2005
18 mars.
Plongée dans Clavel (Dieu est Dieu...Ce que je
crois...Critique de Kant).
Étrange: Clavel a déjà tout dit et c'est tombé dans le
désert contemporain et tout est à redire, toujours à nouveau redire le Christ.
Mon effort de penser le lieu commun des hommes au-delà
des religions, des cultures. Comment concilier cet effort et la pensée de la
centralité du Christ?
Comprendre Jésus jusque dans les détails comme
Révélation-Révolution absolue, subversion de tout l'humain rien qu'humain.
24.4. Entretien
par webcam avec H. Il a fait hier à Monterey un saut en parachute avec des
camarades (à l’occasion du mariage de l’un d’eux).
Déjeuner et
après-midi avec les D à Brunstatt. Photos et film sur la Mongolie qu’ils ont
visitée.
20.5.KOLTES :
une part de ma vie, entretiens.
Vendredis de
la philosophie : EPICTETE.
KEROUAC : on the road. TOCQUEVILLE. J.Luc Benoît.
Grosso modo,
bonne santé physique jusqu’ici. (6.3.12, 31.8.14 : c’est toujours vrai.)
3.8. Enfance,
adolescence, jeunesse sexuellement très troubles.
MARDI 30.8.
Départ de
Pulversheim à 5h45 avec le taxi André. Aéroport de Bâle-Mulhouse. Formalités
d’embarquement. Vol Mulhouse-Paris Charles de Gaulle. Des masses de gens se
croisent dans des espaces labyrinthiques faits de longs couloirs, d’escalators,
de lieux d’enregistrements, de lieux d’attente et d’embarquement, de boutiques…
Des jeunes vêtus de tee-shirts orange aident les passagers perdus.
Vol
AIR-FRANCE Paris-San Francisco. Départ 10h15. Arrivée à destination à 12h30
(9heures de décalage horaire). L’avion manque de certaines commodités
(télévision individuelle). Entassement des passagers quasi immobilisés sur leur
siège pour plus d’une dizaine d’heures. Un de nos voisins est un Français
vivant aux Etats-Unis. Nous causons des richesses touristiques de la Californie. Passionné
d’histoire, il lit en anglais un bouquin sur les Croisades. Déjà s’éloigne la
terre de France, véritable patchwork vue d’avion. Plaisir du voyage.
Détachement par rapport à ses routines quotidiennes. Sentiment de liberté.
Une couche
nuageuse ne permet pas de voir le Groenland et les icebergs flottants dans
l’océan comme ce fut le cas lors de notre voyage l’année dernière. On aperçoit
à nouveau la terre au survol du Canada. Etendues désertiques. Quelques
turbulences qui font vibrer la carcasse volant à 10 000m d’altitude, à 1000 km à l’heure. Déjeuner
dans l’avion : salade de tagliatelles au saumon, brochette de tomate et
mozzarelle ; colin sauce curry au lait de coco, semoule aux raisins,
courgettes et tomates ; financier à la noisette, café, Cabernet Sauvignon La Baume 2003… Aéroport de San
Francisco. Le moment de l’atterrissage provoque toujours une émotion certaine.
Douane : le voyageur remplit un formulaire détaillé, on prend vos
empreintes digitales, on vous photographie, ça ne rigole pas… Récupération des
bagages. A la sortie, nous trouvons sans mal le bus SAMTRAMS qui nous amène à
Palo-Alto, lieu de résidence de notre fils Herbert. Sensation de chaleur
étouffante en débarquant de l’autocar. Difficulté à trouver un téléphone pour
avertir HK (mister Herby) de notre arrivée : nous le retrouvons après son
travail, heureux de voir ses parents.
Bonheur largement partagé.
Mercredi 31.
8.
Réveil dans
l’appartement de HK. Petit déjeuner avec le cher fils.
Palo-Alto
est une ville plutôt résidentielle, située sur la baie de San Francisco, entre
San Francisco et San José, les deux pôles de la Silicon Valley.
Rues bordées d’arbres. Grandes demeures souvent en bois perdues dans une
végétation luxuriante, d’allure tropicale. Nombreuses « églises » aux
dénominations diverses ; cela va de la scientologie au catholicisme
d’obédience romaine : le Dieu américain admet toutes les voies du sacré.
Au loin, on voit les collines qui séparent la ville de la côte du Pacifique.
L’appartement est au cinquième étage d’une grande maison de style espagnol
appelée la Casa Real
(on retrouve dans toute la
Californie cette imprégnation hispanique). L’appartement est
spacieux et confortable. A noter la largeur remarquable du lit : quatre
personnes y dormiraient sans se déranger…
Première
sortie dans Palo-Alto dont nous retrouvons les lieux familiers. Nous allons en
quête d’informations touristiques à la Chambre de commerce et dans des agences de
voyage ; nous projetons cette année d’explorer la Californie en dehors de
la Baie de San
Francisco que nous avons sillonnée en long et en large l’automne dernier, de
Berkeley à San José.
Rue
centrale : University Avenue, nous y retrouvons les homeless (SDF) à leurs
places habituelles : étonnantes présences dans ce pays au plus haut niveau
de revenus du monde.
Recueil et
lecture de l’abondante « free press » (presse gratuite) qui contient
des informations intéressantes et nous permet l’indispensable bain
linguistique. Notre niveau d’english : correcte pour Lili, très moyen pour
Pierre ( qui peut se débrouiller dans la documentation écrite).
Déjeuner
dans un restaurant « asiatique ».Ils pullule dans la région et leurs
menus « light » nous conviennent parfaitement. Service efficace et
rapide. Ne pas oublier le pourboire (10 à 15%), presque le seul salaire des
serveurs. Prix abordables tant qu’on ne va pas dans les grands restaurants.
Deux remarques concernant les restaurants : on ne vous pousse pas à la
consommation ; on peut emmener les restes dans un sachet (doggy-bag :
sac pour chien). Nous prenons le shuttle (une navette gratuite) nous conduisant
à Stanford, une des plus prestigieuses universités américaines ( l’autre étant
Berkeley, visitée l’année dernière, haut lieu de la contestation dans les sixties)
. Palo-Alto est avant tout une ville universitaire. Le campus est
magnifique : une ville dans la ville, construite au milieu d’un immense
espace planté de palmiers, d’eucalyptus, royaume des écureuils et des oiseaux
aux couleurs bleues.
Centre d’information :
nous rejoignons une jeune étudiante qui nous fait visiter le cœur du campus.
Marchant à reculons, elle débite son speech en english sous le soleil accablant
de la Californie. Rencontre
d’un étudiant belge qui fait un stage à San Diego.
Bâtiments de
style espagnol. Magnifique église. Le campus comporte des musées, des cafés,
des bibliothèques, un bookstore (grande librairie) et évidemment les locaux
universitaires. Stanford est le lieu de naissance des nouvelles technologies,
des grosses entreprises informatiques, Hellwet-Packard, Google, Ebay…
L’université s’honore d’une vingtaine de prix Nobel. Y enseignent notamment les
Français Michel Serres et René Girard, philosophes contemporains des plus
réputés.
Nous nous
reposons dans le jardin des statues de Rodin devant le CANTOR CENTER,
un des plus
imposants musées californiens qui fait partie du campus. On peut y admirer
l’œuvre de Rodin, beaucoup de peintures européennes, de l’art américain
contemporain et des collections consacrées aux civilisations non- occidentales.
