11.11.11

LABYRINTHE DES JOURS 2005

 



2005
18 mars.
Plongée dans Clavel (Dieu est Dieu...Ce que je crois...Critique de Kant).
Étrange: Clavel a déjà tout dit et c'est tombé dans le désert contemporain et tout est à redire, toujours à nouveau redire le Christ.
Mon effort de penser le lieu commun des hommes au-delà des religions, des cultures. Comment concilier cet effort et la pensée de la centralité du Christ?
Comprendre Jésus jusque dans les détails comme Révélation-Révolution absolue, subversion de tout l'humain rien qu'humain.
24.4. Entretien par webcam avec H. Il a fait hier à Monterey un saut en parachute avec des camarades (à l’occasion du mariage de l’un d’eux).

Déjeuner et après-midi avec les D à Brunstatt. Photos et film sur la Mongolie qu’ils ont visitée.

20.5.KOLTES : une part de ma vie, entretiens.
Vendredis de la philosophie : EPICTETE.
KEROUAC : on the road. TOCQUEVILLE. J.Luc Benoît.

Grosso modo, bonne santé physique jusqu’ici. (6.3.12, 31.8.14 : c’est toujours vrai.)

3.8. Enfance, adolescence, jeunesse sexuellement très troubles.


MARDI 30.8.
Départ de Pulversheim à 5h45 avec le taxi André. Aéroport de Bâle-Mulhouse. Formalités d’embarquement. Vol Mulhouse-Paris Charles de Gaulle. Des masses de gens se croisent dans des espaces labyrinthiques faits de longs couloirs, d’escalators, de lieux d’enregistrements, de lieux d’attente et d’embarquement, de boutiques… Des jeunes vêtus de tee-shirts orange aident les passagers perdus.
Vol AIR-FRANCE Paris-San Francisco. Départ 10h15. Arrivée à destination à 12h30 (9heures de décalage horaire). L’avion manque de certaines commodités (télévision individuelle). Entassement des passagers quasi immobilisés sur leur siège pour plus d’une dizaine d’heures. Un de nos voisins est un Français vivant aux Etats-Unis. Nous causons des richesses touristiques de la Californie. Passionné d’histoire, il lit en anglais un bouquin sur les Croisades. Déjà s’éloigne la terre de France, véritable patchwork vue d’avion. Plaisir du voyage. Détachement par rapport à ses routines quotidiennes. Sentiment de liberté.
Une couche nuageuse ne permet pas de voir le Groenland et les icebergs flottants dans l’océan comme ce fut le cas lors de notre voyage l’année dernière. On aperçoit à nouveau la terre au survol du Canada. Etendues désertiques. Quelques turbulences qui font vibrer la carcasse volant à 10 000m d’altitude, à 1000 km à l’heure. Déjeuner dans l’avion : salade de tagliatelles au saumon, brochette de tomate et mozzarelle ; colin sauce curry au lait de coco, semoule aux raisins, courgettes et tomates ; financier à la noisette, café, Cabernet Sauvignon La Baume 2003… Aéroport de San Francisco. Le moment de l’atterrissage provoque toujours une émotion certaine. Douane : le voyageur remplit un formulaire détaillé, on prend vos empreintes digitales, on vous photographie, ça ne rigole pas… Récupération des bagages. A la sortie, nous trouvons sans mal le bus SAMTRAMS qui nous amène à Palo-Alto, lieu de résidence de notre fils Herbert. Sensation de chaleur étouffante en débarquant de l’autocar. Difficulté à trouver un téléphone pour avertir HK (mister Herby) de notre arrivée : nous le retrouvons après son travail,  heureux de voir ses parents. Bonheur largement partagé.

Mercredi 31. 8.
Réveil dans l’appartement de HK. Petit déjeuner avec le cher fils.
Palo-Alto est une ville plutôt résidentielle, située sur la baie de San Francisco, entre San Francisco et San José, les deux pôles de la Silicon Valley. Rues bordées d’arbres. Grandes demeures souvent en bois perdues dans une végétation luxuriante, d’allure tropicale. Nombreuses « églises » aux dénominations diverses ; cela va de la scientologie au catholicisme d’obédience romaine : le Dieu américain admet toutes les voies du sacré. Au loin, on voit les collines qui séparent la ville de la côte du Pacifique. L’appartement est au cinquième étage d’une grande maison de style espagnol appelée la Casa Real (on retrouve dans toute la Californie cette imprégnation hispanique). L’appartement est spacieux et confortable. A noter la largeur remarquable du lit : quatre personnes y dormiraient sans se déranger…
Première sortie dans Palo-Alto dont nous retrouvons les lieux familiers. Nous allons en quête d’informations touristiques à la Chambre de commerce et dans des agences de voyage ; nous projetons cette année d’explorer la Californie en dehors de la Baie de San Francisco que nous avons sillonnée en long et en large l’automne dernier, de Berkeley à San José.
Rue centrale : University Avenue, nous y retrouvons les homeless (SDF) à leurs places habituelles : étonnantes présences dans ce pays au plus haut niveau de revenus du monde.
Recueil et lecture de l’abondante « free press » (presse gratuite) qui contient des informations intéressantes et nous permet l’indispensable bain linguistique. Notre niveau d’english : correcte pour Lili, très moyen pour Pierre ( qui peut se débrouiller dans la documentation écrite).
Déjeuner dans un restaurant « asiatique ».Ils pullule dans la région et leurs menus « light » nous conviennent parfaitement. Service efficace et rapide. Ne pas oublier le pourboire (10 à 15%), presque le seul salaire des serveurs. Prix abordables tant qu’on ne va pas dans les grands restaurants. Deux remarques concernant les restaurants : on ne vous pousse pas à la consommation ; on peut emmener les restes dans un sachet (doggy-bag : sac pour chien). Nous prenons le shuttle (une navette gratuite) nous conduisant à Stanford, une des plus prestigieuses universités américaines ( l’autre étant Berkeley, visitée l’année dernière, haut lieu de la contestation dans les sixties) . Palo-Alto est avant tout une ville universitaire. Le campus est magnifique : une ville dans la ville, construite au milieu d’un immense espace planté de palmiers, d’eucalyptus, royaume des écureuils et des oiseaux aux couleurs bleues.
Centre d’information : nous rejoignons une jeune étudiante qui nous fait visiter le cœur du campus. Marchant à reculons, elle débite son speech en english sous le soleil accablant de la Californie. Rencontre d’un étudiant belge qui fait un stage à San Diego.
Bâtiments de style espagnol. Magnifique église. Le campus comporte des musées, des cafés, des bibliothèques, un bookstore (grande librairie) et évidemment les locaux universitaires. Stanford est le lieu de naissance des nouvelles technologies, des grosses entreprises informatiques, Hellwet-Packard, Google, Ebay… L’université s’honore d’une vingtaine de prix Nobel. Y enseignent notamment les Français Michel Serres et René Girard, philosophes contemporains des plus réputés.
Nous nous reposons dans le jardin des statues de Rodin devant le CANTOR CENTER, un des plus imposants musées californiens qui fait partie du campus. On peut y admirer l’œuvre de Rodin, beaucoup de peintures européennes, de l’art américain contemporain et des collections consacrées aux civilisations non- occidentales.
Retour au centre-ville. Courses dans des grandes surfaces : Longs Drugs, Whole Food (où l’on ne trouve que du bio).

