VOIES DE L’ESPRIT
TRAVAIL DU ROYAUME
L’Esprit(Pneuma): la Parole transcendante s’incarnant dans le Christ et en l’Esprit
du Christ s’éveillant en chaque être de
foi et entre les êtres de foi.
*
Travail de l’Esprit,
travail du Royaume : graduelle christification de l’humanité à travers le
temps.
*
Présence latente de l’Esprit en chaque être humain: évidence
non évidente.
*
L’Esprit ne se laisse pas enfermer dans un Temple.
L’Esprit n’aime pas l’odeur de renfermé.
L’Esprit n’aime pas l’odeur d’encre des scribes.
L’Esprit n’aime pas l’odeur d’encens des prêtres.
L’Esprit aime les eaux et les montagnes.
L’Esprit aime les déserts.
*
Le souffle de Dieu,
c'est cette brise légère
qui parfois se lève
quand s'interrompent le bruit et la fureur,
quand se taisent les bavardages
et que le silence soudain se déploie
des cœurs méditatifs
jusqu'à la lumière d'ailes de neige
là-bas par-delà les cimes.
Alors au plus secret de chaque orant
frémit le tendre murmure de Dieu
et son feu frais irradie à travers les visages.
Et comme une immense caresse
le ciel touche la terre,
vivifiant tout être
qui s'offre au plus profond Respir.
*
L’Esprit travaille au cœur de la Création pour faire advenir son accomplissement, la Nouvelle Création.
*
La Nouvelle Création est l’invention du règne de l’Amour dans un monde polarisé par la Force. Christification du monde. Retournement de la Création vers le Dieu-Amour.
*
La Création présente
est la matrice de la Nouvelle Création, de la genèse du Royaume.
*
La Création sort du Néant et s’accomplit dans le Royaume de
Dieu.
*
LE CIEL ET LA TERRE. Les
deux grandes hérésies : penser la terre contre le ciel et le ciel contre
la terre.
*
Le ciel n’est pas un autre monde. Il est la dimension dans
laquelle s’accomplit ce monde.
*
Le Monde est le chantier du Royaume, non son opposé.
*
Terre et ciel sont liés dans le même drame abyssal.
*
La Terre est le champ, le ciel est le germe.
Notre tâche : laisser éclore le germe.
C’est le travail de l’Esprit à travers le temps.
*
Dieu habite le temps, non l’espace.
*
Ne pas rêver du ciel.
Faire d'abord la vérité et la justice ici maintenant. Un Dieu exilé dans le
ciel est un faux Dieu.
*
Le monde est genèse dans la nuit, genèse-apocalypse.
*
Travail du Royaume.
Assumer tout le réel et le transfigurer à travers la Croix. Assumer toute la
vie et la transmuer à travers la ténèbre de la mort. Immense labeur de
christification de toutes les réalités.
*
Le Royaume s'édifie en ce monde, contre sa réification.
*
Le Royaume, c’est
clairement et nettement l’incarnation du règne de la charité, non un ciel
chimérique.
*
Le Royaume se fait ici
maintenant et n'est pas à exiler dans un au-delà imaginaire.
*
Il n'y a de vie
éternelle que celle dont nous sommes les germes dans le champ du monde présent.
*
Travail du Royaume:
programme de l’antipolitique, le contraire de la politique de puissance. Lutte
pour l’homme de droit divin.
*
Tâche infinie : sans
cesse défaire toute Image du Monde et ouvrir en-deçà, au-delà, à la Vie
débordant toute Image de la Vie.
*
Le Royaume du Christ
n'est pas de ce monde, c’est-à-dire du monde de la domination, du monde de la
puissance, du monde de la maîtrise. Du monde des maîtres et des esclaves qui
adorent les maîtres.
*
Dieu aussi a été réifié.
*
Le Royaume est en toi, dans ta découverte sans fin de l'amour. Le Royaume est entre toi et les autres, dans la mutuelle pratique de la charité.
