LIVRE DE CONTEMPLATION
"HIERSEIN IST HERRLICH." (RILKE)
"A FLOWERY BAND
TO BIND US
TO THE EARTH." (KEATS)
CUEILLETTE D’ÉTOILE
Une main d'enfant
cueille une étoile
et la laisse choir
nonchalamment
dans le bol d'azur frais
du matin.
CUEILLETTE D’ÉTOILE
Une main d'enfant
cueille une étoile
et la laisse choir
nonchalamment
dans le bol d'azur frais
du matin.
DOUCEUR PRINTANIERE
La lumière est
amoureuse des roses.
Le ciel rêve sur le
repos des choses.
De frais chemins
mènent les pas
vers des tiédeurs de
miel
près de l’arbre là-bas,
gardien du silence
essentiel.
INSTANT D’ÉTÉ
Touffeur.
Songe de soleil peuplé de souffles délicats
et sous les branches
tremblements plus subtils encore:
frissons de flaque,
brindilles qu'un rayon chauffe,
tendresses discrètes de myosotis,
battements d'ailes invisibles,
regards de musaraignes.
C'est le monde arrêté,
suspendu à son propre silence,
la terre qui s'écoute être.
C'est l'oreille des choses
attentive au murmure le plus tendre.
Touffeur.
Songe de soleil peuplé de souffles délicats
et sous les branches
tremblements plus subtils encore:
frissons de flaque,
brindilles qu'un rayon chauffe,
tendresses discrètes de myosotis,
battements d'ailes invisibles,
regards de musaraignes.
C'est le monde arrêté,
suspendu à son propre silence,
la terre qui s'écoute être.
C'est l'oreille des choses
attentive au murmure le plus tendre.
APRÈS-MIDI D’ÉTÉ
Le ciel tendre
se penche sur le toit.
Bleue de silence,
la fenêtre contemple
le jardin calme
ruisselant de lumière.
DANS LA FORET D'ETE
J'allais par de frais chemins,
léché tour à tour
par l'ombre et les coulées de lumière.
Des fabulations démentes
me tourmentaient.
Parfois une pluie brève
faisait murmurer les feuillages.
Clairières. Éclaircies.
Lumineuses gazes pendant
d'où l'azur était trouble.
Et, l'averse s'étant tue,
la forêt creusait son silence.
Le ciel tendre
se penche sur le toit.
Bleue de silence,
la fenêtre contemple
le jardin calme
ruisselant de lumière.
DANS LA FORET D'ETE
J'allais par de frais chemins,
léché tour à tour
par l'ombre et les coulées de lumière.
Des fabulations démentes
me tourmentaient.
Parfois une pluie brève
faisait murmurer les feuillages.
Clairières. Éclaircies.
Lumineuses gazes pendant
d'où l'azur était trouble.
Et, l'averse s'étant tue,
la forêt creusait son silence.
J'AI PASSE COMME LE
VENT
J'ai passé
comme le vent
virevoltant
un instant
dans les blés
un matin d'été.
Ne m'a reconnu
qu'un lièvre
sur un sentier perdu
où j'ai disparu
dans le silence aigu
aux odeurs de genièvre.
J'ai passé
comme le vent
virevoltant
un instant
dans les blés
un matin d'été.
Ne m'a reconnu
qu'un lièvre
sur un sentier perdu
où j'ai disparu
dans le silence aigu
aux odeurs de genièvre.
ENFANTS DE L’INFINI
Enfants de l’infini,
nous errions ivres
dans les vastes
prairies
du paradis
jusqu’à ce que la nuit
nous livre
à ses splendeurs de
givre.
Etoiles vagabondes,
nous rêvions alors de
dérives
aux lointaines rives
où se perdent les
mondes.
TOITS PARMI LES
HERBES ET LES FEUILLES
Le chemin s'incurve au pied du peuplier.
Des poulains piaffent dans les prairies
vastes jusqu'au ciel.
Les toits se baissent vers l'herbe
frémissante de lumière.
Villages nimbés de candeur,
assoupis parmi les feuilles;
églises sépulcrales où l'on entre
après la promenade au soleil.
Pierres en prière dans les saisons sans fin.
L'HERBE DE MERVEILLE
L'herbe de merveille
pousse n'importe où,
entre les pierres, dans la boue,
dans les jardins abandonnés,
au bout des chemins vicinaux.
L'herbe de merveille,
nous l'ignorons,
nous la piétinons,
n'ayant pas dans le regard
assez de simplicité
pour la voir,
extrême naïveté
de toute chose.
L'herbe de merveille
pousse pour le vent,
pour les chiens errants,
pour l'âme des enfants.
L'herbe de merveille diaphane
pousse pour les ânes.
Le chemin s'incurve au pied du peuplier.
Des poulains piaffent dans les prairies
vastes jusqu'au ciel.
Les toits se baissent vers l'herbe
frémissante de lumière.
Villages nimbés de candeur,
assoupis parmi les feuilles;
églises sépulcrales où l'on entre
après la promenade au soleil.
Pierres en prière dans les saisons sans fin.
L'HERBE DE MERVEILLE
L'herbe de merveille
pousse n'importe où,
entre les pierres, dans la boue,
dans les jardins abandonnés,
au bout des chemins vicinaux.
L'herbe de merveille,
nous l'ignorons,
nous la piétinons,
n'ayant pas dans le regard
assez de simplicité
pour la voir,
extrême naïveté
de toute chose.
L'herbe de merveille
pousse pour le vent,
pour les chiens errants,
pour l'âme des enfants.
L'herbe de merveille diaphane
pousse pour les ânes.
AVANT L'AVERSE
Sur l'humble rose
un papillon se repose.
Un peu de vent les berce
doucement, doucement.
Quelques grosses gouttes
bombardent la poussière
de la route.
Voici venir l'averse.
Sur l'humble rose
un papillon se repose.
Un peu de vent les berce
doucement, doucement.
Quelques grosses gouttes
bombardent la poussière
de la route.
Voici venir l'averse.
L’AVERSE
L’averse jette ses bleues giclées
de perles liquides
contre la vitre qui chante
heureuse et fraîche
comme l’enfance en été
quand dans le verger les pêches
ont des joues d’aube
sous l’humide feuillage du matin.
ROSES JUBILEZ
Roses jubilez près des cils.
Aiguilles d’azur, abeilles,
pénétrez le gouffre de parfums.
Un enfant transpercé saigne,
étendu sur le lit d’herbes noires.
Le soleil boit sa bouche pâle.
Roses, ô bourdonnantes d’ailes,
dans le feu disparaissez.
L’agonie de l’enfant brûle au cœur du
silence d’été.
O BOURDONNANTES
D'AILES
IMMENSEMENT SAISONS DE MENTHE
Immensément
saisons de menthe
dans les collines
avec les myosotis, les brises,
les gigantesques nuages d’éclatante
blancheur,
caravelles célestes immobiles
au-dessus des toitures moussues,
immensément
avec la soie des rumeurs,
ailes, sources, craquements
de la terre en gestation.
LONGTEMPS DANS LES SAISONS D'OUBLI
Longtemps dans les saisons d'oubli,
d'arbres flous et de fileuses,
ombres aux visages pâlis,
nous rôdions au bord des meuses,
des meuses, des mélancolies
aux tiédeurs insidieuses.
Nous errions sous les douces pluies
jusqu'aux collines dormeuses
où se perdaient les hallalis
des clairières odieuses
et les bleues guirlandes de cris
des lointaines vendangeuses.
ECLAIRS
Le jour glacé se lève.
Un insecte lentement gravit la vitre.
Au loin dans un reste de nuit
un astre bleuté énorme luit.
***
Les corolles la nuit
dégustent le lait de lune,
puis boivent le lait rose de l'aube.
***
Jonchées d'astres s'effaçant.
Les glaïeuls gloussent
dans l'aurore.
Les jacinthes jaillissent
des songes d'ombre.
***
Braises d'aube
derrière la dentelle des branches.
***
La flamme des fleurs danse
sous la neige du printemps.
***
Légère, l'aile
au-dessus des lys.
Saison de délice.
***
Les ivres fêtes d'ailes
à la neige se mêlent
et d'éclairs étincellent
sur la noirceur du ciel.
***
ROC
DOIGT
NOIR
HORS
DU BLANC
FLOT
D'EAU
***
Le jour glacé se lève.
Un insecte lentement gravit la vitre.
Au loin dans un reste de nuit
un astre bleuté énorme luit.
***
Les corolles la nuit
dégustent le lait de lune,
puis boivent le lait rose de l'aube.
***
Jonchées d'astres s'effaçant.
Les glaïeuls gloussent
dans l'aurore.
Les jacinthes jaillissent
des songes d'ombre.
***
Braises d'aube
derrière la dentelle des branches.
***
La flamme des fleurs danse
sous la neige du printemps.
***
Légère, l'aile
au-dessus des lys.
Saison de délice.
***
Les ivres fêtes d'ailes
à la neige se mêlent
et d'éclairs étincellent
sur la noirceur du ciel.
***
ROC
DOIGT
NOIR
HORS
DU BLANC
FLOT
D'EAU
***
Depuis quelques jours, il neige
et nous ne dormons plus, debout aux fenêtres
à manger la blancheur.
JE SORTIRAI DANS L'ETE RAYONNANT
Je sortirai
dans l'été rayonnant
vers l'eau
plus neuve que la lumière.
Marcheur léger,
je sortirai
pour voir le jour et l'ombre
et les visages éclore
aux brises de clarté.
et nous ne dormons plus, debout aux fenêtres
à manger la blancheur.
JE SORTIRAI DANS L'ETE RAYONNANT
Je sortirai
dans l'été rayonnant
vers l'eau
plus neuve que la lumière.
Marcheur léger,
je sortirai
pour voir le jour et l'ombre
et les visages éclore
aux brises de clarté.
JOIE
riez roses
riez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de neige
ardente des baisers
dans le bruissement bleu des brises
et des branches
brûlez roses brûlez
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits noirs
et des tourments humains
dansez
brûlez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie
de l'été souverain
riez roses
riez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de neige
ardente des baisers
dans le bruissement bleu des brises
et des branches
brûlez roses brûlez
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits noirs
et des tourments humains
dansez
brûlez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie
de l'été souverain
SOIR
Les vitres rutilent
dans le blond visage des maisons;
pain des murs
où glissent des ombres de pigeons.
