"HIERSEIN IST HERRLICH." (RILKE)
"A FLOWERY BAND
TO BIND US TO THE EARTH." (KEATS)
CUEILLETTE D'ETOILE
Une main d'enfant
cueille une étoile
et la laisse choir
nonchalamment
dans le bol d'azur frais
du matin.
INSTANT D'ETE
Touffeur.
Songe de soleil peuplé de souffles délicats
et sous les branches
tremblements plus subtils encore:
frissons de flaque,
brindilles qu'un rayon chauffe,
tendresses discrètes de myosotis,
battements d'ailes invisibles,
regards de musaraignes.
C'est le monde arrêté,
suspendu à son propre silence,
la terre qui s'écoute être.
C'est l'oreille des choses
attentive au murmure le plus tendre.
APRES-MIDI D'ETE
Le ciel tendre
se penche sur le toit.
Bleue de silence,
la fenêtre contemple
le jardin calme
ruisselant de lumière.
DANS LA FORET D'ETE
J'allais par de frais chemins,
léché tour à tour
par l'ombre et les coulées de lumière.
Des fabulations démentes
me tourmentaient.
Parfois une pluie brève
faisait murmurer les feuillages.
Clairières. Eclaircies.
Lumineuses gazes pendant
d'où l'azur était trouble.
Et, l'averse s'étant tue,
la forêt creusait son silence.
J'AI PASSE COMME LE VENT
J' ai passé
comme le vent
virevoltant
un instant
dans les blés
un matin d'été.
Ne m'a reconnu
qu'un lièvre
sur un sentier perdu
où j'ai disparu
dans le silence aigu
aux odeurs de genièvre.
ENFANTS DE L’INFINI
Enfants de l’infini,
nous errions ivres
dans les vastes
prairies
du paradis
jusqu’à ce que la nuit
nous livre
à ses splendeurs de
givre.
Etoiles vagabondes,
nous rêvions alors de
dérives
aux lointaines rives
où se perdent les
mondes.
TOITS PARMI LES HERBES ET LES FEUILLES
Le chemin s'incurve au pied du peuplier.
Des poulains piaffent dans les prairies
vastes jusqu'au ciel.
Les toits se baissent vers l'herbe
frémissante de lumière.
Villages nimbés de candeur,
assoupis parmi les feuilles;
églises sépulcrales où l'on entre
après la promenade au soleil.
Pierres en prière dans les saisons sans fin.
L'HERBE DE MERVEILLE
L'herbe de merveille
pousse n'importe où,
entre les pierres, dans la boue,
dans les jardins abandonnés,
au bout des chemins vicinaux.
L'herbe de merveille,
nous l'ignorons,
nous la piétinons,
n'ayant pas dans le regard
assez de simplicité
pour la voir,
extrême naïveté
de toute chose.
L'herbe de merveille
pousse pour le vent,
pour les chiens errants,
pour l'âme des enfants.
L'herbe de merveille diaphane
pousse pour les ânes.
AVANT L'AVERSE
Sur l'humble rose
un papillon se repose.
Un peu de vent les berce
doucement, doucement.
Quelques grosses gouttes
bombardent la poussière
de la route.
Voici venir l'averse.
L’AVERSE
L’averse
jette ses bleues giclées
de perles
liquides
contre la
vitre qui chante
heureuse et
fraîche
comme
l’enfance en été
quand dans
le verger les pêches
ont des
joues d’aube
sous
l’humide feuillage du matin.
Le soir brûle dans les vitres
Vertige de silence.
L'insecte replie ses élytres.
Les arbres pensent.
VITRE
enVols
vertIgineux
à travers la vaste Transparence
du cRépuscule
front frôlant lE frais rideau
ROSES
JUBILEZ
Roses
jubilez près des cils.
Aiguilles
d’azur, abeilles,
pénétrez le
gouffre de parfums.
Un enfant
transpercé saigne,
étendu sur
le lit d’herbes noires.
Le soleil
boit sa bouche pâle.
Roses, ô
bourdonnantes d’ailes,
dans le feu
disparaissez.
L’agonie de
l’enfant brûle au cœur du silence d’été.
IMMENSEMENT
SAISONS DE MENTHE
Immensément
saisons de
menthe
dans les
collines
avec les
myosotis, les brises,
les
gigantesques nuages d’éclatante blancheur,
caravelles
célestes immobiles
au-dessus
des toitures moussues,
immensément
avec la soie
des rumeurs,
ailes,
sources, craquements
de la terre
en gestation.
LONGTEMPS DANS LES SAISONS D'OUBLI
Longtemps dans les saisons d'oubli,
d'arbres flous et de fileuses,
ombres aux visages pâlis,
nous rôdions au bord des meuses,
des meuses, des mélancolies
aux tiédeurs insidieuses.
Nous errions sous les douces pluies
jusqu'aux collines dormeuses
où se perdaient les hallalis
des clairières odieuses
et les bleues guirlandes de cris
des lointaines vendangeuses.
ECLAIRS
Le jour glacé se lève.
Un insecte lentement gravit la vitre.
Au loin dans un reste de nuit
un astre bleuté énorme luit.
***
Les corolles la nuit
dégustent le lait de lune,
puis boivent le lait rose de l'aube.
***
Jonchées d'astres s'effaçant.
Les glaïeuls gloussent
dans l'aurore.
Les jacinthes jaillissent
des songes d'ombre.
***
Braises d'aube
derrière la dentelle des branches.
***
La flamme des fleurs danse
sous la neige du printemps.
***
Légère, l'aile
au-dessus des lys.
Saison de délice.
***
Les ivres fêtes d'ailes
à la neige se mêlent
et d'éclairs étincellent
sur la noirceur du ciel.
***
ROC
DOIGT
NOIR
HORS
DU BLANC
FLOT
D'EAU
***
Depuis quelques jours, il neige
et nous ne dormons plus, debout aux fenêtres
à manger la blancheur.
JE SORTIRAI DANS L'ETE RAYONNANT
Je sortirai
dans l'été rayonnant
vers l'eau
plus neuve que la lumière.
Marcheur léger,
je sortirai
pour voir le jour et l'ombre
et les visages éclore
aux brises de clarté.
JOIE
riez roses
riez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de neige
ardente des baisers
dans le bruissement bleu des brises
et des branches
brûlez roses brûlez
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits noirs
et des tourments humains
dansez
brûlez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie
de l'été souverain
SOIR
Les vitres rutilent
dans le blond visage des maisons;
pain des murs
où glissent des ombres de pigeons.
Dans le verger d'avril,
la jeune mère fragile
éclaire l'enfant
aux regards débordant
du mystère de l'azur
et de la force du futur.
VERTIGE DE SILENCELONGTEMPS DANS LES SAISONS D'OUBLI
Longtemps dans les saisons d'oubli,
d'arbres flous et de fileuses,
ombres aux visages pâlis,
nous rôdions au bord des meuses,
des meuses, des mélancolies
aux tiédeurs insidieuses.
Nous errions sous les douces pluies
jusqu'aux collines dormeuses
où se perdaient les hallalis
des clairières odieuses
et les bleues guirlandes de cris
des lointaines vendangeuses.
ECLAIRS
Le jour glacé se lève.
Un insecte lentement gravit la vitre.
Au loin dans un reste de nuit
un astre bleuté énorme luit.
***
Les corolles la nuit
dégustent le lait de lune,
puis boivent le lait rose de l'aube.
***
Jonchées d'astres s'effaçant.
Les glaïeuls gloussent
dans l'aurore.
Les jacinthes jaillissent
des songes d'ombre.
***
Braises d'aube
derrière la dentelle des branches.
***
La flamme des fleurs danse
sous la neige du printemps.
***
Légère, l'aile
au-dessus des lys.
Saison de délice.
***
Les ivres fêtes d'ailes
à la neige se mêlent
et d'éclairs étincellent
sur la noirceur du ciel.
***
ROC
DOIGT
NOIR
HORS
DU BLANC
FLOT
D'EAU
***
Depuis quelques jours, il neige
et nous ne dormons plus, debout aux fenêtres
à manger la blancheur.
JE SORTIRAI DANS L'ETE RAYONNANT
Je sortirai
dans l'été rayonnant
vers l'eau
plus neuve que la lumière.
Marcheur léger,
je sortirai
pour voir le jour et l'ombre
et les visages éclore
aux brises de clarté.
JOIE
riez roses
riez de beauté pourpre et blanche
dans la rumeur de neige
ardente des baisers
dans le bruissement bleu des brises
et des branches
brûlez roses brûlez
et vous oiseaux
dansez au-dessus des toits noirs
et des tourments humains
dansez
brûlez de joie jusqu'à l'ébriété
dans l'extase infinie
de l'été souverain
SOIR
Les vitres rutilent
dans le blond visage des maisons;
pain des murs
où glissent des ombres de pigeons.
Dans le verger d'avril,
la jeune mère fragile
éclaire l'enfant
aux regards débordant
du mystère de l'azur
et de la force du futur.
Le soir brûle dans les vitres
Vertige de silence.
L'insecte replie ses élytres.
Les arbres pensent.
VITRE
enVols
vertIgineux
à travers la vaste Transparence
du cRépuscule
front frôlant lE frais rideau
LA BEAUTE SIMPLE
La beauté simple
visite les jours
de l'ouvrier et de sa femme.
Il y a les tournesols du jardin
et l'odeur du vent
entrant par la fenêtre.
Il y a le pain et le vin
sur la table éclairée
par le soleil couchant.
Il y a les bras de la nuit et la tendresse.
PROFONDEUR DU SOIR
L'arbre respire plus ample.
Pas une étoile
ne tremble
encore au ciel laiteux.
L'araignée se fige
au milieu de sa toile.
Le silence apaisant s'érige
sur les prés brumeux
qui lentement s'inclinent
dans le soir
comme si la terre,
la vieille terre carnivore
avec ses morts,
s'offrait doucement au ciel
et à la nuit naissante,
comme si un imperceptible mouvement,
au-delà de la demeure des vivants,
fondait la paix des trépassés
et le calme du firmament.
Bientôt ce sera la profondeur,
eaux, herbes, brumes, branches,
tombes aux sombres moiteurs,
toutes choses comme imbibées,
ouvertes par la dense obscurité
envahissant le pays de lenteur.
HERBSCHTNACHT
D Strossa sen schwàrz.
Dr Raga rüescht.
Im wàrma Hisala
tràjma d Menscha.
Im stella Hisala
schlofa d Kàtza
un schnàchlt dr Hund.
Dr Raga rüescht ufm Dàch.
D Lada lodla im kàlta Wend.
D Strossa sen schwàrz,
d laara Strossa in dr Nàcht.
visite les jours
de l'ouvrier et de sa femme.
Il y a les tournesols du jardin
et l'odeur du vent
entrant par la fenêtre.
Il y a le pain et le vin
sur la table éclairée
par le soleil couchant.
Il y a les bras de la nuit et la tendresse.
PROFONDEUR DU SOIR
L'arbre respire plus ample.
Pas une étoile
ne tremble
encore au ciel laiteux.
L'araignée se fige
au milieu de sa toile.
Le silence apaisant s'érige
sur les prés brumeux
qui lentement s'inclinent
dans le soir
comme si la terre,
la vieille terre carnivore
avec ses morts,
s'offrait doucement au ciel
et à la nuit naissante,
comme si un imperceptible mouvement,
au-delà de la demeure des vivants,
fondait la paix des trépassés
et le calme du firmament.
Bientôt ce sera la profondeur,
eaux, herbes, brumes, branches,
tombes aux sombres moiteurs,
toutes choses comme imbibées,
ouvertes par la dense obscurité
envahissant le pays de lenteur.
HERBSCHTNACHT
D Strossa sen schwàrz.
Dr Raga rüescht.
Im wàrma Hisala
tràjma d Menscha.
Im stella Hisala
schlofa d Kàtza
un schnàchlt dr Hund.
