25.9.18

INCANTATIONS DU TROUBLE FEU DESIR



INCANTATIONS DU TROUBLE FEU DÉSIR 


                                                                                             L'amour est à réinventer (Rimbaud).
TROUBLE FEU DÉSIR

INCANTATIONS DU FEU DÉSIR

NOUVEAU CANTIQUE DES CANTIQUES

HAUT CHANT

HOHELIED

S HOCHA LIAD

LIVRE DE FEU



AMOURS ENFANTINES

brume dorée

nous vagabondons dans les prairies illimitées

silence des sèves

couchés dans l'herbe bleue des rêves

parmi les fleurs

aux légères senteurs

nous baignons dans le vert tendre des caresses

goûtant l'innocente ivresse

des amours enfantines

tandis que des bêtes calmement sur nous s'inclinent




Je chante le psaume de l’amour.
Ô l’amour comme soleil, comme feu,
comme laine chaude et rosée fraiche.
Je chante l’amour avec des mots-fleurs,
des mots-glaise, des mots-azur, 
avec des mots dansant 
dans l'allègre liberté des vents de l' esprit.



 LIAWESLIADLA


S’ Müsi esch a Misela,
hàt a kleina Bummernààs.
S’ Müsi esch a Vegala,
esch so fresch wia Morgagràs.

S’Müsi esch a Schefala,
hàt gànz dunkla Wulahoor.
S’Müsi esch a Katzala,
hàt a harzig Müsaohr.



S’Müsi esch a Diiwala,
hàt schneewissa Melchzehn.
S’Müsi esch a Bliamala,
wia’na rota Rosa scheen.

S’Müsi esch a Starnala,
met so diafer Aïgapràcht.
S’Müsi esch a Angala,
hàt a Gsecht wu emmer làcht. 


 
S’Müsi esch a Maïdala,
so Tànzfroh wia dr Wend.
S’Müsi esch a Wiiwala,
dàs well dr Peterla àls Frend.

Denn s’Müsi esch fer s’Peterla
a Blüam, a Harz, a Starn, a Schàtz.
Drum hàt’r gmàcht dàs Liadala
wu s’Müsi stràhlt in jedem Sàtz.




CHANT DU DÉSIR DE FOL AMOUR

Je voudrais t'aimer herbe odorante de songe
Je voudrais t'aimer brume amoureuse du vent
Je voudrais t'aimer soir qui sur les prés s'allonge
Je voudrais t'aimer terre et être ton tourment

Je voudrais t'aimer glaise onctueuse et nocturne
Je voudrais t'aimer île exultante d'oiseaux
Je voudrais t'aimer svelte et fraîche comme une urne
Je voudrais t'aimer mer et fondre dans tes eaux

Je voudrais t'aimer braise au milieu de la neige
Je voudrais t'aimer fraise à l'orée d'un bosquet
Je voudrais t'aimer louve anxieuse prise au piège
Je voudrais t'aimer biche et être ta forêt

Je voudrais t'aimer pure en des pays de palmes
Je voudrais t'aimer nue sous un ciel orageux
Je voudrais t'aimer tiède au fond d'un jardin calme
Je voudrais t'aimer noire et rouge tel le feu

Je voudrais t'aimer fille affamée de viol
Corps suave s'offrant aux fauves convoitises
Je voudrais t'aimer chair obscène humide et molle
Chue dans la bourbe sombre au fond des caves grises

Je voudrais t'aimer douce entourée d'enfants fous
Je voudrais t'aimer folle hallucinée d'un dieu
Je voudrais t'aimer sainte annonçant Christ aux loups
Je voudrais t'aimer sage auprès d'un chien très vieux

Je voudrais t'aimer pauvre et misérable chose
Abandonnée de tous dans l'ordure et le froid
Je voudrais t'aimer seule en ta détresse enclose
Tu ne serais que cri clameur de désarroi

ICH MÖCHTE DICH LIEBEN GRAS VON TRAUM DUFTEND 


 ICH MÖCHTE DICH LIEBEN ABEND DER SICH AUF DIE WIESEN AUSSTRECKT

ICH MÖCHTE DICH LIEBEN SCHLANK UND FRISCH WIE EINE URNE

                                 ICH MÖCHTE DICH LIEBEN REIN IN PALMENLÄNDER

ICH MÖCHTE DICH LIEBEN SCHWARZ UND ROT WIE DAS FEUER

 


AU PAYS DE L'AMOUR

Au pays de tes  yeux la nuit est souveraine
au pays de tes joues des roses brûlent doux
au pays de ta bouche éclosent les baisers
au pays de ta gorge un  cygne resplendit


au pays de tes cuisses la caresse fleurit
au pays de ton sexe un oiseau fait son nid
au pays de ton ventre croît le fruit béni
au pays de tes seins la tendresse irradie

                    IM LAND DEINER AUGEN IST DIE NACHT SOUVERÄN
              IM LAND DEINES MUNDES BLÜHEN DIE KÜSSE
IM LAND DEINES LEIBES WÄCHST DIE GESEGNETE FRUCHT
IM LAND DEINES GESCHLECHTS MACHT EIN VOGEL SEIN NEST
IM LAND DEINER BRUSI LEUCHTET DIE ZÄRTLICHKEIT
           


 GIB MIR DEINE SÜNDEN DASS ICH SIE AUSSCHREIE

                                          GIB MIR DEINEN SCHMERZ DASS  ICH IHN HEULE






COMME DEUX ENFANTS ABANDONNES

Comme deux enfants abandonnés
nous nous cherchons dans la forêt de la vie.
De loin nous nous appelons,
nous nous faisons des signes
comme des enfants égarés.
Nous nous approchons l’un de l’autre
avec nos grands yeux d’inquiétude
et parfois dans la plus lointaine clairière,
nous nous rencontrons et nous nous reconnaissons,
et nos mains se touchent,
et l’herbe des caresses nous enveloppe.
Parfois dans la plus lointaine clairière,
à l’heure la plus silencieuse,
l’âme trouve l’âme,
tendresse ô éclair d’éternité.





                       ENFANTS ÉGARÉS
                                                      AVEC DE GRANDS YEUX D’INQUIÉTUDE
                                   DANS LA PLUS LOINTAINE LA PLUS SECRÈTE CLAIRIÈRE
                              L’HERBE DES CARESSES LES ENVELOPPE
                                          
                                     TENDRESSE Ô ÉCLAIR D’ÉTERNITÉ





Les enfants rêveurs, poètes rimbaldiens, hurlent la haute famine. 
La faim d’amour reste entière. Où est Dieu ? demandent les enfants. 
Et les malins  vaseux leur répondent : ne cherchez pas l’impossible, 
contentez-vous de l’immémoriale routine de non-vie.

LA DÉCLARATION
.

Oui, je le sais bien,
je ne l'ai jamais dit
ces sublimes petits riens
qui illuminent la vie.
Je ne l'ai jamais
clairement,
nettement,
franchement
déclaré
à haute et intelligible voix,
en mots choisis,
en langue de bon aloi,
avec le ton qui convient,
ferveur et gravité,
je n'ai jamais exprimé,
en dépit de tant de tentations avortées
de ma part
et d'expresses demandes
de ta part à toi,
je n'ai jamais osé jusqu'à ce jour
prononcer
à pleine voix,
sans hésitations et sans détours,
ces mots, ces phrases
à la douceur de soie
et auréolés d'extase
si fréquemment articulés
par les bouches humaines,
jamais osé
m'aventurer
à en susurrer,
bégayant,
la moindre syllabe...
Et voici qu'enfin
aujourd'hui,
prenant mon courage à deux mains,
après tant d'années de réserve,
de lèvres closes,
voici que maintenant
peut-être enfin j'ose,
dans un silence aux vastes échos,
faire résonner ces mots
qui chatouillent si délicieusement
les oreilles des femmes et des hommes,
ces mots suaves,
ces mots plus subtils que l'arôme
des plus précieux parfums,
plus brûlants que la lave,
plus limpides
que l'eau des rus rapides,
plus légers que les dansantes ailes
des libellules si frêles...
Vais-je enfin
aujourd'hui
ici maintenant
les chuchoter,
les clamer comme un royal édit
ces vocables vibrants
aux sons heureux
qui en lettres de feu
fulgurent tout le long
de tant de chansons,
de tant de missives
de folle passion...?
Allons-y, osons!
je te déclare que...
Mais tu le sais bien
ce que je veux te déclarer.
Alors pourquoi proférer
ce qui ne peut se dire,
ce qui se vit
dans l'extrême pudeur,
ce feu le plus secret
caché au fond du coeur
et communément nommé
l'amour,
âpre et douce déraison,
l'amour badin au teint de rose
l'amour grave rouge profond.
Et qu'importent à la fin les mots,
pourvu qu'on ait la chose.



                  



TOUT LE JOUR J’AI CHANTE TA BEAUTÉ





Tout le jour j’ai chanté ta beauté sur les places,



Tendresse, mon aimée, ma faim perpétuelle.



Et le soir j’ai crié ton nom sur les terrasses,



Tendresse, mon épouse angélique et charnelle.







Mais la nuit je t’attends dans une chambre nue



Et parfois tu surviens furtive face d’ange



Et parfois je te touche, ô beauté absolue



Avec mes mains de chair et je meurs en louange.






NUIT DES AMANTS

C'est la nuit des amants dans les vastes demeures
où glisse le silence entre les chambres bleues.
La beauté les traverse et sourit au malheur.
C'est la nuit des errants comme un terrible feu.

C'est la nuit d'élégie et c'est la nuit de crime
dans les chambres brûlant du trouble feu d'amour.
La beauté y fleurit en d'étranges abîmes.
C'est la nuit des amants plus pure que le jour.



Es ist die Nacht der Liebenden in weiten Wohnungen
wo die Stille zwischen den blauen Zimmer gleitet
Die Schönheit geht durch ihnen und lächelt dem Elend
Es ist die Nacht der Irrenden wie ein schreckliches Feuer

Es ist die Nacht der Elegien und die Nacht des Verbrechen
in den Zimmern brennend vom trüben Feuer der Liebe
die Schönheit blüht da in seltsamen Abgründe
Es ist die Nacht der Liebenden reiner als den Tag



                                          C'EST LA NUIT DU DÉSIR PLUS NOIRE QUE LA NUIT

                         C' EST LA NUIT DE L'AMOUR  PLUS PROFONDE QUE LA NUIT

LE LIT EST FROID
 le lit est froid
 la nuit fut douce brûlure
 ils frissonnent à la fenêtre du matin
 dehors tombe la neige et ils sont nus



J'AI CONNU DE CES FLEURS ÉTRANGES

J'ai connu de ces fleurs étranges,
la virginale au nom de nonne,
Thérèse de la Croix des saintes fanges,
Thérèse ou Antigone.
Une autre était de feu,
pareille au glaïeul rouge.
Elle avait dans la ténèbre des yeux
des éclairs qui bougent.
Une autre encore, ô foulques
des étangs du souvenir,
frémissante, nue, je bats ma coulpe,
je n'eus pour ses  larmes que rires.
Et celle-là entre alcôves et pelouses,
la frêle fantasque épouse,
qui jamais ne revint.
Je regrettai son air mutin.
J'ai connu le lys et la tulipe,
l'anémone, la primevère.
Etangs de la mémoire, les brumes se
dissipent,
fleurs d'ombre, fleur de chair,
doigts, caresses, pétales,
et ces parfums puissants comme la mer,
et ces grâces de digitales.
Martha de Thuringe,
Evelyne de Bruges,
je me souviens, regards de sphinge,
puretés d'avant déluge
dans de profondes Allemagnes vertes.
Je me souviens... Mina de Fez
dans la chaleur offerte.
J'oubliais la Milanaise,
fleur sombre, chair de lait.
Le vent glissait dans les mélèzes,
j'oubliais...
J'ai connu de ces fleurs étranges
au nom de démones et d'anges.



 OBSCURÉMENT


Obscurément frémit

la forêt fraîche de fange rose

où fulgurent des regards dilatés

entre les feuillages de nuit.

Des corps foudroyés

râlent de sanglants plaisirs

sur les tapis d’humus.

De tendres meurtres comme zéphyrs

murmurent entre les détritus

dans les sous-bois aux myosotis.




DERRIERE LES TERRILS


Le lait des étreintes
noie la ferraille
derrière les terrils.
Bouches qui chuintent.
Battements de cils.
Murmures mordorés
traversés de râles, de brisures.
Roucoulements, tendres carnages.
Des ailes de neige éblouissante
montent à l'assaut du ciel obscur
où rôde l'orage.
La foudre odorante
de bleuité embrase
les corps en extase
couchés dans les fougères
frémissantes de pluie.







CROÎT ARDEMMENT L'HERBE NOIRE

L'herbe noire croît ardemment silencieuse
dans le val du diable
où dansent les filles nues sous la lune brumeuse.
La nuit est infiniment secrète et innombrable
de frôlements et de râles sous les duveteux feuillages.
Les louves rôdent fascinées
près des couples enlacés
sur lesquels se penchent les lys sauvages.





La neige des pétales de roses
ensevelit les corps sanglants
de volupté.



FLEUR DE NUIT
 

fleur sombre

fleur de nuit chaude humide

fleur de feu

de fange

fleur de douce débauche

bouche de chair noire

antre cachée

au milieu des collines de tendresse

trou rouge où s’engouffre

la rage âpre de jouir
 

DUNKLE BLUME
BLUME DER NACHT
HEISSE FEUCHTE NACHT
NACHT DER VERBOTENEN LIEBE
IM BLEICHEN LICHT DES BLINDEN MOND

NUIT DES AMOURS INTERDITES
DANS LA BLAFARDE CLARTÉ DE LA LUNE AVEUGLE

MUND VON UNTEN BOUCHE D'EN BAS
MUND DES SCHWARZEN FLEISCH
Ô LUST NACH DIR FLEISCH DER DUNKLEN SÜNDE
Ô DÉSIR DE TOI CHAIR DU SOMBRE PÉCHÉ



LITANIE DE LA CARESSE


FRISCHE LIEBKOSUNGEN WIE TAU DIE DIE ÄNGSTEN IN RUHE BRINGEN

                   SEIDE DER LIEBKOSUNGEN

                                                LIEBKOSUNG DES LICHTES AUF DEM GESICHT DER BETENDE

                 CARESSE DE LA LUMIÈRE SUR LE VISAGE DE L'ORANTE 




 LITANIE DU VAGIN

Gloire à toi vagin
cœur du jouir
motte des suavités
cavité secrète que préserve la virginité
des jeunes filles vêtues de candeur et couronnées de fleurs
Jardin des délices
Mont de Vénus
Sainte vulve
utérus demeure des mystères de la conception et des émois de la gestation
noble vase de vie
vallon de douceur veloutée
vallée velue des vertiges voluptueux
flou triangle sombre derrière la gaze transparente des danseuses
objet des désirs fous des hommes
Buisson ardent
Bouche d'ombre 
Origine du monde de Courbet
Gloire à toi clitoris
Rosebud 
bouton de rose
minuscule bouton de chair de divine sensibilité
à manier avec un tact de haute délicatesse
VIVA LA VULVA

                                      
         BOUTON DE ROSE ENTRE LES LÈVRES CHARNUES DU VAGIN
                                                       ROSEBUD                                
                                                      GÖTTLICHER ROSENKNOSPE    ZWISCHEN DEN LIPPEN DER VAGINA

                                                             HEILIGER ORT DER LUST




VULVE D'OMBRE


toi vulve de catin pourrie toi terre astre de faim

soleil d'abîme toi

dans le sommeil de ta toison noire

croissent les soleils les glaciers les empires

ténébreuse tendresse

gazon vertigineux

les dômes montent et dansent sur ta lassitude.


la mer des prophéties clapote en toi vulve d'ombre


et sous la fourrure des rails trempée de bruine

les rats se vautrent insomniaques

dans la lave des vagins





                                        
vulve val vierge val vertigineux
centre de l'univers que je veux baiser de ma bouche
pénétrer de ma langue
ô violent désir de chair voracité charnelle
folie folie ramper vers la couche de la dormeuse
la découvrir la dénuder lécher le pubis les lèvres vaginales
où poussent les premiers poils
laine d'ombre laine de volupté Wolle der Wollust
manger dévorer la succulente petite colline de chair laiteuse
kleiner Fleischhügel explorer ses replis dans les nuits chaudes
où la faim noire m'assaille
m'étendre sur la rêveuse languissante marmonnante consentante
empoignant mon sexe et le dirigeant vers le lieu d'extase
ô délicieuse pénétration mouvements de suavité de trop de suavité
explosion foudroyante de plaisir
ô nuits de péché nuits de sombres délices
où dans le silence nocturne la livide clarté lunaire
la chair cherche la chair l'étreinte interdite
où les mains les bouches s'approchent tremblantes
de la chose secrète sacrée
la profonde nuit de la fascination sexuelle
l'enfer paradisiaque


ô fegla met der ech well fegla met der Maïdala
ô fegla met der Fleischangala Blüamagschepf so zàrt so geheimnisvoll
fegla gànz freï gànz nàckt
àlles màcha wu verbota esch àlla Senda gega  d Reinheit wia Deïfala
senda met der wàrm fresch harzig Kend wia na Blüam in dim Bed
dü legsch so wunderscheen so rein im Mondliacht
dü schwebsch in dr Melchstross in der geheimnisvoller Fenschternis
gànz nàckt gànz weich üsgstreckt uf da diafa Kessa
wiana làwandigi Lelia tràïmend wàrtend
voll vu dr geheima Luscht Luscht vu Umàrmung
Luscht vu Fleisch Luscht vum fieriga Spàtz
zum liebkosa zum zulla  wiana Frucht a Zuckerfrucht
ô Spàtz Spatzala so hert so weich
ô zulla zulla met dr Zunga met da Leppel liabkosa
ô Fleischwunder
 kumm kumm Biawala met dim Spatzala kumm Deïfala
mr wann senda metnànder in der dunkla heissa Nàcht
kumm hungriga Büa ech well dech zulla ech well dech lacka eweràll bis zum Henter
ja ech kumm mi Angala ech well fegla met der harzig Kend blud Maïdala met dim kleina anga Futz
wiana madeleine met dim fina Breschtla zwei Rosaknoschpa zum zulla zum lacka wia Bumbum
ô jetz kumm i in di Bed un gànz  blud  ohna Angscht ohna Schàm wann mr fegla
mer stricha uns bludd in der wàrma  stella Summernàcht ohna reda versteckt in der Dunkelheit
dü strichsch mina herta Spàtz met dim zàrta Handala met dina fina kleina Fenger met dina Leppel
ô heiligi Nàcht vum  Fegla ô Fascht vum Fleisch vum schwàrza Fier vu dr fenschtra Luscht
ech well dina gànza bludda zàrta Kerwer entdecka met da Hand met dem Mühl met dr Zunga
met dem Spàtz wu schu gànz stiff esch wiana Bangel voll Fier
 mer sen allei im Hüs mer sen gànz allei in dr Nàcht
jetz esch si do d Stunda vum grossa Senda d Stunda vum vruckta wundervolla Fegla
a gànza Nacht well i dech lacka Angalakerwer oï bis zwescha dina Schunka bis ins Arschala
a Kugelhupf esch di Arschala ech well di Arschala liebkosa un lacka
un der züalüaga wia da schisch un brunsch
brunns mr uf der Kopf schiss mr uf dr Büch speï mr ins Mühl Deïfala ohna Schàm
jetz spretzt dr heiliga Sàma im Futz vum Maidala
ô heiligi Nàcht vum Fegla
jetz tànzt dr Spàtz tiaf im Futz im Arschala vum Maidala
Fleisch  àn Fleisch
Zunga àn Zunga
Bruscht àn Bruscht
jetz spretzt dr heiliga Sàma im Leib vum Maidala
ô heiligi Nàcht vu dr Wolluscht
vum schwàrza Senda
d Hell esch Pàràdies dr Pàràdies esch Hell
d Sender sen Angel

so zàrt so làngàm unandlig ô esch dàss güat dàs Lacka dàs Zulla zull mi lack mi ewig Maïdala
un ech oï strich dina kleina Futz so weich wiana Kiachla
mina Zunga lackt  dech ô zàrtes Fetzala
mina Zunga geht diaf inna in der Mühl vu Unta Fleischtàbernàkel 
mer umàrma uns mer schmutza uns Mühl àn Mühl
unsra Zunga süacha sech zwescha da Leppel
ô lànga lànga diafa Schmutz voll Luscht mr frassa uns mer drenka uns
s esch a Abendmàhl vu Zuckerspatzala Mondmelch Starnaàïga  ech ass di Bumbernasala dina Ohra
ech ass gànz làngsàm dini wàchsenda  holda Bruscht wiss un koschtbàr wia Zuckerschnee
dü zullsch mina Spàtz un drenksch sina Sàft wu uf dina Bàka spretzt
ô Maïdala ech well fegla ech well senda met der nàcktes Kend reines fresches Fleisch  
mer sen ang zamma dü fiarsch mi Spàtz zum  heissa hungriga Fetzala
mer vereiniga uns dr Spàtz bewegt sech sanft im nàssa Lechla  ô Hemmelort so zàrt so wàrm
Futz Ort vu dr Luscht Zentrum vum All
ô fegla ô wunderbàri Senda jetz kummts wiana Bletz as spretz ebbis ûsm Spàtz a Sàft voll Starna
ô Exstàsa hemmligi Fraïd Wolluscht Pàràdies as esch àlles Pàràdies  in der
ô Hell vum Fegla heiliga Nàcht vu dr verbotena Liawa dunkla Nàcht vum  ungrundliga Fegla
ech well fegla met der Maïdala met dim Futz voll heiliger Nàcht wiana Tàbernàkel  dü besch mi Angala mi Deïfala bis in d Ewigheit
                                    

ô baiser avec toi je veux pécher avec toi fillette
chaude fraiche fillette comme une fleur dans ton lit
tu es couchée si merveilleuse dans la clarté lunaire
toute nue toute tendre étendue sur tes coussins profonds
comme une vivante fleur liliale pleine de rêve et d'attente
pleine du secret désir désir d'embrassement
désir de chair désir du brûlant pénis

envie de caresser les filles entre les cuisses sous les robes sous les culottes
jusqu'à la fente vertigineuse que cachent les lèvres charnues d'en bas
ô la douceur affolante la tendreté divine de la peau des anges de chair
chair virginale laiteuse soyeuse à caresser à effleurer des lèvres 
la nuit sur les lits défaits éclairés par la lune
ô attirance des jeunes corps lisses dansant nus 
parmi les floraisons printanières le paradis sur terre 
que d'éphémère beauté si précieuse si délicate 
dilapidée à foison par les saisons qui passent



CORPS MENU D’ENFANCE

corps menu d’enfance
d’œillet sauvage d’aubépine
frêle barque de blancheur
où je voudrais dormir
pour l’éternité
je m’imbibe de tendresse
puis
frôlant la laine d’ombre
fauve faible
brasier
rage rouge
je dévore


GAZELLE AUX BLEUITES DE CILS

gazelle aux bleuités de cils
moi le cavalier du désert
je te capture
et je te chevauche
je te bouscule
je t'étreins 
je te danse chamelle docile
je te brûle
je te calcine
je te dévore
je t'adore déesse dorée
nous chevauchons sur les crêtes d’azur des dunes
et dans le brasier d'astres nous nous dissolvons



NYMPHE OFFRANT SON CORPS A LA STRIDENCE DE L'AZUR

nymphe étendue indolente sur la mousse parmi les lézards
offrant ton corps à la stridence de l'azur
blonde beauté laisse le pâtre se repaître de ta douceur de blé
écarte tes genoux parmi les coquelicots
et ouvre l'angle de tes cuisses  aux cris bleus du désir
la joie fulgure quand il soulève la robe
pour blottir son visage dans le nid de chair
où sa bouche déguste la figue frémissante
l'abcès succulent aux odeurs d'urine et de sueur
la chair la chair la chair visqueuse 
qui s'ouvre au vertige délicieux


DANS LA CAVE AU CRAPAUD

le garçon lèche la succulente colline  de lait
entre  les cuisses de miel
des filles qui lèvent haut leur robe bleu-ciel
dans la cave au gros crapaud laid
et puis les filles accroupies pissent
sur la bête que le garçon met au supplice
avec un noir dur bâtonnet


VERS LES LIEUX LES PLUS SECRETS 

la  main avance avec une lenteur subtile vers les lieux les plus secrets
sous les robes fleuries sous les robes légères sous les soies intimes
la main s’aventure le long des cuisses vers le divin vallon de chair 
vers la  fente affolante doigts pénétrant les replis humides
le tabernacle caché des filles s’abandonnant au désir
le feu brûle rouge noir entre les chairs cherchant l’extase suprême
le feu incendie la forêt féerique de la folie d’aimer






OMBRE JE TE HÈLE



Ombre, je te cherche dans les cheveux de la ville quand la pluie a lavé la poussière des grandes avenues.



Ombre, je te poursuis par-delà les gares confuses et les chantiers ardents.



Ombre, je te hèle dans les ruelles aux linges où des enfants dessinent des monstres sur les murs sales.



Dans les longues allées des roseraies, dans les bosquets vibrants d’oiseaux, tu es l’Aimée aux lèvres d’aurore où butine l’ombre.

Et tu danses, légère, sur les terrasses, tu cours sur les houles des blés, sur les floraisons bleues des ténèbres. Rien ne t’arrête, ni la paresse des brumes ni le marbre des façades.




DONNE-MOI

donne-moi ton visage afin que je m'éclaire
donne-moi ta bonté afin que je m'y terre


donne-moi ton royaume afin que je m'y rue
donne-moi ta tendresse afin que je la tue


donne-moi ton eden afin que je m'irise
donne-moi ton venin afin que j'agonise


donne-moi ton parfum afin que je me grise
donne-moi ta chair chaude afin que je m'enlise


donne-moi tes péchés afin que je les crie
donne-moi ta lumière afin que j'irradie


donne-moi ta langueur afin que je m'y baigne
donne-moi ta candeur afin que je la saigne


donne-moi ton désir  afin que je  l'enflamme
donne-moi ton absence afin que je m'affame


donne-moi ta luxure afin que je me damne
donne-moi ta douleur afin que je la clame


donne-moi ta nuit rose afin que je caresse
donne-moi ton aurore afin que je renaisse


donne-moi ton enfance afin que je la sème
donne-moi ton printemps afin que je l'essaime


donne-moi ton été afin que je le brûle
donne-moi ton automne afin que je l'embrume


donne-moi ta forêt afin que je m'égare
donne-moi ta folie afin que je m'en pare


donne-moi ton trésor afin que je l’enchâsse
donne-moi ton nectar afin que je m’en gave
donne-moi ton ciel noir afin que j’y sois foudre
donne-moi ton azur afin de m’y dissoudre 

GIB MIR DEINEN SOMMER DASS ICH IHN VERBRENNE



GIB MIR DEINE SÜNDEN DASS ICH SIE AUSSCHREIE


                                          GIB MIR DEINEN SCHMERZ DASS  ICH IHN HEULE


 les fleurs noires de la folie
flamboient dans les nuits d'infamie

les lys de la concupiscence
hurlent sous les cieux de silence

les sexes brûlent de luxure
entre les candeurs et l'ordure


DANS LA PROFONDE FORÊT  BLEUE

Loin des mornes cités, du béton et de l’asphalte, loin des sinistres maisons de Dieu, de la grisaille quotidienne, loin des usines et des grandes surfaces, loin du monotone turbin,  
les filles rêvent dans la profonde forêt bleue,
corps diaphanes comme des anges derrière les roses sauvages rouges. 
Des muguets fleurissent  dans l’herbe fraîche entre leurs jambes sveltes.
Elles sont nues les filles dans la tiède brise d’été, nymphes aux boucles d’or couronnées de fleurs.
Elles dansent souples lianes et chantent gaiement environnées de papillons.
Les garçons se tiennent nus derrière les arbres et attendent frémissant de désir, de peur, d’impatience dans l’ombre verte, au milieu des orties, de la menthe, des orvets, les mains devant les parties honteuses.
Peu après ils sont couchés nus les enfants innocents, garçons et filles, sur la mousse tendre, flirtant et se bécotant et s’embrassant. 
Maintenant les corps incandescents brûlent chair à chair derrière les roses rouges dans la profonde forêt bleue.
C’est la fête de l’amour corps et âmes.
Les bêtes silencieuses ouvrent de grands yeux étonnés.
Les oiseaux se taisent dans les feuillages où nichent les esprits.
Les plantes et les arbres en profond recueillement silencieux écoutent  crier les êtres d’amour,  gémir et  glousser de joie béatifique, de jouissance charnelle, les possédés de la folie d’aimer.  
C’est le paradis sur terre irradiant de soleil et de volupté.
Maintenant les couples amoureux s’élèvent  lentement en l’air et planent dans le ciel ouvert comme des êtres de lumière loin au-dessus de la canopée.
Ils volent comme des oiseaux au-dessus des prés, des étangs, des rivières et se dissolvent dans le bleu du ciel,
dans la splendeur d’or de l’éternel été.




                                                                         NYMPHES
                                       CORPS D’ANGES DANS LA PROFONDE FORÊT BLEUE
                                                               CHAIRS DE BRUME DORÉE                                                                    
                                                                          FAUNES
                                     CORPS DE GLAISE DEBOUT PARMI LES LYS SAUVAGES
                                                                SEXES TURGESCENTS
                                                DANSE DE FEU EMPORTANT CORPS ET ÂMES
                                                            DANS L’EXTASE AMOUREUSE
                                             SILENCE RECUEILLI DES BÊTES ET DES PLANTES

                                                                                                                              CRIS BLEUS  MAUVES

                            RÂLES  AGONIES DÉLICIEUSES

                                                FEUILLAGES SE DISSOLVANT DANS LA LUMIÈRE

        AZUR TOURBILLONNANT NOIR  
                                                                                                             ÉCLAIRS BLANCS ZÉBRANT L’IMMENSITÉ 


                                                PERTE DANS LA SPLENDEUR D’OR DE L’ÉTERNEL ÉTÉ
                                                                              LUMIÈRE DE DIEU


 


IM DIAFA BLAÏA WALD


Wit vu da Derfer, vu da fenschtra Gotteshieser, vum gràïa Alltàg, gràïa Schufta,

tràïma d Maïdla im diafa blàïa Wàld,

wissa Kerwer wia Angel henter da rota welda Rosa.

Maïblüama bliaïa zwescha da schlànka Bei im frescha Gràs .

Blutt sen d Maïdla im kiahla Summerwend,

Wàldfeea met Blüamakransla uf da blunda Locka.

Si tànza so flenk un senga luschtig vu Schmatterleng umga.

Blutt stehn d Büawa henter da Baïm
un wàrta voll Luscht, Furcht, Ungeduld im griana Schàtta,
medla in da Brennesla, Pfaffermenz, Blendschlichla,

d Hand vor ehra Schàmteila.

Blutt lega jetz d unschuldiga Kender ufm weicha Moos

un schmüsa un schmutza sech un umàrma sech.
Jetz brenna d fieriga Kerwer Leib àn Leib henter da rota Rosa  im diafa blàïa Wàld.

As esch s Fascht vu dr Liawa met Fleisch un Seela.

D stella Diarer lüaga züa met stühnenda Aïga.
D Vegala schwiega im Làïb wu Geischter naschta.
D Pflànza un d Baïm hera àndachtig züa met hocher Rüaïh wia si schreïa, d Liawenda, wia si glucksa un stöhna vor seliger Freid, vor siassem  fleischlichem Genuss, d  Bessassene vum Liaweswàhn.

S esch dr Bàràdies uf dr Arda voll Sunna un Wolluscht.

Jetz erhewa sech làngsàm d Liawesparla in dr Luft

un schwawa wia Liachtgstàlta im ufena Hemmel

hoch ewer d Baïmwepfel.

Si fliaga wia Vegel ewr  Wiesa un Wàsser
un vergehn im Hemmelblàï,
im Goldglànz vum ewiga Summer.


IM TIEFEN BLAUEN WALD 

Weit von den Dörfern, von den finsteren  Gotteshäuser, vom grauen Alltag, vom grauen Schuften 
träumen die Mädchen im blauen tiefen Wald
weisse Körpern wie Engeln hinter den roten wilden Rosen.
Maiblumen blühen zwischen den schlanken Beine im frischen Gras.
Nackt sind die Mädchen im kühlen Sommerwind
Waldfeen mit Blumenkranzen auf den blonden Locken 
Sie tanzen su flink und singen lustig von Schmetterlingen umgeben.
Nackt stehen die Buben hinter der Bäumen.



 ARC-EN-CIEL DE L’AMOUR

Bleu ciel est l’amour au commencement.
Bleu ciel, rose est le rêve d’amour, la grande nostalgie.
Roses et douces les amours enfantines dans la lumière légère du printemps.
Vert, tendrement vert est l’amour au Jardin des délices plein de splendeur, de parfum, de musique.
Pourpre comme le sang et le feu est l’amour.
Rouge est l’amour quand les corps nus s’unissent dans l’extase de la volupté.
Rouge l’amour comme tes  lèvres quand tu manges des fraises et que nous buvons du vin pour fêter notre bonheur.
Noir est l’amour  comme le vagin de la Terre-Mère, mystérieuse Déesse, origine du monde.
Noir est l’amour comme ma femme née à Dakar.
Blanc est l’amour comme la poitrine de la gracieuse jeune vierge, comme le lait de la tendresse humaine.
Jaune or est l’amour comme le soleil resplendissant dans l’excès de vie.
Bleu lavande et odorant est l’amour en été.
Gris est l’amour dans l’absence, dans la jalousie térébrante.
Grise la souffrance quand nous nous perdons l’un l’autre dans le brouillard des jours, dans le néant des nuits.
Rouge est l’amour comme un couteau planté dans mon cœur blessé.
Rouge et noir est l’amour débordant de désir, de passion, de souffrance. 
Blême est l’amour comme la fin de la nuit quand les amants se séparent.
Noire et bleu sombre est la profonde peine d’amour.
Brun est l’amour en automne entre foison des fruits et colchiques de la mélancolie.
Noir est l’amour quand les ténèbres de la mort engloutissent les corps.
Noire, terrassante, est la rupture du bouquet multicolore.
Abyssalement sombre et déchirant l’amour de Dieu en Christ cloué sur la Croix.
Blanc est l’amour quand nous nous aimons en totale chasteté dans la lumière de l’éternité.
Arc-en-ciel multicolore est l’amour quand toutes les créatures peuvent s’aimer librement.
Arc-en-ciel céleste est l’amour infini de toutes les créatures.


