1972
1.AVRIL Aiguiser
ma pensée contre le roc de la philosophie contemporaine :
Marx , Bataille, Freud, Nietzsche, Foucault,
Althusser, Artaud, Heidegger, Derrida, Deleuze, Sollers, Axelos... Poursuivre le combat éternel contre
la philosophie naturelle, le combat de Paul, Augustin, Pascal, Kierkegaard,
Péguy, Bernanos, Weil, Unamuno, Bloy...
Le
développement de la philosophie naturelle force le christianisme à se
découvrir, à s'approprier progressivement sa véritable nature.
30.4.72. La
philosophie cherchait à déterminer. La pensée post-philosophique (qui reste
l’héritière de la philosophie) s’applique, interminablement, à dissoudre les
déterminations.
Opposer non
l’ancien et le nouveau, mais l’ancien et l’éternel (l’éternelle nouveauté).
Contre la
division de l’activité humaine. Des dominances, des spécialités
« ouvertes », mais pas de cloisonnement strict.
Rétablir la
conception du vivant total, ouvert. Retrouver l’entièreté des sages premiers,
que pourchassent en vain les Modernes.
Critique de
la pluridisciplinarité : rien qu’un ersatz, né d’un monde irrémédiablement
en miettes.
JUNG :
«L’exigence de l’imitio Christi , c'est-à-dire celle de vivre suivant
l’exemple du Christ en visant à lui ressembler, devrait tendre au
développement et à l’exaltation de l’homme intérieur en chacun. Mais, en
réalité, cette imitation du Christ est ravalée au rang d’objet extérieur du
culte par le croyant superficiel enclin au formalisme mécanique ; et c’est
précisément l’adoration qui lui est portée en tant qu’objet qui empêche cette
imitation d’agir dans la profondeur de l’âme et de transformer cette dernière
en une totalité correspondant à l’exemple idéal. De ce fait, le médiateur divin
n’est plus qu’une image extérieure, tandis que l’homme reste fragmentaire et
n’est pas atteint dans sa nature le plus profonde ».
La vraie
religion ne doit pas être un domaine à part, une spécialité parmi d’autres,
mais l’espace le plus ouvert où tous les aspects de la vie peuvent se déployer
et s’enrichir mutuellement.
La religion
concerne tous les éléments de l’être humain, et non pas seulement des parties
privilégiées, l’être humain endimanché.
Les
religions antiques possédaient ce caractère de globalité qui fait absolument
défaut à ce qui subsiste de religion dans les siècles modernes.
Le
christianisme s’adresse au tout de l’homme. Il est la vérité pour l’ensemble de
l’existence humaine.
Fuite de
l’homme devant le Christ. On l’a enfermé dans les Églises. Et, en fait de
religion, on s’est contenté de remplacer l’ancien paganisme panthéiste par le
nouveau paganisme technique.
Les anciens
instituteurs de l’humanité ne s’adressaient pas à leur temps comme hommes de
religion ou hommes de philosophie, etc. C’étaient des êtres sans fonction
spécifique parlant au nom de l’entièreté de la condition humaine.
Maintenant
on ne peut plus parler qu’à partir d’une forme institutionnalisée, comme écrivain, ou artiste, ou professeur, ou
journaliste. Toute parole porte immédiatement une étiquette qui la fait entrer
dans des cadres préétablis et l’empêche d’aller vers le tout de l’homme. Il en
est ainsi de toutes les activités dans le monde moderne. Aucune ne concerne
l’entièreté de l’existence. A chacun son domaine et le tout à personne.
Toute la nature
(y compris les réalités psychiques, mythes, rêves…) lue selon la dialectique de
l’ego et du non-ego. Les philosophies, les sciences, les littératures, etc,
lues dans cet éclairage.
Partout,
plus ou moins manifestement, se joue le jeu le plus profond.
Les
productions égoïques obscurément travaillées par le non-égoïque.
L’absolument
clos ne peut exister.
La vérité
christique n’est pas à part. Tout l’incarne, l’entière nature et l’entière
culture.
De l’âme
s’objectivant à la créativité exercée en tant que telle.
Les mythes
rêvaient le naître. La poésie différente le réalise.
[PK1] AVRIL 1972
Toute
philosophie est plus faible que le christianisme. Toute philosophie, comme le
dit Novalis, veut être à la maison. Elle échappe à la radicalité christique .
Agnosticisme :
la fuite la plus subtile. Ne pas se prononcer. Le christique : ou tu restes dans la sphère
de l’ego ou tu en sors. La pensée qui pense qu’on ne peut pas penser Dieu, ou
plutôt : qu’on ne peut se prononcer à ce propos, reste enfermée dans la tiédeur
égoïque…
Tout le
phénomène humain, mythologies, philosophies… à lire dans la lumière de la
pensée la plus radicale. Histoire humaine : histoire des fuites devant
Dieu.
Jésus est le
Christ, fils de Dieu, témoin de la radicalité de Dieu. Il ne sort pas du
naturel (qui ne peut produire que du naturel). Il ne peut sortir que de Dieu.
Deux erreurs
à son propos : accentuer l’un des termes du couple homme-Dieu.
Jésus-Christ
est l’exacte intersection de l’ego et du non-ego, du monde et de Dieu.
Une pensée
comme la mienne n’a quasi rien de commun avec tout ce qu’on appelle
« civilisation chrétienne ».
Écriture
dans l’éclat de nudité. Au-delà de la littérature. L’écriture d’un Kafka, d’une
Simone Weil.
Christ :
révélation centrale, Vérité vivante.
La révélation
qui a lieu maintenant : la pensée à son extrémité, sautant hors
d’elle-même, accède à la Vérité
vivante.
Christ :
le Non-Ego révélé à l’Ego.
Maintenant :
l’Ego, parvenu à ses limites extrêmes, a la vision du Non-Ego, pense la pensée
la plus radicale.
D’un côté
mouvement de Dieu vers l’homme ; de l’autre, mouvement de l’homme vers
Dieu.
Le drame le
plus profond. C’est dans cette perspective qu’il faut penser, qu’il faut
écrire, qu’il faut agir.
Tous, fuyant
le plus radical.
Toute
activité humaine, activité de fuite.
L’approche
de la vérité (encore voilée) du christianisme, l’invention du christianisme,
œuvre de la pensée religieuse moderne. Pascal, Kierkegaard, Dostoïevski, Péguy,
Weil, Bonhoeffer… Notre tâche.
J’entrevois
de plus en plus clairement ce qui est le christianisme.Ma lente maturation.
Je reste
passablement empoisonné par les idées modernes, mais patiemment chemine en
moi la pensée la plus extrême, la modernité la plus radicale : la
vérité encore impensée du christianisme.
2.5.72. Marx/ Freud. Assumation complète de
l’égoïque. Le versant non-égoïque reste à penser.
3.5.72. La grande science reniera les cadres
de la science expérimentale (Bacon/ Descartes/ Bernard/ Bachelard).
Elle ne se
préoccupera plus du monde phénoménal, mais de l’activité des êtres.
5. v. Nombres
comme symboles.
Il s’agit de
résister à la fois à la fascination du nocturne et à la fascination du solaire.
Créativité :
jeu entre deux pôles (dont la fascination unilatérale fige l’être).
Bataille,
mystique matérialiste.
Mais la
vraie mystique n’est ni matérialiste ni spiritualiste. Elle délivre justement
de ces déterminations.
28 MAI 72
L’art :
l’éclatement du monde égoïque, non un monde marginal.
L’art, la
religion : jeu plus grand, non jeu à côté de la vie quotidienne.
L’éclatement
du quotidien.
Du réalisme
absolu au formalisme absolu. La difficile position d’équilibre : le jeu
ouvert du désir à travers les objets.
L’état
créatif.
Les deux
utopies : vouloir saisir Dieu comme sujet ou comme objet.
Indissociable
réalité du désir et de son objet.
Réalité
impensable. Si l’on pense le désir, on méconnaît l’objet, et inversement.
La pensée
égoïque est justement celle qui veut à tout prix penser la réalité.
Partir d’un
rêve et exploiter à l’infini les galeries qu’il ouvre. Auto-analyse, fabulation
illimitée. Écriture autobiographique éclatée. S’analyser selon Marx, Freud,
Jung, Adler… Plonger dans la grande fable planétaire, dans l’écriture abyssale.
La dissimulation
de Kierkegaard. J’ai aussi eu cette tendance à cacher mon secret inavouable.
Bêtise que cela ! Dévoiler héroïquement toute ma vérité. Ecce homo :
ma perversité polymorphe, ma folie, ma sainteté… toute ma richesse énigmatique.
Le combat avec la vérité. Oser faire paraître ce que je suis. Devenir
ouvertement ce que je suis, révéler cette étendue dostoïevskienne de ma
personnalité.
Le pas
génial à franchir : devenir ouvertement, visiblement devant les autres ce
que je suis pour moi. Plus de censure. Être cet homme entier, abyssal que
personne encore n’a osé être.
Le combat
avec la vérité : Augustin, Rousseau, Goethe, Leiris, Goethe, Adamov,
Miller…Tuer l’homme « idéal », la statue, laisser libre cours à
l’homme entier.
Plus de mur
entre mes personnalités diverses. Le spectre entier de mon individualité.
Ma fuite
devant la solution sexuelle normale (le mariage). Je ne l’ai tentée que dans
les circonstances où je la savais (inconsciemment) impossible : Renée,
Alice… J’ai fui dans l’inceste, l’onanisme, la nymphophilie, la fréquentation
des prostituées, l’exhibitionnisme. J’ai fui devant Chantal, Elisabeth, etc.
Maintenant : Liliane, Françoise. Franchirai-je le pas ?
Freud.
L’intellect dépendant de l’amour. Fait capital en éducation.
Le désir
d’ouverture = le désir d’amour. Urgrund. Dante. Novalis.
13.6.72
Poésie,
beauté verbale : la plus difficile à comprendre.
Nous
mourrons… Mais ce trou obscur subsiste où s’enfonce l’univers. Mystère de cette
énormité au sein de laquelle nous ne sommes que d’éphémères fantômes.
-
je te
nommerai merveille
-
tu es
l’infiniment attendue
-
ce fut un
matin simple miraculeux
-
ton âme
s’ouvrait et j’avais peur
-
le soleil
brillait tu parlais de la mort
-
tu étais
pâle comme une sainte
-
une sorte de
détresse parfois dans le regard
Maintenant
que toutes les constructions mythiques et religieuses se sont effondrées, nous
sommes vraiment nus en face de la plus grande question.
Le vrai
esprit de religion commence. Avant, c’était toujours truqué.
14.6.72. Le
but de la poésie est le perpétuel effondement, le saut toujours recommencé dans
l’ultra-égoïté.
Le pieu de
l’angoisse fiché en moi.
15.6.72. Rêve.
Dans une église, petite église gothique (mais elle se situe à Pulversheim…) Une
sorte de prêtre orthodoxe commence un office, a des difficultés avec ses
habits… Moi, debout non loin du chœur. Quelqu’un (sacristain ?) homme
assez jeune me fait un signe, me désignant la sacristie. Je pars (fuis),
longeant une longue cloison de bois. Je rentre à la maison, voulant devancer la
foule de l’église.
Le
surréalisme est sans nul doute le dernier mouvement poétique collectif. Depuis
la poésie est morte en France. Rien que quelques grands solitaires.
28. VIII. Vivre.
Nous commençons à entrevoir notre véritable formule de vie quand déjà nous avons
parcouru la moitié de notre route.
Notre
mauvaise éducation, qui ne nous a pas appris à vivre.
29. VIII .La
grande erreur : vouloir donner une quelconque figure à l’Ouvert absolu.
Un nouveau
sentiment de littérature : Joyce, Butor, Simon, Sollers, Arno Schmidt.
Jeunesse :
je souffre de mon enlisement littéraire. Je me suis séparé de la vraie vie
concrète. Espaces abstraits, brumeux. L’abandon à la littérature éprouvée comme
faiblesse.
Adolescence,
jeunesse. Je suis fasciné par les grands maudits.
Sentiment du
décalage entre ma vie trop quotidienne et le désir de la brûlure absolue.
Écartelé[PK2]
entre mon désir de l’incandescence poétique et ma volonté de vivre l’état
adulte ordinaire (Muller, Raymond, Père…)
30.8. Être
vivant écrivant. Jusqu’à la mort. Forcené.
« Il
appartenait à la race malheureuse de ceux qui ne se sentent vivre qu’à la cime
de leur être. » (DU BOS)
31. 8. Cela
n’a pas de figure. Cela se situe au-delà de toute figure.
Cela brûle
derrière chaque figure, chaque être, chaque objet.
Poésie.
Exploitation de la poésie typographique. Couleurs. Formes.
Une écriture
nouvelle, multidimensionnelle.
ÉCRITURE. Ma
mort figera enfin ce chaos en perpétuelle ébullition.Un jour ma main tracera le
dernier signe.
2.9. Vers un
nouveau économique. Briser l’aveugle démence capitaliste.Weil, Gandhi,
Lanzo del Vasto…
Politique du
monde postindustriel : Weil, Camus, Morin, Marx, Marcuse.
8.12. Pédagogie.
Spontanéité des individus, groupes… Non-directivité. Critique : l’homme
n’est pas naturellement libéré (mais naturellement égoïque). Nécessité d’un
« libérateur », d’un ouvreur, d’un médiateur.
Fonction de
l’éducateur : être le médiateur entre l’ego individuel ou collectif et
l’absolument ouvert.
Rôle surtout
négatif. Permettre à une liberté de naître à soi-même. Permettre à un ego de se
dépasser.
Fonction de
l’éducateur : déségoïser . Mais il lui faut être lui-même un délivré.
9.12. Fille
de la nuit toi reviendras-tu ? Y
aura-t-il un autre printemps, un autre été, une autre saison de caresse ?
Occultation
de l’abyssal, écrasement du créatif. On apprivoise la force dangereuse du
verbe : églises, écoles, bibliothèques, prisons, asiles… On enferme la
parole. On la coupe de la vie concrète.
Jésus. Le
feu apprivoisé par les Églises.
Non pas :
produire un spectacle (happenings) mais inciter les gens à s’ouvrir
abyssalement, à parcourir la vie dans son entièreté ouverte.Tourner les
consciences vers l’absolument ouvert.
10.12.Bataille.
Le vent du dehors. Il y a donc un dedans et un dehors.
Sortir
vraiment du subjectivisme. Affirmation de la créativité (Dieu).
Toute
l’histoire, drame de la créativité.
Adopter une
position entièrement polémique vis-à-vis de mouvements comme TEL QUEL, CHANGE
sans régresser vers les écoles de la première moitié du siècle (dadaïsme,
surréalisme). Aller au-delà de toutes ces positions qui restent prises dans le
subjectivisme occidental.
Le
prolétariat comme rêve de la bourgeoisie…(08 : et inversement).
Notre
époque : l’accent mis sur le refoulé de l’Occident idéaliste.
Inaugurer
une nouvelle phase. Au-delà du Bien et du Mal (idéalisme/matérialisme).
Au-delà du
champ matérialiste (Marx- Freud) un champ plus large – espace de l’absolument
ouvert – créativité, « Dieu ».
L’au-delà de
l’ego humain.
Bataille :
jeu entre l’ego et son refoulé. Plus grand jeu : ego/créativité « universelle ».
Multiple
écriture ininterrompue (journal, correspondance, journalisme…).
Jeu profond
des écritures fragmentaires.
Décembre
1972. Changer soi, non l’autre.
PÉGUY: « Rien
n’est contraire à ce qu’on nomme la religion comme ce qu’on nomme la
morale ; la morale enduit l’homme contre la grâce. »
BERGAMIN :
« La solitude de la poésie n’est pas celle d’une île, mais celle de la
mer. »
THIBON :
« Aimer c’est avoir faim ensemble et non pas dévorer l’un l’autre. »
WEIL : « Une
mélodie grégorienne témoigne plus que la mort d’un martyr. »
13.4.
La vraie solitude, tu l’atteins lorsqu’ aucun être humain ne peut plus te venir en aide, lorsque ton cri de détresse s’élève vers Dieu seul.
Visite
au Directeur du Foyer rue de l’Église.
Écrit à
Jean-Jacques Weber.
Schubert.
La jeune fille et la mort.
Arbres
balancés par le vent.
Solitude,
atroce. Alsace, les êtres aimés. Dieu.
Les
productions de la nature sont à la fois régulières et irrégulières. Au-delà de
la logique et de l’illogique. Sphéricité du soleil, mais irrégularité des
taches.
L’art
humain se veut ou logique ou illogique. Boileau /Breton.
Le
grand art seul manifeste le même mépris que la nature à l’égard de ces
antinomies trop humaines.
Avril
1972
Toute
philosophie est plus faible que le christianisme. Toute philosophie, comme le
dit Novalis, veut être à la maison. Elle échappe à la radicalité christique .
Agnosticisme :
la fuite la plus subtile. Ne pas se prononcer. Le christique : ou tu restes dans la sphère
de l’ego ou tu en sors. La pensée qui pense qu’on ne peut pas penser Dieu, ou
plutôt : qu’on ne peut se prononcer à ce propos, reste enfermée dans la
tiédeur égoïque…
Jésus
est le Christ, fils de Dieu, témoin de la radicalité de Dieu. Il ne sort pas du
naturel (qui ne peut produire que du naturel). Il ne peut sortir que de Dieu.
