LA VIE ET LA
MORT
La question philosophique fondamentale n'est pas la question heideggérienne: pourquoi y a- t-il de l'Être plutôt que rien? mais : sommes-nous faits pour la vie ou pour la mort?
*
La pensée, l’imagination de la
mort, c’est cela qui me fait croire au Christ. Non, c’est impossible, la mort
ne peut être le dernier mot de l’univers. Toutes nos rationalisations sont
impuissantes à effacer ce dégoût invincible devant le mourir, cette terreur
atroce qui nous étreint face à la mort.
*
On parle toujours trop légèrement de la mort. En général on
rationalise face à ce qui restera à jamais scandale inacceptable.
*
La plupart des pensées sur la
mort (Épicure, Montaigne …) sont des rationalisations qui cherchent à éluder le
scandale de la mort humaine.
*
Il me semble clair que si l'on ne
croit pas le Christ, il faut adopter une philosophie de la mort. C'est l'aut
aut, l'enjeu fondamental de la pensée. Faire face à l'alternative: la vie
absolument ou la mort absolument. C'est la question du Christ.
Si Dieu n’existe pas, si Christ
n’est qu’illusion, le monde est voué inéluctablement à la mort.
*
Les êtres qui me sont chers
mourront et rien, rien ne peut m'en consoler. Face au scandale absolu que
représente la mort humaine, les petits jeux de ce monde, les discours
politiques, les idées de progrès... toute cette parlerie sempiternelle
m'apparaît dérisoire.
Le Christ seul affronte sérieusement la question.
*
Sans Dieu, l'inexorable Loi de la Nature triomphe en fin de
compte de l'homme. Jeu de vie et de mort, jeu de vie pour la mort.
L’affrontement avec « le maître absolu », la mort,
débouche ou sur le désespoir ou sur la foi.
*
Pensée la plus folle :
croire à un au-delà de la mort, un au-delà du monde visible…Comment concevoir
cette croyance centrale de toutes les religions qui nous est devenue de plus en
plus étrangère ? Comment parler de foi sans cette pensée d’un
accomplissement transcendant de l’existence ?
Face à cette question, la foi
exige le dépassement de toute raison sensée, l’adhésion sans réserve au Christ
ressuscité, seul signe manifesté de la vie éternelle proposé aux croyants.
*
Nous ne voyons toujours les
choses que d’un seul côté, du côté de la vie, et jamais du côté du néant qui
engloutit tout.
*
Pourquoi habitons-nous cette horrible machine de mort ?
Pour ne pas voir, les êtres
humains se transforment en mécaniques quotidiennes, se réfugiant dans le faire
semblant.
*
Nous mourrons… Mais ce trou
obscur subsiste où s’enfonce l’univers. Mystère de cette énormité au sein de
laquelle nous ne sommes que d’éphémères fantômes.
L’existence humaine, ses
tendresses, ses beautés, se perd dans la nuit la plus noire. Regarder cela en
face. Tout n’aura été qu’un bref passage. Peux-tu l’accepter ? Ne
désires-tu pas l’éternité ? On parle trop facilement de la mort, on
rationalise l’horreur, faute de la regarder en face.
*
Pourquoi nous qui sommes destinés
à la mort nous aimons-nous si peu ? Face au néant nous devrions ne cesser
de nous étreindre de tendresse
compatissante, nous adonner sans mesure à l’œuvre de consolation.
*
La Foi traverse la Mort. Elle renonce à la certitude de la
Mort, à la perte dans le Néant et
s’ouvre au mystère de la Vie éternelle.
*
C’est par notre commun destin de
mortels que nous sommes tous frères et sœurs en humanité.
*
Ce monde peut être vu comme une
horrible machine de mort et le plus stupéfiant, c'est que l'homme en rajoute
amplement.
*
L'affrontement à la mort est la
seule affaire vraiment sérieuse de l'existence humaine.
