LIVRE DE VIE
CHANT DU NAÎTRE
ventre
chaud comme le pain
chaud comme le pain
glaise tendre où couve la vie
abri de sang
marées de rêves roses
ténèbre tiède qui
doucement remue
vase de viscères
demeure mouvante molle
murmurante
fluide habitation
nuit de neige
silencieuse
de muettes cosmogonies
tiédeurs traversées de forces obscures
floraisons de formes frêles
de fleurs de matières délicates
chimie subtile
chant de chair
jubilation secrète
argile de joie glaise de miel
vagues lueurs d’aube
dans la forêt d’artères de glandes
d’organes
surgissant des
fouillis d'astres
des ténèbres minéralesde la joie calme des herbes
du fleuve des vivants
du profond rêve de vie de l'espèce humaine
surgissant de la chair
des entrailles de la femme
et du feu féroce de l'homme
surgissant de la vulve d'ombre
vers la lumière
infime vie
noyée dans la vie infinie
et cependant visage unique
incomparable incarnation
de l'éternel surgissement
tu entends le murmure sourd du sang
la rumeur de la mer
le bruit de soie des caresses
prodiguées par des mains aimantes
à la mouvante colline du ventre
parfois tu t’enlises
dans de longs sommeils liquides
nages paisibles parmi des poissons
souples
d’immenses silences te portent
comme des eaux
d’immenses vagues de paix te bercent
et tu nages et tu voles
les voies lactées se croisent avec les
ailes
lueurs d’aube
douces cataractes oranges et bleutées
le silence est ma
demeure
et les calmes mouvancesloin de vos fureurs
loin de vos stridences
étranges bêtes perdues
dans le vertige du monde
Bonheur de t’imaginer
D’imaginer ta vie fragile entre nous
Ton premier cri
Ton premier sourire
Tes regards étonnés
Tes gestes maladroits
Et nos émois
Nos peurs
Nos joies
Bonheur d’attendre
Jour après jour
Bonheur de rêver
A cette vie qui commence
Humble
Miraculeuse
fontaine où encore une fois
nous boirons l’enfance
par toi encore une fois nous apprendrons
à voir
fontaine seront tes regards de
l’éternelle enfance
de la peur éternelle et de l’éternelle
quête
la vie est devant toi comme un jardin
d’énigmes
la vie est devant toi comme une maison
fraîche
toute pleine d’espoir et de secrètes
ombres
Pour fêter ta naissance
Je convie les mots les plus beaux
Je convie les ailes des papillons
Je convie les ailes des papillons
Je convie la transparence des cristaux
Je convie le bleu tendre des horizons
Je convie la gloire des soleils
Je convie les secrètes merveilles
Des étangs et des bois
Je convie le chant de joie
Le chant de mélancolie des terrestres
saisons
Je convie la splendeur des floraisons
Je convie la neige dansant dans le silence
Je convie toute la beauté du monde
Qui d'allégresse surabonde
Pour chanter ta naissance
Je convie la neige dansant dans le silence
Je convie toute la beauté du monde
Qui d'allégresse surabonde
Pour chanter ta naissance
Un enfant nait
et c'est l'humanité
toute entière qui se renouvelle.
Ce sont des yeux qui
verront plus resplendissantes
la lumière du monde,
la neige et les étoiles.
Ce sont des narines
qui humeront plus délicatement
les senteurs des
fleurs, les arômes des fruits et la profonde odeur de la terre humaine.
Ce sont des oreilles
sans cesse aux aguets
qui s'ouvriront avec
plus d'acuité
aux bruits et aux
rumeurs des champs et des villes,
et aux murmures bleus
du silence.
Ce sont des lèvres qui
goûteront avec plus de finesse
les breuvages et les
nourritures terrestres.
C'est une bouche qui
réinventera
le parler usé des
humains et les éternels mots d'amour.
C'est un esprit
curieux qui repensera
les choses d'ici-bas
avec une fraîcheur matinale.
C'est un cœur qui
battra plus intensément
pour la liberté, la
vérité, la justice.
Ce sont des mains qui
renouvelleront
les gestes du labeur
et de la tendresse.
Ce sont des pieds qui
arpenteront avec une neuve allégresse
la surface de la
planète.
C'est un corps croissant
pour des chemins
inédits parmi les hommes et les femmes.
C'est un visage unique
se levant face au
soleil
et venant plein
d'attente
à la rencontre de ses
frères er sœurs en humanité.
C'est un désir d'être
et d'aimer,
un feu fertile qui
recommence la vie.
UNSPRACHE
ich kann nicht sprechen
alles dunkel
Sonnennacht
Nachtsonne
Nebel
Infans
wo das
Leben ?
schon versinke
ich im Ozean des Nichts
ist am Ende das Wort ?
ist am Ende Gott ?
CHANSON DU SIMPLE
Je ne suis ni savant ni roi.
Frères humains, je suis le simple.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Qu'éclot la lumière tout humble.
Je ne pèse pas d'un grand poids,
Frères humains, dans vos affaires.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que le jour ouvre ses paupières.
J'ai du mal à suivre vos voies.
Frères humains, je suis l'obscur.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que le ciel se déploie si pur.
Au chapitre je n'ai pas voix.
Frères humais, je parle peu.
Et pourtant c'est aussi pour moi
Que l'azur brûle ivre de bleu.
AUTRE CHANSON DU
SIMPLE
Je ne sais pas
pourquoi,
pourquoi le ciel est
bleu.
Je ne sais pas de
quoi,
de quoi est fait le
feu.
Je ne sais pas s’il y
a
un ciel avec un Dieu.
Je ne sais pas où va
l’âme, quel est son
lieu.
Je ne sais rien de
rien,
rien de moi, rien de
toi,
rien du mal, rien du
bien,
et je demeure coi.
RÉVEIL
Cris pourpres du coq à l'aurore.
Les enfants sommeillent encore.
Dans la pénombre bleue des chambres,
l'aube vient caresser leurs membres.
Et puis voici que la lumière
vient soudain noyer leurs paupières
lorsque la matinale sœur
ouvre les volets aux fraîcheurs
étincelantes du matin
montant des rues et des jardins.
Cris pourpres du coq à l'aurore.
Les enfants sommeillent encore.
Dans la pénombre bleue des chambres,
l'aube vient caresser leurs membres.
Et puis voici que la lumière
vient soudain noyer leurs paupières
lorsque la matinale sœur
ouvre les volets aux fraîcheurs
étincelantes du matin
montant des rues et des jardins.
A TRAVERS LA CLÔTURE ENVAHIE DE LISERONS
A travers la clôture
envahie de liserons,
qui arrose les salades
BRAISE SECRETE
Dire. Il faudrait pouvoir
dire. Cette chose indicible.
Dire cette chose la plus simple,
la plus prodigieuse.
Etre là. Ensemble.
Nous. Connivence heureuse.
Avec les saisons, les jours, les nuits.
Avec le ciel de miel ou de suie,
et la lumière.
Etre là. Avec les maisons, les arbres,
les montagnes bossues au loin.
Les oiseaux qui traversent aventureux
la vitre crépusculaire.
Avec les odeurs, les choses familières,
la table, l'assiette, le livre,
les portes entrebâillées sur le silence
apaisant des chambres.
Etre ensemble. Dans le calme
des soirées terrestres.
Visages se regardant,
dévisageant la vie,
les sourires, les mélancolies.
Là. Ensemble.
Dans l'incertitude du temps.
Dans le bref instant débordant
de lumière.
Dire. Pouvoir dire ce mystère
Infiniment simple : vivre.
Pouvoir dire parfois
ces mots qui délivrent
de la grise poussière des jours
et font aimer.
Il faudrait pouvoir dire
ce que pudique, malhabile,
l'on n'ose jamais dire.
La braise secrète de l'amour.
DIRE CE MYSTÈRE
INFINIMENT SIMPLE
VIVRE
Dire. Il faudrait pouvoir
dire. Cette chose indicible.
Dire cette chose la plus simple,
la plus prodigieuse.
Etre là. Ensemble.
Nous. Connivence heureuse.
Avec les saisons, les jours, les nuits.
Avec le ciel de miel ou de suie,
et la lumière.