Deux
erreurs à son propos : accentuer l’un des termes du couple homme-Dieu.
Jésus-Christ
est l’exacte intersection de l’ego et du non-ego, du monde et de Dieu.
Une
pensée comme la mienne n’a quasi rien de commun avec tout ce qu’on appelle
« civilisation chrétienne ».
Écriture dans l’éclat de nudité. Au-delà de la littérature. L’écriture d’un Kafka, d’une
Simone Weil.
Christ :
révélation centrale, Vérité vivante.
La
révélation qui a lieu maintenant : la pensée à son extrémité, sautant hors
d’elle-même, accède à la Vérité
vivante.
Christ :
le Non-Ego révélé à l’Ego.
Maintenant :
l’Ego, parvenu à ses limites extrêmes, a la vision du Non-Ego, pense la pensée
la plus radicale.
D’un
côté mouvement de Dieu vers l’homme ; de l’autre, mouvement de l’homme
vers Dieu.
Le drame le plus profond. C’est dans cette perspective qu’il faut penser, qu’il faut écrire, qu’il faut agir.
Tous,
fuyant le plus radical.
Toute
activité humaine, activité de fuite.
Ma
lente maturation.
Je
reste passablement empoisonné par les idées modernes, mais patiemment chemine
en moi la pensée la plus extrême, la modernité la plus radicale : la
vérité encore impensée du christianisme.
Nombres
comme symboles.
Il
s’agit de résister à la fois à la fascination du nocturne et à la fascination
du solaire.
Créativité :
jeu entre deux pôles (dont la fascination unilatérale fige l’être).
Mais
la vraie mystique n’est ni matérialiste ni spiritualiste. Elle délivre justement
de ces déterminations.
28
mai
L’art :
l’éclatement du monde égoïque, non un monde marginal.
L’art,
la religion : jeu plus grand, non jeu à côté de la vie quotidienne.
L’éclatement
du quotidien.
Du
réalisme absolu au formalisme absolu. La difficile position d’équilibre :
le jeu ouvert du désir à travers les objets.
L’état
créatif.
Les
deux utopies : vouloir saisir Dieu comme sujet ou comme objet.
Indissociable
réalité du désir et de son objet.
Réalité
impensable. Si l’on pense le désir, on méconnaît l’objet, et inversement.
La
pensée égoïque est justement celle qui veut à tout prix penser la réalité.
Partir
d’un rêve et exploiter à l’infini les galeries qu’il ouvre. Auto-analyse,
fabulation illimitée. Écriture autobiographique éclatée. S’analyser selon Marx,
Freud, Jung, Adler… Plonger dans la grande fable planétaire, dans l’écriture
abyssale.
La
dissimulation de Kierkegaard. J’ai aussi eu cette tendance à cacher mon secret
inavouable. Bêtise que cela !
Dévoiler
héroïquement toute ma vérité. Ecce homo : ma perversité polymorphe,
ma folie, ma sainteté… toute ma richesse énigmatique. Le combat avec la vérité.
Oser faire paraître ce que je suis. Devenir ouvertement ce que je suis, révéler
cette étendue dostoïevskienne de ma personnalité.
Le
pas génial à franchir : devenir ouvertement, visiblement devant les autres
ce que je suis pour moi.
Plus
de censure. Être cet homme entier, abyssal que personne encore n’a osé être.
Le
combat avec la vérité : Augustin, Rousseau, Goethe, Leiris, Goethe,
Adamov, Miller…
Tuer
l’homme « idéal », la statue, laisser libre cours à l’homme entier.
Plus
de mur entre mes personnalités diverses. Le spectre entier de mon
individualité.
Ma
fuite devant la solution sexuelle normale (le mariage). Je ne l’ai tentée que
dans les circonstances où je la savais (inconsciemment) impossible :
Renée, Alice… J’ai fui dans l’inceste, l’onanisme, la nymphophilie, la
fréquentation des prostituées, l’exhibitionnisme. J’ai fui devant C,
E, etc. Maintenant : L, F. Franchirai-je le
pas ?
Freud.
L’intellect dépendant de l’amour. Fait capital en éducation.
Le
désir d’ouverture = le désir d’amour. Urgrund. Dante. Novalis.
13.6.
Poésie,
beauté verbale : la plus difficile à comprendre.
Nous
mourrons… Mais ce trou obscur subsiste où s’enfonce l’univers. Mystère de cette
énormité au sein de laquelle nous ne sommes que d’éphémères fantômes.