*
Le Royaume n’est pas simplement un pari
« pascalien » sur l’au-delà. Il est ici maintenant l’instauration
concrète de l’ordre de la charité.
*
Le Royaume est difficile d’accès pour les Riches, mais aussi
pour les Intellectuels : les possessions spirituelles comme les
matérielles bouchent l’entrée. C’est seulement nu qu’on peut traverser le seuil.
*
Vision christique du monde : Jeu du Monde et du
Royaume. Ce n’est pas une rêverie d’outre-tombe, grand reproche qu’adressent au
christianisme ses contempteurs modernes. Le travail du Royaume s’accomplit en
pleine pâte du monde et va au-delà. Travail dans le fini vers l’infini, fini et
infini étant étroitement imbriqués.
*
Nous sommes sur terre pour incarner la Parole et par ce
moyen laisser croître le Royaume.
*
Le Royaume ne s’oppose pas à la Terre : il l’accomplit.
*
Celui qui veut aller au ciel n’y arrivera pas car le ciel
n’est pas un royaume à conquérir.
N’entre au Royaume que celui qui renonce à tout règne.
*
Un Royaume qui se ferme sur lui-même n’est pas le Royaume,
espace ouvert où doivent pouvoir se rencontrer tous les êtres humains.
*
Message de libération. Le Royaume, faites-le.
Jésus dit : le Royaume est en vous.
Mais on a tout recouvert, l’Ancien a réabsorbé la nouveauté.
*
Les chaînes du monde sont en l’homme.
*
Jésus annonce le Royaume au peuple. Mais les Puissants, les
Docteurs le crucifient. Et la
Nuit retombe.
Et règnent encore et toujours les Monopolisateurs du Monde.
*
Vous, les Puissants, abandonnez la puissance.
Toi, le peuple, abandonne la soumission et construis le
Royaume.
*
Ne rien enseigner. Enseigner à se libérer des enseignements,
à trouver la vérité de vie au fond de nos cœurs.
*
Libérer l’Éternité incarcérée dans les chaînes du Temps.
*
Libère-toi des Dieux et fais le Royaume.
Le Royaume est à l’occident de tous les Dieux.
*
La science, la technologie : des Dieux, encore des
Dieux.
*
Je parle d’un lieu sans autorité.
*
Entrez dans le Jeu.
Abandonnez la pesanteur des grands discours et devenez grâce
– ici et maintenant.
*
LE PEUPLE DE DIEU, LA CHRÉTIENTÉ. Il n’y a pas de chrétienté. Le seul peuple de Dieu est celui des
Non-possédants, de ceux qui, dispersés à travers le monde, mettent la
non-possession au-dessus de la possession, le non-pouvoir au-dessus du pouvoir,
le non-savoir au-dessus du savoir.
*
COMMUNION. Dans
la Parole, on ne communique pas, on communie ; on vit ensemble le Mystère.
*
« LÀ OÙ DEUX OU TROIS S’ASSEMBLENT EN MON NOM, JE SERAI
PARMI EUX. »
*
EUCHARISTIE. L’eucharistie christique est un coup de génie
absolu. Sublimation du cannibalisme. Manger Dieu, en faire notre substance
intime.
*
La voie est
co-naissance au Verbe vivant, manducation de Dieu et non quête d’une réalité métaphysique ou
d’un Idéal.
*
Dieu est l’abîme à
oser, la plus grande aventure, la plus grande ouverture.
*
La voie christique
veut une transmutation du monde hic et nunc, non une pure utopie terrestre ou
céleste. Réalisme prophétique, non rêve idéaliste.
*
L'INSENSÉ BOND
Le seul événement est
l'interruption de
l'histoire,
de l'histoire
que se racontent les
êtres humains
pour faire sens
ensemble.
Le seul événement est
l'insensé bond
hors des légendes
humaines,
trop humaines:
l'étreinte de
l'éternité
ici, maintenant,
à jamais ;
l'affirmation verticale:
poésie, mystique,
subversion absolue
du monde humain rien
qu’humain,
genèse du Royaume ...
*
LE FEU SUR LA
TERRE
RÉVOLUTION-RÉVÉLATION DE
L'ESPRIT
*
PRINCIPE DE RESPONSABILITÉ. Sentiment de responsabilité et
d'implication relativement à tout ce qui arrive au monde. Chacun est pris dans
le Jeu entier et ne peut se croire hors-jeu, isolé sur son île, qu'en
s'illusionnant. Nous sommes embarqués et embarqués tous ensemble.
*
Chacun est responsable
de toute l’humanité. Chacun doit vivre, penser, agir comme s’il représentait l’humanité
entière.
*
LE TEMPS, L’ÉTERNITÉ
EXTRÊME LE TEMPS. Tout
est toujours à faire, à refaire.
*
Le temps est toujours extrême: constante urgence de la vie personnelle et de la vie du monde.
*
Le présent comme temps de la permanente conversion, de la permanente ouverture à ce qui advient.
*
Critique du temps
cyclique, tourné vers le passé; critique du temps linéaire, tourné vers le
futur ; critique du temps fermé sur le présent.
Sortir des images du
temps : passéisme, futurisme, présentisme.
Le temps est
vertical : temporalité travaillée par l’éternité.
*
Vivre l'extrême
présent. Consentir sans réserve au temps sans fuir dans un passé ou un avenir
imaginaires. Être absolu oui ici maintenant à jamais.
*
Le temps n'est pas
linéaire, n'est pas cyclique, n'est pas représentable, n'est pas
maîtrisable. Est
in-imaginable. Est naître.
*
Ici et maintenant
vivre le temps extrême, vertical, absolument traditionnel, relié à la Source,
et absolument moderne, ouvert à l'Inouï.
*
L’ÉTERNITÉ ICI MAINTENANT. N'attends pas l'éternité
au-delà du temps, mais brûle dès maintenant le temps dans l'éternité
incandescente de l'instant.
*
Abandon de l’idée du temps chronologique, du temps
téléologique. A la place : le temps-naître, l’Éternel Naissant .
*
L’essentiel ne se situe ni en arrière ni en avant.
L’essentiel se joue ici et maintenant, dans l’état naissant de l’existence.
*
Au lieu de tendre
vers, laisser émerger, laisser naître. Temps comme devenir délivré du vouloir
humain. Temps de Dieu.
*
Pour vivre dans le temps, pour vivre la plénitude du temps,
il faut s’arracher au temps, ne plus objectiver le temps.
*
Abandon de toute Image du temps et de l’espace. Nous
n’habitons pas l’Histoire, nous n’habitons pas le Cosmos. Nous habitons le
Lieu-Non-Lieu de la Parole.
*
Temps extrême : l’homme est acculé à l’abandon de toute
Image du monde et de l’outre-monde.
*
Être d’une brûlante inactualité.
*
Ceux qui tuent le temps sont à vrai dire des meurtriers de l’éternité
qu’ils ne savent pas trouver au cœur du temps.
*
Ne te soucie pas du ciel. L’éternité est déjà là : il
suffit de t’ouvrir avec confiance au
temps naissant, au temps de Dieu.
*
Qui se soucie du ciel s’en ferme la porte.
*
Se dénuder et sans
cesse pénétrer dans le Mystère inépuisable, s’ouvrir à l’insaisissable Vie.
Ardente co-naissance.
*
Dieu dans le corps présent, non dans les abstractions de la
tête.
*
Plus que penser Dieu, il s’agit de Le vivre, de Le laisser
s’incarner en notre humanité, de laisser le Verbe transfigurer la chair.
*
Si Dieu n’est pas le cœur de la vie la plus concrète, il
n’est qu’une Idée vaine et dangereuse.
*
Dieu est présence réelle, non Entité métaphysique,
imaginaire.
