23.9.18

INCANTATIONS ILLUMINATIONS TRANSFIGURATIONS


INCANTATIONS ILLUMINATIONS TRANSFIGURATIONS




A L'OCCIDENT DES DIEUX Ô EUSTRIE DE NACRE!
PARMI LES TENDRESSES VERDÂTRES
CROÎT LE RÈGNE D'IRIZEE HALLELUYAH!
BRISES BAIGNANT SÉPULCRES ET PORTIQUES
ODE DE PORPHYRE ÉMERGEANT DES LANGUEURS DU SOMMEIL
RIEN RIEN QUE FÊTE DE FEU
FABLE DES AILES EMBRUNS DES PROPHÉTIES 
JUSQU'AUX ANDES AUX MONGOLIES
MERS DANSANT AVEC LES ÎLES AVEC LES NÉBULEUSES
PARMI PALMES Ô JUBILATIONS! LES FEUILLAGES DE GLOIRE
L'ODEUR DES HOLOCAUSTES
LES PSAUMES DE NEIGE EXULTENT DANS LA NUDITÉ DES NUITS
LIBERTÉ DES ÉCLAIRS SUR LES HERBES D'ACIER
ARCHANGES COURONNES D'ORAGES DE ROSES.



contrées de bave ferrailles de foudre

dans la poussière des chantiers 
haches de cendre d'angoisse
lambeaux de meurtres (O STILLE DER SCHATTENWELT!) tombant des

ombres crucifiées

la paille des supplices brûle les porcheries

la verdure des crimes hyènes ! ha ! tigres ! dévore l'enfer gris de béton

rails de rouille artères de mazout

traversant les strates de brouillard fourrure funèbre
 fange veinée de lave et de venin glaise des abjections
îambes de houille hurlant entre les cuisses velues des guerres

et dans la graisse grouillante des doutes des blasphèmes

toi vulve de catin pourrie toi terre astre de faim soleil d'abîme TOI



                                     LES FOUDRES NOIRCISSENT L’OR DES OSTENSOIRS

La cathédrale s’effondre

et le maïs immensément envahit les ruines

avec une calme violence .


Les temples ouverts à l’azur libre

retentissent du cantique des luxures printanières.

Des gerbes de sang tiède inondent les livres,

Korans, Védas, Bibles.       


                                                                         NUIT DES CRUCIFIES

Les psaumes de neige exultent dans la nudité
des nuits  d'Eustrie contrées de foudre  hosannah!

Les rois crucifiés prophétisent
étendant leurs feuillages de feu jusqu'aux Mongolies.

Au lieu dit du crâne de tendres brises frôlent les crucifiés
et dispersent les neumes au-dessus des pâtures de Judée.

Couronnée des tempêtes de glycines la vulve d'abîme
jubile d'astres par-delà les portiques d'Aorasie.

La graisse des nébuleuses sperme des dieux remue
imperceptiblement dans la grande vulve ointe de miel.



Dans le jour se levant
des oiseaux tournoient lentement
au-dessus de la colline aux crucifiés.
Des lys extasiés
surgissent des blessures noires de sang
et d'angéliques lèvres calment d'infinie douceur
la térébrante douleur
des suppliciés.
 


Potences ô
pourpre des supplices
aubépines
des matins
de crucifixions
derrière les barbelés


Rois rauques 
hélant les aigles sur les rochers.
Rouge la guerre dans la plaine.
Cités éventrées brûlant dans le soir.
Les armées s'assoupissent derrière les brouillards.


Parfois un oiseau traverse le ciel silencieux et se perd dans les immensités obscures au-delà des forêts.

                                                                                       INVASIONS

Les rois avancent parmi les feux, hauts insectes noirs,
subtils animaux vêtus de sang;
les fumées se balancent
au-dessus de leurs chevelures rouges
tandis que dansent les guerriers peints de vert.
Les flores de carnage montent à l'assaut des couches
et des rivières  hallucinées jaillissent des ventres ouverts,
amples flots d'oiseaux sombres et de reptiles.
Les décombres s'accumulent sous la neige.
Fourmis monstrueuses que le vent soulève et plaque contre le  ventre des femmes et le firmament.



la verdure des crimes hyènes ! ha! tigres ! dévore l'enfer gris de béton
TYGER TYGER BURNING BRIGHT
IN THE FORESTS OF THE NIGHT




des enfants armés de mitraillettes massacrent les passants à
l'aveuglette 
des femmes nues viennent maternellement essuyer leurs
visages noircis de fumée et panser leurs blessures 
puis elles vont s'agenouiller au milieu des chaussées laissant les balles cribler leurs chairs laiteuses.