Retour au
centre-ville. Courses dans des grandes surfaces : Longs Drugs, Whole Food
(où l’on ne trouve que du bio).
Jeudi, 1er
septembre 2005
Utilisation
intensive des bus locaux (demi-tarif pour les seniors). Mountain View (une ville
voisine de Palo-Alto : à vrai dire il est difficile de distinguer les
« villes », un unique tissu urbain de plusieurs millions d’habitants
entourant la baie de San Francisco). Passage chez un bouquiniste :
milliers de bouquins de toutes sortes,
systématiquement classés. Retour à Palo-Alto au nous entrons chez Borders,
librairie gigantesque : on peut y trouver tout le savoir et toute la
littérature universels… Étonnante présence des livres dans les villes californiennes.
Face à la librairie, un magasin de matériel informatique flambant neuf,
éclatant de couleurs, larges écrans, petites merveilles technologiques
sophistiquées… (« Le seul livre qu’il vous faut » dit une inscription
sur la vitrine) … on est bien au cœur de la Silicon Valley,
mais paradoxalement cette nouvelle culture n’a pas rejeté l’ancienne : la
galaxie Gutenberg cohabite massivement avec celle de Mac Luhan et de Bill
Gates.
Notations
diverses :
- mauvais
goût américain : le kitsch de nouveaux riches. Big is beautiful :
on aime le gros, y compris dans les
plats servis au restaurant.
-
omniprésence de la « clim » dans les magasins, les bus… ces derniers
sont des grands véhicules souvent vides… Règne de la grosse bagnole avec un
seul occupant… On est en plein dans la société de gaspillage. La conversion à
plus de tempérance sera difficile.
- société de
plus en plus bigarrée, de moins en moins « anglo-saxonne ». On parle
ici autant l’espagnol que l’américain. Tous les travaux de base sont faits par
les non-Anglo-saxons, Latinos, Amérindiens, Asiatiques, Noirs : douane,
police, taxis, poste, transport en communs, commerces, restauration, chantiers
de construction…
Ce matin,
départ de H : avec d’autres copains, il campera jusqu’à dimanche dans un
espace désertique où a lieu un Grand Festival d’art et de musique, sorte de
Woodstock sans caractère commercial. Il emmène un matériel impressionnant,
tente, habits, alimentation, boissons…
Vendredi, 2
septembre 2005
Nous allons
en bus à San Francisco (une cinquantaine de kilomètres de Palo-Alto). Nous
suivons le Camino Real, rue sans fin qui traverse toute la région (morceau
d’une ancienne route de 1000km qui joignait les « missions »
espagnoles sur la côte du Pacifique).
San
Francisco. Ville s’étendant sur des collines, quartiers traditionnels de
charmantes maisons victoriennes, centre- ville avec ses gratte-ciel. Le temps
est mitigé, le ciel souvent couvert et les coups de vent glaciaux. Il fait
frisquet à Frisco... Nous avançons dans des rues délabrées, sales, à la
population louche, déshéritée. Sentiment fréquent en allant d’une rue à l’autre
de
passer du
tiers monde à l’ultramodernisme. Chantiers singulièrement artisanaux :
tant par les méthodes de travail que par le rythme, on dirait que les ouvriers
improvisent sans peiner à la tâche ; et cependant ces travailleurs
débonnaires édifient des gratte-ciels, les réalisations architecturales les
plus audacieuses de la modernité… Nous arrivons au « Visitors Information
Center » en quête de renseignements pour nos futurs voyages. Nous flânons
à Chinatown, le quartier le plus folklorique de San Francisco à la
fréquentation touristique la plus dense. Inscriptions, décorum, parler chinois.
Le dépaysement est assuré. On n’est pas loin du quartier général de la
« beat generation », écrivains rebelles des années cinquante dont le
plus connu est Jack Kerouac et qui se retrouvaient dans la mythique librairie
CITY LIGHTS BOOKSTORE : Allen Ginsberg y lut il y a 50 ans son poème HOWL,
date marquante de la littérature américaine. Déjeuner dans l’un des
innombrables restaurants « chineese » : rice, noddles, soup,
tea…
Promenade près du MOMA (museum of modern art). Square
où des gens sont couchés sur la pelouse (une habitude américaine).
Retour à
Palo-Alto. Télévision (un poème, la télé US: toutes les 10 minutes la pub
interrompt les émissions) : terribles images de la dévastation de New
Orleans par le hurricane Katerina.
Saturday, 3
septembre 2005
Nous allons
à San José, ville de la Baie
plus grande que San Francisco, mais nettement moins intéressante. Nous prenons
le Caltrain, train reliant les deux villes. Billet à prendre à une machine
automatique dont il faut déchiffrer le système. Discussion avec un Noir
américain, chanteur, traducteur (il a fait des études à Moscou), allant au
Texas à partir de l’aéroport de San José. A San José, nous essayons de trouver
des informations pour nos futurs déplacements. Nous nous rendons à un Visitors
Center indiqué par le « Routard », hélas ! inexistant à
l’adresse indiquée (heureusement nous disposons d’une demi-douzaine de guides
pour nous en sortir… : la recherche est toujours instructive, même si elle
n’aboutit pas). Dans la rue centrale plantée de palmiers, immense fête des
rues : suite de stands où s’étale une accumulation de produits souvent de
mauvais goût, habits, tableaux, bijoux, points de vente de quoi se restaurer,
ateliers de créativité pour les enfants, stands de propagande des partis
politiques et des églises et par-dessus tout la musique d’un jazz band style
1930. Forte chaleur. Avions survolant la ville à basse altitude : on
dirait qu’ils rasent les buildings. On est samedi, la foule est nombreuse,
relax, les Américains abordent un long week-end de 3 jours car lundi c’est
Labor Day (fête du travail). Nous retournons à Palo-Alto en bus. Nous allons
faire un tour au Shopping Center de Stanford, un secteur commercial en bordure
du Campus universitaire. Alors que la fête des rues de San José était plutôt de
caractère populaire, ici à Stanford règne le style BCBG. La foule est aussi
nombreuse, guère différente par l’apparence (accoutrement assez uniforme des
Américains, tee-shirts, jeans, chaussures de sport… on n’attache guère
d’importance à l’élégance vestimentaire) ; mais les boutiques qui se succèdent
dans des rues ornées de fleurs affichent le bourgeoisisme. C’est un régal de
contempler les passants en buvant un café à une terrasse.
Courses au
Whole Food.
À noter que
dans les grandes surfaces, à chaque caisse, une personne s’occupe de mettre vos
achats dans un plastique ou un sac en papier, à votre choix.
À la télé,
toujours Katrina Hurricane.
Lecture de
la documentation et des guides pour s’en sortir dans le labyrinthique monde
américain. Lecture aussi des auteurs américains (en bilingue pour PK) : Emily Dickinson , Sylvia Plath, Faulkner, Poésie américaine
du XXs °… Ils ne sont pas idiots, les Américains, ils font aussi de très bons
bouquins… Ils produisent des génies rebelles, critiques de « l’American
way of life ». Pensons à Henry Miller, Kerouac, James Dean, Marlon Brando…
Sunday,
4.9.2005
Quittons
Forest Avenue assez tard dans la matinée. Marche dans Palo Alto, Emerson
street, Alma street, par une belle journée dominicale. Magasin ANTHROPOLOGIE où
l’on vend des marchandises de bon goût pour l’habillement, la décoration de la
maison. University avenue : nous nous restaurons d’un plat de salade mixte
et de café.