*
Vivre dans la lumière de la mort et pas seulement dans la
clarté équivoque de la vie présente.
*
Que ta vie soit digne de cette grandeur, la mort, sacrement
suprême.
*
Croire à la Vie est infiniment plus difficile que croire à
la Mort. Évidence de la Mort. La Vie, elle, exige la foi.
*
Pour vivre il faut traverser la mort. C’est humainement
impossible. Et pourtant il le faut : avec le Crucifié-Ressuscité. C’est le
fond de la Foi.
*
Nous naissons pour naître, naître à l’absolu de la Vie.
*
La matière première de notre existence, c'est la lutte
incessante entre la vie et la mort où la mort apparemment a toujours le dernier
mot.
La victoire de la vie contre toute évidence ne peut être
qu'objet de foi.
*
L' " aut, aut"
premier et dernier: ou tu ne crois qu'à la mort que tes yeux constatent;
ou tu crois à l'éternité de la vie que tes sens ne perçoivent pas.
Vivre la Vie éternelle ici et maintenant contre la mort.
Vivre la résurrection ici et maintenant. Être d’ores et déjà des êtres
christiques.
*
Pour l’essentiel, la grande question humaine reste la même à
travers les temps: comment affronter la nuit noire de la mort?
*
Les questions essentielles qui se posent à l’être humain
sont intemporelles.
*
Ou tu ne crois qu'au cachot définitif du sépulcre ou tu
crois à la libération au-delà de ce monde de mort.
*
Y a-t-il quelque chose après la mort ou rien ? Dieu
existe-t-il ou non ? Questions secondaires. La question essentielle, valable
pour tous les temps et pour tous les hommes, est et restera à jamais celle-ci :
crois-tu à la Toute-Puissance et à la Mort ou crois-tu à l’Amour et à la Vie ? Crois-tu
à l’implacable Fatum ou crois-tu au Dieu des vivants ?
*
Notre vie : doucereuse, petits plaisirs, petites
angoisses. Seul le spectacle de la mort nous arrache à la sempiternelle
rêvasserie.
*
Comment le néant peut-il
engloutir à jamais la beauté de la tendresse humaine ?
*
Accepter de n’être rien et de disparaître comme rien dans le
Néant ou en Dieu.
*
Tu n’es rien, le Christ est tout.
*
LE JEU DES JEUX: mourir au dieu Néant pour naître au
Verbe-Vie.
*
Tout sort-il du Néant et tout y retourne-t-il ?
*
Il y a en nous désir de Dieu, d’éternité, d’accomplissement.
Peut-on accepter que la vie se perde dans le Néant ?
*
Vivre en même temps le pur sentiment du néant et la foi sans
réserve.
*
Être totalement poussière et totalement soif d’éternité.
*
Le passage par le Néant absolu est inéluctable pour tout ce
qui existe, pour tout être particulier et pour l'univers en son entier.
Golgotha personnel et cosmique dont la Croix du Christ est le grand symbole.
*
La vérité abyssale de Dieu
passe par le nihilisme. Sans l’épreuve du Néant, la pensée se maintient
dans la contrée des sempiternelles illusions, dans l’immense rêverie utopique
ou cauchemardesque de l’humanité.
*
JEU DE DIEU
CREDO
Je crois Dieu dans le temps du plus grand éloignement de
Dieu, le temps de la plus grande détresse.
Je crois Dieu dans la nuit sans Dieu, dans l’impossibilité
de croire.
Je crois Dieu parmi les brasiers de l’esprit moderne où
brûlent les antiques livres sacrés, les théologies désuètes, les liturgies
pétrifiées.
Je crois Dieu, ne pouvant me contenter de cette pauvre vie
incertaine, de cette vie pour la mort.
Je crois Dieu malgré l’évidence apparente de la Mort
définitive, l’évidence apparente du Néant final.
Je crois Dieu parce que je ne peux concevoir que le Mal et
la Mort triomphent à la fin en ce monde.