Jeudi, 1er septembre 2005
Utilisation intensive des bus locaux (demi-tarif pour les seniors). Mountain View (une ville voisine de Palo-Alto : à vrai dire il est difficile de distinguer les « villes », un unique tissu urbain de plusieurs millions d’habitants entourant la baie de San Francisco). Passage chez un bouquiniste : milliers de bouquins  de toutes sortes, systématiquement classés. Retour à Palo-Alto au nous entrons chez Borders, librairie gigantesque : on peut y trouver tout le savoir et toute la littérature universels… Étonnante présence des livres dans les villes californiennes. Face à la librairie, un magasin de matériel informatique flambant neuf, éclatant de couleurs, larges écrans, petites merveilles technologiques sophistiquées… (« Le seul livre qu’il vous faut » dit une inscription sur la vitrine) … on est bien au cœur de la Silicon Valley, mais paradoxalement cette nouvelle culture n’a pas rejeté l’ancienne : la galaxie Gutenberg cohabite massivement avec celle de Mac Luhan et de Bill Gates.
Notations diverses :
- mauvais goût américain : le kitsch de nouveaux riches. Big is beautiful : on   aime le gros, y compris dans les plats servis au restaurant.
- omniprésence de la « clim » dans les magasins, les bus… ces derniers sont des grands véhicules souvent vides… Règne de la grosse bagnole avec un seul occupant… On est en plein dans la société de gaspillage. La conversion à plus de tempérance sera difficile.
- société de plus en plus bigarrée, de moins en moins « anglo-saxonne ». On parle ici autant l’espagnol que l’américain. Tous les travaux de base sont faits par les non-Anglo-saxons, Latinos, Amérindiens, Asiatiques, Noirs : douane, police, taxis, poste, transport en communs, commerces, restauration, chantiers de construction…
Ce matin, départ de H : avec d’autres copains, il campera jusqu’à dimanche dans un espace désertique où a lieu un Grand Festival d’art et de musique, sorte de Woodstock sans caractère commercial. Il emmène un matériel impressionnant, tente, habits, alimentation, boissons…

Vendredi, 2 septembre 2005
Nous allons en bus à San Francisco (une cinquantaine de kilomètres de Palo-Alto). Nous suivons le Camino Real, rue sans fin qui traverse toute la région (morceau d’une ancienne route de 1000km qui joignait les « missions » espagnoles sur la côte du Pacifique).
                    
San Francisco. Ville s’étendant sur des collines, quartiers traditionnels de charmantes maisons victoriennes, centre- ville avec ses gratte-ciel. Le temps est mitigé, le ciel souvent couvert et les coups de vent glaciaux. Il fait frisquet à Frisco... Nous avançons dans des rues délabrées, sales, à la population louche, déshéritée. Sentiment fréquent en allant d’une rue à l’autre de passer du tiers monde à l’ultramodernisme. Chantiers singulièrement artisanaux : tant par les méthodes de travail que par le rythme, on dirait que les ouvriers improvisent sans peiner à la tâche ; et cependant ces travailleurs débonnaires édifient des gratte-ciels, les réalisations architecturales les plus audacieuses de la modernité… Nous arrivons au « Visitors Information Center » en quête de renseignements pour nos futurs voyages. Nous flânons à Chinatown, le quartier le plus folklorique de San Francisco à la fréquentation touristique la plus dense. Inscriptions, décorum, parler chinois. Le dépaysement est assuré. On n’est pas loin du quartier général de la « beat generation », écrivains rebelles des années cinquante dont le plus connu est Jack Kerouac et qui se retrouvaient dans la mythique librairie CITY LIGHTS BOOKSTORE : Allen Ginsberg y lut il y a 50 ans son poème HOWL, date marquante de la littérature américaine. Déjeuner dans l’un des innombrables restaurants « chineese » : rice, noddles, soup, tea…
Promenade  près du MOMA (museum of modern art). Square où des gens sont couchés sur la pelouse (une habitude américaine).
Retour à Palo-Alto. Télévision (un poème, la télé US: toutes les 10 minutes la pub interrompt les émissions) : terribles images de la dévastation de New Orleans par le hurricane Katerina.

Saturday, 3 septembre 2005
Nous allons à San José, ville de la Baie plus grande que San Francisco, mais nettement moins intéressante. Nous prenons le Caltrain, train reliant les deux villes. Billet à prendre à une machine automatique dont il faut déchiffrer le système. Discussion avec un Noir américain, chanteur, traducteur (il a fait des études à Moscou), allant au Texas à partir de l’aéroport de San José. A San José, nous essayons de trouver des informations pour nos futurs déplacements. Nous nous rendons à un Visitors Center indiqué par le « Routard », hélas ! inexistant à l’adresse indiquée (heureusement nous disposons d’une demi-douzaine de guides pour nous en sortir… : la recherche est toujours instructive, même si elle n’aboutit pas). Dans la rue centrale plantée de palmiers, immense fête des rues : suite de stands où s’étale une accumulation de produits souvent de mauvais goût, habits, tableaux, bijoux, points de vente de quoi se restaurer, ateliers de créativité pour les enfants, stands de propagande des partis politiques et des églises et par-dessus tout la musique d’un jazz band style 1930. Forte chaleur. Avions survolant la ville à basse altitude : on dirait qu’ils rasent les buildings. On est samedi, la foule est nombreuse, relax, les Américains abordent un long week-end de 3 jours car lundi c’est Labor Day (fête du travail). Nous retournons à Palo-Alto en bus. Nous allons faire un tour au Shopping Center de Stanford, un secteur commercial en bordure du Campus universitaire. Alors que la fête des rues de San José était plutôt de caractère populaire, ici à Stanford règne le style BCBG. La foule est aussi nombreuse, guère différente par l’apparence (accoutrement assez uniforme des Américains, tee-shirts, jeans, chaussures de sport… on n’attache guère d’importance à l’élégance vestimentaire) ; mais les boutiques qui se succèdent dans des rues ornées de fleurs affichent le bourgeoisisme. C’est un régal de contempler les passants en buvant un café à une terrasse.
Courses au Whole Food.                                    
À noter que dans les grandes surfaces, à chaque caisse, une personne s’occupe de mettre vos achats dans un plastique ou un sac en papier, à votre choix.
À la télé, toujours Katrina Hurricane.
Lecture de la documentation et des guides pour s’en sortir dans le labyrinthique monde américain. Lecture aussi des auteurs américains (en bilingue  pour PK) : Emily Dickinson  , Sylvia Plath, Faulkner, Poésie américaine du XXs °… Ils ne sont pas idiots, les Américains, ils font aussi de très bons bouquins… Ils produisent des génies rebelles, critiques de « l’American way of life ». Pensons à Henry Miller, Kerouac, James Dean, Marlon Brando…

Sunday, 4.9.2005
Quittons Forest Avenue assez tard dans la matinée. Marche dans Palo Alto, Emerson street, Alma street, par une belle journée dominicale. Magasin ANTHROPOLOGIE où l’on vend des marchandises de bon goût pour l’habillement, la décoration de la maison. University avenue : nous nous restaurons d’un plat de salade mixte et de café.
Bus VTA 22 jusqu’à California Avenue (c’est toujours à Palo Alto).
Bouquiniste : étonnante caverne d’Ali Baba bourrée de livres. Achat d’un Rimbaud bilingue (œuvre complète, une sélection de lettres du génial voyou –voyant de Charleville). Grande surface : achat d’une passoire à salade, d’une bouteille de whisky (pour le moral des voyageurs). Le soir, retour de HK de son camping, fatigué, mais content. On débarrasse la voiture de son barda poussiéreux.