Bus VTA 22
jusqu’à California Avenue (c’est toujours à Palo Alto).
Bouquiniste :
étonnante caverne d’Ali Baba bourrée de livres. Achat d’un Rimbaud bilingue
(œuvre complète, une sélection de lettres du génial voyou –voyant de
Charleville). Grande surface : achat d’une passoire à salade, d’une bouteille
de whisky (pour le moral des voyageurs). Le soir, retour de HK de son camping,
fatigué, mais content. On débarrasse la voiture de son barda poussiéreux.
Lundi, 5. 6.
2005
Troisième
jour du long week-end de LABOR DAY (fête du travail). Promenade à Menlo Park,
ville voisine de Palo Alto (difficile à vrai dire de distinguer les
« villes » » dans la continuité urbaine qui entoure toute la
baie de San Francisco). Zone résidentielle : suite de belles baraques
entourées de verdure, taudis pour friqués .
Nouvelle
incursion chez un bouquiniste. Etonnante, cette passion des Américains pour les
livres. On se perd dans des lieux dédaléens débordant d’ouvrages usagés,
classés selon les matières et où se rencontrent tout le savoir et toute la
littérature (y compris des auteurs français en langue originale). Achats de
Baudelaire et Rilke bilingues. Lili trouve des livres en anglais et en espagnol
sur les légendes … Restaurant proche hanté par une faune plutôt intello (on
n’est pas loin du centre de recherche de Stanford). Bière, sandwich. Le soir,
HK nous emmène au cinéma, gigantesque multiplex
à Mountain View. Film de Fernando Meireilles : the constant
gardener, d’après un roman de John Le Carré, une histoire se déroulant dans les
milieux des ONG en Afrique, splendides
images, intrigue assez facile à comprendre malgré la langue anglaise. A
remarquer que les spectateurs ne cessent de grignoter du pop corn durant toute
la séance, ce qui est plutôt énervant. Dîner dans un restaurant grec :
greek salad.
Mardi, 6. 9.
2005
HK reprend
son travail après un long week-end. Nous retournons en bus à San José,
cherchons en vain un bureau de tourisme indiqué dans le « Routard
« (il ne doit pas vérifier toutes ses informations). Au centre- ville,
repas exotique : sorte de crêpes
enveloppant viande et salade.
Nous nous
rendons à la Chamber of
commerce toujours en quête de renseignements pour notre projet de voyage à Los
Angeles et Yosemite. On nous envoie à un autre bureau d’information situé près
de l’hôtel Hilton dans l’immense ensemble architectural CONVENTION CENTER, vastes couloirs vides,
grands escaliers, lifts, nombreuses salles pour des congrès : impression
de dimensions colossales et de froideur. On trouve le bureau dans un coin des
bâtiments. Bon accueil (comme quasi partout). Deux dames consacrent un temps
énorme à satisfaire notre demande en téléphonant dans tous les sens, nous
mettant en communication avec des voyagistes parlant un peu french… Bonne
volonté évidente des gens qui restent étonnamment cool et disponibles là où des
Français auraient depuis longtemps perdu patience. L’Amérique est une machine
hypercomplexe où les individus essaient de se débrouiller et où l’initiative de
chacun joue un rôle essentiel. En fin de compte, on sort de là sans rien de
précis. Nous commençons à comprendre que l’organisation touristique américaine
ne ressemble guère à la française. Tout se fait par téléphone et internet et le
déplacement par voiture est toujours privilégié. Comment aider ces pauvres
Français qui refusent de louer une voiture et qui ont du mal à utiliser le
téléphone ?
Autre
visite : le centre des Greyhound, la compagnie d’autobus qui dessert tous
les USA. Propositions intéressantes pour Los Angeles et Yosemite.
Autre
« chose vue » à San José. Nombreux homeless (SDF). Kerouac, l’auteur
de ON THE ROAD (sur la route), parlait
de « clochards célestes ». Les vrais ne le sont guère : ce sont
des zombies couverts de crasse, traînant leur terrible ennui sous l’implacable
soleil de Californie, appartenant au cauchemar plutôt qu’au rêve américain.
Certains transportent toutes leurs maigres possessions avec eux dans un caddy
ou sur une bicyclette. Square près des musées où les bancs de l’allée centrale
sont occupés par de tristes spécimens hommes et femmes de cette sous-humanité. Êtres faisant partie de l’internationale de la misère, faces avinées,
saleté, habillement loqueteux, air « hors du monde », lie de l’humanité que l’on retrouve sous
toutes les latitudes. Nous traversons
pas très rassurés cette « cour des miracles » qui contraste avec la
parfaite lumière, l’éclat triomphal de l’été, les palmiers, les édifices aux
façades étincelantes, l’agitation des rues proches où se poursuivent
imperturbables le business, la hâte des gens d’affaires bien cravatés et bien
astiqués , le trafic, la fièvre ininterrompue de la grande agglomération
(San José compte plus d’un million d’habitants).
Le soir, HK
nous montre un choix de ses photos sur grand écran, en particulier les
dernières prises à Los Angeles. Il a l’œil du photographe : sens des couleurs, des angles de vue, des sujets
typiques.
Mercredi 7.
9. 2005
Avec le
CALTRAIN, nous allons jusqu’à Hillsdale, ville entre Palo Alto et San
Francisco. Vent frais. Immense Shopping Center (les shopping center sont le
vrai cœur de la vie américaine et comprennent, à côté des grandes surfaces de
vente, d’énormes parkings). Centre commercial groupant plusieurs grands
magasins, MACY’S, OLD NAVY, etc. Achat d’une veste pour LK et d’un survêtement
pour PK. Lieux spacieux, lumineux,
agréables. Un vrai plaisir de déambuler nonchalamment dans cette cathédrale
dédiée au négoce et à la dolce vita. Les boutiques luxueuses de mode, de
joaillerie alternent avec les pâtisseries, les boulangeries, les cafés, les
galeries d’art. Sur plusieurs étages on suit de larges couloirs plantés de
palmiers. « Là, tout n’est que luxe, calme et volupté » comme disait
Baudelaire. Même les « restrooms » (WC) sont pharaoniques. Nous nous restaurons dans
un grand espace voué aux nourritures terrestres, regroupant une multitude de
fast foods pour tous les goûts, cuisine italienne, asiatique,
latino-américaine. Après les nourritures terrestres, les nourritures
spirituelles. Visite de la grande
librairie BARNES AND NOBLE. A l’intérieur se trouve un café où nous buvons un
expresso (seul café buvable, les autres sont détestables). Achat d’un
dictionnaire franco-américain. On reste toujours étonné face à la variété et à
la qualité de l’édition américaine. Etonné aussi par les habitudes
locales : fauteuils et tables permettent aux clients de lire à volonté, de
prendre des notes. Ambiance très détendue : on consomme à son aise. Retour
à Palo Alto. Nous passons à la FARGO BANK.
Ambiance feutrée. Renseignements pour changer la masse de menue monnaie
accumulée par HK (une de ses manies… personne n’est parfait). Le soir, avec HK
examinons la possibilité d’un voyage organisé à Los Angeles en consultant
Internet, l’outil sacro-saint des Américains.
Jeudi, 8. 9.
