TRAVAIL DE LA PENSÉE
Que dit la pensée? Toujours la même chose: je veux penser le monde, le réduire à du pensable. Le réduire. Tout le travail de la pensée consiste à combattre cette tendance centrale de toute pensée, à la défaire.
*
Penser, c’est rester éveillé face à la ténèbre sans céder au
chant de sirènes des petites certitudes sécurisantes.
*
ÉVEIL DE LA PENSÉE. La pensée ne s'éveille des sommeils
dogmatiques qu'avec l'abandon de toute Grande Pensée englobante.
*
Lire chaque penseur comme expérience, drame, plongée dans
l’énigmatique, l’impensable, non comme système de pensée objective.
*
Il n’y a pas de maîtres-penseurs; il n’y a que des
chercheurs, des travailleurs de la pensée.
*
Le vrai maître est celui qui détruit l'image du Maître, le
rêve du Maître, le besoin du Maître. Celui qui initie à la nudité sans maître.
Le vrai maître est le contraire d'un maître. Il n'impose
pas, il libère. Il libère de l'attachement. Il détruit le désir du disciple,
désir d'avoir un maître.
*
Aucun maître ne peut t'apprendre à vivre. Tout vrai maître
de vie n'enseigne que cette unique chose : sois libre comme moi et deviens
toi-même, singularité insignifiable.
*
Tu es un être de parole qu’aucun système de significations
ne peut enclore.
*
Au fond il s’agit plus de co-naitre à la Vie que de se
connaître, que de connaitre la vie.
*
La pensée véritable est expérience de décentrement infini,
déconstruction de tout ordre centré, de toute évidence naturelle en direction d’une
altérité inconcevable, acentrique, anarchique.
Décentrement sans cesse à recommencer, à poursuivre.
Les grands penseurs, grands prophètes, grands artistes sont
ceux qui décentrent toujours à nouveau l'être humain, le propulsant hors de l'ordre étroit où sans
cesse il cherche à se renfermer.
*
Penser véritablement, c'est s'engager dans le vertige de l'impensable.
*
La pensée s'endort dans le lit des vérités.
*
Quand on prétend posséder la vérité, ce n’est pas la vérité.
*
On ne possède jamais la
vérité ; on est toujours en chemin, travaillé par la Parole qui est
impossible à enclore dans un discours.
*
Pensée pensante à l’infini, jamais pensée achevée.
*
Pensées: éclairs dans la ténèbre, non fragments d’une doctrine ambitionnant de saisir
globalement le monde.
*
Chacun a sa philosophie, c’est-à-dire son système imaginaire
qui l’emprisonne, sa fausse raison d’être.
*
Chaque homme a une philosophie implicite ou explicite, une
façon de se représenter l’existence, une Image du monde.
Penser, c’est s’en délivrer, se délivrer de tout monde.
*
L’athée a trouvé sa Réponse.
L’agnostique refuse de se prononcer, s’abritant dans le dogmatisme du doute.
L’homme de foi rouvre sans cesse le questionnement, se laissant crucifier par
la question des questions, vivant l’ardente inconnaissance et l’humble
ouverture du cœur.
*
La plus grande révolution qu’un
esprit puisse accomplir, c’est de se renoncer. C’est alors que tout commence.
*
Tâche "socratique": défaire toute discursivité
close, toute représentation fixiste pour (s’) éveiller au Dire vivant.
*
Penser autre, toujours fragmentaire, toujours aphoristique.
Absence d’Englobant. Cependant les fragments interagissent intensément dans la
non-totalité sans fond, comme les configurations stellaires dans l’espace-temps
acosmique.
*
Penser intuitif, non essentiellement réflexif. Penser trouvant sa source dans le cœur de l’être plus que dans l’intelligence. L’intelligence devient le satellite du cœur, de l’intériorité vivante.
Penser intuitif, non essentiellement réflexif. Penser trouvant sa source dans le cœur de l’être plus que dans l’intelligence. L’intelligence devient le satellite du cœur, de l’intériorité vivante.