Lundi, 5. 6. 2005
Troisième jour du long week-end de LABOR DAY (fête du travail). Promenade à Menlo Park, ville voisine de Palo Alto (difficile à vrai dire de distinguer les « villes » » dans la continuité urbaine qui entoure toute la baie de San Francisco). Zone résidentielle : suite de belles baraques entourées de verdure, taudis pour friqués .
Nouvelle incursion chez un bouquiniste. Etonnante, cette passion des Américains pour les livres. On se perd dans des lieux dédaléens débordant d’ouvrages usagés, classés selon les matières et où se rencontrent tout le savoir et toute la littérature (y compris des auteurs français en langue originale). Achats de Baudelaire et Rilke bilingues. Lili trouve des livres en anglais et en espagnol sur les légendes … Restaurant proche hanté par une faune plutôt intello (on n’est pas loin du centre de recherche de Stanford). Bière, sandwich. Le soir, HK nous emmène au cinéma, gigantesque multiplex  à Mountain View. Film de Fernando Meireilles : the constant gardener, d’après un roman de John Le Carré, une histoire se déroulant dans les milieux  des ONG en Afrique, splendides images, intrigue assez facile à comprendre malgré la langue anglaise. A remarquer que les spectateurs ne cessent de grignoter du pop corn durant toute la séance, ce qui est plutôt énervant. Dîner dans un restaurant grec : greek salad.

Mardi, 6. 9. 2005
HK reprend son travail après un long week-end. Nous retournons en bus à San José, cherchons en vain un bureau de tourisme indiqué dans le « Routard « (il ne doit pas vérifier toutes ses informations). Au centre- ville, repas exotique : sorte de crêpes  enveloppant viande et salade.
Nous nous rendons à la Chamber of commerce toujours en quête de renseignements pour notre projet de voyage à Los Angeles et Yosemite. On nous envoie à un autre bureau d’information situé près de l’hôtel Hilton dans l’immense ensemble architectural  CONVENTION CENTER, vastes couloirs vides, grands escaliers, lifts, nombreuses salles pour des congrès : impression de dimensions colossales et de froideur. On trouve le bureau dans un coin des bâtiments. Bon accueil (comme quasi partout). Deux dames consacrent un temps énorme à satisfaire notre demande en téléphonant dans tous les sens, nous mettant en communication avec des voyagistes parlant un peu french… Bonne volonté évidente des gens qui restent étonnamment cool et disponibles là où des Français auraient depuis longtemps perdu patience. L’Amérique est une machine hypercomplexe où les individus essaient de se débrouiller et où l’initiative de chacun joue un rôle essentiel. En fin de compte, on sort de là sans rien de précis. Nous commençons à comprendre que l’organisation touristique américaine ne ressemble guère à la française. Tout se fait par téléphone et internet et le déplacement par voiture est toujours privilégié. Comment aider ces pauvres Français qui refusent de louer une voiture et qui ont du mal à utiliser le téléphone ?
Autre visite : le centre des Greyhound, la compagnie d’autobus qui dessert tous les USA. Propositions intéressantes pour Los Angeles et Yosemite.
Autre « chose vue » à San José. Nombreux homeless (SDF). Kerouac, l’auteur de ON THE ROAD (sur la route),  parlait de « clochards célestes ». Les vrais ne le sont guère : ce sont des zombies couverts de crasse, traînant leur terrible ennui sous l’implacable soleil de Californie, appartenant au cauchemar plutôt qu’au rêve américain. Certains transportent toutes leurs maigres possessions avec eux dans un caddy ou sur une bicyclette. Square près des musées où les bancs de l’allée centrale sont occupés par de tristes spécimens hommes et femmes de cette sous-humanité. Êtres  faisant partie de  l’internationale de la misère, faces avinées, saleté, habillement loqueteux, air «  hors du monde »,  lie de l’humanité que l’on retrouve sous toutes  les latitudes. Nous traversons pas très rassurés cette « cour des miracles » qui contraste avec la parfaite lumière, l’éclat triomphal de l’été, les palmiers, les édifices aux façades étincelantes, l’agitation des rues proches où se poursuivent imperturbables le business, la hâte des gens d’affaires bien cravatés et bien astiqués , le trafic, la fièvre ininterrompue de la grande agglomération (San José compte plus d’un million d’habitants).
Le soir, HK nous montre un choix de ses photos sur grand écran, en particulier les dernières prises à Los Angeles. Il a l’œil du photographe : sens  des couleurs, des angles de vue, des sujets typiques.

Mercredi 7. 9. 2005
Avec le CALTRAIN, nous allons jusqu’à Hillsdale, ville entre Palo Alto et San Francisco. Vent frais. Immense Shopping Center (les shopping center sont le vrai cœur de la vie américaine et comprennent, à côté des grandes surfaces de vente, d’énormes parkings). Centre commercial groupant plusieurs grands magasins, MACY’S, OLD NAVY, etc. Achat d’une veste pour LK et d’un survêtement pour PK. Lieux  spacieux, lumineux, agréables. Un vrai plaisir de déambuler nonchalamment dans cette cathédrale dédiée au négoce et à la dolce vita. Les boutiques luxueuses de mode, de joaillerie alternent avec les pâtisseries, les boulangeries, les cafés, les galeries d’art. Sur plusieurs étages on suit de larges couloirs plantés de palmiers. « Là, tout n’est que luxe, calme et volupté » comme disait Baudelaire. Même les « restrooms » (WC)  sont pharaoniques. Nous nous restaurons dans un grand espace voué aux nourritures terrestres, regroupant une multitude de fast foods pour tous les goûts, cuisine italienne, asiatique, latino-américaine. Après les nourritures terrestres, les nourritures spirituelles.  Visite de la grande librairie BARNES AND NOBLE. A l’intérieur se trouve un café où nous buvons un expresso (seul café buvable, les autres sont détestables). Achat d’un dictionnaire franco-américain. On reste toujours étonné face à la variété et à la qualité de l’édition américaine. Etonné aussi par les habitudes locales : fauteuils et tables permettent aux clients de lire à volonté, de prendre des notes. Ambiance très détendue : on consomme à son aise. Retour à Palo Alto. Nous passons à la FARGO BANK. Ambiance feutrée. Renseignements pour changer la masse de menue monnaie accumulée par HK (une de ses manies… personne n’est parfait). Le soir, avec HK examinons la possibilité d’un voyage organisé à Los Angeles en consultant Internet, l’outil sacro-saint des Américains.