*
LE TEMPS, L’HISTOIRE. Ne pas opposer l’Ancien et le Nouveau
temporels, historiques, mais l’Ancien et la Nouveauté Éternelle – l’Ego et le
Non-Ego.
*
L’Histoire de Dieu et de l’Homme est celle d’une
intériorisation progressive du Divin en l’homme jusqu’à la révélation en Christ
de l’Esprit comme cœur de l’Homme.
*
HUMANITÉ THÉOPHORE
HOMME TEMPLE DE DIEU
*
ÉTERNITÉ. Tout ce
que cette terre a porté de beauté et d’amour, Dieu le recueille-t-il dans son
éternité ?
*
Représente-toi l’être qui t’est le plus cher. Peux-tu
concevoir d’en être séparé éternellement ? Ne désires-tu pas un amour
éternel ?
*
En contemplant les visages aimés,
je ne peux pas ne pas désirer leur éternisation.
*
Vivre, aimer, écrire, créer comme si c’était pour
l’éternité.
*
Foi en la Vie pour ici maintenant et pour l’éternité. Il n’y
a pas de christianisme sans foi en Christ ressuscité.
*
RELIGION, RELIGIONS
Si la religion
n'est pas l'expression du total amour, elle n'est que farce vaine.
*
Les religions
deviennent souvent des tombeaux où l'on enferme l'esprit vivant des génies
religieux.
*
Les religions ont en
permanence à se convertir au noyau spirituel qui en constitue le cœur, à
répéter en permanence l’ardente co-naissance.
*
Grandeurs et faces d'ombre des religions. Manifestations du désir infini de l'homme d'un côté et de l'autre, instruments de sa folie de toute-puissance.
*
Le Dieu que revendiquent les humains est généralement
le Dieu de Toute-Puissance, non le Dieu de Miséricorde.
*
La religiosité ne doit pas être un
domaine à part, une spécialité parmi d’autres, mais l’espace le plus ouvert où
tous les aspects de la vie peuvent se déployer et s’enrichir mutuellement.
*
La religion concerne tous les éléments de l’être humain, et
non pas seulement des parties privilégiées, l’être humain endimanché.
*
« RIEN N’EST
CONTRAIRE À CE QU’ON NOMME LA RELIGION COMME CE QU’ON NOMME LA MORALE ; LA
MORALE ENDUIT L’HOMME CONTRE LA GRÂCE. » (PÉGUY)
*
La médiocrité, la vieillerie, le
conservatisme , le dogmatisme rigide des Eglises chrétiennes ont sans doute détourné
plus d'êtres humains du Christ que toutes les propagandes antireligieuses.
*
Toute religion doit se défaire de l’idée qu’elle représente
la colonne vertébrale du monde et entrer en dialogue avec les autres traditions
spirituelles.
*
Une religion qui cherche à dominer sert toujours un faux
Dieu.
*
En matière de religions, je suis contre le syncrétisme et
cependant ouvert aux inspirations venant de toutes les traditions spirituelles
enrichir ma propre tradition.
*
C’est facile de critiquer les
religions, mais infiniment plus difficile de suivre vraiment les témoins de
Dieu, les saints de toutes les religions.
*
Distinguer clairement les
institutions religieuses avec leurs grandeurs, leurs faiblesses, voire leurs
noirceurs, et l’expérience intérieure du divin, l’inspiration mystique,
poétique, révolutionnaire, les voies de la sainteté. Deux dimensions,
extériorité/intériorité, qui ne sont pas exclusives l’une de l’autre, qui tantôt
concordent tantôt discordent.
*
La religion ne doit pas servir à supporter la vie, mais à l’illuminer.
*
Il y a deux folies de Dieu, diamétralement opposées l’une à
l’autre: l’extrémisme de l’amour (François d’Assise, Hallaj) et l’extrémisme du
dogme pétrifié pétrifiant (l’éternelle Inquisition s’emparant de temps à autre
de toute tradition religieuse).
*
Religions de la terre/religions du ciel: les unes peuvent
être aussi pernicieuses, aussi oppressives que les autres.
*
Toute religion qui anathémise est elle-même anathème.
*
Il y a un abîme entre la
radicalité fanatique, persécutrice et meurtrière, et la radicalité de la
charité, compassionnelle, les deux faces
extrêmes de la religiosité, la ténébreuse et la lumineuse.
*
GÉNIES RELIGIEUX. Les grands génies religieux ont tous été
trahis et défigurés en images pieuses. On ne les retrouve qu'en redécouvrant
toujours à nouveau le scandale qu'ils incarnent dans les sociétés humaines.
*
Les religions suscitent à la fois les pires folies du
fanatisme et de la superstition et la plus haute folie de l’amour.
*
Toute instrumentation politique de la religion est un
meurtre de Dieu. Dieu n’a rien à faire avec la Puissance ; il n’a
à faire exclusivement qu’avec l’Amour.
*
ÉCRITURES. La Parole de Dieu n'est pas dans les Écritures,
ce sont les Écritures qui sont dans la Parole de Dieu.
*
Dieu est infiniment plus grand que toute Écriture sacrée.
*
TEMPLE. Si le Feu
s'est éteint dans le Temple, abandonne le Temple.
*
LA SAINTETÉ, LE SACRÉ.
Dieu n'habite que dans le cœur humain. C'est le seul lieu saint. Il n'y a ni
Écriture sainte, ni Site sacré.
*
*
Dieu n’a pas besoin de
temple. Il n’a besoin que de ton cœur.
*
PÉCHÉ CONTRE L’ESPRIT: transformer Dieu en système qu'on impose de force aux hommes. La plupart des religions le
commettent de temps à autre.
*
La Révélation vient du dedans. Une grande part des
religions est chosification, formalisme extérieur, y compris dans le
christianisme traditionnel.
*
La vraie Foi est expérience de
l’intériorité, naissant de l’inspiration de l’Esprit. La croyance ou l’incroyance
imposées du dehors par les traditions religieuses dogmatiques ou par la force
politique sont le péché capital contre la liberté inaliénable de chaque subjectivité
humaine, le péché contre l’Esprit qui ne connait pas de pardon.
*
TRANSFIGURATIONS
Ouvrez vos yeux entre les éclairs. Voyez. Voyez par-delà
les figures de ce monde. Soyez des voyants aux pupilles dilatées par le
mystère.
Les nations habillées d’aigles
s’agglutinent dans les crevasses de la Peur où pullulent serpents et scorpions.
Et
la grande Ombre céleste passe sur les têtes, la terrifiante brusque Ténèbre
éteignant tous les éclairages des métropoles et des hameaux et jetant la nuit
totale sur les continents.
Et
les bouches de la Terre, gueules d’enfer, s’ouvrent et avalent goulûment les
multitudes proies de la Grande Angoisse.
Et
les oiseaux aux ailes de vertige flambent et s’envolent en nuées immenses au-dessus
des pierres levées de la détresse terrestre, dérivant dans le ciel
crépusculaire et se perdant au-delà des monts
obscurs.
Oh !
ce silence d’agonie au pied des murailles infranchissables de la Faute.
Les
morts enveloppés de linceuls déchiquetés se levant de leurs grabats montent des
souterrains remplis de vapeur létale et s’égaillent
en hordes verdâtres à travers les terres dépouillées.
On sent dans l’air l’odeur des débauches
et des crimes.
Gravitations
lugubres de rapaces dans le ciel de plomb au-dessus des morts-vivants
déguenillés.
Tout se tait
et les feuillages s’enflamment de
verdure noire.
Songeur d’apocalypse,
tu marches au sein de la foule somnambule
et là-bas dans le crépuscule orange la vision violente du Royaume
illumine les longues files de voitures,
les multitudes fabuleuses de la cité moderne.
Tu entres dans un bistrot
et tu bois un café bien chaud
en pensant au Golgotha.
Un clochard passe sur le trottoir,
le visage tuméfié.
Saignent les ferrailles d'angoisse, crient, rient les
rails de rage dans la ronde hautaine des nébuleuses.
Socs tranchant la glaise des abjections dans la nudité
des nuits sanglantes.
Des milliards de termites montent à l'assaut de la
cathédrale,
vaste carcasse délaissée au milieu des champs de
tulipes.
Le feu s'empare des arbres et des constellations.
Les empires s'écroulent comme d'énormes forêts
pourries
et la plèbe livide et pourpre, la pègre prophétique
roulant des joyaux dans son écume submerge les jardins royaux.
À l'occident des dieux, éclate, Très sainte Révolution, splendeur verte de l'athéisme, ouragan de roses !
Au-dessus des dômes et des palais, danse, printemps d'ailes et d'épées!
À l'occident des dieux, éclate, Très sainte Révolution, splendeur verte de l'athéisme, ouragan de roses !
Au-dessus des dômes et des palais, danse, printemps d'ailes et d'épées!
Dans la cathédrale rageuse de joie retentissent
les psaumes.
Les colombes de candide douceur survolent
les cierges, traversant diaphanes les nuées d'encens, se dissolvant dans la
lumière des vitraux qui vibrent d'allégresse dorée.
Seuil de la nouvelle Ionie. Embruns des
prophéties jusqu'aux Andes, aux Mongolies.
Dans le scintillement des chaos de
foudres, tu nais, terre de feu, ode de porphyre émergeant des mers.
Les foudres noircissent l’or des
ostensoirs, brûlent les hosties immaculées.
Le pain du ciel saigne.
Les soldats mitraillettes en bandoulière
boivent le vin noir dans les calices volés sur les autels du temple et crachent
sur les suppliciés.
Au lieu-dit du crâne de tendres brises
frôlent les crucifiés
et dispersent les neumes au-dessus des pâtures de Judée.
et dispersent les neumes au-dessus des pâtures de Judée.
La cathédrale s’effondre
et le maïs immensément envahit les
ruines
avec une calme violence.
Le sanctuaire offert à l’azur libre retentit
du cantique des luxures printanières.
Les effluves sombres de sexe se mêlent
aux fortes senteurs de l’encens et des lys.
Des gerbes de sang tiède inondent les Livres,
Korans, Védas, Bibles, et éclaboussent les officiants portant chasubles en soie
et dorures.
ABBA
PATER NOSTER QUI ES IN CAELIS
PÈRE, QUE TON NOM SOIT SANCTIFIÉ !
La liberté aux seins d'adolescente avance parmi les
décombres des empires.
Verdure de Dieu, Halleluya !
Verdure de Dieu, Halleluya !
Verdure bleue
s’épanouissant en amples palmes
vertigineusement au-dessus de la mer
comme ce long cri de sainte colère aux
vibrations du sang,
HOWL, tam-tam, tambours frénétiques, clameur
nègre des trompettes d’or
étincelant aux soleils noirs de l’humiliation
et de la souffrance.
Archipels de la grande détresse, camps
de mort, charniers, banlieues glauques, métro hanté par les sans-abris et les
bardes hirsutes à guitare, sébile et voix éraillée, usines aux murs éclaboussés
de colères ravalées, trains allant au bout de la nuit, au bout de l’enfer.
NACHT UND NEBEL.
Nuit et brouillard.
VERGIB UNS UNSERE
SCHULDEN
PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES COMME NOUS PARDONNONS
À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS.
Apostasie de toutes les nations. Ère des
ténèbres, diluvienne. Holocauste planétaire. Terres plantées de barbelés, de
miradors, de blockhaus. Hurlements des tortionnaires, des meurtriers de Dieu.
Vous qui entrez ici ne pensez plus au
vaste azur lumineux des méditerranées .
