INCANTATIONS DE LA NUIT SPIRITUELLE
"ET POURTANT NOUS DEVRONS DIRE ADIEU A LA TERRE,
EFFACER DE NOS YEUX LE VISAGE DES ÊTRES,
OUBLIER JUSQU'AU CIEL POUR APPRENDRE LA NUIT."
(VIGEE)
"SEUL, SANS RECOURS, IL FAUT FERMER LES YEUX
ET TOUT AU FOND DU NOIR CREUSER VERS DIEU."(DADELSEN)
ENFANCE EN MAINS DIVINES
enfance en mains divines
libre encore des mots
de l’abîme des mots
ô suave inscience
force fragile et tendre
Dieu l’immédiat étincelait
dans la pure goutte au creux des
feuilles
Alors j'ai obéi à ton obscure injonction.
Je me suis mis en route dans ma ténèbre,
et un à un mes vêtements ont chu sur le sol.
A l'aurore j'avançais nu vers ta gloire et
le cimeterre de ton éclat m'a transpercé.
Le corps vêtu de ma seule âme
à toi je me livre
splendeur.
Mes crimes ont creusé le lit
où maintenant se rue cette eau d'ébène
et d'or, ce fleuve d'astres et d'ardeur.
Au plus profond de mon puits de solitude,
sous ma bourbe immonde,
je redécouvre la nappe d'amour, la lave
éternelle qui dort au centre de l'être.
Bête de nudité et de lumière,
nous chérirons même la mort,
par-dessus tout la mort,
qui nous arrachera le travesti ultime
et nous affrontera au terrible diamant de l'opaque.
Savoir patent: que nous sommes nus,
nus jusqu'au sexe comme l'enfant,
et que rien ne protège contre le froid de mort.
Tous, oripeaux de mascarade,
habits de faux rois, de clowns.
Douceurs mensongères.
Mais aussi, à clamer, ce désir
qui ne peut se dire.
Bête de Nudité et de Lumière
Alors j'ai obéi à ton obscure injonction.
Je me suis mis en route dans ma ténèbre,
et un à un mes vêtements ont chu sur le sol.
A l'aurore j'avançais nu vers ta gloire et
le cimeterre de ton éclat m'a transpercé.
Le corps vêtu de ma seule âme
à toi je me livre
splendeur.
Mes crimes ont creusé le lit
où maintenant se rue cette eau d'ébène
et d'or, ce fleuve d'astres et d'ardeur.
Au plus profond de mon puits de solitude,
sous ma bourbe immonde,
je redécouvre la nappe d'amour, la lave
éternelle qui dort au centre de l'être.
Bête de nudité et de lumière,
nous chérirons même la mort,
par-dessus tout la mort,
qui nous arrachera le travesti ultime
et nous affrontera au terrible diamant de l'opaque.
Savoir patent: que nous sommes nus,
nus jusqu'au sexe comme l'enfant,
et que rien ne protège contre le froid de mort.
Tous, oripeaux de mascarade,
habits de faux rois, de clowns.
Douceurs mensongères.
Mais aussi, à clamer, ce désir
qui ne peut se dire.
AU PAYS DE L'ABSENCE
J'ai longtemps séjourné au pays de l'absence,
attendant la venue d'un être de beauté.
La nuit, me harcelait la horde des démences
et je mourais de soif d'une eau de pureté.
Et je mourais de faim du pain de nudité
dans des pays fermés aux souffles de l'amour.
De grisaille et de suie j'étais environné,
ne sachant retrouver le chemin du retour.
Le chemin du retour vers la simplicité,
la difficile et haute enfance reconquise.
Et je mourais d'attente en des déserts brûlés
quand s'éleva la voix enfantine et exquise.
JE MOURAIS DE SOIF D'UNE EAU DE PURETÉ
JE MOURAIS DE FAIM DU PAIN DE NUDITÉ
ENTRE VERTIGE ET MORT
Habitat froid où pourrissent mes ailes afin que vide
je revive à l'occident des herbes.
Désert des corps glacés
où traînent
hagards
mes visages perdus.
Je me lève
et les ombres me cernent
comme l'enfant qu'assaillent les cauchemars de la nuit.
Matin frêle sur les vitres qui cèdent aux souffles des aubes.
Alors
brusque je
déplie mes organes
et
aux outres tente de boire
OSCILLANT ENTRE VERTIGE ET MORT.
La rose est une rose,
beauté sans pourquoi.
Et toi,
qu’es-tu?
Tu n’es rien.
Tu n’es rien
qu’éternelle quête.
NUR A AÏGABLECK
Nur a
Aïgableck
sahn mr d
Ardapràcht.
Nur a Aïgableck
empfenda mr s
Lawafiawer.
O heimliga Arda,
a so unheimlig
Geheimnis.
Nur a Aïgableck
Unsr Lawa.
A làwandiga Frog
sen mr.
Un mr schlofa un tràjma
un sahn Gott net
in jeder Blüam,
VISIONS D'IDOLES
Funèbres visions sorties d'antiques nuits,
Elles vinrent à moi, pas à pas, silencieuses;
Elles vinrent, passions sublimes, ténébreuses,
Tristes dieux ancestraux par le passé détruits.
C'étaient les dieux déchus, ombres marchant sans bruits.
Ils venaient, affamés, des tombes mystérieuses.
Et, muets, se serraient dans des marches fiévreuses,
Fantômes terrifiants sur mes chemins conduits.
Fictions, produits spectraux des ères reculées,
Dieux de Delphes, d'Angkor, Babylones passées,
Peuples olympiens, meutes de Walhalla!
Dieux sombres de l'Eddas, idoles gangétiques,
Rêves puissants, obscurs, illusions mystiques
QU'AU-DESSUS D'UN MONT CHAUVE UNE OMBRE TERRASSA!
PSAUME
dans les cathédrales exultantes de joie
éclatent les orgues
des colombes de douceur
survolent les candélabres
traversant diaphanes les nuées d'encens
et se perdant dans la lumière des vitraux
qui vibrent d'allégresse dorée
LA VOIE LACTÉE
Pèlerinage 2017 à
Lourdes/Santiago de Compostelle/Fatima/Tolède/Basilique du Pilar(Saragosse)/Montserrat(la Vierge noire)/Sagrada Familia (Barcelone)
Cheminer. Il faut cheminer. La vie est un cheminement. La vie est un pèlerinage.
On est dans la nuit à Rixheim. On est dans la nuit à Wittelsheim.
Chaque humain dans sa nuit marche vers la lumière.
Pèlerinage immense la Création entière.
Nous roulons vers le Sud, nous allons vers la lumière.
Nous cheminons la nuit sous la voie lactée, la voie des étoiles, la voie de lait.
Nous cheminons la nuit à Lourdes avec les pèlerins porteurs de flambeaux par milliers.
L’Ostensoir brille d’un éclat divin dans la basilique souterraine.
Lumière de l’Eucharistie, festin de Dieu, pain et vin de la Vie.
Toute la
chrétienté pérégrine sur les chemins de Compostelle vers St Jacques à Santiago
au fin fond de l’Espagne.
Voie
lactée sillonnant à travers toute
l’Europe comme un système artériel.
Ils boivent
le lait de la Foi, les pèlerins à la coquille St Jacques.
Chaque
humain dans sa nuit marche vers la lumière.
Pèlerinage
immense la Création entière.
A Batalha
dans la chapelle à ciel ouvert l’azur se déverse librement sur nos têtes.
Lourdes,
Compostelle, Fatima, voie lactée de Marie,
Mère de
Dieu apparue à Bernadette, à Lucia,
Hyacinta, Francesco.
Marie
apparait aux enfants, aux plus pauvres, aux plus faibles, non aux savants, aux
riches, aux puissants.