Jeudi, 8. 9. 2005
Journée à San Francisco. GHIARDELLI SQUARE. Départ pour un « town tour », tour de la ville en bus : quais, CHINATOWN, MARKET Avenue (artère centrale de l’agglomération), CITY HALL, hauteurs environnantes d’où l’on jouit d’une vue panoramique, GOLDEN GATE PARK (immense parc équivalent du CENTRAL PARK de New York), maisons victoriennes, GOLDEN GATE BRIDGE (la vue la plus célèbre de San Francisco)… Durant le tour, discussion en allemand avec une Flamande séjournant depuis des années aux États-Unis ( traitant l’Amérique de grand « Kindergarten ») et  avec un jeune homme de Nuremberg.
Image surprenante : une procession de nonnes portant la statue de la Vierge évolue sur un trottoir (le 8 sept est fête de la nativité de Marie). C’est aussi ça l’Amérique , les contrastes les plus inattendus, l’image de la piété la plus traditionnelle cohabitant avec le spectacle de la vie la plus moderne, la publicité la plus tapageuse, l’architecture la plus avant-gardiste… Retour à Palo Alto en CALTRAIN.
Impression globale. Tout ici est immense, chaotique, non fini, souvent débraillé, voire sale (train, bus, certaines rues). Sorte d’énorme chantier où la « high tech » voisine avec d’étranges archaïsmes tiers-mondistes (le réseau électrique).
Dans le train du retour, une fillette chante une chansonnette sous le regard fier de son père (rapport cool entre adultes et enfants) et tout le compartiment applaudit (bienveillance générale de la population, sorte d’optimisme « obligatoire » ).

HK revient le soir avec des nouvelles encourageantes pour notre tour à Yosemite et Los Angeles dont il s’est occupé dans la journée.
Il nous montre des photos du long week-end de camping ; immense fête artistique et musicale en plein désert rassemblant des milliers de jeunes. On y brûle l’effigie d’un gigantesque bonhomme, d’où le nom de la fête : THE BURNING MAN. Ce qui spécifie la manifestation, c’est son caractère non-commercial. Les échanges ne peuvent se faire que par troc. Quelque part les jeunes Américains tentent d’échapper, ne serait-ce que pour un weekend, à la tyrannie du dieu Dollar.


Vendredi ,9. 11. 2005
Cloudy morning, sunny  afternoon.
Visite de Redwood City, autre ville sur le trajet  Palo Alto -San Francisco.
Shopping Center Sequoia Station, centre commercial de la localité. AUTRE LIBRAIRE barnes noble. Plat chinois à midi (c’est devenu une habitude).
Masse d’obèses parmi les populations non-blanches. Femmes mastodontes avec des ribambelles d’enfants.
Le sucre et la graisse corrompent doucement, mais sûrement, la nation américaine…
HK revient en trombe de son travail avant d’aller à une invitation à San Francisco chez des amis. Il nous annonce que le voyage à Los Angeles pourra bien démarrer lundi 12 comme nous le souhaitions.
TV. Katarina hurricane. Lectures : Sylvia Plath. Faulkner en bilingue (une rose pour Emily). Poésie américaine.


Samedi, 10. 9. 2005
HK, invité hier  soir chez des amis rentre au milieu de la nuit. Il fait la grasse matinée.
Déjeuner au restaurant asiatique University Avenue. Vegetable, rice, water…
Choses vues. Ados aux pantalons tombants. Nombreux conducteurs téléphonant, buvant (thé ou café) au volant. Cela semble une tolérance ici.
Town and  country, un ensemble commercial sous forme de village traditionnel. Nous  y buvons un café. Nous visitons un «  flea market », un marché aux puces assez ressemblant à ce qui se pratique en France. Quelques collectionneurs maniaques (par exemple de livres de cuisines).Repos dans un parc proche de l’appartement d’HK. Petite église catholique (St Thomas) : on y voit entrer un mariage, des demoiselles d’honneur en orange foncé entourent la mariée en blanc.
l. prend des photos avec l’appareil numérique que nous a transmis HK lors de son dernier séjour en Alsace en juillet.
L. émerveillée par les écureuils qu’on rencontre partout sur le campus de Stanford ou dans les rues bordées d’arbres de Palo Alto (ville très verdoyante).
H invité le soir chez des collègues d’EBAY (ce garçon a une vie « mondaine » très intense…).
Histoire de veste. En vue du camping BURNING MAN, HK s’est acheté (5£) en solde une veste militaire noire galonnée de rouge. Elle est revenue de l’expédition remplie de poussière et nécessite un passage au pressing.

Dimanche, 11. 9. 2005
Téléphonons à Jeannine et à Raymond en France.
Avec HK, nous allons au « festival of art and wine » de Mountain View. Soleil  qui tape dur. H rencontre un collègue de EBAY.
Déjeuner dans un restaurant de CASTRO STREET. HK achète un bonzaï.
Foule compacte autour des stands, longue file de tentes occupant la rue centrale de la ville.
Au retour à Palo Alto, lavage de la voiture décapotable du jeune homme. Opération spectaculaire où s’affairent toute une armée d’agents vêtus de bleu, en général des « coloureds », fourmis des deux sexes briquant fébrilement des véhicules de toutes sortes, de la grosse voiture familiale au quatre-quatre. Et toute cette activité intense (y compris celle des grandes surfaces ouvertes comme aux jours ouvrables) se déroule un dimanche après midi : ça ne dérange pas le Dieu américain. GOD BLESSES AMERICA…
Remarque sur la conduite généralement  cool. Les amendes sont lourdes. Brûler un feu rouge (red light violation) coûte 281£.
Passons par une grande surface de matériel électronique. A donner le vertige. Achat d’une «mémoire » pour l’appareil photo numérique. Nous pouvons prendre maintenant 1057 photos.
Le soir, HK part pour une invitation à dîner. Avant il fait son footing vers Stanford, puis prend sa douche.
TV: 11 September, STOP THE TERRORISM.

Lundi, 12. 9. 2005
Quittons Palo Alto pour le “voyage organise” à San Francisco. Arrivons au lieu du rendez-vous, hôtel Hilton, vers midi. Installation dans cette gigantesque usine à dormir. L’après-midi, nous nous rendons en bus à l’ « Aquarium of the bay » que nous visitons. Très intéressant. Plongeurs évoluant parmi les poissons. Coffee  sur  le Fisherman’s wharf, quai 39. Vent frais (comme souvent à San Francisco). Sea lions (phoques) qui beuglent sinistrement près des docks. Foule de touristes dans ces parages où l’on déguste, contemple des spectacles de rue (avaleur de feu). Au loin on aperçoit l’île d’Alcatraz avec sa célèbre prison désaffectée que nous avons visitée l’an dernier.
Retour à l’hôtel. Nous tentons de nous informer sur la suite du voyage. Organisation apparemment flottante. Nous avons du mal à savoir ce qui se passera demain. Nous sommes plutôt déconcertés (malgré les louables efforts du bureau de renseignements de l’hôtel…). Pour le dîner, on nous dit de choisir entre trois restaurants en ville (nous avons un ticket de réservation) , restaurants que nous devons trouver nous-mêmes dans la complexe agglomération. Tâche quasi infaisable si nous ne connaissions déjà les arcanes de la ville. Arrivons au premier restaurant réservé GHRARDELLI SQUARE et le trouvons fermé ! Notre exaspération croît.
Nous nous rendons au second, restaurant italien près de Washington Square. Nous dînons (non sans devoir parlementer pour nous faire servir un repas complet dessert inclus…) A la sortie, la nuit est tombée sur la ville, l’air est glacé… Rentrons en bus à l’hôtel : le San Francisco nocturne n’est pas très rassurant. L’éclairage n’est pas très intense (comme dans toutes les villes). Ambiance étrange.
Chambre au 15 ème étage. On entend la rumeur de la ville et le bruit de la climatisation. Nous dormons mal.
Première journée plutôt inattendue du soi-disant voyage organisé où, loin de se confier passivement à une organisation, il faut faire montre d’initiative personnelle pour s’en sortir. Rien à voir avec un voyage organisé à la mode de chez nous… Disons c’est plutôt un voyage organisé où tout est réservé d’avance sur internet et où le client doit se débrouiller pour passer d’une prestation à l’autre : l’initiative est reine au pays de l’oncle SAM.