2005
Journée à
San Francisco. GHIARDELLI SQUARE. Départ pour un « town tour », tour
de la ville en bus : quais, CHINATOWN, MARKET Avenue (artère centrale de
l’agglomération), CITY HALL, hauteurs environnantes d’où l’on jouit d’une vue
panoramique, GOLDEN GATE PARK (immense parc équivalent du CENTRAL PARK de New
York), maisons victoriennes, GOLDEN GATE BRIDGE (la vue la plus célèbre de San
Francisco)… Durant le tour, discussion en allemand avec une Flamande séjournant
depuis des années aux États-Unis ( traitant l’Amérique de grand
« Kindergarten ») et avec un
jeune homme de Nuremberg.
Image
surprenante : une procession de nonnes portant la statue de la Vierge évolue sur un
trottoir (le 8 sept est fête de la nativité de Marie). C’est aussi ça
l’Amérique , les contrastes les plus inattendus, l’image de la piété la
plus traditionnelle cohabitant avec le spectacle de la vie la plus moderne, la
publicité la plus tapageuse, l’architecture la plus avant-gardiste… Retour à
Palo Alto en CALTRAIN.
Impression
globale. Tout ici est immense, chaotique, non fini, souvent débraillé, voire
sale (train, bus, certaines rues). Sorte d’énorme chantier où la « high
tech » voisine avec d’étranges archaïsmes tiers-mondistes (le réseau
électrique).
Dans le
train du retour, une fillette chante une chansonnette sous le regard fier de
son père (rapport cool entre adultes et enfants) et tout le compartiment
applaudit (bienveillance générale de la population, sorte d’optimisme
« obligatoire » ).
HK revient
le soir avec des nouvelles encourageantes pour notre tour à Yosemite et Los
Angeles dont il s’est occupé dans la journée.
Il nous
montre des photos du long week-end de camping ; immense fête artistique et
musicale en plein désert rassemblant des milliers de jeunes. On y brûle
l’effigie d’un gigantesque bonhomme, d’où le nom de la fête : THE
BURNING MAN.
Ce qui spécifie la manifestation, c’est son caractère non-commercial. Les
échanges ne peuvent se faire que par troc. Quelque part les jeunes Américains
tentent d’échapper, ne serait-ce que pour un weekend, à la tyrannie du dieu
Dollar.
Vendredi ,9. 11. 2005
Cloudy morning, sunny afternoon.
Visite de
Redwood City, autre ville sur le trajet
Palo Alto -San Francisco.
Shopping
Center Sequoia Station, centre commercial de la localité. AUTRE LIBRAIRE barnes
noble. Plat chinois à midi (c’est devenu une habitude).
Masse
d’obèses parmi les populations non-blanches. Femmes mastodontes avec des
ribambelles d’enfants.
Le sucre et
la graisse corrompent doucement, mais sûrement, la nation américaine…
HK revient
en trombe de son travail avant d’aller à une invitation à San Francisco chez
des amis. Il nous annonce que le voyage à Los Angeles pourra bien démarrer
lundi 12 comme nous le souhaitions.
TV. Katarina
hurricane. Lectures : Sylvia Plath. Faulkner en bilingue (une rose pour
Emily). Poésie américaine.
Samedi, 10.
9. 2005
HK, invité
hier soir chez des amis rentre au milieu
de la nuit. Il fait la grasse matinée.
Déjeuner au
restaurant asiatique University Avenue. Vegetable, rice, water…
Choses vues.
Ados aux pantalons tombants. Nombreux conducteurs téléphonant, buvant (thé ou
café) au volant. Cela semble une tolérance ici.
Town
and country, un ensemble commercial sous
forme de village traditionnel. Nous y
buvons un café. Nous visitons un « flea market », un marché aux
puces assez ressemblant à ce qui se pratique en France. Quelques
collectionneurs maniaques (par exemple de livres de cuisines).Repos dans un
parc proche de l’appartement d’HK. Petite église catholique (St Thomas) :
on y voit entrer un mariage, des demoiselles d’honneur en orange foncé entourent
la mariée en blanc.
l. prend des
photos avec l’appareil numérique que nous a transmis HK lors de son dernier
séjour en Alsace en juillet.
L.
émerveillée par les écureuils qu’on rencontre partout sur le campus de Stanford
ou dans les rues bordées d’arbres de Palo Alto (ville très verdoyante).
H invité le
soir chez des collègues d’EBAY (ce garçon a une vie « mondaine »
très intense…).
Histoire de
veste. En vue du camping BURNING MAN, HK s’est acheté (5£) en solde une veste
militaire noire galonnée de rouge. Elle est revenue de l’expédition remplie de
poussière et nécessite un passage au pressing.
Dimanche,
11. 9. 2005
Téléphonons
à Jeannine et à Raymond en France.
Avec HK,
nous allons au « festival of art and wine » de Mountain View.
Soleil qui tape dur. H rencontre un
collègue de EBAY.
Déjeuner
dans un restaurant de CASTRO STREET. HK achète un bonzaï.
Foule
compacte autour des stands, longue file de tentes occupant la rue centrale de
la ville.
Au retour à
Palo Alto, lavage de la voiture décapotable du jeune homme. Opération
spectaculaire où s’affairent toute une armée d’agents vêtus de bleu, en général
des « coloureds », fourmis des deux sexes briquant fébrilement des
véhicules de toutes sortes, de la grosse voiture familiale au quatre-quatre. Et
toute cette activité intense (y compris celle des grandes surfaces ouvertes
comme aux jours ouvrables) se déroule un dimanche après midi : ça ne
dérange pas le Dieu américain. GOD BLESSES AMERICA…
Remarque sur
la conduite généralement cool. Les
amendes sont lourdes. Brûler un feu rouge (red light violation) coûte 281£.
Passons par
une grande surface de matériel électronique. A donner le vertige. Achat d’une
«mémoire » pour l’appareil photo numérique. Nous pouvons prendre
maintenant 1057 photos.
Le soir, HK
part pour une invitation à dîner. Avant il fait son footing vers Stanford, puis
prend sa douche.
TV: 11 September, STOP THE TERRORISM.
Lundi, 12.
9. 2005
Quittons
Palo Alto pour le “voyage organise” à San Francisco. Arrivons au lieu du
rendez-vous, hôtel Hilton, vers midi. Installation dans cette gigantesque usine
à dormir. L’après-midi, nous nous rendons en bus à l’ « Aquarium of
the bay » que nous visitons. Très intéressant. Plongeurs évoluant parmi
les poissons. Coffee sur le Fisherman’s wharf, quai 39. Vent frais
(comme souvent à San Francisco). Sea lions (phoques) qui beuglent sinistrement
près des docks. Foule de touristes dans ces parages où l’on déguste, contemple
des spectacles de rue (avaleur de feu). Au loin on aperçoit l’île d’Alcatraz
avec sa célèbre prison désaffectée que nous avons visitée l’an dernier.
Retour à
l’hôtel. Nous tentons de nous informer sur la suite du voyage. Organisation
apparemment flottante. Nous avons du mal à savoir ce qui se passera demain.
Nous sommes plutôt déconcertés (malgré les louables efforts du bureau de
renseignements de l’hôtel…). Pour le dîner, on nous dit de choisir entre trois
restaurants en ville (nous avons un ticket de réservation) , restaurants que
nous devons trouver nous-mêmes dans la complexe agglomération. Tâche quasi
infaisable si nous ne connaissions déjà les arcanes de la ville. Arrivons au
premier restaurant réservé GHRARDELLI SQUARE et le trouvons fermé ! Notre
exaspération croît.
Nous nous
rendons au second, restaurant italien près de Washington Square. Nous dînons
(non sans devoir parlementer pour nous faire servir un repas complet dessert
inclus…) A la sortie, la nuit est tombée sur la ville, l’air est glacé…
Rentrons en bus à l’hôtel : le San Francisco nocturne n’est pas très
rassurant. L’éclairage n’est pas très intense (comme dans toutes les villes).
Ambiance étrange.
Chambre au
15 ème étage. On entend la rumeur de la ville et le bruit de la climatisation.
Nous dormons mal.
Première
journée plutôt inattendue du soi-disant voyage organisé où, loin de se confier
passivement à une organisation, il faut faire montre d’initiative personnelle
pour s’en sortir. Rien à voir avec un voyage organisé à la mode de chez nous…
Disons c’est plutôt un voyage organisé où tout est réservé d’avance sur
internet et où le client doit se débrouiller pour passer d’une prestation à
l’autre : l’initiative est reine au pays de l’oncle SAM.
Mardi, 13.
9. 05
Café rapide
dans la chambre du Hilton (il y a de quoi se préparer un coffee ou un thé dans
les hôtels américains). Nous nous rendons à la sortie de l’hôtel où a lieu le
rendez-vous pour l’excursion à Yosemite. Vers 8h, départ en bus. Celui-ci part
même s’il manque quelqu’un…
Ciel gris,
sombre. Nous passons par OAKLAND. Bretelles d’autoroutes qui s’entrecroisent.
Paysage urbain peu enchanteur. Nous roulons vers l’intérieur de la Californie. Collines
dénudées avec des vaches brunes. Autoroutes saturées. Immenses bouchons. Des centaines d’éoliennes sur les hauteurs.
Lentement à mesure qu’on pénètre dans le pays, le soleil revient. Plaine.
Platitude monotone avec partout les mêmes rubans d’autoroutes, les mêmes
agglomérations, les mêmes zones commerciales.
Des
kilomètres de cultures et de plantations d’arbres fruitiers. Arrêt dans un
point de vente au bord de la route. Achat de quoi se sustenter (sandwichs,
fruits, eau). Collines plus verdoyantes. Nous roulons sur une route de montagne
aux nombreux virages. On s’engage dans le massif de la Sierra Nevada et on arrive au
Yosemite Park, un des plus beaux parcs naturels des Etats-Unis.
Magnifique
falaise face à laquelle s’arrêtent tous les bus de touristes qui déversent
leurs flots de tartarins armés d’appareils photo dernier cri… Dans la foule,
des « frenchies »parlant haut tout fiers d’être aux States.
Plus loin,
promenade à pieds jusqu’à un « waterfall » (cascade, hélas ! à
sec). Forêt de séquoias. Troncs cyclopéens. Ecureuils pas du tout sauvages
s’approchant des visiteurs et venant manger dans leurs mains. Tout est d’une
beauté à couper le souffle et il faudrait plusieurs jours pour explorer ces
espaces illimités (nous resterons que quelques heures). Déjà nous rebroussons
chemin et roulons à nouveau vers le Pacifique.
Longue route
face au soleil du soir. Lumière orange. Coucher du soleil brusque,
assombrissant d’un moment à l’autre la région. Eoliennes tournant
frénétiquement au sommet des collines sur fond de ciel crépusculaire. Flots de
voitures phares allumés. L’ambiance est hallucinante. On se sent vraiment loin
de notre petite Europe. Nous revenons dans l’immense zone urbaine de la Baie de San Francisco.
Enseignes lumineuses à foison, phares. On se déplace dans une sorte de chaos
nocturne.
Le bus
dépose les clients d’hôtel en hôtel. La virée trop rapide à Yosemite a été
épuisante.
Nous passons
une bonne seconde nuit à l’hôtel Hilton (la climatisation nous a moins
dérangés). Nous commençons à comprendre que le voyage soi-disant organisé est
une suite de prestations séparées et qu’il nous incombe à nous de faire le lien
de l’une à l’autre…
Mercredi,
14. 9. 2005
Départ
encore inattendu. Si l’on ne se remue pas le bus partirait sans nous(malgré les
discussions de LK avec le soi-disant organisateur du départ).
Un mini- bus
nous prend en charge pour le voyage à Los Angeles, le long de la côte du
Pacifique. Nappes de brouillard sur les hauteurs verdoyantes. Forêts
d’eucalyptus.
Arrêt à
Salinas. Visite du musée John Steinbeck
(natif du lieu). Présentation intéressante, très pédagogique, de la vie
et de l’œuvre de l’auteur des raisins de la colère. Présentation
des films tirés de son œuvre, classiques du cinéma qui ont rendu célèbres James
Dean et Henry Fonda. Lunch copieux dans un restaurant de la ville.
Reprise du
bus « PARLOR CAR TOUR ». Arrêt à Monterey sur la côte. Station
balnéaire chic. Autres arrêts à PACIFIQUE GROVE (promenade le long de l‘océan),
à PEEBLE BEACH, autre station chic, à CARMEL (boutiques sans fin : ça sent
le bourgeoisisme à pleins tubes, on est loin, très loin de la désolation des
banlieues), ville dont Clint Eastwood fut un certain temps le maire.
Arrivée à
l’hôtel HYATT à MONTEREY, plutôt luxueux. Chambre spacieuse. Dîner somptueux
dans le restaurant de grand style de l’hôtel.. Journée agréable. On se retrouve
avec un petit groupe parlant tous anglais et venant d’Australie, du Canada,
d’Irlande, de Nouvelle Zélande et d’autres Etats US. Tous semblent très aisés
et passent 5 à 6 semaines hors de chez eux à voyager aux Etats-Unis et en
Europe.
Jeudi, 15.
9. 2005
Quittons
l’hôtel HYATT à MONTEREY. Arrêts « photos » sur la côte, splendide
(le mot est faible) de sauvagerie et d’immensité.
On file sur la HiGhway number one,
route côtière parfois vertigineuse traversant des paysages montagneux et
forestiers grandioses. Et toujours à
nouveau l’infinité maritime dans la lumière de Californie.
Arrêt à BIG
SUR PFEIFFER, station forestière (non loin des lieux de solitude que hanta
Henry Miller, l’auteur libertaire qui scandalisa l’Amérique des années trente,
père des futurs hippies). On se restaure de tea and muffins. Autre arrêt sur la côte : un oiseau
vient manger dans la main du chauffeur (originaire de l’Inde, il a travaillé
pour Nouvelles Frontières et parle 3 mots de français).
Eau vert
émeraude de l’océan. Rochers peuplés d’oiseaux. Algues comme de longues
chevelures noires sous la surface liquide.
Visite de
HEARST CASTLE, château construit par un milliardaire (qui a inspiré le
personnage de CITIZEN KANE d’Orson WELLES).
Ensemble
architectural vraiment surréaliste où se rencontrent les styles les plus
hétéroclites, le gréco-romain, la cathédrale européenne, la salle à manger
médiévale, la statuaire néo-classique… En un mot : chef d’œuvre du mauvais
goût qui attire des armées de touristes dûment encadrés par une organisation
implacable. Du jamais vu.
Poursuite de
la route vers Los Angeles. Arrêt à MADONNA INN pour visiter les
« restrooms » WC fantastiquement décorés.
Repas du
soir à SOLVANG, ville « danoise », avec ses moulins, son style
scandinave.
Nous
mangeons des « wienerschnitzel » et buvons de la Carlsberg. Passons
par SANTA BARBARA, faisons quelques pas sur la plage. Magnifique lune derrière
les palmiers. La nuit tombe. On roule longuement sur une autoroute saturée. On
approche de l’énorme agglomération de Los Angeles. Chaos de lumières et de
ténèbres. On se sent tout petit au fond du bus qui soudain s’arrête devant un
hôtel : le chauffeur débarque les deux « frenchies ». On est
paraît-il arrivé à Hollywood devant l’hôtel où une chambre nous est réservée.
Il fait nuit, nous quittons brusquement le groupe du minibus qui poursuit sa
route vers d’autres hôtels. Nous sommes ébahis. Nous ne nous attendions pas à
cela. Rassemblant notre courage, nous allons voir le réceptionniste. Nous nous
informons pour demain matin car en principe nous faisons le tour de Los Angeles
en bus. Installation à HOLIDAY INN. Fin
de la prestation « tour de San Francisco à Los Angeles » et
commencement du dernier chapitre de nos réservations.
Vendredi,
16. 9. 2005
Réveil à
l’hôtel à Hollywood. On y est au pays du grand rêve, au pays des superstars…
Quand on regarde par la fenêtre, on voit un boulevard américain comme un autre
avec l’ordinaire trafic. Rien de particulièrement hollywoodien : Hollywood
n’est d’ailleurs qu’un quartier parmi d’autres de la monstrueuse agglomération
de Los Angeles. Nous nous rendons dans le hall d’accueil. Brève discussion avec
une Allemande de la Forêt Noire.
Nous téléphonons à HK inquiet de ce que nous devenons dans notre aventureux
voyage (le portatif qu’il nous donné semble en panne alors qu’il fonctionnait
très bien à San Francisco). Un mini-bus nous cherche à l’hôtel et nous conduit
à l’Office STARLINE. Nous avons un bon pour des tours à Los Angeles mais il
faut les échanger contre de vrais titres de transport. Là encore nous avons dû
demander pour comprendre ce qu’il fallait faire et munis des billets nous
renseigner pour savoir quel bus prendre. Enfin dûment informés nous rejoignons
des cohortes de touristes qui s’engouffrent dans des bus pour diverses visites
de la ville. Nous faisons un grand tour de Los Angeles : Hollywood BOWL
(grand amphithéâtre de 18000 places où nous assistons à la répétition d’un
orchestre symphonique).
Restaurant
Thaï pour le déjeuner. Écriture en série et envoi de cartes postales. Visite du
FARMERS MARKET, grouillant labyrinthe d’échoppes et de restaurants sur lequel
s’abattent les nuées de touristes. HOLLYWOOD BOULEVARD : manifestation en
l’honneur de Johnny DEPP pour la sortie de son dernier film. Foule compacte,
forêt de bras brandissant des appareils photos, des caméras. Sur les trottoirs
on marche le long du « walk of fame »(le chemin de gloire), mosaïques
en étoiles incrustées dans le sol et célébrant les noms légendaires du cinéma.
Biscailuz Building : marché « latinos » (on sent la présence
mexicaine à Los Angeles). Traversée de quartiers très chics, boulevards bordés
de palmiers, magasins de luxe : Los Angeles est aussi une ville lumineuse,
plus méridionale que San Francisco. Music Center, Chinatown. On roule, on
roule, démentiel chaos urbain traversé d’autoroutes, sans véritable centre.
C’est vaste, c’est beau, d’une beauté hypermoderne, éclatée, sans commune
mesure avec la beauté concentrée, riche de siècles, des métropoles européennes.
Après le
GRAND TOUR, nous faisons le tour « Stars homes » avec un autre
bus : on sillonne les collines de Hollywood où se cachent les villas des
vedettes, Jodie Foster, Nicolas Cage, Stallone, Michael Douglas, Madonna,
Richard Gere et bien d’autres de naguère et d’aujourd’hui… Dans le bus de vrais
fans des idoles, s’informant sur tous
les détails de leur vie.
Splendides
vues panoramiques sur Los Angeles. Circuler dans ces lieux mythiques a pour
effet de les dépouiller de leur aura légendaire. L’expression SUNSET BOULEVARD
si chargée de poésie ne sera désormais
que le nom d’un banal boulevard orienté, il est vrai, dans l’axe du soleil
couchant.
Le soir de
ce « jour le plus long » déjà arrive. On nous ramène à l’hôtel, la
tête farcie d’une multitude d’images : trop brève visite de la cité des
Anges qu’il faudra sans doute un jour compléter (si la Providence nous ramène
sous cette latitude).
Samedi, 17.
9. 2005
Notre
semaine de prestations réservées va s’achever. Nous quittons l’hôtel HOLYDAY
INN. Un membre du personnel nous salue au départ avec un « vive De Gaulle,
vive la France »
et les premières notes de la
Marseillaise (un exemple de l’humour américain, de la
propension à tout prendre avec une certaine allégresse…). Un taxi nous conduit
à la gare de Los Angeles (notre tour comprenait aussi cette prestation :
le voyage du retour en train).
La gare
UNION STATION : non, ce n’est pas une gare, c’est un palais dans le style
hispanique. Rarement vu une gare aussi belle.
Hall
d’attente démesuré avec de profonds fauteuils de cuir, des décorations de
mosaïque, des jardins latéraux. On a le
loisir d’observer les voyageurs. On note le peu d’importance que les Américains
accordent à leur tenue : l’élégance vestimentaire n’est pas leur fort.
Indifférence au paraître : on voit des obèses aussi bien hommes que femmes
portant des shorts trop serrés, casquettes et tee-shirts, à l’aise dans leur
peau rose, noire, cuivrée de pachydermes. D’ailleurs à part les étrangers
personne ne les regarde. Etre correct et propre, cela suffit. Passe un SDF, il
fouille les poubelles et vide les gobelets jetés non vidés…
Un petit
véhicule nous emmène sur le quai. Il était temps : nous avons demandé plusieurs fois où nous
rendre, mais le quai n’est indiqué qu’à la dernière minute ; si on ne
connaît pas l’agencement de la gare, on risque de rater son train… Nous nous
installons dans l’AMSTRAK Coast-Starlight qui suit la côte du Pacifique
jusqu’au Canada. L’AMSTRAK est le train des grandes lignes traversant tous les
Etats-Unis. Le train « Coast-Starlight » comporte deux étages. Spacieux, confortable. Sièges larges qui
permettent de s’allonger de toute sa longueur. Distribution d’oreillers sous
plastique. Train touristique roulant à petite vitesse. Nous allons y passer 12
heures pour rejoindre San José. Toute une vie s’organise à bord. On y boit, on
y dort, on joue, on regarde la télé, on contemple le paysage dans des
compartiments aménagés de larges baies vitrées
et des sièges faisant face au panorama qui défile à l’extérieur :
vagues de l’océan parfois toutes proches, plages aux surfeurs, plateformes
pétrolières au large, rivages où s’alignent à l’infini des mobilhomes, zones de
villégiature avec des piscines bleues, plaines cultivées, vignes à perte de
vue… Le train traverse des régions montagneuses à très faible allure. Tunnels.
Longs arrêts. La nuit tombe. Le voyage se fait long. Une famille installée
devant nous, suréquipée en matériel audiovisuel, regarde un film sur
l’ordinateur portatif. On annonce 2 heures de retard suite à un accident
survenu sur la voie. Comment prévenir HK qui nous attend à San José ?
Notre téléphone ne fonctionne pas. LK parle du problème à la chef du train qui
nous prête son portatif et s’en va après nous avoir composé le numéro. Mais
impossible d’avoir la communication. Un passager qui avait entendu notre souci
vient à notre aide. Il prend son propre portable et appelle HK. Celui-ci ne
répond pas, nous sommes en montagne. Après plusieurs essais la communication
est établie. HK a d’autres engagements et ne pourra nous attendre à l’heure
d’arrivée annoncée. Gare de San José 23 h. Plus de train pour Palo Alto.
Difficultés pour avoir un taxi. LK contacte la guichetière de la gare, celle-ci
à plusieurs reprises essaie d’avoir un taxi. En voilà un au bout d’un bon quart
d’heure... le chauffeur d’origine hindoue se débrouille pas mal pour nous
conduire à Forest Avenue à Palo Alto. Nous retrouvons avec plaisir et
soulagement notre « chez nous » américain après ces journées
extrêmement riches d’expériences : rien ne vaut une telle plongée pour
commencer à comprendre plus en profondeur « the american way of life »
avec ses paradoxes parfois difficiles à saisir par des esprits cartésiens de
France.
Dimanche,
18. 9. 2005
Réveil à
Forest Avenue. HK, rentré au milieu de la nuit, fait la grasse matinée. Petit
déjeuner avec le jeune homme soulagé de retrouver ses parents sains et saufs.
Nous lui faisons le récit de nos aventures picaresques.
Sortie à
Mountain View. Marché bien fourni. PHO HOA restaurant (asiatique) Castro
Street. Bouquiniste : achat d’une bible en anglais, Holly scriptures
(3£55).
Palo Alto Californian Avenue : fête juive. Multitude de stands où l’on vend des
objets de meilleure qualité que dans les autres fêtes populaires. Nombreux
stands consacrés aux associations juives très actives dans la région et aussi
dans les universités. Encore un bouquiniste : Lili habla espagnol avec une
Portoricaine qui admire la
France au point de vouloir s’identifier à une Française.
Courses au
WHOLE FOODS, fonctionnant le dimanche presque comme les autres jours. Retour à
l’appartement. HK est parti retrouver ses amis (jeunes Français ou expatriés
travaillant en entreprises ou dans les universités de la Californie ;
quelques- uns officient à Berkeley près de San Francisco).
Monday, 19.
9. 2005
Forest
Avenue. Photos au jardin qui jouxte la Casa
Real, la maison de style hispanique où habite HK. Piscine,
mosaïques espagnoles, barbecues…
Photos aussi à la gare du CALTRAIN qui sera
entièrement rénovée. Promenade à HILLSDALE et son remarquable shopping center,
un morceau de paradis américain qu’on peut aussi voir comme « cauchemar
climatisé » selon l’expression de l’ermite de BIG SUR, Henry Miller :
monde trop parfait, trop protégé, trop normalisé.
Voici des
jours que nous cavalons sous le soleil
de Californie : c’est excellent pour la santé. Nous nous sentons en bonne
forme physique… et tant qu’il reste des
billets verts dans la poche, la vie sera belle, insouciante, débarrassée pour
un temps, le temps du voyage, de la pesanteur des routines quotidiennes.
Achat d’un
cadeau pour le petit-fils de Josiane (salopette + un haut), d’une veste jean et
de tee-shirts pour Lady LK qui retrouve sa taille de jeune fille.
Retour à la
Casa Real. Salle du billard et du piano
(sur lequel PK, K comme kacophonie, improvise quelques minutes).
Remarque :
durant notre séjour, nous n’avons vu quasi aucune scène de violence, aucune
manifestation d’agressivité, nous n’avons entendu aucun chien aboyer… Relax…
cool… sont les maîtres- mots ici. Amabilité, correction des gens, quels qu’ils
soient. Derrière sa façade souriante, décontractée, cette société
refoule-t-elle ses démons ? D’où son cinéma, sa littérature hantés de
forces destructrices ?
Tuesday, 20.
9. 2005
San Francisco. Ciel gris, vent froid, autumn weather…
Haight
street. Magasin de tissus bien pourvu où l’on trouve de la matière première
pour des travaux de patchwork. Promenade au Golden Gate Park, le grand parc de
la ville, gigantesque rectangle de verdure de 5 km de long et d’un km de
large qui s’étend du cœur de l’agglomération jusqu’à l’océan et comprend des
courts de tennis, des jardins exotiques, une immense serre aux fleurs(
conservatory of flowers), des musées (dont le plus important endommagé lors
du tremblement de terre de 1989 est en
reconstruction :la terre californienne est constamment menacée de
puissants séismes dont plusieurs ont été très ravageurs). Nous visitons le TEA
GARDEN (jardin japonais)
Où se
succèdent à différents niveaux des pagodes, des bassins à carpes surmontés de
passerelles, des jardins aux bonsaïs fabuleux, et même une statue géante de
Bouddha : lieu idéal à mitrailler avec l’appareil photo.
Market
Street, l’artère centrale. Magasins de vêtements : achat d’un pull for Peter K. Librairie de livres neufs soldés
(masse de bouquins for children et young adults…).
Tonnerre…
pluie de courte durée (la seule de notre voyage). Retour à Palo Alto.
Le soir, HK
nous montre sur grand écran les photos (prises de nuit) de son dernier week-end
à San Francisco.
Envoyons un
très très court e-mail aux amis de France pourvu d’une adresse électronique.
Remarque :
nous nous interrogeons sur la mort aux USA : nous n’avons en 2 ans vu
aucun enterrement, ni d’entreprise funéraire.
Wednesday ,
21. 9. 2005
Grisaille
matinale qui se lève peu à peu, laissant réapparaître le soleil (
fonctionnement météorologique caractéristique de la région dû à l’influence
océanique). BORDERS, grande libraire de l’University Avenue de Palo Alto. Achat
d’un Verlaine bilingue.
Restaurant
Thaï.
Avec le
shuttle Marguerite (navette gratuite qui permet de faire le tour du campus et
de s’arrêter où l’on désire) nous nous rendons au CANTOR CENTER. Là nous
visitons le musée d’art du campus. Exposition temporaire de posters politiques
du XXs (affiches communistes, nazies…). Coffee sur la terrasse du musée où de
nombreux visiteurs aisés consomment au soleil resplendissant.
Rentrons à
pieds downtown par PALM DRIVE la rue centrale du campus bordée de palmiers. LK
tente de prendre des photos d’oiseaux (le bel oiseau bleu qui joue la star en
ne cessant de bouger au lieu de poser sagement).
Dysfonctionnement
de l’elevator (une remarquable antiquité) de la
Casa Real. Nous prenons l’ascenseur de
service. TV : hurricane Rita.
Note en
marge. Pas mal de dingues en liberté : débiles soliloquant, personnes
pittoresques sorties des romans de Mark Twain. Une dame vêtue d’un seul grand
tee-shirt blanc, serré à la taille par un morceau de plastique, une main dans
un gant de plastique. Un gars à un arrêt du Shuttle déclamant violemment puis
se levant brusquement et disparaissant…
USA :
pays de l’uniformisation ? Peut-être moins qu’on l’imagine… La vie
quotidienne se présente comme dynamique, variée, souvent surprenante, une sorte
de permanent spectacle où l’on va de surprise en surprise.
Thursday, 22. 9. 2005
Shopping District of Menlo Park (ville voisine de Palo Alto). Belle rue marchande. Bouquiniste spécialisée dans les
livres de poche. Restaurant « chineese » dont le personnel est plutôt
« latinos » (avec même des problèmes de compréhension de l’anglais)
alors que le cuisinier est d’origine asiatique.
Poste. Achat
de timbres. Timbres à l’effigie de James Dean (50ème anniversaire de
sa mort sur une route de Californie). Encore un bouquiniste ; achats
de :Kerouac (on the road), Emily Brontë, Michaux (en bilingue)…
Two great problems of the future of USA :
1) les
“white people” vont perdre la main
2) la crise
énergétique inéluctable dans les prochaines années.
Autisme
américain. Pays-monde qui semble ignorer le reste du monde. La télé par exemple
ne fait guère allusion à ce qui se passe en - dehors des Etats-Unis.
L’Amérique ne regarde que l’Amérique et croit que c’est le monde. D’où sans
doute son aveuglement en ce qui concerne les autres cultures (grosses
maladresses lors de l’intervention en Irak).
Manie du
portable. Gens montant dans le bus le portable coincé entre la tête et l’épaule
pendant qu’ils s’occupent à payer.
Bikes
(bicyclettes) accrochées sur le devant le bus.
Chez les
femmes, le port du pantalon est nettement majoritaire par rapport à la jupe.
Friday, 23.
9. 2005
Dernier tour
dans la Cité de
Saint-François. On s’y déplace en bus dans l’intense trafic où l’on croise les
taxis jaunes, les longues limousines noires ou blanches aux vitres fumées, les
cable-cars grimpant les rues en pente abrupte ( le réseau des rues de
San-Francisco est un vrai gymkhana comprenant d’impressionnantes montagnes
russes, aspect de la ville que le cinéma
a grandement popularisé).
Visite du LEGION OF HOUSE MUSEUM. Edifice pompeux imitant celui de la Légion d’honneur à Paris
(d’où son nom). On se trouve sur des hauteurs surplombant le Pacifique assez
loin du cœur de la ville. Le musée contient de la peinture européenne (de Fra
Angelico à Picasso en passant par Cranach, Rembrandt, Watteau, Goya, Corot,
Courbet, Monet, etc). Remarquable salle consacrée à Rodin et Camille Claudel.
Retour au
Centre-ville. Union square : place centrale en gradins, entouré de grands
magasins. Le soir plonge les rues dans une ombre peu amène. Librairie :
derniers achats de cadeaux…
Retour à
Palo Alto. Nous allons dîner avec HK dans une rue proche. On nous installe dans
un « garden » chauffé. Lamb, polenta, vegetable, beer… HK prend de la
bière à la framboise. Ce restaurant est magnifique, le service de grande classe
et le repas est tout simplement exquis.
Saturday ,
27. 9. 2005
Toujours un
parfait beau temps, toujours la magnifique luminosité californienne. Grande
promenade dans Palo Alto, vraie ville-jardin, rues plantées d’arbres, villas
perdues dans la foisonnante végétation. Embarcadero… Middle field…Avenue
Lytton, rues que nous n’avions pas tellement fréquentées jusqu’à présent.
Restaurant asiatique. Plat (riz, crevettes, poisson, cacahuètes, ananas…) dans
un demi-ananas évidé. Excellent dernier repas à l’extérieur.
Shopping Center de Stanford. Coffee, tea, et le spectacle permanent des
rues ombragées, de la foule déambulant détendue, bigarrée, mélange des ethnies,
mélange des âges, ados athlétiques, pères et mères de famille plutôt
bienveillants avec leur progéniture, vieux et vieilles typiquement américains,
fidèles à leur image puritaine, dignes descendants de Washington, de Franklin,
de Lincoln, grandes figures de la nation à la bannière étoilée. Boutiques et
grandes surfaces de style. C’est le rendez-vous des bo-bos… Le côté ultra-
civilisé des USA. Même les chiens sont plus civilisés qu’en Europe ; on
n’entend jamais un aboiement.
Au
centre-ville, LK prend les dernières photos des magasins (en particulier des
pharmacies qui ont des airs d’épiceries…)
Le
soir : préparation des valises, toilette…en vue du voyage de retour.
Sunday, 25.
9. 2005
Nous
quittons Palo Alto (où nous ne reviendrons peut-être pas, notre fils ayant des
velléités de déménagement à San Francisco où se passe en grande partie sa vie
de loisirs). HK nous conduit à l’aéroport. Tristesse de quitter ce bon garçon
(que nous reverrons en Alsace pour les fêtes de fin d’années).
Formalités
d’embarquement : ça semble plus simple ici qu’à Roissy Charles de Gaulle.
Départ de
San Francisco à 16h15 (heure locale).
Vol San
Francisco-Paris. Blancs archipels nuageux, ouate gigantesque dérivant dans
l’espace. Inconfort habituel de l’avion, espace réduit (il ne faut pas être
claustrophobe). Manque comme à l’aller la petite télé fixée au dos de chaque
siège que nous appréciions en 2004 : on pouvait y suivre devant son nez le
parcours sur carte de l’avion. Parmi les voyageurs, je reconnais Henri Atlan
(célèbre biologiste ; son dernier livre : l’utérus artificiel).
On plonge
vite dans la nuit. Cependant difficile de dormir, on tombe dans de vagues
somnolences. Les turbulences sont nombreuses et l’annonce « attacher vos
ceintures » retentit à plusieurs reprises. On entrouvre le rideau du
hublot : voici les premières lueurs du jour. Quelle heure est-il ? On
est perdu dans le temps à cause du décalage horaire (9 heures à ajouter).
Lundi, 26.
9. 2005
Arrivée à
Charles de Gaulle à 11 h (heure française). Téléphonons à la famille qui doit
nous récupérer à Bâle- Mulhouse. Nous nous déplaçons à travers le vaste dédale
de l’aéroport (plus compliqué que celui de San Francisco). Temps correct en
France, à peine différent de celui de la Californie ( PK est le seul à le penser).
Vol
Paris-Mulhouse sur Fokker.
Voile de
nuages blancs à travers lequel on voit le sol, le puzzle des agglomérations,
des champs, des bois, des routes. Survol de Paris. Vieille terre d’Europe
travaillée, ouvragée depuis des siècles très différente vue du ciel de celle
d’Amérique où subsiste des étendues sauvages et où les parties habitées
apparaissent plus géométriques.
Les
Weissbeck nous attendent à l’aéroport et nous ramènent chez nous après la
récupération des bagages. Retrouvons le jardin et la maison si tranquilles.
Après le périple américain, après la plongée dans ce pays exorbitant, ce
continent de la démesure à tous les plans, celui de l’espace, celui du
dynamisme, celui de la vie spectaculaire, la vie faite publicité, la vie faite
cinéma, c’est si reposant, nos champs bien tracés, nos villages bien humains
autour de leurs clochers, nos habitations bien confortables. En attendant que
l’Amérique nous rattrape chez nous (c’est bien parti dans ce sens).
4.11. Je vis
la grisaille et la gloire des hommes ordinaires.
Mémorables.
ARMAN : New-York, le pop’art.
26.11. L
chez JG. Elle lui apporte régulièrement une soupe.
Vis l’Amour,
que tu crois ou non en Dieu.
Neige
resplendissant au soleil. Splendeur virginale des sommets vosgiens dans l’azur.
21.12. H va
faire du badminton en Allemagne.
Refus de
tout titre venant de la société. Rien que poète, penseur…(22.10.14 :rien
qu’homme).
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