les jours, les nuits.
Avec le ciel de miel ou de suie,
et la lumière.
Etre là. Avec les maisons, les arbres,
les montagnes bossues au loin.
Les oiseaux qui traversent aventureux
la vitre crépusculaire.
Avec les odeurs, les choses familières,
la table, l'assiette, le livre,
les portes entrebâillées sur le silence
apaisant des chambres.
Etre ensemble. Dans le calme
des soirées terrestres.
Visages se regardant,
dévisageant la vie,
les sourires, les mélancolies.
Là. Ensemble.
Dans l'incertitude du temps.
Dans le bref instant débordant
de lumière.
Dire. Pouvoir dire ce mystère
Infiniment simple : vivre.
Pouvoir dire parfois
ces mots qui délivrent
de la grise poussière des jours
et font aimer.
Il faudrait pouvoir dire
ce que pudique, malhabile,
l'on n'ose jamais dire.
La braise secrète de l'amour.
FEUILLES D'AUTOMNE
Les feuilles folles
du mol automne
valsent et volent
dans les matins qui sonnent.
Feuilles de pluie,
pluie de pommes.
On pleure, on sourit.
Vive les petits hommes
qui s'en vont à l'école!
HERBSCHTNACHT
D Strossa sen schwàrz.
Dr Raga rüescht.
Im wàrma Hisala
tràïma d Menscha.
Im stella Hisala
schlofa d Kàtza
un schnàchlt dr Hund.
Dr Raga rüescht ufm Dàch.
D Lada lodla im kàlta Wend.
D Strossa sen schwàrz,
d laara Strossa in dr Nàcht.
Cœurs
SOIR D'HIVER
LA BEAUTÉ SIMPLE
La beauté simple
visite les jours
de l'ouvrier et de sa femme.
Il y a les tournesols du jardin
et l'odeur du vent
entrant par la fenêtre.
Il y a le pain et le vin
sur la table éclairée
par le soleil couchant.
Il y a les bras de la nuit et la tendresse.
BRAISE SECRÈTE
Dire. Il faudrait pouvoir
dire. Cette chose indicible.
Dire cette chose la plus simple,
la plus prodigieuse.
Etre là. Ensemble.
Nous. Connivence heureuse.
Avec les saisons, les jours, les nuits.
Avec le ciel de miel ou de suie,
et la lumière.
Etre là. Avec les maisons, les arbres,
les montagnes bossues au loin.
Les oiseaux qui traversent aventureux
la vitre crépusculaire.
Avec les odeurs, les choses familières,
la table, l'assiette, le livre,
les portes entrebâillées sur le silence
apaisant des chambres.
Etre ensemble. Dans le calme
des soirées terrestres.
Visages se regardant,
dévisageant la vie,
les sourires, les mélancolies.
Là. Ensemble.
Dans l'incertitude du temps.
Dans le bref instant débordant
de lumière.
Dire. Pouvoir dire ce mystère
Infiniment simple : vivre.
Pouvoir dire parfois
ces mots qui délivrent
de la grise poussière des jours
et font aimer.
Il faudrait pouvoir dire
ce que pudique, malhabile,
l'on n'ose jamais dire.
La braise secrète de l'amour.
DIRE. POUVOIR DIRE CE
MYSTÈRE
INFINIMENT SIMPLE :
INFINIMENT SIMPLE :
VIVRE.
COMPLAINTE DES JOURS D'AMOUR DES NUITS
D'ORAGE ET
AUTRES LAPS DE TEMPS
AUTRES LAPS DE TEMPS
Il y a des jours, il y a des nuits,
tendres saisons et temps maudits.
tendres saisons et temps maudits.
Il y a de limpides aurores;
fraîches les vierges les amphores.
fraîches les vierges les amphores.
Il y a parfois des matins vastes
où les regards éclosent chastes.
où les regards éclosent chastes.
Il y a de lentes journées pâles;
douceur des rêves et des châles.
douceur des rêves et des châles.
Il y a de souverains midis;
on étreint nu le feu de vie.
on étreint nu le feu de vie.
Il y a des hauts moments de fièvre
quand l'aveu fou brûle les lèvres.
quand l'aveu fou brûle les lèvres.
