1969
LIEUX. Hongrie. Budapest. Turquie. Cappadoce. Éphèse.
JANVIER 1969
2. L'écriture,
souvent, comme dernier recours pour sauver sa vie.
7. Du 3 au 6
à Munich.
Comment un
homme pourrait-il croire son oeuvre immortelle dans un univers où les soleils
même s'éteignent?
8. Un pas
pour sortir du traditionnel et entrer dans le moderne (Descartes,
89, première
révolution industrielle...) ; un second pas pour sortir du moderne (période
transitoire) et pénétrer dans la terre autre.
9. Règle
number one pour bien penser : ramener le problème à une simplicité enfantine.
La grande
découverte du XXe s. c'est que l'effort moderne de l'homme, la construction de
l'homme exclusivement fondée sur les ressources humaines, achoppe à son tour,
après l'échec de l'homme antique et de l'homme médiéval pour édifier une
humanité durable, plante bien en racinée dans l'univers. L'homme du XX e s.
constate que la Modernité est, elle aussi, une impasse et qu'il faut encore une
fois repartir à la découverte d'un nouveau continent.
"Tout,
tout veut être dans le mouvement ; on veut participer à l'histoire du monde et
subir la fascination du total ; nul ne veut être un existant individuel... Au
milieu du courage de la génération, on discerne aisément le découragement et la
lâcheté des individus. De même que dans le désert il faut voyager en grandes
caravanes par crainte des brigands et des fauves, de même les individus ont
maintenant une horreur de l'existence, parce qu'elle est abandonnée de Dieu ;
ils n'osent vivre que dans les grandes entreprises et ils s'agrippent en masse
pour être pourtant quelque chose" (Kierkegaard).
Tâche
d'abîme. Conscience de l'horrible travail solitaire au sein des masses endormies
dans le confort.
25.2. Parole-sonde,
mais jamais elle ne touchera un fond. Va- et- vient continuel entre la plongée
dans l'abîme et le retour sur la terre ferme (mais cette fermeté, ce sol est
une illusion).
Longtemps
j'ai entretenu en moi l'illusion d'un bonheur stable. Je sais maintenant que je
ne suis qu'une figure éphémère de l'éternelle passion du monde. Je sais
maintenant que brûler la vie est la seule façon véritable de vivre.
15.3. Ton
devoir de poète : comment peux-tu être si misérable et douter?
16.3.Valéry
:"Trouver n'est rien. Le difficile est de s'ajouter ce qu'on trouve."
"Une
difficulté est une lumière. Une difficulté insurmontable est un soleil."
17.3. Parfois
si près de naître. Mais toujours une mince cloison me sépare de
la vraie vie.
Le récit
linéaire parcourt un sens. La prose ouverte s'aventure dans l'infinité des
sens.
Oeuvres
circulaires : Odyssée, Comédie divine, Cervantès, Faust.
Marx veut
introduire l'harmonie grecque dans la Promesse juive. Nietzsche veut introduire
la libre création judéo-chrétienne dans l'Eternel retour grec.
3.4. Autobiographie
aux architectures infinies.
(2014-15) :
hétéro-autobiographie, labyrinthe des vies proches.
Sur ma
terre, Alsace, à la fois enraciné et exilé.
22.7. Nu,
ouvert à l'énigme.
24.7.
Sagesse simple de la vie. Pessoa : "Pour être grand, demeure entier : rien
de toi n'exagère ou n'élimine. Sois tout en chaque chose. Ce que tu es, mets-le
dans le moindre de tes actes".
25.7. Architecture
de masse sans style (lotissements de Pulversheim).
AOUT.
Départ de
Salzburg. Graz. Traversons la frontière austro-hongroise en pleine nuit. Nous
nous perdons dans des campagnes assez désolées. Parvenons malgré tout au Lac
Balaton (après un arrêt dans un restaurant populaire, où nous mangeons une
soupe au poisson au son d'une musique tzigane. Installation à Siofok.
20. Départ
de Siofok. Installation sur un camping de la rive nord du Lac.