*
L’intelligence éclaircit, l’amour éclaire.
*
« - JE PENSE QU'ON DOIT AIMER LA VIE PAR-DESSUS TOUT,
LUI DIT ALIOCHA.
- AIMER LA VIE PLUTÔT QUE LE SENS DE LA VIE?
- CERTAINEMENT. L'AIMER AVANT DE RAISONNER, SANS LOGIQUE,
COMME TU DIS ; ALORS SEULEMENT ON
EN COMPRENDRA LE SENS. » (FEDOR DOSTOIEVSKY)
*
On ne va pas de l'intelligence à l'amour, mais de l'amour à
l'intelligence juste, à
l'action juste, au sentiment juste.
*
« LA SCIENCE NE FAIT QU’AGRANDIR NOTRE CAGE, ELLE NE L‘OUVRE
PAS. » (CHARLES DE FOUCAULD)
*
La science analyse les phénomènes de la vie, mais le vivre
lui échappe.
*
Penser les questions religieuses,
les questions spirituelles avec une entière « Freigeisterei »
(liberté d’esprit), hors de tout cadre idéologique confessionnel ou laïque.
*
Ne te demande pas si ta pensée
correspond à l’orthodoxie des Églises ou aux idéologies en vogue dans la
société séculière, mais si elle exprime le plus fidèlement possible ton
expérience avec la vérité.
*
La pensée chrétienne elle-même doit se convertir sans fin au
Christ, comme toutes les autres Traditions spirituelles.
*
LE QUESTIONNEMENT INFINI. Toutes ces morts absurdes, ces
jeunes êtres fauchés au hasard des guerres, des accidents, des maladies…
Qu’est-ce qu’une vie humaine, flamme précaire qu’un souffle peut
éteindre ? Qu’est-ce que Dieu face à ce fantastique gaspillage de
vie ?
*
Vivre les questions insolubles comme d’incurables blessures.
*
L'homme demande : pourquoi suis-je enchaîné? Mais c'est
précisément ce questionnement incessant qui l'enchaîne.
*
C'est votre inlassable, votre
frénétique quête de réponses qui vous cache l’essentiel, l’insondable Mystère.
*
Le choix est entre le monde
pensable, objectivable, les mille et une façons de penser le monde et notre
existence, et la dimension du Mystère.
*
Voie de la contemplation
silencieuse plus que celle de la permanente interrogation mentale.
*
Dieu, Christ: dimensions du Mystère, du Sacré. Vouloir les
saisir comme vérités objectivables, logiques, c'est errer, profaner le Sacré.
*
Nous sommes immergés dans le grand Mystère et nous ne le
savons pas. Nous en restons à la vision superficielle du monde, ne percevant pas
sa profondeur sacrale.
*
Vivre, faire la vérité, non vouloir la posséder
conceptuellement.
*
Le Christ dit : Je Suis la Vérité et non : J’ai la
vérité.
*
Expérience de la vérité comme
pari existentiel. Distinguer vérité existentielle qui exige une prise de risque
hors de toute certitude et vérité dogmatique qu’on possède conceptuellement.
*
Pari existentiel. Je risque le
chemin de la christité tout en sachant que ma vie peut se dissoudre dans le Jeu
du Néant cosmique. Je ne possède pas la vérité, je la risque. Et
pourquoi ? Je la risque parce que ce chemin m’apparaît le plus humain, le
plus humanisant.
*
La christité, c’est la pleine humanité de l’Homme, qu’il y
ait un Dieu ou non.
*
En ce qui concerne la vérité, chacun doit prendre le risque
de son chemin. Il n’y a pas de vérité prescrite.
*
La vérité n'est pas à trouver
dans les Livres sacrés, mais à travers Écritures et Traditions dans le Cœur.
*
Si tu trouves Dieu dans les Écritures
et non dans ton cœur, c’est un faux Dieu, un Dieu de domination.
*
Ceux qui brandissent
impérativement les Livres sacrés et les Dogmes de leur religion n’ont pas
vraiment trouvé Dieu dans leur cœur.
*
Les poètes et les penseurs ne partent pas à la conquête de
la vérité; ils se mettent à l'écoute, ils tendent l'oreille par-delà le
brouhaha humain.
*
Vivre la question, la non-réponse, la non-certitude,
l'expérience du Mystère.
La vie ne se libère qu’à travers
une destruction radicale de toute Vérité. Nuit la plus noire de la
pensée : le voile de familiarité, d’habitude se déchire. Une lumière
énigmatique émane de toute chose. Le monde éclate en un silence vertigineux,
brûle d’un feu abyssal. Fais taire tes petites vérités, tes maladifs pourquoi
et comment. Et VOIS.
*
FAIRE
VERTIGINEUSEMENT SILENCE
*
Tuer toute Vérité, toute cette vieille obsession d’un Secret
Ultime. Faire silence, vertigineusement.
Alors, Ô miracle, le monde s’ouvre, insondable secret.
*
INFINI MIRACLE LE MONDE
*
Il n’y a pas de vérité avec V majuscule. Il y a esprit de
vérité, désir de vérité, recherche, « streben », dalogue. Vérité de
la recherche, au lieu de : recherche de la vérité.
Est vraie (bonne) la disposition
à maintenir le discours ouvert; est condamnable : la prétention à posséder
la Vérité, le dogmatisme.
Philosopher ne peut donc signifier : recherche de la
vérité, mais penser sans relâche au contact des autres et de la ténèbre de ce
qui est. La pensée comme pratique ouverte, dialogale, intuitive. Impossibilité
du système.
Le critère de vérité d’une pensée
gît dans sa disposition à l’ouverture, à l’échange, non dans son adéquation à
un monde vrai préexistant dont l’esprit humain serait coupé et qu’il
s’agirait de redécouvrir (Platon). Chez chaque être pensant, existent des moments
de plus ou moins grande vérité, selon qu’il consent à l’ouverture ou tend vers
le dogmatisme.
Les moments les plus authentiques
d’un penseur sont sans doute ceux où il doute, où se lève en lui le soupçon
contre lui-même. Les moments où il découvre que lui aussi idolâtre sa propre
pensée. Le dernier Nietzsche. Les fulgurations de Turin.
*
Les esprits qui ont des certitudes sont perdus pour le
travail de vérité.
*
La vérité du Témoin de la vérité insaisissable se mesure à la violence de la réaction qu’il
suscite de la part des doctrinaires, des gardiens farouches de l’orthodoxie.
*
Si tu possèdes la vérité, ce n’est pas la vérité.
*
La foule et ses maîtres n’aiment pas ceux qui refusent
d’adorer leurs dieux, leurs idoles d’airain.
*
Dieu peut dire : Je suis la Vérité. L’homme n’a pas le
droit de dire : Dieu est la Vérité.
*
Dieu se révèle à l’homme et l’homme veut L’imposer aux
autres hommes, faisant de la vérité de la grâce la pire des pesanteurs.
*
En la Parole, nous sommes tous à égale distance de la vérité
inobjectivable. Personne ne la possède.
*
La vérité habite le corps et non le ciel des idées.
*
La vérité habite chaque être singulier et non les
collectivités abstraites.
*
Conception existentielle de la
vérité. Ce n'est pas une vérité objective, qu'il suffit d'appréhender avec son
intellect comme une vérité scientifique; c'est une vérité à croire, à vivre,
une vérité subjective, à assumer et expérimenter par chaque sujet.
*
La parole de vérité, la parole plaçant devant la ténèbre, la
parole faisant violemment affronter Dieu, est la plus terrible.
Elle soulève la colère de tous les idolâtres, la colère qui
crucifie.
*
« DIEU EST
UN FEU DÉVORANT. »
*
Primordiale et ultime Lumière
soulevant contre elle
innombrablement
insatiablement
les puissances de négation
le Meurtre
*
« LA PAROLE EST PLUS TRANCHANTE QU’UN GLAIVE À DOUBLE
TRANCHANT. ELLE PÉNÈTRE JUSQU’À LA DIVISION DE L’ÂME ET DE L’ESPRIT. »
*
Connaissance essentielle : que tout est vrai, mais
relativement. N'est faux que ce qui affirme unilatéralement. Monde où le
Terrible et le Radieux ne sont pas dissociables, ni la mort et la vie, le ciel
et la terre, la femme et l'homme, etc.
Sens de la mystérieuse cohésion des contraires.
*
Tout est vrai, mais relativement. Ce n’est pas une apologie
du relativisme. Le relativisme ne croit pas à la vérité. À chacun sa vérité.
Carnaval des opinions, des vérités partielles,
et non sens profond de la vérité inobjectivable.
*
Relativisme, dogmatisme : perversions de l’esprit de
vérité.
*
"L'HÉRÉSIE EST UNE VÉRITÉ PARTIELLE QUI DEVIENT ERREUR
EN SE PRENANT POUR UNE VÉRITÉ EXCLUSIVE, TOTALE, SYSTÉMATIQUE...
LE PROPRE DE LA FOI EST DE CROIRE À CECI ET À CELA, C'EST-À-DIRE
À LA CONVERGENCE MYSTÉRIEUSE ET RÉELLE DE DEUX VÉRITÉS" (BORNE).
*
ORDRE DE LA CHARITÉ, DIVINITÉ DE LA HAUTE TENDRESSE
Amour: mot le plus galvaudé, mais il n’y en a pas d’autre
pour dire l’essentiel.
*
Qu'importent les mots (Dieu...Ciel...etc.), qu'importent les
dogmes? Seule compte l'expérience indicible de l'amour.
*
L'important n'est pas de croire à Dieu, c'est de croire au
caractère sacré de chaque être humain, voire de chaque créature. C'est là que
réside Dieu. Dans le plus réel. Ici. Au cœur de la vie. Non dans les nuées.
*
DIEU ICI
AU CŒUR DE LA VIE
*
L'amour du prochain consiste à aimer l'autre comme le plus
lointain, à l'aimer malgré l'infinie distance qui nous sépare.
*
Aimer, écouter chacun selon son propre cheminement.
L’essentiel : l’attitude de non-jugement.
*
Chaque personne voudrait être aimée sans réserve et pardonne
difficilement à l’autre de ne pas la gratifier de ce total amour. Ce faisant,
on devient soi-même un mal-aimant, incapable d'aimer pleinement.
*
«S’AIMER C’EST AVOIR FAIM ENSEMBLE ET NON PAS SE DÉVORER
L’UN L’AUTRE. » (THIBON)
*
Même si tout se perd dans le néant, l'amour est la seule
lumière qui éclaire notre précaire passage en ce monde. C'est notre part
divine, même si Dieu n'existe pas.
*
Il n’y a aucune autre preuve de Dieu que l’expérience de
l’amour. Dieu ne se trouve que dans
l’amour le plus concret.
*
La liturgie ne peut être que la célébration de cet amour.
La théologie ne peut être que l’intelligence de cet amour.
L’art ne peut être qu’une pratique de l’amour.
*
Si Dieu n’est pas l’absolu de tendresse, il vaut mieux se
passer de Dieu.é
*
Il y a une seule radicalité religieuse : celle de la
charité. Tout ce qui n’est pas charité n’est pas de Dieu.
*
Vérité de la tendresse pour les êtres humains. Dieu ne peut
se concevoir qu’à partir de ce sentiment le plus pur et le plus profond.
*
La tendresse humaine est ce qu’il y a de plus humble et de
plus grand sur terre.
*
Tout
le jour j’ai chanté ta beauté sur les places,
Tendresse,
mon aimée, ma faim perpétuelle.
Et
le soir j’ai crié ton nom sur les terrasses,
Tendresse,
mon épouse angélique et charnelle.
Mais
la nuit je t’attends dans une chambre nue.
Et
parfois tu surviens furtive face d’ange.
Et
parfois je te touche, ô beauté absolue
Avec
mes mains de chair et je meurs en louange.
*
Le monde écrase l’homme, l’homme écrase l’homme, mais il y a
l’imperceptible petite flamme de la tendresse humaine. Simplement croire en
elle.
*
La foi, c'est croire en la tendresse, malgré le triomphe des
forces du Mal et de la Mort.
*
FOI CROIRE LA
TENDRESSE
PLUS FORTE QUE LE MAL
PLUS FORTE QUE LA MORT
*
Qui peut être un in-croyant de l’Amour ? Qui peut être
un croyant de la Haine ?
*
La grande affaire humaine est la tendresse, non le sexe.
*
Dieu habite les gestes de la tendresse humaine, non les
édifices majestueux des religions.
*
Vis l’Amour, que tu crois en Dieu ou non.
Vivre l’Amour sans réserve, c’est croire en Dieu,
implicitement ou explicitement.
*
La seule porte vers l’Amour, vers Dieu, est l’amour.
*
Amour : non-juger. Aimer toute chose. Aussi la douleur.
Aussi l’obscur. Aussi « ma sœur la mort » comme dit François
d’Assise.
*
Supporter, sans maudire l’existence, la peine de vivre et
l’horreur de mourir.
*
Assumer tout ce qui est sans juger et le transcender dans la
charité.
*
Aimer au-delà de tout bien et de tout mal humains.
*
L’amour ne doit pas être un effort, un vouloir, mais
l’inspiration fondamentale, le mode d’être essentiel, la source.
*
Sentimentalisme : parodie de l’Amour, de cette lumière
qui vient du plus profond.
*
L’amour rayonne, il n’agit que par rayonnement. Il ne prêche
pas, il ne sermonne pas. Il rayonne.
*
Ton amour fut toujours trop petit : amour du créé et
non amour de la création, amour du Verbe poïétique, amour du feu qui t’habite
au plus profond.
*
Ne pas aimer l’être humain, mais le vivre-mourir-créer en
l’être humain. Ne pas aimer l’homme,
mais Dieu en l’homme.
*
L’amour qui met des réserves n’est pas l’amour. L’amour est
inconditionnel ou il n’est pas.
*
L’amour n’est l’Amour que s’il traverse l’horreur du monde
sans désespérer, sans perdre la foi.
*
Ce qu’il faut croire : que l’Amour vaincra dans les
siècles des siècles. Mais rien au monde n’est en faveur de ce triomphe. C’est
pourquoi c’est une foi. Une foi folle.
*
Le Royaume est en toi, dans ta découverte de l'amour.
*
L'amour ne peut être qu'éternel ou alors tu crois à la mort
plus qu’à l’amour, au triomphe de la mort plus qu’à la victoire définitive de
l’Amour.
*
Foi en l'amour ou désespoir.
*
Rien ne sert de chercher Dieu partout si tu ne l'as pas
trouvé d’abord au fond de toi-même, dans l’expérience de l’amour.
*
S'éveiller à l'Amour, non se convertir à une croyance.
*
Au centre de tout : l'Amour, non la Volonté de puissance,
non l'Être, etc...
*
Deux lectures du Monde possible :
Force ou Amour. Mais la seconde exige la Foi.
*
Auch wenn es Gott
nicht gibt, ist die Liebe das Absolute. Même si Dieu n’existe pas,
l’Amour est l’absolu.
Absolu qui s’impose aux croyants et aux incroyants.
*
Lieben, nicht urteilen, das ist das eigentliche "jenseits von Gut und
Böse." Aimer, non juger, voilà le véritable « par-delà le bien et le
mal. »
*
Ne pas juger, injonction
christique capitale.
*
Certitude de l’amour. Si la
religion est vivre l’amour, comment douter ? Douter serait douter de l’amour.
*
Rompre tout attachement particulier
aux êtres pour aimer les êtres: tel est le paradoxe de l'amour inconditionnel.
*
Aimer Dieu en nous conduit
forcément à L'aimer en autrui. Rapport d'âme à âme et non de moi à moi.
*
Une philosophie de l'amour sans
transcendance se heurte immanquablement à la limite de la mort, si bien que la
question dernière se formule ainsi: l'ultime réalité est-elle Amour ou Néant?
*
Vérité de l'Amour. Vérité qui est éternelle même si le monde
se dilue dans le Néant.
*
VOIE DE L’ÉCOUTE ACCUEILLANTE. On ne peut écouter l’autre
qu’à partir du dedans absolu, de l’intime intimité de la Parole, autrement dit
qu’à partir du silence sans pensée.
*
Écoute, exercice spirituel du non-jugement.
*
DIALOGALITÉ. Il n’y a de dialogue
que dans l’abandon de tout discours dogmatique et le co-naître interhumain à la
Parole.
*
L’art d’écouter est infiniment plus difficile que celui de
parler.
*
Vivre avec les autres, c’est ou la guerre permanente ou le
permanent pardon.
*
Pardon sans fin, toujours recommencé. Ne pas haïr ceux qui
nous sont hostiles, encaisser l’ordinaire méchanceté.
*
Le Crucifié pardonne à la fin à ses tortionnaires. Leçon
christique suprême.
*
Compassion: seule éthique concevable en ce monde. Compassion
envers tous, sans exception, même les méchants, les criminels. Ne pas juger,
compatir.
*
Le destin de chaque être humain est aussi le tien.
*
Dieu existe tant qu’un atome de compassion survit en ce
monde.
*
Si ta religion exclut ou menace le moindre humain, elle
n’est pas de Dieu.
*
Charité : aimer la nudité de l’être humain, la mienne,
la tienne. Aimer l’autre comme moi-même, vivant nu, perdu dans ce monde
impossible.
*
Voir en chaque être humain l’enfant qu’il a été et
l’agonisant qu’il sera, c’est-à-dire l’extrême nudité.
*
La preuve du divin réside dans le visage de l'autre. Il
exprime le sacré, la dignité inaliénable de l'être humain. Le frapper, cracher
sur lui est ressenti comme sacrilège.
*
Sur une terre vraiment humaine, il n’y aurait plus de
maîtres, il n’y aurait que des serviteurs.
*
Impossible d’aimer car les
humains sont rarement aimables. Et c’est par ce sentiment d’impossibilité que
commence vraiment l’amour, l’amour qui va plus loin que le Moi et la simple
sympathie.
Cet amour est la seule éthique
possible ; tout vivre à travers lui, y compris les amours humains, amour
parental, filial, fraternel, amitié, érotisme…
*
L’horizon ultime de tout amour est la charité, la
compassion.
*
Aimer les autres comme ils sont, non comme on les rêve.
*
Qu'importe que tu croies en Dieu ou non, ce qui compte c'est
ton degré d'humanité, ta qualité d'être humain.
*
Qui connait l’amour de compassion connait Dieu, Dieu comme
réalité vécue.
*
La charité est la norme absolue.
*
Tout péché est péché contre la charité.
*
On ne nait à la charité qu’en naissant à la Parole et non
par acte de volonté.
*
Ne fais pas la charité, sois charité.
*
Facile l’amour abstrait des humains. Difficile d’aimer tel
être singulier dans le plus quotidien. C’est l’essence même de la charité :
aimer chacun concrètement sans rien n’excepter de sa personne.
*
Si tu fais la charité pour gagner le ciel, ce n’est pas la
charité, c’est de la morale.
La vraie charité est gratuite, elle ne cherche pas de
reconnaissance ni de récompense.
*
La charité est la voie des voies.
La charité est la vérité. La charité est Dieu. DEUS CARITAS EST. Et Christ
est le Témoin de ce Dieu. Il est ce Dieu s'incarnant en l'humanité. Par
charité.
*
Même si la Mort et le Néant triomphent, la charité est la
valeur suprême pour les hommes.
*
La charité est à étendre à toutes les créatures, selon
l'inspiration venant de François d'Assise et d'Albert Schweitzer.
*
Dieu ne peut se prouver que par l’expérience de la charité.
La charité est l’essence de Dieu.
*
L’HOMO CARITAS, l’être humain christique, est le seul temple
de Dieu.
*
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