24.12.15

LABYTINTHE DES JOURS 1969




1969
LIEUX. Hongrie. Budapest. Turquie. Cappadoce. Éphèse.
                                  
JANVIER 1969
2. L'écriture, souvent, comme dernier recours pour sauver sa vie.

7. Du 3 au 6 à Munich.

Comment un homme pourrait-il croire son oeuvre immortelle dans un univers où les soleils même s'éteignent?

8. Un pas pour sortir du traditionnel et entrer dans le moderne (Descartes,
89, première révolution industrielle...) ; un second pas pour sortir du moderne (période transitoire) et pénétrer dans la terre autre.


9. Règle number one pour bien penser : ramener le problème à une simplicité enfantine.

La grande découverte du XXe s. c'est que l'effort moderne de l'homme, la construction de l'homme exclusivement fondée sur les ressources humaines, achoppe à son tour, après l'échec de l'homme antique et de l'homme médiéval pour édifier une humanité durable, plante bien en racinée dans l'univers. L'homme du XX e s. constate que la Modernité est, elle aussi, une impasse et qu'il faut encore une fois repartir à la découverte d'un nouveau continent. 

"Tout, tout veut être dans le mouvement ; on veut participer à l'histoire du monde et subir la fascination du total ; nul ne veut être un existant individuel... Au milieu du courage de la génération, on discerne aisément le découragement et la lâcheté des individus. De même que dans le désert il faut voyager en grandes caravanes par crainte des brigands et des fauves, de même les individus ont maintenant une horreur de l'existence, parce qu'elle est abandonnée de Dieu ; ils n'osent vivre que dans les grandes entreprises et ils s'agrippent en masse pour être pourtant quelque chose" (Kierkegaard).

Tâche d'abîme. Conscience de l'horrible travail solitaire au sein des masses endormies dans le confort.

25.2. Parole-sonde, mais jamais elle ne touchera un fond. Va- et- vient continuel entre la plongée dans l'abîme et le retour sur la terre ferme (mais cette fermeté, ce sol est une illusion).

Longtemps j'ai entretenu en moi l'illusion d'un bonheur stable. Je sais maintenant que je ne suis qu'une figure éphémère de l'éternelle passion du monde. Je sais maintenant que brûler la vie est la seule façon véritable de vivre.

15.3. Ton devoir de poète : comment peux-tu être si misérable et douter?

16.3.Valéry :"Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce qu'on trouve."
"Une difficulté est une lumière. Une difficulté insurmontable est un soleil."
17.3. Parfois si près de naître. Mais toujours une mince cloison me sépare de
la vraie vie.

Le récit linéaire parcourt un sens. La prose ouverte s'aventure dans l'infinité des sens.

Oeuvres circulaires : Odyssée, Comédie divine, Cervantès, Faust.

Marx veut introduire l'harmonie grecque dans la Promesse juive. Nietzsche veut introduire la libre création judéo-chrétienne dans l'Eternel retour grec.

3.4. Autobiographie aux architectures infinies.
               (2014-15) : hétéro-autobiographie, labyrinthe des vies proches.

Sur ma terre, Alsace, à la fois enraciné et exilé.

22.7. Nu, ouvert à l'énigme.

24.7. Sagesse simple de la vie. Pessoa : "Pour être grand, demeure entier : rien de toi n'exagère ou n'élimine. Sois tout en chaque chose. Ce que tu es, mets-le dans le moindre de tes actes".

25.7. Architecture de masse sans style (lotissements de Pulversheim).

AOUT.
Départ de Salzburg. Graz. Traversons la frontière austro-hongroise en pleine nuit. Nous nous perdons dans des campagnes assez désolées. Parvenons malgré tout au Lac Balaton (après un arrêt dans un restaurant populaire, où nous mangeons une soupe au poisson au son d'une musique tzigane. Installation à Siofok.

20. Départ de Siofok. Installation sur un camping de la rive nord du Lac.
Dîner dans un restaurant populaire de la localité. Musique américaine. Conversation avec un juriste de Budapest et un étudiant roumain. Echange de vues très intéressant. Nous rentrons au camp assez éméchés.

21. Bain dans les eaux tièdes du Balaton. Promenade en barque avec le juriste de Budapest. Visite du jeune étudiant roumain. Nous partons déjeuner dans un restaurant moderne. Soirée consacrée à la mise en ordre des affaires.

22. Reprenons la route. Faisons le tour du Lac. Installations modernes de
Tihany. Visite du château des Esterhasy, maison de repos des écrivains hongrois.
Prenons la direction de Budapest, où nous arrivons le soir.

Courons les bureaux du tourisme pour trouver une chambre chez des particuliers. Logeons dans une famille de la classe moyenne. Accueil très sympathique. Appartement confortable.

23. Nos hôtes partent en voyage et nous abandonnent l'appartement. Visite de Budapest. Grands Musées.

24. Budapest. Galerie Nationale. Musée Petöf. Soirée avec nos hôtes (leur
fille Judith).

25. Cherchons vainement un garage à Budapest pour la vidange de notre voiture.
Le soir, dîner avec Judith dans le restaurant du château de Buda. Cadre remarquable. Les lumières de Pest brillent dans la nuit, au-delà du Danube. Promenade en voiture jusqu'à la Citadelle.

26. Judith, pour nous tenir compagnie, manque deux heures de service à son bureau. Nous la conduisons en ville, à son lieu de travail, puis quittons Budapest. Boucle du Danube.

Visite de la Basilique d'Esztergom. Au-delà du Danube, la Tchéquoslovaquie. Les touristes roumains. Le guide nous racontant sa vie. Le remarquable trésor.
A Szentendre, exposition de peinture. Traversée de toute la Hongrie ; dormons dans la voiture non loin de la frontière roumaine ; clair de lune sur la puzsta.

27. Lever matinal. Couverture perdue récupérée par des Roumains qui nous
doublent en voiture pour nous rendre notre bien. Petit village hongrois près de la frontière. Oies. Puits. Traversée de la frontière. Oradea. Villages fleuris. Femmes brodant devant les maisons. Etape à Cluj. Conversation avec une famille roumaine (lui ingénieur, elle médecin, deux enfants). On nous indique l'itinéraire à suivre à travers la Roumanie.

28. Carpates. Etape au Lac Bicaz.

29. Piatra Neamt. Dans un bar, conversation avec trois Roumains (peintre,
décorateur, bureaucrate). La journée se passe à boire, à parler. Impossible de pousser plus avant notre voyage, tellement ces gens sont hospitaliers. Nous visitons avec eux un monastère proche de la ville.
Dîner dans un restaurant des plus modernes de la ville (en général, nous sommes assez surpris par le modernisme des agglomérations roumaines). La compagnie s'est augmentée d'un couple de professeurs. Etonnés par la liberté des propos, l'absence d'austérité de l'ambiance (orchestre de jazz, danse). Allons dormir chez Ionel Apostol, le peintre. Maison de conte de fée. Apostol et sa femme nous cèdent leur lit et vont coucher sur un divan.

30. Départ de Piatra Neamt. Monastère de Succova. Nous nous installons au monastère de Putna.

31. Le monastère est envahi par une foule en costumes traditionnels. Beauté des jeunes filles moldaves. Promenade dans le jardin du monastère. Ombres, limpidité du ciel, pureté du paysage montagneux. Promenade dans la région (jusqu'à la frontière russe). La jeune serveuse aux cheveux noirs.

10.10. Nous quittons l'île de Mykonos à 16 h. Bonne traversée. Contemplons
encore une fois un splendide coucher du soleil sur la mer. Reprenons nos voitures au Pirée où nous les avions mises dans un garage avant notre départ pour les îles. Revenons à Athènes.

11.10. Athènes. Retournons à la poste : une lettre, un télégramme, 500 F.
Merci!! Nous sommes provisoirement sauvés... Nous quittons définitivement Athènes. Corinthe. Visite du vieux Corinthe. Goûtons aussi les fameux "raisins de Corinthe". Passons la nuit dans une pension très romantique, près de Kiaton.

12.10. Nous quittons provisoirement les Américaines qui vont rejoindre des
amies à Corfou. Séparation déchirante... Richard et moi partons faire le circuit des ruines célèbres du Péloponèse : Mycènes, Epidaure (un théâtre grec excellemment conservé, perdu dans la verdure ; douceur, beauté, un des grands moments de notre voyage en Grèce ; un Français a la bonne idée de jouer de la musique de Bach et d'Albinoni sur son magnétophone, les bouleversantes harmonies montent sur les gradins antiques, instants d'émotion intense).

13.10. Visite d'Olympie, lieu où commencèrent les Jeux olympiques. Le ciel est
couvert mais l'air est pourtant d'une extraordinaire douceur. Ruines, pins, une ambiance qu'on ne peut décrire (il faut la vivre). Revenons vers Corinthe et quittons le Péloponèse. Étape à Dafni.

Nous nous mettons en route vers Corfou où nous rejoignons nos chères
Américaines qui sont devenues de vraies amies. Nous restons à Corfou durant quelques jours.

14.10. Visite d'un monastère à Dafni. Eleusis. Visite de l'église orthodoxe de
Hosio Loukas, en pleine montagne, contenant des mosaïques très bien conservées. Étape à Delphes (où j'écris ceci dans une chambre d'hôtel).

NOVEMBRE
1.11.
Revenu à Pulversheim par le Simplon, Fribourg, Berne. Bâle.
J'ai trop goûté à la liberté cette fois-ci, je ne pourrai pas longtemps supporter la "petite vie". Il faut exploser.
Je vis comme si bientôt je reverrais Alice. Le vrai drame commencera quand elle partira définitivement en Amérique. Si seulement je pouvais lui parler encore! J'ai gaspillé tant d'heures sans arriver à lui dire ce qu'il fallait.

2. Mauvaise nuit. Trop pensé à A. Cris de désespoir. Pourtant, devant les autres, je parviens à faire bonne figure, à parler de mon voyage comme si de rien n'était.

3. Mélancolie. Keats (à l'automne). A. Dessins ressemblant à du Klee ou du Miro à Athènes.





LIEUX. France. Lyon. Hongrie. Budapest. Suisse. Sils Maria. Turquie. Cappadoce. Éphèse.


3.4.

Autobiographie aux architectures infinies.

               (2014-15) : hétéro-autobiographie, labyrinthe des vies proches.


Sur ma terre, Alsace, à la fois enraciné et exilé.



12.5.
Chère Chantal,

Un merveilleux soleil luit sur notre jardin. J'écris ceci à ma table de travail, la fenêtre grande ouverte sur la splendide matinée de mai. Peut-on croire, devant tant de beauté, que nous habitons dans une "vallée de larmes"? La terre est vraiment une drôle de chose, et plus je vais, plus elle m'étonne.

Je suis décidé à venir me rendre compte des beautés du printemps lyonnais: j'accepte ton invitation pour fin  mai. Tu me diras où, quand, comment aura lieu votre sortie.

Je serai très heureux de te revoir. Au fond, nous ne nous connaissons guère: nous avons besoin d'un peu plus de dialogue, comme disent les curés dans le vent. Si je suis assez insaisissable, tu ne l'es pas moins...

Donc, à bientôt.
Toute mon amitié!

P.S. Tout juste, pendant que j'écrivais ces lignes, vient de me parvenir ta lettre du 9. Inutile donc, ma demande de précisions formulées ci-dessus. Je serai Rue Paul Bert le 23.

Quant à te croire "polarisée"..., nous le sommes tous peu ou prou, n'est-il pas vrai? nous avons tous notre monomanie invétérée. Et heureux ceux qui savent s'en rendre compte.

Au prochain revoir.

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