Etre là. Avec les maisons, les arbres,
les montagnes bossues au loin.
Les oiseaux qui traversent aventureux
la vitre crépusculaire.
Avec les odeurs, les choses familières,
la table, l'assiette, le livre,
les portes entrebâillées sur le silence
apaisant des chambres.
Etre ensemble. Dans le calme
des soirées terrestres.
Visages se regardant,
dévisageant la vie,
les sourires, les mélancolies.
Là. Ensemble.
Dans l'incertitude du temps.
Dans le bref instant débordant
de lumière.
Dire. Pouvoir dire ce mystère
Infiniment simple : vivre.
Pouvoir dire parfois
ces mots qui délivrent
de la grise poussière des jours
et font aimer.
Il faudrait pouvoir dire
ce que pudique, malhabile,
l'on n'ose jamais dire.
La braise secrète de l'amour.
COMPLAINTE DES JOURS D'AMOUR DES NUITS
D'ORAGE ET
AUTRES LAPS DE TEMPS
AUTRES LAPS DE TEMPS
Il y a des jours, il y a des nuits,
tendres saisons et temps maudits.
tendres saisons et temps maudits.
Il y a de limpides aurores;
fraîches les vierges les amphores.
fraîches les vierges les amphores.
Il y a parfois des matins vastes
où les regards éclosent chastes.
où les regards éclosent chastes.
Il y a de lentes journées pâles;
douceur des rêves et des châles.
douceur des rêves et des châles.
Il y a de souverains midis;
on étreint nu le feu de vie.
on étreint nu le feu de vie.
Il y a des hauts moments de fièvre
quand l'aveu fou brûle les lèvres.
quand l'aveu fou brûle les lèvres.
Il y a des soirs, langueurs de brume,
où les coeurs saignent d'amertume.
où les coeurs saignent d'amertume.
Il y a de lourds laps de colère
parmi les fadeurs ménagères.
parmi les fadeurs ménagères.
Il y a des nuits, des nuits de rage
où les corps hurlent dans l'orage.
où les corps hurlent dans l'orage.
Il y a des nuits rouges de crime;
l'amour y côtoie les abîmes.
l'amour y côtoie les abîmes.
Il y a des nuits sombres déserts,
chambres closes pour solitaires.
chambres closes pour solitaires.
Il ya des ères de détresse
dans les ruines de la Promesse.
dans les ruines de la Promesse.
Il y a des ans s'effilochant
dans la fugacité des vents.
dans la fugacité des vents.
Il y a des jours, il y a des nuits
saisons d'amour et temps d'oubli.
saisons d'amour et temps d'oubli.
FEUILLES D'AUTOMNE
Les feuilles folles
du mol automne
valsent et volent
dans les matins qui sonnent.
Feuilles de pluie,
pluie de pommes.
On pleure, on sourit.
Vive les petits hommes
qui s'en vont à l'école!
Les feuilles folles
du mol automne
valsent et volent
dans les matins qui sonnent.
Feuilles de pluie,
pluie de pommes.
On pleure, on sourit.
Vive les petits hommes
qui s'en vont à l'école!
SOIR D'HIVER
Dehors on voit de furtifs cortèges
passer dans la tourmente de neige.
Dedans la maison est chaude,
la vie certaine.
La mère dans l'ombre brode
et l'enfant de son haleine
couvre la vitre de buée.
Sans fin se traîne
douce, dense, la soirée.
DANS LA HUTTE AUX ASPHODELES
Dans la hutte aux
asphodèles,
le ciel s'infiltre agile
comme une aile
entre deux tuiles,
rai de lumière
incendiant les poussières
jusqu'au sommeil
du vieux fol
recroquevillé sur le sol
près d'un chien en éveil.
le ciel s'infiltre agile
comme une aile
entre deux tuiles,
rai de lumière
incendiant les poussières
jusqu'au sommeil
du vieux fol
recroquevillé sur le sol
près d'un chien en éveil.
LA MAISON QUI DERIVE
Dans la lumière mate
du jour d'automne,
l'enfant s'abandonne
aux imaginations.
Une mer de ouate
environne la maison.
Des hautes nefs la traversent
comme dans un rêve,
très lentement,
embarcations énigmatiques
d'où émanent des musiques.
Et parfois des visages extasiés
apparaissent aux hublots,
regardant l'enfant en sarrau
avec des grands yeux d'éternité.
Et la maison aussi
se met à naviguer
jusqu'au bord du ciel,
accompagnée par le carrousel
des oiseaux familiers.
Elle dérive dans la brume bleutée,
elle danse, danse au-dessus des arbres,
au-dessus des clochers.
Et l'enfant dans la cuisine
caresse l'échine
du chat qui ronronne d'aise
en lapant le lait dans son bol.
Et la table, les chaises
doucement glissent sur le sol.
Et la maison, bercée par la houle de lumière,
gagne le large et là-bas, loin des pôles,
s'illumine de splendeur hauturière.
L'ENFANT DE CHOEUR QUI PISSE
C'est le matin.
Les lys
se dressent dans le jardin
du presbytère.
Un enfant de chœur pisse
au soleil, sa robe rouge relevée,
écartant les jambes.
L'urine savonneuse fait des bulles
s'en allant légères au gré de la brise
éclater contre les vitraux poussiéreux
de la vieille église.
PRES DES HLM LE SOIR
Le sirop de guimauve de vesprée
dégouline sur les façades couleur crème
des HLM
et sur les parkings où traînent
des pneus usagés.
Des gamins shootent dans des ballons crevés.
Au pas des portes,
des bonnes femmes en tablier colportent
les derniers ragots
du patelin
tandis que des marmots
braillent dans les landaus
gardés par des clebs aux yeux mi-clos.
SOIR DANS LA CUISINE
Odeur de concombre
dans la cuisine.
Le jour décline.
La maison s'emplit d'ombre.
Le père rentre de l'usine,
l'air sombre.
DAS BLAUE BORDELLHAUS
Dunkle Bäume schlafen
um das blaue Bordellhaus
am Rande der Stadt.
Alles ist unendlich einsam
in der Sonne der Misere.
Der Hunger brennt.
Und hinter der Mauern
schlummern die Frauen.
Dunkle Bäume schlafen
um das blaue Bordellhaus
am Rande der Stadt.
Alles ist unendlich einsam
in der Sonne der Misere.
Der Hunger brennt.
Und hinter der Mauern
schlummern die Frauen.
NULHUSA ou le chant de
la négapole
On peut naître à Nulhouse,
autrement dit nulle part,
quelque part entre Alémanie, Welchie, Helvétie,
entre Vater Rhein et plantureuses croupes vosgiennes.
On peut naître, on peut vivre à Nulhouse,
Nilhüsa l'alsacienne, la suisse,
Nulhausen l'allemande,
Mielouze la française,
Bab el Malhouss la maghrébine...
On peut vivre, on peut rêver à Nulhouse
sous les soleils tournoyants des désirs.
On peut être seul à Nulhouse,
seul comme Rimbaud au Harar,
seul comme Kierkegaard à Copenhague,
seul comme Kafka à Prague.
On peut être seul, on peut rêver à Nulhouse
et se perdre entre les ethnies, entre les patries,
entre les langues, entre les religions et les sectes,
entre les empires millénaires et les libres républiques.
On peut s'égarer à Nulhouse la plurielle,
dans l'assemblage hétéroclite des faux styles architecturaux,
faux clochers à bulbe et fausses flèches gothiques,
façades Renaissance et tours futuristes.
On peut se dissoudre dans la non-ville,
"la ville rapiécée",
la ville éclatée en lambeaux de prose,
en haillons de rage.
On peut inexister à Nulhouse la Négapole,
district dispersé de la Banlieue planétaire.
Et paradoxalement on peut se sentir bien à Nulhouse,
loin des arrogantes Babylones;
on peut respirer à l'aise à Nulhouse,
loin des hauts lieux du Pouvoir et de la Pensée,
loin des Parlements et des Académies.
En ce lieu nul
où le poids des prestigieux monuments n'écrase pas,
où l'éclat des glorieuses présences n'éblouit pas,
dans les rues désolées de la cité suprêmement ordinaire,
on peut parfois déambuler d'un pas léger, d'un pas dansant,
tout près de l'épicentre fluide du désastre
de la négapole mondiale.
On peut aller à Nulhouse, aller vers nulle part,
passant passablement extasié,
livré aux jubilations de l'universelle banalité.
On peut naître à Nulhouse,
autrement dit nulle part,
quelque part entre Alémanie, Welchie, Helvétie,
entre Vater Rhein et plantureuses croupes vosgiennes.
On peut naître, on peut vivre à Nulhouse,
Nilhüsa l'alsacienne, la suisse,
Nulhausen l'allemande,
Mielouze la française,
Bab el Malhouss la maghrébine...
On peut vivre, on peut rêver à Nulhouse
sous les soleils tournoyants des désirs.
On peut être seul à Nulhouse,
seul comme Rimbaud au Harar,
seul comme Kierkegaard à Copenhague,
seul comme Kafka à Prague.
On peut être seul, on peut rêver à Nulhouse
et se perdre entre les ethnies, entre les patries,
entre les langues, entre les religions et les sectes,
entre les empires millénaires et les libres républiques.
On peut s'égarer à Nulhouse la plurielle,
dans l'assemblage hétéroclite des faux styles architecturaux,
faux clochers à bulbe et fausses flèches gothiques,
façades Renaissance et tours futuristes.
On peut se dissoudre dans la non-ville,
"la ville rapiécée",
la ville éclatée en lambeaux de prose,
en haillons de rage.
On peut inexister à Nulhouse la Négapole,
district dispersé de la Banlieue planétaire.
Et paradoxalement on peut se sentir bien à Nulhouse,
loin des arrogantes Babylones;
on peut respirer à l'aise à Nulhouse,
loin des hauts lieux du Pouvoir et de la Pensée,
loin des Parlements et des Académies.
En ce lieu nul
où le poids des prestigieux monuments n'écrase pas,
où l'éclat des glorieuses présences n'éblouit pas,
dans les rues désolées de la cité suprêmement ordinaire,
on peut parfois déambuler d'un pas léger, d'un pas dansant,
tout près de l'épicentre fluide du désastre
de la négapole mondiale.
On peut aller à Nulhouse, aller vers nulle part,
passant passablement extasié,
livré aux jubilations de l'universelle banalité.
NARRAGONIA
S Elsàss esch a Nàrralànd,
S Lànd vum Hàns im Schnoggaloch, vu dr ewiga Unfreedaheit. Wàs mr han dàs wan mr net un wàs mr wan dàs han mr
net. Wenn Sunna schient wan mr Raga, wenn s ragend wan mr Sunna. Wenn s Elsàss
sech kàt vereiniga wan mr zwei bliewa, Ower- un Unter-Elsàss; wenn mr zwei sen
wan mr a einziges Elsàsslànd.
S Elsàss esch a Niamàndslànd,
S Lànd wu sech d Iwohner emmer
weder froga: wer sen mr denn? Frànzosa? Alemànna? Europäer? Mr sen net im
Ennra. Wu sen mr denn? Emmer sen mr àm Rànd. Ràndmenscha zwescha Ditschlànd un Frànkrich. Unsri eigena
Sproch, unser Gedachtnis, unser Harz han mr schu làng vererrt.
S Elsàss esch a
Putzfummellànd.
Mr faga, mr rüüma uf, mr
wascha, mr putza. Alles müass süfer se. Ordnung, Ordnung esch s hàlwa Lawa,
àwer oï dr hàlwa Tod. Mr lawa emmer mehr in ra betoniarte, àbgràsiarte
Làndschàft, un oï emmer mehr in ra versoïta Nàtür.Soll dàs heissa dàs dr
Ordnungswàhn oï a gwessa Todeswàhn esch?
S Elsàss esch a gross
Disneylànd,
a wites Ecomusée,a Art
Schlàràffalànd, Heimet vum Kugelupf, Sürkrüt, Riesling, vu da kentschliga
Storcka un da Garta-Zwarga, vu da Wianachtsmarkta un da Labküacha-Hieser, vum
scheena Schien un owerflachliga Spàss.
S Elsàss esch a Jàmmertal.
Mr jommra, mr handla ewer
àlles un ewer nix, ewer d Walscha, ewer d Schwowa, ewer d Schwitzer, ewer d
Aràwer un d Ziginer, ewer s kàlta Watter, ewer d Hetz, ewer s diera Lawa, d
Regiarung, ewer àlles un nix. Els-Hàss-Lànd werd mankmol unsri Heimet met unsra
schrecklicka anga Gedànka, met unserm Hàss vu da Andra, d Hargloffena, dia wu a
betzi dunkel sen, a betzi drackig, a betzi stenka un mer sen ïo so süfer, so
àstandig unter uns.
S Elsàss esch a Nàrrascheff.
Im Delirium vum moderna
Haschta han mr unser Geischt verlora. Verlofa han mr uns in da Bànka, in da
Supermarkta, in da Fàwereka, uf da Autobàhna. Mr sen àlli ufm Nàrrascheff vum
Sebastian Brànt un fàhra noch Nàrragonia, d Unheimet vum totàla Wàhn wu d hohla
Fàsenàchts-Màska met dem Tod tànza.
Werd àlles anda met ra fàwelhàfta
Wàlpurgisnàcht um Fassena, met m a grossàrtiges Fierwark ewer d gànza Ewena
zwescha Vogesa un Schwàrzwàld? Werd àlles àm And zum Teïfel geh? Kàt s
Nàrrascheff noch umkehra?
NARRAGONIEN
Kennst du das Land wo der
Wahnsinn blüht?
das Wunderland des Unsinns wo
drei und fünf elf machen, wo die Bäume im Winter in voller Blüte stehen, wo die
Tiere sprechen und die Menschen bellen, wo die Steine heulen und die Blumen
singen, das Land Utopia wo die Bettler
Könige sind und die Könige
Bettler, wo die Toren Weisen sind und die Weisen Toren.
Kennst du das Land wo das
Masslose blüht?
wo die Menschen sich in der
Habgier verloren haben und nur noch unersättliche Götzen anbeten, Goldfieber,
Wohlstand, Spass; das Land wo die lebendige Herz- Sprache schon längst
verstummt ist und nur noch Schein und oberflächliche Ordnung ohne Geist
regieren .
Kennst du das Land wo die
Eitelkeit blüht?
wo die listigen Prominenten
ihren Spektakel spielen, die Herrn Presidenten, Intendanten, Professoren,
Generäle, Prelaten, Politiker.Sie schwingen leere Reden, unendliches Geschwätz,
gestikulieren, schneiden wichtige Fratzen, doch sind sie nur Clowns, Ubu Könige
von unserer Apokalypse.
Kennst du das Land wo die
Gewalt blüht?
wo in den verödeten Vorstädte
die Autos nachts in Flammen stehen, wo die verwahrloste Jugend, die
Generationen ohne Arbeit und ohne Hoffnung, die Feste der Zerstörung feiern.
Kennst du das Land wo die
grosse gespenstische Angst blüht?
Unterm unerschütterrlichen
Sternentanz, jetzt, in unseren wirren Zeiten des Zweifels und der Krisen wo
alles aus den Fugen geht, in unseren verwüsteten Glaubenswelten, erleben wir
die Angst des Verfalls, des Untergangs im Chaos, die Angst der finstren Zukunft
ohne Gott. Graue Blumen des Übels, schwarze Sonne der Melancholie erscheinen den
Verzweifelten.
Kennst du dieses verrückte Land?
Narragonien heisst es, die
Gegend zwischen falschen Märchen-Burgen
und vergiftetem Fluss der Walküren, da wo der uralte Paradies-Garten allmählich
in klimatisierte Hölle verwandelt wird.
Narragonien heisst es, das
verrückte Land, und umschlingt jetzt die ganze Welt zwischen Himmel und Hölle.
Auf dem Narrenschiff Sebastian
Brants sind wir unvermeidlich eingeschifft und segeln ins Unbekannte voll
Fragen und Schrecken. Wird ein Stern am Himmel uns Zeichen machen?
