ECCE HOMO, GRANDEUR ET MISÈRE DE L’HOMME
GRANDEUR. La grandeur mondaine restera
toujours sur le devant de la scène et la vraie grandeur incognito.
*
La grandeur d’un homme est proportionnelle à son degré
d’humilité. La moindre particule de vanité le fait choir immanquablement dans
l’ordinaire médiocrité humaine.
*
Il faut une infinie humilité pour supporter l’expérience de
la vraie grandeur.
*
On ne peut vivre la véritable grandeur qu’à travers
l’extrême humilité.
*
Contempler l’homme plus dans sa misère que dans sa
réussite : on y perçoit plus matriciellement la dignité humaine.
*
Ce qui est commun aux êtres humains : leur essentielle
misère plus que leurs nobles qualités.
*
On ne se supporte soi-même que parce qu’on ne se voit pas.
*
La vie n'est jamais banale. C'est notre insensibilité, notre
état de non-éveil qui la banalise.
*
Vivre lumineusement, non sérieusement.
*
L’homme, cette bête singulière, grandiose, dérisoire, perdu
sur ce grain de poussière, la Terre, tournant dans les espaces effrayants…
Humanité, cette espèce prodigieuse avec ses drames
consternants et ses réussites stupéfiantes.
*
grisailles routines
terrible monotonie terrestre
vagues jours de l’homme
travailler manger dormir travailler
parfois une lueur un éclair de beauté
grisailles lourdeurs doutes déchirures
morts absurdes
terrible machine de l’univers qui broie les vivants
précaires
*
Impossible la vie humaine
affrontée à l’incommunication, à la perpétuelle guerre interhumaine, à la mort.
Sans Dieu nous sommes maudits.
*
Nous vivons au bord du gouffre. Un rien peut nous précipiter
dans l’abîme de mort.
*
Fugace figure de nos existences
qui se perdent dans le silence éternel des espaces infinis.
*
La vie humaine : un cri, rien qu’un cri dans la nuit
incompréhensible.
*
Le visage et la voix manifestent plus notre vérité que ne le
fait notre verbosité.
*
Pas de paysage plus familier et plus énigmatique que le
visage humain.
*
L'essentiel de ce que vit, de ce que sent intimement un être
humain n'est jamais vraiment exprimé. Gouffre de mutisme que chacun emporte
dans la tombe.
*
Nous sommes tous au fond de nous,
dans nos fantasmes, des criminels, des pervers. Mais, civilisés, corrects, nous
n’en laissons jamais rien paraître. Chacun cache le monstre qu’il est.
Quelques-uns passent aux actes.
Et en général nous les condamnons unanimement, n’osant pas reconnaître en eux
des frères en infamie.
*
Normalité : le mensonge
derrière lequel les humains cachent leur vraie vie, faite de fragilité,
d’incertitude, d’angoisse, de confusion, de perplexité, de désirs, de rêves, de
plaisirs interdits, d’actes honteux, de haines, de tendresses inexprimées, de
peurs face à toutes sortes de menaces, insécurité, maladies, mort…
*
Les visages les plus humains sont ceux des enfants et de
certains vieillards.
*
Le visage humain peut être beau à tous les âges de la vie:
il faut et il suffit qu'il irradie la lumière intérieure.
*
SOLITUDE. Chacun vit son drame et chacun croit qu'il est
seul à vivre un tel drame.
*
Humanité, espèce grouillante, espèce logorrhéique; et pourtant chacun est un
abîme de solitude.
*
Le génie est à la fois infiniment
plus humble et infiniment plus grand que l'humanité ordinaire qui, elle, n'est
qu'uniformément ordinaire.
*
Infinie misère et infinie grandeur de l’homme.
*
Tu n’es qu’un fétu dérisoire dans
l’énormité de l’univers et l’innombrabilité des êtres. Et pourtant ton existence est tout pour toi et le drame de
ton apparition et de ta disparition surpasse en importance celle des myriades
d’astres qui s’allument et s’éteignent au-dessus de ta tête.
