7.11.13

CAMUS, UNE PENSEE POUR AUJOURD'HUI


On célèbre ces jours-ci le centenaire de la naissance d’Albert Camus. Inattendu regain de rayonnement de cet écrivain, peut-être l’auteur français du XX° siècle le plus présent parmi nous. Comment expliquer cet engouement grandissant depuis quelques années ? Sans doute par la singulière actualité de cette œuvre si brutalement interrompue au seuil de son accomplissement. Camus parle à nos contemporains en cette aube incertaine du XXI° siècle et il nous parle même avec une résonance plus forte que de son vivant où il suscitait critiques et invectives de la part de l’intelligentsia parisienne. Plus que d’autres, plus que Gide, Malraux, Sartre…,Camus se révèle étonnamment proche des problématiques de notre époque, celles d’un monde qui a vu s’effondrer les grandes idéologies politiques du siècle passé et où surgissent de nouveaux périls et des interrogations inédites concernant le vivre-ensemble et le survivre tout court.

Aux démesures de tous ordres qui risquent de désintégrer la patrie planétaire des hommes, Camus et sa « pensée de midi » opposent la critique des extrémismes dogmatiques et le souci vigilant de la limite, « l’intransigeance exténuante de la mesure ». L’auteur du « Mythe de Sisyphe » et de « L’homme révolté » propose une conception sobre et affirmative de la vie, alliant la beauté de l’existence la plus humble et son tragique, ne cédant pas aux tendances nihilistes ou utopistes aux effets destructeurs. Fidélité à l’humain le plus concret, tel est le message camusien. Si la Modernité et son prométhéisme exacerbé nous ont conduits au bord du précipice, la pensée lumineuse et tempérée de Camus tente le consentement aimant à une terre humaine qui résiste aux vertiges mortifères. Une sorte de christité sans Dieu.

« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. » Tels sont les mots du Prix Nobel de littérature en 1957. Ces mots simples et clairvoyants, les générations d’aujourd’hui peuvent se les approprier comme ligne de vie.

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