     LES ROSES BRÛLENT
            DANS LA NUIT
          

                                          NUIT DU DÉSIR                                          
                                                                           ROSES NOIRES

                                                                                                   SOMBRES ERRANCES CRIMES DE DOUCEUR
                                                       DANS L’INFERNAL PARADIS DE LA CHAIR





REGENBOGEN DER LIEBE

Himmelblau ist die Liebe am Anfang. Himmelblau, rosenrot der Traum nach Liebe, die grosse Sehnsucht.
Rosenrot und sanft die Kinderliebe im leichten Licht des Frühlings.

Grün, zärtlich grün ist die Liebe im Garten der Wonne voll  Pracht, Parfüm, Musik.

Purpurrot wie Blut und Feuer ist die Liebe.

Rot die Liebe wenn die nackten Körper sich vereinigen in der Ekstase der Wollust.

Rot die Liebe  wie deine Lippen wenn Du Erdbeeren isst und wir Wein trinken um unseres Glück zu feiern.

Schwarz ist die Liebe wie die Vagina der Mutter-Erde, geheimnisvolle Göttin, Ursprung der Menschheit.

Schwarz  die Liebe wie meine Frau in Dakar geboren.

Weiss ist die Liebe wie die Brust der holden Jungfrau, wie die Milch der menschlichen Zärtlichkeit.

Gelb ist die Liebe wie strahlende Sonne im Überfluss des Lebens.

Lavandelblau und duftend ist die Liebe im Sommer.

Grau ist die Liebe in der Abwesenheit, im bohrenden Neid. Grau der Schmerz wenn wir uns verlieren im Nebel der Tage, im Nichts der Nächte.

Rot ist die Liebe wie ein Messer in meinem wunden Herz.

Rot und schwarz ist die Liebe voll Lust, Leidenschaft und Schmerz.

Bleich ist die Liebe wie das Ende der Nacht wenn die Liebenden sich trennen.

Schwarz und dunkelblau ist der tiefe Schmerz der Liebe.

Braun ist die Liebe im Herbst, zwischen Fülle der Früchte und Herbstzeitlosen der Melancholie.

Schwarz ist die Liebe wenn die Finsternis des Todes die Körper verschlingt.

Schwarz, niederschmetternd, das Zerreisen des bunten Blumenstrauss.

Schwarz die Liebe Gottes in Christus ans Kreuz genagelt.

Weiss ist die Liebe wenn wir uns lieben wie Engel ganz keusch im Licht der Ewigkeit.

Vielfarbiger Regenbogen ist die Liebe wenn sich alle Geschöpfe in Freiheit lieben können.
Himmlischer Regenbogen ist die unendliche Liebe aller Geschöpfe.    





                                                    TENDREMENT VERT L’AMOUR
PARADIS DE BLEUITE
                                               ROUGE SANG
                                                                                  ROUGE FEU L’AMOUR
                              BRASIER DES CHAIRS

                     ROUGE FRAISE LES LÈVRES
                                                                 ROUGE VIN L’IVRESSE D’AIMER

NOIR L’AMOUR NUIT DU VAGIN ORIGINEL
                                           
                                            ROUGE L’AMOUR PLAIE SAIGNANTE
                                ROUGE POURPRE LA FOLIE D’AIMER  

                                                   ROUGE NOIR LE TOURMENT D’AIMER
PÂLES LES AMANTS AU BOUT DES NUITS BLANCHES
                                     QUAND LE JOUR BLÊMIT DERRIÈRE LES RIDEAUX

                        BLEU VIOLET LA MÉLANCOLIE D’AMOUR

                                          LA TENDRE TRISTESSE DE LA NOSTALGIE
COLCHIQUES FEUILLES MORTES DU SOUVENIR

                                        NOIR L’AMOUR LA MORT
                        CATAFALQUES DES AMOURS DÉFUNTES
                  ROUGES NOIRES LES CLAMEURS  DE DÉSESPOIR
                     LES JOURS DE DEUIL LES JOURS DE MALHEUR
                 BLÊMES LES SPECTRES DES AMANTES DISPARUES

             BLANC L’AMOUR ANGÉLIQUE DANS LA LUMIÈRE DIVINE
                         ORGIES DE CHASTETE EXTASES LUMINEUSES

                                         ARC-EN-CIEL MULTICOLORE
                                                 LE LIBRE AMOUR
                             CELESTE ARC-EN-CIEL L’INFINI AMOUR
                                    DIEU EN TOUTES LES CREATURES


    HAUT CHANT DU TOTAL AMOUR
 TENDREMENT VERT L’AMOUR
                                                                                        SANFT GRÜN DIE LIEBE
PARADIS DE BLEUITÉ
                                               ROUGE SANG 
  BLUTROT
                                                                                  ROUGE FEU L’AMOUR
                                                 FEUERROT DIE LIEBE
                              BRASIER DES CHAIRS BRAND DER LEIBER
                     ROUGE FRAISE LES LÈVRES 
   ERDBEERENROT DIE LIPPEN
                                                                 ROUGE VIN L’IVRESSE D’AIMER WEINROT DIE BETRUNKENHEIT DES LIEBEN
             NOIR L’AMOUR NUIT DU VAGIN ORIGINEL SCHWARZ DIE LIEBE NACHT DER URSPRÜNGLICHEN VAGINA                                           
                                            ROUGE L’AMOUR PLAIE SAIGNANTE
        ROT DIE LIEBE BLUTENDE WUNDE
                                ROUGE POURPRE LA FOLIE D’AIMER  PURPURROT DER WAHNSINN DES LIEBEN
                                                   ROUGE NOIR LE TOURMENT D’AIMER  
ROT SCHWARZ DER SCHMERZ VOM LIEBEN
PÂLES LES AMANTS AU BOUT DES NUITS BLANCHES
                                     QUAND LE JOUR BLÊMIT 
               DERRIÈRE LES RIDEAUX  DE LA CHAMBRE NUE 
                        BLEU VIOLET LA MÉLANCOLIE D’AMOUR
                                          LA TENDRE TRISTESSE DE LA NOSTALGIE
COLCHIQUES FEUILLES MORTES DU SOUVENIR
                                        NOIRS L’AMOUR LA MORT schwàrz d Liawa dr Tod
                        CATAFALQUES DES AMOURS DÉFUNTES
                  ROUGES NOIRES LES CLAMEURS  DE DÉSESPOIR 
ROT SCHWARZ DIE HOFFNUNGSLOSEN SCHREIE
                     LES JOURS DE DEUIL LES JOURS DE MALHEUR
                 BLÊMES LES SPECTRES DES AMANTES DISPARUES
              BLANC L’AMOUR ANGÉLIQUE DANS LA LUMIÈRE DIVINE
                WEISS DIE ENGELHAFTE LIEBE IM GÖTTLICHEN LICHT
                         ORGIES DE CHASTETÉ EXTASES LUMINEUSES
                                          ARC-EN-CIEL MULTICOLORE
                                                 LE LIBRE AMOUR
                     VIELFARBIGER REGENBOGEN DIE FREIE LIEBE
                             CÉLESTE ARC-EN-CIEL L’INFINI AMOUR
                HIMMLISCHER REGENBOGEN DIE UNENDLISCHE LIEBE
                                    DIEU EN TOUTES LES CRÉATURES

Mon amant est pour moi un sachet de myrrhe,
Entre mes seins il passera la nuit…
 (Bible, Chant des Chants)        




Dieu est en moi le feu
feu de vie
feu de désir
feu de tendresse
feu de douceur
feu d’amour
feu de compassion
feu de charité
feu de pardon
feu de foi
feu d’espérance
feu qui flambe sans consumer
feu qui illumine sans éblouir
feu qui réchauffe sans brûler
feu de beauté
feu de justice
feu de vérité
feu secret au plus intime de l’intime
feu qui s’allume du dedans
si tu meurs à toute passion du dehors
si tu te détournes du feu de destruction qui brûle le monde






LOVE

Love-toi langoureuse
dans les méandres de mon âme
ensorcelante diablesse 
mon âme en détresse
a faim de ton amour
faim de tes caresses
bête de velours
aux gestes de soie
love-toi
dans les failles de mon âme
danse comme une flamme
serpentine féline femme 
autour du trou noir
de mon désespoir
ton ardente douceur me sauve
quand lentement tu te loves
chaude et calme
au fond de l'alcôve
de mon âme 




CANTIQUE DES CANTIQUES DE L'AMOUR TOTAL
HOHELIED DER GANZEN LIEBE
HOCHLIAD VU DR GANZA LIAWA

(Poésie trilingue)

LA DÉCLARATION

Oui, je le sais bien,
je ne l'ai jamais dit
ces sublimes petits riens
qui illuminent la vie.
Je ne l'ai jamais
clairement,
nettement,
franchement
déclaré
à haute et intelligible voix,
en mots choisis,
en langue de bon aloi,
avec le ton qui convient,
ferveur et gravité,

profondeur et légèreté,
je n'ai jamais exprimé,
en dépit de tant de tentatives avortées
de ma part
et d'expresses demandes
de ta part à toi,
je n'ai jamais osé jusqu'à ce jour
prononcer
à pleine voix,
sans hésitations et sans détours,
ces mots, ces phrases
à la douceur de soie
et auréolés d'extase
si fréquemment articulés
par les bouches humaines,
jamais osé
m'aventurer
à en susurrer,
bégayant,
la moindre syllabe...
Et voici qu'enfin
aujourd'hui,
prenant mon courage à deux mains,
après tant d'années de réserve,
de lèvres closes,
voici que maintenant
peut-être enfin j'ose,
dans un silence aux vastes échos,
faire résonner ces mots
qui chatouillent si délicieusement
les oreilles des femmes et des hommes,
ces mots suaves,
ces mots plus subtils que l'arôme
des plus précieux parfums,
plus brûlants que la lave,
plus limpides
que l'eau des rus rapides,
plus légers que les dansantes ailes
des libellules si frêles...
Vais-je enfin
aujourd'hui
ici maintenant
les chuchoter,
les clamer comme un royal édit
ces vocables vibrants
aux sons heureux
qui en lettres de feu
fulgurent tout le long
de tant de chansons,
de tant de missives
de folle passion...?
Allons-y, osons!
je te déclare que...
Mais tu le sais bien
ce que je veux te déclarer.
Alors pourquoi proférer
ce qui ne peut se dire,
ce qui se vit
dans l'extrême pudeur,
ce feu le plus secret
caché au fond du cœur
et communément nommé
l'amour,
âpre et douce déraison,

l'amour badin au teint de rose
l'amour grave rouge profond.
Et qu'importent à la fin les mots,
pourvu qu'on ait la chose.
 


diese Wörter diese Sätze
mit Seiden-Sanftheit
dieses geheimstes Feuer
                                                  

 
Notre cœur ne peut se contenter d’un amour fini. Tout amour veut l’infini. Tout désir est au fond désir de l’absolu, désir du divin.     
*.;                                                     
Unser Herz kann sich nicht begnügen mit endlicher Liebe. Jede Liebe will Unendlichkeit. Jede Lust ist im Grund Lust des Absoluten, Lust des Göttlichen.


Chaque personne voudrait être aimée sans réserve et pardonne difficilement à l’autre de ne pas la gratifier de ce total amour. Ce faisant, on devient soi-même un mal-aimant, incapable d'aimer pleinement.
*                                                                          *
Se dénuder et s'ouvrir sans réserve au don de l'Amour. Rien d'autre à faire. Se dénuder et laisser naître. Se dépouiller de toute Pensée sur l'existence sans exception et laisser naître.

DISTIQUES

entre nu(e) dans la nuit et danse avec ton ombre
à travers la ténèbre illumination sombre


nackt tritt ein in die Nacht und tanze mit deinem Schatten
durch die Finsternis dunkle Erleuchtung
  


AU PAYS DE L'ABSENCE                                       


  Ich wohnte lang

                                                               IM LAND DER ABWESENHEIT

wartend auf das Kommen eines Wesens von Schönheit 

Und ich starb vor Durst nach Wasser von Reinheit

                                                                                                  Und ich starb vor Hunger                                   

                                                                                   nach  Brot der Nacktheit


J'ai longtemps séjourné au pays de l'absence,
attendant la venue d'un être de beauté.
La nuit, me harcelait la horde des démences
et je mourais de soif d'une eau de pureté.

Et je mourais de faim du pain de nudité
dans des pays fermés aux souffles de l'amour.
De grisaille et de suie j'étais environné,
ne sachant retrouver le chemin du retour.

Le chemin du retour vers la simplicité,
la difficile et haute enfance reconquise.
Et je mourais d'attente en des déserts brûlés
quand s'éleva la voix enfantine et exquise.


Der Weg zurück zur Einfachheit


Und ich starb von Warten in verbrennten Wüsten
als sich erhob die kindliche feine Stimme


NUIT DES AMANTS

C'est la nuit des amants dans les vastes demeures
où glisse le silence entre les chambres bleues.
La beauté les traverse et sourit au malheur.
C'est la nuit des errants comme un terrible feu.

C'est la nuit d'élégie et c'est la nuit de crime
dans les chambres brûlant du trouble feu d'amour.
La beauté y fleurit en d'étranges abîmes.
C'est la nuit des amants plus pure que le jour.



 NACHT DER LIEBENDEN

Es ist die Nacht der Liebenden in weiten Wohnungen

Es ist die Nacht der Irrenden wie ein schreckliches Feuer

Es ist die Nacht der Elegien und es ist die Nacht des Verbrechen

Es ist die Nacht der Liebenden reiner als den Tag

D'NACHT VU DA LIAWENDA




                                                                         NYMPHES
                                       CORPS D’ANGES DANS LA PROFONDE FORÊT BLEUE
                                                               CHAIRS DE BRUME DORÉE                                                                    
                                                                          FAUNES
                                     CORPS DE GLAISE DEBOUT PARMI LES LYS SAUVAGES
                                                                SEXES TURGESCENTS
                                                DANSE DE FEU EMPORTANT CORPS ET ÂMES 

NYMPHEN ENGELKÖRPER IM TIEFEN BLAUEN WALD FLEISCH VON GOLDIGEM NEBEL 

                             FAUNEN LEIMKÖRPER MITTEN IN DEN WILDEN LILIEN STEHEND

                                          FEUERTANZ KÖRPER UND SEELEN UMSCHLINGEND
                                                            DANS L’EXTASE AMOUREUSE
                                             SILENCE RECUEILLI DES BÊTES ET DES PLANTES


SUAVE

Suave
la voix de la nymphe
près du pylône rongé de rouille.
Un crapaud de sa bave
souille
la mousse où s'agenouille
le jeune faune amoureux.




Sanft die Stimme der Nymphe
beim Mast  von Rost gefressen

LORELEI LORELEI

Où que j'aille
Lorelei Lorelei
j'entends ta voix
ta voix de brume et de soie
Lorelei Lorelei
où que j'aille
j'entends ta voix
ton étrange voix
Lorelei Lorelei
ta voix ensorcelante
de légende d'autrefois


LORELEI LORELEI
wohin ich gehe
Lorelei Lorelei
höre ich deine Stimme
deine Stimme von Nebel und Seide 
Lorelei Lorelei
wohin ich gehe
höre ich deine Stimme
deine seltsame Stimme
Lorelei Lorelei
deine bezaubernde Stimme
von Sagen alter Zeiten




L'amout total, c'est l'incarnation du Verbe à travers  tout le corps, à travers tous les sens, à travers toutes les réalités, la libido transcendant toute la Création en Royaume de Dieu. 


Die totale Liebe, das ist die Einfleiscung des Wortes durch den ganzen Körper, durch alle Sinne, durch alle Wirklichkeiten, die Liebeskraft die ganze Schöpfung in Gottesreich erhebend.




GLAIVE  INCANDESCENT
Des astres ensanglantés d'infini
traversent la subtile broderie des tendresses
sous les tonnelles s'emplissant d'ombre
et sur une branche enrobée de nuit
un oiseau saigne d'un chant
si vertigineux de douceur
que l'amante défaille
de beauté.
Oh! que s'ouvre ton cœur
à la sombre allégresse
brûlant les  mondes et ton visage
fendu comme un fruit
par l'éclair de l'amour!
Oh! que fulgure la joie ténébreuse
entre les cuisses -
Dieu,  glaive incandescent!



BRENNENDER SCHWERT

ein Vogel blutet von einem Gesang
so schwindlig von Sanftheit

O dass sich öffnet dein Herz
dem finsteren Jubel
O dass die dunkle Freude blitzt
zwischen den Schenkel,
Gott, brennendes Schwert.

 

DANS LES LITS D’ÉCLATANTE VERDURE
ta pâleur soyeuse
dans les lits d’éclatante verdure
crucifiée
tu cèdes
la sève inonde tes entrailles
l’aurore achève nos corps

IN DEN BETTEN VON HELLEM LAUB

deine seidige Bleichheit
in den Betten von hellem Laub
gekreutzigt gibst du nach


der Saft überschwemmt dein Schoss
das Morgenrot beendet unsere Körper 



VIVRE COURONNÉ D'ORAGES DE ROSES

Leben gekrönt von Rosengewitter



vulnérables visages

piétinés de ténèbre

corps renversés

dans les gouffres de la volupté bleue

au sommet des collines

                                                                       GOUFFRES DE LA VOLUPTÉ BLEUE 

morsures d’azur sous les seins dans les cous sur les ventres bombés au-dessus du pubis

glaives de gloire jaillissant dans l'orgie dans les orages de lubricités

remuant le chaud fumier odorant des hanches molles des fesses des ventres 

                                                                                     MORSURES D’AZUR 

                                    AZURBISSE UNTER DER BRÜSTEN


 ABGRÜNDE DER BLAUEN WOLLUST AM GIPFEL DER HÜGEL                                                        
   
ABSENCE

Un jour je ne serai plus là
et les glaces reflèteront le vide des pièces
de la maison que tu n'habitas jamais dans les laisses
des jours lointains dont tu ne respiras pas
l'odeur à travers le tranquille jardin aux ifs
où la pluie tombe silencieusement
entre les arbres méditatifs
et derrière une vitre rêvera le visage
que je cherchai fiévreusement
au bord de mes errances

sans l'approcher jamais
dans ma rage de folle aimance.







L'AMOUR EST IMPOSSIBLE

L'amour est impossible, impossible, impossible,
ô ma nocturne sœur, jamais l'âme n'aborde.
L'amour n'est que famine et feu inextinguible,
chemin de nostalgie jusqu'au cœur de la mort.





DIE LIEBE IST UNMÖGLICH UNMÖGLICH UNMÖGLICH
DIE LIEBE IST NUR HUNGER
WEG DER SEHNSUCHT BIS INS HERZ DES TODES 




SCHEINEST DU AUCH TOTEN DU GOLDNES

Des blindés passent avec fracas dans les rues.
Des gravats tombent sur les épaules des amants s'enlaçant dans une maison en ruines. Leurs mains se tressent. Leurs lèvres se touchent.
Une voix vocifère: AUF MACHEN!

Ils avancent, ils chantent avançant entre deux haies de soldats brandissant des mitraillettes.
Ils s'agenouillent sur le parvis de la cathédrale.  Les chars les entourent, les canons tonnent, les cloches hurlent.

Un oiseau picore des miettes près d'eux. Leurs doigts se nouent, leurs lèvres se frôlent.
LICHT DER LIEBE! SCHEINEST DU DENN AUCH TOTEN, DU GOLDNES?

La ville brûle. Les façades  s'effondrent et, béante, la cathédrale hurle de toutes ses orgues, de tous ses chœurs.
Leurs lèvres se joignent tandis qu'à coups de crosses, qu'à coups de bottes
SCHEINEST DU AUCH TOTEN DU GOLDNES?








JUSQU'À CE QUE LA NUIT SE DÉCHIRE

Les demeures d'ombre
se dressent nues
dans les lointains automnes.
La pluie ruisselle drue
sur les carreaux noirs
où grimacent les visages de la peur,
spectres qui se lèvent
des lits  d'amour et de mort
et qui dansent masqués
autour des tables chargées
de chairs sanglantes
et qui hurlent la folie
sur les terrasses
jusqu'à ce que la nuit
se déchire de pitié

 

SEIGNEUR, CONSOLE LES AMANTS



Seigneur, console les amants
qui se sont trouvés
pour se perdre.
Seigneur, console l'aimée
dans sa solitude
et l'amant qui sombre dans l'hébétude
après la danse avec les démons ardents.
Seigneur, console ceux qui se sont aimés,
ceux qui se sont dévorés
et qui crient de faim
sur les lits défaits.
Seigneur, console les corps saccagés,
les corps livrés aux méandres
des gris enlisements.
Seigneur, console les corps des amants
dans la nuit de cendre.



L’APPEL SAUVAGE

Tu ouvres la porte
et je te vois saigner
comme de la viande
devant la table noire.
Tu ouvres ta robe
et tu jettes un appel sauvage.
Tu ouvres ton corps de fange
et je hume
l’odeur de la mort.

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