NARRAGONIE
J’habite un pays de folie,
une planète qui a perdu le nord, où
au cœur du vide vibrant de signaux et de chiffres des foules hébétées,
houle hagarde, tournent en rond comme des captifs pour à la fin se précipiter
aveuglément dans le gouffre du néant.
J’habite un pays de nostalgie
où la magie des enfances légendaires, des liturgies naïves, s’est évanouie
dans les cités-clapiers, sur les friches industrielles, les bretelles
d’autoroutes.
J’habite un no-man’s-land,
confins d’absence, de mutisme, immense continent incontinent de
l’ubiquitaire banlieue, lieu nul, désolé, jubilant de l’extrême banalité, tout
près de l’épicentre omniprésent du Désastre mondial.
J’habite un pays d’incandescence,
une géhenne de fulguration, de béton, de métaux, d’enseignes lumineuses, de
vacarme de machines, de cathédrales d’acier bourrées de marchandises ; un
royaume de détresse, une terre de transe où des génies adolescents jettent
extatiques leur cri désespéré aux micros des orgies rock’roll et puis meurent
dans la fleur de l’âge.
J’habite un pays de violence
où des hordes barbares ravagent des banlieues incendiées, anges
motocyclistes en blousons noirs surgis de la nuit pourpre renversant sur leur
passage les statues des dieux, massacrant clodos et putes sur les parkings
déserts, les terrains vagues, tornades de fureur se perdant dans l’aube blême.
J’habite un pays de malédiction et d’absurdité
où comme des éclairs noirs ne cessent de frapper la misère, le malheur, la
mort insensés, et des atrocités sans nom, meurtres de masse, génocides,
démoniaques grimaces de l’immonde.
J’habite un pays de vertige
où les Normaux sont les Fous, piètre engeance parquée dans ses routines
peureuses et sa vile médiocrité, et où les Fous sont les aventuriers de la vraie
vie, hallucinés sacrés, voyants prophétiques.
J’habite un pays d’inextinguible infini désir.
Pressentiment d’un soleil inouï par-delà les errances sempiternelles de
raison et folie.
J’habite un pays de sainte déraison : son nom est Poésie.
MANIFESTE DU POETE
je me lève
et je déclare
aux assis
aux assoupis
aux endormis
aux ectoplasmes
oui je déclare
clairement
distinctement
hautement
que je suis poète
les mots brûlent dans mes entrailles
les mots saignent en moi
les mots m'enivrent
comme de l'alcool
et je déclare aux fleurs
je vais glorifier votre humble merveille
et je déclare aux oiseaux
je vais rivaliser avec votre mélodieuse légèreté
et je déclare aux étoiles
je vais illimiter la voie lactée
en galaxies de rêve
et je déclare aux pitoyables humains
sourds à la poésie
fermés au chant profond des vivants
je vais ouvrir de force vos oreilles
je vais sensibiliser vos cœurs et vos tripes
au Verbe vertigineux
du visible et de l'invisible
du tragique et de la joie
de la vie et de la mort
DANS LES PARKINGS SOUTERRAINS
Sale
le sexe dans les parkings souterrains
où de petites salopes aux lèvres fardées
sucent les bites turgescentes
des jeunes voyous tandis que
dans les oreilles rugissent les walkmans.
Une voiture passe éclairant
un gaillard à blouson de cuir clouté
qui sodomise une adolescente noire
affalée sur un capot.
Une voiture s'arrête.
Le garçon se tourne vers les phares
qui l'éblouissent.
Il brandit son sexe et
arc-bouté se branle,
bramant comme un fauve.
Des gars masqués descendent du véhicule,
s'approchent lentement du hurleur forcené
et l'abattent.
DANS LA CAVE AU CRAPAUD
le garçon lèche la succulente colline de lait
entre les cuisses de miel
des filles qui lèvent haut leur robe bleu-ciel
dans la cave au gros crapaud laid
et puis les filles accroupies pissent
sur la bête que le garçon met au supplice
avec un noir dur bâtonnet
AU-DESSUS DES AUTOROUTES
au-dessus des autoroutes
du flot fumant des véhicules
du chaos des constructions
des parkings des supermarchés
des usines des gares
au-dessus des lampadaires
des grues des échafaudages
des derricks des chevalements des tours
dans l'immensité bleu-rose
de l'aube
le pur croissant de lune
GRANDS TRAVAUX
sur les continents
entre les océans gris de chevelures SARGASSES
les vastes chantiers chuintent au soleil
NATIONAL AERONAUTICS AND SPACE ADMINISTRATION
tendre bruissement se déployant en diaprures duveteuses
venant se mêler au chant de salive des flots
et sur les péninsules
vrombrissent les camions dans l'aube de fraise
frangée de palmes
les trains trouent la rêverie ronde des troupeaux
traversent les gares
le poitrail frémissant de longs lambeaux de bave
s'arrêtent au flanc des usines dévoreuses de métaux
des molécules de rêve s'évadent parfois en bulles brèves
des hangars assourdissants
des bureaux abrutissants
PARADISE NOW vers les plages les bars les juke-box les drugstores
les cinémas les blondeurs les rondeurs
le nirvâna des week-ends ocellé de lubricités suaves
les pylônes nagent dans le soleil
les radars rient aux éclats dans le ciel turquoise
tourbillonnant de tourterelles
les piles électriques flottent sur des fleuves de parfums
les labyrinthes conduisent à des sous-sols verdâtres
aux odeurs d'orange et d'encens
JUSQU'A CE QUE LA NUIT SE DECHIRE
Les demeures d'ombre
se dressent nues
dans les lointains automnes.
La pluie ruisselle drue
sur les carreaux noirs
où grimacent les visages de la peur,
spectres qui se lèvent
des lits d'amour et de mort
et qui dansent masqués
autour des tables chargées
de chairs sanglantes
et qui hurlent la folie
sur les terrasses
jusqu'à ce que la nuit
se déchire de pitié
Les demeures d'ombre
se dressent nues
dans les lointains automnes.
La pluie ruisselle drue
sur les carreaux noirs
où grimacent les visages de la peur,
spectres qui se lèvent
des lits d'amour et de mort
et qui dansent masqués
autour des tables chargées
de chairs sanglantes
et qui hurlent la folie
sur les terrasses
jusqu'à ce que la nuit
se déchire de pitié
ROUGE SOMBRE
dans la cuisine sombre
elle écarte ses cuisses
la viande saigne soleil
disparaîssant derrière les collines
où les morts se lèvent avec la nuit
nue elle les regarde
descendre vers la maison
l'enfant mange dans l'obscurité
AUX RUMEURS DES GUERRES LOINTAINES
Le poulailler s’endort
aux rumeurs des guerres lointaines.
Tu t’es assoupie dans la cuisine.
Demain nous nous lèverons tôt.
Nous accrocherons nos tristesses
Au clou rouillé de la porte.
Nous prendrons pelles et pioches
pour enfouir ce peu de peur
là où pourrissent les dernières tomates.
Et les portes, les planchers, les os,
tout fera silence.
Longtemps les plantes pourriront.
La table et le lit se couvriront de
neige.
Des larmes tomberont sans arrêt dans la
cendre
et des explosions de gloire parfois
éblouiront nos yeux entre les vastes
sommeils
dans la tiédeur terne de la cuisine.
Et puis un matin on nous cherchera
comme si nous étions morts.
Il neigera encore sur les jardins et les
basses-cours,
mais l’air sera d’une clémence
printanière
et les rumeurs s’éloigneront
comme une mer bourdonnante
laissant à nu nos blessures
grandes lèvres béantes de verdure
parmi les vergers noirs.
le visage barbouillé de sang
ATTENTE DE LA NUIT
Long jour de l'homme entre les arbres et les pierres.
La paisible respiration et les lentes paupières du vieillard
attendent la venue de l'ombre près de la porte entrouverte.
Un enfant fort comme l'éternité
dans le fragile abri de son corps
avance sur le chemin.
Lointain matin oublié derrière la forêt des ans,
lointaine chaleur remémorée sous les cendres du temps.
Le regard du vieillard suit
le jeune promeneur que la lumière dissout
là-bas près des buissons.
Long jour de l'homme entre les arbres et les pierres.