Dans le verger d'avril,
la jeune mère fragile
éclaire l'enfant
aux regards débordant
du mystère de l'azur
et de la force du futur.
Les vitres rutilent
dans le blond visage des maisons;
pain des murs
où glissent des ombres de pigeons.
Dans le verger d'avril,
la jeune mère fragile
éclaire l'enfant
aux regards débordant
du mystère de l'azur
et de la force du futur.
VERTIGE DE SILENCE
Le soir brûle dans les vitres
Vertige de silence.
L'insecte replie ses élytres.
Les arbres pensent.
Le soir brûle dans les vitres
Vertige de silence.
L'insecte replie ses élytres.
Les arbres pensent.
VITRE
enVols
vertIgineux
à travers la vaste Transparence
du cRépuscule
front frôlant lE frais rideau
LA BEAUTÉ SIMPLE
La beauté simple
visite les jours
de l'ouvrier et de sa femme.
Il y a les tournesols du jardin
et l'odeur du vent
entrant par la fenêtre.
Il y a le pain et le vin
sur la table éclairée
par le soleil couchant.
Il y a les bras de la nuit et la tendresse.
PROFONDEUR DU SOIR
L'arbre respire plus ample.
Pas une étoile
ne tremble
encore au ciel laiteux.
L'araignée se fige
au milieu de sa toile.
Le silence apaisant s'érige
sur les prés brumeux
qui lentement s'inclinent
dans le soir
comme si la terre,
la vieille terre carnivore
avec ses morts,
s'offrait doucement au ciel
et à la nuit naissante,
comme si un imperceptible mouvement,
au-delà de la demeure des vivants,
fondait la paix des trépassés
et le calme du firmament.
Bientôt ce sera la profondeur,
eaux, herbes, brumes, branches,
tombes aux sombres moiteurs,
toutes choses comme imbibées,
ouvertes par la dense obscurité
envahissant le pays de lenteur.
visite les jours
de l'ouvrier et de sa femme.
Il y a les tournesols du jardin
et l'odeur du vent
entrant par la fenêtre.
Il y a le pain et le vin
sur la table éclairée
par le soleil couchant.
Il y a les bras de la nuit et la tendresse.
PROFONDEUR DU SOIR
L'arbre respire plus ample.
Pas une étoile
ne tremble
encore au ciel laiteux.
L'araignée se fige
au milieu de sa toile.
Le silence apaisant s'érige
sur les prés brumeux
qui lentement s'inclinent
dans le soir
comme si la terre,
la vieille terre carnivore
avec ses morts,
s'offrait doucement au ciel
et à la nuit naissante,
comme si un imperceptible mouvement,
au-delà de la demeure des vivants,
fondait la paix des trépassés
et le calme du firmament.
Bientôt ce sera la profondeur,
eaux, herbes, brumes, branches,
tombes aux sombres moiteurs,
toutes choses comme imbibées,
ouvertes par la dense obscurité
envahissant le pays de lenteur.
HERBSCHTNACHT
D Strossa sen schwàrz.
Dr Raga rüescht.
Im wàrma Hisala
tràïma d Menscha.
Im stella Hisala
schlofa d Kàtza
un schnàchlt dr Hund.
Dr Raga rüescht ufm Dàch.
D Lada lodla im kàlta Wend.
D Strossa sen schwàrz,
d laara Strossa in dr Nàcht.
L’ENFANT AU FRONT POURPRE
Neige bleue
aux vitres d’aube.
L’enfant nu blotti derrière les braises
rêve de vastes herbages
où galopent des cavales
aux crinières incandescentes.
Neige lente
tombant sur l’épaule des collines.
La mère s’incline
sur le front pourpre de l’enfant
songeur,
éloignant d’un baiser
les spectres du malheur .
FLEURS DE GIVRE
A travers les frises
de subtiles fleurs grises
qu'aux vitres dessine le givre
brille la matinée ivre
des baisers de la bise
et dans l'ombre aux senteurs
de cuisine l'enfant se livre
au songe immense de vivre.
de subtiles fleurs grises
qu'aux vitres dessine le givre
brille la matinée ivre
des baisers de la bise
et dans l'ombre aux senteurs
de cuisine l'enfant se livre
au songe immense de vivre.
IMMENSITE ETRANGE
Heures d'hiver
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
Heures d'hiver
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
WENTER
S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs gehn gràïa Gschpanschter.
D Hunda hert ma briala.
S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs gehn gràïa Gschpanschter.
D Hunda hert ma briala.
"WINTER UNDER CULTIVATION
IS AS ARABLE AS SPRING."
(EMILY DICKINSON)
"L'Hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps."
WISSA PRACHT SCHWARZA NACHT
Wissa Pràcht
Schwàrza Nàcht.
Dr Mond tràïmt àm Fanschter.
Dr Ofa sengt.
D Kuch esch wàrm.
D Fràï setzt navem hocha Kanschter
ehr Bubala im Arm.
DUNES D’EDEN
J’ai dormi cette nuit sur les dunes
d’Eden
toutes tièdes de sang et de souffles
légers.
Des ailes survolaient mon lent sommeil
de laine
et j’entendais la mer obscure me parler.
Elle parlait de vous, ô collines
d’haleines
où niche la tendresse au creux le plus
caché.
Et la voix se perdait apaisante et
lointaine
aux gouffres de fraîcheur de la
tranquillité.
AUX CONFINS DE L'EMPIRE
Aux confins de l'Empire,
près d'une baraque,
la lune se mire
dans une flaque.
AUX CONFINS DE L'EMPIRE
Aux confins de l'Empire,
près d'une baraque,
la lune se mire
dans une flaque.
PLUS QUE LES GALAXIES
Que sont les astres
et les cieux infinis
si à jamais
je sombre désastre
dans la nuit ?
Plus que les galaxies
tu es la vie,
petit enfant qui souris.
LITURGIE VU DR STELLA
1. MORGA
Dr gànza Tàg, d gànza Nàcht
wia’na Gebatt
àlles üs dr ennra Stella erlawa.
Melda, melchiga Morgastella,
Porzelàn-Hemmel
ewer d igschlofena Derfer.
Blib gànz stell un heer dr
Stella züa.
Stella vu da weicha
tràimenda Kerwer in da kiahla Zemmer.
Blàia Stella vum Erwàcha,
vu dr emmer neia Wedergeburt
àns Lawa.
Stella wia Sida, wia frescha
Qualla,
heiligi Màteria, Freeda wia
lichta, wissa Nawel
wu ewer d gànza Arda schwebt
un àlles durchdrengt.
Alles steht noch riahwig,
àlles steht noch stell
un wàrtet uf dr Tàg.
Mr heert s geheima Kima un
Wàchsa vu da Pflànza,
s làngsàma Entfàlta vu da
Blätter,
vu da Blüama im
durchsechtiga Summertàg,
s Entfàlta vu dr eifàcha
Scheenheit, Duft, Fàrwa, Form,
steller Psàlm vu àlla Kreatüra.
D Baim un d Hecka erwàcha
voll vu Aiga un Zwetschra.
D Garta stràhla ewerfellt
vu Lelia, Glàdiola, Sunnablüama.
A wàndersluschtiger Wend waiht
durch d Hieser
wu gànz uffa stehn im
granzlosa Liacht-Tràim.
S Meer vu da Kornfalder
erstreckt sech
bis zu da Rawa, bis in dr
Hemmel.
Summertàgstràim. Alles esch
stell,
àlles esch ekstàtisch, hoch,
unandlig.
D Vegel verliara sech im
Sunnagold,
im Glànz vum Pàràdies.
Dr längschta Tàg
reina Azür-Gestàlt
herscht breit ewer d Ewena
un in dr hellblàia Farna
schwemma d Barga wia
Luftscheffa .
2. MITTAG
Mittàg. Stellstànd. Hetz.
Hetz. Hundstàgàhetz.
Dr Duft vu dr Arda tànzt in dr
vibriarenda Luft.
D Emmala summa im Obschtgàrta.
D Hianer glucksa schlofrig
nawem Stàll.
D schlummernda Kender fàwla
un vergehn im Sunna-Wàhn.
D Liawenda schmüsa, flüschtra
un màcha sànfta Senda im
Schàtta.
D Hend schlofa un schnàchla
im fichta Gràss.
D Kàtza strecka sech üs uf
da heissa Pflàschter.
Stellstànd. Unschuld vum Lawa.
Ech setz unterm mim Bàim, dr Bàim vu dr Dechtung
un heer àndachtig, porös dr
Stella züa.
Jetz wàchst in mer a àndra
Bàim,
dr Wortbàim, stella Müsik,
stella Sproch vu da Blüama,
vu da Wulka, vu da Tiarer,
vu da stumma Sàcha vum
blossa Alltàg.
S làwandiga Wort wàchst in mim
Kerwer,
s Wort werd Fleisch, werd
Liacht, werd Poesie,
s diafa Liad vum Lawa,
s hocha Liad vu dr Schepfung.
Hetz. Summerfiawer. Alles
wàrtet uf Gwetter.
Alles riaft: Raga! Raga!
Kumm Raga, schwàrzes
Dunnerwatter!
Welder Bletz, verriss d denna
Stella
met dina gwàltiga Zickzàcka!
Ewerschwemma d durschtiga
Arda,
Wàsser-Kewel vu da Wulka!
Freeda, zàrta Freeda noch’m
Gwetter.
D Baim un Pflànza trenka
d frescha Pfaffermenz-griana Melch vu dr Stella.
A Ragaboga vereint dr schwàrza Hemmel un d dampfeta Arda.
Dr veialeta Owa stiegt
henter da Dacher.
A Vegalaharz schlet in dr
dämmerda Stella.
Freeda, rosarota Zàrtheit vor
dr Nàcht.
Dr Hemmel blüatet im dunkla
Wàld.
Heert ehr s Harz vu da Vegala
schlàga?
Heert ehr d Stella bata?