Marie,
Maris Stella, Étoile de la mer, les pénitents à genoux avancent dans ta
maternelle lumière vers le Pardon.
La nuit la
Procession aux cierges est une marée humaine avec en tête la Croix du Christ,
avec les bannières et la Vierge portée haut au-dessus du flot des orants.
Tolède. Le
Christ du Greco étend ses bras de crucifié.
Saint Jean
de la Croix traverse la Nuit spirituelle.
Thérèse d’Avila
est transpercée de lumière.
Saragosse,
Montserrat. La voie mariale toujours recommencée, la grande voie lactée de
Marie Mère de Dieu.
Marie,
Joseph, Jésus : la Sainte Famille, Sagrada Familia glorifiée par Gaudi à
Barcelone.
L’humanité
dans la nuit édifie l’Église invisible de la Grande Famille humaine,
le Christ
charité pour tous les hommes,
le Christ
nu dépouillé de toutes les vaines apparences,
règne de l’Esprit
d’enfance.
Chaque
humain dans sa nuit marche vers la lumière.
Pèlerinage
immense la Création entière.
PRIÈRE
Oui Seigneur j'ai erré,
j'ai erré dans des contrées de fange.
J'ai brûlé du feu noir des désirs insensés.
J'ai traversé l'enfer des hantises cachées.
Mon âme a soif, soif de vérité,
soif de sereine lumière,
de beauté printanière.
Seigneur délivre-moi du mal,
délivre-moi de la folie immonde
et abreuve mon âme de l'eau lustrale,
de l'eau de pureté,
du breuvage de ta grâce féconde.
PSAUME DE LA PLUS HAUTE FOLIE
Seigneur,
me voici,
nu devant Toi.
Me voici nu,
approchant de la nuit.
Me voici face à la nuit
et je n'ai rien fait de ma vie.
Perdu ma vie
en stupidités, indignités,
doutes, veuleries,
folies.
Me voici
les mains vides
au bout des quêtes fiévreuses,
au bout des sentes tortueuses,
aussi nu,
aussi perdu
qu'un enfant,
rien que blessure béante,
rien que faim, infiniment.
Seigneur,
me voici,
nu devant Toi.
Emplis-moi de la plus folle folie,
la folie de la foi.
SOIS CRI MAINTENANT
Sois cri
maintenant
au cœur de ta sauvage réserve.
Sois cri,
cri abrupt silencieux
dans la nuit de Dieu
et attends,
attends
nu dans l'âpre,
dans l'obscur
sans chemin,
attends
le tendre éclair,
la grâce.
DANS L'OBSCUR SANS CHEMIN
ATTENDS LE TENDRE ÉCLAIR
LA GRÂCE
"J'ATTENDS DIEU AVEC GOURMANDISE."
(RIMBAUD)
LE SOUFFLE DE DIEU
Le souffle de Dieu,
c'est cette brise légère
qui parfois se lève
quand s'interrompent le bruit et la fureur,
quand se taisent les bavardages
et que le silence soudain se déploie
des coeurs méditatifs
jusqu'à la lumière d'ailes de neige
là-bas par-delà les cimes.
Alors au plus secret de chaque orant
frémit le tendre murmure de Dieu
et son feu frais irradie à travers les visages.
Et comme une immense caresse
le ciel touche la terre,
vivifiant tout être
qui s'offre au plus profond Respir.
VISAGE D’ANGE
J’ai de mes
mains touché le visage d’un ange.
C’était un
jour d’été dans une chambre nue.
Moi qui
avais erré dans des contrées de fange,
J’ai trouvé
ton visage et je l’ai reconnu.
PARFOIS AUX ABORDS DE L' ÉTERNITÉ
Parfois
aux abords de l'éternité,
le silence s'enflamme
en torsades de beauté
autour de la méditation de l'âme,
neige de tendre verdure
que la lumière enrobe
et que frôle le duvet d'ailes lisses
aux mystérieuses striures;
vallonnements d'aube
où des déclivités de délice
douent les doigts
du subtil savoir de joie.