La paisible respiration et les lentes paupières du vieillard
attendent la venue de l'ombre près de la porte entrouverte.
Un enfant fort comme l'éternité
dans le fragile abri de son corps
avance sur le chemin.
Lointain matin oublié derrière la forêt des ans,
lointaine chaleur remémorée sous les cendres du temps.
Le regard du vieillard suit
le jeune promeneur que la lumière dissout
là-bas près des buissons.
TERRIBLE MONOTONIE TERRESTRE
grisailles routines
terrible monotonie terrestre
vagues jours de
l’homme
travailler manger dormir travailler
parfois une lueur un éclair de beauté
grisailles lourdeurs doutes déchirures
morts absurdes
terrible machine de l’univers
qui broie les vivants précaires
travailler manger dormir travailler
parfois une lueur un éclair de beauté
grisailles lourdeurs doutes déchirures
morts absurdes
terrible machine de l’univers
qui broie les vivants précaires
NUIT D’ANGOISSE
Nuit d’angoisse
dans les caves blanches de l’insomnie.
On entend des aboiements, des râles, des
cris,
et au loin dans l’opacité pluvieuse
des trains scandant leurs courses
haletantes.
Tu regardes tes mains tremblantes,
tu te tâtes le pouls.
Et la mort se terre dans les recoins
poussiéreux
comme une sale goule
prête à bondir au milieu de la pièce
pour t’égorger au bas de ton lit.
nuit d'angoisse
dans les caves
blanches
de l'insomnie
on entend des aboiements
des râles
des cris
et au loin dans l'opacité
p
l
u
vieuse
des trains scandant
leurs courses
ha
le
tantes
ET LA MORT SE TERRE
DANS LES COINS POUSSIEREUX
COMME UNE SALE GOULE
PRÊTE
A
BONDIR POUR
T'EGORGER
L'ASTRE NOIR
Dehors luit
l'astre noir
derrière les branches jaunes.
Lente est la nuit
où de désespoir
s'étouffe le cri
de l'enfant aphone
regardant assis sur son lit
la face terrible qui sourit.
LUGUBRE
Lugubre
hulule
sous la lune
l’oiseau nocturne.
Au matin gris
Des clous
crucifient
le hibou
sur la porte
de la grange
et dans son lit
la fille morte
dort d’un sommeil étrange.
L’APPEL SAUVAGE
Tu ouvres la porte
et je te vois saigner
comme de la viande
devant la table noire.
Tu ouvres la robe
et tu jettes un appel sauvage.
Tu ouvres ton corps de fange
et je hume
l’odeur de la mort.
CRIME DANS UNE CHAPELLE ABANDONNEE
Dans une chapelle abandonnée
un vacher flagelle
une jeune bergère dénudée,
puis se masturbe sur elle.
Le sperme glisse
sur le dos lisse
de l'adolescente sanglotant
tandis que la lumière du couchant
illumine la tête du Crucifié.
Le rustre étrangle la bergère
et s'en va se saouler
au hameau laissant le corps nu
inerte perdu
dans la poussière et l'obscurité.
SABBAT
Langue
langue rêche
lèche
la crème noire
le chocolat mental du désespoir
lèche
lèche longuement
l'ordure diabolique
la merde de Dieu
lèche le cul rugueux
de la démone hystérique
lèche sa fangeuse faille
et le fruit puant
de ses entrailles
lentement
lèche l'étron
de charbon
de Monseigneur Satan
Langue
langue rêche
lèche
la crème noire
le chocolat mental du désespoir
lèche
lèche longuement
l'ordure diabolique
la merde de Dieu
lèche le cul rugueux
de la démone hystérique
lèche sa fangeuse faille
et le fruit puant
de ses entrailles
lentement
lèche l'étron
de charbon
de Monseigneur Satan
SAISON DE DEUIL
Cœurs
en pleurs
aux heures
de langueur.
Saule qui s’effeuille
dans le jardin en deuil.
Profonde et douce est la tristesse
du cœur que tout délaisse
près de l’obscur seuil.
DANS LE SCINTILLEMENT DES VERGERS DE VERTIGE
Dans le scintillement des vergers de vertige
emmes odorantes,
filles en touffes de foudres
indolentes comme le lait,
aiguës comme les épées noires de l'azur.
Vastes lits de fraîcheur et de feuilles
avec des éclats de nuit,
des glaives flamboyants,
avec le sang des filles
et des liserons,
des nudités écarlates,
des bêtes fascinées d'éclairs.
LIAWESLIADLA
S’ Müsi esch a Misela,
hàt a kleina Bummernààs.
S’ Müsi esch a Vegala,
esch so fresch wia Morgagràs.
S’Müsi esch a Schefala,
hàt gànz dunkla Wulahohr.
S’Müsi esch a Katzala,
hàt a harzig Müsaohr.
S’Müsi esch a Diiwala,
hàt schneewissa Melchzehn.
S’Müsi esch a Bliamala,
wia’na rota Rosa scheen.
S’Müsi esch a Starnala,
met so diafer Aïgapràcht.
S’Müsi esch a Angala,
hàt a Gsecht wu emmer làcht.
S’Müsi esch a Maïdala,
so Tànzfroh wia dr Wend.
S’Müsi esch a Wiiwala,
dàs well dr Peterla àls Frend.
Denn s’Müsi esch fer s’Peterla
a Blüam, a Harz, a Starn, a Schàtz.
Drum hàt’r gmàcht dàs Liadala
wu s’Müsi stràhlt in jedem Sàtz.
LA DECLARATION
.
Oui, je le sais bien,
je ne l'ai jamais dit
ces sublimes petits riens
qui illuminent la vie.
Je ne l'ai jamais
clairement,
nettement,
franchement
déclaré
à haute et intelligible voix,
en mots choisis,
en langue de bon aloi,
avec le ton qui convient,
ferveur et gravité,
je n'ai jamais exprimé,
en dépit de tant de tentations avortées
de ma part
et d'expresses demandes
de ta part à toi,
je n'ai jamais osé jusqu'à ce jour
prononcer
à pleine voix,
sans hésitations et sans détours,
ces mots, ces phrases
à la douceur de soie
et auréolés d'extase
si fréquemment articulés
par les bouches humaines,
jamais osé
m'aventurer
à en susurrer,
bégayant,
la moindre syllabe...
Et voici qu'enfin
aujourd'hui,
prenant mon courage à deux mains,
après tant d'années de réserve,
de lèvres closes,
voici que maintenant
peut-être enfin j'ose,
dans un silence aux vastes échos,
faire résonner ces mots
qui chatouillent si délicieusement
les oreilles des femmes et des hommes,
ces mots suaves,
ces mots plus subtils que l'arôme
des plus précieux parfums,
plus brûlants que la lave,
plus limpides
que l'eau des rus rapides,
plus légers que les dansantes ailes
des libellules si frêles...
Vais-je enfin
aujourd'hui
ici maintenant
les chuchoter,
les clamer comme un royal édit
ces vocables vibrants
aux sons heureux
qui en lettres de feu
fulgurent tout le long
de tant de chansons,
de tant de missives
de folle passion...?
Allons-y, osons!
je te déclare que...
Mais tu le sais bien
ce que je veux te déclarer.
Alors pourquoi proférer
ce qui ne peut se dire,
ce qui se vit
dans l'extrême pudeur,
ce feu le plus secret
caché au fond du coeur
et communément nommé
l'amour,
âpre et douce déraison,
l'amour badin au teint de rose
l'amour grave rouge profond.
Et qu'importent à la fin les mots,
pourvu qu'on ait la chose.
J'AI CONNU DE CES FLEURS ETRANGES
J'ai connu de ces fleurs étranges,
la virginale au nom de nonne,
Thérèse de la Croix des saintes fanges,
Thérèse ou Antigone.
Une autre était de feu,
pareille au glaïeul rouge.
Elle avait dans la ténèbre des yeux
des éclairs qui bougent.
Une autre encore, ô foulques
des étangs du souvenir,
frémissante, nue, je bats ma coulpe,
je n'eus pour ses larmes que rires.
Et celle-là entre alcôves et pelouses,
la frêle fantasque épouse,
qui jamais ne revint.
