PIERRE JUDIDE
LE JEU DES JEUX
La nudité le feu
JEU DES JEUX HUMAINS
SEUIL
Ces écrits reposent la question
des questions, grande question intemporelle, immense question actuelle,
redevenue d’une infinie acuité en nos temps hors des gonds : à quoi
croyons-nous vraiment ? Pour quoi vivons-nous vraiment ici et maintenant ?
Quel sens donnons-nous à notre existence ?
Confrontation à la question
éternelle du sens de la vie qui taraude tout humain: le sens éthique,
existentiel (comment vivre) plutôt que le sens ontologique (quel est le fond de
l’être).
Ces écrits s’adressent à chacun un à un et non à tous.
Invitation à un cheminement personnel, à une expérience
intérieure, non à un enseignement doctrinal à assimiler.
La gageure de ces écrits est
d’échapper au discours discourant, au discours qui se ferme sur lui-même,
assénant une parole doctrinaire, idéologique, normative.
Ces écrits sont lettres mortes si tu n’en fais pas l’aliment
de ton feu ou l’objet de ton exécration.
Lire, c’est prendre parti. La lecture profonde est ordalie.
« AMENER LE LECTEUR À UNE CONSÉQUENCE OÙ IL LUI FAILLE
METTRE DU SIEN » (LACAN, Écrits).
Écrits à méditer en son cœur, non à apprendre par cœur.
Pensées intempestives, en contradiction frontale avec le Zeitgeist
grosso modo areligieux.
Le porte-parole, celui qui écrit, est lui-même débordé par
la Parole.
Ici commence un Livre infini, un
Livre impossible à finir car ce qui s’écrit n’est toujours que balbutiement du
Dire inépuisable.
*
L'ARDENTE
INCONNAISSANCE
Il n'y a pas de sol ferme, ni l’Être ni le Néant, ni le Sens ni l'Absurdité.
Rien. Aucune certitude. La ténèbre, l'ardente inconnaissance, à vivre sans
réserve.
*
*
Ténèbre qui crève les yeux. Tous
aveugles. Aveuglés par le semblant de connaissance.
*
QUI EN CE LIEU
PARVIENT VRAIMENT,
DE SOI-MÊME A PERDU LE
SENS,
CE QU’IL SAVAIT
AUPARAVANT
TOUT CELA LUI SEMBLE
IGNORANCE,
ET TANT AUGMENTE SA
SCIENCE
QU’IL EN DEMEURE NE
SACHANT,
TOUTE SCIENCE DÉPASSANT.
(JEAN DE LA CROIX)
*
Ceux qui savent ne savent pas.
*
Besoin central de certitude. Suspendre sans cesse ce besoin
et expérimenter la nudité, l’ardente inconnaissance, la mise en question sans
fin.
*
Tu nais à l’ardente
inconnaissance dès que tu consens à mourir aux semblants de savoir de ton Ego.
*
Je ne me lasserai pas
de Te chercher.
*
Le Jeu de l’essentiel se joue entre le clair et l’obscur.
Choisir le monde clair et net est justement le piège de l’évidence trop
logique.
La Voie passe par la ténèbre, non par la clarté de
l’évidence du monde ordinaire.
*
Au-delà de la croyance et de
l’incroyance dogmatiques, l’ardente inconnaissance. Nudité de l’esprit et
humble ouverture du cœur.
*
Nous faisons tous les malins avec
la vie, feignant de comprendre. Pourquoi n’arrivons-nous pas à cette grandiose
humilité qui fait contempler l’existence simplement, profondément comme mystère?
Pourquoi n’arrivons-nous pas à redevenir des enfants ?
*
AU
COMMENCEMENT LA PAROLE
La Parole est ce qui précède toute forme d’existence
humaine.
*
Parole, Dieu-Parole : cœur de l’être et non, comme
dans la conception heideggérienne, l’Être cœur de la parole.
*
La Parole fait l’être et non l’Être la parole. Le monde naît
de la Parole et non la Parole du monde.
*
Dieu est Parole et
vient habiter l’Homme.
*
Essence transpersonnelle et
singulière de la Parole. Elle nous précède, nous fonde, vient demeurer en nous
et nous traverse, chaque personne selon son unicité.
*
Chaque être humain vit de manière
complètement singulière l’expérience universelle de la Parole.
*
Expérience de tout l’être, non seulement de la dimension
mentale.
*
La Parole parle à travers le
corps; le bla-bla se perd dans les divagations imaginaires.
*
La Parole, instance térébrante,
troue le monde, l’ouvre; elle ne plane pas au-dessus, dans un ciel idéal.
*
Le Jeu des jeux se joue entre le monde (ce qui veut faire monde, ce qui
veut sempiternellement se clore sur soi) et la Parole qui ouvre infiniment.
*
La Parole fait l'homme, l'être
émergé de l'animalité et qui ne peut saisir son fondement. Cette impossibilité
de se saisir est l'inconscient, l'infondement de l'anthropos, l'UNGRUND.
*
L’intuition centrale de
l’inhabitation de la Parole au cœur de l’homme, autrement dit l’intuition de
l’inconscient absolu, est une expérience de foi d’une totale simplicité, non
une approche intellectuelle complexe.
*
La Parole troue le corps animal, le fait béer de désir.
*
La Parole est Vie, Poésie, et nous ne cessons de choir dans
la chosification.
*
La Parole, Verbe-Vie, n’est pas discours; elle est la Vie
elle-même.
*
Verbe comme acte, parole plus que verbale, agissant tout le
corps, l’être entier.
*
La Parole est Loi en tant que transcendance en acte,
interdiction de réifier le Jeu.
L’Ordre humain est l’état réifié, aliéné du Jeu de la
Parole, le refoulement du Désir.
*
La Parole est Vie et non discours sur la vie comme toute
philosophie.
*
La Parole crée, elle ne dicte pas.
*
La Parole ne se prend pas ; la Parole se donne, la
Parole est don de vie.
*
La Parole est la Vie se donnant et se partageant entre tous.
*
Ne cherche pas à saisir la Parole : elle est la Source.
La rivière cherche-t-elle à
saisir sa Source ?
*
La Parole est le Hors-Jeu irreprésentable qui permet le Jeu
des jeux.
*
La Parole peut être nommée Dieu, Amour, Vie, Liberté,
Sagesse…Mille noms la nomment et aucun : car elle est innommable, elle est
en-deçà des noms et parle cependant à
travers tous les langages.
*
Dieu est un des noms les plus usés et mésusés et néanmoins
nous continuons à en abuser, nous exposant à tous les malentendus.
*
La Parole est notre Lieu commun.
*
L’humanité n’est viable que dans
la Parole.
*
L’Homme n’est
Homme qu’en la Parole et la Parole n’est Parole qu’en l’lncarnation.
*
Les hommes sont semblables par le Dire qui les fait êtres
parlants, pensants, êtres humains.
*
La Parole est transmission de Vie. La reproduction des corps
ne suffit pas pour faire naître à l’humain. La naissance à la Parole seule fait
l’humanité.
*
L’universel passe par l’unique, par les corps singuliers où
toujours à nouveau s’incarne la Parole.
*
La Parole est unique en chaque personne et lieu commun entre
les personnes.
*
Dieu comme l’Unique qui singularise, qui libère les
subjectivités des identités collectives et les unifie en la Parole.
*
Tu es subjectivité parlante. Abandonne toute identité close
et deviens ce que tu es : Parole
infigurable, Personne.
*
La voie est expérience de la Parole vivante qui ne peut
jamais se pétrifier en discours clos, en système totalisant.
*
Dieu : Parole, infiniment, qu’aucun Sens ou Non-Sens ne
peut capturer. Parole que le Christ incarne nous invitant chacun à l’incarner à notre tour.
*
La Parole n’est qu’un point en nous, mais ce point contient
l’univers.
*
L’infime contient l’infini.
*
L’infini est plus que la totalité, infiniment plus. Le
cosmos entier ne peut le contenir
*
La totalité veut embrasser le
tout ; l’infini traverse, ouvre, transcende …infiniment.
*
La Parole est infinie transcendance en acte.
*
La transcendance n’est pas une
Vérité abstraite qui plane au-dessus des mondes. La transcendance troue
l’immanence, elle ne la surplombe pas.
*
C’est une Parole vivante qui
s’offre au plus intime de la Création, qui s’incarne au plus intime de l’Histoire,
qui parle au plus intime du cœur de l’homme personnel et interpersonnel.
*
Chaque être humain est le lieu de
la Parole. Chaque être humain habite la Parole. Ou plutôt la Parole habite
chaque être humain. C’est l’Ego qui clive le Jeu de la Parole infinie en idolifiant
des jeux particuliers qu’il prend pour le tout, en s’enfermant dans le fini et
en se coupant ainsi de l’Infini.
*
Wo das lebendige
Wort ist soll ich werden.
Où est la
Parole-Vie je dois advenir.
*
Métanoïa, ardente co-naissance.
Passer du vieil homme Ego idolifiant à l’homme nouveau, l’homme habitant la Parole, habité par elle,
s’ouvrant à la Parole en lui et en chaque être humain.
*
Agir mu par la Parole et non par une Idée du monde.
*
Ce que Platon et les Idéalistes situent en haut, dans
l’Idéal, dans les altitudes de l’empyrée, est à penser au tréfonds de l’homme,
dans le Verbe-Vie qui l’anime à travers tout son être.
*
Il n'y a pas de monde extérieur. À copier.
Il n'y a pas de monde intérieur. À exprimer.
Il y a le Verbe, qui nous porte, qui nous traverse, qui nous
infinitise.
Brûler dans son feu tous les discours, c'est à-dire toutes
les visions du monde qu'ils agrègent, c'est-
à- dire toutes les geôles où l'homme s'incarcère.
*
Le Verbe est liberté sans fond.
*
L'Idée abstrait l'homme du monde, le Verbe l'incarne.
*
La Parole est Loi, Torah. Loi de Dieu: Ouverture, Infinité.
Ce qui se fixe, se ferme est péché. Vouloir saisir la
Parole, l’enfermer dans un Sens, vouloir saisir
Dieu au lieu de se laisser saisir, ouvrir par Lui.
*
La Parole est Infinité. Verbe allant au-delà de tous les
imaginaires, osant les traverser.
*
La Parole est sans fond, labyrinthique, toujours nouvelle,
toujours autre, vivante.
*
Le Dire dit tout, Novalis et Sade, Bataille et Simone Weil,
sans toutefois pouvoir tout dire, Verbe
inépuisable. Péché contre le Dire infini (péché contre l'Esprit): la
restriction finie du Dire.
*
Ne pas enfermer la Parole dans une Image bonne ou mauvaise,
dans le Savoir du Bien et du Mal.
*
Éthique de la Parole contre morale comme discours du bien et
du mal, discours de la norme et de l’anormalité.
N’être que Parole-Vie éludant toute clôture du Dire.
*
*
L’éthique de la Parole est
incarnation du Verbe. Elle n’est vraie que vécue à travers le corps, l’être
humain entier.
*
Le Verbe est Vie et
non Message, discours sur la Vie.
*
Vivre la Parole, c'est renoncer à saisir, saisir Dieu, le fond des choses, renoncer à saisir
soi, saisir l'autre. Inversion du jeu ordinaire. Écouter soi et l'autre sans
vouloir saisir.
*
La Parole ne réside ni dans les Lieux saints ni dans les
Saintes Écritures.
*
La Parole est le Lieu. Et l'homme habite la Parole. La
Parole est le Lieu commun transindividuel et transcollectif du genre humain,
non ce qui fait lien social. Ce qui fait lien social est ce qu'idolifie un
groupe donné pour vivre ensemble.
*
Parole : notion existentielle, non conceptuelle.
*
La Parole ne délivre aucun message, aucune doxie, aucun
discours clos. Elle ouvre, elle crée. La Parole est créatrice.
*
La Parole de Dieu n’est pas un diktat, c’est un appel.
*
La Parole première, la Parole de Dieu, est Amour, Vie,
Liberté.
La Pensée seconde, objectivante, calculante, est
auto-incarcération, mort, dès qu’elle se coupe de la Parole-Vie.
*
La Parole est don de vie, non de savoir. La Parole est
l’arbre de vie. Le fruit de l’arbre du savoir est mort.
*
Non pas prendre la Parole, mais la délivrer de ce qui
l'incarcère au fond de nous.
*
Au fond de l’homme, cela: la Parole qui donne Vie.
*
Parole : axe christique en l’être humain.
*
Une seule axiologie: vivre Dieu, vivre la Parole, laisser se
déployer le Verbe.
*
Vivre Dieu, non vouloir être un Dieu.
*
MEURTRE DE LA PAROLE.
À l’origine est Dieu, Parole créatrice. Et au commencement des temps est
l’homme, le meurtre sacrificiel de la Parole et l’érection de l’Idole.
*
Le meurtre de Dieu consiste dans
le refoulement collectif et individuel de la Parole créatrice première qui veut
faire être l’homme. A la place on érige une Idole de Toute-Puissance à laquelle
on se soumet. Péché originel du genre humain.
*
Le péché originel est l’oubli de l’originaire, des racines
sacrées de l’être humain.
*
Meurtrier l’Ego collectif ou individuel qui affirme son
vouloir. Meurtrière toute civilisation, toute entreprise de domination. L’Ego
humain est fondamentalement meurtrier et déicide.
*
Dès l’abord, naissant de l’engeance humanoïde, nous sommes
pris dans l’Ordre humain, dans l’Enclos coupé du Dire et subordonné à une
Instance tutélaire.
*
Ce que veulent sempiternellement les humains, c’est l’Ordre.
C’est-à-dire la maîtrise et la servitude. C’est-à-dire la Mort.
*
Oser la liberté. Chose la plus rare. Nous voulons tous
habiter une forteresse, la « forteresse vide » de l’Ego.
La véritable alternative : auto-incarcération dans la Geôle
humaine ou liberté en la Parole.
*
Le péché consiste à ne plus se rapporter à la Parole, à se
murer dans le discours humain rien qu’humain, le béton du bien et du mal
normatifs.
*
Le péché s’accomplit lorsque l’immanence se ferme sur
elle-même, ne se reliant plus à la transcendance, s’y opposant.
Le péché est rupture avec la Parole transcendante au plus
intime de nous, chute en la mécanique de la Mort, en la logique thanatique,
sépulcrale.
*
Le péché est prise de pouvoir par l’Ego.
Essence du Pouvoir : s’approprier la Parole, avoir la
Parole au lieu de l’être, de la vivre, de la partager.
*
Vouloir saisir l’infini au lieu de le vivre précipite dans
le cachot du fini.
*
L’homme s’est parfaitement enfermé dans la finitude.
Accomplissement du péché si impeccable que nous en avons perdu toute
conscience. Nous avons oublié l’oubli de Dieu.
*
LE JEU DES
JEUX
Jeu abyssal, jeu tragique, le Jeu des jeux, Jeu de vie et de
mort. Jeu de vie pour la Mort ou Jeu de mort pour la Vie ?
*
Le Jeu des jeux est le Jeu infini de la Vie, le jeu qui
s'ouvre à l'homme lorsqu'il lâche prise et abandonne les jeux clos de son Moi
pour naître au Dire vivifiant au plus intime de son être.
*
Délivrer le jeu conscient, discursif, de tout centre de
gravité, de tout point de référence fixe.
Le centre, l'acentre réside dans le Dire.
*
Dire: dynamique axiale, jeu existentiel, non définissable
conceptuellement. Le Jeu ne fait pas jouer des concepts, mais l'Existant.
*
Jeu alogique. C'est l'Ego qui tente d'enfermer le Jeu dans
des concepts logiques.
*
Le Jeu des jeux n'est-il que le Jeu de la Parole sans fondement ou s'enracine-t-il en une
Transcendance? C'est la question des questions et la Foi seule peut en
approcher.
Là s'ouvre un tout autre Jeu, le Jeu de l'Autre absolu avec
l'homme, l'anthropologie de la Parole pouvant alors se déployer en
anthropo-théologie du Verbe.
*
Transcendance comme mise en jeu infinie, Jeu des jeux, de
l’immanence, non comme son ennemie, non « vrai monde » invalidant les mondes
illusoires d’ici-bas ainsi que le conceptualise la pensée idéaliste.
*
Le Jeu des jeux, jeu de la
transcendance à travers l’immanence, est nié par les dogmatismes matérialistes
ou idéalistes, invalidant les uns la transcendance, les autres l’immanence.
*
Le Jeu des jeux comme espace mettant en jeu tous les discours partiels et non: discours partiel parmi d'autres.
*
Jeu de transmutation. Passage d’une dimension à
l’autre, des discursivités
philosophiques, ontothéologiques, technoscientifiques, à la Parole-Vie. Passage
des discours sur le monde au Verbe Vivant.
*
Le Jeu ne peut se représenter. Il est expérience d'être,
ouverture.
*
Le Jeu des Jeux se confond avec l'éthique la plus ouverte,
la plus créatrice.
*
Aucun horizon ne peut être imposé au Jeu. L'infinité est son
espace. Le concept de monde ne lui convient pas. Ni celui d'au-delà.
*
TOTALITÉ. La totalité veut embrasser le tout; l'infini
traverse, ouvre...infiniment. Transcendance en acte.
Dans la totalité, on se noie; dans l'infini, on s'ouvre.
*
Les philosophies proposent des systèmes de pensée
englobante, des conceptions du monde.
Le Jeu des Jeux cherche à développer une pensée
non-philosophique, sans système englobant, totalisant, une pensée intuitive,
fragmentaire, que chacun peut retrouver dans sa propre expérience subjective.
*
Jeu au sens de l'enfant qui joue : jouer gravement, légèrement,
totalement la vie.
*
Jeu. Nécessité d’une pensée non-représentative. Le Jeu ne
peut se représenter. Il est expérience d’être, ouverture. Il ne peut
que s’expérimenter.
*
Le jeu des jeux est inséparablement expérience vivante, art
et œuvre de pensée.
Il ne fétichise nul plan de l'être. Il est poésie entière.
*
JEU DU JE. L'art permet le passage des jeux du fini, jeux du
moi, au jeu infini, jeu
du Je.
*
Abandonner l'identification aux mondes des discursivités
ordinaires. Faire danser ces discursivités dans le Dire infini.
*
Si tu t'identifies à ton rôle
social, tu n'es pas encore advenu à toi-même. Toi comme personne, tu es
infiniment plus que tout ce que le monde peut faire de toi. Sois cette
infinité.
*
Penser le Jeu des Jeux à la fois
comme Jeu transpersonnel en l’infini de la dimension de Parole et comme Jeu
interpersonnel du Moi infini et du Toi infini. Unique feu où chacun brûle d'une
flamme unique.
*
Le Jeu des Jeux, Jeu entier, ne
privilégie aucun langage. Il est expérience de la Parole infinie mettant en œuvre
le langage sonore, le langage visuel, le langage gestuel sans accorder la
primauté à aucun d'eux.
*
Le Verbe vivant parle par tous les langages et les
transcende tous.
*
Le Jeu des Jeux rompt avec le logocentrisme occidental qui
place au centre le discours verbal.
*
Le rêve de l'œuvre totale, Gesamtkunstwerk wagnérien, livre mallarméen, roman joycien, cinéma eisensteinien...
reste pris dans le logocentrisme, l'aspiration au sens total.
*
Rompant avec la totalisation, le Jeu des Jeux pluralise,
infinitise le sens.
*
Vivre l'espace-temps comme situé en Dieu, dans la dramaturgie
abyssale de Dieu désignée par les notions de Création, d'Incarnation, de
Rédemption, de Parousie.
Œuvre intérieure, non extérieure. Œuvre n'appartenant pas au
monde objectivé.
*
Au-delà d'une conception cyclique ou d'une conception
linéaire du temps, vivre tous les événements comme contemporains dans le Jeu.
*
CŒUR DE L’ÊTRE
L’âme est toujours plus grande que toute théorie de l’âme.
*
On comprend en profondeur avec l’âme, intuitivement, non
avec l’intellect. L’intellect objectivant reste en surface.
*
Impossible d’avoir une
connaissance intellectuelle de l’intériorité. Il faut en avoir l’expérience. Il
faut par exemple avoir l’expérience de la tendresse pour connaître la
tendresse.
Expérience intérieure, cœur de
l’être, seul lieu de la vérité existentielle. Expérience vivante de la beauté,
de l’amour, de la justice, du silence, de la nostalgie, de la joie. Expérience aussi
de la souffrance, du désespoir, de la nuit la plus noire.
*
L’âme, c’est le corps vivant, habité par la Parole vivante.
*
Cœur de l’être : la Parole naissant dans la chair.
*
Le cœur : l’intime intimité, ce qui nous touche au plus
profond de notre chair.
L’homme purement mental, l’ « homme
théorique » nietzschéen, lui, « cœur de pierre », fait semblant
d’éprouver.
*
«GOTT IST IN MIR
DAS FEUER- UND ICH IN IHM DER SCHEIN:
SIND WIR EINANDER
NICHT GANZ INNIGLICH GEMEIN? »
(DIEU EST EN MOI LE FEU, ET MOI EN LUI L'ÉCLAT : INTIMEMENT
MÊLÉS SOMMES-NOUS, N'EST-CE PAS?) (ANGELUS SILESIUS)
*
Dieu est en moi le feu
feu de vie
feu de désir
feu de tendresse
feu de douceur
feu d’amour
feu de compassion
feu de charité
feu de pardon
feu de foi
feu d’espérance
feu qui flambe sans consumer
feu qui illumine sans éblouir
feu qui réchauffe sans brûler
feu de beauté
feu de justice
feu de vérité
feu secret au plus intime de l’intime
feu qui s’allume du dedans
si tu meurs à toute passion du dehors
si tu te détournes du feu de destruction qui brûle le monde
*
« LES FRONTIÈRES DE L’ÂME, TU NE SAURAIS LES ATTEINDRE,
AUSSI LOIN QUE, SUR TOUTES LES ROUTES, TE CONDUISENT TES PAS : SI PROFONDE
EST LA PAROLE QUI L’HABITE. » (HÉRACLITE)
*
L'âme (centre spirituel) est la demeure de Dieu en toi. Mais
de ce centre, tu ne peux rien savoir car il est la source de tout savoir.
*
Il n’y a pas d’autre demeure de Dieu que l’âme de chaque
être humain.
*
« ÂME, CHERCHE-TOI EN MOI, ET MOI, CHERCHE-MOI EN TOI. »
(THÉRÈSE
D’AVILA)
*
Ô TOI QUI CHERCHES LE CHEMIN QUI CONDUIT AU SECRET, REVIENS
SUR TES PAS, CAR C’EST EN TOI QUE SE TROUVE LE SECRET TOUT ENTIER. (IBN ARABI)
*
La Divinité se défait graduellement comme Être suprême,
comme Très Haut, et se révèle comme Dedans absolu en l’Homme. L’événement
central de cette révélation est le Christ.
*
Le Dedans du dedans : Dieu.
*
Dieu, l’Esprit, habite au cœur du cœur de chaque être
humain, non dans les Forces naturelles, non au-dessus des peuples.
Reconnaitre chaque être humain comme mystère infini unique.
*
Ni la Nature ni la Culture ne constituent essentiellement l'être
humain, mais l'Esprit qui transcende Nature et Culture.
*
Transcendance intérieure de la Parole. Transcendance comme
noyau de l’être, Vie qui anime au plus intime de l’intime et non comme
Puissance supérieure qui domine.
*
Penser une Autre Métapsychologie
que la freudienne prenant sa source dans la
Psychanalyse tout en visant son dépassement: introduction à une
nouvelle version de la spiritualité, une version délaissant « l’âme
immortelle » et impliquant l’être entier, l’âme-corps. Conception fidèle à
la perspective judéo-chrétienne.
*
Connaissance de soi ? Connaissance objectivante ?
Savoir qui je suis ? Non. Ouverture à l’inconscient, co-naissance à
l’Autre en moi. Je est un Autre, inobjectivable.
*
La métapsychologie postfreudienne ne fait que reprendre en
langage moderne l’expérience des mystiques.
*
Psycho-logie véritable, science
de l’âme retrouvée et non simple science humaine.
*
Les paraboles de l’Évangile sont des énoncés métaphoriques
de l’expérience de l’âme.
*
INTIME INTIMITÉ DE DIEU ET DE L’HOMME. Rien ne sert de chercher Dieu ailleurs si tu ne l’as pas d’abord
trouvé au fond de toi-même.
*
Le haut lieu est en toi, non à Rome, non à Jérusalem, non à
La Mecque.
*
Le plus haut des cieux et le plus intime de l’ici-bas
correspondent.
*
Le seul signe tangible de Dieu, c’est le caractère
absolument sacré de tout être humain.
*
LE CHEMIN VERS LE DEDANS. Il n’y
a pas d’autre chemin vers Dieu que le chemin vers l’intériorité, la mienne, la
tienne, celle de tout être humain. Croire à Dieu en toi.
*
Le chemin vers Dieu passe par le
cœur de l’être. C’est le chemin du Christ, passage obligé. Chemin de
l’incarnation de la Parole en nous.
*
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