Il y a des soirs, langueurs de brume,
où les cœurs saignent d'amertume.
où les cœurs saignent d'amertume.
Il y a de lourds laps de colère
parmi les fadeurs ménagères.
parmi les fadeurs ménagères.
Il y a des nuits, moments de rage
où les corps hurlent dans l'orage.
où les corps hurlent dans l'orage.
Il y a des nuits rouges de crime;
l'amour y côtoie les abîmes.
l'amour y côtoie les abîmes.
Il y a des nuits sombres déserts,
chambres closes pour solitaires.
chambres closes pour solitaires.
Il y a des ères de détresse
dans les ruines de la Promesse.
dans les ruines de la Promesse.
Il y a des ans s'effilochant
dans la fugacité des vents.
dans la fugacité des vents.
Il y a des jours, il y a des nuits
saisons d'amour et temps d'oubli.
ROUGES
les roses
les lèvres
le vin de l'amour
Rouge
le sang de la vie
la gloire du soleil couchant
le feu le feu dans la splendeur des nuits fauves
saisons d'amour et temps d'oubli.
ROUGES
les roses
les lèvres
le vin de l'amour
Rouge
le sang de la vie
la gloire du soleil couchant
le feu le feu dans la splendeur des nuits fauves
FEUILLES D'AUTOMNE
Les feuilles folles
du mol automne
valsent et volent
dans les matins qui sonnent.
Feuilles de pluie,
pluie de pommes.
On pleure, on sourit.
Vive les petits hommes
qui s'en vont à l'école!
HERBSCHTNACHT
D Strossa sen schwàrz.
Dr Raga rüescht.
Im wàrma Hisala
tràïma d Menscha.
Im stella Hisala
schlofa d Kàtza
un schnàchlt dr Hund.
Dr Raga rüescht ufm Dàch.
D Lada lodla im kàlta Wend.
D Strossa sen schwàrz,
d laara Strossa in dr Nàcht.
NUIT D’AUTOMNE
Les rues sont noires.
La pluie glougloute.
Dans la chaude
maisonnette
rêvent les humains.
Dans la chaumière
silencieuse
dorment les chats
et ronfle le chien.
La pluie bruit sur le
toit.
Les volets remuent
dans le vent froid.
Les rues sont noires,
les rues vides dans la
nuit.
SAISON DE
DEUIL
Cœurs
en pleurs
aux heures
de langueur.
Saule qui
s’effeuille
dans le
jardin en deuil.
Profonde et
douce est la tristesse
du cœur que
tout délaisse
près de
l’obscur seuil.
ATTENTE DE LA NUIT
Long jour de l'homme entre les arbres et les pierres.
La paisible respiration et les lentes paupières du vieillard
attendent la venue de l'ombre près de la porte entrouverte.
Un enfant fort comme l'éternité
dans le fragile abri de son corps
avance sur le chemin.
Lointain matin oublié derrière la forêt des ans,
lointaine chaleur remémorée sous les cendres du temps.
Le regard du vieillard suit
le jeune promeneur que la lumière dissout
là-bas près des buissons.
Long jour de l'homme entre les arbres et les pierres.
La paisible respiration et les lentes paupières du vieillard
attendent la venue de l'ombre près de la porte entrouverte.
Un enfant fort comme l'éternité
dans le fragile abri de son corps
avance sur le chemin.
Lointain matin oublié derrière la forêt des ans,
lointaine chaleur remémorée sous les cendres du temps.
Le regard du vieillard suit
le jeune promeneur que la lumière dissout
là-bas près des buissons.
IMMENSITÉ ÉTRANGE
Heures d'hiver
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
de subtiles fleurs grises
qu'aux vitres dessine le givre
brille la matinée ivre
des baisers de la bise
et dans l'ombre aux senteurs
de cuisine l'enfant se livre
au songe immense de vivre.
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
FLEURS DE GIVRE
A travers les frisesde subtiles fleurs grises
qu'aux vitres dessine le givre
brille la matinée ivre
des baisers de la bise
et dans l'ombre aux senteurs
de cuisine l'enfant se livre
au songe immense de vivre.
SOIR D'HIVER
Dehors on voit de furtifs cortèges
passer dans la tourmente de neige.
Dedans la maison est chaude,
la vie certaine.
La mère dans l'ombre brode
et l'enfant de son haleine
couvre la vitre de buée.
Sans fin se traîne
douce, dense, la soirée.
CHANSON DE NOËL
WENTER
S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs wàndra gràïa Gschpanschter.
D Hunda hert ma balla.
WISSA PRACHT SCHWARZA NACHT
Wissa Pràcht,
Schwàrza Nàcht.
Dr Mond tràïmt àm Fanschter.
Dr Ofa sengt.
D Kuch esch wàrm.
D Fràï setzt navem hocha Kanschter
ehr Bubala im Arm.
S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs wàndra gràïa Gschpanschter.
D Hunda hert ma balla.
HIVER
La maisonnette se
pelotonne sur elle-même
sous le vent froid
d’hiver.
La neige danse aux
croisées.
Les vitres froides
pleurent.
Des spectres gris
errent autour de la maison.
On entend hurler les
chiens.
WISSA PRACHT SCHWARZA NACHT
Wissa Pràcht,
Schwàrza Nàcht.
Dr Mond tràïmt àm Fanschter.
Dr Ofa sengt.
D Kuch esch wàrm.
D Fràï setzt navem hocha Kanschter
ehr Bubala im Arm.
SPLENDEUR BLANCHE NUIT
NOIRE
Splendeur blanche,
nuit noire.
La lune rêve à la
fenêtre.
Le poêle chantonne.
La cuisine est chaude.
La femme est assise
près du haut buffet,
son bébé dans les bras.CHANSON DE NOËL
Sapins, étincelez de givre,
Brillez de guirlandes d’argent !
Dansez, clartés, dans le rêve ivre
Des petits et des grands enfants !
Voici Noël ! Voici Noël !
Allumons nos blanches chandelles !
Reflétez les mille lumières,
Boules bleues et boules dorées !
Globes de subtile matière,
Grisez les yeux émerveillés !
Voici Noël ! Voici Noël !
Décorons maisons et chapelles !
Cieux et églises, célébrez
Sous vos voûtes la sainte messe
De la nuit de Nativité !
Rugissez, orgues d’allégresse !
Voici Noël ! Voici Noël !
Exultons de joie solennelle !
Bambins, bambines, gambadez
Par les ruelles recueillies !
Courez dans la bise glacée
Jusqu’à l’étoile du Messie !
Voici Noël ! Voici Noël !
Chantons l’Enfant Emmanuel !
Neige, lente de blancheur bleue,
Tapisse en douceur les chemins !
Dans la vaste veillée de Dieu
Fête Noël pour les lapins !
Voici Noël ! Voici Noël !
Nuit de tendresse et nuit de gel !
Nuit, profonde Nuit, prophétise
D’astres par-dessus les hameaux !
Et que le cosmos catéchise
L’âme inquiète des animaux !
Voici Noël ! Voici Noël !
Entrons dans la Nuit Essentielle !
Anges, tendez vos ailes d’aube
Au-dessus des sombres pâtures
Et annoncez aux veilleurs probes
Le Règne qui tout transfigure !
Voici Noël ! Voici Noël !
Paix sur la terre et joie au ciel !
SOLEIL DESESPEREMENT
Soleil désespérément,
soleil, soleil, soleil,
trop de lumière!
trop d'azur éclatant,
trop de clarté!
J'ai soif d'obscurité
où cacher mon néant,
ma peur, mes désirs déments,
mon peu de vie.
J'ai désir de nuées,
de cieux brouillés
clamant la mélancolie
et l'immense, l'immense nostalgie.
DES VISAGES VIENNENT DU FOND DE L'OMBRE
Les maisons sont vides,
la nuit les traverse.
Parfois tombe une averse
sur la terre et ses rides.
Des enfants dorment sous l'arbre
qui se remplit d'étoiles.
La nuit étend son voile
sur les tombeaux de marbre.
Des visages viennent du fond de l'ombre
et se perdent dans la clarté;
d'autres restent froids et sombres
au passage de la beauté.
La main se tend vers la table,
mais le pain est absent.
La faim est épouvantable.
Dehors rôde le vent.
NUIT
D’ANGOISSE
Nuit
d’angoisse
dans les
caves blanches de l’insomnie.