Je regrettai son air mutin.
J'ai connu le lys et la tulipe,
l'anémone, la primevère.
Etangs de la mémoire, les brumes se
dissipent,
fleurs d'ombre, fleur de chair,
doigts, caresses, pétales,
et ces parfums puissants comme la mer,
et ces grâces de digitales.
Martha de Thuringe,
Evelyne de Bruges,
je me souviens, regards de sphinge,
puretés d'avant déluge
dans de profondes Allemagnes vertes.
Je me souviens... Mina de Fez
dans la chaleur offerte.
J'oubliais la Milanaise,
fleur sombre, chair de lait.
Le vent glissait dans les mélèzes,
j'oubliais...
J'ai connu de ces fleurs étranges
au nom de démones et d'anges.
IM DIAFA BLAÏA WALD
Wit vu da Derfer, vu da fenschtra Gotteshieser, vum gràïa Alltàg, gràïa Schufta,
tràïma d Maïdla im diafa blàïa Wàld,
wissa Kerwer wia Angel henter da rota welda Rosa.
Maïblüama bliaïa zwescha da schlànka Bei im frescha Gràs .
Blutt sen d Maïdla im kiahla Summerwend,
S’ Müsi esch a Misela,
hàt a kleina Bummernààs.
S’ Müsi esch a Vegala,
esch so fresch wia Morgagràs.
S’Müsi esch a Schefala,
hàt gànz dunkla Wulahohr.
S’Müsi esch a Katzala,
hàt a harzig Müsaohr.
S’Müsi esch a Diiwala,
hàt schneewissa Melchzehn.
S’Müsi esch a Bliamala,
wia’na rota Rosa scheen.
S’Müsi esch a Starnala,
met so diafer Aïgapràcht.
S’Müsi esch a Angala,
hàt a Gsecht wu emmer làcht.
S’Müsi esch a Maïdala,
so Tànzfroh wia dr Wend.
S’Müsi esch a Wiiwala,
dàs well dr Peterla àls Frend.
Denn s’Müsi esch fer s’Peterla
a Blüam, a Harz, a Starn, a Schàtz.
Drum hàt’r gmàcht dàs Liadala
wu s’Müsi stràhlt in jedem Sàtz.
LA DECLARATION
.
Oui, je le sais bien,
je ne l'ai jamais dit
ces sublimes petits riens
qui illuminent la vie.
Je ne l'ai jamais
clairement,
nettement,
franchement
déclaré
à haute et intelligible voix,
en mots choisis,
en langue de bon aloi,
avec le ton qui convient,
ferveur et gravité,
je n'ai jamais exprimé,
en dépit de tant de tentations avortées
de ma part
et d'expresses demandes
de ta part à toi,
je n'ai jamais osé jusqu'à ce jour
prononcer
à pleine voix,
sans hésitations et sans détours,
ces mots, ces phrases
à la douceur de soie
et auréolés d'extase
si fréquemment articulés
par les bouches humaines,
jamais osé
m'aventurer
à en susurrer,
bégayant,
la moindre syllabe...
Et voici qu'enfin
aujourd'hui,
prenant mon courage à deux mains,
après tant d'années de réserve,
de lèvres closes,
voici que maintenant
peut-être enfin j'ose,
dans un silence aux vastes échos,
faire résonner ces mots
qui chatouillent si délicieusement
les oreilles des femmes et des hommes,
ces mots suaves,
ces mots plus subtils que l'arôme
des plus précieux parfums,
plus brûlants que la lave,
plus limpides
que l'eau des rus rapides,
plus légers que les dansantes ailes
des libellules si frêles...
Vais-je enfin
aujourd'hui
ici maintenant
les chuchoter,
les clamer comme un royal édit
ces vocables vibrants
aux sons heureux
qui en lettres de feu
fulgurent tout le long
de tant de chansons,
de tant de missives
de folle passion...?
Allons-y, osons!
je te déclare que...
Mais tu le sais bien
ce que je veux te déclarer.
Alors pourquoi proférer
ce qui ne peut se dire,
ce qui se vit
dans l'extrême pudeur,
ce feu le plus secret
caché au fond du coeur
et communément nommé
l'amour,
âpre et douce déraison,
l'amour badin au teint de rose
l'amour grave rouge profond.
Et qu'importent à la fin les mots,
pourvu qu'on ait la chose.
J'AI CONNU DE CES FLEURS ETRANGES
J'ai connu de ces fleurs étranges,
la virginale au nom de nonne,
Thérèse de la Croix des saintes fanges,
Thérèse ou Antigone.
Une autre était de feu,
pareille au glaïeul rouge.
Elle avait dans la ténèbre des yeux
des éclairs qui bougent.
Une autre encore, ô foulques
des étangs du souvenir,
frémissante, nue, je bats ma coulpe,
je n'eus pour ses larmes que rires.
Et celle-là entre alcôves et pelouses,
la frêle fantasque épouse,
qui jamais ne revint.
Je regrettai son air mutin.
J'ai connu le lys et la tulipe,
l'anémone, la primevère.
Etangs de la mémoire, les brumes se
dissipent,
fleurs d'ombre, fleur de chair,
doigts, caresses, pétales,
et ces parfums puissants comme la mer,
et ces grâces de digitales.
Martha de Thuringe,
Evelyne de Bruges,
je me souviens, regards de sphinge,
puretés d'avant déluge
dans de profondes Allemagnes vertes.
Je me souviens... Mina de Fez
dans la chaleur offerte.
J'oubliais la Milanaise,
fleur sombre, chair de lait.
Le vent glissait dans les mélèzes,
j'oubliais...
J'ai connu de ces fleurs étranges
au nom de démones et d'anges.
IM DIAFA BLAÏA WALD
Wit vu da Derfer, vu da fenschtra Gotteshieser, vum gràïa Alltàg, gràïa Schufta,
tràïma d Maïdla im diafa blàïa Wàld,
wissa Kerwer wia Angel henter da rota welda Rosa.
Maïblüama bliaïa zwescha da schlànka Bei im frescha Gràs .
Blutt sen d Maïdla im kiahla Summerwend,
Wàldfeea met
Blüamakransla uf da blunda Locka.
Si tànza so
flenk un senga luschtig vu Schmatterleng umga.
Blutt stehn d
Büawa henter da Baïm
un wàrta voll
Luscht, Furcht, Ungeduld im griana Schàtta,
medla in da Brennesla, Pfaffermenz,
Blendschlichla,
d Hand vor ehra
Schàmteila.
Blutt lega jetz
d unschuldiga Kender ufm weicha Moos
un schmüsa un schmutza sech un umàrma
sech.
Jetz brenna fieriga Kerwer Leib àn Leib henter da rota
Rosa im diafa blàïa Wàld.
As esch s Fascht vu dr Liawa met Fleisch
un Seela.
D stella Diarer lüaga züa met stühnenda
Aïga.
D Vegala schwiega im Làïb wu Geischter
naschta.
D Pflànza un d Baïm hera àndachtig züa
met hocher Rüaïh wia si schreïa, glucksa un stöhna vor seliger Freid, vor
siassem fleischlichem Genuss, d Bessassene vum Liaweswàhn.
S esch dr Bàràdies uf dr Arda voll Sunna
un Wolluscht.
Jetz erhewa sech làngsàm d Liawesparla
in dr Luft
un schwawa wia Liachtgstàlta im ufena
Hemmel
hoch ewer d Baïmwepfel.
Si fliaga wia Vegel ewr Wiesa un Wàsser
un vergehn im Hemmelblàï,
im Goldglànz vum ewiga
Summer.