Noir fracassant, écroulements de ténèbre,
tam-tam,
percussions se répercutant dans la
grande forêt hallucinée de la folie humaine
où rôdent les masques démoniaques,
HOWL, Heulen der Sirenen,
Heulen der Schmerzenden,
hurlement, hurlement des sirènes,
hurlement des souffrants, des déments, des agonisants. Hurlement de la haine, des
lapidations, des anathèmes, des blasphèmes.
PARDONNE-NOUS NOS OFFENSES !
Se lèvent les poings dans les matins
gluants des cités délabrées,
les poings meurtris frappent les portes
d’acier colossales.
Et se déployant en cyclone la
vertigineuse clameur monte dans le ciel,
vrombissements, rugissements,
martèlements, explosions,
jours de mort, entassements de cadavres.
SED LIBERA NOS A MALO !
Délivre-nous du règne du meurtre !
ERLÖSE UNS VON DEM BÖSE
Ouvrez vos yeux entre les éclairs. Entre
les éblouissements, les aveuglements. Voyez ce que l’homme ne voit pas. Par-delà
tous les sens, devenez des voyants. Voyants
d’apocalypse, témoins de la transfiguration, vigies de la plus grande paix,
celle qui surpasse tout entendement !
Ouvrez vos oreilles entre les fracas du
tonnerre. Entre les explosions, les clameurs. Dans les tréfonds du silence, percevez la
Parole qui vient de la Source.
Écoutez l’Inouï par-delà le vacarme de
ce monde hagard.
Dénouez vos êtres et laissez-vous
irradier par L’ESPRIT QUI SOUFFLE OÙ IL VEUT, Halleluya !
Haut Souffle ignifiant chargé de sel, de
vaste senteur de mer, ON NE SAIT NI D’OÙ
IL VIENT NI OÙ IL VA.
Brume de brûlure investissant, vivifiant
les êtres translucides.
Ouvrez vos corps-âmes à la Pulsion
divine, à la Voix du Cœur clamant en silence par-delà les vagues de l’océan déchainé de la vanité humaine.
Écoutez le silence prophétique. Écoutez
la prophétie du Feu inextinguible qui vient du dedans. Lave de l’Esprit.
Les drapeaux rouges, noirs, tricolores
brûlent dans le brasier de Dieu et les croix sur les collines autour des villes
saintes s’illuminent comme des arbres de vie aux fruits d’or, aux fruits d’éternité.
PÈRE, QUE TON RÈGNE VIENNE!
Voici la mer,
voici bleu et frémissant de sources
le matin du Ressuscité,
paix aux hommes de bonne volonté.
Voici, tu descends la rue vers la mer
et tu chantes,
et tu t’ouvres corps et âme.
Ton sang inonde l’avenir
qui est une nuit pure, une aurore
secrète toute vibrante de germes
et tu marches dans la transparence
printanière,
parmi les floraisons, les guirlandes,
les sourires des femmes rayonnantes,
et les poings s’ouvrent en fleurs
dans la vaste rumeur des villes,
et vous vous dissolvez dans la clarté
retrouvée
afin que des peuples d’enfants
croissent au cœur des mers
et dans les rues
désolées des banlieues.
ADVENIAT REGNUM TUUM
Voici le psaume
montant des entrailles du temps,
le psaume des peuples
en marche
et des éclatements.
Rouges noirs les jours
de rage,
les jours de gloire,
et bleus l'été la
liberté,
bleus les yeux de la
liberté,
l'azur ivre au-dessus
des champs de blé
et la mer la mer
immensément lumière.
Blanche l'éternité,
la neige paisible sur
les hameaux d’Occident et d’Orient.
Blanche l'attente
séculaire,
l'éternelle
éternellement muette attente dans les chaumières
du grand jour de
délivrance.
DEIN REICH
KOMME !
Bleus le rêve l'utopie
le ciel sur la terre,
bleu le paradis îles ô
îles d'innocence par-delà la mer,
pays de cocagne ou
Atlantide.
