1992
8.3. Mes manques : l'humour, la
distance ironique, l'auto-dérision, le comique, la finesse de l'esprit, la
légèreté, la souplesse du style, le sens de la nuance, la sociabilité
souriante, le sens de l'accueil, l'aisance de l'expression orale...
Ne pas croire, c'est ne pas croire
assez à la Vie. C'est croire à la fin au Néant. L'aut-aut : croire à la Vie ou
croire à la Mort?
La question posée à chacun :
désires-tu l'infini, Ou te contentes-tu du fini?
L'agnostique, lui, vient avec son
"je ne sais pas". Comment ? Tu ne sais pas si tu veux vivre?
A vrai dire, tu veux échapper à la
question. Tu ne veux pas te prononcer. Mais on ne peut pas ne pas se prononcer.
De quelque façon, tout existant se
prononce, manifeste par ses conduites de quel côté il penche, du côté du fini
ou du côté de l'infini.
L'agnostique voudrait gagner sur les
deux plans, mais en fait reste souvent trop englué dans le fini (sans éliminer
intellectuellement la question de l'infini).
29.3. XXe s. La première moitié du
siècle délire en tous les sens; la seconde ne cesse de ruminer la première
moitié.
En politique, on ressasse sans fin
les traumatismes de l'ère communiste et de l'ère fasciste. En art on regurgite
sans fin les révolutions esthétiques du début du siècle : Duchamp, Picasso,
Schoenberg, Kandinsky, Joyce, Breton.
En science, nous continuons à
assimiler les ruptures épistémologiques : Einstein, Planck.
Nous avons du mal à sortir du XX° s.
qui lui-même n'est que la terminaison des Temps Modernes...
Nous avons du mal à changer d'ère
(d'air) en dépit de toutes les annonces de Wende, de ruptures, de révolution
qui parsèment notre temps.
Le dire est toujours en quête de
l'Indicible. L'Indicible est le coeur du Dire.
Je suis un être nul au plan humain.
Je ne peux atteindre un peu de vraie substance que par le truchement de l'Art
et de la pensée. Ma nullité humaine m'épargne de me pavaner sur les tréteaux
des vanités humaines. C'est un grand avantage. Ma nullité me protège de la
médiocrité! Je n'ai le choix qu'entre la chute dans le néant et l'aspiration à
la vraie grandeur.
La Voie. À la fin n'être plus que
désir, pure soif. Heureux les assoiffés... Heureux les affamés... Heureux les
pauvres en esprit (ceux qui n'idolifient rien).
28.7. Tu cherches toujours à
retrouver le sentiment de bonheur. Mais le bonheur est chose illusoire pour
toi. Tu sais bien que tu es piégé, que l'inguérissable blessure finira toujours
par se rouvrir.
Tu ne peux fonder ton être que sur
la connaissance de l'épine fichée dans ta chair, sur ton essentielle incapacité
de vivre comme tout le monde.
Tu as été exilé hors du chemin
ordinaire et tu le resteras pour toujours.
Ton seul salut : écrire, écrire ta
vérité. Pénétrer l'énigme de ta vie en écrivant, en transmuant ton malheur en
beauté.
Claude Miller (La meilleure façon de
marcher), avec Dewaere.
29.7. Ne laisser derrière moi que de
l'essentiel. Gros travail pour élaguer la matière de ma vie.
Espace. Le sentiment d'un contenant.
Le sentiment d'être DANS l'espace. Cette idée est une projection. Nous ne
sommes pas dans l'espace ; nous sommes l'espace ; nous sommes espace,
ouverture.
Même chose pour le temps. Nous
croyons être dans le temps, dans la ligne temporelle. À vrai dire, nous sommes
temps, devenir ouvert. Nous sommes le Jeu et non dans le Jeu. Pas de monde. L'uni-vers
n'existe pas.
15.10. Travail
avec H sur un texte de Brecht (Herr Egge).
2.11.
Transfigurer
mon existence ratée en poésie.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire