Un homme ensanglanté titube dans la rue.
Ses mains flambent et ses yeux sont crevés.
Une foule flasque l'entoure mais ne le voit pas.
NOIRS ECLAIRS
miroirs qui saignent frappés de doux regards
marbre de brume meurtri d'orages
éclairs sombres
parmi les roses
éclairs suaves
dans les crânes
éclairs noirs
sur la neige fraîche
sur la neige chaude des chairs
les bêtes éclatent
somptueusement sanglantes
organes déchiquetés
loques de viande
éclairs rouges
perforant
la blancheur des vierges sacrifiées
sur le marbre noir des autels
éclairs d'or
rires solaires
orages de gloire
sur la terre des centaures
MIROIRS QUI SAIGNENT
les miroirs obscurs
dans les vergers
de brume dorée
éclatent et saignent
éclaboussant
les floraisons candides
des cerisiers
ECLABOUSSANT LES FLORAISONS CANDIDES
MEURTRES PARMI LES MIROIRS
Le brutal éclair de l'acier
luit
au-dessus de la mer blanche des lits.
Glaces, diamants, rayons: déesses lascives.
Soudain terrorisées.
Sous les lambris se tordent les cyclones;
les épées flammes furieuses
plongent
vers les gorges
et la soie voilant les cuisses.
Giclées de sang contre les miroirs,
clameurs;
longues lamentations répercutées par les couloirs,
jusqu'à ce que, vers l'aurore, le lait bleu du silence
ait noyé les vastes chambres.
GICLEES DE SANG
LONGUES LAMENTATIONS
TENDRES ENERGIES DE NEIGE
Des nuques de nymphes
dans les tourbillons de nuit
s'ouvrent
et répandent
de tendres énergies
de neige,
nébuleuses
qui nimberont
l'incandescence des astres
derrière la dentelle angélique
tissée entre le ciel et l'enfer.
DANS LES TOURBILLONS DE NUIT
TRAVAUX DANS L'AZUR
Les pelleteuses d'enfer
creusent des fosses dans l'azur.
De gigantesques mottes bleues
s'accumulent sur les chaumes des hauteurs.
De la plaine, un peuple de nains marmonneurs
suit ces travaux perpendiculaires
et regarde avec stupeur
les énormes entassements translucides
qui surplombent
de plus en plus vertigineusement
les hameaux placides.
LES FOUDRES
NOIRCISSENT L’OR DES OSTENSOIRS
et le maïs
immensément envahit les ruines
avec une
calme violence .
Les temples
ouverts à l’azur libre
retentissent
du cantique des luxures printanières.
Des gerbes
de sang tiède inondent les livres,
Korans,
Védas, Bibles.
cantique des luxures printanièresBÊTES SACREES VEINEES DE LAVE
Les bêtes sacrées, veinées de lave,
traversent fougueusement la buée de l'aurore,
escaladent les montagnes de fraises
qui séparent le pays des Nuages de celui des Bannières,
et, se cabrant sur les crêtes chenues,
dressent leurs corps d'ébène
vers l'Etoile radieuse du Matin.
EUSTRIE DE NACRE
des artères de mazout la sillonnent
scintillement des jardins de reines
lentes comme le lait
torrents en fête dans les vallons
aux brises veloutées
Eustrie songe ocellé où calmement se meuvent
les amantes mérovingiennes aux yeux de voie lactée
du fond des Asies les races rauques avancent vers tes verdures
tes eaux printanières
chevauchent vers toi Eustrie de glaise tendre
les rois rouges
verdure de cruautés
verdure de cruautés
FORET D’OS
Une nuit
fragile se lève derrière la forêt d’os.
AU PIED DES
MURAILLES DE LA FAUTE
Les nations
habillées d’aigles s’agglutinent dans les crevasses de la Peur.
Et les hauts murs de la Mort se dressent au-dessus des foules
muettes.
Et l’Ombre passe sur les têtes, la terrifiante brusque
Obscurité.
Et les bouches de la Terre s’ouvrent avalant les peuples de
l’Angoisse.
Et les oiseaux vertigineux s’envolent au-dessus des pierres
de la détresse terrestre.
Oh ! ce silence d’agonie au pied des murailles de la
Faute.
Les murs se
dissolvent.
Les morts
montent des caves remplies de vapeur.
On sent dans
l’air l’odeur des crimes.
Tout se tait
et les
feuilles flambent de verdure noire.
silence d’agonie
au pied des murailles de la Faute
LUBRICITES
SUAVES
Des
lubricités suaves
enveloppent
les pylônes
de
floraisons blanches.
Les
abattoirs retentissent
de meurtres
mordorés.
NUIT
SUCCULENTE DE MORT
Nuit succulente de mort
dans les
tombeaux de la débauche.
Hurlez de
douceur en pénétrant
la charogne
des reines.
Dévorez ces
soleils de pourriture
dans les
viscères
où fermente
la fange funèbre.
tombeaux de la débauche
où fermente
la fange funèbre
la fange funèbre
DANS LES VALLEES D'HOMORE
Tes
poumons palpitent de flammes fraîches
des
frissons de feu parcourent tes entrailles
entre
tes fesses verdoie mon phalle
et
crache
rugit
d’opalescence
dans
tes excréments
et
s’enfonce dans ta fange brune
dans
tes profondeurs nauséabondes
se
blottit
palpitant
dans
ton derrière de prêtresse
dans
tes pâles fesses
de
vierge
et
parfois nous devenons loup et louve
frémissant
dans les vallées d’Hormore
parmi
les milliers de corps forniquant
sur
les versants moussus
bêtes
et hommes
morts
et vivants
et
dieux
et
déesses
s’accouplant
sur les collines d’Hormore
INSTINCTS DE GLAISE
Dans la terre,
dans la brunâtre douceur des vers,
dans la torpeur des taupes,
avec nos ardeurs de mort,
avec nos instincts de glaise,
terriblement nous
mangeons la boue,
nous dévorons la fange,
mâchons l’argile tiède, blanche,
ruminons sous la mollesse des orages,
gisant dans le sombre silence des tombes,
au fond des fosses tapissées de muqueuses,
avec les scolopendres
langoureusement nous sommeillons,
rêvant de noirceurs délicieuses.
Ô foulques ô fougères
se prélassent les
hameaux d'Eustrie
ô frais flocons
frôlant les frondaisons d'avril
la poreuse
substance du printemps glisse des remparts de neige
la menthe
d'aurore fait étinceler les charrues
près de la
lumière
avec ce venin
tendre
de la mort
parfois
infusant le vent
sur l'herbe des
pelouses
la jaune neige de
mai
couvre la boue
des caresses
la fable des
ailes
la liberté des
éclairs
les vitres
rutilent
dans le blond
visage
des maisons
pain des murs
où glissent
des ombres
de pigeons
VIVRE COURONNE D'ORAGES DE ROSES
DANS L'ETE TENEBREUX
Fragiles
visages
piétinés
de ténèbre
corps
renversés
dans
les gouffres de la volupté bleue
au
sommet des collines
morsure
d’azur sous les seins
glaives
de gloire
remuant
le fumier des hanches molles
les
barques d’enfance dérivent dans la lumière
barques
de mort
dans
l’été ténébreux
ARBRE AUX PLAIES NOIRES
ARBRE AUX PLAIES NOIRES
arbre aux plaies noires
couvert d’yeux
et de lèvres qui saignent
des êtres de verdure
mangent du miel
vautrés sur la mousse rouge
Vision
Tu marches dans la rue
et là-bas la vision violente du Royaume
illumine les longues files de voitures,
les foules fabuleuses de la ville moderne.
Tu entres dans un bistrot
et tu bois un café bien chaud
en pensant au Golgotha.
Un clochard passe sur le trottoir,
le visage tuméfié.
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