Voici le psaume des
profondeurs,
le chant de
l'indestructible Espérance.
Rouges noirs soudain
et bleus et blancs
les jours des nations
en transe
de haute subversion.
Clameur rauque
démoniaque
remplissant le ciel,
millions d'ailes
se trempant dans les
flaques
du nouveau matin
et s'envolant parmi
les danses
et les rires
cristallins.
Voici le sombre chant
le cantique irradiant
de la sainte
véhémence.
DONNE-NOUS AUJOURD'HUI
NOTRE PAIN DE CE JOUR !
ET PRÉSERVE-NOUS DE L’ÉPREUVE !
Infinie transhumance dans la lumière de la Parole des créatures sorties de
l’humus et en chemin vers le Royaume de la Vie.
Immémoriale Genèse-Apocalypse, grosse d’astres, de plantes, d’animaux, de
rêves humains sous les vents noirs d’enfer et les brises de menthe.
QUE TON VOULOIR SOIT FAIT SUR TERRE COMME Il EST FAIT AU CIEL!
DEIN WILLE GESCHEHE WIE IM HIMMEL SO AUF ERDEN
Parousie éclatante parmi les oriflammes et les nuées en feu, Halleluya !
Ô nouvelle Jérusalem ! Nouvelle Terre !
Nouveaux cieux ! Communisme de Dieu ! Très sainte Utopie !
MILLION D’OISEAUX D’OR, Ô FUTURE
VIGUEUR !
ELLE
EST RETROUVÉE.
QUOI ?
L’ÉTERNITÉ.
C’EST
LA MER ALLÉE
AVEC
LE SOLEIL.
Les bêtes sacrées, veinées de lave, traversent
fougueusement la buée de l'aurore, escaladent les montagnes de fraises qui séparent le pays des Nuages de celui des Bannières, et, se cabrant
sur les crêtes chenues, dressent leurs corps d'ébène vers
l'Étoile radieuse du Matin.
Les trompettes d’or éclatent d’allégresse au soleil qui se lève sur le
labyrinthe des cités de marbre ou de boue, sur la houle des collines boisées. Hosannah !
Nuées pourpres au-dessus de la terre promise. Plérôme, plénitude d’été.
Avènement du Règne de justice.
Ô Lumière incorruptible transfigurant la Création présente !
Ô Nouvelle Création ! Eternelle Eucharistie ! Éternel
Amen ! Eternel Halleluya!
DENN DEIN IST DAS REICH
CAR C'EST À TOI QU'APPARTIENNENT LE RÈGNE, LA PUISSANCE ET LA GLOIRE POUR
LES SIÈCLES DES SIÈCLES.
TABLE
JEU DES JEUX HUMAINS
SEUIL
AU COMMENCEMENT LA PAROLE
LE JEU DES JEUX
CŒUR DE L’ÊTRE
LE DÉSIR, L’ESSENTIEL, L’IMPOSSIBLE
JEU DE L’EGO ET DU NON-EGO
FOI
OU BIEN OU BIEN
HOMO VIATOR
TRAVAIL DE LA PENSÉE
ORDRE DE LA CHARITÉ, DIVINITÉ DE LA HAUTE TENDRESSE
L’ABSOLUE SIMPLICITÉ
VOIES DE LA BEAUTÉ
ECCE HOMO, GRANDEUR ET MISÈRE DE L’HOMME
LE BIEN ET LE MAL
L’ORDRE-DÉSORDRE HUMAIN, TROP HUMAIN, INHUMAIN
LA VIE ET LA MORT
JEU DE DIEU
CREDO
LA SOURCE VIVIFIANTE
CHRIST
L’Incarnation
Christité
La Folie de Dieu : la Croix et la Résurrection
VOIES DE L’ESPRIT
Travail du Royaume
Le Temps, l’Éternité
Religion, religions
TRANSFIGURATIONS
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire