1982
10.2. H
dort. La lumière reste allumée dans le couloir. H ne s’endort pas autrement.
Je regarde
la télé. Les pensées s’embrument. Je mange les images. Plaisir des couleurs.
J’écris. Je lis. Je regarde distraitement. Je suis bien lavé. Je suis au chaud.
Un paysan parle avec un gros accent. L range sa boite à couleurs. Fleurs jaunes
sur le buffet. C’est le soir. Calme. Je me sens apaisé. L’angoisse de la
journée s’est dissipée.
16.2. Une des rares choses pures de ma vie :
l’amour que je porte à mon fils.
Je n’ai découvert l’amour de l’enfant qu’avec H.
Avant, j’aimais les enfants abstraitement.
20.2. Conscient de mon trouble psychique
(angoisse, inhibition, émotivité maladive, boulimie, égocentrisme…). Que
faire ? Une cure. Mon hésitation devant les solutions fait partie de ma
névrose.
Comme SK,
j’ai mon écharde dans la chair. L’accepter. Me savoir infirme et cependant
combattre le combat où me place Dieu.
Je suis un
instrument peu reluisant, mais l’important, c’est de savoir à quoi il servira.
J’ai renoué
avec l’Église, m’y accroche coûte que coûte et peu à peu m’y engage activement.
23.4. Promenade
dans la forêt vers Ruelisheim. Primevères. Lézard.
SCARLATTI, Salve Regina. VIVALDI, in Furore. DEBUSSY, jardin sous la pluie.
27.4. Paris
avec L et H. Palais de la Découverte. Très
belle animation sur le monde vivant. Planétarium.
8.5. Depuis
quelques semaines, je porte des lunettes pour lire, écrire.
Réservé,
timide, aimant la solitude, aimant vivre à mon rythme. Avec les autres, il faut
toujours faire attention. Les autres distraient.
9.5. Messe.
Lutterbach.
Ménage à l’école.
20.5. Le
Sundgau au printemps. Prés parsemés de boutons d’or, lilas, cierges blancs des
châtaigniers, un vieux paysan au seuil de sa porte, les mains dans les poches,
tête rouge, maisons blanches aux colombages noirs.
Vivre le
plus nu.
27.6. H :
papillon= pétales de fleur.
19.7. Écrire
pour témoigner de ces vies humbles et grandioses : Mère, Père, ces êtres
pitoyables pris dans le drame de l’amour et de l’angoisse.
Vivre sa
religion à travers toutes les religions.
Vivre toutes
les religions à travers sa religion.
29.7. Me
décrire tel que je suis, impitoyablement : obsessionnel, boulimique
alimentairement et culturellement, libidineux, paresseux, adipeux, disgracieux,
bégayant…
HENRI PETIT,
la foi des hommes.
Promenade le
long de la Thur jusqu’à Ensisheim.
Cueillette
de « Wullablüama »(bouillon blanc) et de camomilles.
Douceur de
l’air, atmosphère d’avant l’orage.
H s’arrête à
chaque mare pour se pencher sur l’innombrable vie qui grouille. Passion de
l’animalité.
Rue d’Ens.
Mère dépressive : « J’attends la mort avec sérénité. » Père
arpente le salon.
Mange des
pommes et des tomates dans le jardin.
Installation
des étagères FLY dans la pièce de travail.
Cahiers
d’archéologie : sur Grünewald.
2.8. Promenade
en bicyclettes aux alentours de Pul. Forêt de Ruelisheim,
Schoenensteinbach, Forêt du Nonnenbruch. La curieuse enceinte d’un projet d’ermitage en pleine
forêt.
Rue d’Ens.
Père a toujours quelque commission à faire. Consommation astronomique de
médicaments. Mère : grande sensibilité aux malheurs du monde, moralisme,
utopisme. Rangement de la pièce de travail.
Se vivre
comme rien, délivré du souci de soi, laissant Dieu être à travers nous.
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