L’ÂME LA NEIGE
La fenêtre s'entrouvre
sur l'âme ,
ciel traversé
d'arbres pâles.
Un visage s'incline
près de la croisée
et regarde la neige du soir
qui soudain s'illumine
de bleu jusqu'aux collines
silencieuses là-bas
dans le plus secret de la mémoire.
LE DIEU NAISSANT
PARFOIS AUX ABORDS DE L' ÉTERNITÉ
Parfois
aux abords de l'éternité,
le silence s'enflamme
en torsades de beauté
autour de la méditation de l'âme,
neige de tendre verdure
que la lumière enrobe
et que frôle le duvet d'ailes lisses
aux mystérieuses striures;
vallonnements d'aube
où des déclivités de délice
douent les doigts
du subtil savoir de joie.
L’ÂME LA NEIGE
La fenêtre s'entrouvre
sur l'âme ,
ciel traversé
d'arbres pâles.
Un visage s'incline
près de la croisée
et regarde la neige du soir
qui soudain s'illumine
de bleu jusqu'aux collines
silencieuses là-bas
dans le plus secret de la mémoire.
si l'homme se
voyait
erratique
miraculeux
s'il voyait
l'univers
trou effrayant et
fleuri
il ne ferait
qu'aimer
aimer
et clamer l'hymne
NOUS VOICI SEULS DEVANT LE CIEL NU
Plaine, ô pur sentiment de mortel, neige nuptiale d'une heure de vie.
Que le froid encore s'aiguise!
Qu'il brûle!
Dureté, douceur absolue de Dieu.
Nous nous déchirions entre l'azur et la glaise. Et voici que la neige nous enseigne la tendre, la terrible lucidité de la terre.
Voici Dieu : aimer la terre hiémale.
A L'ENFANT DE LUMIÈRE
Me voici
dans mes caves d'ombre
offert aux frôlements de l'aile éternité.
En moi l'amande d'amour s'éveille
parmi racines ivres et ronces.
Ô tâche terrifiante!
Tout anxieux devant le faix à porter,
devant la mort crucifiante et l'énigme,
je suis là, ouvert, à attendre,
à attendre qu'à travers moi tu renaisses,
à attendre la suite de mes jours et leur terme dans ta transparence.
Le vent gémit et tourmente les branches.
Le froid sagitté cerne les abris et les nids.
La nuit écrase et crie.
J’attends.
Et tout attend, balbutiant son désir indicible.
J'attends et n'entends plus que mon silence tendu,
et les neiges de la nuit attentive,
et les cloches lointaines contre le ciel
fêtant le ferme et frêle espoir
d'un miracle de rose sur la tige de Jessé.
Me voici, Enfant,
comme aux saisons naïves
venu vers toi,
parmi bergers et rois,
pâtre éperdu d'un troupeau sans figure,
astres, plantes, bêtes,
âmes et peuples épars se nourrissant de nuit
dans le vertige des millénaires.
Je viens puiser la lumière
d'une humilité nouvelle.
Ô fasse qu'en nos corps inextricables
la terre trouve son visage, sa nudité, son feu.
NOUS VOICI SEULS DEVANT LE CIEL NU
Nous voici seuls devant le ciel nu, nous
voici, craintifs, gouffres mornes
de toute la mort qu'il faudra traverser
après ces lambeaux de vie moite de
vagues bonheurs.
O nuit, broie nos âmes, broie la
crayeuse roche qui rugit son silence au coeur des monts noirs !
Nous cachons notre honte dans l'enclos
des pierres, indignes de ta sombre splendeur.
Ah ! brise nos corps versatiles de ton
acier atroce !
LA MORT DE L'ATHEE
Laissez-moi,
je veux mourir seul,
sans vos illusions,
sans votre pitié,
seul comme vous le serez tous
à l'heure de la mort.
Laissez-moi regarder en face
la splendeur du néant
sans vos discours mielleux.
NUIT
J'ai cherché la clarté indubitable du jour
et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché la connaissance
et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché la beauté
et j'ai trouvé la nuit.
J'ai cherché
et la nuit m'a trouvé.
NUIT
vertige des sphères constellées
sombre verdure tournoyant sur les chairs dénudées
extase pourpre des ténèbres
dans les forêts d’angoisse
le silence clame monstrueusement
au-dessus des fosses funèbres
hurlement sombrant dans la poisse
de l'enfer du noir hallucinant
TRAVERSER L'OBSCUR
Traverser l'obscur,
la rouille, la mort.
Avec patience, avec
courage,
avec rage.
Traverser la
nuit.
Douloureusement
traverser la glaise,
la gluante terre,
la terrible gluante
terre,
la chair.
Lumineusement
traverser
l'enfer.
Ne pas s'arrêter.
Ne jamais
s'arrêter.
Ne pas se retourner.
Ne jamais se
retourner.
Avancer.
Traverser.
Traverser le noir.
Dans l'absurde.
Dans le désespoir.
Encore. Encore.
Dans le délire.
Marcher.
Avancer.
Traverser, brûler le
pire.
Energie de Dieu.
Au centre.
Force axiale.
Feu.
ENTRE NU DANS LA NUIT
Jette les oripeaux de ta vie
et entre nu dans la nuit.
La nuit est une lumière
plus profonde que le jour.
La nudité de la mort y brûle comme un feu,
soleil noir du néant ou brasier de l'amour.
LA MORT DE L'ATHEE
Laissez-moi,
je veux mourir seul,
sans vos illusions,
sans votre pitié,
seul comme vous le serez tous
à l'heure de la mort.
Laissez-moi regarder en face
la splendeur du néant
sans vos discours mielleux.
LES MORTS
TRAVERSENT LE BLEU
Les morts
traversent le bleu de l’air,
pénètrent
l’écorce des arbres
et l’opacité
des pierres.
Ils ne
somnolent plus sous le marbre,
flottent
entre les maisons la nuit,
entrent dans
les chambres,
s’approchent
des lits
où des
vivants endormis respirent
et parfois
geignent étendant leurs membres,
sentant une
main froide
frôler leurs
fronts.
LES MORTS
DEBOUT DANS LE SOLEIL
Les morts
debout dans le soleil
sourient aux
bergers.
L’odeur
puissante des putréfactions
monte à
l’assaut des floraisons d’avril.
L’enfant
joue avec les crânes des ancêtres
et boit
l’eau du ciel dans la paume des anges.
VASTITUDE DE
PAIX
Tu vas
doucement couler dans la mort
comme dans
une eau d’ombre profonde
et tu vas dériver loin des clartés trop crues
jusqu’à
cette vastitude de paix
peuplée d’ailes
fraîches
et de
parfums,
l’infini où
les espaces et les temps
se
dissolvent dans des magnificences d’aurore.
FEU DE BOREE
Tôt levé ce matin, avant le remuement des soucieux, dans la pénombre des chambres j'ai aimé la nuit d'hiver.
La grise lumière révéla les collines chenus.
A la crête de ma clairvoyance et de ma tendresse, sans inquiétude j'ai regardé le ciel plombé.
Je suis sorti au jour ombreux, dans la neige neuve.
Pays sans trace, sans chemin (ô neige bienvenue, hiver heureux, qui ensevelit les vieux sentiers de l'habitude).
Ouvrir la voie,
vers où?
vers le coeur de la plaine à égale distance des bois muets et des bourgs léthargiques là où dort la totale bonté.
Je suis sorti affronter les meutes d'hiver.
Ne plus se lover, se couvrir, se reclure.
Se lever, sortir des murailles, des épaisseurs, des songes, des nostalgies.
S'exposer, s'offrir, ouvrir son chemin nouveau dans la neige intacte.
Vers le cœur de la plaine à égale distance des bois muets et des bourgs léthargiques là où veille la totale bonté.
Avance.