 


le meurtre danse de beauté à travers la ville 
les enfants sourient aux désastres et s'avancent dans des zones calmes comme l'enfer 
dans la tiédeur déchirante des agonies les décombres sont des seins de jouvencelles frissonnants de pureté 
les croix ruissellent de crachats
New-York fleurit glorieusement de crevasses-vulves 
on enterre les enfants dans les parcs défoncés où rôdent les tigres des ailes candides déchiquettent les meurtriers.

baignant de fraîche tendresse les sépulcres 
la flore des violences progresse sur les boulevards 
jaillit en arabesques jaunes sur les places 
éclate arborescence vertigineuse contre les façades des banques cerne violente les palais les tribunaux les chancelleries les 
églises majestätische sittliche Gebaüde.



gouffres bruns des débauches
avec sous les robes
ces crapauds délicieux de bave
la fosse où des légions entières
étincelantes de métaux
s'engouffrent

le bleu funèbre chante en moires de corruption
dans les antres de vos nudités adolescentes filles des mers
les guerres aux plumages d'aigles passent entre vos cuisses
impudiques ô ménades précoces ô bêtes impubères
neige d'encre de vos gémissantes délectables bouches
doigts de braise
barques de lait de vos périnées de jeunes laines d'ombre
  

dans les contrées de bave vous saignez
princesses mérovingiennes
et les gueules d'angoisse crachent
dans la vulve d'Irizée couronnée d'orages de roses 
fêtes de feu dans les porcheries 
dans les sépulcres
verdure des crimes délicieux.

 

sur les promontoires les harpes
chanteront dans les brasiers
chanteront saigneront les harpes 
les haches les hanches
dans la fange hirsute des holocaustes
et brûleront les roses blanches dans
la danse du feu noir



La paille des supplices brûle les porcheries.

Un ange resplendissant cravache des rondeurs superbes. 
Velours déchiqueté d'où s'épanche la salive des saturnales.
Buvez, lèvres de mort, ce vin d'entrailles, ce vin de gorge tranchée.
Oiseaux des ténèbres, précipitez-vous au milieu de ces noces nocturnes, et soyez voraces d' yeux, de langues, d'oreilles délicates où expirent les rumeurs du monde.



un ange (Rimbaud) fumant placidement une cigarette barbouille les
murs de grandes lettres de sang
         VIVE LA RÉVOLUTION  VIVE LA LIBERTÉ  VIVA LA MUERTE 

 

DES TIGRES DÉVASTENT LES CATHÉDRALES
PERDUS DANS LES FORETS DE LA NUIT.

UN ANGE ÉCRIT : MORT A DIEU!

LA LIBERTÉ AUX SEINS D'ADOLESCENTE AVANCE PARMI LES DÉCOMBRES DES EMPIRES. VERDURE DE DIEU.




L'ANGE ÉCARTE LES EAUX, ENTROUVRE LA ROBE DU MONDE :

DANSE DES VERDURES DANS LA DOUCEUR D'ENFER.





SCHEINEST DU AUCH TOTEN DU GOLDNES

Des blindés passent avec fracas dans les rues.
Des gravats tombent sur les épaules des amants
s'enlaçant dans une maison en ruines. Leurs
mains se tressent. Leurs lèvres se touchent.


Une voix vocifère: AUF MACHEN!

Ils avancent, ils chantent avançant entre deux
haies de soldats brandissant des mitraillettes. Ils
s'agenouillent sur le parvis de la cathédrale.  Les
chars les entourent, les canons tonnent, les
cloches hurlent.

Un oiseau picore des miettes près d'eux. Leurs
doigts se nouent, leurs lèvres se frôlent.
LICHT DER LIEBE! SCHEINEST DU DENN AUCH
TOTEN, DU GOLDNES?
La ville brûle. Les façades  s'effondrent et,
béante, la cathédrale hurle de toutes ses orgues,
de tous ses choeurs.
Leurs lèvres se joignent tandis qu'à coups de
crosses, qu'à coups de bottes
SCHEINEST DU AUCH TOTEN DU GOLDNES?


 

Les bêtes sacrées, 
veinées de lave,
traversent fougueusement la buée de l'aurore,
escaladent les montagnes de fraises
qui séparent le pays des  Nuages de celui des Bannières,
et, se cabrant sur les crêtes chenues,
dressent leurs corps d'ébène

vers l’Étoile radieuse du Matin.


BOURDONNANTE D'ABEILLES BELLE COMME LA MORT

Il y a la mer.
Il y a la mort aux seins nus.
Et la lumière qui chaque jour est vierge.
Les châteaux ont la paresse des éternités et la fraîcheur ombreuse des chants.
Dedans se promène nue celle qui naquit près de vagues.
Insaisissable fille aux diamants d'angoisse, bourdonnante d'abeilles,
belle comme la mort aux jardins de glaïeuls.
Les dieux boivent ses regards.
Les morts la caressent sous les branches.
Tu es la reine des mers et des îles.
Tu es celle qui monte des roseraies
vers les cimes sauvages où niche l'aigle,
celle qui plonge dans l'ode des constellations,
celle que les guerres traversent et qui, indemne,
resplendit au sommet des falaises,
poussière glorieuse où nagent les goélands...
 


croît le règne d'Irizée la souveraine
           
tu  viens
tu sors des tombeaux de Sumer du Pérou
et tu t'avances sur la terre neuve jonchée de germes
           
tu es la géométrie non-euclidienne
petite ouvrière de Smolensk
tu es la Sophia des théosophies orientales
tu es une chienne rôdant dans les jardins d'Académos
tu es prêtresse du Soleil à Cuzco
tu es la main du maître Mathis dit Grünewald peignant le Christ en croix d'Isenheim
tu es cette pauvre vieille de l'Aurès ployant sous son fagot
tu es l'ordinateur fonctionnant aux usines Fiat à Turin

Iris-Irizée les temps sont mûrs
tu sors des tombeaux d’Égypte
et à l'occident des Dieux
dans la poussière des chantiers
tu foules la terre d'Eustrie

approche approche de cet arbre de cris
jaunes et rouges debout dans le sommeil
et secoue les dormeurs séculaires

               les temps sont proches



proue fraîche s'enfonçant dans la brume mordorée du futur

 
                                          GLOIRE DES REINES D'AORASIE
Gloire des reines d'Aorasie
tempêtes de lumière sur les têtes couronnées
et nuit sur les sexes nuit profonde sur les ventres
de royale  chair gloire aux cuisses fortes
des filles d'Aorasie et ténèbres sur les entrailles
ardentes ténèbres sur la faim obscène des reines
de délire elles avancent nues sur les terrasses
s'offrant à la morsure féroce du soleil



Accueille tes épouses morganatiques, ô monarque des archipels.
Servantes soyeuses venues des mers et que déflorèrent les foudres de
solstice



ÉCLAIRS SOMBRES PARMI LES ROSES

éclairs sombres
parmi les roses

éclairs suaves
dans les crânes

éclairs noirs
sur la neige fraîche
sur la neige chaude des chairs


les bêtes éclatent
somptueusement sanglantes
organes déchiquetés
loques de viande

éclairs rouges
perforant
la blancheur des vierges sacrifiées
sur le marbre noir des autels

                                                        NUDITÉ DES REINES SOUS LES ÉCLAIRS

éclairs d'or
rires solaires
orages de gloire
sur la terre des centaures


les miroirs obscurs
dans les vergers
de brume dorée
éclatent et saignent
éclaboussant
les floraisons candides
des cerisiers


derrière les herbes d'acier
brûlent les porcheries
brume de débauche que les socs
taillent en soies de sang





hyènes ! ha! tigres! brûlez

dans les gouffres rouges
du vagin d'Irizée
  
 

verdure douce où roulent les crânes
vers les blancheurs des mers
crânes de Sade de Sappho
la foudre dévore les filles
et les abandonne inertes sur le gazon
de ce parc d'Arcadie
aux sépulcres de luxure