On entend
des aboiements, des râles, des cris,
et au loin
dans l’opacité pluvieuse
des trains
scandant leurs courses haletantes.
Tu regardes
tes mains tremblantes,
tu te tâtes
le pouls.
Et la mort
se terre dans les recoins poussiéreux
comme une
sale goule
prête à
bondir au milieu de la pièce
pour
t’égorger au bas de ton lit.
TERRIBLE MONOTONIE TERRESTRE
grisailles routines
terrible monotonie terrestre
vagues jours de l’hommetravailler manger dormir travailler
parfois une lueur un éclair de beauté
grisailles lourdeurs doutes déchirures
morts absurdes
terrible machine de l’univers
qui broie les vivants précaires
LUGUBRE
Lugubre
hulule
sous la lune
l’oiseau
nocturne.
Au matin
gris
Des clous
crucifient
le hibou
sur la porte
de la grange
et dans son
lit
la fille
morte
dort d’un
sommeil étrange.
L'ENFANT DE CHŒUR QUI PISSE
C'est le matin.
Les lys
se dressent dans le jardin
du presbytère.
Un enfant de chœur pisse
au soleil, sa robe rouge relevée,
écartant les jambes.
L'urine savonneuse fait des bulles
s'en allant légères au gré de la brise
éclater contre les vitraux poussiéreux
de la vieille église.
DANS LA CAVE AU CRAPAUD
le garçon lèche la succulente colline de lait
entre les cuisses de miel
des filles qui lèvent haut leur robe bleu-ciel
dans la cave au gros crapaud laid
et puis les filles accroupies pissent
sur la bête que le garçon met au supplice
avec un noir dur bâtonnet
PRES DES HLM LE SOIR
Le sirop de guimauve de vesprée
dégouline sur les façades couleur crème
des HLM
et sur les parkings où traînent
des pneus usagés.
Des gamins shootent dans des ballons crevés.
Au pas des portes,
des bonnes femmes en tablier colportent
les derniers ragots
du patelin
tandis que des marmots
braillent dans les landaus
gardés par des clebs aux yeux mi-clos.
L'ENFANT DE CHŒUR QUI PISSE
C'est le matin.
Les lys
se dressent dans le jardin
du presbytère.
Un enfant de chœur pisse
au soleil, sa robe rouge relevée,
écartant les jambes.
L'urine savonneuse fait des bulles
s'en allant légères au gré de la brise
éclater contre les vitraux poussiéreux
de la vieille église.
DANS LA CAVE AU CRAPAUD
le garçon lèche la succulente colline de lait
entre les cuisses de miel
des filles qui lèvent haut leur robe bleu-ciel
dans la cave au gros crapaud laid
et puis les filles accroupies pissent
sur la bête que le garçon met au supplice
avec un noir dur bâtonnet
PRES DES HLM LE SOIR
Le sirop de guimauve de vesprée
dégouline sur les façades couleur crème
des HLM
et sur les parkings où traînent
des pneus usagés.
Des gamins shootent dans des ballons crevés.
Au pas des portes,
des bonnes femmes en tablier colportent
les derniers ragots
du patelin
tandis que des marmots
braillent dans les landaus
gardés par des clebs aux yeux mi-clos.
DANS LES
PARKINGS SOUTERRAINS
Sale le sexe
dans les
parkings souterrains
où de
petites salopes aux lèvres fardées
sucent les
bites turgescentes
des jeunes
voyous
tandis que
dans les oreilles rugissent les walkmans.
Une voiture
passe
éclairant un
gaillard à blouson de cuir clouté
qui sodomise
une adolescente noire
affalée sur un capot.
Une voiture s’arrête.
Le garçon se tourne vers les phares
qui l’éblouissent.
Il brandit son sexe
et arc-bouté se branle.
Des gars masqués descendent du véhicule,
s’approchent lentement du hurleur forcené
et l’abattent.
CRIME DANS UNE
CHAPELLE ABANDONNEE
Dans une chapelle
abandonnée
un vacher flagelle
une jeune bergère dénudée,
puis se masturbe sur elle.
Le sperme glisse
sur le dos lisse
de l'adolescente sanglotant
tandis que la lumière du couchant
illumine la tête du Crucifié.