*
Ne fais pas la fine bouche devant la vie. Souvent elle te
désespère, mais quelle prodigieuse aventure que de vivre le Mystère de cet
Univers!
*
Chaque être humain est une histoire surnaturelle infiniment
plus profonde que les cieux étoilés.
*
Chaque être humain est une légende cosmique. Une vie humaine
est infiniment plus précieuse que toute l’histoire mondiale.
*
Une vie est si peu de chose et une vie est infiniment plus
que tout.
*
L'homme dépasse infiniment l'immensité des étoiles.
L'homme pense; le soleil qui ne pense pas est néant.
*
Voir en chaque être humain l'âme mais aussi cette végétation
furieuse qui la masque, l'effréné désir d'auto-divinisation.
*
La souffrance viole, le plaisir voile.
*
Souvent, quand on n'a plus aucune consolation, quand de
toutes parts on est exposé aux morsures du monde, la chaleur de notre corps
reste notre dernier refuge. Refus de la crucifixion.
*
Tant que ta solitude te fait souffrir, tu n'as pas trouvé la
bonne solitude.
*
La preuve du divin réside dans le visage de l’autre. Il
exprime le sacré, la dignité inaliénable de l’homme. Cracher sur lui est
sacrilège.
*
Le sens du surnaturel est le seul propre de l’homme
absolument incontestable.
*
Qu’est cette créature, l’homme, pour se poser la question de
l’existence d’un Dieu ?
*
Chaque être humain croit être le premier à vivre cette chose
incroyable: être vivant et devoir mourir.
*
Me vivre comme un parmi d’autres, non comme exception. Ou
alors chacun est une exception.
*
LE BIEN ET LE MAL
Le monde comme grande machine broyeuse. Guerres, accidents
absurdes, catastrophes, maladies...
Comment penser Dieu face à ce chaos insensé, à ce Mal
impitoyable inhérent à la marche du monde?
*
Si Dieu n'existe pas, s'il n'y a pas de Christ, le Mal jette
sur ce monde un éclat infernal, en en faisant pour une bonne part une horrible
farce, une sinistre comédie diabolique.
*
Bestialité, horrible terme. La bête n’est jamais
« bestiale » comme peut l’être l’homme.
*
L’étendue et la diversité de la malignité humaine ne cessent
de me stupéfier.
*
Le Bien n’est pas le contraire du Mal ; c’est la
Lumière qui l’éclaire et le traverse.
*
Le bien et le mal pensés au plan humain sont des
contraires : morale normative de la société et son envers immoral.
Le Bien et le Mal au plan transcendant ont un sens
différent : ils sont les faces d’un Jeu abyssal où Dieu, l’Homme et
l’ensemble de la Création sont les acteurs du Drame de la Vie et de la Mort, du
Salut et de la Perdition, dépassant les limites de la simple destinée terrestre.
*
Morale normative: jardin de la "bonne moralité",
des habitudes respectables, où pourrissent les fleurs du divin.
*
Quand je vois des exemples de l’extrême cruauté, je conçois
la nécessité de Dieu pour ne pas penser le monde comme purement infernal.
*
Golgotha : Dieu lui-même traverse l’enfer.
*
Le dernier pas, celui du Christ sur la Croix : le
consentement au pâtir du Mal, le pardon.
*
Sans le Christ, Dieu n’est pas crédible. Sans le Christ,
Dieu n’est qu’une vague abstraction céleste que le Mal disqualifie.
*
Le consentement au Mal, à la
Mort, et le pardon ou l’adoration-exécration d’une idole de puissance: tel est
l’ « ou bien ou bien » de l’être humain.
*
Arracher l’arbre de la science du
bien et du mal et le brûler dans le feu de la Parole-Vie.
*
Quand parviens-tu à l’innocence de la vie ? Quand es-tu
libéré du bien et du mal ? Lorsque la Vie invente en toi la vie, sans
regard sur un modèle, sur une règle, sur une Loi prescrite.
*
L'espèce humaine n'est pas naturellement humaine. C'est
l'espèce qui peut faire le Mal. Le Mal est parmi d’autres caractéristiques le
propre de l'homme.
*
Je connais le fond de l’homme
parce que je me connais : cette part de folie orgiaque et meurtrière en
moi, cette « part maudite » (Bataille) commune à tout être humain.
*
L’homme est un animal essentiellement éthique, champ de
bataille entre le Bien et le Mal, voilà ce qui le distingue des autres espèces
vivantes.
*
L'humanité oscille sans cesse entre la bestialité (être pire
que la bête) et le suspens de l'animalité, l'éthique du respect de toute créature.
*
La Source du Mal. Attachement à un "avoir", refus
du partage.
Le propre de l'homme humain est le partage. L'espèce n'est
humaine que dans le partage. Toute autre voie est voie de mort.
*
Être ou avoir, telle est la question.
*
L’être humain aspire à être plus qu’à avoir. Il ne veut
avoir que pour être. Il pense conquérir l’être par l’avoir.
*
ONTOLOGIE DU MAL. Le péché essentiel :
l’auto-enfermement de l’être humain dans son Ego.
*
L’homme ne veut pas de Dieu parce que Dieu met en cause
l’Enclos de l’Ego humain. L’homme veut être son propre Dieu.
*
Fait partie du propre de l’homme
(comme le symbolique, la religion, l’art, l’érotisme, le rire), la possibilité
pour l’être humain de choir dans la pire bestialité, dans l’horreur plus qu’extrême.
*
La malfaisance humaine est de
tous les temps. Cependant elle ne cesse de renouveler ses formes et sévit
aujourd’hui, entre autres cancers en expansion, dans l’univers numérique.
*
« Le bien est
impossible » (SIMONE WEIL). Faire le bien, c’est simplement renoncer à
faire le mal.
*
Foi. Délivrance de la Création du joug de la finitude, du
Mal, de la Mort. Accès à la liberté des enfants de Dieu.
*
Se libérer du Mal, vaincre le Mal non en y cédant, non en le
niant, mais en le traversant et en le transcendant.
*
Ils ne croient plus en Dieu à
cause du Mal. Ont-ils ainsi résolu la question abyssale du Mal ?
*
BIEN ABSOLU. Relation non à un
Principe abstrait, au Bien absolu (comme dans le platonisme), mais à Dieu comme
personne, à Dieu s'incarnant dans une Personne concrète, Jésus de Nazareth, à
l’Esprit vivifiant tout croyant.
*
TRAGIQUE. L'aspect tragique,
déchirant de l'existence. Nous sommes sans cesse confrontés à la perte, à la
frustration, à la séparation, à l'absence, à la mort. Inéluctable part de
tristesse.
*
Comment croire en un Dieu qui nous a rendu l’existence si
difficile, si tragique ? Question récurrente.
*
Spectacle tragique du monde. Il
est sauvé par la contemplation aimante de quelques âmes. Rares atomes de
lumière soutenant des abîmes de ténèbres.
Ceux qui ne traversent pas
l’enfer les yeux ouverts n’arrivent pas au paradis, mais restent dans les
limbes.
*
L’enfer existe. Nous le voyons tous les jours. C’est le
règne du Mal sur la terre.
*
Tout être humain est le champ de bataille de la guerre
intime entre son Moi et Dieu.
*
Notre guerre intime n'oppose pas le corps et l'esprit, mais
l'esprit et l'esprit. Le corps en est le champ de bataille.
*
Chacun est meilleur et pire que les autres et lui-même ne
l'imaginent.
*
ÉROS ET AGAPÈ.
Nous faisons rarement l’amour. En général nous baisons.
« Il aime les femmes »veut le plus souvent
dire : il aime son propre désir.
*
Sexe : enfer et paradis, ordure et extase, tourments et
délices.
*
L’amour physique mêle le plus animal et le plus sublime.
*
La beauté de l’union charnelle ne s’illumine que dans
l’espace d’un amour plus grand que l’attirance purement physique.
*
Il ne s'agit pas de nier les
pulsions, il s'agit de les intégrer au Jeu de la Parole. Le corps pulsionnel,
la chair, se fait demeure du Verbe. L'esprit se greffe sur le corps, l'anime.
Il n'est pas substance à côté du corps, il est la dynamique ouvrant la
pulsionalité à la découverte du monde et à la rencontre des autres. L'homme,
animal ouvert.
*
Sublimation: conversion d'Éros en
Agapè et non négation d’Éros. Opération incompréhensible pour le monde actuel
qui est soumis au totalitarisme sexuel. Comment s'opère cette conversion: par
le renoncement au Moi qui veut aller au bout de la pulsion.
*
Le choix est simple : ou s’abandonner à la libido ou
renoncer à aller au bout de la jouissance, sublimer et aimer.
*
PÉCHÉ. Deux
aspects du péché : enfermement dans la finitude et éclatement des limites.
Deux manières de refuser la métanoïa transégoïque.
*
Ne pas mythifier le Péché originel, en le plaçant au Jardin
d’Éden. Il a lieu transtemporellement
ici et maintenant en chaque être humain. Tout le drame divino-humain se
passe toujours ici et maintenant.
Le Péché originel a lieu à tout moment et le Salut a lieu à
tout moment.
Adam et le Christ sont absolument
contemporains et je suis absolument contemporain à Adam et au Christ. C’est
l’instant kierkegaardien incluant tout le temps et l’éternité entière.
*
Le péché, c’est d’adorer aveuglément, avec toute sa libido,
un objet de ce monde, une idole.
*
Le péché est la chute du désir dans l’idolification du fini. Fermeture du Conscient sur lui-même, repli
sur soi. Volonté de possession sans réserve.
*
Au fond de l’homme cela : la volonté d’être Dieu.
*
Le péché consiste à ne plus se référer à la Parole, à se
murer dans le discours humain rien qu’humain, le béton du bien et du mal
normatifs.
*
L’homme s’est parfaitement enfermé dans la finitude.
Accomplissement du péché si impeccable que nous en avons perdu toute
conscience. Nous avons oublié l’oubli de Dieu.
*
Règne du Moi ou éclatement du Moi (Nietzsche, Bataille…), ce
dernier n’étant qu’une forme du Moi, sa forme suprême, extatique.
*
Le péché : refus de la liberté, soumission à une idole.
Je suis en état de péché lorsque je renonce à ma liberté, à la part divine en
moi, lorsque je me subordonne aux déterminismes physiques, psychiques, sociaux.
*
L'homme est prisonnier du péché. Il n'a pas d'autre solution
que le recours au Dieu Sauveur. L'auto-salvation est impossible. Toute tentative
auto-salvatrice redouble le mal.
*
Tu ne peux pas te guérir toi-même du péché, mais tu peux le
reconnaître en toi et t’ouvrir à ta part divine en ne te réduisant plus à ton
état peccamineux.
*
Commence par te pardonner à toi-même.
Pardonne à toi-même l’offense que tu as commise et Dieu te
pardonnera.
*
Tu es peccamineux parce que tu es humain, donc forcément
idolâtre, t’identifiant à un Ego imaginaire.
*
Péché : répétition du même, du cercle vicieux de la vie
pour la mort.
*
Personne n’échappe au péché, à l’attachement à son Moi. Le
problème : ne pas s’y réduire.
*
IDOLES.
Toute idole est un opium cherchant
à apaiser illusoirement le désir de Dieu qui constitue le cœur de l'être
humain.
*
Le sexe, l’alcool, la
drogue, l’argent… : des ersatz du divin.
*
Chaque idole veut le règne sans partage.
En ce monde la guerre des idoles est sans merci.
*
L’idole est l’inverse du Dieu de Vie. L’idole fascine et peu
à peu répand la mort.
*
L’Idole absolue, c’est Dieu conçu comme Être suprême,
l’inverse du Dieu de miséricorde de l’homme de Nazareth.
*
SCEPTICISME. Le sceptique est un déçu de la vérité. Il ne va
pas encore assez loin, jusqu’à l’ardente inconnaissance.
*
Le sceptique ferme toutes les issues. Et après ?
*
AGNOSTICISME. L'agnosticisme peut être une posture
de facilité. On ne se laisse pas travailler, crucifier par la question des questions.
Agnosticisme :
fuite la plus subtile. Ne pas se prononcer face à la question de Dieu, à la
question du Christ : ou tu restes dans la sphère de l’ego ou tu en sors.
La pensée qui pense qu’on ne peut pas penser Dieu, ou plutôt : qu’on ne
peut se prononcer à ce propos, reste enfermée dans la tiédeur égoïque…
*
Ne rien penser de
l’existence ? Agnosticisme absolu ? Tolérance vis-à-vis de toutes les
conceptions du monde ? Est-il possible de ne pas prendre position ?
*
Évidence de l’amour.
On peut douter de tout sauf de l’amour qu’on ressent pour certains êtres dont
la vie nous est plus précieuse que la nôtre. Donc je crois à l’amour.
Impossibilité de l’agnosticisme sans réserve.
*
ATHÉISME.
Système de pensée qui se referme et emprisonne, aussi bête que son
symétrique le système théologique et qui
pousse semblablement à l’intolérance et à l’oppression.
*
Le Dieu dont parlent les athées est un faux Dieu, le Dieu
Être suprême, et non le Dieu de Jésus venant
en Serviteur parmi les hommes.
*
Les athées ont raison d’être athées du Dieu tel qu’ils le
conçoivent, un Dieu horrible.
Pour arriver à la foi christique, il faut évidemment passer
par l’athéisme de tous les faux Dieux.
*
Le vrai croyant est un athée qui
ne croit à aucune des Divinités échafaudées par l’homme. Le vrai croyant doit
abjurer tous les Dieux, y compris le Dieu des religions et des philosophies.
*
« LE PARFAIT ATHÉISME SE TIENT AU SOMMET DE L’ÉCHELLE
SUR L’AVANT-DERNIER DEGRÉ QUI MÈNE À LA FOI PARFAITE. » (DOSTOÏEVSKY)
*
L'athée dit: je sais; l'agnostique: je ne sais pas; le
croyant: je ne sais pas et cependant je crois, je désire l’Autre absolu, le
Dieu de charité.
*
Les contemporains préfèrent majoritairement la certitude
athée de la mort définitive ou les doutes ambigus (et en fin de compte
confortables) de l'agnosticisme à l'aventure incroyable, à la folie absolue de
la foi.
*
L'athée est souvent un orphelin de Dieu.
*
PANTHÉISME. Le panthéisme cherche l’harmonie avec l’univers.
Encore un enclos. La voie de l’amour va au-delà, expérimente l’infini.
*
L’ORDRE-DÉSORDRE HUMAIN, TROP HUMAIN, INHUMAIN
Chaque génération rêve de rompre le vieux jeu humain et
retombe en fin de compte elle aussi dans la sempiternelle ornière de la vie
platement habituée.
Rompre le cercle vicieux de l'existence humaine exige sans
doute autre chose que les simples forces volontaires de l'homme.
*
CHANGER LE MONDE. Le monde ne change que dans l'exacte
mesure où change le cœur de l'homme.
Changer le monde, changer la vie du dehors est illusion.
Tout convertir de l'intérieur. À partir du cœur.
*
L’homme veut conquérir le monde, veut changer le monde pour
n’avoir pas à se changer lui-même.
*
Il ne s’agit ni de changer le
monde (Marx) ni de changer la vie (Rimbaud). Il s’agit de vivre le Dieu vivant,
hic et nunc, et c’est changer la vie, c’est changer le monde.
*
Ils sont au chaud dans leurs demeures
confortables et ne se sentent pas entraînés par le vertigineux mouvement du
monde.
*
Au fond des humains cela: l'attachement à la sécurité
de ce monde, la conception normalisante de l'existence.
*
L’humanité ne supporte pas la vérité et persécute les
témoins de la vérité. Les masses veulent la chape d’illusion du Pouvoir.
*
La Cité de l’Homme est toujours idolâtre : elle s’adore
elle-même.
*
La Cité est en son fond toujours déicide. Elle ne supporte
pas l'Absolument Autre et en assassine les Témoins.
*
Toute société, édification imaginaire, se ligue contre la
Parole vivante.
*
Sagesse des nations? Je n’ai vu partout que folie des
nations.
*
L’essentiel: la personne humaine, le respect, l’amour
concret, entier des personnes, non l’idéologie des valeurs abstraites prônées
par les collectivités humaines.
*
Il y a une place où l’on est toujours à la bonne place dans
la société: du côté des opprimés et des humiliés.
*
L’humanité « normale » veut un sens, un ordre, un
savoir du bien et du mal.
*
Le grand nombre aime l’ordre et l’ordre peut être
profondément mortifère.
*
Histoire, histoires... Gesticulations humaines, rien
qu’humaines. Inimaginables horreurs. Si loin le silence des astres.
*
L'homme n'est guère vertueux naturellement, l'homme n'est
naturellement ni libre ni égal ni fraternel. L'homme est naturellement
tyrannique et servile, naturellement inégalitaire, assoiffé de hiérarchie et
d'asservissement, naturellement en guerre avec ses semblables. L'homme n'est
véritablement humain que surnaturellement, que référé à Dieu et plus
précisément au Christ par l'entremise de qui il devient fils adoptif de Dieu.
*
La plus grande guerre oppose l’individu vivant à l’incommensurable
bêtise de masse, bêtise englobant le peuple et ses dirigeants.
*
Toute collectivité humaine se fonde sur une religion de la
mort. Toute collectivité sacrifie les individus à la Grande Déesse
communautariste. Toute collectivité produit de la mort et se nourrit de mort.
*
Le grand mal humain, c’est le pouvoir de l’homme sur
l’homme, la domination de la Grosse Bête collective sur la Personne, ou tout
simplement de l’homme sur l’autre humain, comme par exemple dans le couple.
*
La plus grande guerre : guerre des forces de vie et des forces
de mort à travers le monde. La grande
guerre des humains, elle, oppose des deux côtés des puissances de destruction
et de mort.
*
L’humanité : espèce homicide, suicidaire : des êtres
mortels, des êtres voués à la mort, ô paradoxe ! se donnent la mort les uns aux autres au lieu de
se donner (à) la vie.
*
Tout système du monde, édifié par l’Ego humain et son savoir
du Bien et du Mal, instaure forcément le règne du dia-bolique, la guerre des
contraires. Guerre des sexes, guerre des générations, guerre des classes,
guerre des races, guerre des religions, guerres à l’infini dans l’empire de
l’engeance humaine…
*
Les guerres de religion ne sont pas des guerres au nom de
Dieu, mais au nom du faux Dieu de la puissance et de la domination.
*
Guerre sainte entre la Mort (le Néant) et la Vie (Dieu).
Guerre verticale entre Dieu et l’Homme et guerre horizontale interhumaine des
entités égoïques.
*
Le Christ : JE NE SUIS PAS VENU
APPORTER LA PAIX, MAIS LA GUERRE. Guerre sainte entre le Verbe de Vie et les
Visions du monde, l’Ordre-Désordre humain.
*
La seule véritable guerre sainte
est le combat non-violent pour l’instauration de l’ordre sans réserve de la
charité, du respect absolu de tout être humain quel que soit son âge, son sexe,
son statut social, son intelligence, sa race, sa religion, sa nationalité…Incontournable
travail du Royaume à accomplir dans le plus concret de la vie humaine. Évidence
du plus haut devoir humain par-delà toute croyance ou incroyance.
*
Christité comme guerre non-violente entre le Bien et le Mal,
entre la Parole et le Fantasme, l’Idolification.
La guerre « violente » se déroule, elle, entre les Egos
collectifs ou individuels qui veulent dominer.
*
Méchanceté ordinaire des humains : chaque individu,
chaque collectivité est un Ego en guerre avec les autres Egos.
*
La guerre est l’état naturel de l’humanité, l’adoration du
règne de la Mort ; la paix le suspens « impossible » de ce
règne, le mourir à la Mort.
*
L’aut aut : ou l’Agapè, guerre pour la non-guerre, ou
la guerre interhumaine.
*
La seule façon de vivre entre les êtres humains est le
pardon perpétuel.
Le pardon perpétuel ou la guerre perpétuelle.
*
Pardon est l’autre nom de la paix.
*
Guerre ultime dans la Création entre la Vie et la Mort.
*
Rien ne dépasse en sublimité l'œuvre de paix, de
réconciliation. Les plus glorieux faits de guerre sont dérisoires à côté.
*
Ce qu'il y a de vraiment grand, ce sont les hommes qui
consentent à s'écouter et à faire la paix par-delà leurs différences.
*
La paix du Christ. Il ne s'oppose pas à la violence, il ne
rend pas le mal pour le mal. Il traverse le mal, il traverse la mort au lieu de
la donner.
*
Ne pas répondre au Mal : fond de la christité.
*
Renoncement à la violence. Condamnation de la voie de
violence.
*
Christ : un des très rares qui refusent l’implacable
logique de violence et de mort interhumaines.
*
CELUI QUI TIRE L’ÉPÉE MOURRA PAR L’ÉPÉE.
*
Bouddha, Christ… Arrêter le cycle
toujours recommencé des violences, de l’affrontement belliqueux qui oppose les
humains depuis la nuit des temps.
*
La pensée de la paix exige une
conversion : renoncer sans réserve à la violence et consentir à la
non-violence. Les chemins ambigus du compromis ne suffisent pas.
*
Tant qu’on en reste au vivre-ensemble comme conflits de
forces, on perpétue l’état naturel de
guerre de l’humanité. La paix n’émerge
que de la co-naissance des hommes à la commune Parole de Vie à laquelle
l’inimitié et la belligérance tournent le dos.
*
L’inverse de l’homme de violence, du grand criminel n’est
pas l’homme de moralité moyen, le conformiste, mais l’extrémiste de l’Amour.
L’homme moyen suit les mouvements de masse, guerre ou paix, et devient rarement un guerrier de la paix.
*
Il n’y a pas de chemin pour les
hommes hors de la réconciliation permanente. Ou c’est la guerre et la mort, ou
c’est la paix et la vie. Aut aut valable pour toutes les cultures humaines,
l’éthique de base que nulle humanité ne peut éluder.
*
La paix a sa source dans la reconnaissance mutuelle sans
réserve des êtres humains comme semblablement humains à part entière, avec des
droits identiques.
*
Vivre la Parole de vie en nous, entre nous ou vivre la
guerre, la destruction, le règne de mort. Donc Dieu est la question vitale par
excellence. L’homme vit Dieu, c’est-à-dire justice, partage, vérité…, ou il
s’anéantit.
*
C’est sempiternellement la guerre entre l’Esprit et la
Puissance, entre Dieu et Mammon.
*
La vraie guerre sainte oppose le
Dieu de Miséricorde et le Dieu de Toute-Puissance, le Christ et l’Antéchrist.
*
Faire le Christ et non s'auto-adorer comme Groupe est la
visée des Suiveurs de Jésus.
Faire l'Absolue Personne. En chacun. En tous.
*
Hommes de toute la planète Terre, frères dans le plus intime
et frères dans l’abîme du cosmos.
*
Le lieu de l’essentiel est chaque personne humaine et jamais
une collectivité.
*
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