Dr Raga rüescht ufm Dàch.
D Lada lodla im kàlta Wend.
D Strossa sen schwàrz,
d laara Strossa in dr Nàcht.
L’ENFANT AU
FRONT POURPRE
Neige bleue
aux vitres
d’aube.
L’enfant nu
blotti derrière les braises
rêve de
vastes herbages
où galopent
des cavales
aux
crinières incandescentes.
Neige lente
tombant sur
l’épaule des collines.
La mère
s’incline
sur le front
pourpre de l’enfant songeur,
éloignant
d’un baiser
les spectres
du malheur .
FLEURS DE GIVRE
A travers les frises
de subtiles fleurs grises
qu'aux vitres dessine le givre
brille la matinée ivre
des baisers de la bise
et dans l'ombre aux senteurs
de cuisine l'enfant se livre
au songe immense de vivre.
IMMENSITE ETRANGE
Heures d'hiver
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
WENTER
S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs gehn gràïa Gschpanschter.
D Hunda hert ma briala.
"WINTER UNDER CULTIVATION
IS AS ARABLE AS SPRING."
(EMILY DICKINSON)
"L'Hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps."
WISSA PRACHT SCHWARZA NACHT
Wissa Pràcht
Schwàrza Nàcht.
Dr Mond tràïmt àm Fanschter.
Dr Ofa sengt.
D Kuch esch wàrm.
D Fràï setzt navem hocha Kanschter
ehr Bubala im Arm.
DUNES D’EDENFLEURS DE GIVRE
A travers les frises
de subtiles fleurs grises
qu'aux vitres dessine le givre
brille la matinée ivre
des baisers de la bise
et dans l'ombre aux senteurs
de cuisine l'enfant se livre
au songe immense de vivre.
IMMENSITE ETRANGE
Heures d'hiver
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
WENTER
S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs gehn gràïa Gschpanschter.
D Hunda hert ma briala.
"WINTER UNDER CULTIVATION
IS AS ARABLE AS SPRING."
(EMILY DICKINSON)
"L'Hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps."
WISSA PRACHT SCHWARZA NACHT
Wissa Pràcht
Schwàrza Nàcht.
Dr Mond tràïmt àm Fanschter.
Dr Ofa sengt.
D Kuch esch wàrm.
D Fràï setzt navem hocha Kanschter
ehr Bubala im Arm.
J’ai dormi
cette nuit sur les dunes d’Eden
toutes
tièdes de sang et de souffles légers.
Des ailes
survolaient mon lent sommeil de laine
et
j’entendais la mer obscure me parler.
Elle parlait
de vous, ô collines d’haleines
où niche la
tendresse au creux le plus caché.
Et la voix
se perdait apaisante et lointaine
aux gouffres
de fraîcheur de la tranquillité.
AUX CONFINS DE L'EMPIRE
Aux confins de l'Empire,
près d'une baraque,
la lune se mire
dans une flaque.
AUX CONFINS DE L'EMPIRE
Aux confins de l'Empire,
près d'une baraque,
la lune se mire
dans une flaque.
PLUS QUE LES
GALAXIES
Que sont les
astres
et les cieux
infinis
si à jamais
je sombre
désastre
dans la
nuit ?
Plus que les
galaxies
tu es la
vie,
petit enfant
qui souris.
LITURGIE VU DR STELLA
1. MORGA
Dr gànza Tàg, d gànza Nàcht
wia’na Gebatt
àlles üs dr ennra Stella erlawa.
Melda,
melchiga Morgastella,
Porzelàn-Hemmel
ewer d igschlofena Derfer.
Blib
gànz stell un heer dr Stella züa.
Stella
vu da weicha tràimenda Kerwer in da kiahla Zemmer.
Blàia
Stella vum Erwàcha,
vu dr
emmer neia Wedergeburt àns Lawa.
Stella
wia Sida, wia frescha Qualla,
heiligi
Màteria, Freeda wia lichta, wissa Nawel
wu ewer
d gànza Arda schwebt
un
àlles durchdrengt.