Je crois Dieu contre la part infernale de ce monde.
Je crois Dieu pour tous les êtres humains qui comme moi partagent
l’essentielle pauvreté, l’essentielle misère de la condition humaine.
Je désire Dieu, je désire l’absolue vérité, l’absolue
justice, l’absolue beauté, l’absolue liberté.
Je veux Dieu pour vivre absolument.
Je veux l’absolue flamboyante folie par-delà la banalité raisonnable
de nos jours.
Je crois Dieu, je risque tout sur Dieu, parce que c’est Dieu
ou les petites misères, les petits plaisirs et l’abîme absurde du néant.
Folie, folie cette foi ! Mais folie aussi ce monde de
l’éternelle mort.
Je crois Dieu à travers la beauté du monde.
Je crois à la beauté du monde comme prophétie du Royaume.
Je crois à la beauté du monde comme prophétie du Royaume.
Je crois Dieu en Jésus de Nazareth, misérable charpentier et
Dieu, Dieu vivant dans la chair d’un homme semblable à tous les autres humains sur
la minuscule planète Terre perdue dans les temps et les espaces
incommensurables.
Je crois Dieu dans le fils de Marie, dans l’enfant né des
entrailles de la femme, être de glaise et de gloire, d’invisible gloire.
Je crois le Christ, Dieu traversant pour nous avec nous le
Mal, le Non-Amour, la Mort, le Néant, vers la lumière de Dieu.
Je crois Dieu dans le Christ, Amour salvateur qui s’incarne
pour nous ouvrir le passage vers le règne de l’Amour.
Je crois Dieu dans le Christ, Dieu portant nos misères avec
nous, Dieu souffrant, compatissant. Je crois Dieu dans le Christ rejeté,
accusé, condamné, insulté, couronné d'épines.
Je crois Christ crucifié, Dieu qui s'incarne et qui est
absolument rejeté par le monde.
Je crois Dieu dans le Christ défiguré, dans notre misère,
dans notre essentielle pauvreté, notre incapacité de vivre et notre peur de mourir.
Je crois le Christ pour le vieillard sénile titubant
tremblant vers le trou final, pour la mère pleurant sans fin la mort de son
enfant.
Je crois Dieu dans l'homme, dans le visage unique de chaque
être humain, non dans les pures hauteurs spirituelles, dans le ciel des Idées.
Je crois Dieu dans le pain et le vin, dans les humbles
choses de la vie, dans les joies simples et l'œuvre patiente de chaque jour.
Je crois Dieu se révélant comme l’Absolument Autre, Autre absolu que l’homme ne peut pas capturer dans ses systèmes.
Je crois à cette Transcendance dont on ne peut se faire
aucune Image.
Je crois le Christ parce qu'en Lui je sens l'humanité la
plus divine, la divinité la plus humaine.
Je crois le Christ ressuscité.
Je crois Dieu Vie plus forte que la Mort.
Je crois le Christ, Parole de l'Amour, insurrection contre
toute force de mort, résurrection à la plénitude de Vie.
Je crois en l’Homme.
Je crois en l’Homme de droit divin.
Je crois en la fondation divine de l’humanité.
Je crois l'Amour, source et fin de toute vie.
Je crois l'Esprit créateur –salvateur-
recréateur, vivifiant tout être de foi, inspirant toute communauté de foi.
Je crois l’Esprit vivant, Souffle
libérateur de la Toute-Tendresse, procédant du Père et du Fils pour nous
insuffler le dire et le faire irradiants et nous nourrir de la faim de
l’illimitante Allégresse où resurgiront pour le pardon et l’incorruptibilité
nos corps-âmes, nos corps de gloire, nos êtres vraiment vivants par-delà la
subversion définitive du Règne du Mal et de la Mort.
Je crois à la résurrection de la chair, mystère le plus
incompréhensible.
Je crois à la Nouvelle Création,
au Royaume absolu de l'Amour, germant à travers toute la Création et
s'accomplissant dans la Joie éternelle.
*
LA SOURCE VIVIFIANTE
Le Jeu des jeux est le Jeu de Dieu et de l’Homme, de Dieu en
l’Homme, de l’Homme en Dieu.
*
Tous fuient Dieu. Car
consentir à Dieu, c’est mourir. Non se faire mourir, mais entrer vivant dans la
mort pour perdre les évidences raisonnables et les folles illusions.
C’est une guerre
perpétuelle avec Dieu.
*
Il n’y a de Dieu qu’un Dieu éthique. DEUS CARITAS EST. Dieu
est Amour, Vie.
*
Un Dieu éthique, donnant vie, non un Dieu moral, normatif.
*
Les grands contempteurs de Dieu nous aident à nous
débarrasser de ses fausses images car c’est à travers elles qu’ils voient Dieu.
*
La bondieuserie peut être un des plus grands obstacles à la découverte
de Dieu. Dieu comme substitut parfait des imparfaits parents.
L’incroyant angoissé est plus près de Dieu que les croyants
baignant dans le sirop sucré de la bondieuserie.
*
Ils ont tous endimanché Dieu.
*
Ce monde est absence de Dieu sauf dans la beauté et la
charité.
*
Dieu n'est pas le monde ; Il est la faim du monde.
*
Impossible de penser Dieu avec le
monde et ses absurdités, ses scandales, la souffrance des innocents, les vies écrabouillées
brutalement par les catastrophes, les guerres, les accidents, les
attentats…Impossible de penser Dieu avec la finitude du monde, le Mal, la Mort,
le Néant. Impossible de penser Dieu avec le sentiment d’inanité, de vanité, de
déréliction de l’existence humaine.
*
Impossible inversement de ne pas
croire en Dieu pour sauver le monde de sa scandaleuse absurdité. Impossible que
les horreurs insoutenables du Mal, que les abîmes de la souffrance humaine ne
trouvent leur sens profond dans la lumière de Dieu.
*
Dieu est l’absolument Autre de ce monde, das ganz Andere.
*
Croire en Dieu bien qu’Il ne soit pas pensable,
compréhensible, admissible par la raison humaine.
*
Dieu n’est présent en ce monde que sous forme de grain de
sénevé.
*
Si Dieu existe, Il est le feu au cœur de la vie et non la
Grande Abstraction anti-vie.
*
« IHN ZU
FASSEN, IST UNSERE FREUDE ZU KLEIN.SCHWEIGEN MÜSSEN WIR OFT; ES FEHLEN HEILIGE NAMEN.
(POUR LE SAISIR, NOTRE JOIE EST TROP PETITE.
MAINTES FOIS NOUS DEVONS NOUS TAIRE: IL Y A MANQUE DE NOMS SACRÉS. »
(HÖLDERLIN)
*
Dieu : rien à faire avec la Puissance ; il est l’inverse absolu de la Puissance. Humilité, pauvreté, traversée du règne de la Puissance et de la Mort. Christ : seule Image de Dieu, envers de l’idéal dominateur de l’homme occidental.
*
La question n'est pas: crois-tu ou ne crois-tu pas à une Entité suprême appelée Dieu?
La question est: crois-tu ou ne crois-tu pas à quelque chose qui soit plus grand que la Force, la Force qui régit le cosmos et la société humaine?
*
Quand tu cognes au
mur de l'impossible, la force humaine ne suffit plus. Poursuivre malgré tout.
Cette marche dans la nuit est l'expérience de Dieu.
*
Après des
millénaires de règne du Sacré, après des siècles de chrétienté évidente sont
venues l’ère moderne et la mort de Dieu. Le Divin s’est absenté et c’est dans
cette absence, cette « éclipse de Dieu » (Hölderlin) qu’il nous faut
maintenant redécouvrir Dieu « en esprit et en vérité », hors des
dogmatismes des croyances et des incroyances, par-delà les religions.
*Réinventons Dieu par-delà la mort de Dieu.
*
Un Dieu qui ne nous fait pas rêver, mais qui nous signifie: vis la vérité de vie à travers la Croix, à travers la mort.
*
Dieu n'est compréhensible que par le Dieu crucifié, ressuscité, le Dieu traversant le Mal et la Mort. Sans la Croix et la Résurrection, Dieu resterait un Potentat tout-puissant, un Juge suprême trônant au-dessus du tohu-bohu du monde et de l'implacable mêlée humaine.
*
Dans le cœur humain, une preuve de Dieu réside en l'amour inconditionnel que nous portons à tel ou tel être dont nous désirons absolument l'existence.
Dieu est en l'être aimant la preuve que tel ou tel être aimé a une valeur absolue.
*
L'erreur: ne chercher Dieu qu'avec l'intelligence et non avec l'amour.
*
« DIEU T'EST PLUS PROCHE QUE TA VEINE JUGULAIRE. »(CORAN)
*
Ils n'ont pas compris Dieu ceux qui en font la pierre angulaire de leur refuge "humain, trop humain".
*
La foi en Dieu prime sur toutes les valorisations humaines.
*
Dieu insaisissable. On n'en fait l'expérience que par la voie du désaisir.
*
La plus grave confusion est celle de Dieu et du Sur-Moi social. Dieu est un Dieu d'Amour et non la Loi des lois. Cependant en tant qu'Amour, Il est la Loi absolue, le Commandement de miséricorde, l’exigence radicale.
*
"Le Père est en moi." La conception évangélique de Dieu: Dieu au cœur de l'homme, non infiniment au-dessus de lui. Transcendance intérieure.
*
Dieu ne domine pas
l’Homme, mais le vivifie du dedans, en constitue le fond, l’âme. Dieu est la
part divine de l’Homme.
* L'idée de Dieu ne diminue pas l'homme; au contraire, elle l'agrandit infiniment.
*
Dieu : la
grande question et non la grande réponse rassurante ni celle des croyants
dogmatiques ni celle des incroyants dogmatiques.
*Dieu n’est pas la Réponse, il est la question la plus profonde qu’éludent la croyance et l’incroyance.
*
Dieu met l’homme infiniment en question.
*
Si Dieu n'est pas le risque suprême, il n'est pas Dieu.
*
Dieu, le décentrement absolu, la pensée la plus audacieuse.
*
TRIUNITÉ. Père/Fils/ Esprit : modes du Dieu Unique et
non entités. Dieu Unique transcendant le monde, s’incarnant en l’Homme,
inspirant le cœur humain.
Un seul Dieu Créateur-Rédempteur-Inspirateur, Dieu dynamique,
processionnel, cœur vivant du monde, non Être immobile.
*
Conception trinitaire de la Parole : Parole-Vie unique
et infinie à la fois comme
Transcendance, impensable, comme Incarnation en Christ, comme Esprit au
cœur de l’homme et du monde.
*
Le divin ne se conquiert pas comme se conquiert le monde.
L'accès au divin demande que tu t'abandonnes, que tu meurs à toi-même.
*
Il ne s’agit pas de croire en Dieu, il s’agit de Le vivre
ici maintenant.
*
Vivre Dieu ici maintenant, non spéculer sur l’après-mort.
Dieu dans la vie, au cœur de la vie, non dans la mort, non après la mort.
*
Il ne s’agit pas de prouver Dieu, Christ, il s’agit de vivre
Dieu, Christ, de faire voir, montrer
Dieu, Christ à travers l’homme, non de démontrer.
*
Si d’aventure tu
trouves Dieu, tue- Le : ce n’est pas Dieu.
*
"JE PRIE DIEU DE ME LIBÉRER DE DIEU" (MAÎTRE
ECKHART).
*
Ils prennent Dieu pour un poteau indicateur, lui que l'on
expérimente comme Agir inouï, Agir dans la Ténèbre, au-delà de toute image.
*
Dieu n'indique pas le chemin. Il est le chemin, la vérité,
la vie au-delà de toute image du chemin, de la vérité, de la vie.
*
Dieu ne dit pas ce qu'il faut faire. Il est ce que nous
découvrons quand nous ne savons plus quoi faire.
*
Dieu ne fonde pas l'axiologie,
mais l'ouvre au-delà du logique, au-delà du possible. Dieu habite le chemin de l'impossible.
*
Dieu est le Jeu Nu au-delà des Valeurs humaines.
Là où tu t'aventures au-delà de l'humain, au-delà du bien,
du beau, du vrai humains, là tu vis Dieu.
*
Dieu, non la garantie logique mais l'aventure alogique.
*
La question de Dieu, c'est la question axiologique, la
question de l'exigence absolue de valeur.
*
Croire en Dieu, c’est
laisser passer son Esprit en nous et non adhérer à un dogme.
*
Dieu n'habite pas
au-delà de la vie; Il est son intime intimité, son cœur brûlant.
*
Le centre n'est ni la
Terre, ni l'Homme, mais Dieu, la Transcendance. Centre non-centre. Source inobjectivable.
*
« ... LOIN DE CROIRE
LE SURNATUREL, LE DIVIN INVENTÉ PAR L'HOMME, JE PENSE QUE C'EST L'INTERVENTION
MILLÉNAIRE DE L'HOMME QUI A FINI PAR NOUS CORROMPRE LE
DIVIN. » (ANTONIN ARTAUD)
*
« DIEU EST LUI-MÊME UN PARADIS ARTIFICIEL. »
(SIMONE WEIL)
*
« L'ABSENCE DE DIEU
N'EST PLUS UNE FERMETURE : C'EST L'OUVERTURE DE L'INFINI. L'ABSENCE DE
DIEU EST PLUS GRANDE, ELLE EST PLUS DIVINE QUE DIEU. » (GEORGES BATAILLE)
*
L’Idole absolue, c’est Dieu conçu comme Être suprême,
l’inverse du Dieu de miséricorde
de l’homme de Nazareth.
*
Les théologies négatives disent ce que Dieu n’est pas,
pensent que Dieu n’est pas pensable.
Aller plus loin : Dieu n’a rien à faire avec le penser. Dieu
ne peut que se vivre : imitation de Jésus-Christ.
*
Si tu ne cherches Dieu que dans le ciel, tu manques Dieu.
*
Aborder la question de Dieu comme question existentielle de
vie ou de mort, de liberté ou d’asservissement, et non de croyances mentales.
*
Dieu, la plus intime intimité. La pensée, elle, sépare,
objectivise.
*
Dieu ne sert pas à expliquer l’univers. Il ne sert
d’ailleurs à rien. Il est l’expérience de l’infinie gratuité de la vie au cœur
de l’homme.
*
Dieu n’est pas affaire de connaissance, mais d’intime
infinie co-naissance.
*
O THEOS AGAPE ESTIN. DEUS CARITAS EST, rien d’autre à
savoir : Dieu est Amour.
*
Dieu, c’est l’évidence vivante de l’Amour présent
secrètement en chaque être.
*
La lumière du Dieu de tendresse ne se montre que sur le
visage des enfants et celui des humiliés. Ce n’est qu’à travers l’innocence et
le malheur que Dieu se révèle.
*
Dieu est charité et tout ce qui n’est pas charité n’est pas
de Dieu. Une très grande part de la religiosité humaine n’a rien à faire avec
Dieu.
*
La seule preuve de Dieu est de Le vivre ici et maintenant
comme Amour.
*
Pouvoir prouver Dieu voudrait
dire pour l’homme être maître de la transcendance. Ce serait la fin de Dieu qui
est l’infiniment Autre.