Le rustre étrangle la bergère
et s'en va se saouler
au hameau laissant le corps nu
inerte perdu
dans la poussière et l'obscurité.
un vacher flagelle
une jeune bergère dénudée,
puis se masturbe sur elle.
Le sperme glisse
sur le dos lisse
de l'adolescente sanglotant
tandis que la lumière du couchant
illumine la tête du Crucifié.
Le rustre étrangle la bergère
et s'en va se saouler
au hameau laissant le corps nu
inerte perdu
dans la poussière et l'obscurité.
SABBAT
Langue
langue rêche
lèche
la crème noire
le chocolat mental du désespoir
lèche
lèche longuement
l'ordure diabolique
la merde de Dieu
lèche le cul rugueux
de la démone hystérique
lèche sa fangeuse faille
et le fruit puant
de ses entrailles
lentement
lèche l'étron
de charbon
de Monseigneur Satan
Langue
langue rêche
lèche
la crème noire
le chocolat mental du désespoir
lèche
lèche longuement
l'ordure diabolique
la merde de Dieu
lèche le cul rugueux
de la démone hystérique
lèche sa fangeuse faille
et le fruit puant
de ses entrailles
lentement
lèche l'étron
de charbon
de Monseigneur Satan
CRI
Être assis des heures durant,
silencieux, dans la chambre vide,
au bord de la ville.
Contempler le paysage sous la neige.
Arbres dénudés comme des spectres d’angoisse dans le brouillard.
La forêt de l’horreur s’approche-t-elle dans le lointain ?
Combien de jours, combien de nuits sans parler
attendant une parole,
seulement une parole.
Mais rien.
Un silence sans fin.
Maintenant dehors
errer des heures durant dans des quartiers déserts,
sombre promeneur sans destination.
Des heures durant ne rencontrer âme qui vive, aucun visage,
pas un regard amical.
En chemin interminablement dans des rues désolées, sur des voies comme
abandonnées.
Promeneur égaré perdu dans le pays de
personne.
La ville est-elle morte ?
Est-ce la fin du monde
ou Dieu est-il en deuil ?
Arbres noirs sur la rive du fleuve, eaux
noires.
Crépuscule couleur de mort. Nuit et
brouillard.
Vaste solitude jusqu’aux casernes, à la
gare, à la prison,
jusqu’à la rue des prostituées
où elle rayonne la solitude
dans les regards incendiés de famine et
de honte.
Des déchets, des cadavres flottent dans
l’eau.
Des étoiles choient derrière les tours.
DAS BLAUE BORDELLHAUS
Dunkle Bäume schlafen
um das blaue Bordellhaus
am Rande der Stadt.
Alles ist unendlich einsam
in der Sonne der Misere.
Der Hunger brennt.
Und hinter der Mauern
schlummern die Frauen.
Dunkle Bäume schlafen
um das blaue Bordellhaus
am Rande der Stadt.
Alles ist unendlich einsam
in der Sonne der Misere.
Der Hunger brennt.
Und hinter der Mauern
schlummern die Frauen.
LE BORDEL BLEU
Des arbres sombres dorment
autour du bordel bleu
en bordure de la
ville.
Tout est infinie
solitude
sous le soleil de la
misère.
La faim brûle.
Et derrière les murs
sommeillent les femmes.
JUSQU'À CE QUE LA NUIT SE DÉCHIRE
Les demeures d'ombre
se dressent nues
dans les lointains automnes.
La pluie ruisselle drue
sur les carreaux noirs
où grimacent les visages de la peur,
spectres qui se lèvent
des lits d'amour et de mort
et qui dansent masqués
autour des tables chargées
de chairs sanglantes
et qui hurlent la folie
sur les terrasses
jusqu'à ce que la nuit
se déchire de pitié
Les demeures d'ombre
se dressent nues
dans les lointains automnes.
La pluie ruisselle drue
sur les carreaux noirs
où grimacent les visages de la peur,
spectres qui se lèvent
des lits d'amour et de mort
et qui dansent masqués
autour des tables chargées
de chairs sanglantes
et qui hurlent la folie
sur les terrasses
jusqu'à ce que la nuit
se déchire de pitié