3.NACHT
Lieslig kummt d Nàcht
üsm Müater-Schoss vu dr
Heimet,
üsm Ungrund vum Firmamant.
In dr Stella vu dr Nàcht
brennt
d versteckta Glüat vu dr
Sehnsucht
un d hungriga Flàmma vu dr Luscht,
Luscht noch Wolluscht, Luscht noch Liawa.
In dr Nàcht verdiaft sech d
Stella.
Bleicha Visiona, unheimligi
Angscht-Erschienunga
umkreisa d stüenenda
Einsàmkeit.
In dr Stella vu dr Nàcht heert
mr komfüsa Stemma.
O Schlofenda, ô Tràimenda,
heert ehr net riafa in dr
Nàcht?
D Fenschternis esch voll
Stemma,
stumma Stemma wu schreia.
As sen vergasseni Toda, unsri
verlosseni Toda,
àrmi Seela verlora in Nàcht
un Nawel.
Besch stell un riahwig,
laar di Geischt un heer züa.
Alles redet in dr Stella,
àlles sengt, àlles schreit.
Alles esch eifàch
un àlles esch unandlig,
geheimnisvoll.
Alles fàngt à , àlles àtmet un
àlles geht zruck
in d ungrundliga Stella
Gottes.
O s Wohna in dr ewiga Rüahj!
D Stella esch mini Heimet.
In dr Stella wohn i,
witt vum lütta Schlàmàssel vu dr Walt.
D Stella esch mini Qualla, d Stella esch mini Nàhrung,
d Stella esch mini unandligi
Rüahj.
D Stella sengt d Fraid un dr
Schmarz vu dr gànza Schepfung.
D Stella sengt d Pràcht vum Starnahemmel
un vum grengschta Schmatterleng.
D Stella esch ewiger Andàcht.
In dr Stella esch s Mysterium
vu dr Ewigkeit verborga.
D Stella esch s Harz vu dr
Walt,
s Harz vu jedem Gschepf.
D Stella esch d Heimet vu àllem Liawenda.
D Stella esch Gottes Odem.
LITURGIE DU SILENCE
Faire silence pour écouter le silence, le dire profus du silence.
Taire le vacarme incessant des pensées, vampire men
tal qui dévore au dedans.
Faire silence. Doucement, graduellement, sans effort,
mourant à tout effort, toute crispation, toute volonté propre.
Et s'abreuver, se nourrir de silence.
N'être plus qu'arbre méditatif, plus qu'oreille,
attention intense au chuchotement des choses.
Boire, boire à la source profonde, à la source la
plus profonde, infiniment profonde. Originelle. Matricielle.
Faire silence. Lentement, patiemment s'ouvrir, s'offrir.
N'être plus qu'ardente humble attention, plus que pure ouïe de l'énorme murmure.
Le silence parle. Avec des murmures, des babils, des
gazouillis, des balbutiements. Clameur muette à
l'adresse des humains qui ont des oreilles, mais qui
n'entendent pas.
Le silence chante, bruissant comme soie, comme blé
ployé par brise blonde, moires murmurantes.
Le silence chante, s'ouvrant, s'amplifiant, se creusant de gouffres d'odeurs,
irradiant, coulant ruisseau, fleuve, lave, s'élargissant lac, mer, océan,
vaste psaume, s'affinant porcelaine, fluide lave de fraîcheur.
Le silence chante, clamant du haut des sommets chauves,
prophétisant, au coeur des amoncellements cyclopéens de pierres.
Le silence chante habillé de mousse, de lichen, de
touffes de thym laineux comme la toison des moutons.
Le silence chante, hurlement tragique de minuit
et joie, joie aux matins renaissants.
Vastitude océanique précieuse comme une perle ;
récitation pathétique et subtile, d'extrême faste et d'extrême discrétion.
Le silence chante, grandiloquence de voie lactée et fragilité d'aile de libellule.
Faire silence pour écouter le silence, le dire profus du silence.
Taire le vacarme incessant des pensées, vampire men
tal qui dévore au dedans.
Faire silence. Doucement, graduellement, sans effort,
mourant à tout effort, toute crispation, toute volonté propre.
Et s'abreuver, se nourrir de silence.
N'être plus qu'arbre méditatif, plus qu'oreille,
attention intense au chuchotement des choses.
Boire, boire à la source profonde, à la source la
plus profonde, infiniment profonde. Originelle. Matricielle.
Faire silence. Lentement, patiemment s'ouvrir, s'offrir.
N'être plus qu'ardente humble attention, plus que pure ouïe de l'énorme murmure.
Le silence parle. Avec des murmures, des babils, des
gazouillis, des balbutiements. Clameur muette à
l'adresse des humains qui ont des oreilles, mais qui
n'entendent pas.
Le silence chante, bruissant comme soie, comme blé
ployé par brise blonde, moires murmurantes.
Le silence chante, s'ouvrant, s'amplifiant, se creusant de gouffres d'odeurs,
irradiant, coulant ruisseau, fleuve, lave, s'élargissant lac, mer, océan,
vaste psaume, s'affinant porcelaine, fluide lave de fraîcheur.
Le silence chante, clamant du haut des sommets chauves,
prophétisant, au coeur des amoncellements cyclopéens de pierres.
Le silence chante habillé de mousse, de lichen, de
touffes de thym laineux comme la toison des moutons.
Le silence chante, hurlement tragique de minuit
et joie, joie aux matins renaissants.
Vastitude océanique précieuse comme une perle ;
récitation pathétique et subtile, d'extrême faste et d'extrême discrétion.
Le silence chante, grandiloquence de voie lactée et fragilité d'aile de libellule.
C'EST UN JOUR DOUX ET
GRIS
C'est un jour
doux
et gris infiniment
d'automne,
lent
et lointain d'enfance,
et noir
de brume jaune.
AUTOMNE
Il y a près des étangs
des peupliers tremblants
et sur les grands bois jaunes
le blanc soleil d'automne.
Il y a dans les rues grises
les feuilles que la bise
fait danser follement.
Il y a la pluie, il y a le vent.
C'est un jour
doux
et gris infiniment
d'automne,
lent
et lointain d'enfance,
et noir
de brume jaune.
AUTOMNE
Il y a près des étangs
des peupliers tremblants
et sur les grands bois jaunes
le blanc soleil d'automne.
Il y a dans les rues grises
les feuilles que la bise
fait danser follement.
Il y a la pluie, il y a le vent.
LITURGIE DU VENT ET DE LA PLUIE
Psalmodies du vent.
Frais froissements de feuillages.
Un coup de vent retourne rageusement la
page de mon livre.
Quand l’orage menace, le souffle du vent
s’amplifie,
secoue vigoureusement les feuillages.
La nuit, des mugissements de tempête
tourbillonnent autour de la maison.
Voici l’orage dans la grisaille de
l’aube.
On entend de sourds roulements dans le
ciel
tel un jeu de quilles aux dimensions des
étendues célestes
ou le remuement de tôles gigantesques.
De temps en temps explose le tapage
fracassant du tonnerre
dont l’écho se répercute à travers les
montagnes
en craquements sinistres.
La maison frémit, environnée
d’éclatements et d’éclats.
La pluie crépite bruyamment sur le toit.
Et puis, progressivement, le calme se
réinstalle.
Les effrayants joueurs de quille s’éloignent,
allant exercer leur hargne sur d’autres
hameaux, d’autres bourgs.
Les grondements s’amortissent jusqu’à
n’être plus
qu’une vague rumeur lointaine.
La pluie se fait à la fin délicat
tapotement de doigts sur les feuilles.
LITURGIE DU RUISSEAU
J'écris assis sur une pierre
émergée au milieu du ruisseau
et j'écoute la fraîche rumeur.
L'eau glougloute glacée
entre les amas chaotiques de pierres.
Le bruissement de satin froissé des
feuilles
remuant au vent
couvre parfois le clapotis de l'eau.
Le ruisseau chantonne.
Elégies de menthe.
Chorégraphies de papillons, de
libellules.
Le ruisseau chantonne.
Strophes bondissantes des cascades.
Stances amples des bassins ombreux
où quelque truite parfois ondule
sous la surface ridée de l'eau.
Silence des trous d'eau, des berges
envahies d'inextricable végétation.
LITURGIE DES BETES
Invisible, omniprésent orchestre des
insectes
aux bruissements d’aiguilles remuées,
basse continue de la symphonie du
silence
battant comme un pouls vibrant.
Mouches tourbillonnant comme atomes en
folie
autour de ma tête.
Gros insectes volants dont on appréhende
l'approche.
Sur l'arbre sous lequel j'écris, une
cigale jette par intervalles
sa stridulation insistante dans la
sérénité de l'après-midi.
Sur la terrasse, un long lézard
s'immobilise un instant au soleil
et détale au moindre bruit.
Serpents, lézards...Idéaux résidents de
ces hauts lieux du silence et du secret.
Oiseau égrenant parcimonieusement ses
neumes monotones.
Maigres troupeaux de moutons et de
chèvres.
Le bruit liquide des clochettes se
mêle à la rumeur du ruisseau.
ROCS NOIRS DE L’ORAGE
Rocs noirs de l’orage,
sombres rages
autour des pylônes.
Sur le sol s’abattent des oiseaux
que piétinent sauvagement des gnômes
couverts de boue.
Dans le ciel tourne la roue
énorme de la mort.
TOURBILLONNANTS CHAOS
Tourbillonnants chaos de neige
sur les campagnes désertées,
tonnes de blancheur dont s'allègent
les gouffres noirs de bleuité.
Parfois rugissent des stridences
aux lisières des forêts floues,
fureurs de sang, sombres silences
béant comme d'horribles trous.
Sans fin danse, danse
la neige
sur les étendues dévastées,
lentement tombe et puis s'agrège
aux herbages ensanglantés.
sur les étendues dévastées,
lentement tombe et puis s'agrège
aux herbages ensanglantés.
SOUS LA TERRE
Sous la terre
du feu blanc
où se blottissent les démons
où germent les crimes
et les rires des printemps
sous la terre
du lait et les louves fluides de l’enfer
et les forces noires
charbon métaux
reptiles
sous la terre nuit lourde lenteur
morts
LITURGIE DES PIERRES
Rocs, blocs autistiques terribles de nuit
compacte, dense matière de silence
comme rage figée,
runes d'une parole barbare proférée
aux âges premiers.
Pierres rectangulaires comme des autels
d'anciens rites sacrificiels
délaissés par le retrait des dieux.
Pierres rondes, pains géants livrés
à une cuisson interminable.
Pierres ventrues, colossales parturientes
se prélassant au soleil.
où se blottissent les démons
où germent les crimes
et les rires des printemps
sous la terre
du lait et les louves fluides de l’enfer
et les forces noires
charbon métaux
reptiles
sous la terre nuit lourde lenteur
morts
LITURGIE DES PIERRES
Rocs, blocs autistiques terribles de nuit
compacte, dense matière de silence
comme rage figée,
runes d'une parole barbare proférée
aux âges premiers.
Pierres rectangulaires comme des autels
d'anciens rites sacrificiels
délaissés par le retrait des dieux.
Pierres rondes, pains géants livrés
à une cuisson interminable.
Pierres ventrues, colossales parturientes
se prélassant au soleil.
L' INNOCENT
Il marche sur les eaux.
On le caresse, on chante,
on jette des fleurs.
Tu es le miel,
tu es le pain,
Tu es la force et la douceur du vin.
Ils le cherchèrent,
lui qui caresse les ânes
et le voulurent pour roi.
Il fondit au soleil.
ENFANCE EN MAINS DIVINES
de l’abîme des mots
ô suave inscience
force fragile et tendre
Dieu l’immédiat étincelait
dans la pure goutte au creux des
feuilles
FEU DE BOREE
Tôt levé ce matin, avant le remuement des soucieux, dans la pénombre des chambres j'ai aimé la nuit d'hiver.
La grise lumière révéla les collines chenus.
A la crête de ma clairvoyance et de ma tendresse, sans inquiétude j'ai regardé le ciel plombé.
Je suis sorti au jour ombreux, dans la neige neuve.
Pays sans trace, sans chemin (ô neige bienvenue, hiver heureux, qui ensevelit les vieux sentiers de l'habitude).
Ouvrir la voie,
vers où?
vers le coeur de la plaine à égale distance des bois muets et des bourgs léthargiques là où dort la totale bonté.
Je suis sorti affronter les meutes d'hiver.
Ne plus se lover, se couvrir, se reclure.
Se lever, sortir des murailles, des épaisseurs, des songes, des nostalgies.
S'exposer, s'offrir, ouvrir son chemin nouveau dans la neige intacte.
Vers le cœur de la plaine à égale distance des bois muets et des bourgs léthargiques là où veille la totale bonté.
Avance.
Ne crains pas les couteaux du matin, le ceste d'Aquilon.
Découvre ta plaine de blancheur.
Espace radieux. Aveuglé de poussière glaciale, parvenu au centre de l'aire éclatante, tu fais halte dans la torche interne du corps revigoré, les pulsations du sang, la vaste respiration de l'esprit.
Plaine, ô pur sentiment de mortel, neige nuptiale d'une heure de vie.
Que le froid encore s'aiguise!
Qu'il brûle!
Dureté, douceur absolue de Dieu.
Nous nous déchirions entre l'azur et la glaise. Et voici que la neige nous enseigne la tendre, la terrible lucidité de la terre.
Voici Dieu : aimer la terre hiémale.
ENTRE VERTIGE ET MORT
Habitat froid où pourrissent mes ailes afin que vide
je revive à l'occident des herbes.
Désert des corps glacés
où traînent
hagards
mes visages perdus.
Je me lève
et les ombres me cernent
comme l'enfant qu'assaillent les cauchemars de la nuit.
Matin frêle sur les vitres qui cèdent aux souffles des aubes.
Alors
brusque je
déplie mes organes
et
aux outres tente de boire
OSCILLANT ENTRE VERTIGE ET MORT.
Habitat froid où pourrissent mes ailes afin que vide
je revive à l'occident des herbes.
Désert des corps glacés
où traînent
hagards
mes visages perdus.
Je me lève
et les ombres me cernent
comme l'enfant qu'assaillent les cauchemars de la nuit.
Matin frêle sur les vitres qui cèdent aux souffles des aubes.
Alors
brusque je
déplie mes organes
et
aux outres tente de boire
OSCILLANT ENTRE VERTIGE ET MORT.
NUR A AÏGABLECK
Nur a
Aïgableck
sahn mr d Ardapràcht.
Nur a Aïgableck
empfenda mr s
Lawafiawer.
O heimliga Arda,
a so unheimlig
Geheimnis.
Nur a Aïgableck
A làwandiga Frog
sen mr.
Un mr schlofa un tràjma
un sahn Gott net
in jeder Blüam,
in jedem Gsecht.
PARFOIS AUX ABORDS DE L'ETERNITE
Parfois
aux abords de l'éternité,
le silence s'enflamme
en torsades de beauté
autour de la méditation de l'âme,
neige de tendre verdure
que la lumière enrobe
et que frôle le duvet d'ailes lisses
aux mystérieuses striures;
vallonnements d'aube
où des déclivités de délice
douent les doigts
du subtil savoir de joie.
L'AME LA NEIGE
La fenêtre s'entrouvre
sur l'âme ,
ciel traversé
d'arbres pâles.
Un visage s'incline
près de la croisée
et regarde la neige du soir
qui soudain s'illumine
de bleu jusqu'aux collines
silencieuses là-bas
dans le plus secret de la mémoire.
OU J'HABITE SE DONNE UN DIEU CANDIDE
Corps de gloire m'arrachant aux morsures de la mort,
Je ne verse plus ma vigueur aux véhémences vertes
De la mer. Clarté triomphale à travers cils, ramilles,
Pétales! Babil des brises dans l'ombre des charmilles!
Fumées, fraîches senteurs du soir montant des brumes d'herbe!
Le déclin doré de douceur drape les cariatides.
Et les palmes bleues balaient les frontons aux néréides.
Soleil sur le gouffre innombrable des pensées; rayons
Pénétrant les abysses tourmentés. Le jour fut long
Qui dévora notre chair troublée , plante de désir
Inapaisable prise au piège horrible du néant!
J'ai laissé votre rage, avides hommes d'Occident.
J'ai laissé votre songe, peuples aux drapeaux ardents.
Où j'habite se donne un dieu candide, un dieu enfant.
ODE
dans les cathédrales rageuses de joie
éclatent les psaumes
colombes de douceur
survolant les cierges
traversant diaphanes les nuées d'encens
se perdant dans la lumière des vitraux
qui vibrent d'allégresse dorée
Bête de Nudité et de Lumière
Alors j'ai obéi à ton obscure injonction.
Je me suis mis en route dans ma ténèbre,
et un à un mes vêtements ont chu sur le sol.
A l'aurore j'avançais nu vers ta gloire et
le cimeterre de ton éclat m'a transpercé.
Le corps vêtu de ma seule âme
à toi je me livre
splendeur.
Mes crimes ont creusé le lit
où maintenant se rue cette eau d'ébène
et d'or, ce fleuve d'astres et d'ardeur.
Au plus profond de mon puits de solitude,
sous ma bourbe immonde,
je redécouvre la nappe d'amour, la lave
éternelle qui dort au centre de l'être.
Bête de nudité et de lumière,
nous chérirons même la mort,
par-dessus tout la mort,
qui nous arrachera le travesti ultime
et nous affrontera au terrible diamant de l'opaque.
Savoir patent: que nous sommes nus,
nus jusqu'au sexe comme l'enfant,
et que rien ne protège contre le froid de mort.
Tous, oripeaux de mascarade,
habits de faux rois, de clowns.
Douceurs mensongères.
Mais aussi, à clamer, ce désir
qui ne peut se dire.
AU PAYS DE L'ABSENCE
J'ai longtemps séjourné au pays de l'absence,
attendant la venue d'un être de beauté.
La nuit, me harcelait la horde des démences
et je mourais de soif d'une eau de pureté.
Et je mourais de faim du pain de nudité
dans des pays fermés aux souffles de l'amour.
De grisaille et de suie j'étais environné,
ne sachant retrouver le chemin du retour.
Le chemin du retour vers la simplicité,
la difficile et haute enfance reconquise.
Et je mourais d'attente en des déserts brûlés
quand s'éleva la voix enfantine et exquise.
"NAH IST
UND SCHWER ZU FASSEN DER GOTT."
(HOELDERLIN)
"J'ATTENDS DIEU AVEC GOURMANDISE."
(RIMBAUD)
SOIS CRI MAINTENANT
Sois cri
maintenant
au coeur de ta sauvage réserve.
Sois cri,
cri abrupt silencieux
dans la nuit de Dieu
et attends,
attends
nu dans l'âpre,
dans l'obscur
sans chemin,
attends
le tendre éclair,
la grâce.
UND SCHWER ZU FASSEN DER GOTT."
(HOELDERLIN)
"J'ATTENDS DIEU AVEC GOURMANDISE."
(RIMBAUD)
SOIS CRI MAINTENANT
Sois cri
maintenant
au coeur de ta sauvage réserve.
Sois cri,
cri abrupt silencieux
dans la nuit de Dieu
et attends,
attends
nu dans l'âpre,
dans l'obscur
sans chemin,
attends
le tendre éclair,
la grâce.
LE SOUFFLE DE DIEU
Le souffle de Dieu,
c'est cette brise légère
qui parfois se lève
quand s'interrompent le bruit et la fureur,
quand se taisent les bavardages
et que le silence soudain se déploie
des coeurs méditatifs
jusqu'à la lumière d'ailes de neige
là-bas par-delà les cimes.
Alors au plus secret de chaque orant
frémit le tendre murmure de Dieu
et son feu frais irradie à travers les visages.
Et comme une immense caresse
le ciel touche la terre,
vivifiant tout être
qui s'offre au plus profond Respir.
NATIVITE
dans la nuit
dans la froide nuit du monde
une étoile surgit
une fleur éclot
un enfant naît
l'enfant absolu
le Dieu d'enfance
rien qu'un petit et fragile corps
perdu dans la froide nuit
où s'incarne
la Toute-Puissance de l'infinie Tendresse
voici naître
le Dieu fou
le Dieu illogique
brisant les raisonnables ordonnances des Raisonnables
Créateur prenant la forme d'une créature
voici naître
Iéshoua fils de Myriam
à Bethleem de Juda
obscur patelin d'où selon la tradition
rien de bon ne peut sortir
et c'est le Rédempteur du monde
le trésor entre tous
le Nom qui sera élevé au-dessus tous les noms
voici naître
l'Obéissant absolu du Dieu Amour
et le radical Rebelle
qui va subvertir le règne de domination et de mort
voici naître
le Maître de douceur le Maître de vie
ni Dieu pur esprit ni Dieu rien que chair
ni culpabilisateur ni adorateur de ce monde
mais son Créateur et son transfigurateur
voici naître
voici s'éveiller
au coeur du silence nocturne
loin des Capitales agitées
loin des Palais majestueux
voici s'ouvrir la toute petite graine l'infime présence
du Dieu Infini qui lentement silencieusement
germera jusqu'à l'Accomplissement
A L'ENFANT DE LUMIERE
Me voici
dans mes caves d'ombre
offert aux frôlements de l'aile éternité.
En moi l'amande d'amour s'éveille
parmi racines ivres et ronces.
Ô tâche terrifiante!
Tout anxieux devant le faix à porter,
devant la mort crucifiante et l'énigme,
je suis là, ouvert, à attendre,
à attendre qu'à travers moi tu renaisses,
à attendre la suite de mes jours et leur terme dans ta transparence.
Le vent gémit et tourmente les branches.
Le froid sagitté cerne les abris et les nids.
La nuit écrase et crie.
J’attends.
Et tout attend, balbutiant son désir indicible.
J'attends et n'entends plus que mon silence tendu,
et les neiges de la nuit attentive,
et les cloches lointaines contre le ciel
fêtant le ferme et frêle espoir
d'un miracle de rose sur la tige de Jessé.
Me voici, Enfant,
comme aux saisons naïves
venu vers toi,
parmi bergers et rois,
pâtre éperdu d'un troupeau sans figure,
astres, plantes, bêtes,
âmes et peuples épars se nourrissant de nuit
dans le vertige des millénaires.
Je viens puiser la lumière
d'une humilité nouvelle.
Ô fasse qu'en nos corps inextricables
la terre trouve son visage, sa nudité, son feu.
CHANSON DE NOËL
Sapins, étincelez de givre,
Brillez de guirlandes d’argent !
Dansez, clartés, dans le rêve ivre
Des petits et des grands enfants !
Voici Noël ! Voici Noël !
Allumons nos blanches chandelles !
Reflétez les mille lumières,
Boules bleues et boules dorées !
Globes de subtile matière,
Grisez les yeux émerveillés !
Voici Noël ! Voici Noël !
Décorons maisons et chapelles !
Cieux et églises, célébrez
Sous vos voûtes la sainte messe
De la nuit de Nativité !
Rugissez, orgues d’allégresse !
Voici Noël ! Voici Noël !
Exultons de joie solennelle !
Bambins, bambines, gambadez
Par les ruelles recueillies !
Courez dans la bise glacée
Jusqu’à l’étoile du Messie !
Voici Noël ! Voici Noël !
Chantons l’Enfant Emmanuel !
Neige, lente de blancheur bleue,
Tapisse en douceur les chemins !
Dans la vaste veillée de Dieu
Fête Noël pour les lapins !
Voici Noël ! Voici Noël !
Nuit de tendresse et nuit de gel !
Nuit, profonde Nuit, prophétise
D’astres par-dessus les hameaux !
Et que le cosmos catéchise
L’âme inquiète des animaux !
Voici Noël ! Voici Noël !
Entrons dans la Nuit Essentielle !
Anges, tendez vos ailes d’aube
Au-dessus des sombres pâtures
Et annoncez aux veilleurs probes
Le Règne qui tout transfigure !
Voici Noël ! Voici Noël !
Paix sur la terre et joie au ciel !
ET INCARNATUS EST
et s'est incarné
en pleine pâte
en pleine matière
pour être avec les étoiles les herbes les bêtes familières
pour être avec toutes ses créatures
et s'est incarné
s'est fait chair
s'est fait homme a assumé sa déchirure
s'est incarné dans notre misère
dans notre nudité
s'est fait enfant
enfant vagissant
enfant affamé qu'on allaite
enfant inquiet que l'on apaise
s'est incarné dans l'humaine glaise
dans l'humus fondamental
et s'est fait corps fièrement vertical
s'est fait sang viscères muscles sexe
s'est fait cerveau aux pensers complexes
s'est fait mains
mains qui secourent qui pacifient
s'est fait bras pour étreindre l'ami
s'est fait corps bipède agile
pour arpenter campagnes et villes
et s'est incarné
dans l'abjection dans la merveille humaine
dans l'angoisse humaine
et s'est impliqué dans nos histoires mondaines
et s'est fait homme
de la même humanité que toi et moi
de la même pitoyable miraculeuse humanité que toi et moi
et s'est incarné dans l'humilité
dans l'incognito parfait de la commune loi
s'est fait homme comme n'importe qui
comme le moindre d'entre nous comme le plus petit
pour donner visage
à tout homme toute femme tout enfant
visage transhumainement humain
visage nu du Dieu Souverain
visage transfiguré de l'homme
DES VISAGES VIENNENT DU FOND DE L'OMBRE
Les maisons sont vides,
la nuit les traverse.
Parfois tombe une averse
sur la terre et ses rides.
Des enfants dorment sous l'arbre
qui se remplit d'étoiles.
La nuit étend son voile
sur les tombeaux de marbre.
Les visages viennent du fond de l'ombre
et se perdent dans la clarté
d'autres restent froids et sombres
au passage de la beauté.
La main se tend vers la table,
mais le pain est absent.
La faim est épouvantable.
Dehors rôde le vent.
LA MORT DE L'ATHEE
Laissez-moi,
je veux mourir seul,
sans vos illusions,
sans votre pitié,
seul comme vous le serez tous
à l'heure de la mort.
Laissez-moi regarder en face
la splendeur du néant
sans vos discours mielleux.
SOLITUDE
oiseaux perdus
dans la nuit opaque
cris
au-dessus des toits chargés de peur
la verdure noire vocifère
et dans la terre dorment
les bêtes minuscules
immensément seules
au milieu des galaxies
PSAUME DE LA PLUS HAUTE FOLIE
Seigneur,
me voici,
nu devant Toi.
Me voici nu,
approchant de la nuit.
Me voici face à la nuit
et je n'ai rien fait de ma vie.
Perdu ma vie
en stupidités, indignités,
doutes, veuleries,
folies.
Me voici
les mains vides
au bout des quêtes fiévreuses,
au bout des sentes tortueuses,
aussi nu,
aussi perdu
qu'un enfant,
rien que blessure béante,
rien que faim, infiniment.
Seigneur,
me voici,
nu devant Toi.
Emplis-moi de la plus folle folie,
la folie de la foi.
SCHREI
In der leeren
Kammer sitzen stundenlang, still,
am Rande der
Stadt.
Die Landschaft
betrachten unterm Schnee.
Kahle Baüme wie
Angstgespentster im Nebel.
Nähert sich in
der Ferne der Wald des Grauen?
Wieviel Tage,
wieviel Nächte ohne zu reden,
wartend auf ein
Wort,
nur ein Wort.
Aber nichts.
Unendliche
Stille.
Jetzt draussen
stundenlang in
leeren Viertel irren
zielloser
düsterer Wanderer.
Niemand, kein
Gesicht begegnen stundenlang,
kein
freundlichen Blick.
Unterwegs in
wüstigen Gassen, auf öden Strassen.
Niemand, kein
lebendiges Wesen, keine Seele.
Verwirrter
Wanderer im Niemandsland verloren.
Ist die Stadt
ausgestorben?
Ist Ende der Welt
oder trauert
Gott?
Schwarze Baüme
am Fluss. Schwarzes Wasser.
Todbleiche
Dämmerung, Nacht und Nebel.
Weite Einsamkeit
bis zu den
Kasernen, dem Bahnhof, dem Gefängnis,
bis zur
Hurenstrasse
wo sie strahlt
die Einsamkeit
in den Augen
voll Hunger und Scham.
Im Wasser
schwimmt Dreck.
Sternen fallen.
Sei Schrei jetzt
aus deiner
stummen Wildnis.
Sei Schrei,
stiller Schrei
in der
Gottesnacht
und warte,
warte nackt
im herben Dunkel
ohne Pfade,
warte auf den zarten Blitz der Gnade.
DOLOR
douleur des pierres
compacte dure terrible nuit minérale
douleur des arbres figés
sous le ciel torride
ou tordus par la fureur déchaînée des tempêtes
douleur lourde lente des plantes
dans le froid
douleur
dans l’infini
fracas d’astres
cri
du ciel
rouge
noir
au-dessus des potences
au-dessus des potences
L'EAU NOIRE
La pluie tombe, tombe
dans le sombre soir d'automne.
Elle noie les morts, les pauvres morts atones
qui dorment sous la glaise.
L'eau noire remplit les orbites
où furent les yeux splendides
qui contemplèrent les matins de braise.
L'eau noire emmène
les restes de songeries
des crânes qui pensèrent
les cosmologies, les théologies.
L'eau noire entraîne
les pauvres morts, les corps sans nerfs,
vers les gouffres d'enfer
où pourrissent les soleils éteints,
les divinités exsangues.
L'eau noire du néant
tombe, tombe sans fin
dans des chaos sans langue.
VISION D'IDOLES
Funèbres visions sorties d'antiques nuits,
Elles vinrent à moi, pas à pas, silencieuses;
Elles vinrent, passions sublimes, ténébreuses,
Tristes dieux ancestraux par le passé détruits.
C'étaient les dieux déchus, ombres marchant sans bruits.
Ils venaient, affamés, des tombes mystérieuses.
Et, muets, se serraient dans des marches fiévreuses,
Fantômes terrifiants sur mes chemins conduits.
Fictions, produits spectraux des ères reculées,
Dieux de Delphes, d'Angkor, Babylones passées,
Peuples olympiens, meutes de Walhalla!
Dieux sombres de l'Eddas, idoles gangétiques,
Rêves puissants, obscurs, illusions mystiques
QU'AU-DESSUS D'UN MONT CHAUVE UNE OMBRE TERRASSA!
"ET POURTANT NOUS DEVRONS DIRE ADIEU A LA TERRE,
EFFACER DE NOS YEUX LE VISAGE DES ÊTRES,
OUBLIER JUSQU'AU CIEL POUR APPRENDRE LA NUIT."
(VIGEE)
"SEUL, SANS RECOURS, IL FAUT FERMER LES YEUX
ET TOUT AU FOND DU NOIR CREUSER VERS DIEU."(DADELSEN)
NOUS VOICI SEULS DEVANT LE CIEL NU
Nous voici seuls devant le ciel nu, nous
voici, craintifs, gouffres mornes
de toute la mort qu'il faudra traverser
après ces lambeaux de vie moite de
vagues bonheurs.
O nuit, broie nos âmes, broie la
crayeuse roche qui rugit son silence au coeur des monts noirs !
Nous cachons notre honte dans l'enclos
des pierres, indignes de ta sombre splendeur.
Ah ! brise nos corps versatiles de ton
acier atroce !
NUIT
J'ai cherché la clarté indubitable du jour
et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché la connaissance
et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché la beauté
et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché
et la nuit m'a trouvé.
JEU NU
Vastes contrées s'ouvrant. Il arrive. En pleine nuit. En plein jeu.
Devant la nuit, me voici. J'ai cherché la clarté indubitable du jour et
j'ai trouvé la nuit.
Depuis des éternités, toute cette longue enfance, il est en chemin.
Interminables limbes. A erré, cherché à tâtons, avec désespoir, avec espoir,
fouillé, piétiné sur place, exploré avec méthode, nonchalamment, assidûment,
cherché, scruté, expérimenté, avec tiédeur, avec acharnement, en désordre,
minutieusement, de tous côtés, cherché. Impasses, pistes incertaines s'égarant,
bourbiers... Tout ce chaos de quêtes confuses. Tout ce long matin.
J'ai cherché la connaissance et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché la beauté et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché et la nuit m'a trouvé, au bout de mes itinéraires hagards.
Ai traversé les pays d'illusion de tous les Dieux, ceux
des Cieux et ceux de la Terre.
Un à un, m'ayant pour quelque temps enivré de leur sang, les Dieux sont
morts en moi, et je suis né à la nuit.
Me voici dans la nuit, rugueuse, hospitalière.
Je laisse parler la nuit, le silence infiniment infini de la nuit.
Respirations de mers.
Je laisse faire la nuit. Végétation d'astres infiniment lente.
Mort. Embrasé.
Vide. Comblé.
Je laisse faire. Brûle.
TRAVERSER L'OBSCUR
Traverser l'obscur,
la rouille, la mort.
Avec patience, avec
courage,
avec rage.
Traverser la
nuit.
Douloureusement
traverser la glaise,
la gluante terre,
la terrible gluante terre,
la chair.
Lumineusement
traverser
l'enfer.
Ne pas s'arrêter.
Ne jamais
s'arrêter.
Ne pas se retourner.
Ne jamais se
retourner.
Avancer.
Traverser.
Traverser le noir.
Dans l'absurde.
Dans le désespoir.
Encore. Encore.
Dans le délire.
Marcher.
Avancer.
Traverser, brûler le
pire.
Energie de Dieu.
Au centre.
Force axiale.
Feu.
LA NUIT DE DIEU
A genou,
nu,
dans la haute nef.
Livré au terrible silence.
Des dalles monte
le froid de mort.
Vagues vitraux
de laiteuse nuit.
Nu,
face contre le sol,
abandonné
au vertige de nuit,
à la nuit infinie
où naissent et meurent
infiniment les mondes.
Seigneur,
quand montreras-tu ton visage?
ELEVATION DE LA VIERGE
Ayant aux aveux doux
fermé sa douce bouche,
l'ayant étendue nue
dessous la glaise rouge,
l'ayant pure élevée
d'entre les chairs enceintes
Dieu pris la jeune morte
parmi les vierges saintes.
MERE REPOSE EN PAIX
Mère,
Müater, unsri Müater.
J'ai du mal à parler,
à dire ces mots que tu m'as appris.
La peine m'étreint.
Mais debout il faut dire ton chemin,
ton chemin d'humble gloire.
Debout il faut dire
l'infinie tendresse qu'irradiait ton visage
et ta profonde stupéfaction d'être.
Enfant, tu as connu tout le bonheur de vivre
et tout le malheur de vivre.
Tu as vécu la mort de la mère, de ta mère,
et ce fut comme un glaive
transperçant pour toujours
ton âme de petite paysanne.
Mère, repose en paix
dans la maternelle tendresse de Dieu.
Jeune femme, illuminée de ta frêle beauté,
tu as connu les joies et les soucis
d'épouse et de mère.
Tu as été la compagne attentive de notre père,
le soignant jusqu'au bout,
le pleurant inconsolable après sa disparition.
Mère, repose en paix
auprès de celui que tu as rejoint,
notre père terrestre.
Tu as été la güata Fràj et la Mûater,
mère par excellence,
mère pour tout le monde,
tes enfants, tes petits-enfants, tes brus, tes gendres,
et tous ceux que ton coeur accueillait,
mère sourire,
mère confidence,
mère courage,
mamama bonne soupe
mamama gâteau.
Jour après jour, tu as fait ton oeuvre,
l'oeuvre humble de la maison du bonheur,
la grande oeuvre ordinaire de persévérance et d'amour,
qui vaut mille fois celle des Importants.
Müater, tu as accompli ton oeuvre,
repose en paix dans la douceur de Dieu.
Tu as trimé jour et nuit,
nettoyé, lavé, lessivé, cuisiné, jardiné,
tenu ton commerce,
éduqué tes enfants,
aidé ton mari...
Tu as traversé les fatigues, les grisailles,
les tracas quotidiens, les faiblesses communes,
les péchés de tout le monde,
les angoisses, les mélancolies.
Tu as lutté, porté, supporté.
Mère, repose en paix dans la joie de Dieu.
2
Tu as été celle qui donne sans mesure.
Tu voulais secourir toutes les misères du monde,
soulager toutes les détresses.
Tu as été la tolérance et la générosité incarnées.
Tu as su écouter chacun, sans jamais juger,
parler à chacun, selon sa personnalité,
à l'intelligent avec intelligence,
à l'esprit borné avec indulgence,
au rabâcheur avec patience,
au bienveillant avec reconnaissance.
Tu as eu compassion de toute créature souffrante,
y compris les animaux,
le chien abandonné, la bête martyrisée.
Tu as été le coeur le plus ouvert, le plus aimant,
le coeur le plus blessé
par tout le malheur du monde.
Mère, repose en paix
auprès du Dieu Consolateur.
Tu as marché dans la nuit,
la nuit des doutes,
la nuit des questions crucifiantes,
pourquoi le mal,
pourquoi la mort,
pourquoi la souffrance des enfants innocents.
Tu te croyais la plus indigne,
la pauvresse sans défense qui ne sait rien
devant le grand mystère.
Tu as marché dans la nuit.
Mère, repose en paix
dans le Dieu de lumière.
Tu as cru au Bon Dieu,
au Dieu de bonté.
Tu as cru comme une enfant
en l'Amour qui surpasse tout.
Mère, repose en paix dans la candeur de Dieu,
et aide-nous à croire l'incroyable,
que l'Amour est plus fort que la mort,
que tout est grâce,
qu'à jamais tu es vivante en Dieu
et au plus intime de chacun d'entre nous
qui te chérissions.
Mère, repose en paix
dans l'aube éternelle du Christ ressuscité.
Mère, repose en paix.
RESURRECTION
Cri de victoire de la plus grande insurrection,
l’insurrection contre la mort.
Bleu, bleu de paradis le calme de Pâques
Et blanc, blanc éclatant l’essor
des ailes dans les immensités de fraîcheur.
Voici le Vivant inouï
parmi les oiseaux de neige, les bêtes éblouies,
les floraisons de l’aube.
Hors des contrées de larves,
Hors des terres de détresse,
Il avance vêtu de la lumineuse robe
d’astres et d’allégresse.
Il avance, le Vrai Vivant,
dans le candide soleil d’éternité,
dansant léger avec les brises duveteuses,
les parfums, les pétales bleutés,
dansant , marchant délicieusement lent dans la rosée
matinale inondant de menthe les rues pavoisées
et les jardins des cités ouvrières.
Il traverse auroral les places retentissant de rires écarlates,
les gares aux rails d’incandescence,
les usines, les supermarchés, les bistrots bruissant de juke-boxes ;
et les enfants Le regardent et s’éclatent.
Voici le Vivant de splendide innocence.
LIVRE D’INCANTATION
BARQUES BRÛLANT DE NUDITE
barques qui dans d'ardentes brumes se dissolvent
barques au fond des nuits brûlant de nudité
cargaisons de péchés que les astres absolvent
et que l'aurore noie de luminosité
FEU DE FANGE AU BORD DE LA FOLIE
venez louves liquides aux langueurs de lait noir
laper le feu de fange au bord de la folie
venez filles de crime ensanglanter le soir
et mordre dans l'obscur les faces d'agonie
VISAGES A TRAVERS DES
VITRES VIOLEMMENT LUMINEUSES
visages à
travers des vitres violemment
lumineuses entre les
orages
avec des neiges
d’éclairs dans les regards
avec des chevelures
comme sentes de fraîcheur
se perdant dans les
sous-bois aux myosotis
visages que traversent
des ailes vastes
comme l’aube
souveraine
transparence au-dessus des agonies
LUMINEUSES
ENTRE
LES ORAGES
AILES VASTES COMME L'AUBE
A L'OCCIDENT DES DIEUX
A l'occident des dieux, éclate,
splendeur verte de l'athéisme, ouragan de roses !
Au-dessus des dômes et des palais,
danse, printemps d'ailes et d'épées!
Seuil de la nouvelle Ionie. Embruns des prophéties
jusqu'aux Andes, aux Mongolies.
Dans le scintillement des chaos de foudres, tu nais,
Eustrie, ode de porphyre montant des mers.
derrière les herbes d'acier
brûlent les porcheries
brume de débauche que les socs
taillent en soies de sang
Nous mangions des groseilles au fond des jardins de jade
tandis que dans la verdure violette des Asies
tandis que dans la verdure violette des Asies
croissaient les noirs éclairs de la mélancolie.
CROIT LE REGNE D'IRIS LA SOUVERAINE
sur la mer fut ton chemin
tu viens
tu sors des tombeaux de Sumer du Pérou
et tu t'avances sur la terre neuve jonchée de germes
dans le scintillement des
vergers de vertige
filles en
touffes de foudre
indolentes
comme le lait
tu es la géométrie non-euclidienne
petite ouvrière de Smolensk
tu es la Sophia des théosophies orientales
tu es une chienne rôdant dans les jardins d'Académos
tu es prêtresse du Soleil à Cuzco
tu es la main du maître Mathis Gothart Nithart dit Grünewald
peignant le Christ en croix d'Isenheim
tu es cette pauvre vieille de l'Aurès ployant sous son fagot
tu es l'ordinateur fonctionnant aux usines Fiat à Turin
Iris les temps sont mûrs
tu sors des tombeaux d'Egypte
et à l'occident des dieux
dans la poussière des chantiers
tu foules la terre d'Eustrie
approche approche de cet arbre de cris
jaunes et rouges debout dans le sommeil
et secoue les dormeurs séculaires
sous la chappe de grisaille
entre les cuisses velues des guerres
tu croîs terre des libres éclosions
entre les cuisses
velues
des guerres
gouffres bruns des débauches
spongieuses
immensément
journées des crimes
gouffres bruns des débauches tôles tessons CRACHEZ
avec sous les robes le rire
et ces crapauds délicieux de bave
la fosse où des légions entières
étincelantes de métaux
s'engouffrent
le bleu funèbre chante en moires de corruption
dans les antres de vos nudités adolescentes filles des mers
les guerres aux plumages d'aigles passent entre vos cuisses
impudiques ô ménades précoces ô bêtes impubères
neige d'encre de vos gémissantes délectables bouches
doigts de braise
barques de lait de vos périnées de jeunes laines d'ombre
spongieuses immensément journées des crimes
délicieux
arôme du venin volcanique des coïts sous les brises
d'Aorasie
proue suave s'enfonçant dans la brume orange
des plaisirs
poutre de lave fichée au centre
dans le miel des cuisses écartées
lait et encre se mélangèrent dans leurs bouches
toutes nocturnes de fraises
au coeur des vastes demeures de boue
BRISES BAIGNANT SEPULCRES ET PORTIQUES
balbutient les bouches près des épaules d'archipels
verdure douce où roulent les crânes
vers les blancheurs des mers
crânes de Sade de Sappho
la foudre dévore les filles
et les abandonne inertes sur le gazon
de ce parc d'Arcadie
aux sépulcres de luxure
Babil des brises dans les bleus bosquets de l'oubli !
Fumées, fraîches odeurs du soir montant des herbes d'ombre!
Le déclin doré de douceur drape les cariatides ;
Et les palmes de paix balaient les frontons de l'Attique...
noirs cyprès
la puanteur tiède des tombes se répand dans la touffeur de l'air
des remugles de géhenne montent des fosses de fange
la foudre se fige dans
les miasmes de mort
la paille (knout) des supplices (ongles nerfs) brûle les porcheries
Un ange resplendissant cravache des rondeurs superbes.
Velours déchiqueté d'où s'épanche la salive des saturnales.
Buvez, lèvres de mort, ce vin d'entrailles, ce vin de gorge tranchée.
Oiseaux des ténèbres, précipitez-vous au milieu de ces noces
nocturnes, et soyez voraces d'yeux, de langues, d'oreilles
délicates où expirent les rumeurs du monde.
saignent ferrailles d'angoisse crient rient rails de rage
dans la ronde hautaine des nébuleuses
socs tranchant la glaise des abjections
dans la nudité des nuits
et blasphèmes
flagellations
CRACHEZ meutes de holches et de vos groins
fouillez les femailles
et la paille poissée de sang
hurlurances
ïambes de meurtres
les décombres des arbres fument
dans le brouillard aux noires odeurs
la guerre rôde aux horizons
l'enfant est seul parmi les ruines
aux terribles exhalaisons
odeurs de meurtres et d'urine
hurlez
MUNDUS EST IMMUNDUS
ongles
nerfs
furoncles
fers
hongres
khmers
ombres
glaires
chairs
hères
serfs
Un ange rayonnant, blond tankiste imberbe, fouaille
les tendresses d'Eustrie.
Sous les lambris se tordent
des cyclones.
Les épées plongent
vers les gorges
et la gaze
voilant les cuisses.
Giclées de sang contre les miroirs,
giclées de sang sombre,
clameurs ;
longues lamentations répercutées par les couloirs
jusqu'à ce que, vers l'aurore, le lait bleu du silence
ait noyé les vastes
chambres des demeures de boue.
la verdure des crimes hyènes ! ha! tigres ! dévore l'enfer gris de béton
TYGER TYGER BURNING BRIGHT
IN THE FORESTS OF THE NIGHT
baignant de fraîche tendresse les sépulcres
la flore des violences progresse sur les boulevards
jaillit en arabesques jaunes sur les places éclate arborescence
vertigineuse contre les façades des banques cerne les palais les tribunaux les
chancelleries les églises majestätische sittliche Gebaüde
des milliards de termites montent à l'assaut de la cathédrale
vaste carcasse délaissée au milieu des champs de tulipes
le feu s'empare des arbres et des constellations
les empires s'écroulent comme d'énormes forêts pourries
et la plèbe livide et pourpre la pègre prophétique
roulant
des joyaux dans son écume submerge les jardins royaux
des enfants armés de mitraillettes massacrent les
passants à
l'aveuglette
des femmes nues viennent maternellement essuyer leurs
visages
noircis de fumée et panser leurs blessures
puis elles vont s'agenouiller au milieu des chaussées
laissant les
balles cribler leurs chairs laiteuses.
un homme ensanglanté titube sur le trottoir ses mains
flamblent
et ses yeux sont crevés une foule flasque l'entoure
mais ne le voit pas
un ange (Rimbaud) fumant placidement une cigarette
barbouille les murs de grandes lettres de sang
VIVE LA
REVOLUTION VIVE LA LIBERTE VIVA LA MUERTE
le meurtre danse de beauté à travers la ville
les enfants sourient aux désastres et s'avancent dans
des zones
calmes comme l'enfer dans la tiédeur déchirante des
agonies
les décombres sont des seins de jouvencelles
frissonnants de pureté
les croix ruissellent de crachats
New-York fleurit glorieusement de crevasse-vulves
on enterre les enfants dans les parcs défoncés où
rôdent les tigres
des ailes candides déchiquettent les meurtriers.
DES TIGRES DEVASTENT LES CATHEDRALES
PERDUS DANS LES FORETS DE LA NUIT.
UN ANGE ECRIT : MORT A DIEU!
LA LIBERTE AUX SEINS D'ADOLESCENTE AVANCE
PARMI LES DECOMBRES DES EMPIRES.
VERDURE DE DIEU.
PARMI LES DECOMBRES DES EMPIRES.
VERDURE DE DIEU.
MERS DANSANT AVEC LES ILES AVEC LES NEBULEUSES
mers dansant avec les îles
avec les nébuleuses
à l'occident d'Eustrie
là où naissent les tendresses tièdes des lilas
où se creusent de bleues trouées les firmaments d'angoisse
traversés par l'incandescence des rails
violette féminité des eaux
vastes odeurs des nuits sur les étreintes
moires qui se meuvent jusqu'au silence des îles
où dorment les serpents lovés dans la nacre des nuits
eaux dansant avec les îles
avec le sommeil des reptiles
dansant avec les galaxies
mers de roses creusées de cratères violets
dansant avec les cris
des rails d'angoisse
les névroses
striées de stridences noires
RIEN RIEN ROIS QUE LA FETE DE FEU
brasiers peuplés de paons calmes et nobles
Les princes d'Eustrie, Galga, Nurbur, Maldoror,
avancent parmi les feux: grands insectes noirs,
subtils animaux vêtus de sang.
Les torsades de fumée tournent et s'épaississent
au-dessus des buissons rouges de leurs chevelures
tandis que les guerriers aux masques d'effroi
dansent au rythme du tam-tam.
Accueille tes épouses morganatiques, ô monarque
des archipels.
Servantes soyeuses venues des mers
et que déflorèrent les foudres de solstice.
Nous marchions filles des herbes près des marbres
de menthe jusqu'aux murailles des morts là-bas près de Ninive.
Nous étions des bêtes éclaboussées de boue blanche
et l'ombre des guerriers protégeait notre enfance,
vaste presqu'île de bronze toute bruissante de palmes.
Accueille tes épouses, ô roi des îles.
Le feu de leurs ventres calcinera l'aigle funèbre des
guerres.
MONSTRUEUSE VERDURE DE MORT
et ces amoncellements de cruautés
ces éventrements de la paix dorée
des campagnes et ces férocités (napalm)
ces cris aigus ces cris rauques et
ces éventrements ces viols parmi les décombres bruns
ces hurlements sous les feuilles huileuses
forêts en folie furies fluides fouillant
le ventre de l'Afrique
et ces entassements de cadavres
ces myriades de mandibules mâchant la charogne (napalm)
dans la rumeur moite de la jungle
et ces jaillissements de sang sombre ces luxures
ces rugissements de fauves et puis
cette tranquillité
blanche de la mort
cette monstrueuse
verdure de la
mort
VULVE D'OMBRE
toi vulve de catin pourrie toi terre astre de faim
soleil d'abîme TOI
dans le sommeil de ta toison noire
croissent les soleils les glaciers les empires
ténébreuse tendresse
gazon vertigineux
les dômes montent et dansent sur ta lassitude.
la mer des prophéties clapote en toi vulve d'ombre
et sous la fourrure des rails trempée de bruine
les rats se vautrent insomniaques
dans la lave des vagins
TU ES LA FETE DE FANGE SPLENDIDE
LA FETE DE FOUDRE
QUI SAIGNE A L'OCCIDENT DES DIEUX
A L'OCCIDENT DES DIEUX (O EUSTRIE DE NACRE!)