Mardi, 13. 9. 05
Café rapide dans la chambre du Hilton (il y a de quoi se préparer un coffee ou un thé dans les hôtels américains). Nous nous rendons à la sortie de l’hôtel où a lieu le rendez-vous pour l’excursion à Yosemite. Vers 8h, départ en bus. Celui-ci part même s’il manque quelqu’un…
Ciel gris, sombre. Nous passons par OAKLAND. Bretelles d’autoroutes qui s’entrecroisent. Paysage urbain peu enchanteur. Nous roulons vers l’intérieur de la Californie. Collines dénudées avec des vaches brunes. Autoroutes saturées. Immenses bouchons.  Des centaines d’éoliennes sur les hauteurs. Lentement à mesure qu’on pénètre dans le pays, le soleil revient. Plaine. Platitude monotone avec partout les mêmes rubans d’autoroutes, les mêmes agglomérations, les mêmes zones commerciales.
Des kilomètres de cultures et de plantations d’arbres fruitiers. Arrêt dans un point de vente au bord de la route. Achat de quoi se sustenter (sandwichs, fruits, eau). Collines plus verdoyantes. Nous roulons sur une route de montagne aux nombreux virages. On s’engage dans le massif de la Sierra Nevada et on arrive au Yosemite Park, un des plus beaux parcs naturels des Etats-Unis.
Magnifique falaise face à laquelle s’arrêtent tous les bus de touristes qui déversent leurs flots de tartarins armés d’appareils photo dernier cri… Dans la foule, des « frenchies »parlant haut tout fiers d’être aux States.
Plus loin, promenade à pieds jusqu’à un « waterfall » (cascade, hélas ! à sec). Forêt de séquoias. Troncs cyclopéens. Ecureuils pas du tout sauvages s’approchant des visiteurs et venant manger dans leurs mains. Tout est d’une beauté à couper le souffle et il faudrait plusieurs jours pour explorer ces espaces illimités (nous resterons que quelques heures). Déjà nous rebroussons chemin et roulons à nouveau vers le Pacifique.

Longue route face au soleil du soir. Lumière orange. Coucher du soleil brusque, assombrissant d’un moment à l’autre la région. Eoliennes tournant frénétiquement au sommet des collines sur fond de ciel crépusculaire. Flots de voitures phares allumés. L’ambiance est hallucinante. On se sent vraiment loin de notre petite Europe. Nous revenons dans l’immense zone urbaine de la Baie de San Francisco. Enseignes lumineuses à foison, phares. On se déplace dans une sorte de chaos nocturne.
                                                               
Le bus dépose les clients d’hôtel en hôtel. La virée trop rapide à Yosemite a été épuisante.
Nous passons une bonne seconde nuit à l’hôtel Hilton (la climatisation nous a moins dérangés). Nous commençons à comprendre que le voyage soi-disant organisé est une suite de prestations séparées et qu’il nous incombe à nous de faire le lien de l’une à l’autre…

Mercredi, 14. 9. 2005
Départ encore inattendu. Si l’on ne se remue pas le bus partirait sans nous(malgré les discussions de LK avec le soi-disant organisateur du départ).
Un mini- bus nous prend en charge pour le voyage à Los Angeles, le long de la côte du Pacifique. Nappes de brouillard sur les hauteurs verdoyantes. Forêts d’eucalyptus.
Arrêt à Salinas. Visite du musée John Steinbeck  (natif du lieu). Présentation intéressante, très pédagogique, de la vie et de l’œuvre de l’auteur des raisins de la colère. Présentation des films tirés de son œuvre, classiques du cinéma qui ont rendu célèbres James Dean et Henry Fonda. Lunch copieux dans un restaurant de la ville.
Reprise du bus « PARLOR CAR TOUR ». Arrêt à Monterey sur la côte. Station balnéaire chic. Autres arrêts à PACIFIQUE GROVE (promenade le long de l‘océan), à PEEBLE BEACH, autre station chic, à CARMEL (boutiques sans fin : ça sent le bourgeoisisme à pleins tubes, on est loin, très loin de la désolation des banlieues), ville dont Clint Eastwood fut un certain temps le maire.
Arrivée à l’hôtel HYATT à MONTEREY, plutôt luxueux. Chambre spacieuse. Dîner somptueux dans le restaurant de grand style de l’hôtel.. Journée agréable. On se retrouve avec un petit groupe parlant tous anglais et venant d’Australie, du Canada, d’Irlande, de Nouvelle Zélande et d’autres Etats US. Tous semblent très aisés et passent 5 à 6 semaines hors de chez eux à voyager aux Etats-Unis et en Europe.

Jeudi, 15. 9. 2005
Quittons l’hôtel HYATT à MONTEREY. Arrêts « photos » sur la côte, splendide (le mot est faible) de sauvagerie et d’immensité.                                      
On file sur la HiGhway number one, route côtière parfois vertigineuse traversant des paysages montagneux et forestiers grandioses. Et toujours à  nouveau l’infinité maritime dans la lumière de Californie.

Arrêt à BIG SUR PFEIFFER, station forestière (non loin des lieux de solitude que hanta Henry Miller, l’auteur libertaire qui scandalisa l’Amérique des années trente, père des futurs hippies). On se restaure de tea and muffins.  Autre arrêt sur la côte : un oiseau vient manger dans la main du chauffeur (originaire de l’Inde, il a travaillé pour Nouvelles Frontières et parle 3 mots de français).
Eau vert émeraude de l’océan. Rochers peuplés d’oiseaux. Algues comme de longues chevelures noires sous la surface liquide.
                                
Visite de HEARST CASTLE, château construit par un milliardaire (qui a inspiré le personnage de CITIZEN KANE d’Orson WELLES).
Ensemble architectural vraiment surréaliste  où se rencontrent les styles les plus hétéroclites, le gréco-romain, la cathédrale européenne, la salle à manger médiévale, la statuaire néo-classique… En un mot : chef d’œuvre du mauvais goût qui attire des armées de touristes dûment encadrés par une organisation implacable. Du jamais vu.

Poursuite de la route  vers Los Angeles. Arrêt à MADONNA INN pour visiter les « restrooms » WC fantastiquement décorés.
Repas du soir à SOLVANG, ville « danoise », avec ses moulins, son style scandinave.                            

Nous mangeons des « wienerschnitzel » et buvons de la Carlsberg. Passons par SANTA BARBARA, faisons quelques pas sur la plage. Magnifique lune derrière les palmiers. La nuit tombe. On roule longuement sur une autoroute saturée. On approche de l’énorme agglomération de Los Angeles. Chaos de lumières et de ténèbres. On se sent tout petit au fond du bus qui soudain s’arrête devant un hôtel : le chauffeur débarque les deux « frenchies ». On est paraît-il arrivé à Hollywood devant l’hôtel où une chambre nous est réservée. Il fait nuit, nous quittons brusquement le groupe du minibus qui poursuit sa route vers d’autres hôtels. Nous sommes ébahis. Nous ne nous attendions pas à cela. Rassemblant notre courage, nous allons voir le réceptionniste. Nous nous informons pour demain matin car en principe nous faisons le tour de Los Angeles en bus.  Installation à HOLIDAY INN. Fin de la prestation « tour de San Francisco à Los Angeles » et commencement du dernier chapitre de nos réservations.

Vendredi, 16. 9. 2005
Réveil à l’hôtel à Hollywood. On y est au pays du grand rêve, au pays des superstars… Quand on regarde par la fenêtre, on voit un boulevard américain comme un autre avec l’ordinaire trafic. Rien de particulièrement hollywoodien : Hollywood n’est d’ailleurs qu’un quartier parmi d’autres de la monstrueuse agglomération de Los Angeles. Nous nous rendons dans le hall d’accueil. Brève discussion avec une Allemande de la Forêt Noire. Nous téléphonons à HK inquiet de ce que nous devenons dans notre aventureux voyage (le portatif qu’il nous donné semble en panne alors qu’il fonctionnait très bien à San Francisco). Un mini-bus nous cherche à l’hôtel et nous conduit à l’Office STARLINE. Nous avons un bon pour des tours à Los Angeles mais il faut les échanger contre de vrais titres de transport. Là encore nous avons dû demander pour comprendre ce qu’il fallait faire et munis des billets nous renseigner pour savoir quel bus prendre. Enfin dûment informés nous rejoignons des cohortes de touristes qui s’engouffrent dans des bus pour diverses visites de la ville. Nous faisons un grand tour de Los Angeles : Hollywood BOWL (grand amphithéâtre de 18000 places où nous assistons à la répétition d’un orchestre symphonique).
Restaurant Thaï pour le déjeuner. Écriture en série et envoi de cartes postales. Visite du FARMERS MARKET, grouillant labyrinthe d’échoppes et de restaurants sur lequel s’abattent les nuées de touristes. HOLLYWOOD BOULEVARD : manifestation en l’honneur de Johnny DEPP pour la sortie de son dernier film. Foule compacte, forêt de bras brandissant des appareils photos, des caméras. Sur les trottoirs on marche le long du « walk of fame »(le chemin de gloire), mosaïques en étoiles incrustées dans le sol et célébrant les noms légendaires du cinéma. Biscailuz Building : marché « latinos » (on sent la présence mexicaine à Los Angeles). Traversée de quartiers très chics, boulevards bordés de palmiers, magasins de luxe : Los Angeles est aussi une ville lumineuse, plus méridionale que San Francisco. Music Center, Chinatown. On roule, on roule, démentiel chaos urbain traversé d’autoroutes, sans véritable centre. C’est vaste, c’est beau, d’une beauté hypermoderne, éclatée, sans commune mesure avec la beauté concentrée, riche de siècles, des métropoles européennes.
Après le GRAND TOUR, nous faisons le tour « Stars homes » avec un autre bus : on sillonne les collines de Hollywood où se cachent les villas des vedettes, Jodie Foster, Nicolas Cage, Stallone, Michael Douglas, Madonna, Richard Gere et bien d’autres de naguère et d’aujourd’hui… Dans le bus de vrais fans des idoles,  s’informant sur tous les détails de leur vie.
Splendides vues panoramiques sur Los Angeles. Circuler dans ces lieux mythiques a pour effet de les dépouiller de leur aura légendaire. L’expression SUNSET BOULEVARD si chargée  de poésie ne sera désormais que le nom d’un banal boulevard orienté, il est vrai, dans l’axe du soleil couchant.
Le soir de ce « jour le plus long » déjà arrive. On nous ramène à l’hôtel, la tête farcie d’une multitude d’images : trop brève visite de la cité des Anges qu’il faudra sans doute un jour compléter (si la Providence nous ramène sous cette latitude).

Samedi, 17. 9. 2005
Notre semaine de prestations réservées va s’achever. Nous quittons l’hôtel HOLYDAY INN. Un membre du personnel nous salue au départ avec un « vive De Gaulle, vive la France » et les premières notes de la Marseillaise  (un exemple de l’humour américain, de la propension à tout prendre avec une certaine allégresse…). Un taxi nous conduit à la gare de Los Angeles (notre tour comprenait aussi cette prestation : le voyage du retour en train).                                         
La gare UNION STATION : non, ce n’est pas une gare, c’est un palais dans le style hispanique. Rarement vu une gare aussi belle.


Hall d’attente démesuré avec de profonds fauteuils de cuir, des décorations de mosaïque,  des jardins latéraux. On a le loisir d’observer les voyageurs. On note le peu d’importance que les Américains accordent à leur tenue : l’élégance vestimentaire n’est pas leur fort. Indifférence au paraître : on voit des obèses aussi bien hommes que femmes portant des shorts trop serrés, casquettes et tee-shirts, à l’aise dans leur peau rose, noire, cuivrée de pachydermes. D’ailleurs à part les étrangers personne ne les regarde. Etre correct et propre, cela suffit. Passe un SDF, il fouille les poubelles et vide les gobelets jetés non vidés…
Un petit véhicule nous emmène sur le quai. Il était temps :  nous avons demandé plusieurs fois où nous rendre, mais le quai n’est indiqué qu’à la dernière minute ; si on ne connaît pas l’agencement de la gare, on risque de rater son train… Nous nous installons dans l’AMSTRAK Coast-Starlight qui suit la côte du Pacifique jusqu’au Canada. L’AMSTRAK est le train des grandes lignes traversant tous les Etats-Unis. Le train « Coast-Starlight » comporte deux étages.  Spacieux, confortable. Sièges larges qui permettent de s’allonger de toute sa longueur. Distribution d’oreillers sous plastique. Train touristique roulant à petite vitesse. Nous allons y passer 12 heures pour rejoindre San José. Toute une vie s’organise à bord. On y boit, on y dort, on joue, on regarde la télé, on contemple le paysage dans des compartiments aménagés de larges baies vitrées  et des sièges faisant face au panorama qui défile à l’extérieur : vagues de l’océan parfois toutes proches, plages aux surfeurs, plateformes pétrolières au large, rivages où s’alignent à l’infini des mobilhomes, zones de villégiature avec des piscines bleues, plaines cultivées, vignes à perte de vue… Le train traverse des régions montagneuses à très faible allure. Tunnels. Longs arrêts. La nuit tombe. Le voyage se fait long. Une famille installée devant nous, suréquipée en matériel audiovisuel, regarde un film sur l’ordinateur portatif. On annonce 2 heures de retard suite à un accident survenu sur la voie. Comment prévenir HK qui nous attend à San José ? Notre téléphone ne fonctionne pas. LK parle du problème à la chef du train qui nous prête son portatif et s’en va après nous avoir composé le numéro. Mais impossible d’avoir la communication. Un passager qui avait entendu notre souci vient à notre aide. Il prend son propre portable et appelle HK. Celui-ci ne répond pas, nous sommes en montagne. Après plusieurs essais la communication est établie. HK a d’autres engagements et ne pourra nous attendre à l’heure d’arrivée annoncée. Gare de San José 23 h. Plus de train pour Palo Alto. Difficultés pour avoir un taxi. LK contacte la guichetière de la gare, celle-ci à plusieurs reprises essaie d’avoir un taxi. En voilà un au bout d’un bon quart d’heure... le chauffeur d’origine hindoue se débrouille pas mal pour nous conduire à Forest Avenue à Palo Alto. Nous retrouvons avec plaisir et soulagement notre « chez nous » américain après ces journées extrêmement riches d’expériences : rien ne vaut une telle plongée pour commencer à comprendre plus en profondeur « the american way of life » avec ses paradoxes parfois difficiles à saisir par des esprits cartésiens de France.


Dimanche, 18. 9. 2005
Réveil à Forest Avenue. HK, rentré au milieu de la nuit, fait la grasse matinée. Petit déjeuner avec le jeune homme soulagé de retrouver ses parents sains et saufs. Nous lui faisons le récit de nos aventures picaresques.
Sortie à Mountain View. Marché bien fourni. PHO HOA restaurant (asiatique) Castro Street. Bouquiniste : achat d’une bible en anglais, Holly scriptures (3£55).
Palo Alto Californian Avenue : fête juive. Multitude de stands où l’on vend des objets de meilleure qualité que dans les autres fêtes populaires. Nombreux stands consacrés aux associations juives très actives dans la région et aussi dans les universités. Encore un bouquiniste : Lili habla espagnol avec une Portoricaine qui admire la France au point de vouloir s’identifier à une Française.
Courses au WHOLE FOODS, fonctionnant le dimanche presque comme les autres jours. Retour à l’appartement. HK est parti retrouver ses amis (jeunes Français ou expatriés travaillant en entreprises ou dans les universités de la Californie ; quelques- uns officient à Berkeley près de San Francisco).

Monday, 19. 9. 2005
Forest Avenue. Photos au jardin qui jouxte la Casa Real, la maison de style hispanique où habite HK. Piscine, mosaïques espagnoles, barbecues…
                      
 Photos aussi à la gare du CALTRAIN qui sera entièrement rénovée. Promenade à HILLSDALE et son remarquable shopping center, un morceau de paradis américain qu’on peut aussi voir comme « cauchemar climatisé » selon l’expression de l’ermite de BIG SUR, Henry Miller : monde trop parfait, trop protégé, trop normalisé.
Voici des jours que nous cavalons  sous le soleil de Californie : c’est excellent pour la santé. Nous nous sentons en bonne forme physique… et tant qu’il  reste des billets verts dans la poche, la vie sera belle, insouciante, débarrassée pour un temps, le temps du voyage, de la pesanteur des routines quotidiennes.
Achat d’un cadeau pour le petit-fils de Josiane (salopette + un haut), d’une veste jean et de tee-shirts pour Lady LK qui retrouve sa taille de jeune fille.  
Retour à la Casa Real. Salle du billard et du piano (sur lequel PK, K comme kacophonie, improvise quelques minutes).
Remarque : durant notre séjour, nous n’avons vu quasi aucune scène de violence, aucune manifestation d’agressivité, nous n’avons entendu aucun chien aboyer… Relax… cool… sont les maîtres- mots ici. Amabilité, correction des gens, quels qu’ils soient. Derrière sa façade souriante, décontractée, cette société refoule-t-elle ses démons ? D’où son cinéma, sa littérature hantés de forces destructrices ?

Tuesday, 20. 9. 2005
San Francisco. Ciel gris, vent froid, autumn weather…
Haight street. Magasin de tissus bien pourvu où l’on trouve de la matière première pour des travaux de patchwork. Promenade au Golden Gate Park, le grand parc de la ville, gigantesque rectangle de verdure de 5 km de long et d’un km de large qui s’étend du cœur de l’agglomération jusqu’à l’océan et comprend des courts de tennis, des jardins exotiques, une immense serre aux fleurs( conservatory of flowers), des musées (dont le plus important endommagé lors du  tremblement de terre de 1989 est en reconstruction :la terre californienne est constamment menacée de puissants séismes dont plusieurs ont été très ravageurs). Nous visitons le TEA GARDEN (jardin japonais)
Où se succèdent à différents niveaux des pagodes, des bassins à carpes surmontés de passerelles, des jardins aux bonsaïs fabuleux, et même une statue géante de Bouddha : lieu idéal à mitrailler avec l’appareil photo.
Market Street, l’artère centrale. Magasins de vêtements : achat d’un pull  for Peter K. Librairie de livres neufs soldés (masse de bouquins for children et young adults…).
Tonnerre… pluie de courte durée (la seule de notre voyage). Retour à Palo Alto.
Le soir, HK nous montre sur grand écran les photos (prises de nuit) de son dernier week-end à San Francisco.
Envoyons un très très court e-mail aux amis de France pourvu d’une adresse électronique.
Remarque : nous nous interrogeons sur la mort aux USA : nous n’avons en 2 ans vu aucun enterrement, ni d’entreprise funéraire.

Wednesday , 21. 9. 2005
Grisaille matinale qui se lève peu à peu, laissant réapparaître le soleil ( fonctionnement météorologique caractéristique de la région dû à l’influence océanique). BORDERS, grande libraire de l’University Avenue de Palo Alto. Achat d’un Verlaine bilingue.
Restaurant Thaï.
Avec le shuttle Marguerite (navette gratuite qui permet de faire le tour du campus et de s’arrêter où l’on désire) nous nous rendons au CANTOR CENTER. Là nous visitons le musée d’art du campus. Exposition temporaire de posters politiques du XXs (affiches communistes, nazies…). Coffee sur la terrasse du musée où de nombreux visiteurs aisés consomment au soleil resplendissant.
Rentrons à pieds downtown par PALM DRIVE la rue centrale du campus bordée de palmiers. LK tente de prendre des photos d’oiseaux (le bel oiseau bleu qui joue la star en ne cessant de bouger au lieu de poser sagement).
Dysfonctionnement de l’elevator (une remarquable antiquité) de la Casa Real. Nous prenons l’ascenseur de service. TV : hurricane Rita.
Note en marge. Pas mal de dingues en liberté : débiles soliloquant, personnes pittoresques sorties des romans de Mark Twain. Une dame vêtue d’un seul grand tee-shirt blanc, serré à la taille par un morceau de plastique, une main dans un gant de plastique. Un gars à un arrêt du Shuttle déclamant violemment puis se levant brusquement et disparaissant…
USA : pays de l’uniformisation ? Peut-être moins qu’on l’imagine… La vie quotidienne se présente comme dynamique, variée, souvent surprenante, une sorte de permanent spectacle où l’on va de surprise en surprise.

