VOIES DE LA BEAUTÉ
L'éternité rayonne plus dans la beauté éphémère que dans les
monuments prétendument inaltérables.
*
La beauté est ce qui subsiste de Dieu dans le monde après la
chute.
*
« SI LA BEAUTÉ N’EST QU’UN CONTRAIRE, ELLE N’EST PAS LA
BEAUTÉ» (KRISHNAMURTI).
*
La beauté qui se sait beauté éblouit ; elle ne rayonne
pas.
*
Beauté des êtres qui ont renoncé à l’Ego. Ils rayonnent de
l’intérieur.
*
Vivre lumineusement, non sérieusement.
*
Dieu prouvé par Dante, Fra Angelico, Grünewald,
Rembrandt, Bach, Mozart...
*Il faut écrire, peindre, faire de la musique, faire du théâtre, comme si c'était pour l'éternité. Absolument.
*
Que fait l'art? Il inscrit le désir sur la page du néant. Cri vers Dieu jeté du fond de l'abîme du non-être.
*
Si l'art ne jubile pas, s'il ne bouleverse pas, s'il ne scandalise pas, il n'est que dérisoire, fade aliment pour la coutumière léthargie des humains.
*
L'art est la fausse vie tellement plus vraie que la vraie vie.
*
L’art : l’éclatement du monde égoïque, non un monde marginal.
*
L’art, la religion: jeu plus grand, non jeu à côté de la vie quotidienne.
*
La musique, bien que ne disant rien, est dire sensible de l'infini.
*
La musique clame, la musique murmure les cris de jubilation, les sanglots de désolation de l'humanité.
*
Approche sensible de Dieu : elle est primordiale. Rôle
éminent de l’art, de la poésie, des liturgies, de la contemplation de la nature
et plus encore de la relation humaine, d’âme-chair à âme-chair.
*
Certaines musiques divines proclament en toute beauté que
Dieu est l’Évidence.
*
« UNE MÉLODIE GRÉGORIENNE TÉMOIGNE PLUS QUE LA MORT D’UN
MARTYR. » (SIMONE WEIL)
*
Le Requiem de Mozart dit Dieu avec plus de force que toute
une bibliothèque de théologie.
*
ESTHÉTIQUE DE DIEU. Dieu est dans l’infime, dans l’intime,
dans le discret plutôt que dans le pathétique, le grandiose, l’imposant.
*
Dieu n’habite pas le plus haut des cieux. Il est le cœur de
la Vie, candeur, charité, beauté.
*
Tant qu'un
enfant, quelque part sur terre, entendra ce que (lui) dit une rose, Dieu reste
vivant.
(Dieu
: ce défaut dans le cyclopéen rempart de la vie soucieuse, préoccupée, par où
se voit encore le tremblement d'une fleur ou d'une étoile.)
*
LE MONDE, LA MERVEILLE, L’HORREUR. Horreur, merveille :
les deux faces inséparables de ce monde. Les séparer mène à deux philosophies
inconciliables et à la trahison du mystère paradoxal de ce qui est.
*
C’est le visible qui est invisible.
Nous n’en voyons pas la merveille.
*
Ce monde est totale absence de Dieu
et sa présence infiniment discrète.
*
L’éternelle merveille, l’éternel tragique. Les conditions
matérielles de la vie humaine évoluent, mais cela, LA BEAUTÉ, LA MORT, LE MYSTÈRE,
restera toujours le même. Tout ce qui ne conduit pas vers un approfondissement
du sentiment tragique et miraculeux de la vie est vanité.
*
Une fourmi, un arbre, un homme : incommensurables
prodiges !
Nous dormons debout. Nous ne nous rendons pas compte du
caractère infiniment merveilleux de ce qui existe.
*
L’infinité des mondes est sans doute sidérante. Cependant la
grandeur du Crucifié est infiniment plus profonde, plus bouleversante.
*
La vie est parfaite, parfaitement imparfaite, nuit et jour,
jamais Dieu (sauf chez les pleutres humains, au regard terriblement
simplificateur), toujours vie, insaisissable, contradictoire, équivoque,
légère, grave, mortelle, immortelle.
(Dieu échappe à tous nos dogmatismes d'invétérés théologiens
ou athéologiens. Dieu devenant Dieu cesserait de l'être).
*
Ce monde serait purement infernal s'il n'y avait
la véritable charité et la beauté.
Le monde est à la fois merveilleux et terrible. Sachons
l'aimer à travers ses ténèbres et sa lumière.
*
ENTRE L'HORREUR ET LA BEAUTÉ. Nous habitons toujours au bord
de l'horreur et tout près de la beauté du monde
*
L'horreur absolue reste à jamais non dite puisque ceux que
l'abîme engloutit perdent du même coup la parole.
*
LUMIÈRE DE LA VIE. Ce qui éclaire ce monde
incompréhensible : la beauté, la charité.
*
TOUTE-MERVEILLE. Si Dieu est vrai, si
Christ est vrai, la chose est plus qu’extraordinaire: elle devrait brûler en
nous, au milieu de nous.
*
Décalage énorme entre les pratiques
religieuses et la toute-merveille de la Révélation.
Nous sommes rampants, mornes, névrosés,
habituels, habitués, non habités, incapables de joie divine. Nous filtrons la
lumière absolue de la Révélation à travers le tamis de nos routines.
*
HOMO CREATOR. Tant que
tu veux faire l’œuvre, l’œuvre ne se fait pas. Elle se fait lorsque tu la
laisses se faire à travers toi.
*
L'art ne reproduit pas le réel: il le crée, toujours à
nouveau, ne cessant d'en révéler l'inépuisable nouveauté.
*
Art, expérience du Dire infini, non expression du Moi.
*
La morale veut normaliser la vie; l'art l'ouvre infiniment.
*
L’œuvre demande une humilité extrême. N’être rien,
littéralement, pour laisser s’incarner le Dire.
*
L’œuvre : laisser surgir l’infini à travers le fini.
*
L'œuvre comme ascèse, alchimie, travail sans fin sur la
matière première que la vie nous livre. Extraire l'or du magma informe des
jours.
*
Jeux tangents, l'expérience spirituelle et l'expérience
créatrice.
L'œuvre vaut ce que vaut l'âme; le fruit, ce que vaut
l'arbre.
*
Penser, créer face à la mort, dans l’éclat dénudant de sa
terrible lumière.
*
LE COMMUN DE L'HOMME. C'est en pénétrant au plus profond de
lui-même, dans son intimité, que le créateur, loin de fuir les hommes, rejoint
ce qui leur est le plus commun.
*
L'art: une des voies de sortie (avec le crime, la foi,
l'érotisme) de la cage asphyxiante de la normalité.
*
L'art rejoue tous les jeux humains quels qu'ils soient,
noirs, gris ou lumineux, et nous permet ainsi de nous délivrer de notre capture
dans le monde moïque clos sur lui-même.
*
L'art: jeu de tous les jeux de la vie et non jeu suprême,
espèce de hors-jeu hors vie.
*
L'art affirme sans réserve la vie contre les forces de
dépression, de mort.
*
JEU DU JE. L'art permet le passage des jeux du fini, jeux du Moi,
au jeu infini, jeu
du Je.
*
Abandonner l'identification aux mondes des discursivités
ordinaires. Faire danser ces discursivités dans le Dire infini.
*
L'art doit frapper avec la violence d'un cataclysme ou la
discrétion d'un souffle printanier.
L'art doit jouer tous les discours, toutes les réalités dans
l'infini du Verbe. Et nous donner accès à cet Infini.
*
MÉTAPOÏETIQUE. Essai de sortir du cachot que constitue chaque
art en particulier.
Essai de dépasser l'approche simplement esthétique de l'art
en le reliant à nouveau à la transcendance, à une transcendance s’incarnant et
non à une Entité suprême.
Essai de penser l'expérience créatrice dans son ensemble,
comme ensemble insécable comprenant tous les arts, arts plastiques, musique,
littérature, poésie, danse, théâtre, cinéma, architecture...