CHANT DE DESIR
Je voudrais t'aimer herbe odorante de songe
Je voudrais t'aimer brume amoureuse du vent
Je voudrais t'aimer soir qui sur les prés s'allonge
Je voudrais t'aimer terre et être ton tourment
Je voudrais t'aimer glaise onctueuse et nocturne
Je voudrais t'aimer île exultante d'oiseaux
Je voudrais t'aimer svelte et fraîche comme une urne
Je voudrais t'aimer mer et fondre dans tes eaux
Je voudrais t'aimer braise au milieu de la neige
Je voudrais t'aimer fraise à l'orée d'un bosquet
Je voudrais t'aimer louve anxieuse prise au piège
Je voudrais t'aimer biche et être ta forêt
Je voudrais t'aimer pure en des pays de palmes
Je voudrais t'aimer nue sous un ciel orageux
Je voudrais t'aimer tiède au fond d'un jardin calme
Je voudrais t'aimer noire et rouge tel le feu
Je voudrais t'aimer fille affamée de viol
Corps suave s'offrant aux fauves convoitises
Je voudrais t'aimer chair obscène humide et molle
Chue dans la bourbe sombre au fond des caves grises
Je voudrais t'aimer douce entourée d'enfants fous
Je voudrais t'aimer folle hallucinée d'un dieu
Je voudrais t'aimer sainte annonçant Christ aux loups
Je voudrais t'aimer sage auprès d'un chien très vieux
Je voudrais t'aimer pauvre et misérable chose
Abandonnée de tous dans l'ordure et le froid
Je voudrais t'aimer seule en ta détresse enclose
Tu ne serais que cri clameur de désarroi
AU PAYS DE L'AMOUR
Au pays de tes yeux la nuit est souveraine
au pays de tes joues des roses brûlent doux
au pays de ta bouche éclosent les baisers
au pays de ta gorge un cygne resplendit
Je voudrais t'aimer herbe odorante de songe
Je voudrais t'aimer brume amoureuse du vent
Je voudrais t'aimer soir qui sur les prés s'allonge
Je voudrais t'aimer terre et être ton tourment
Je voudrais t'aimer glaise onctueuse et nocturne
Je voudrais t'aimer île exultante d'oiseaux
Je voudrais t'aimer svelte et fraîche comme une urne
Je voudrais t'aimer mer et fondre dans tes eaux
Je voudrais t'aimer braise au milieu de la neige
Je voudrais t'aimer fraise à l'orée d'un bosquet
Je voudrais t'aimer louve anxieuse prise au piège
Je voudrais t'aimer biche et être ta forêt
Je voudrais t'aimer pure en des pays de palmes
Je voudrais t'aimer nue sous un ciel orageux
Je voudrais t'aimer tiède au fond d'un jardin calme
Je voudrais t'aimer noire et rouge tel le feu
Je voudrais t'aimer fille affamée de viol
Corps suave s'offrant aux fauves convoitises
Je voudrais t'aimer chair obscène humide et molle
Chue dans la bourbe sombre au fond des caves grises
Je voudrais t'aimer douce entourée d'enfants fous
Je voudrais t'aimer folle hallucinée d'un dieu
Je voudrais t'aimer sainte annonçant Christ aux loups
Je voudrais t'aimer sage auprès d'un chien très vieux
Je voudrais t'aimer pauvre et misérable chose
Abandonnée de tous dans l'ordure et le froid
Je voudrais t'aimer seule en ta détresse enclose
Tu ne serais que cri clameur de désarroi
AU PAYS DE L'AMOUR
Au pays de tes yeux la nuit est souveraine
au pays de tes joues des roses brûlent doux
au pays de ta bouche éclosent les baisers
au pays de ta gorge un cygne resplendit
OMBRE JE TE HELE
Ombre, je te cherche dans les
cheveux de la ville quand la pluie a lavé la poussière des grandes avenues.
Ombre, je te poursuis
par-delà les gares confuses et les chantiers ardents.
Ombre, je te hèle dans
les ruelles aux linges où des enfants dessinent des monstres sur les murs
sales.
Dans les longues
allées des roseraies, dans les bosquets vibrants d’oiseaux, tu es l’Aimée aux
lèvres d’aurore où butine l’ombre.
Et tu danses, légère,
sur les terrasses, tu cours sur les houles des blés, sur les floraisons bleues
des ténèbres. Rien ne t’arrête, ni la paresse des brumes ni le marbre des
façades.
TOUT LE JOUR J’AI
CHANTE TA BEAUTE
Tout le jour j’ai
chanté ta beauté sur les places,
Tendresse, mon aimée,
ma faim perpétuelle.
Et le soir j’ai crié
ton nom sur les terrasses,
Tendresse, mon épouse
angélique et charnelle.
Mais la nuit je
t’attends dans une chambre nue
Et parfois tu surviens
furtive face d’ange
Et parfois je te
touche, ô beauté absolue
Avec mes mains de
chair et je meurs en louange.
DONNE-MOI
donne-moi ton visage afin que je m'éclaire
donne-moi ta bonté afin que je m'y terre
donne-moi ton royaume afin que je m'y rue
donne-moi ta tendresse afin que je la tue
donne-moi ton eden afin que je m'irise
donne-moi ton venin afin que j'agonise
donne-moi ton parfum afin que je me grise
donne-moi ta chair chaude afin que je m'enlise
donne-moi tes péchés afin que je les crie
donne-moi ta lumière afin que j'irradie
donne-moi ta langueur afin que je m'y baigne
donne-moi ta candeur afin que je la saigne
donne-moi ton désir afin que je l'enflamme
donne-moi ton absence afin que je m'affame
donne-moi ta luxure afin que je me damne
donne-moi ta douleur afin que je la clame
donne-moi ta nuit rose afin que je caresse
donne-moi ton aurore afin que je renaisse
donne-moi ton enfance afin que je la sème
donne-moi ton printemps afin que je l'essaime
donne-moi ton été afin que je le brûle
donne-moi ton automne afin que je l'embrume
donne-moi ta forêt afin que je m'égare
donne-moi ta folie afin que je m'en pare
donne-moi ton trésor afin que je l’enchâsse
donne-moi ton nectar afin que je m’en gave
donne-moi ton visage afin que je m'éclaire
donne-moi ta bonté afin que je m'y terre
donne-moi ton royaume afin que je m'y rue
donne-moi ta tendresse afin que je la tue
donne-moi ton eden afin que je m'irise
donne-moi ton venin afin que j'agonise
donne-moi ton parfum afin que je me grise
donne-moi ta chair chaude afin que je m'enlise
donne-moi tes péchés afin que je les crie
donne-moi ta lumière afin que j'irradie
donne-moi ta langueur afin que je m'y baigne
donne-moi ta candeur afin que je la saigne
donne-moi ton désir afin que je l'enflamme
donne-moi ton absence afin que je m'affame
donne-moi ta luxure afin que je me damne
donne-moi ta douleur afin que je la clame
donne-moi ta nuit rose afin que je caresse
donne-moi ton aurore afin que je renaisse
donne-moi ton enfance afin que je la sème
donne-moi ton printemps afin que je l'essaime
donne-moi ton été afin que je le brûle
donne-moi ton automne afin que je l'embrume
donne-moi ta forêt afin que je m'égare
donne-moi ta folie afin que je m'en pare
donne-moi ton trésor afin que je l’enchâsse
donne-moi ton nectar afin que je m’en gave
donne-moi
ton ciel noir afin que j'y sois foudre
donne-moi ton azur afin de m’y dissoudre
donne-moi ton azur afin de m’y dissoudre
REGENBOGEN DER LIEBE
Himmelblau ist
die Liebe am Anfang. Himmelblau, rosenrot der Traum nach Liebe, die grosse
Sehnsucht.
Rosenrot und
sanft die Kinderliebe im leichten Licht des Frühlings.
Grün, zärtlich
grün ist die Liebe im Garten der Wonne voll
Pracht, Parfüm, Musik.
Purpurrot wie
Blut und Feuer ist die Liebe.
Rot die Liebe
wenn die nackten Körper sich vereinigen in der Ekstase der Wollust.
Rot die
Liebe wie deine Lippen wenn Du Erdbeeren
isst und wir Wein trinken um unseres Glück zu feiern.
Schwarz ist die
Liebe wie die Vagina der Mutter-Erde, geheimnisvolle Göttin, Ursprung der
Menschheit.
Schwarz die Liebe wie meine Frau in Dakar geboren.
Weiss ist die Liebe wie die Brust der holden Jungfrau, wie die Milch der
menschlichen Zärtlichkeit.
Gelb ist die Liebe wie strahlende Sonne
im Überfluss des Lebens.
Lavandelblau und
duftend ist die Liebe im Sommer.
