21.6.18

GENESE-APOCALYPSE


GENÈSE-APOCALYPSE






Pensées sur l'origine et la fin du Monde, sur l'origine et la fin de l'Homme, sur le sens de la Création.


La Création est d'abord immensité de splendeur. Évidence absolument incontestable.


Stupéfiante puissance du déploiement des galaxies, de la naissance des étoiles.
Milliards de galaxies, milliards d'années-lumière...Ce monde où nous vivons, nous les infimes créatures humaines, est un vertige hallucinant.


Les Livres sacrés de toutes les cultures, la Bible  et toute la poésie humaine magnifient cette sublime splendeur  du Cosmos et de toute la Nature.



LUMIÈRE D’ORPHÉE    
Je suis Orphée le Poète.

Voici, je me lève et je déclare aux assis, aux assoupis, aux endormis, aux ectoplasmes, oui je déclare clairement, distinctement, à pleine gorge
que je suis poète.

Les mots brûlent dans mes entrailles, les mots saignent en moi, les mots m'enivrent comme de l'alcool.

Voici, je me lève et je déclare aux créatures du bon Dieu, je suis Orphée, le Poète, l’Étranger fabuleux, la voix des êtres muets. Voici,  je vais incanter, transfigurer toutes les créatures terrestres.
Et je déclare aux pierres, aux âpres rocs, je vais pénétrer de mon dire chaleureux votre terrible, froide opacité. Pierres précieuses, diamants, améthystes, opales, je dilapiderai votre luxe royal.
Et je déclare aux arbres, j’imbiberai de ma fluide énergie votre compacité, vos troncs rugueux mangés de lierre, vos racines plongeant dans les entrailles terreuses, vos floraisons enchanteresses, vos opulentes profusions de fruits.
Et je déclare aux fleurs, jonquilles, coquelicots, glaïeuls, et vous lys candides, je vais glorifier votre humble merveille, je vais chanter votre féérie multicolore à travers jardins, prairies et bois.
Et plein d’humilité et d’admiration, je déclare aux bêtes, je suis Orphée votre chantre.
Fauves, requins, je célébrerai votre force indomptable, votre splendide cruauté ; gazelles et biches, je louerai vos élans gracieux; reptiles, aigles et vautours, je magnifierai votre sauvage beauté. Oiseaux de nos bois, de nos champs, je vais rivaliser avec votre mélodieuse légèreté, vos danses aériennes, vos ivres ascensions dans la lumière d’été.
Alouettes, alouettes, voltigez  jusqu’à l’extase dans l’immensité bleue au-dessus des houles de blé et semez vos perles sonores comme des gouttes de lumière en trilles et roulades à travers l’azur libre.
Et voici, je me dresse la nuit comme un veilleur au milieu de la plaine, et je déclare aux myriades d’étoiles scintillantes, je vais  illimiter la Voie lactée en galaxies de rêve jusqu’aux confins de l’univers, je vais déployer le grandiose poème de la naissance et de l’explosion des soleils, l’ode de l’imperceptible expansion des milliards de mondes, sidérantes cosmogonies.
Je suis l’officiant des liturgies de la clarté du Jour et de la ténèbre mystérieuse de la Nuit d’où émergent toutes les créatures. Je médite la Genèse infinie, je contemple les arc-en-ciel, lien somptueux entre les habitats de glaise terrestre et les hauteurs du firmament, je rêve les aurores éternellement surgissantes.
Et voici, je sors de ma tour d’ivoire et je marche dans les cités humaines, je traverse les rues et les places,  et je m’égare dans les zones de perdition jusqu’à la folie,  j’erre dans les déserts de soif à la recherche du Visage angélique perdu, en quête sans fin de beauté, d’amour, de joie nuptiale ; je viens de loin, de l’enfer même, des contrées de fange, d’angoisse et de deuil, et voici, j’avance dans la lumière, rayonnante tête d’or couronnée de lauriers, brandissant ma lyre électrique, et je déclare avec véhémence aux pitoyables humains aux semelles de plomb, dévorés de soucis, de sombres passions, dévoreurs de fades nourritures, sourds à la poésie, sourds et muets, fermés au cantique profond des créatures, je leur déclare sans tergiverser, je vais ouvrir de force vos oreilles, je vais sensibiliser vos cœurs et vos tripes au Verbe vertigineux, au chant du visible et de l'invisible, du tragique et de la joie, de la vie et de la mort.
Je vais hanter vos jours et vos nuits de mes versets incandescents, de mes cantilènes nostalgiques, de mes psalmodies lancinantes. Mes ïambes, mes anapestes seront récités par les aèdes, scandés par les voix cristallines des enfants, les haut-parleurs hurleront mes stances portées au loin par les ondes, par les vents allègres, mon tendre langage sera susurré par les brises duveteuses, les sources aux fraîcheurs de menthe, les ruisseaux vagabondant à travers prés et prairies en fleurs.
Frères humains,  sœurs humaines, je suis le messager inspiré, le témoin du cœur du monde, le voyant,  l’initié aux mystères, le magicien mariant verbe et musique.
Je suis David le harpiste, Li Po le Chinois, Basho le Japonais, Pindare, Virgile, François d’Assise entonnant LE CANTIQUE DES CRÉATURES, Hafez le Perse, Dante, Hölderlin, Hugo, Rimbaud, Whitman, Trakl, Tagore, Neruda, Césaire.
Je suis Orphée le Logos vivant, Orphée-Phoenix toujours ressuscitant, je suis les mille et une voix  de la Création, ce chaos inimaginable, cette immense Bouche d’ombre qui ne parle pas, ce mystère infini, cette infinie magnificence, expansés follement dans des abîmes de silence.
Je suis la voix d’Orphée illuminant le monde abyssalement mutique, je suis la voix innombrable venant du tréfonds aimant et qui se répercute d’écho en écho jusqu’aux dernières limites de la Création.
Je suis Orphée-Christ, la lumière du Verbe de Vie plus profonde que toute vie.
                                                                  *


La Création est miracle. La Création n’est pas logique. Elle déborde infiniment toute approche logique. La raison humaine n'en perçoit que la superficie et reste aveugle à son abîme de splendeur, à son mystère sans fond.