Alles steht
noch riahwig, àlles steht noch stell
un wàrtet uf dr Tàg.
Mr heert s geheima Kima un Wàchsa vu da Pflànza,
s làngsàma
Entfàlta vu da Blätter,
vu da
Blüama im durchsechtiga Summertàg,
s
Entfàlta vu dr eifàcha Scheenheit, Duft, Fàrwa, Form,
steller Psàlm vu àlla Kreatüra.
D Baim
un d Hecka erwàcha
voll vu Aiga un Zwetschra.
D Garta stràhla ewerfellt
vu Lelia, Glàdiola, Sunnablüama.
A wàndersluschtiger
Wend waiht durch d Hieser
wu gànz
uffa stehn im granzlosa Liacht-Tràim.
S Meer vu
da Kornfalder erstreckt sech
bis zu da
Rawa, bis in dr Hemmel.
Summertàgstràim.
Alles esch stell,
àlles esch ekstàtisch,
hoch, unandlig.
D Vegel
verliara sech im Sunnagold,
im Glànz
vum Pàràdies.
Dr
längschta Tàg
reina
Azür-Gestàlt
herscht
breit ewer d Ewena
un in dr
hellblàia Farna
schwemma d
Barga wia Luftscheffa .
2. MITTAG
Mittàg.
Stellstànd. Hetz. Hetz. Hundstàgàhetz.
Dr Duft vu
dr Arda tànzt in dr vibriarenda Luft.
D Emmala
summa im Obschtgàrta.
D Hianer
glucksa schlofrig nawem Stàll.
D
schlummernda Kender fàwla
un vergehn
im Sunna-Wàhn.
D Liawenda
schmüsa, flüschtra
un
màcha sànfta Senda im Schàtta.
D Hend
schlofa un schnàchla im fichta Gràss.
D Kàtza
strecka sech üs uf da heissa Pflàschter.
Stellstànd.
Unschuld vum Lawa.
Ech setz
unterm mim Bàim, dr Bàim vu dr Dechtung
un heer
àndachtig, porös dr Stella züa.
Jetz wàchst
in mer a àndra Bàim,
dr Wortbàim, stella Müsik,
stella
Sproch vu da Blüama, vu da Wulka, vu da Tiarer,
vu da
stumma Sàcha vum blossa Alltàg.
S làwandiga
Wort wàchst in mim Kerwer,
s Wort werd
Fleisch, werd Liacht, werd Poesie,
s diafa
Liad vum Lawa,
s hocha
Liad vu dr Schepfung.
Hetz.
Summerfiawer. Alles wàrtet uf Gwetter.
Alles
riaft: Raga! Raga!
Kumm Raga, schwàrzes
Dunnerwatter!
Welder
Bletz, verriss d denna Stella
met dina
gwàltiga Zickzàcka!
Ewerschwemma
d durschtiga Arda,
Wàsser-Kewel
vu da Wulka!
Freeda,
zàrta Freeda noch’m Gwetter.
D Baim un
Pflànza trenka
d frescha Pfaffermenz-griana
Melch vu dr Stella.
A Ragaboga
vereint dr schwàrza Hemmel un d dampfeta Arda.
Dr veialeta
Owa stiegt henter da Dacher.
A
Vegalaharz schlet in dr dämmerda Stella.
Freeda, rosarota
Zàrtheit vor dr Nàcht.
Dr Hemmel
blüatet im dunkla Wàld.
Heert ehr s
Harz vu da Vegala schlàga?
Heert ehr d
Stella bata?
3.NACHT
Lieslig kummt d Nàcht
üsm Müater-Schoss
vu dr Heimet,
üsm Ungrund vum Firmamant.
In dr Stella vu dr Nàcht brennt
d
versteckta Glüat vu dr Sehnsucht
un d hungriga Flàmma vu dr Luscht,
Luscht noch Wolluscht, Luscht noch Liawa.
In dr Nàcht
verdiaft sech d Stella.
Bleicha
Visiona, unheimligi Angscht-Erschienunga
umkreisa d
stüenenda Einsàmkeit.
