A L'OCCIDENT DES
DIEUX Ô EUSTRIE DE NACRE!
PARMI LES
TENDRESSES VERDÂTRES
CROÎT LE RÈGNE
D'IRIZEE HALLELUYAH!
BRISES BAIGNANT SÉPULCRES ET PORTIQUES
ODE DE PORPHYRE ÉMERGEANT DES LANGUEURS DU SOMMEIL
RIEN RIEN QUE FÊTE DE FEU
FABLE DES AILES
EMBRUNS DES PROPHÉTIES
JUSQU'AUX ANDES AUX
MONGOLIES
MERS DANSANT AVEC
LES ÎLES AVEC LES NÉBULEUSES
PARMI PALMES Ô
JUBILATIONS! LES FEUILLAGES DE GLOIRE
L'ODEUR DES
HOLOCAUSTES
LES PSAUMES DE
NEIGE EXULTENT DANS LA NUDITÉ DES NUITS
LIBERTÉ DES ÉCLAIRS SUR LES HERBES D'ACIER
ARCHANGES
COURONNES D'ORAGES DE ROSES.
contrées de bave
ferrailles de foudre
dans la poussière
des chantiers
haches de cendre d'angoisse
lambeaux de
meurtres (O STILLE DER SCHATTENWELT!) tombant des
ombres crucifiées
la paille des supplices brûle les porcheries
la verdure des
crimes hyènes ! ha ! tigres ! dévore l'enfer gris de béton
rails de rouille
artères de mazout
traversant les strates de brouillard
fourrure funèbre
fange veinée de lave et de venin glaise des abjections
îambes de houille hurlant entre
les cuisses velues des guerres
et dans la graisse grouillante des doutes
des blasphèmes
toi vulve de
catin pourrie toi terre astre de faim soleil d'abîme TOI
LES FOUDRES NOIRCISSENT L’OR DES OSTENSOIRS
La
cathédrale s’effondre
et le maïs
immensément envahit les ruines
avec une
calme violence .
Les temples
ouverts à l’azur libre
retentissent
du cantique des luxures printanières.
Des gerbes
de sang tiède inondent les livres,
Korans, Védas, Bibles.
NUIT DES CRUCIFIES
Les psaumes de neige exultent dans la nudité
des nuits d'Eustrie contrées de foudre hosannah!
Les rois crucifiés prophétisent
étendant leurs feuillages de feu jusqu'aux Mongolies.
Au lieu dit du crâne de tendres brises frôlent les crucifiés
et dispersent les neumes au-dessus des pâtures de Judée.
Couronnée des tempêtes de glycines la vulve d'abîme
jubile d'astres par-delà les portiques d'Aorasie.
La graisse des nébuleuses sperme des dieux remue
imperceptiblement dans la grande vulve ointe de miel.
Dans le jour se levant
des oiseaux tournoient lentement
au-dessus de la colline aux crucifiés.
Des lys extasiés
surgissent des blessures noires de sang
et d'angéliques lèvres calment d'infinie douceur
la térébrante douleur
des suppliciés.
Potences ô
pourpre des
supplices
aubépines
des matins
de crucifixions
derrière les
barbelés
Rois rauques
hélant les aigles sur les rochers.
Rouge la guerre dans la plaine.
Cités éventrées brûlant dans le soir.
Les armées s'assoupissent derrière les brouillards.
Parfois un oiseau traverse le ciel silencieux et se perd dans les immensités obscures au-delà des forêts.
INVASIONS
Les rois avancent parmi les feux, hauts insectes noirs,
subtils animaux vêtus de sang;
les fumées se balancent
au-dessus de leurs chevelures rouges
tandis que dansent les guerriers peints de vert.
Les flores de carnage montent à l'assaut des couches
et des rivières hallucinées jaillissent des ventres ouverts,
amples flots d'oiseaux sombres et de reptiles.
Les décombres s'accumulent sous la neige.
Fourmis monstrueuses que le vent soulève et plaque contre le ventre des femmes et le firmament.
la verdure des
crimes hyènes ! ha! tigres ! dévore l'enfer gris de béton
TYGER TYGER BURNING BRIGHT
IN THE FORESTS OF THE NIGHT
des enfants armés
de mitraillettes massacrent les passants à
l'aveuglette
des
femmes nues viennent maternellement essuyer leurs
visages noircis
de fumée et panser leurs blessures
puis elles vont s'agenouiller au
milieu des chaussées laissant les balles cribler leurs chairs laiteuses.
le meurtre danse de beauté à travers la
ville
les enfants sourient aux désastres et
s'avancent dans des zones calmes comme l'enfer
dans la tiédeur
déchirante des agonies les décombres sont des seins de jouvencelles
frissonnants de pureté
les croix ruissellent de crachats
New-York fleurit
glorieusement de crevasses-vulves
on enterre les enfants dans les
parcs défoncés où rôdent les tigres des ailes candides déchiquettent les
meurtriers.
baignant de
fraîche tendresse les sépulcres
la flore des violences
progresse sur les boulevards
jaillit en arabesques jaunes sur les places
éclate
arborescence vertigineuse contre les façades des banques cerne
violente les palais les tribunaux les chancelleries les
églises
majestätische sittliche Gebaüde.
gouffres bruns
des débauches
avec sous les
robes
ces crapauds
délicieux de bave
la fosse où des
légions entières
étincelantes de
métaux
s'engouffrent
le bleu funèbre
chante en moires de corruption
dans les antres
de vos nudités adolescentes filles des mers
les guerres aux
plumages d'aigles passent entre vos cuisses
impudiques ô
ménades précoces ô bêtes impubères
neige d'encre de
vos gémissantes délectables bouches
doigts de braise
barques de lait
de vos périnées de jeunes laines d'ombre
dans les contrées
de bave vous saignez
princesses
mérovingiennes
et les gueules
d'angoisse crachent
dans la vulve
d'Irizée couronnée d'orages de roses
fêtes de feu dans les porcheries
dans
les sépulcres
verdure des
crimes délicieux.
sur les
promontoires les harpes
chanteront dans
les brasiers
chanteront
saigneront les harpes
les haches les
hanches
dans la fange
hirsute des holocaustes
et brûleront les
roses blanches dans
la danse du feu
noir
La paille des supplices brûle les porcheries.
Un ange
resplendissant cravache des rondeurs superbes.
Velours déchiqueté d'où s'épanche la salive des saturnales.
Buvez, lèvres de
mort, ce vin d'entrailles, ce vin de gorge tranchée.
Oiseaux des
ténèbres, précipitez-vous au milieu de ces noces nocturnes, et soyez
voraces d' yeux, de langues, d'oreilles délicates où expirent les
rumeurs du monde.
un ange (Rimbaud)
fumant placidement une cigarette barbouille les
murs de grandes
lettres de sang
VIVE LA RÉVOLUTION VIVE LA LIBERTÉ VIVA LA MUERTE
DES TIGRES DÉVASTENT LES CATHÉDRALES
PERDUS DANS LES
FORETS DE LA NUIT.
UN ANGE ÉCRIT :
MORT A DIEU!
LA LIBERTÉ AUX
SEINS D'ADOLESCENTE AVANCE PARMI LES DÉCOMBRES DES
EMPIRES. VERDURE DE DIEU.
L'ANGE ÉCARTE
LES EAUX, ENTROUVRE LA ROBE DU MONDE :
DANSE DES
VERDURES DANS LA DOUCEUR D'ENFER.
SCHEINEST DU AUCH TOTEN DU GOLDNES
Des blindés passent avec fracas dans les rues.
Des gravats tombent sur les épaules des amants
s'enlaçant dans une maison en ruines. Leurs
mains se tressent. Leurs lèvres se touchent.
Une voix vocifère: AUF MACHEN!
Ils avancent, ils chantent avançant entre deux
haies de soldats brandissant des mitraillettes. Ils
s'agenouillent sur le parvis de la cathédrale. Les
chars les entourent, les canons tonnent, les
cloches hurlent.
Un oiseau picore des miettes près d'eux. Leurs
doigts se nouent, leurs lèvres se frôlent.
LICHT DER LIEBE! SCHEINEST DU DENN AUCH
TOTEN, DU GOLDNES?
La ville brûle. Les façades s'effondrent et,
béante, la cathédrale hurle de toutes ses orgues,
de tous ses choeurs.
Leurs lèvres se joignent tandis qu'à coups de
crosses, qu'à coups de bottes
SCHEINEST DU AUCH TOTEN DU GOLDNES?
Les bêtes sacrées,
veinées de lave,
traversent fougueusement la buée de l'aurore,
escaladent les montagnes de fraises
qui séparent le pays des Nuages de celui des Bannières,
et, se cabrant sur les crêtes chenues,
dressent leurs corps d'ébène
vers l’Étoile radieuse du Matin.
BOURDONNANTE D'ABEILLES BELLE COMME LA MORT
Il y a la mer.
Il y a la mort aux seins nus.
Et la lumière qui chaque jour est vierge.
Les châteaux ont la paresse des éternités et la fraîcheur ombreuse des chants.
Dedans se promène nue celle qui naquit près de vagues.
Insaisissable fille aux diamants d'angoisse, bourdonnante d'abeilles,
belle comme la mort aux jardins de glaïeuls.
Les dieux boivent ses regards.
Les morts la caressent sous les branches.
Tu es la reine des mers et des îles.
Tu es celle qui monte des roseraies
vers les cimes sauvages où niche l'aigle,
celle qui plonge dans l'ode des constellations,
celle que les guerres traversent et qui, indemne,
resplendit au sommet des falaises,
poussière glorieuse où nagent les goélands...
croît le règne d'Irizée la
souveraine
tu viens
tu sors des
tombeaux de Sumer du Pérou
et tu t'avances
sur la terre neuve jonchée de germes
tu es la
géométrie non-euclidienne
petite ouvrière
de Smolensk
tu es la Sophia
des théosophies orientales
tu es une chienne
rôdant dans les jardins d'Académos
tu es prêtresse
du Soleil à Cuzco
tu es la main du
maître Mathis dit Grünewald peignant le Christ en croix
d'Isenheim
tu es cette
pauvre vieille de l'Aurès ployant sous son fagot
tu es
l'ordinateur fonctionnant aux usines Fiat à Turin
Iris-Irizée les
temps sont mûrs
tu sors des
tombeaux d’Égypte
et à l'occident
des Dieux
dans la poussière
des chantiers
tu foules la
terre d'Eustrie
approche approche
de cet arbre de cris
jaunes et rouges
debout dans le sommeil
et secoue les
dormeurs séculaires
proue fraîche s'enfonçant dans la brume mordorée du futur
Gloire des reines d'Aorasie
tempêtes de lumière sur les têtes couronnées
et nuit sur les sexes nuit profonde sur les ventres
de royale chair gloire aux cuisses fortes
des filles d'Aorasie et ténèbres sur les entrailles
ardentes ténèbres sur la faim obscène des reines
de délire elles avancent nues sur les terrasses
s'offrant à la morsure féroce du soleil
Accueille tes
épouses morganatiques, ô monarque des archipels.
Servantes
soyeuses venues des mers et que déflorèrent les foudres de
solstice
ÉCLAIRS SOMBRES PARMI LES ROSES
éclairs sombres
parmi les roses
éclairs suaves
dans les crânes
éclairs noirs
sur la neige fraîche
sur la neige chaude des chairs
les bêtes éclatent
somptueusement sanglantes
organes déchiquetés
loques de viande
éclairs rouges
perforant
la blancheur des vierges sacrifiées
sur le marbre noir des autels
NUDITÉ DES REINES SOUS LES ÉCLAIRS
éclairs d'or
rires solaires
orages de gloire
sur la terre des centaures
les miroirs obscurs
dans les vergers
de brume dorée
éclatent et saignent
éclaboussant
les floraisons candides
des cerisiers
derrière les
herbes d'acier
brûlent les
porcheries
brume de débauche
que les socs
taillent en soies
de sang
Spongieuses immensément journées des crimes
PARMI LES TENDRESSES VERDÂTRES
hyènes ! ha!
tigres! brûlez
dans les gouffres
rouges
du vagin
d'Irizée
verdure douce où
roulent les crânes
vers les
blancheurs des mers
crânes de Sade de
Sappho
la foudre dévore
les filles
et les abandonne
inertes sur le gazon
de ce parc
d'Arcadie
aux sépulcres de
luxure
Spongieuses immensément journées des crimes
délicieux
arôme du venin
volcanique des coïts sous les brises
d'Aorasie
proue suave
s'enfonçant dans la brume orange
des plaisirs
poutre de lave
fichée au centre
dans le miel des
cuisses écartées
venez louves liquides aux langueurs de lait noir
laper le feu de fange au bord de la folie
venez louves de crime ensanglanter le soir
et mordre dans l'obscur les filles d’élégie
PARMI LES TENDRESSES VERDÂTRES
parmi les tendresses verdâtres
se prélassent les
hameaux d'Eustrie
ô frais flocons
frôlant les frondaisons d'avril
la poreuse
substance du printemps glisse des remparts de neige
la menthe
d'aurore fait étinceler les charrues
jaillissements de miel dans la fange d'or des champs de colza
TRAVAUX DANS L'AZUR
Les pelleteuses d'enfer
creusent des fosses dans l'azur.
De gigantesques mottes bleues
s'accumulent sur les chaumes des hauteurs.
De la plaine, un peuple de nains marmonneurs
suit ces travaux perpendiculaires
et regarde avec stupeur
les énormes entassements translucides
qui surplombent
de plus en plus vertigineusement
les hameaux placides.
ARBRE AUX PLAIES NOIRES
arbre aux plaies noires
couvert d’yeux
et de lèvres qui saignent
des êtres de verdure
mangent du miel
vautrés sur la mousse rouge
INSTINCTS DE GLAISE
Dans la terre,
dans la brunâtre douceur des vers,
dans la torpeur des taupes,
avec nos ardeurs de mort,
avec nos instincts de glaise,
terriblement nous
mangeons la boue,
nous dévorons la fange,
mâchons l’argile tiède, blanche,
ruminons sous la mollesse des orages,
gisant dans le sombre silence des tombes,
au fond des fosses tapissées de muqueuses,
avec les scolopendres
langoureusement nous sommeillons,
rêvant de noirceurs délicieuses.
Entre les lèvres pourpres
de la tombe brûlent
le chant noir du néant
la chair en ardente décomposition
DANS LA NUIT VERTE
Entre les lèvres pourpres
de la tombe brûlent
le chant noir du néant
la chair en ardente décomposition
un homme
ensanglanté titube sur le trottoir ses mains flambent et ses yeux sont crevés
une foule flasque l'entoure mais ne le voit pas
avance
loque de soleil
vers cette foudre
verte
au fond
des
fanges
ferrailles
d'angoisse nageant
dans le lait bleu
du silence
la fable des
ailes,
des haches
veinées de sperme
s'ouvre aux
tempêtes de roses
ODE DE PORPHYRE ÉMERGEANT DES LANGUEURS DU SOMMEIL.
RIEN RIEN QUE LA FÊTE DE FEU
brasiers peuplés
de paons calmes et nobles
FABLE DES AILES
EMBRUNS DES PROPHÉTIES JUSQU'AUX ANDES AUX
MONGOLIES
DANS LA NUIT VERTE
L’enfant a peur de l’astre noir au fond de la nuit verte. Les bêtes se blottissent dans les crevasses. On entend de lointains hurlements. Quelqu’un frôle le front de l’enfant.
L’astre noir tournoie dans la nuit verte au-dessus des arbres où dorment les esprits du pays de légende.
Dans la nuit verte des fleurs lumineuses éclosent au pays de légende et exhalent des senteurs de délices candides. Les bêtes apeurées sortent des crevasses et s'avancent vers les sources de bleuité.
APOCALYPSES
roulent aux abîmes les corps mutilés
rien ne subsiste des songes de douceur
boucheries suaves
dans la rosée tiède de Pâques
bouches d'anges soufflant
sur les corps mutilés
un éclair déchire la robe de la pécheresse
debout au pied du Crucifié
son corps avalanche de roses
nourrit le gouffre aux rougeurs infernales
et les tombes ouvertes glorifient sa nudité
une épée transperce les regards
jusqu'au noyau d'avidité dans le roc des crânes
où le meurtre couve ses reptiles
CRI CONTRE LES CIEUX DESERTS
APOCALYPSES
roulent aux abîmes les corps mutilés
rien ne subsiste des songes de douceur
boucheries suaves
dans la rosée tiède de Pâques
bouches d'anges soufflant
sur les corps mutilés
un éclair déchire la robe de la pécheresse
debout au pied du Crucifié
son corps avalanche de roses
nourrit le gouffre aux rougeurs infernales
et les tombes ouvertes glorifient sa nudité
une épée transperce les regards
jusqu'au noyau d'avidité dans le roc des crânes
où le meurtre couve ses reptiles
CRI CONTRE LES CIEUX DESERTS
monstrueuses bouches d'ombre
béant dans les cieux sombres
qui grondent
clamant la douleur du monde
parmi les éclairs
trouant les chairs
abandonnées dans la nuit
bouches d'effroi jetant leur cri
contre les cieux déserts
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