Nous sommes immergés dans le plus grand Mystère et nous ne le savons pas. Nous en restons à la vision superficielle du monde, ne percevant pas sa profondeur sacrale.  


Le plus étonnant chez les humains, c’est leur manque de curiosité, d’intérêt, de passion pour le mystère qui les enveloppe, le mystère dont ils sont issus. Ils font comme si c’était évident, comme si tout était normal.  


Plongés dans l’angoisse et la perplexité face au Plus Grand Mystère, les humains ont tendance à s’enfermer dans leur petit monde routinier, dans l’enclos      narcissique de la familiarité, la rassurante Heimlichkeit.


La Création est déploiement d'une prodigieuse intelligence (magnificence du jeu cosmique, complexité de la constitution de la matière, des structures de la vie, de l’organisation du corps humain...).



L'intelligence humaine essaie depuis son apparition d'explorer  cette infinie, stupéfiante énigme du monde.



Être à l'écoute de toutes les interrogations sur l'Origine, sur la Finalité, mythes, religions, philosophies, sciences, poésie. Ne pas les opposer les unes aux autres. Les faire jouer, les faire dialoguer ensemble sans chercher à les concilier. Aucune ne détient le secret ultime.


Théogonies, cosmogonies : des rêveries autour de l’Origine irreprésentable.


Nous naissons, vivons et mourons dans un univers qui nous reste en grande partie énigmatique. Nous n’avons pas de réponse aux plus grandes questions de notre existence. Notre conscience se limite à la connaissance de notre monde familier, un coin infime des espaces infinis et un laps de temps sans commune mesure avec les durées abyssales.



Ardente inconnaissance. L’être humain ne sait rien sur les fondations de la Création. Si on avait la moindre connaissance surnaturelle, on aurait la main sur Dieu, tout le Drame abyssal entre Dieu et l’Homme serait aboli et le sens de la Création  s’évanouirait.


Ni les cosmologues ni les évolutionnistes ni les créationnistes ne possèdent la clef de la connaissance de l’origine du monde. Personne ne la possède et tout en ce domaine n’est épistémologiquement qu’hypothèse scientifique ou métaphysiquement que spéculation théologique.
En ce qui concerne son essentielle constitution, ses fondations, ses assises originelles, nous les humains ne savons rien du monde où nous vivons.


L'origine et la finalité du monde échappent à la pensée scientifique.


Apparemment le monde a un commencement et une fin. Cela interpelle immensément la pensée. Qu’est ce monde marqué par la finitude ? Naît-il et meurt-il comme toute entité matérielle, biologique, culturelle ?


L’univers de la Pensée judéo-chrétienne, la Création,  qui a un commencement et une fin, est plus incompréhensible, plus paradoxale que le cosmos des philosophies immanentistes concevant l’éternité du monde.



Impossible de penser ce qui est au-delà de l'espace et en-deçà du temps.


Hawking. Mêler physique et métaphysique comme l'auteur d'"Une brève histoire du temps" est toujours problématique. La science n'a rien à dire sur Dieu et la foi rien à dire sur les réalités physiques. Voies qu'il vaut mieux poursuivre indépendamment l'une de l'autre tout en ne méconnaissant pas leurs interréactions.


La cosmologie, la biologie, l'anthropologie...ne prouvent rien. Elles ne font qu'ouvrir des questions comme toutes les théories scientifiques.



Comment penser le monde sans Dieu? D'où vient le Monde et vers où va-t-il? La Pensée moderne n'éclaire pas ces questions abyssales.


Sommes-nous les seuls êtres pensants dans cet univers aux dimensions infinies? La pensée n'est-elle apparue que sur la Terre, ce grain de sable perdu dans l'illimité?


Seulement en l'être humain, seulement en cette créature infime, l'univers infini sait-il qu'il existe? Stupéfiante pensée...


Dans cet univers a surgi un être qui est conscient de la mort, conscient de la finitude des choses. Animal vertical, hanté par la précarité de tout existant, témoin que tout va mourir. Sans l'être humain, cet univers où tout va disparaître n'en saurait rien.


Astrophysique. Des télescopes géants investiguent le cosmos, plongent dans l'infiniment grand et creusent le Mystère, défaisant sans cesse  les représentations naïves du monde sans jamais parvenir à un Fond. Le cosmos reste dans son ensemble incompréhensible comme le fond de l'âme humaine.


La science ne nous livre pas le secret de la Création; cependant elle nous délivre des images naïves, mythiques de la Genèse du Monde, de la Vie, de l'Humanité.



Bien loin de détruire le mystère, la science l'agrandit au fur et à mesure de ses découvertes. Les images du monde naïves et rassurantes se défont et la pensée affronte un univers de plus en plus énigmatique.


La science peut être considérée comme recherche aimante des énigmes de la Création.


Cosmos: chaos incompréhensible, étoiles naissant et explosant, chocs de mondes. Chaosmos: jeux d'ordre et de désordre.


Les cieux constellés si calmes cachent des cataclysmes énormes.
Le cosmos n’est pas ordre immuable tel que le pensait Aristote, mais délires, convulsions, naissances et morts insensées de mondes.


Le ciel n'est pas immuable comme le pensaient les Grecs (Aristote) et les Chinois anciens. Tout naît et tout meurt.
Tout se meut dans le ciel et sur la terre. Illusion de la stabilité du monde. Illusion d'une Figure possible du monde. Le monde n'est pas figurable.



Du Cosmos des Anciens à la cosmologie contemporaine: un chemin de total éclatement. Nous habitons un délire sans mesure et non plus l'Antique Demeure couronnée d'astres des cultures anciennes.


L'univers n'est pas une immense demeure stable comme le pensaient les temps anciens. Il est pris dans les mutations et les bouleversements du Temps. Et le destin de l'humanité est inscrit dans cette abyssale temporalité, cette époustouflante épopée cosmique.

 

Dans les sociétés traditionnelles, l’homme vit dans l’éternité du cosmos. Nous, les Modernes, nous savons que les mondes et les civilisations sont mortels. Ça change tout ! Une question énorme se dresse à l’horizon : vers où va ce devenir hallucinant ?


Les sociétés traditionnelles tournent en rond ; la Modernité fuit en avant. Deux manières d’éluder l’état naissant.


La science ne conçoit le monde que du dehors, objectivement. Elle ne pénètre pas le dedans de l'existence, la subjectivité, la dimension de l'esprit.


La science ne pense pas. La science ne cherche pas le sens. Elle se contente d’investiguer la constitution et le fonctionnement du monde naturel et du monde culturel.


La science objective le monde et le coupe ainsi de sa source transcendante.


Stupides controverses entre les évolutionnistes et les créationnistes. La science et la Bible se déploient sur deux plans différents, celui du monde objectif et celui de la genèse de la subjectivité humaine, le dehors et le dedans du monde.


Le Livre de la Genèse proclame principalement la transcendance du Dieu Créateur. Les luminaires du ciel, les créatures de la terre et de la mer, l’être humain sont des créatures et non des dieux comme ils peuvent l’être dans les religions polythéistes. Seul Dieu est Dieu et la Création ne doit pas être divinisée.


Le Péché est la tentation de diviniser la créature. Le Serpent séducteur du Jardin d’Éden  déclare : « Vous serez comme des dieux. » ERITIS SICUT DII.



Autre grande affirmation du Livre de la Genèse : la Création est bonne. Elle vaut la peine d’être. Elle est le seul lieu où peuvent se rencontrer Dieu et les créatures de Dieu. Elle est le seul lieu où peut se jouer le Jeu des jeux, le Jeu de Dieu et de l’Homme.


Le savoir croissant risque d’éloigner de la contemplation du Mystère.



Nous avons accès à tous les savoirs et cependant nous avons perdu la co-naissance, le sens intime de la Création.
Nous avons perdu la co-naissance parce que nous ne croyons plus qu’aux savoirs.



Aller en même temps entièrement au fond de la Science et au fond de la Foi. Double voie menant au sentiment du plus grand mystère, le mystère macrocosmique de la Création et le mystère microcosmique de chaque créature.



Le Mystère n’est pas opacité inscrutable, il est ce qui est à penser à l’infini.




Il n'y a pas de Vision du Monde (Weltanschauung), il n'y a qu'une abyssale Créativité, il n'y a qu'une abyssalité vertigineuse du Temps dont il est impossible de se faire une Image.


Toute image du monde est une image de couverture couvrant l’abyssalité de ce qui est, de ce qui devient.


Éluder toute image globalisante du monde enfermant le monde dans un système pensable, clos sur lui-même.


Le monde est genèse-apocalypse, le monde est sans cesse en genèse, en constante gestation, en perpétuel état naissant et perpétuelle révélation.


La Genèse est infinie Apocalypse, révélation du sens divin de la Création et du sens divin de la créature humaine.


Nous sommes en plein dans la fièvre de la Genèse qui ne s'est pas arrêtée au septième jour du premier Livre de la Bible, une fièvre où plongent la Création entière et chaque créature, un Jeu infini qui emporte toute chose dans la Vie et par-delà la Mort.


Toute créature est perpétuelle genèse-apocalypse, chacune singulièrement.



Chaque créature dans sa nuit aspire à la Lumière.



TOUTE LA NATURE ENSEMBLE EST OCCUPÉE À NAÎTRE (CLAUDEL).


Le Temps est la dimension de Genèse, de Vie en devenir, de Créativité divine et divino-humaine.


Le temps est commencement qui ne cesse jamais. La Genèse va de commencement en commencement jusqu’au commencement éternel.
La Genèse est une Apocalypse sans fin et non une Création une fois pour toutes comme l’œuvre d’un artiste, une Apocalypse infinie, une Aurore perpétuelle, une Aurore éternelle.


Tout est Histoire, tout est Devenir, déploiement dans le Temps, Genèse. Tout est Histoire, le Cosmos, la Vie, l'Humanité, chaque existence humaine.



Notre existence est à la fois tout-à-fait banale et extrêmement énigmatique si on la considère dans le déroulement infini du temps.
Chacun est à la fois un être totalement ordinaire et un aventurier cosmique, une apparition unique et mystérieuse dans l’espace et le temps illimités.



Cosmos, Bios, Noos: trois créations originales, trois actes grandioses de la Genèse.


L'Histoire de l'Humanité est une Genèse où l'Homme tente de devenir ce qu’il est, un être de parole, un animal prophétique.


Le temps est aussi ce qui efface tout, ce qui se heurte à la finitude. Le temps est à la fois Vie et Mort.


LE TEMPS EST L'INVITATION À MOURIR, LE MOYEN QUI PERMET AUX CHOSES D'AVOUER EN EXPIRANT LEUR NÉANT DANS LE SEIN DE LEUR CRÉATEUR (CLAUDEL).


Le temps est Vie, Mort et affrontement à l'éternité. 


Apport de la Modernité. Découverte de l'Histoire du Cosmos, de la Vie, de l'Homme. Tout devient. Cependant l'Origine et la Finalité restent impensables. Impasses des Pensées modernes du Temps.


Depuis Copernic-Galilée, le Ciel n'est plus le séjour de la Divinité. Fin du Dieu Très-Haut. Mort du Dieu Être suprême. Révélation en cours du Dieu venant du Dedans, du Dieu christique, s’incarnant dans l’Histoire, mourant crucifié, ressuscitant.



Tâche immense : repenser Dieu après Copernic, Darwin, Marx, Freud, Nietzsche, Einstein, après l’ébranlement de l’image traditionnelle du monde, de la vie, de l’être humain par la Pensée moderne.


La Modernité à la fois désacralise le Cosmos et découvre l’Histoire, une Histoire profane de l’univers, des espèces vivantes, de l’espèce humaine. Conception de l’espace et du temps sans Dieu.
La Genèse est Apocalypse, Révélation permanente, Histoire sacrée entre Dieu et l’Homme, Métahistoire que la Modernité, l’Histoire profane, ignore.


L’Histoire profane, hegelienne, marxienne, darwinienne, est logique, téléologie humaine rien qu’humaine. La Genèse-Apocalypse est Naître imprévisible, Révélation.


Le Jeu des jeux, l'Histoire du Cosmos, l'Histoire de la Vie, l'Histoire de l'Homme, est un Jeu infiniment profond de la Pulsion de vie, de la Pulsion de mort (Éros / Thanatos) et de la transcendance du Logos, la Parole incréée.


La Création est processus de séparation de Dieu. Tsimtsoum comme le formule la pensée juive. Retrait de Dieu pour que le monde puisse exister.



DIEU NE PEUT ÊTRE PRÉSENT DANS LA CRÉATION QUE SOUS LA FORME DE L'ABSENCE (SIMONE WEIL). 



Ce monde est à la fois Création de Dieu et absence de Dieu, Beauté et Mal.



Le Beau : Dieu qui clame son appel muet.



Nature : créatures se combattant et s’entredévorant, s’accouplant pour se reproduire. Éternel recommencement. La nature est à la fois un enfer et une immensité de splendeur.



La beauté est ce qui subsiste de Dieu dans la Création après la chute hors de Dieu.



Impossible de penser l‘Histoire sans eschatologie, méditation de la finalité ultime du Temps.


Le monde actuel ne s’occupe plus que des moyens; les fins, personne ne s’en préoccupe plus.


De la nuit des temps au temps de la nuit ultime, le temps moderne fuit absurdement en avant, se jetant dans le néant final.


Le temps moderne irrédimé se perd inexorablement dans le néant. Triomphe du nihilisme.
Le nihilisme est l’ère du monde sans finalité.


Tentation du néant. Accepter de n’être que le fruit du hasard et de disparaître à jamais dans le chaos du monde. Accepter de n’être rien.


Nous affrontons le tournant crucial des temps, le moment de la plus grande décision : voulons-nous survivre ou préférons-nous nous perdre dans l’entreprise de destruction que nous poursuivons aveuglément depuis plus d’un siècle ?



C’est maintenant le tournant décisif : l’espèce humaine doit opérer la plus grande mue, renoncer au règne meurtrier de l’Ego ou disparaître.



Nous vivons les temps extrêmes où l’humanité est sommée de muer ou de sombrer dans le chaos.
Les temps extrêmes sont les temps de crise, de crise généralisée, voire de nuit, où nous sommes appelés à mourir pour vraiment naître, renaître comme ex nihilo.
Temps extrêmes : temps de crise, de malaise essentiel, comme passages nécessaires pour transmuer les sociétés traditionnelles et modernes en Terre de l’homme autre.


Dans ces « temps hors des gonds », il y a cependant une certitude éthique : la voie de la toute-puissance mène inéluctablement au désastre.




Qu’est-ce que l’Histoire ? Un évitement sans cesse répété du temps du naître. Les hommes veulent toujours maîtriser le temps, l’enfermer dans une téléologie, au lieu de s’y ouvrir sans réserve, de s’abandonner totalement à l’état naissant de la Création.


Nous sommes à ce tournant de l’Histoire où, toutes les Images du monde désagrégées, il nous faut affronter et vivre un univers indéfinissable, un univers sans Image globale.


Abandon de l’idée du temps chronologique, du temps téléologique. A la place : le temps-naître, l’Éternel Naissant. L’essentiel ne se situe ni en arrière ni en avant. L’essentiel se joue ici et maintenant, dans l’état naissant de l’existence.


Vivre l’éternité ici et maintenant comme présent inspiré en délivrant le temps de toute image qui l’emprisonne.



Libérer le temps des images passéistes et futuristes. Libérer le temps de toute horizontalisation. Laisser le temps être temps.
Temps à penser verticalement comme temps de la Genèse-Apocalypse, Création s’accomplissant en Nouvelle Création.




L’humanité se perd-elle dans le temps ou va-t-elle vers une éternité, un accomplissement au-delà du temps ?
Notre temps élude la question des questions comme toutes les grandes questions concernant la destinée de l’homme.


EXTRÊME LE TEMPS. Tout est toujours à faire, à refaire.
                                                                                      

Le temps est toujours extrême:
constante urgence de la vie personnelle  et de la   vie du monde.
                            
                               

Le présent comme temps de la permanente conversion, de la permanente ouverture à ce qui advient. À ce qui advient du dedans et non ce que veut imposer du dehors la volonté de puissance, l’Esprit de domination, l’Antéchrist.

                                                               
Critique du temps cyclique, tourné vers le passé; critique du temps linéaire, tourné vers le futur ; critique du temps fermé sur le présent.
Sortir des images du temps : passéisme, futurisme, présentisme.
Le temps est vertical : temporalité travaillée par l’éternité.

                                                                
Vivre le temps extrême. Consentir sans réserve au temps sans fuir dans un passé ou un avenir imaginaires. Être absolu oui ici maintenant à jamais.


                                                               
Le temps n'est pas linéaire, n'est pas cyclique, n'est pas représentable, n'est pas
maîtrisable. Est in-imaginable. Est naître.



Penser le temps comme jeu ouvert des possibles, non soumis à une logique linéaire, à ce qu’on appelle cours de l’Histoire .


                                                             
Ici et maintenant vivre le temps extrême, vertical, absolument traditionnel, relié à la Source, et absolument moderne, ouvert à l'Inouï.



L’ÉTERNITÉ ICI MAINTENANT. N'attends pas l'éternité au-delà du temps, mais brûle dès maintenant le temps dans l'éternité incandescente de l'instant.
                                                                               

                                                                                 
L’essentiel ne se situe ni en arrière ni en avant. L’essentiel se joue ici et maintenant, dans l’état naissant de l’existence.
                                                                               

 Au lieu de tendre vers un Idéal imaginaire, laisser émerger, laisser naître du dedans. Temps comme devenir délivré du vouloir humain. Temps de Dieu.

                                                                                
Pour vivre dans le temps, pour vivre la plénitude du temps, il faut s’arracher au temps, ne plus objectiver le temps.
                                                                            


Abandon de toute Image du temps et de l’espace. Nous habitons  l’Histoire, nous habitons  le Cosmos, nous habitons la nature. Cependant nous habitons primordialement le Lieu-Non-Lieu de la Parole, ce qui rend impossible toute Image du monde, toute objectivation du temps et de l’espace.


Asystème du monde/ Abyssalité de la Parole.



Être délivré de l’espace-temps, de l’obsession chronologique et topologique. Le seul lieu est le non-lieu du Verbe et le seul temps est le non-temps du Verbe.



L’infini est en nous, dans l’inhabitation du Verbe de vie en notre tréfonds, non dans le cosmos en dépit de son incommensurabilité. L’infini cosmique à la Giordano Bruno, à la Spinoza est un « mauvais infini.


                                                                             
Temps extrême : l’homme est acculé à l’abandon de toute Image du monde et de l’outre-monde. Plus que jamais vivre l’injonction biblique : ne te fais pas d’image.
                                                              

                                                                            
Ceux qui tuent le temps sont à vrai dire des meurtriers de l’éternité qu’ils ne savent pas trouver au cœur du temps.

                                                                              
Ne te soucie pas du ciel. L’éternité est déjà là : il suffit de t’ouvrir avec confiance  au temps naissant, au temps de Dieu.
                        
                                                   
Qui se soucie du ciel s’en ferme la porte car il fait du ciel un objet à conquérir.
                                                                      
    
Vivre, aimer, écrire, créer comme si c’était pour l’éternité.

                                                                       
Foi en la Vie pour ici maintenant et pour l’éternité. Il n’y a pas de christianisme sans foi en Christ ressuscité.


                                                                       
Si le ciel est vide, où prendra sens le Malheur humain, où s’éclairera l’enfer du Mal absolu, la mort des enfants, les hécatombes démentielles des guerres mondiales, des génocides ? Dans la Nuit des temps futurs où s’éteindront les étoiles ?


Comment cet être qui a contemplé les espaces infinis peut-il disparaître dans l’éternel silence des mondes ?



Le Verbe qui vient du dedans, la Parole, est nativité. Laisser faire le Temps, l’état naissant du temps.


Vivre l'espace-temps comme situé en Dieu, dans la dramaturgie abyssale de Dieu désignée par les notions de Création, d'Incarnation, de Rédemption, de Parousie.
Œuvre intérieure, non extérieure. Œuvre n'appartenant pas au monde objectivé.


Dieu n'accomplit la Création qu'en s'y incarnant et en s'y laissant crucifier pour assumer et transcender le Mal et la Mort, puissances négatives que l'être humain ne peut dompter.

                                                             
Dieu doit passer par son absolu contraire, le Golgotha. Moment crucial de la Genèse.


En Christ, Dieu assume par amour la Création entière, lumière et ténèbres, bien et mal, et la transcende.


Dieu se donnant, Dieu Amour et non Dieu Souverain tout-puissant dominant le Monde et l’Homme. Immanu El, Dieu avec nous,  Dieu faisant l’Histoire avec nous, à travers nous en nous insufflant son Esprit.


                                                            
En Christ Dieu accomplit la Création dont la finalité est la genèse de la Nouvelle Création, le Royaume de l’Amour.


L'amour total, l'amour christique, c'est l'incarnation du Verbe à travers  tout le corps, à travers tous les sens, à travers toutes les réalités, Libido sans réserve transcendant toute la Création en Royaume de Dieu.



"JE PUIS EXPLIQUER TOUTES LES ÉNIGMES DE LA CRÉATION CAR LA SOLUTION DE TOUTES LES ÉNIGMES, C'EST L'AMOUR" (RUMI).



Prologue de l’Évangile de St Jean: nouvelle version de la Genèse.


"CROYANCE À L'UNIFICATION DU MONDE EN DIEU PAR L'INCARNATION." (Teilhard de Chardin)


L'acte essentiel de la Genèse du Monde se produit au moment de la Résurrection du Christ: passage de la Création à la Nouvelle Création.


L’événement résurrectionnel rompt avec ces mondes de la répétitivité que sont la nature et l’histoire humaine et inaugure la nouveauté absolue, la Nouvelle Création dont parle St Paul.
 

L’Esprit, l'Esprit du Christ,  travaille au cœur de la Création pour faire advenir son accomplissement, la Nouvelle Création.                                                                      
                                                                      

La Nouvelle Création est l’invention du règne de l’Amour dans un monde polarisé par la Force. Christification, sublimation  du monde. Retournement de la Création vers le Dieu-Amour. Grande Métanoïa.

                                                                  
La christité, l'expérience de l'Esprit du Christ, va infiniment plus loin que la simple convivialité interhumaine. Elle embrasse la Création entière et espère en sa transmutation en Nouvelle Création, en la victoire définitive sur le Mal et la Mort.



JE SUIS VENU JETER UN FEU SUR LA TERRE. L’Esprit du Christ embrase la Création
Entière.
                                                            

Le Royaume n'est pas de ce monde; cependant c'est dans le champ de ce monde qu'il est semé et qu'il croît.
La semence: le Christ, l'incarnation de Dieu.


Grande Genèse. Incarnation de Dieu dans la Création.


Pèlerinage immense la Création entière. 



St Paul, Rm 8, 28 : « NOUS LE SAVONS, JUSQU’À CE JOUR, TOUTE LA CRÉATION GÉMIT DANS LES DOULEURS DE L’ENFANTEMENT. ET NON PAS ELLE-SEULE : NOUS-MÊMES QUI POSSÉDONS LES PRÉMICES DE L’ESPRIT, NOUS GÉMISSONS AUSSI INTÉRIEUREMENT DANS L’ATTENTE DE LA RÉDEMPTION DE NOTRE CORPS. » Ceci s’applique à toute la Création. Toutes les souffrances que nous vivons, avec toute la Création, sont celles d’un long enfantement


La Genèse du Royaume est un accouchement douloureux, la traversée de la Nuit la plus noire, des Ténèbres Anti-Dieu.


Hic et nunc nous sommes pris dans l’empoignade incommensurable, dans la guerre sainte entre Lumière de l’Amour et Ténèbres, entre Non-violence et Force, entre Liberté et Fatalité. Substance du Drame abyssal de la Création.



La finalité de la Création est le Christ, l'Incarnation de Dieu, Dieu devenant le cœur de l'Homme, le Cœur du Monde, comme dit Hans-Urs von Balthasar. 


Tout comprendre à partir du Cœur du monde, à partir du cœur absolu de ton être.


En Marie, c'est la Création entière qui accueille l'Esprit de Dieu, le Verbe de Dieu, et  permet à Dieu de s'incarner.


Le Verbe, la Parole de Dieu se fait chair humaine.


La Parole n’est vraie que s’incarnant dans un corps. L’inconscient dans le tréfonds de la chair est le lieu de cette incarnation et non le mental, le conscient.

                                                                   
La Parole de Dieu est infinie transcendance en acte.


Le Verbe se fait chair pour transfigurer la chair du monde.

                                                                 
La transcendance n’est pas une Vérité abstraite qui plane au-dessus des mondes. La transcendance troue et vivifie l’immanence, elle ne la surplombe pas.


Transcendance : Dieu non au-dessus du monde, mais hors.
Hors Jeu qui permet le Jeu infini.

                                                                   
C’est une Parole vivante qui s’offre au plus intime de la Création, qui s’incarne au plus intime de l’Histoire, qui parle au plus intime du cœur de l’homme personnel et interpersonnel.


L'arkhé et le télos du temps sont impensables. Christ est seul repère entre temps et éternité.


En Christ Dieu accomplit la Création dont la finalité est la genèse de la Nouvelle Création, le Royaume de l’Amour.



Chaque époque représente la Passion christique à sa manière, dans l’esprit du temps. Cependant, sous cet habillage changeant,  le message demeure intemporel : Jésus crucifié et ressuscité est le Passeur qui fraie la voie vers la Vie, à travers l’assumation du mal et de la mort, Celui qui coupe l’Histoire humaine en deux en ouvrant le sépulcral monde de la Nécessité à la liberté  de Dieu.  



La Passion et la Résurrection christiques sont la parabole de tout parcours humain et de toute l’Histoire universelle de la Genèse de la Création et de la Nouvelle Création.



Le monde est la Croix sur laquelle Dieu et l’Homme, Dieu et l’Homme en Christ traversent le Mal et la Mort pour ouvrir le Royaume de l’Amour.                                                                



La Création présente est la matrice de la Nouvelle Création, de la genèse du Royaume.
                                                                    

La Création est créée ex nihilo et s’accomplit dans le Royaume de Dieu.

                                                                   
LE CIEL ET LA TERRE. Les deux grandes hérésies : penser la terre contre le ciel (dogmatisme matérialiste) et le ciel contre la terre (dogmatisme spiritualiste).

                                                                     
Le ciel n’est pas un autre monde. Il est la dimension dans laquelle s’accomplit ce monde.

                                                                      
Le Monde est le chantier du Royaume, non son opposé.

                                                                        
Terre et ciel sont liés dans le même drame abyssal.


                                                                         
La Terre est le champ, le ciel est le germe.
Notre tâche : laisser éclore le germe.
C’est le travail de l’Esprit à travers le temps.
                                                                         

Dieu habite le temps plus que l’espace.



Le temps ne devient histoire qu’au contact avec la transcendance. Incarnation du Christ : milieu du temps. Parousie : fin du temps.
Le temps traditionnel n’est pas du temps. Éternel cercle vicieux.



Durant des millénaires, l’humanité croupit dans un univers stable, répétitif. Elle ne découvre le Temps que peu-à-peu et s’arrachant aux rassurantes fixités, apprend douloureusement que tout devient, le cosmos, la vie, les civilisations, qu’une fuite en avant incompréhensible constitue le mouvement global de ce qui est.


Méta-Histoire : savoir de la rupture, de la transcendance en acte, du temps-apocalypse.   

                                                                      

Ne pas rêver du ciel. Faire d'abord la vérité et la justice ici maintenant sur terre parmi les hommes. Condition sine qua non du Royaume. Un Dieu exilé dans le ciel est un faux Dieu.
                                                        
               

Le monde est genèse dans la nuit, genèse-apocalypse comme inconscient de l’histoire.

                                                                      

Travail du Royaume. Assumer tout le réel et le transfigurer à travers la Croix. La croix à porter par chaque être humain dans la fraternité avec le Christ. Assumer toute la vie et la transmuer à travers la ténèbre de la mort. Immense labeur de christification de toutes les réalités.


Aimer le monde et travailler à sa transfiguration. Ne pas rêver d’un autre monde, travailler à la transfiguration du monde dans lequel nous vivons.



La transfiguration du monde n’est pas un utopisme. L’utopie rêve le monde, veut l’embellir, non le transfigurer par l’esprit de vérité et de charité.

                                                                         

Le Royaume s'édifie en ce monde, contre sa réification démoniaque ou utopique.
                                                                      


Le Royaume, c’est clairement, concrètement l’incarnation du règne de la charité sur la terre humaine, non un ciel chimérique. La grande politique dans l’Esprit du Christ.


Vouloir établir le Royaume sur terre par la force, visée des  grandes révolutions historiques, précipite inéluctablement la cité des hommes dans l’inferno interhumain. Le désir de paradis se mue en horreur d’enfer.
                                                                   
   

Le Royaume est à faire prioritairement ici maintenant selon les voies de la non-violence et n'est pas à exiler dans un au-delà imaginaire.

                                                             
Il n'y a de vie éternelle que celle dont nous sommes les germes dans le champ du monde présent.

                                                               
Travail du Royaume: programme de l’antipolitique, le contraire de la politique de puissance. Lutte pour l’homme de droit divin.


                                                                    
Le Royaume du Christ n'est pas de ce monde, c’est-à-dire du monde de la domination, du monde de la puissance, du monde de la maîtrise. Du monde des maîtres et des esclaves qui adorent les maîtres.
                                                                 

                                                   
Le Royaume est en toi, dans ta découverte sans fin de l'amour. Le Royaume est entre toi et les autres, dans la mutuelle pratique du pardon et de la charité.


                                                                       
Vision christique du monde : Jeu du Monde et du Royaume. Ce n’est pas une rêverie d’outre-tombe, grand reproche qu’adressent au christianisme ses contempteurs modernes. Le travail du Royaume s’accomplit en pleine pâte du monde et va au-delà. Travail dans le fini vers l’infini, fini et infini étant étroitement imbriqués.


Articulation intime de l’immanence et de la transcendance.



La part vraiment christique est infinitésimale dans l’Histoire des christianismes. Les chrétientés ne sont pas des modèles du Royaume. Le travail du Royaume est à chaque époque à reprendre à partir de la Source originelle, l’Esprit du Christ.



La finalité de l’être humain, « le télos absolu » (Kierkegaard),  est la quête sans fin personnelle et interpersonnelle de sa christité, de sa part christique inconsciente.



Pensée insensée, inadmissible par l’Ego humain raisonnable, que cette gravitation, ce tropisme christocentrique inconscient. La question la plus dérangeante est : n’est-ce pas justement dans l’absolue folie, dans l’absolue déraison que réside la vérité ?

                                                                

Nous sommes sur terre pour incarner la Parole et par ce moyen laisser croître le Royaume.
                                                             

Le Royaume ne s’oppose pas à la Terre : il l’accomplit.
                                                                

Celui qui veut aller au ciel n’y arrivera pas car le ciel n’est pas un royaume à conquérir.
N’entre au Royaume que celui qui renonce à tout règne.

                                      

Message de libération, l’Évangile. Le Royaume, faites-le.
Le Royaume est en vous, dit Jésus.
Mais on a tout recouvert, l’Ancien a réabsorbé l'absolue  Nouveauté du Royaume croissant en l’homme.
                                                                           

Jésus annonce le Royaume au peuple. Mais les Puissants, les Docteurs le crucifient. Et la Nuit retombe.
Et règnent encore et toujours les Monopolisateurs du Monde.

                                                                      
                                                                     
Les chaînes du monde sont en l’homme, en ses structures diaboliques de domination. Elles ne sont brisées que par la Foi.


                                                                       
Libérer l’Éternité incarcérée dans les chaînes du Temps.
                                                                          
                                                                       
Entrez dans le Jeu.
Abandonnez la pesanteur des grands discours de maîtrise et de suprématie et devenez grâce – ici et maintenant. 
                                                                  

Le Christ n'a été qu'un bref éclair improbable dans l'Histoire du Monde, mais un Éclair qui coupe cette Histoire en deux. 



La Nouvelle Création naît du renoncement au Vouloir de la Toute-Puissance qui est voie de l’Antéchrist, voie de mort.



L’évolution décréatrice. L’Histoire comme chemin de dénudation, comme immense Métanoïa.


Le chemin de la Grande Métanoïa est inverse de celui de l’Évolution: abandon du vouloir de puissance et conversion au Verbe-Amour.


Par la Création Dieu se retire et par la décréation, le mourir au Moi, l’Homme retourne en Dieu.


DÉ-CRÉATION EN TANT QU’ACHÈVEMENT  TRANSCENDANT DE LA CRÉATION, ANÉANTISSEMENT EN DIEU QUI DONNE A LA CRÉATURE ANÉANTIE LA PLÉNITUDE DE L'ÊTRE, DONT ELLE EST PRIVÉE TANT QU'ELLE EXISTE (SIMONE WEIL).



Le Monde entier, la Création entière est Terre sainte; le Monde entier, la Création entière est la Demeure, le Lieu de l'infinie Métanoïa.



La Création entière est notre demeure.



Nous prenons de plus en plus conscience de l'unité de l'espèce humaine et de notre destin commun dans le devenir du monde. L'Humanité devient de plus en plus réellement planétaire en dépit des conflits politiques, économiques et culturels entre les Puissances.



Si ton Dieu n'est pas le Dieu de tous les hommes, de toutes les créatures, ce n'est pas le vrai Dieu.


Vivre Dieu ne peut être une simple expérience individualiste. Vivre Dieu ne se peut que dans le partage avec tous les humains, proches et lointains, le partage avec toutes les créatures. Eucharistie cosmique.



Nous faisons intimement partie de la Création et nous en sommes tous responsables quelle que soit notre place dans la société humaine. Nous devons retrouver le sens du Cosmos à l'instar de celui qu'éprouvaient les humanités prémodernes.


À la fois nous sommes partie intégrante de la Création et enracinés en Dieu, la Source de Vie. Nous sommes des êtres de nature et de surnature.


Tout le Dehors, tout le monde objectivé, est à relier au Dedans absolu, la présence de la Parole transcendante au plus intime de notre intimité.


Alliance de Dieu et de l'Homme pour accomplir le Royaume à travers la Création.


L'Amour divin ne passe que par l'Homme, Amour christique inspirant le respect de toute créature, humaine ou non-humaine, ce qu'Albert Schweitzer nomme Ehrfurcht vor dem Leben, Respect de la vie.


L'être humain seul est théophore, théophane.


Dieu, c'est à nous de Le vivre pour  toutes les créatures en leur témoignant notre plus grand respect.


Pourquoi l'homme moderne a-t-il perdu le sens de la Création? Cette perte est due à la montée de l'idéologie techno-scientifique de la Modernité mettant en avant la productivité, l'efficacité, l'enrichissement, la puissance. L'homme moderne a peu à peu  oublié la Co-naissance, sa relation consubstantielle avec la nature, avec toute la Création.


La Modernité se veut  le règne exclusif de l’autonomie humaine. Elle dénie l’état de péché, l’aliénation inéliminable. Anthropocratie après des siècles de théocratie. Elle s’incarcère dans l’immanence  sans en apercevoir l’impasse.



Nous atteignons le maximum de savoir sur la nature et simultanément nous déchaînons les forces qui peu à peu la détraquent. Suprême paradoxe.



Il faut une politique écologique pour la Création entière et pas seulement pour notre environnement.
Penser une éco-théologie.


Le salut du monde actuel pris dans le vertige du productivisme, du consumérisme et de ses conséquences la pollution sans limites et la destruction de la nature exige une conversion si radicale que peu de nos contemporains sont déjà prêts à y consentir.


 
Nous savons maintenant que nous allons pas à pas vers la Catastrophe écologique et pourtant malgré les incessantes paroles d'alerte nous poursuivons la route hallucinée de l'Ego moderne qui veut démentiellement toujours plus à tous les plans.


Nous vivons les temps extrêmes qui exigent de nous une métanoïa radicale si nous voulons éviter la Grande Catastrophe.



Ce sera le plus grand défi de l’Histoire humaine auquel l’humanité va être confrontée si elle veut survivre.



Le Très Grand Devoir de l'Homme: sauver la Création de Dieu, participer avec Dieu à l'émergence de la Nouvelle Création, le Royaume de Dieu initié par le Christ ressuscité.


Nous vivons des temps apocalyptiques où se révèlent à la fois notre malfaisance catastrophique, notre mépris de la Création et l’extrême urgence d’inventer un nouveau rapport au monde, un nouvel amour de la Création. Notre devoir impérieux : sauver la Création.



Christ révélateur de ce qui est essentiel en l'homme, le dedans, l'inconscient absolu, l’inhabitation de Dieu en nous.


Ajouter Freud, Lacan, Vasse à Darwin, Teilhard de Chardin. L'être humain est la créature qui porte en elle inconsciemment l'image de Dieu. Compléter la Théorie de l’Évolution avec la Pensée de l’Inconscient. Penser en même temps le Dehors et le Dedans de la Création.


Vivre le Dehors de la Création à partir du Dedans et non l’inverse.


Penser ensemble le Dehors et le Dedans, Hubble et Lacan.


"IL NE S'AGIT PAS D'ALLER VERS LE PLUS PROFOND EN-DESSOUS OU LE PLUS LOINTAIN EN ARRIÈRE, MAIS VERS LE PLUS INTÉRIEUR DANS L'ÂME, ET LE PLUS NOUVEAU DANS LE FUTUR." (TEILHARD DE CHARDIN)



Nous sommes endormis. Nous ne voyons pas le miracle prodigieux de la Création, le miracle des créatures les plus humbles, l'herbe, l'araignée, jusqu'aux plus démesurées, les étoiles, les galaxies.


Le miracle de la Création se révèle à nous dans la mesure où nous lui ouvrons notre cœur.


Naître à l’étonnement de voir, à la grâce de voir, comme le petit enfant, l’infans, s’éveillant au monde, les yeux exorbités, extasiés.


Si l'homme détruit la Nature, il se détruit lui-même, il trahit sa mission de co-créateur et à la fin la Nature reprendra le dessus, effaçant l'espèce humaine.


L’Homme peut faire échouer Dieu.



L’Homme peut commettre le Péché contre l’Esprit vivifiant, l’Esprit qui est la source du Royaume. C’est le Péché pour lequel il n’y a pas de pardon.

Guerre sainte entre le christique et l’antéchristique.


Sans Dieu, l'humanité se dissout-elle dans le chaos incompréhensible du Devenir cosmique dont nous ignorons et l'origine et la fin?


Foi en la Nouvelle Création par-delà tous les mondes, tous les ici-bas et tous les au-delà.


Jeu des jeux, le Jeu de Dieu et de l'Homme à travers toute la Création et son accomplissement en la Nouvelle Création.


Chaque être humain a deux patries: la sienne et puis la Création entière, Création présente et Nouvelle Création à venir par-delà les mondes finies.


Il n'y a pas d’Œuvre complète, même pas celle de Dieu.
La Création est à achever, à accomplir    





La nouvelle Création s'accomplit par-delà la mort, par-delà le monde présent; cependant tout se joue ici et maintenant.
C'est dans ce monde que Dieu s'est incarné. C'est dans ce monde qu'a eu lieu la Résurrection. C'est dans ce monde que nous avons à suivre le Christ, l'Ouvreur de Voie, la Voie de la Vie Éternelle.


Vivre l’Esprit du Christ non pour changer de monde mais pour changer le monde, pour vivre la Genèse-Apocalypse ici maintenant, pour vivre la Genèse comme Apocalypse de Dieu et de l’Homme ici maintenant.


Vivre l’éternité ici maintenant, présent ouvert à l’Origine et à la Fin, à l’Alpha et à l’Oméga, à toute la temporalité verticale de la Genèse-Apocalypse.