Essai de penser l'acte créateur comme phénomène global à
travers toutes les pratiques culturelles, y compris les pratiques non
explicitement artistiques, science, philosophie et même les pratiques
utilitaires, techniques, gastronomie...
*
MISE EN ABÎME DU MONDE. L'art
n'invente pas un autre monde, il renverse le monde banal, la longue habitude
humaine. Il rouvre le monde sur son abîme, il le met en abîme.
*
L'œuvre totale veut enfermer le monde
dans son cercle. Elle est vouée immanquablement à l'échec parce qu'il subsiste
toujours un hors-jeu.
Il en est autrement de l'œuvre
infinie qui, au lieu de poursuivre le rêve fou de la totalisation, se propose
fragment par fragment d'allumer le brasier du Dire.
*
Le corps: pierre de touche de
l'expérience créatrice. L'art ne fuit pas le réel; il s'enracine dans son
centre: le corps vivant, le feu du désir.
*
La grandeur d'un artiste se mesure
moins au degré de son savoir-faire qu'à sa faculté à approcher la source du
feu.
*
Quand on s'occupe de faire de l'art, il s'agit ni de flatter
ni de décourager le public. Il s'agit tout simplement d'aller au bout de l'art
et le reste viendra par surcroît ou ne viendra pas.
L'art est un des chemins de l'absolu.
L'artiste travaille face à Dieu et non pour ou contre ses
frères humains.
Il travaille en Dieu à
la place de tous les humains que ceux-ci le suivent ou ne le suivent pas n'est
pas son problème essentiel.
*
L'art n'enseigne pas, il rayonne la vérité de la
non-position.
*
HOMO CREATOR. Il assiste, exaltant, exalté, à sa propre naissance. Est-ce moi? Suis-je moi? Qui
parle? Qui en moi façonne ces merveilles? Le créateur est création, autant créé
que créant. Il est le lieu où la liberté de la vie s'accomplit. Expérience
unique, malaisée à saisir, singulièrement réfractaire à l'effort de formulation
conceptuelle. Là gît la raison de la répugnance des créateurs à parler d'eux-mêmes
sur le mode discursif, à s'expliquer en tournures ordinaires, en « paroles
païennes » comme disait Rimbaud, devant l'aréopage du public. La
nature de la création ne peut se comprendre que par la voie de l'intuition.
Pour la concevoir, il faut à l'esprit coïncider avec l'évidence même et c'est
là opération entre toutes difficile pour
l'homme, qui est toujours le moins proche de sa propre évidence. La
création, et en cela elle se différencie de toute autre expérience, ne peut
s'appréhender comme objet. Elle est jaillissement pur du sujet, et le sujet
pour se reconnaître créateur doit se vivre comme absolue spontanéité, jeu
profond.
Créer, en fin de compte, n'est rien autre qu'exister, que
s'écouter exister, que se confondre intuitivement avec la plus forte aspiration
à l'existence. Créer, c'est détacher pour quelque temps son attention des
objets particuliers, bornés et précaires, pour l'ouvrir au Verbe plénier par l'intermédiaire des mots, des images, des
sons, des formes, des couleurs, des rythmes, tous les divers langages de l'art
à tout instant renouvelés, réaimantés par cette inassouvissable faim de l'être.
Créer, c'est inlassablement recréer le monde, raviver le feu, réinventer
l'amour. C'est faire que chaque matin soit neuf comme le premier matin. Formulons
cette proposition centrale : créer constitue l'essence même de l'humain, l'expérience
fondamentalement humaine, dont nous sépare la poussière de nos activités serviles.
Homme, je suis né pour créer, je suis né pour indéfiniment naître et renaître
par l'acte créateur. L'humanité d'un être réside en sa faculté de créer, de faire pour se faire, pour faire le monde, et non pas
pour parvenir à tel ou tel but particulier, devenir savant, riche, puissant,
considéré. Dans l'expérience créatrice, le moi, le nous, et leurs fins
égoïstes, et leurs limites, s'abolissent pour faire place à l'Existant pur. Créant,
je ne fuis pas la condition humaine, je m'en approche, je l'exerce le plus
pleinement.
