14.7.09

ODE PLANETAIRE A MICHAEL JACKSON

La nouvelle a fait le tour du globe en un éclair : MICHAEL JACKSON EST MORT. Stupéfiant impact planétaire quasi immédiat.

MICHAEL JACKSON EST MORT. Elle a rendu son dernier souffle, la bouche d’ombre, la bouche d’or. Et les fans catastrophés n’en reviennent pas. Larmes, cris de désespérance des lolitas effondrées, des ados faux durs tout à coup orphelins. Ils sont atterrés, les fans de tous les continents.

MICHAEL JACKSON EST MORT. Ils pleurent, les couples enlacés inconsolables se souvenant de THRILLER, de BEAT IT, de BAD et de leurs premiers émois amoureux lors de la découverte fascinée de ces albums emblématiques.

MICHAEL JACKSON EST MORT. MICHAEL JACKSON EST VIVANT. Les nymphettes, les jeunes mâles se trémoussent, se contorsionnent. Les projecteurs éclaboussent les visages de leurs faisceaux de lumière impitoyable. Irrépressible besoin d’admiration, d’adoration, besoin de musique tendre et sauvage, de verbe saccadé, syncopé, besoin de danse, de joie libératrice des corps. Elle remue au pied de la scène, la fourmillante, fébrile forêt de bras tendus vers le dieu de la pop music. Besoin d’intégration au chant profond du monde, à la communion des vivants, besoin de désintégration, d’explosion, de folie, besoin de vie avant le saut final, salto mortale.

MICHAEL JACKSON EST VIVANT. Il danse la beauté, il marche la beauté. MOONWALKER. Instants magiques. Beauté solaire, lunaire, masculine- féminine . Il chante la beauté, voix suave, apocalyptique. Il chante, il danse, fleur du mal et corps eucharistique, beauté de négro-blanchitude, arc- en- ciel noir blanc rouge jaune, beauté moderne, transmoderne, hallucinée.

MICHAEL JACKSON EST VIVANT. Ils ont faim de beauté et de vie, les enfants de la terre, et ils boivent les airs, les images, les métamorphoses fulgurantes du Roi de la pop.

Millions d’yeux levés vers l’icône incandescente.

Et soudain à l’annonce de sa mort inattendue, le choc et le deuil universel et l’ardent recueillement, l’hommage planétaire, par-delà les sexes, les âges, les races, les classes sociales. WE ARE THE WORLD avait proclamé le prophète électronique et le monde y répond par un hommage unanime à l’heure de sa disparition.

En notre temps soi-disant individualiste, en notre monde atomisé, l’humanité a soif de communion. Les jeux arides et cyniques des pouvoirs politiques et économiques ne lui suffisent pas. Soif d’une autre ferveur qui faute de divin authentique se concentre sur des figures déifiées par les foules, ersatz de sacré souvent frelaté dans un monde sans sacré.

MICHAEL JACKSON EST MORT. Il entre dans la Légende dorée des superstars, le paradis des étoiles de première grandeur, James Dean, Elvis Presley, Marilyn Monroe, Jimmy Hendrix, John Lennon…Il a été la star mondiale incontestable de toute une époque dont il a synthétisé les contradictions : le rêve d’innocence, de « liberté libre » et les risques de dérives perverses, la quête inextinguible de nouvelles sensations de poésie totale et l’attraction stérilisante de la richesse et de la célébrité, la propension au futile et le sens de la compassion…

MICHAEL JACKSON EST MORT. Le monde entier, Los Angeles, New-York ,Paris, Pékin, Melbourne ,Londres, pleure, chante, danse sa disparition et son entrée dans la Légende.

Besoin d’adoration. Dieu est mort et les Idoles vivent et les Idoles meurent et ressuscitent en Légende dorée.

MICHAEL JACKSON EST MORT. L’aube se lève livide. Le Prince candide et trouble du royaume d’enfance, l’Ange au gant blanc pailleté n’est plus. Il n’est plus, le divin déviant, le mutant diabolique dont nous adorions les transes chamaniques. Les rêveurs rimbaldiens se réveillent. La faim d’amour reste entière. Où est Dieu ? demandent les enfants. Et les malins vaseux leur répondent : ne cherchez pas l’impossible, contentez-vous de l’immémoriale routine de non-vie.

MICHAEL JACKSON, QUAND REVIENDRAS-TU D’AU-DELA DES ETOILES, DU ROYAUME D’ETERNELLE INNOCENCE ? Les enfants ne veulent pas mourir de faim d’amour. Le monde ne veut pas mourir de faim de beauté.

19.6.09

PENSEES DE VIE POUR TEMPS EXTREMES

DESIR

Ce qui fait un être, c'est son désir, la force, la qualité de son désir.

Ne cherche pas à satisfaire ta faim; fais-en ta nourriture. Mange le feu de ton désir.



HISTOIRE

Sortir des temps anciens et des temps modernes.
Sortir de toute ère.
Toute ère est une tentative de domination du temps mondial.



VÉRITÉ

La vérité habite le corps et non le ciel des idées.