Dîner dans
un restaurant populaire de la localité. Musique américaine. Conversation avec
un juriste de Budapest et un étudiant roumain. Echange de vues très
intéressant. Nous rentrons au camp assez éméchés.
21. Bain
dans les eaux tièdes du Balaton. Promenade en barque avec le juriste de
Budapest. Visite du jeune étudiant roumain. Nous partons déjeuner dans un
restaurant moderne. Soirée consacrée à la mise en ordre des affaires.
22. Reprenons
la route. Faisons le tour du Lac. Installations modernes de
Tihany.
Visite du château des Esterhasy, maison de repos des écrivains hongrois.
Prenons la
direction de Budapest, où nous arrivons le soir.
Courons les
bureaux du tourisme pour trouver une chambre chez des particuliers. Logeons
dans une famille de la classe moyenne. Accueil très sympathique. Appartement
confortable.
23. Nos
hôtes partent en voyage et nous abandonnent l'appartement. Visite de Budapest. Grands
Musées.
24. Budapest.
Galerie Nationale. Musée Petöf. Soirée avec nos hôtes (leur
fille
Judith).
25. Cherchons
vainement un garage à Budapest pour la vidange de notre voiture.
Le soir,
dîner avec Judith dans le restaurant du château de Buda. Cadre remarquable. Les
lumières de Pest brillent dans la nuit, au-delà du Danube. Promenade en voiture
jusqu'à la Citadelle.
26. Judith,
pour nous tenir compagnie, manque deux heures de service à son bureau. Nous la
conduisons en ville, à son lieu de travail, puis quittons Budapest. Boucle du
Danube.
Visite de la
Basilique d'Esztergom. Au-delà du Danube, la Tchéquoslovaquie. Les touristes
roumains. Le guide nous racontant sa vie. Le remarquable trésor.
A
Szentendre, exposition de peinture. Traversée de toute la Hongrie ; dormons
dans la voiture non loin de la frontière roumaine ; clair de lune sur la
puzsta.
27. Lever
matinal. Couverture perdue récupérée par des Roumains qui nous
doublent en
voiture pour nous rendre notre bien. Petit village hongrois près de la
frontière. Oies. Puits. Traversée de la frontière. Oradea. Villages fleuris.
Femmes brodant devant les maisons. Etape à Cluj. Conversation avec une famille
roumaine (lui ingénieur, elle médecin, deux enfants). On nous indique
l'itinéraire à suivre à travers la Roumanie.
28. Carpates.
Etape au Lac Bicaz.
29. Piatra
Neamt. Dans un bar, conversation avec trois Roumains (peintre,
décorateur,
bureaucrate). La journée se passe à boire, à parler. Impossible de pousser plus
avant notre voyage, tellement ces gens sont hospitaliers. Nous visitons avec
eux un monastère proche de la ville.
Dîner dans
un restaurant des plus modernes de la ville (en général, nous sommes assez
surpris par le modernisme des agglomérations roumaines). La compagnie s'est
augmentée d'un couple de professeurs. Etonnés par la liberté des propos,
l'absence d'austérité de l'ambiance (orchestre de jazz, danse). Allons dormir
chez Ionel Apostol, le peintre. Maison de conte de fée. Apostol et sa femme
nous cèdent leur lit et vont coucher sur un divan.
30. Départ
de Piatra Neamt. Monastère de Succova. Nous nous installons au monastère de
Putna.
31. Le
monastère est envahi par une foule en costumes traditionnels. Beauté des jeunes
filles moldaves. Promenade dans le jardin du monastère. Ombres, limpidité du
ciel, pureté du paysage montagneux. Promenade dans la région (jusqu'à la
frontière russe). La jeune serveuse aux cheveux noirs.
10.10. Nous
quittons l'île de Mykonos à 16 h. Bonne traversée. Contemplons
encore une
fois un splendide coucher du soleil sur la mer. Reprenons nos voitures au Pirée
où nous les avions mises dans un garage avant notre départ pour les îles. Revenons
à Athènes.
11.10. Athènes.
Retournons à la poste : une lettre, un télégramme, 500 F.
Merci!! Nous
sommes provisoirement sauvés... Nous quittons définitivement Athènes. Corinthe.
Visite du vieux Corinthe. Goûtons aussi les fameux "raisins de Corinthe".
Passons la nuit dans une pension très romantique, près de Kiaton.
12.10. Nous
quittons provisoirement les Américaines qui vont rejoindre des
amies à
Corfou. Séparation déchirante... Richard et moi partons faire le circuit des
ruines célèbres du Péloponèse : Mycènes, Epidaure (un théâtre grec excellemment
conservé, perdu dans la verdure ; douceur, beauté, un des grands moments de
notre voyage en Grèce ; un Français a la bonne idée de jouer de la musique de
Bach et d'Albinoni sur son magnétophone, les bouleversantes harmonies montent
sur les gradins antiques, instants d'émotion intense).
13.10. Visite
d'Olympie, lieu où commencèrent les Jeux olympiques. Le ciel est
couvert mais
l'air est pourtant d'une extraordinaire douceur. Ruines, pins, une ambiance
qu'on ne peut décrire (il faut la vivre). Revenons vers Corinthe et quittons le
Péloponèse. Étape à Dafni.
Nous nous
mettons en route vers Corfou où nous rejoignons nos chères
Américaines
qui sont devenues de vraies amies. Nous restons à Corfou durant quelques jours.
14.10. Visite
d'un monastère à Dafni. Eleusis. Visite de l'église orthodoxe de
Hosio
Loukas, en pleine montagne, contenant des mosaïques très bien conservées. Étape
à Delphes (où j'écris ceci dans une chambre d'hôtel).
NOVEMBRE
1.11.
Revenu à
Pulversheim par le Simplon, Fribourg, Berne. Bâle.
J'ai trop
goûté à la liberté cette fois-ci, je ne pourrai pas longtemps supporter la
"petite vie". Il faut exploser.
Je vis comme
si bientôt je reverrais Alice. Le vrai drame commencera quand elle partira
définitivement en Amérique. Si seulement je pouvais lui parler encore! J'ai
gaspillé tant d'heures sans arriver à lui dire ce qu'il fallait.
2. Mauvaise
nuit. Trop pensé à A. Cris de désespoir. Pourtant, devant les autres, je
parviens à faire bonne figure, à parler de mon voyage comme si de rien n'était.
3. Mélancolie.
Keats (à l'automne). A. Dessins ressemblant à du Klee ou du Miro à Athènes.
LIEUX. France. Lyon. Hongrie. Budapest. Suisse. Sils Maria. Turquie. Cappadoce. Éphèse.
3.4.
Autobiographie aux architectures infinies.
(2014-15) :
hétéro-autobiographie, labyrinthe des vies proches.
Sur ma terre, Alsace, à la fois enraciné et exilé.
12.5.
Chère Chantal,
Un merveilleux soleil luit sur notre jardin. J'écris ceci à ma table de travail, la fenêtre grande ouverte sur la splendide matinée de mai. Peut-on croire, devant tant de beauté, que nous habitons dans une "vallée de larmes"? La terre est vraiment une drôle de chose, et plus je vais, plus elle m'étonne.
Je suis décidé à venir me rendre compte des beautés du printemps lyonnais: j'accepte ton invitation pour fin mai. Tu me diras où, quand, comment aura lieu votre sortie.
Je serai très heureux de te revoir. Au fond, nous ne nous connaissons guère: nous avons besoin d'un peu plus de dialogue, comme disent les curés dans le vent. Si je suis assez insaisissable, tu ne l'es pas moins...
Donc, à bientôt.
Toute mon amitié!
P.S. Tout juste, pendant que j'écrivais ces lignes, vient de me parvenir ta lettre du 9. Inutile donc, ma demande de précisions formulées ci-dessus. Je serai Rue Paul Bert le 23.
Quant à te croire "polarisée"..., nous le sommes tous peu ou prou, n'est-il pas vrai? nous avons tous notre monomanie invétérée. Et heureux ceux qui savent s'en rendre compte.
Au prochain revoir.
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