*
"Schaffen". Les deux sens du mot allemand. Créer, c'est aussi,
c'est d'abord travailler, franchir l'abîme entre rêverie et oeuvre, entre
passivité et activité.
*
Une œuvre est grande dans la mesure où sa contemplation, sa
lecture sont inépuisables.
*
Qui s'efforce vers la beauté, la fuit.
*
ENTRE L'HORREUR ET LA BEAUTÉ. La beauté de la vie, le tragique
de la vie, jamais nous ne les dirons assez.
*
LA SOURCE, LE SILENCE. Toute
œuvre d'art doit naître du silence originel, qu'elle soit œuvre de sons,
de mots, de signes visuels ou gestuels...Elle est forcément reliée
primordialement, non d’abord aux réalités de ce monde, mais au matriciel.
*
LA VOIX. Il y a ceux qui vivent la vie, bon gré mal gré, avec
dans la tête de petites illusions.
Il y a ceux qui parlent, ceux qui pensent, intellectuels,
prêtres, professeurs, ministres…, gens guère abouchés à la chair souffrante,
gens qui expliquent tout, qui enferment le monde dans leurs discours clairs et
nets, gens qui savent parler mais qui ne parlent jamais de ce dont il faut
parler, la vie monstrueuse des hommes, qui emprisonnent cette vie grandiose,
horrible, cet abîme, dans leur petit monde d'idées, qui dispensent cet opium anesthésiant
aux souffrants, aux travailleurs de la terre.
Et puis il y a parfois une Voix. Elle sait la parole et elle
sait la souffrance. Elle ne parle pas comme les Assis derrière leurs bureaux.
Elle parle de la vie. Elle jette le cri que les damnés ne peuvent jeter faute
de langage et que les confortables ne peuvent formuler faute de con-naissance. La
Voix crie la vérité de la vie et de la mort, la vérité de l'abîme, des astres,
des océans, du sexe.
C'est Shakespeare, c'est Céline, c'est Goya, c'est Van Gogh,
c'est Rimbaud, c'est Hugo, c'est Artaud, c'est Beethoven, c'est Nietzsche,
c'est Kafka, c'est Simone Weil, Dostoïevsky, Beckett, Lautréamont...
La Voix parle pour les souffrants, contre les installés. Et
les tièdes, les assis, les confortables, les pharisiens, les bourgeois, ceux
qui ne souffrent pas quotidiennement dans leur chair, dans leur esprit , ceux
qui ont leur paradis de confort, ils s'effraient d'abord un peu, ils
s'inquiètent un peu, qui est ce monstre? Ce n'est rien, ce n'est rien. Ils
apprivoisent la Voix: grand artiste, grand écrivain, héros, à ranger dans le
Panthéon. La Voix devient objet d'étude, de culture, elle est disséquée, tuée,
embaumée. C'est fini. On est soulagé, on respire dans les académies, les universités, les
séminaires, les sacristies. Il n'y a pas de monstres, pas de paroles
monstrueuses qui disent la vie stupéfiante. Rien que la petite affreuse
mesquine comédie des cultivés. Et l'incendie se rallume autre part, toujours. Toujours
la Voix revient, fulminant contre les imposteurs de la parole, contre ceux qui
parlent pour ne rien dire, flatus vocis.
*
BRÛLER SANS RAISON. Brûler toutes les questions dans le feu
du Dire.
But de l'art: entrer dans le Jeu Ardent du Dire, en embrasant
tout dit, tout fragment signifiant.
*
Au lieu de simplement, bêtement consommer… se laisser
consumer, entrer dans le brasier de la
vie créatrice.
*
L'art: tentative, toujours à recommencer, de retrouver la
magie de l'enfance.
*
L'art, l'écriture: plongée dans le chaos, dans le feu. Non
pour dire: c'est ceci, cela; mais pour dire. Toute métaphysique est jugement,
savoir du bien et du mal. L'art ne juge pas. L'art dit.
*
L 'ART, LA FOLIE. Par l'art, manifester l’immense folie
latente de l'âme humaine; rendre visible ce que l'homme est au fond : gouffre
de déraison, ténèbre et lumière.
*
L’art ne fuit pas la condition humaine : il en manifeste la
beauté et le tragique.
*
L' ART ET LE MAL. On ne peut écrire sans avoir traversé le
mal. Avant cette traversée, on
écrit dans l'illusion.
*
BEAUTÉ. Tout est beau. Parvenir à sauver les choses du regard
utilitaire, à leur rendre leur vie propre.
Rôle du poète, de l’artiste: nous faire voir.
*
PLONGER DANS L'INCONNU. Pour passer du dit au dire, il faut
se risquer. Saut dans l'inouï.
Les dits, les discours: ce que nous savons d'avance.
*
Poésie: expérience extrême du langage. Le langage ne pourchasse
plus la vérité, il est le lieu où l'esprit se débat dans l'espace de ténèbre,
éprouvant l'impossibilité de dire.
*
Poésie. De temps à autre se rencontre l'heureuse conjonction
de mots, de phrases qui murmurent aux oreilles humaines assourdies de discours
le chant profond de notre présence aux choses de ce monde, visages, fleurs,
astres, oiseaux, étoiles...
*
POÉSIE. De véhicule des certitudes familières, le langage
devient milieu sacré, tremblant, incendiant, toujours en déséquilibre,
irradiant, sans lieu, sans repos. Espace
sans affirmation ni négation, poïétique.
*
La Poésie est jeu, mais haut jeu, jeu le plus fou, jeu mettant en jeu tous les autres jeux.
La Poésie est jeu, mais haut jeu, jeu le plus fou, jeu mettant en jeu tous les autres jeux.
*
L’écriture-chant déborde le bêlement poétique, fait jouer
tous les registres d'écriture, l'élégiaque et le souffle épique, le trivial et
le noble, la poésie et son contraire.
Le chant dans son mouvement éclaté traverse, emporte tout.
*
L'art, la poésie: le jeu de l'enfant retrouvé avec des moyens
adultes.
C'est le vrai jeu, le jeu des jeux à côté duquel la farce
sociale apparaît comme un gouffre
d'inanité, une puérilité sans nom.
*
La poésie est tout à fait étrangère aux déroulements
logiques. Elle n'est que succession d'images s'enchevêtrant selon des lois
inouïes. Pour l'aborder, il faut se défaire du besoin de signification
ordinaire.
*
La Poésie est l'incarnation multiforme du Souffle dans les
langues humaines.
*
« LE POÈTE EST LA PARTIE DE L'HOMME RÉFRACTAIRE AU PROJET
CALCULÉ » (RENÉ CHAR).
*
Poésie : parole première, dire-vie, dire-monde.
*
La poésie rappelle toujours de quelque façon le chant
premier, celui des Livres sacrés de l'humanité.
*
Poésie : expérience du non-saisir, du laisser-venir, du
laisser-advenir.
Poésie, voie de l'insaisissable. Si elle cherche à saisir,
elle échoue.
*
Naître parole à travers le
silence sans mesure, stellaire.
*
Wörter wie Steine, wie Blitze,
nackte Wörter die aus der Nacht, aus der Stille tauchen.
Paroles comme pierres, comme éclairs, paroles nues qui
émergent de la nuit, du silence.
*
La poésie, la musique soulignent le silence; elles ne le
comblent pas.
*
Dire toujours neuf, chant éternellement inouï.
*
Poésie: traduction de la vie en langue inouïe.
*
Poésie : exercice incessant de recréation du monde, exercice
de jeunesse, de nouveauté, toujours recommencé.
*
Tentative d’exprimer la nostalgie inexprimable de l’âme
humaine.
Tentative folle de dire l'indicible.
*
"POÉSIE. IMAGES ET MOTS QUI REFLÈTENT L'ÉTAT SANS IMAGES
ET SANS MOTS. MUSIQUE. SONS QUI REFLÈTENT L'ÉTAT SANS SONS. MOTS ET SONS ÉQUIVALENTS
AU SILENCE." (SIMONE WEIL)
*
La poésie est un acte de foi, un cri dans le vide abyssal du
monde.