Grau ist die
Liebe in der Abwesenheit, im bohrenden Neid. Grau der Schmerz wenn wir uns
verlieren im Nebel der Tage, im Nichts der Nächte.
Rot ist die
Liebe wie ein Messer in meinem wunden Herz.
Rot und schwarz
ist die Liebe voll Lust, Leidenschaft und Schmerz.
Bleich ist die
Liebe wie das Ende der Nacht wenn die Liebenden sich trennen.
Schwarz und
dunkelblau ist der tiefe Schmerz der Liebe.
Braun ist die
Liebe im Herbst, zwischen Fülle der Früchte und Herbstzeitlosen der
Melancholie.
Schwarz ist die Liebe wenn die
Finsternis des Todes die Körper verschlingt.
Schwarz, niederschmetternd, das
Zerreisen des bunten Blumenstrauss.
Schwarz die Liebe Gottes in Christus ans
Kreuz genagelt.
Weiss ist die Liebe wenn wir uns lieben
wie Engel ganz keusch im Licht der Ewigkeit.
Vielfarbiger
Regenbogen ist die Liebe wenn sich alle Geschöpfe in Freiheit lieben können.
Göttlicher Regenbogen ist die unendliche
Liebe aller Geschöpfe.
FILLES NUES DANS LES COLLINES AUX CERISIERS
La pluie fait fléchir les branches et rafraîchit les filles nues des coteaux, grandes adolescentes aux odeurs d'été, cueillant les cerises mouillées. La lumière d'après l'orage traverse la
transparence des bras levés. L'azur aux passereaux se déplie autour de la légèreté vaporeuse des gestes.
FILLES NUES DANS LES COLLINES AUX CERISIERS
La pluie fait fléchir les branches et rafraîchit les filles nues des coteaux, grandes adolescentes aux odeurs d'été, cueillant les cerises mouillées. La lumière d'après l'orage traverse la
transparence des bras levés. L'azur aux passereaux se déplie autour de la légèreté vaporeuse des gestes.
Les regards du pâtre
se concentrent sur l'ombre des cuisses fleurant la menthe.
Parfois l'une des filles minces et dorées s'agenouille dans l'herbe
drue et humecte ses seins ou les enduit d'argile, se redressant
bientôt sous l'arc-en-ciel, monstrueusement terrestre et belle,
souillée, noire, lumineuse tandis que la première étoile éclate dans
le visage serein du soir et que le pâtre reptile rampe entre les
genoux de l'adolescente vertigineuse, cabrée comme une jument
au flanc de la colline.
Les cailles s'envolent derrière les cimes des
cerisiers ourlées par la braise du ciel. Les corps se diluent dans les vagues de langueur et de mort de la verdure nocturne.
DERRIERE LES TERRILS
Le lait des étreintes
noie la ferraille
derrière les terrils.
Bouches qui chuintent.
Battements de cils.
Murmures mordorés
traversés de râles, de brisures.
Roucoulements, tendres carnages.
Des ailes de neige éblouissante
montent à l'assaut du ciel obscur
où rôde l'orage.
Le lait des étreintes
noie la ferraille
derrière les terrils.
Bouches qui chuintent.
Battements de cils.
Murmures mordorés
traversés de râles, de brisures.
Roucoulements, tendres carnages.
Des ailes de neige éblouissante
montent à l'assaut du ciel obscur
où rôde l'orage.
La foudre odorante
de bleuité embrase
les corps en extase
couchés dans les fougères
frémissantes de pluie.
de bleuité embrase
les corps en extase
couchés dans les fougères
frémissantes de pluie.
SUAVE
Suave
la voix de la nymphe
près du pylône rongé de rouille.
Un crapaud de sa bave
souille
la mousse où s'agenouille
le jeune faune amoureux.
Suave
la voix de la nymphe
près du pylône rongé de rouille.
Un crapaud de sa bave
souille
la mousse où s'agenouille
le jeune faune amoureux.
LEVRES COMME FRAISES
lèvres fraîches
comme fraises
dans la fange des nuits
FLEUR DE NUIT
fleur sombre
fleur de nuit chaude humide
fleur de feu
de fange
fleur de douce débauche
bouche de chair noire
antre cachée
au milieu des collines de tendresse
trou rouge où s’engouffre
la rage âpre de jouir
DANS LES LITS D’ECLATANTE VERDURE
ta pâleur soyeuse
dans les lits d’éclatante verdure
crucifiée
tu cèdes
la sève inonde tes entrailles
l’aurore achève nos corps
OBSCUREMENT
Obscurément frémit
la forêt fraîche de fange rose
où fulgurent des regards dilatés
entre les feuillages de nuit.
Des corps foudroyés
râlent de sanglants plaisirs
sur les tapis d’humus.
De tendres meurtres comme zéphyrs
murmurent entre les détritus
dans les sous-bois aux myosotis.
NOIRS GLAÏEULS DE GLOIRE
Noirs glaïeuls de gloire dans la cuisine
bleue
où blême l’homme monte la femme
aux cuisses violemment ouvertes.
L’enfant entre et voit la brute
chevaucher la jeune mère morte de
plaisir.
Un oiseau heurte la vitre.
Le sang inonde les carreaux blancs et
noirs.
GLAIVE INCANDESCENT
Des astres ensanglantés d'infini
traversent la subtile broderie des tendresses
sous les tonnelles s'emplissant d'ombre
et sur une branche enrobée de nuit
un oiseau saigne d'un chant
si vertigineux de nébuleuses
que l'amante défaille
de beauté.
Oh! que s'ouvre ton coeur
à la sombre allégresse
brûlant les mondes et ton visage
fendu comme un fruit
par l'éclair de l'amour!
Oh! que fulgure la joie ténébreuse
entre les cuisses -
Dieu, glaive incandescent!
traversent la subtile broderie des tendresses
sous les tonnelles s'emplissant d'ombre
et sur une branche enrobée de nuit
un oiseau saigne d'un chant
si vertigineux de nébuleuses
que l'amante défaille
de beauté.
Oh! que s'ouvre ton coeur
à la sombre allégresse
brûlant les mondes et ton visage
fendu comme un fruit
par l'éclair de l'amour!
Oh! que fulgure la joie ténébreuse
entre les cuisses -
Dieu, glaive incandescent!
NUIT DES AMANTS
C'est la nuit des amants dans les vastes demeures
où glisse le silence entre les chambres bleues.
La beauté les traverse et sourit au malheur.
C'est la nuit des errants comme un terrible feu.
C'est la nuit d'élégie et c'est la nuit de crime
dans les chambres brûlant du trouble feu d'amour.
La beauté y fleurit en d'étranges abîmes.
C'est la nuit des amants plus pure que le jour.
LE LIT EST FROID
le lit est froid
la nuit fut douce brûlure
ils frissonnent à la fenêtre du matin
dehors tombe la neige et ils sont nus
SEIGNEUR, CONSOLE LES AMANTS
Seigneur, console les amants
qui se sont trouvés
pour se perdre.
Seigneur, console l'aimée
dans sa solitude
et l'amant qui sombre dans l'hébétude
après la danse avec les démons ardents.
Seigneur, console ceux qui se sont aimés,
ceux qui se sont dévorés
et qui crient de faim
sur les lits défaits.
Seigneur, console les corps saccagés,
les corps livrés aux méandres
des gris enlisements.
Seigneur, console les corps des amants
dans la nuit de cendre.
ABSENCE
Un jour tu ne seras plus là
et les glaces reflèteront le vide des pièces
de la maison que tu n'habitas jamais dans les laisses
des jours lointains dont tu ne respiras pas
l'odeur à travers le tranquille jardin aux ifs
où la pluie tombera silencieusement
entre les arbres méditatifs
et derrière une vitre rêvera le visage
que tu cherchas fiévreusement
au bord de tes errances
sans l'approcher jamais
dans ta rage de folle aimance.
L'AMOUR EST IMPOSSIBLE
L'amour est impossible, impossible, impossible,
ô ma nocturne sœur, jamais l'âme n'aborde.
L'amour n'est que famine et feu inextinguible,
chemin de nostalgie jusqu'au cœur de la mort.
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