Spongieuses immensément journées des crimes
délicieux
arôme du venin volcanique des coïts sous les brises
d'Aorasie
proue suave s'enfonçant dans la brume orange
des plaisirs
poutre de lave fichée au centre
dans le miel des cuisses écartées
 

venez louves liquides aux langueurs de lait noir
laper le feu de fange au bord de la folie
venez louves de crime ensanglanter le soir
et mordre dans l'obscur les filles d’élégie


  PARMI LES TENDRESSES VERDÂTRES


parmi les tendresses verdâtres

se prélassent les hameaux d'Eustrie

ô frais flocons frôlant les frondaisons d'avril

la poreuse substance du printemps glisse des remparts de neige

la menthe d'aurore fait étinceler les charrues

jaillissements de miel dans la fange d'or des champs de colza    

                                            


TRAVAUX DANS L'AZUR

Les pelleteuses d'enfer
creusent des fosses dans l'azur.
De gigantesques mottes bleues
s'accumulent sur les chaumes des hauteurs.
De la plaine, un peuple de nains marmonneurs
suit ces travaux   perpendiculaires
et regarde avec stupeur
les  énormes entassements translucides
qui surplombent
de plus en plus vertigineusement
les hameaux placides.


    
                                     ARBRE AUX PLAIES NOIRES



                                                       arbre aux plaies noires


                                                       couvert d’yeux


                                                       et de lèvres qui saignent




                                                       des êtres de verdure


                                                       mangent du miel


                                                       vautrés sur la mousse rouge



INSTINCTS DE GLAISE


Dans la terre,

dans la brunâtre douceur des vers,

dans la torpeur des taupes,

avec nos ardeurs de mort,

avec nos instincts de glaise,

terriblement nous  mangeons la boue,

nous dévorons la fange,

mâchons l’argile tiède, blanche,

ruminons sous la mollesse des orages,

gisant dans le sombre silence des tombes,

au fond des fosses tapissées de muqueuses,

avec les scolopendres

langoureusement nous sommeillons,

rêvant de noirceurs délicieuses.


Entre les lèvres pourpres
de la tombe brûlent
le chant noir du néant
la chair en ardente décomposition
 



un homme ensanglanté titube sur le trottoir ses mains flambent et ses yeux sont crevés une foule flasque l'entoure mais ne le voit pas




avance
loque de soleil
vers cette foudre
verte
au fond
des
fanges



ferrailles d'angoisse nageant
dans le lait bleu du silence




la fable des ailes,
des haches veinées de sperme
s'ouvre aux tempêtes de roses



ODE DE PORPHYRE ÉMERGEANT DES LANGUEURS DU SOMMEIL.
 


RIEN  RIEN QUE LA FÊTE DE FEU
brasiers peuplés de paons calmes et nobles


FABLE DES AILES EMBRUNS DES PROPHÉTIES JUSQU'AUX ANDES AUX MONGOLIES


DANS LA NUIT VERTE

L’enfant a peur de l’astre noir au fond de la nuit verte. Les bêtes se blottissent dans les crevasses. On entend de lointains hurlements. Quelqu’un frôle le front de l’enfant.

L’astre noir tournoie dans la nuit verte au-dessus des arbres où dorment les esprits du pays de légende.

Dans la nuit verte des fleurs lumineuses éclosent au pays de légende et exhalent des senteurs de délices candides. Les bêtes apeurées sortent des crevasses et s'avancent vers les sources de bleuité.



APOCALYPSES

roulent aux abîmes les corps mutilés
rien ne subsiste des songes de douceur

boucheries suaves
dans la rosée tiède de Pâques
bouches d'anges soufflant
sur les corps mutilés

un éclair déchire la robe de la pécheresse
debout au pied du Crucifié
son corps avalanche de roses
nourrit le gouffre aux rougeurs infernales
et les tombes ouvertes glorifient sa nudité

une épée transperce les regards
jusqu'au noyau d'avidité dans le roc des crânes
où le meurtre couve ses reptiles 

 CRI CONTRE LES CIEUX DESERTS

monstrueuses bouches d'ombre
béant dans les cieux sombres
qui grondent
clamant la douleur du monde
parmi les éclairs
trouant les chairs
abandonnées dans la nuit
bouches d'effroi jetant leur cri
contre les cieux déserts

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