In dr
Stella vu dr Nàcht heert mr komfüsa Stemma.
O
Schlofenda, ô Tràimenda,
heert ehr
net riafa in dr Nàcht?
D
Fenschternis esch voll Stemma,
stumma
Stemma wu schreia.
As sen
vergasseni Toda, unsri verlosseni Toda,
àrmi
Seela verlora in Nàcht un Nawel.
Besch stell
un riahwig,
laar di
Geischt un heer züa.
Alles redet
in dr Stella, àlles sengt, àlles schreit.
Alles esch
eifàch
un àlles
esch unandlig, geheimnisvoll.
Alles fàngt à , àlles àtmet un àlles geht zruck
in d
ungrundliga Stella Gottes.
O s Wohna
in dr ewiga Rüahj!
D Stella
esch mini Heimet.
In dr
Stella wohn i,
witt vum lütta Schlàmàssel vu dr Walt.
D Stella
esch mini Qualla, d Stella esch mini Nàhrung,
d
Stella esch mini unandligi Rüahj.
D
Stella sengt d Fraid un dr Schmarz vu dr gànza Schepfung.
D Stella
sengt d Pràcht vum Starnahemmel
un vum
grengschta Schmatterleng.
D Stella
esch ewiger Andàcht.
In dr
Stella esch s Mysterium vu dr Ewigkeit verborga.
D Stella
esch s Harz vu dr Walt,
s Harz vu
jedem Gschepf.
D Stella esch d Heimet vu àllem Liawenda.
D Stella
esch Gottes Odem.
LITURGIE DU SILENCE
Faire silence pour écouter le silence, le dire profus du silence.
Taire le vacarme incessant des pensées, vampire men
tal qui dévore au dedans.
Faire silence. Doucement, graduellement, sans effort,
mourant à tout effort, toute crispation, toute volonté propre.
Et s'abreuver, se nourrir de silence.
N'être plus qu'arbre méditatif, plus qu'oreille,
attention intense au chuchotement des choses.
Boire, boire à la source profonde, à la source la
plus profonde, infiniment profonde. Originelle. Matricielle.
Faire silence. Lentement, patiemment s'ouvrir, s'offrir.
N'être plus qu'ardente humble attention, plus que pure ouïe de l'énorme murmure.
Le silence parle. Avec des murmures, des babils, des
gazouillis, des balbutiements. Clameur muette à
l'adresse des humains qui ont des oreilles, mais qui
n'entendent pas.
Le silence chante, bruissant comme soie, comme blé
ployé par brise blonde, moires murmurantes.
Le silence chante, s'ouvrant, s'amplifiant, se creusant de gouffres d'odeurs,
irradiant, coulant ruisseau, fleuve, lave, s'élargissant lac, mer, océan,
vaste psaume, s'affinant porcelaine, fluide lave de fraîcheur.
Le silence chante, clamant du haut des sommets chauves,
prophétisant, au coeur des amoncellements cyclopéens de pierres.
Le silence chante habillé de mousse, de lichen, de
touffes de thym laineux comme la toison des moutons.
Le silence chante, hurlement tragique de minuit
et joie, joie aux matins renaissants.
Vastitude océanique précieuse comme une perle ;
récitation pathétique et subtile, d'extrême faste et d'extrême discrétion.
Le silence chante, grandiloquence de voie lactée et fragilité d'aile de libellule.
C'EST UN JOUR DOUX ET GRIS
C'est un jour
doux
et gris infiniment
d'automne,
lent
et lointain d'enfance,
et noir
de brume jaune.
AUTOMNE
Il y a près des étangs
des peupliers tremblants
et sur les grands bois jaunes
le blanc soleil d'automne.
Il y a dans les rues grises
les feuilles que la bise
fait danser follement.
Il y a la pluie, il y a le vent.
LITURGIE DU
VENT ET DE LA PLUIE
Psalmodies
du vent.
Frais
froissements de feuillages.
Un coup de
vent retourne rageusement la page de mon livre.
Quand
l’orage menace, le souffle du vent s’amplifie,
secoue
vigoureusement les feuillages.
La nuit, des
mugissements de tempête
tourbillonnent
autour de la maison.
Voici
l’orage dans la grisaille de l’aube.
On entend de
sourds roulements dans le ciel
tel un jeu
de quilles aux dimensions des étendues célestes
ou le
remuement de tôles gigantesques.
De temps en
temps explose le tapage fracassant du tonnerre
dont l’écho
se répercute à travers les montagnes
en
craquements sinistres.
La maison
frémit, environnée d’éclatements et d’éclats.
La pluie
crépite bruyamment sur le toit.
Et puis,
progressivement, le calme se réinstalle.
Les
effrayants joueurs de quille s’éloignent,
allant
exercer leur hargne sur d’autres hameaux, d’autres bourgs.
Les
grondements s’amortissent jusqu’à n’être plus
qu’une vague
rumeur lointaine.
La pluie se
fait à la fin délicat tapotement de doigts sur les feuilles.
LITURGIE DU RUISSEAU
J'écris assis sur une pierre
émergée au milieu du ruisseau
et j'écoute la fraîche rumeur.
L'eau glougloute glacée
entre les amas chaotiques de pierres.
Le bruissement de satin froissé des feuilles
remuant au vent
couvre parfois le clapotis de l'eau.
Le ruisseau chantonne.
Elégies de menthe.
Chorégraphies de papillons, de libellules.
Le ruisseau chantonne.
Strophes bondissantes des cascades.
Stances amples des bassins ombreux
où quelque truite parfois ondule
sous la surface ridée de l'eau.
Silence des trous d'eau, des berges
envahies d'inextricable végétation.
LITURGIE DES
BETES
Invisible,
omniprésent orchestre des insectes
aux
bruissements d’aiguilles remuées,
basse
continue de la symphonie du silence
battant
comme un pouls vibrant.
Mouches tourbillonnant comme atomes en folie
autour de ma tête.
Gros insectes volants dont on appréhende l'approche.
Sur l'arbre sous lequel j'écris, une cigale jette par intervalles
sa stridulation insistante dans la sérénité de l'après-midi.
Sur la terrasse, un long lézard s'immobilise un instant au soleil
et détale au moindre bruit.
Serpents, lézards...Idéaux résidents de ces hauts lieux du silence et du secret.
Oiseau égrenant parcimonieusement ses neumes monotones.
Maigres troupeaux de moutons et de chèvres.
Le bruit liquide des clochettes se mêle à la rumeur du ruisseau.
ROCS NOIRS
DE L’ORAGE
Rocs noirs
de l’orage,
sombres
rages
autour des
pylônes.
Sur le sol
s’abattent des oiseaux
que
piétinent sauvagement des gnômes
couverts de
boue.
Dans le ciel
tourne la roue
énorme de la
mort.
TOURBILLONNANTS CHAOS
Tourbillonnants chaos de neige
sur les campagnes désertées,
tonnes de blancheur dont s'allègent
les gouffres noirs de bleuité.
Parfois rugissent des stridences
aux lisières des forêts floues,
fureurs de sang, sombres silences
béant comme d'horribles trous.
Sans fin danse, danse la neige
sur les étendues dévastées,
lentement tombe et puis s'agrège
aux herbages ensanglantés.
sur les étendues dévastées,
lentement tombe et puis s'agrège
aux herbages ensanglantés.
SOUS LA TERRE
Sous
la terre
du
feu blanc où se blottissent les démons
où germent les crimes
et les rires des printemps
sous la terre
du lait et les louves fluides de l’enfer
et les forces noires
charbon métaux
reptiles
sous la terre nuit lourde lenteur
morts
LITURGIE DES PIERRES
Rocs, blocs autistiques terribles de nuit
compacte, dense matière de silence
comme rage figée,
runes d'une parole barbare proférée
aux âges premiers.
Pierres rectangulaires comme des autels
d'anciens rites sacrificiels
délaissés par le retrait des dieux.
Pierres rondes, pains géants livrés
à une cuisson interminable.
Pierres ventrues, colossales parturientes
se prélassant au soleil.
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