Ne crains pas les couteaux du matin, le ceste d'Aquilon.
Découvre ta plaine de blancheur.
Espace radieux. Aveuglé de poussière glaciale, parvenu au centre de l'aire éclatante, tu fais halte dans la torche interne du corps revigoré, les pulsations du sang, la vaste respiration de l'esprit.
Tôt levé ce matin, avant le remuement des soucieux, dans la pénombre des chambres j'ai aimé la nuit d'hiver.
La grise lumière révéla les collines chenus.
A la crête de ma clairvoyance et de ma tendresse, sans inquiétude j'ai regardé le ciel plombé.
Je suis sorti au jour ombreux, dans la neige neuve.
Pays sans trace, sans chemin (ô neige bienvenue, hiver heureux, qui ensevelit les vieux sentiers de l'habitude).
Ouvrir la voie,
vers où?
vers le coeur de la plaine à égale distance des bois muets et des bourgs léthargiques là où dort la totale bonté.
Je suis sorti affronter les meutes d'hiver.
Ne plus se lover, se couvrir, se reclure.
Se lever, sortir des murailles, des épaisseurs, des songes, des nostalgies.
S'exposer, s'offrir, ouvrir son chemin nouveau dans la neige intacte.
Vers le cœur de la plaine à égale distance des bois muets et des bourgs léthargiques là où veille la totale bonté.
Avance.
Ne crains pas les couteaux du matin, le ceste d'Aquilon.
Découvre ta plaine de blancheur.
Espace radieux. Aveuglé de poussière glaciale, parvenu au centre de l'aire éclatante, tu fais halte dans la torche interne du corps revigoré, les pulsations du sang, la vaste respiration de l'esprit.
Plaine, ô pur sentiment de mortel, neige nuptiale d'une heure de vie.
Que le froid encore s'aiguise!
Qu'il brûle!
Dureté, douceur absolue de Dieu.
Nous nous déchirions entre l'azur et la glaise. Et voici que la neige nous enseigne la tendre, la terrible lucidité de la terre.
Voici Dieu : aimer la terre hiémale.
Me voici
dans mes caves d'ombre
offert aux frôlements de l'aile éternité.
En moi l'amande d'amour s'éveille
parmi racines ivres et ronces.
Ô tâche terrifiante!
Tout anxieux devant le faix à porter,
devant la mort crucifiante et l'énigme,
je suis là, ouvert, à attendre,
à attendre qu'à travers moi tu renaisses,
à attendre la suite de mes jours et leur terme dans ta transparence.
Le vent gémit et tourmente les branches.
Le froid sagitté cerne les abris et les nids.
La nuit écrase et crie.
J’attends.
Et tout attend, balbutiant son désir indicible.
J'attends et n'entends plus que mon silence tendu,
et les neiges de la nuit attentive,
et les cloches lointaines contre le ciel
fêtant le ferme et frêle espoir
d'un miracle de rose sur la tige de Jessé.
Me voici, Enfant,
comme aux saisons naïves
venu vers toi,
parmi bergers et rois,
pâtre éperdu d'un troupeau sans figure,
astres, plantes, bêtes,
âmes et peuples épars se nourrissant de nuit
dans le vertige des millénaires.
Je viens puiser la lumière
d'une humilité nouvelle.
Ô fasse qu'en nos corps inextricables
la terre trouve son visage, sa nudité, son feu.
LE DIEU NAISSANT
Voici le Dieu naissant
à la Création entière,
à sa Création en attente,
travaillée d'angoisse et d'espérance,
à la Terre hagarde en fièvre de genèse,
à l'humanité douteuse et désirante,
naissant à l'Homme
afin de faire de l'Homme le Naissant
et de tout accomplir en Lumière.
NATIVITÉ
dans la nuit
dans la froide nuit du monde
une étoile surgit
une fleur éclot
un enfant naît
l'enfant absolu
le Dieu d'enfance
rien qu'un petit et fragile corps
perdu dans la froide nuit
où s'incarne
la Toute-Puissance de l'infinie Tendresse
voici naître
le Dieu fou
le Dieu illogique
brisant les raisonnables ordonnances des Raisonnables
Créateur prenant la forme d'une créature
voici naître
Iéshoua fils de Myriam
à Bethleem de Juda
obscur patelin d'où selon la tradition
rien de bon ne peut sortir
et c'est le Rédempteur du monde
le trésor entre tous
le Nom qui sera élevé au-dessus tous les noms
voici naître
l'Obéissant absolu du Dieu Amour
et le radical Rebelle
qui va subvertir le règne de domination et de mort
voici naître
le Maître de douceur le Maître de vie
ni Dieu pur esprit ni Dieu rien que chair
ni culpabilisateur ni adorateur de ce monde
mais son Créateur et son transfigurateur
voici naître
voici s'éveiller
au cœur du silence nocturne
loin des Capitales agitées
loin des Palais majestueux
voici s'ouvrir la toute petite graine l'infime présence
du Dieu Infini qui lentement silencieusement
germera jusqu'à l'Accomplissement
ET INCARNATUS EST
et s'est incarné
en pleine pâte
en pleine matière
pour être avec les étoiles les herbes les bêtes familières
pour être avec toutes ses créatures
et s'est incarné
s'est fait chair
s'est fait homme a assumé sa déchirure
s'est incarné dans notre misère
dans notre nudité
s'est fait enfant
enfant vagissant
enfant affamé qu'on allaite
enfant inquiet que l'on apaise
s'est incarné dans l'humaine glaise
dans l'humus fondamental
et s'est fait corps fièrement vertical
s'est fait sang viscères muscles sexe
s'est fait cerveau aux pensers complexes
s'est fait mains
mains qui secourent qui pacifient
s'est fait bras pour étreindre l'ami
s'est fait corps bipède agile
pour arpenter campagnes et villes
et s'est incarné
dans l'abjection dans la merveille humaine
dans l'angoisse humaine
et s'est impliqué dans nos histoires mondaines
et s'est fait homme
de la même humanité que toi et moi
de la même pitoyable miraculeuse humanité que toi et moi
et s'est incarné dans l'humilité
dans l'incognito parfait de la commune loi
s'est fait homme comme n'importe qui
comme le moindre d'entre nous comme le plus petit
pour donner visage
à tout homme toute femme tout enfant
visage transhumainement humain
visage nu du Dieu Souverain
visage transfiguré de l'homme
L' INNOCENT
Il marche sur les eaux.
On le caresse, on chante,
on jette des fleurs.
Tu es le miel,
tu es le pain,
Tu es la force et la douceur du vin.
Ils le cherchèrent,
lui qui caresse les ânes
et le voulurent pour roi.
Il fondit au soleil.
RÉSURRECTION
Cri de victoire de la plus grande insurrection,
l’insurrection contre la mort.
Bleu, bleu de paradis le calme de Pâques
Et blanc, blanc éclatant l’essor
des ailes dans les immensités de fraîcheur.
Voici le Vivant inouï
parmi les oiseaux de neige, les bêtes éblouies,
les floraisons de l’aube.
Hors des contrées de larves,
Hors des terres de détresse,
Il avance vêtu de la lumineuse robe
d’astres et d’allégresse.
Il avance, le Vrai Vivant,
dans le candide soleil d’éternité,
dansant léger avec les brises duveteuses,
les parfums, les pétales bleutés,
dansant, marchant délicieusement lent dans la rosée
matinale inondant de menthe les rues pavoisées
et les jardins des cités ouvrières.
Il traverse auroral les places retentissant de rires écarlates,
les gares aux rails d’incandescence,
les usines, les supermarchés, les bistrots bruissant de juke-boxes ;
et les enfants Le regardent et s’éclatent.
Voici le Vivant de splendide innocence.
IL AVANCE DANS LE CANDIDE SOLEIL D' ÉTERNITÉ
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