26.12.08

NATIVITÉ

Ils ne savent pas où aller. Ils errent dans les rues surchargées de décorations lumineuses. Partout foule dans les magasins. Boustifaille. Boustifaille. Montagnes de marchandises, jouets, jeux électroniques, matériel informatique…Dégoûtante profusion. Ils marchent au hasard. Elle est jeune, pensive ; lui, soucieux. Où aller ? Pas d’argent. Pas de papiers. Personne ne les voit. Les passants, encombrés de paquets, se bousculent sur les trottoirs. Boustifaille. Musique sirupeuse déversée sur les têtes saturées. Douce nuit, sainte nuit…On se hâte de rentrer chez soi. Déjà s’obscurcit le jour. Le réveillon de Noël va commencer…

Maintenant les rues sont vides. Maintenant, à bout de forces, ils se réfugient dans un squat au bord de la ville. D’autres sans-abris y sont déjà installés. Maintenant elle dit : « Je sens que le bébé vient. » Et dans la pénombre froide du squat, elle accouche avec l’aide de son compagnon, sous les regards éberlués des SDF.

Dehors les rues nocturnes sont terriblement vides. Il se met à neiger. Dans les appartements surchauffés, les cadeaux s’accumulent près des sapins étincelants de guirlandes et de boules. Les gens attablés s’empiffrent, puis ils vont à la messe de minuit, repus, bien nippés, les âmes euphoriques, bienveillantes, fades. Ils s’embrassent. C’est Noël.

Un enfant est né dans un taudis glacial, ignoré du monde, un enfant sans-abri, sans-papiers, sans étoile.