*
Dieu : le mot le plus vide et le plus fourre-tout.
*
Dieu, mot vide, abstrait, tant qu’il n’est pas incarné dans
un être concret.
*
Hors du Christ, l’idée de Dieu reste grandement une
abstraction.
*
Je ne puis croire qu’en un Dieu qui se laisse crucifier par
le monde comme le sont les hommes livrés au Mal et à la Mort.
*
Dieu Toute-Faiblesse dans l’Histoire. Ça change tout. Ça
invalide toutes les grandes théologies politiques proclamant « GOTT MIT
UNS ».
*
Dieu ne peut être dit que par éclairs, à l’infini.
*
La présence de Dieu est un point
infime dans l’univers et ses abîmes de puissance et de mort, un point infime
qui constitue cependant le cœur de tout ce qui est.
*
« NI LE CIEL NI LA TERRE NE
ME CONTIENNENT. SEUL ME CONTIENT LE CŒUR DES CROYANTS. » (HADITH QÛTSI).
*
« LE MURMURE D’UNE BRISE LÉGÈRE… » (Premier Livre
des Rois, 19, 9-13)
*
Discrétion absolue de Dieu s’incarnant dans un
moins-que-rien et ne laissant en témoignage de son passage que le simple pain
et le simple vin de l’eucharistie.
*
PAR-DELÀ LA MORT DE DIEU. Traverser la mort de Dieu et non
pas tenter de revenir vers les anciennes conceptions théologiques, vers les
sacralités archaïques.
*
Le Dieu à tuer : le
Dieu–Objet, le Dieu dogmatique, la Puissance surmoïque trônant au-dessus des
hommes, le Sur-Moi par excellence. Ce Dieu-là n’est pas le Dieu du Christ,
l’Abba qui nous aime.
*
THÉOLOGIE. La Pensée judéo-chrétienne est une athéologie,
une athéologie différente de celle de Bataille ou de celle d’Onfray. Le Dieu
judéo-chrétien ne peut se penser ni à travers l’onto-théologie occidentale, ni
à travers son envers.
*
Dieu est à la fois transcendance absolue et immanence
absolue, Créateur des mondes et notre plus intime intimité, notre liberté la plus
libre.
*
L'existence de Dieu n'enlève rien à la personne humaine;
bien au contraire elle
en constitue le fondement.
Sans Dieu, nous ne sommes que des bulles s'évanouissant dans
le néant du monde.
*
Creuse, creuse encore. Creuse le centre. Ou plutôt déblaie,
déblaie encore. Là, toujours plus au centre, au centre du centre, au lieu
insaisissable, en l’inconscient absolu, est Dieu, le Je de ton Je.
*
« CREUSE AU-DEDANS, C’EST AU
DEDANS QU’EST LA SOURCE DU BIEN TOUJOURS PRÊTE À JAILLIR, SI TU CREUSES TOUJOURS. »
(MARC-AURÈLE)
*
La Source est au plus profond dedans : dans le Lieu de
la Parole, l’Inconscient absolu, où Moi et Toi, Passé et Futur, Masculin et
Féminin…ne s’opposent pas.
*
Théologies trop sages, trop prudentes. Parler Dieu, non de
Dieu. Prophétisme. Éclatement de la parole humaine.
*
Dieu, cette fulguration, cette évidence impensable qui
échappera toujours aux docteurs.
*
La seule preuve de Dieu est la perception du caractère
absolument sacré de toute personne humaine.
*
Dieu est le Dieu des vivants, de
ceux que vivifie une Parole immémoriale et éternellement à venir. Il n’est pas
le Dieu des morts, le Dieu de la commémoration des ancêtres.
*
Ne cherche la preuve de Dieu nulle part ailleurs qu’en
toi-même, dans ton plus profond désir.
*
Ne plus chercher Dieu, Le vivre.
*
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