31.5.08

LE SPECTRE DE MAI 68



Depuis 40 ans, Mai 68 hante étrangement nos esprits. Et étrangement nous n’arrivons pas à saisir la substance de cet événement : chaos anarchique irresponsable pour certains, inéluctable changement de mœurs pour d’autres, il reste le plus souvent perçu comme éruption inexplicable, indéfinissable.

Et c’est parce que nous ne parvenons pas à dévisager vraiment cette époque météorique que son spectre ne cesse de revenir hanter les temps troubles et ternes qui l’ont suivie.

Comment comprendre ce printemps fiévreux et l’ensemble des turbulences qui ont agité la jeunesse européenne et américaine durant les années 60-70 ? Ils sont peut-être la dernière manifestation de l’instinct de liberté et de créativité de l’Occident avant que la gestion mondiale de l’économie marchande entraîne la planète entière dans son règne contraignant et sa fuite en avant démentielle. Avant que la dictature implacable de l’Argent et la rationalisation galopante de l’ubiquitaire « village numérique » enserrent toute l’humanité dans un seul ordre-désordre sans échappatoire.

Si tel est le sens de l’histoire du dernier demi-siècle, si nous sommes irrémédiablement pris au piège de l’âge de fer de l’économisme effréné , on ne peut qu’espérer le réveil des impulsions de liberté et concevoir Mai 68 et l’effervescence des sixties et des seventies comme des préfigurations de l’unique révolution à susciter en définitive, la mise en cause de la primauté du « règne de la quantité » et la lutte urgente, ici maintenant, pour le règne de la qualité, pour la poésie et la métaphysique de la vie.

Selon l’injonction rimbaldienne , il convient en cette aube incertaine du 21° siècle de devenir enfin « absolument moderne » : combattre la Modernité exclusivement rationalisante, normalisante et en fin de compte aliénante au nom de la Modernité libératrice et de son esprit subversif et innovateur qui depuis la Renaissance tentent de faire émerger les hommes et les femmes des vieux mondes de servitude.

La vraie grande révolution, la révolution au nom de la vie, existentielle, pluridimensionnelle et non simplement politique, n’a pas encore véritablement eu lieu. C’est elle qu’annonce Mai 68. C’est elle que son spectre insistant nous invite à accomplir sans réserve. Accomplir Mai 68. L’absolue Modernité.



MAI 2008

12.5.08

LE SOUFFLE DE DIEU





Le souffle de Dieu,
c'est cette brise légère
qui parfois se lève
quand s'interrompent le bruit et la fureur,
quand se taisent les bavardages
et que le silence soudain se déploie
des coeurs méditatifs
jusqu'à la lumière d'ailes de neige
là-bas par-delà les cimes.
Alors au plus secret de chaque orant
frémit le tendre murmure de Dieu
et son feu frais irradie à travers les visages.
Et comme une immense caresse
le ciel touche la terre,
vivifiant tout être
qui s'offre au plus profond Respir.