La vérité habite chaque être singulier et non les collectivités abstraites.

20.3.09

QUO VADIS? OU VA L'EGLISE?



Il y a eu dernièrement cette déplorable affaire des évêques intégristes et particulièrement le scandale des déclarations négationnistes de l’un d’eux, véritable crachat de mépris sur les millions de victimes de la Shoah. Comment un soi-disant dignitaire chrétien peut-il manifester des positions aussi inacceptables ? Et comment le Pape peut-il envisager la réhabilitation de gens qui ont rejeté l’esprit d’ouverture du Concile de Vatican II et qui affichent un légalisme rigide qu’on peut qualifier de médiéval ?

Plus récemment, il y a eu l’affaire de l’excommunication par un archevêque brésilien de la mère d’une fillette de 9 ans et des membres d’une équipe médicale. Motif : l’avortement pratiqué pour sauver la vie de la fillette enceinte de jumeaux par suite d’un viol dont le coupable était son beau-père.

Ces jours-ci, à l’occasion du voyage de Benoît XVI en Afrique, continent ravagé par l’épidémie du Sida, on ne parle plus que des déclarations du Saint Père concernant l’usage du préservatif que l’Eglise officielle a toujours rejeté comme protection contre la maladie, ne mettant en avant que la fidélité et l’abstinence. Face à l’étendue du mal, ces propos réitérés avec obstination ne sont-ils pas irresponsables, voire criminels ?

Sommes-nous encore en présence d’attitudes de charité et de respect ? Sommes- nous encore en présence de l’Eglise du Christ, le Christ qui est le vivant modèle du pardon, de la charité et de l’esprit anti-légaliste ? Il suffit pour le prouver de mentionner, entre autres, l’épisode évangélique de la femme adultère.

Si la Loi de Dieu se montre plus inhumaine que la loi des hommes, il ne faut pas s’étonner que les êtres humains en quête de compassion et de lumière spirituelle se détournent de plus en plus de l’Eglise.

Où va l’Eglise ? Cherche-t-elle à témoigner de l’Esprit du Christ ( ce que font indéniablement des masses de croyants qui souffrent des positions de la hiérarchie ecclésiale) ou cherche-t-elle à sauver l’Institution dans un monde ne se souciant plus guère du sort de l’antique survivance romaine ?







4.2.09

SIMONE WEIL:un cri dans la nuit d'apocalypse.




Simone Weil, née il y a 100 ans, un lustre avant l’entrée du XX° siècle dans son inferno aux flamboiements d’apocalypse, sera un témoin de première grandeur de ces temps hors des gonds qui sont toujours les nôtres, témoin à la fois de leurs vertiges démoniaques et de leurs mystérieuses lueurs de prophétisme, témoin passionné vivant sa quête radicale, dévorante, avec tout son être, hors des chemins balisés.

Dès l’enfance, une enfance protégée dans une famille bourgeoise juive, Simone éprouve jusqu’au tréfonds le sentiment du malheur du monde. Elle fait de brillantes études, s’affrontant aux grandes œuvres de la culture, philosophie, mathématiques, sciences…Elle renonce cependant à une gratifiante carrière universitaire pour s’engager corps et âme dans les combats du temps, syndicalisme révolutionnaire, travail en usine et comme ouvrière agricole, tentatives de participation à la Guerre d’Espagne, du côté des Républicains, et aux opérations de la France libre durant la seconde Guerre mondiale. Engagements au nom de la dignité humaine, de la justice, de la vérité, de l’incorruptible part sacrée qui demeure en chaque personne ; combats contre l’esclavage du travail industriel, contre la barbarie totalitaire, où sa fragilité physique l’empêche cependant d’aller jusqu’au bout. Mais dans son âme, elle compatira sans réserve aux souffrances de l’époque, et cela jusqu’à en mourir en 1943 près de Londres, loin des siens.

Une vie météorique et une pensée fulgurante, aphoristique, traces d’une aventure spirituelle qui mène l’agrégée de philosophie, la disciple de Descartes et d’Alain, sur les terres sans cartographie de la mystique. Tout en plongeant dans le cauchemar de l’Histoire, Simone Weil fait l’expérience d’une autre lumière que celle de la raison humaine, cette raison qui dans ces temps tragiques engendre des monstres, délires totalitaires, déchaînements mortifères de la techno-science, hécatombes des batailles et, monstruosité suprême, le génocide des Juifs… Double face de l’apocalypse ( dont on ne retient généralement que la part négative) : d’un côté l’enfer des bouleversements cataclysmiques du monde et de l’autre la lumière intérieure du Christ qui illumine l’affamée d’absolu à Assise et à Solesmes, révélation du sens surnaturel de l’existence.

Simone Weil médite les grandes traditions spirituelles et d’une écriture alliant nudité et incandescence note ses illuminations, réinventant la « connaissance surnaturelle », cette dimension essentielle forclose par le bétonnage rationaliste. Les « temps extrêmes » que vit l’humanité, ses « saisons en enfer », pour peu qu’on sache en entendre l’oracle, laissent transparaitre une révélation profonde, profondément déroutante : au fond de la nuit la plus noire, si nous consentons à traverser cette ténèbre opaque, nous verrons luire une aurore inimaginable. C’est la substance même de l’expérience vécue de Simone Weil, témoin de la lumière au cœur de la géhenne où la Grosse Bête obscène, insatiable, la Bête protéiforme, déploie sans répit sa démesure.

Avons-nous perçu son message hautement paradoxal ? Comme la vibration d’une lointaine étoile, son rayonnement secret ne nous est pas encore parvenu dans toute sa force éclairante, à nous qui restons passablement sourds au cri de la détresse et de la faim insondables des temps extrêmes où nous ne cessons d’errer.

26.1.09

LABYRINTHE DES JOURS 2008

2008

1.1.       Départ des VHL.

27.4. Jeux d’absence- présence.
Louna jette un objet pour qu’on le cherche. Cherche un objet sous la main qui le cache. Elle cherche sous l’autre main si l’objet ne se trouve pas sous la première.


3.5. Représentation à Koetzingue de ma pièce ONIRIA par les Struwelpeter du Théâtre du Lerchenberg.

16.6. Pierre E. Début des travaux dans salle de bain, WC. Décolleuse à vapeur Black et Decker.

28.7. J’ai du mal à concevoir la mort comme autre chose que disparition définitive dans le néant.

14.8. H et Louna à la webcam.
H : « Elle est de plus en plus capricieuse, manifeste fortement quand on veut lui prendre un objet, quand on la change et que ça la dérange… ».
Louna a quatre dents. Séjour récent à Bordeaux.

22.10.08. CHARLES JULIET: Accueils- Journal IV (1982-88). Aime beaucoup cet écrivain de l'intériorité (comme j'aime Bobin...).

Le Clézio, Juliet...Se relier à l'immensité du dedans qui englobe l'univers entier dans sa lumière-source. Au fond toutes les voies se rejoignent: quitter l'Ego pour communier avec l'infinité où se recueillent tout l'espace et tout le temps.


2.12. Je ne comprends pas les écrivains paradant sur les plateaux de télévision.
Je ne puis écrire que plongé dans le plus profond silence, perdu dans une absolue solitude, aux marges des contrées habitables par les hommes.

Louna, petit être qui me rattache à la Vie.

La foi, c'est faire le pas au-delà de l'impossibilité de croire.


LABYRINTHE DES JOURS 2009


2009
16.1. Les hommes perdent leur vie en niaiseries et toi en interminables cogitations.
Piège de la non-pensée comme dispersion divertissante et piège de la pensée comme onanisme mental.
17.1. Voir en chaque être humain l'enfant qu'il a été et le mourant qu'il sera. C'est-à-dire l'extrême nudité.
4.2. LISZT: après une lecture du Dante. Musique échevelée. Risque: le pathos sonore creux où choient parfois certains Romantiques et leurs disciples, Berlioz, Mendelssohn, Wagner,Verdi...
Beethoven?
Chopin, Schubert apparemment y échappent.
18.2. Arrivée des VHL.
Louna a la mémoire spatiale. Dès l’arrivée à la maison, elle retrouve le circuit de son caddy à travers l’appartement.

5.4. BR alpha. NELLY SACHS.
Nouveaux chemins de la connaissance : SIMONE WEIL.
Science et conscience : BACHELARD/ BERGSON. Frédéric Worms.


1.5. Moments d’obscurité, de doute total.

Le Christ n’est rien s’il n’investit pas totalement ton être.


30.4. Littérature, une de mes grandes consolations sur terre. « Passion fixe » comme dirait Sollers : elle n’a jamais baissé.

Je suis de plus en plus hanté par le caractère éphémère du monde. Je sens la vie m’échapper. Je n’ai plus le sentiment de consistance de l’existence terrestre que j’avais jusqu’à vers 40-50 ans. Je contemple à présent les choses en sachant que bientôt je ne les verrai plus.


19-25.10.
Lou. Voiture téléguidée, jeu avec la poupée, l’habille entièrement.
Couleurs : bleu, vert, jaune, noir.
Grand progrès langagier, surtout au plan syntaxique.
Très observatrice.
Vitalité ++. Comportement impératif. Petit doigt pointé. Haussement d’épaules.


21.11. Bonne forme physique.
Volupté de la vie casanière.

Ces derniers temps, amélioration de la relation entre L et moi. En méforme, elle apprécie que je m’occupe d’elle.

Film de Claudio Tonetti : La grande peur dans la montagne, d’après Ramuz.











16.1.09

ANNEE NOUVELLE

Les années passent
et pourtant
c'est toujours le même étonnement:
où sont les neiges d'antan?
Les années passent
et pourtant
c'est toujours la même attente:
où s'en vont les sentes
dans la brume des matins naissants?
Les années passent
et pourtant
c'est toujours le même face à face
avec l'énigme d'être,
l'énigme de passer.
Passent les années,
s'enflamme le temps.
Lumineusement
vole la neige,
allègrement
danse le vent
sur les sentes des clairs enfants.