-
je te nommerai
merveille
-
tu es
l’infiniment attendue
-
ce fut un matin
simple miraculeux
-
ton âme s’ouvrait
et j’avais peur
-
le soleil
brillait tu parlais de la mort
-
tu étais pâle
comme une sainte
-
une sorte de
détresse parfois dans le regard
Le
vrai esprit de religion commence. Avant, c’était toujours truqué.
Le
but de la poésie est le perpétuel effondement, le saut toujours recommencé dans
l’ultra-égoïté.
Le
pieu de l’angoisse fiché en moi.
15.6.
Rêve.
Dans une église, petite église gothique (mais elle se situe à Pulversheim…) Une
sorte de prêtre orthodoxe commence un office, a des difficultés avec ses
habits… Moi, debout non loin du chœur. Quelqu’un ( sacristain ?) homme
assez jeune me fait un signe, me désignant la sacristie. Je pars (fuis),
longeant une longue cloison de bois. Je rentre à la maison, voulant devancer la
foule de l’église.
Le
surréalisme est sans nul doute le dernier mouvement poétique collectif. Depuis
la poésie est morte en France. Rien que quelques grands solitaires.
28.
VIII.
Vivre.
Nous commençons à entrevoir notre véritable formule de vie quand déjà nous
avons parcouru la moitié de notre route.
Notre
mauvaise éducation, qui ne nous a pas appris à vivre.
La
grande erreur : vouloir donner une quelconque figure à l’Ouvert absolu.
Un
nouveau sentiment de littérature : Joyce, Butor, Simon, Sollers, Arno
Schmidt.
Jeunesse :
je souffre de mon enlisement littéraire. Je me suis séparé de la vraie vie
concrète. Espaces abstraits, brumeux. L’abandon à la littérature éprouvée comme
faiblesse.
Sentiment
du décalage entre ma vie trop quotidienne et le désir de la brûlure absolue.
Ecartelé
entre mon désir de l’incandescence poétique et ma volonté de vivre l’état
adulte ordinaire (Muller, Raymond, Père…)
Etre
vivant écrivant. Jusqu’à la mort. Forcené.
31.
8.
Cela
n’a pas de figure. Cela se situe au-delà de toute figure.
Cela
brûle derrière chaque figure, chaque être, chaque objet.
Poésie.
Exploitation de la poésie typographique.
Couleurs.
Formes.
Une
écriture nouvelle, multidimensionnelle.
ÉCRITURE.
Ma
mort figera enfin ce chaos en perpétuelle ébullition.
Un
jour ma main tracera le dernier signe.
Vers
un nouveau économique.
Briser
l’aveugle démence capitaliste.
Weil, Gandhi, Lanzo del Vasto…
Pédagogie.
Spontanéité des individus, groupes… Non-directivité. Critique : l’homme
n’est pas naturellement libéré (mais naturellement égoïque). Nécessité d’un
« libérateur », d’un ouvreur, d’un médiateur.
Fonction
de l’éducateur : être le médiateur entre l’ego individuel ou collectif et
l’absolument ouvert.
Rôle
surtout négatif. Permettre à une liberté de naître à soi-même. Permettre à un
ego de se dépasser.
Fille
de la nuit toi reviendras-tu ? Y
aura-t-il un autre printemps un autre été une autre saison de caresse ?
Tourner
les consciences vers l’absolument ouvert.
Bataille.
Le vent du dehors. Il y a donc un dedans et un dehors?
Sortir
vraiment du subjectivisme. Affirmation de la créativité (Dieu).
Toute
l’histoire, drame de la créativité.
Adopter
une position entièrement polémique vis-à-vis de mouvements comme TEL QUEL,
CHANGE sans régresser vers les écoles de la première moitié du siècle
(dadaïsme, surréalisme).
Aller
au-delà de toutes ces positions qui restent prises dans le subjectivisme
occidental.
Le
prolétariat comme rêve de la bourgeoisie…(08 : et inversement).
Notre
époque : l’accent mis sur le refoulé de l’Occident idéaliste.
Inaugurer
une nouvelle phase. Au-delà du Bien et du Mal (idéalisme/matérialisme).
Au-delà
du champ matérialiste (Marx- Freud) un champ plus large – espace de
l’absolument ouvert – créativité, « Dieu ».
L’au-delà
de l’ego humain.
Bataille :
jeu entre l’ego et son refoulé. Plus grand jeu : ego/créativité « universelle ».
Jeu
profond des écritures fragmentaires.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire