LABYRINTHE DES JOURS 2003

2003

26.3. Depuis hier après-midi, incapable de me déplacer, même pour aller pisser. Pisse à quatre pattes dans un pot de chambre. Expérience de la totale perte d’autonomie. Réduit à l’état de bête impuissante. En chiale.

30.3. L’œuvre, la mise en ordre de mon chaos, la vaste lecture…,j’affronte des tâches impossibles et le temps se réduit de plus en plus.

30.9.  Écrire: utiliser les pauvres mots humains pour dire ce qui les dépasse infiniment.

21 décembre 2003. Le Moi est négation.

La voie est: négation de la négation.

Dieu. Vivre la Présence à travers le corps, non dans l'abstrait.

Le Jeu des Jeux: expérience de l'Autre dans le corps, expérience de l'incarnation du Verbe.

Idéologie: rester au plan des idées.

Ces milliards d'êtres humains, ces milliards de visages avalés par la mort.

23 décembre. Vers midi, indolemment la neige danse à la fenêtre.

Nous sommes dès l'abord sur la mauvaise piste. Il nous faut toute la vie pour (re-)trouver ce que nous sommes. Là où était le coeur de l'être, tu dois advenir.

(Re-)deviens ce que tu es. Processus de la seconde naissance.

24 décembre. Messe de minuit à Pulversheim avec L.

25 décembre. Soirée chez RK. Absurdes discussions sans issue sur la politique, la religion.

24 décembre.

Messe de minuit à Pulversheim avec L.

25 décembre.

Soirée chez RK. Absurdes discussions sans issue sur la politique, la religion.



MANDELA, UN HOMME-SIECLE

La mort de Nelson Mandela est suivie d’un deuil mondial. On salue partout une figure emblématique de l’époque contemporaine, dépassant amplement la vie politique courante. En quoi réside cette aura exceptionnelle ? Si le XX° siècle a été fécond en monstres politiques, Nelson Mandela fait partie de la cohorte des rares hommes de paix apparus dans l’histoire récente, ce petit nombre auquel appartiennent entre autres Gandhi, Albert Schweitzer, Martin Luther King. A travers un destin hors du commun, fait de courage et de souffrance, le militant déterminé pour la cause noire en Afrique du Sud s’est mué en réconciliateur en tentant la main à ses ennemis, les instigateurs du régime inique de l’Apartheid. Il a réussi l’impossible, l’émergence difficultueuse de la nation arc-en-ciel là où beaucoup prédisaient l’inévitable bain de sang, réussite à mettre en grande partie sur le compte du charisme personnel du leader de l’ANC.

Nous reconnaissons dans cette magnifique icône de notre temps l’exemple de l’œuvre de concorde et de justice qui suspend la loi d’oppression et de vengeance gouvernant le cauchemar de l’Histoire. Nelson Mandela a incarné l’action politique la plus noble, une conception qui tranche avec celle qui est si souvent décriée de nos jours, la politique affairiste, partisane, populiste, en un mot la politique politicienne qui n’a pas vraiment le souci du vivre ensemble.

En ces temps hors des gonds, Nelson Mandela préfigure cette grande politique qui par-delà la logique mortifère de la force et des intérêts particuliers tente de transcender les divisions de la cité des hommes, seul horizon d’avenir véritablement humain. Le combattant de la paix Madiba nous laisse en héritage cette rigoureuse injonction : il faut vivre et agir en ayant chevillée au corps la foi en l’impossible.