PARMI LES TENDRESSES VERDATRES (O FOULQUES! O FOUGERES)
CROIT LE REGNE D'IRIZEE HALLELUYAH!
BRISES BAIGNANT SEPULCRES ET PORTIQUES
ODE DE PORPHYRE EMERGEANT DES LANGUEURS DU SOMMEIL
RIEN RIEN ROIS QUE FETE DE FEU
FABLE DES AILES EMBRUNS DES PROPHETIES JUSQU'AUX
ANDES AUX MONGOLIES
MERS DANSANT AVEC LES ILES AVEC LES NEBULEUSES
PARMI (PALMES O JUBILATIONS!) LES FEUILLAGES DE GLOIRE
L'ODEUR DES HOLOCAUSTES
LES PSAUMES DE NEIGE EXULTENT DANS LA NUDITE DES NUITS
LIBERTE DES ECLAIRS SUR LES HERBES D'ACIER
ARCHANGES COURONNES D'ORAGES DE ROSES.
contrées de bave ferrailles de foudre TU SAIGNES
dans la poussière des chantiers haches de cendre
d'angoisse
gouffres bruns des débauches tôles tessons crachez
lambeaux de meurtres (O STILLE DER SCHATTENWELT!)
tombant des
ombres crucifiées
la paille des supplices brûle les porcheries
la verdure des crimes hyènes ! ha ! tigres ! dévore
l'enfer gris de béton
rails de rouille artères de mazout NOUS rats sueur
nègre HOLCHES DE HAINE
traversant (socs ; missiles) les strates de brouillard fourrure funèbre fange
veinée de lave (ATHEISME) et de venin (REPTILES)
glaise des abjections
îambes de houille TUEZ hurlant EXTERMINEZ
(napalm;schisme) entre les cuisses velues des guerres
et INSOMNIAQUES dans la graisse grouillante des doutes
des blasphèmes
toi vulve de catin pourrie toi terre astre de faim
soleil d'abîme TOI
A L'OCCIDENT DES DIEUX (O EUSTRIE DE NACRE!)
PARMI LES TENDRESSES VERDÂTRES (O FOULQUES! O
FOUGERES)
CROÎT LE REGNE D'IRIS HALLELUYAH!
BRISES BAIGNANT SEPULCRES ET PORTIQUES
ODE DE PORPHYRE EMERGEANT DES LANGUEURS DU SOMMEIL
RIEN RIEN ROIS QUE FETE DE FEU
FABLE DES AILES EMBRUNS DES PROPHETIES JUSQU'AUX ANDES
AUX MONGOLIES
MERS DANSANT AVEC LES ILES AVEC LES NEBULEUSES
PARMI PALMES O JUBILATIONS! FEUILLAGES DE GLOIRE
L'ODEUR DES HOLOCAUSTES
LES PSAUMES DE NEIGE EXULTENT DANS LA NUDITE DES NUITS
LIBERTE DES ECLAIRS SUR LES HERBES D'ACIER
ARCHANGES COURONNES D'ORAGES DE ROSES.
contrées de bave ferrailles de foudre TU SAIGNES
dans la poussière des chantiers haches de cendre
d'angoisse
gouffres bruns des débauches tôles tessons crachez
lambeaux de meurtres (O STILLE DER SCHATTENWELT!)
tombant des
ombres crucifiées
GRANDES SOUFFRANCES
MARMOREENNES PARMI LA TIEDEUR DES MIMOSAS
grandes souffrances marmoréennes
parmi la tiédeur des mimosas
les plissements hercyniens soulèvent
les âmes sanglantes dévorées d'épées et d'abeilles
et attisées par l'haleine des océans
toute givrée de colombes à nos croisées
entre hiver et printemps
présences démoniaques derrière le vaporeux paysage de fleurs
abricotiers des vallées d'oracles
où fume noire la nudité des vierges ordonnatrices des meurtres
où contre les falaises sont crucifiés
les guerriers scintillants aux torses de ténèbre
les paumes délicates des nymphes recueillent
la sève des athlètes sacrifiés fichés au sommet des falaises
membre dressé vers le soleil de solstice
parmi les brumes de guêpes
le souffle des sables brûle
desséchant les vallées incurvées
où les branches sanglantes gémissent la nuit
sous les rochers pythiques.
grandes souffrances marmoréennes
parmi la tiédeur des mimosas
les plissements hercyniens soulèvent
les âmes sanglantes dévorées d'épées et d'abeilles
et attisées par l'haleine des océans
toute givrée de colombes à nos croisées
entre hiver et printemps
présences démoniaques derrière le vaporeux paysage de fleurs
abricotiers des vallées d'oracles
où fume noire la nudité des vierges ordonnatrices des meurtres
où contre les falaises sont crucifiés
les guerriers scintillants aux torses de ténèbre
les paumes délicates des nymphes recueillent
la sève des athlètes sacrifiés fichés au sommet des falaises
membre dressé vers le soleil de solstice
parmi les brumes de guêpes
le souffle des sables brûle
desséchant les vallées incurvées
où les branches sanglantes gémissent la nuit
sous les rochers pythiques.
APRES-JEU
TABLE DES MATIERES
Livre de légende
Livre d’illumination
Livre de vie
Livre de désir
Livre de contemplation
Livre de méditation
Livre d’incantation
ANNEXES
Approches de la poésie.
Bachelard/Blanchot/Bollack/Boisdeffre/Borer/Bosquet/Jean
Cohen
Du Bos/Fondane/Guardini/Heidegger/
Kristeva/Lacoue-Labarthe/Eric Marty/Palmier
Roland de Renéville/JP Richard/
Sollers/Steinmetz/Todorov
Veinstein/Veyne
Simone Weil
INDEX THEMATIQUE
Alexandrin/Absence/Amour/Angoisse/Arda Terre Erde symphonie
planétaire/Aube/
Ballade/Beauté/
Chanson/Comparaison/Cosmos/Crépuscule
Décasyllabe/Désespoir/Désir/Détresse/Deuil/Dieu/Distique/
Elégie/Enfance/Enfer/Epopée/Eros/
Fable/Fleischeslust/Fleurs/Foi
Haïku/Heimweh/ Hémistiche/Hymne
Illumination/Image/Inspiration/Ivresse
Ïambe/Idylle
Joie
Légende/Litanie
Mal/Mélancolie/Métaphore/Midi/Mort/Musique/Mystère/Mystique/
Nada/Nature/Naturlyrik/Nostalgie/Nuit/
Octosyllabe/Ode/Oiseaux/Oracle
Paysage/Piété/Plaisir/Présence/Poème en
prose/Psaume/Prière/Prophétie/Prose poétique/
Quatrain/
Rêve/Rêverie/Révolte/Rythme
Sacré/Saisons/Sehnsucht/Sensation/Silence/Simplicité/Slam/Soir/Solitude/
Sonnet/Souffrance/Souvenir/Strophe
Temps/Tendresse/Tercet/Tristesse
Verlorenheit/Vers libre/ Verset/Vie
quotidienne/Vision/Volupté/Voyage/Voyance
Wanderslust
INDEX NOMINAL
Adonis/Alberti/Alcools/Akhmatova/Angelus Silesius
/Apollinaire/Aragon/Arp/Artaud/Audiberti
Ingeborg Bachmann/Bataille/Baudelaire/Beat Generation/Benn/Bible/Blake/Bobin/Bonnefoy/Borgès/Bousquet/Brecht/Brentano/Breton/Bukowski/Bulteau/Butor/Byron
Cadou/Calligrammes/Cantique des cantiques/Cavafis/Celan/Cendrars/Césaire/Chamisso/Chants
de Maldoror/Char/Chénier/Claudel/Cocteau/Coleridge/Corbière/Corso/Cros/
Dadelsen/Dadaïsme/Dante/Darwich/Dattas/Daumal/Emily
Dickinson/Desnos/Du Bouchet
Eluard/Elytis/Pierre Emmanuel/Essenine/
Les Fleurs du Mal/Follain/ François d'Assise/Frénaud
Genet/George/Gide/Gilbert-Lecomte/Ginsberg/Glissant/Goethe/Goll/Grand
Jeu/Grosjean/Grünbein/Guerne/
Hafiz/Zbigniew
Herbert/Hérédia/Hernandez/Hoelderlin/Homère/Horace/Hugo/Hymnen an die Nacht
Les Illuminations/
Jabès/Jaccottet/Max Jacob/Jammes/Jean de la
Croix/Jiménez/Jouffroy/Jouve/
Kabir/Nathan Katz/Keats/Keineg/Kerwich/J.Paul Klee/Thomas Kling
La Fontaine/Laforgue/Patrice de La Tour du
Pin/Lautréamont/Christine Lavant/Leconte de l'Isle/Lenau/Leopardi/Lorca
Machado/Maïakovski/Malherbe/Mallarmé/Mandelstam/Meschonnic/Michaux/Milton/Montale/Mörike/
Neruda/Nerval/Nietzsche/Anna de Noailles/Novalis/
Pierre Oster
Pasolini/Pasternak/Paz/Péret/Pessoa/Pétrarque/Pichette/Pindare/Pleynet/Poe/Pouchkine/Pound/Prevel/Prévert/Psaumes/
Quasimodo
Réda/J.Claude
Renard/Reverdy/Rilke/Rimbaud/Rítsos/Rodanski/Rolland de Renéville/Romantisme/Roubaud/Rumi/Rutebeuf
Saadi/Nelly Sachs/James Sacré/Saint-John Perse/Schiller/Segalen/Shakespeare/Shelley/Soupault/Stadler/Sturm
und Drang/Supervielle/Surréalisme/Symbolisme/
Tagore/Dylan Thomas/Trakl/Transtromer/Marina
Tsvetaïeva/Tzara
Valéry/Velter/Verlaine/Verhaeren/Théophile de Viau/Vigée/
Villon/Virgile
Jan Wagner/Whitman/William Carlos Williams/ Conrad Winter/ Wordsworth
Kateb Yacine/ Yeats