Thursday, 22. 9. 2005
Shopping District of Menlo Park (ville voisine de Palo Alto). Belle rue marchande. Bouquiniste spécialisée dans les livres de poche. Restaurant « chineese » dont le personnel est plutôt « latinos » (avec même des problèmes de compréhension de l’anglais) alors que le cuisinier est d’origine asiatique.
Poste. Achat de timbres. Timbres à l’effigie de James Dean (50ème anniversaire de sa mort sur une route de Californie). Encore un bouquiniste ; achats de :Kerouac (on the road), Emily Brontë, Michaux (en bilingue)…
Two great problems of the future of USA : 
1) les “white people” vont perdre la main
2) la crise énergétique inéluctable dans les prochaines années.
Autisme américain. Pays-monde qui semble ignorer le reste du monde. La télé par exemple ne fait guère allusion à ce qui se passe en - dehors des Etats-Unis. L’Amérique ne regarde que l’Amérique et croit que c’est le monde. D’où sans doute son aveuglement en ce qui concerne les autres cultures (grosses maladresses lors de l’intervention en Irak).
Manie du portable. Gens montant dans le bus le portable coincé entre la tête et l’épaule pendant qu’ils s’occupent à payer.
Bikes (bicyclettes) accrochées sur le devant le bus.
Chez les femmes, le port du pantalon est nettement majoritaire par rapport à la jupe.

Friday, 23. 9. 2005
Dernier tour dans la Cité de Saint-François. On s’y déplace en bus dans l’intense trafic où l’on croise les taxis jaunes, les longues limousines noires ou blanches aux vitres fumées, les cable-cars grimpant les rues en pente abrupte ( le réseau des rues de San-Francisco est un vrai gymkhana comprenant d’impressionnantes montagnes russes,  aspect de la ville que le cinéma a grandement popularisé).
               
Visite du LEGION OF HOUSE MUSEUM. Edifice pompeux imitant celui de la Légion d’honneur à Paris (d’où son nom). On se trouve sur des hauteurs surplombant le Pacifique assez loin du cœur de la ville. Le musée contient de la peinture européenne (de Fra Angelico à Picasso en passant par Cranach, Rembrandt, Watteau, Goya, Corot, Courbet, Monet, etc). Remarquable salle consacrée à Rodin et Camille Claudel.
                                    
Retour au Centre-ville. Union square : place centrale en gradins, entouré de grands magasins. Le soir plonge les rues dans une ombre peu amène. Librairie : derniers achats de cadeaux…


Retour à Palo Alto. Nous allons dîner avec HK dans une rue proche. On nous installe dans un « garden » chauffé. Lamb, polenta, vegetable, beer… HK prend de la bière à la framboise. Ce restaurant est magnifique, le service de grande classe et le repas est tout simplement exquis.

Saturday , 27. 9. 2005
Toujours un parfait beau temps, toujours la magnifique luminosité californienne. Grande promenade dans Palo Alto, vraie ville-jardin, rues plantées d’arbres, villas perdues dans la foisonnante végétation. Embarcadero… Middle field…Avenue Lytton, rues que nous n’avions pas tellement fréquentées jusqu’à présent. Restaurant asiatique. Plat (riz, crevettes, poisson, cacahuètes, ananas…) dans un demi-ananas évidé. Excellent dernier repas à l’extérieur.                              
                                                  Shopping Center de Stanford. Coffee, tea, et le spectacle permanent des rues ombragées, de la foule déambulant détendue, bigarrée, mélange des ethnies, mélange des âges, ados athlétiques, pères et mères de famille plutôt bienveillants avec leur progéniture, vieux et vieilles typiquement américains, fidèles à leur image puritaine, dignes descendants de Washington, de Franklin, de Lincoln, grandes figures de la nation à la bannière étoilée. Boutiques et grandes surfaces de style. C’est le rendez-vous des bo-bos… Le côté ultra- civilisé des USA. Même les chiens sont plus civilisés qu’en Europe ; on n’entend jamais un aboiement.
Au centre-ville, LK prend les dernières photos des magasins (en particulier des pharmacies qui ont des airs d’épiceries…)
Le soir : préparation des valises, toilette…en vue du voyage de retour.

Sunday, 25. 9. 2005
Nous quittons Palo Alto (où nous ne reviendrons peut-être pas, notre fils ayant des velléités de déménagement à San Francisco où se passe en grande partie sa vie de loisirs). HK nous conduit à l’aéroport. Tristesse de quitter ce bon garçon (que nous reverrons en Alsace pour les fêtes de fin d’années).    
Formalités d’embarquement : ça semble plus simple ici qu’à Roissy Charles de Gaulle.
Départ de San Francisco à 16h15 (heure locale).
Vol San Francisco-Paris. Blancs archipels nuageux, ouate gigantesque dérivant dans l’espace. Inconfort habituel de l’avion, espace réduit (il ne faut pas être claustrophobe). Manque comme à l’aller la petite télé fixée au dos de chaque siège que nous appréciions en 2004 : on pouvait y suivre devant son nez le parcours sur carte de l’avion. Parmi les voyageurs, je reconnais Henri Atlan (célèbre biologiste ; son dernier livre : l’utérus artificiel).
On plonge vite dans la nuit. Cependant difficile de dormir, on tombe dans de vagues somnolences. Les turbulences sont nombreuses et l’annonce « attacher vos ceintures » retentit à plusieurs reprises. On entrouvre le rideau du hublot : voici les premières lueurs du jour. Quelle heure est-il ? On est perdu dans le temps à cause du décalage horaire (9 heures à ajouter).

Lundi, 26. 9. 2005
Arrivée à Charles de Gaulle à 11 h (heure française). Téléphonons à la famille qui doit nous récupérer à Bâle- Mulhouse. Nous nous déplaçons à travers le vaste dédale de l’aéroport (plus compliqué que celui de San Francisco). Temps correct en France, à peine différent de celui de la Californie ( PK est le seul à le penser).
Vol Paris-Mulhouse sur Fokker.
Voile de nuages blancs à travers lequel on voit le sol, le puzzle des agglomérations, des champs, des bois, des routes. Survol de Paris. Vieille terre d’Europe travaillée, ouvragée depuis des siècles très différente vue du ciel de celle d’Amérique où subsiste des étendues sauvages et où les parties habitées apparaissent plus géométriques.
Les Weissbeck nous attendent à l’aéroport et nous ramènent chez nous après la récupération des bagages. Retrouvons le jardin et la maison si tranquilles. Après le périple américain, après la plongée dans ce pays exorbitant, ce continent de la démesure à tous les plans, celui de l’espace, celui du dynamisme, celui de la vie spectaculaire, la vie faite publicité, la vie faite cinéma, c’est si reposant, nos champs bien tracés, nos villages bien humains autour de leurs clochers, nos habitations bien confortables. En attendant que l’Amérique nous rattrape chez nous (c’est bien parti dans ce sens).


4.11. Je vis la grisaille et la gloire des hommes ordinaires.

Mémorables. ARMAN : New-York, le pop’art.


26.11. L chez JG. Elle lui apporte régulièrement une soupe.

Vis l’Amour, que tu crois ou non en Dieu.

Neige resplendissant au soleil. Splendeur virginale des sommets vosgiens dans l’azur.

21.12. H va faire du badminton en Allemagne.

Refus de tout titre venant de la société. Rien que poète, penseur…(22.10.14 :rien qu’homme).