*
Désir le plus profond
: vivre l’absolue poésie, l’écriture-lumière, l’écriture-feu,
l’écriture-ténèbres.
*
N'être plus que poésie, jeu entier de ténèbres et de lumière,
à travers toutes les sensations, tous les sentiments, toutes les formes, toutes
les tonalités, tous les langages.
N'être plus qu’entier Dire-Vie.
*
Chant pluriel de la vie mettant en œuvre tout le registre
verbal.
*
Chant profond de la vie, CANTE JONDO, diafes Liad vum Lawa,
tiefes Lied vom Leben.
*
Dire l'existence à la fois humble et grandiose. Balbutier,
murmurer, chanter, crier le mystère de l'existence, l'ardente inconnaissance.
*
La poésie dans ses moments de grâce traverse le mur du sens.
*
LUMIÈRE D’ORPHÉE
Voici, je me lève et je déclare aux assis, aux assoupis, aux endormis, aux ectoplasmes, oui je déclare clairement, distinctement, à pleine gorge
que je suis poète.
Les mots brûlent dans mes entrailles, les mots saignent en moi, les mots m'enivrent comme de l'alcool.
*
*
LUMIÈRE D’ORPHÉE
Voici, je me lève et je déclare aux assis, aux assoupis, aux endormis, aux ectoplasmes, oui je déclare clairement, distinctement, à pleine gorge
que je suis poète.
Les mots brûlent dans mes entrailles, les mots saignent en moi, les mots m'enivrent comme de l'alcool.
Voici, je me lève et
je déclare aux créatures du bon Dieu, je suis Orphée, le poète, l’Étranger fabuleux,
la voix des êtres muets. Voici, je vais
incanter, transfigurer toutes les créatures terrestres.
Et je déclare aux
pierres, aux âpres rocs, je pénétrerai de mon dire chaleureux votre terrible,
froide opacité. Pierres précieuses, diamants, améthystes, opales, je
dilapiderai votre luxe royal.
Et je déclare aux
arbres, j’imbiberai de ma fluide énergie votre compacité, vos troncs rugueux
mangés de lierre, vos racines plongeant dans les entrailles terreuses, vos
floraisons enchanteresses, vos opulentes profusions de fruits.
Et je déclare aux
fleurs, jonquilles, coquelicots, glaïeuls, et vous lys candides, je vais
glorifier votre humble merveille, je vais chanter votre féérie multicolore à
travers jardins, prairies et bois.
Et plein d’humilité et
d’admiration, je déclare aux bêtes, je suis Orphée votre chantre.
Fauves, requins, je
célébrerai votre force indomptable, votre splendide cruauté ; gazelles et
biches, je louerai vos élans gracieux; reptiles, aigles et vautours, je
magnifierai votre sauvage beauté.
Oiseaux de nos bois,
de nos champs, je vais rivaliser avec votre mélodieuse légèreté, vos danses
aériennes, vos ivres ascensions dans la lumière d’été.
Alouettes, alouettes,
voltigez jusqu’à l’extase dans
l’immensité bleue au-dessus des houles de blé et semez vos perles sonores comme
des gouttes de lumière en trilles et roulades à travers l’azur libre.
Et voici, je me dresse
la nuit comme un veilleur au milieu de la plaine, et je déclare aux myriades
d’étoiles scintillantes, je vais illimiter la Voie lactée en galaxies de
rêve jusqu’aux confins de l’univers, je vais déployer le grandiose poème de la
naissance et de l’explosion des soleils, l’ode de l’imperceptible expansion des
milliards de mondes, sidérantes cosmogonies.
Je suis l’officiant
des liturgies de la clarté du Jour et de la ténèbre mystérieuse de la Nuit d’où
émergent toutes les créatures. Je médite la Genèse infinie, je contemple les
arc-en-ciel, lien somptueux entre les habitats de glaise terrestre et les
hauteurs du firmament, je rêve les aurores éternellement surgissantes.
Et voici, je sors de
ma tour d’ivoire et je marche dans les cités humaines, je traverse les rues et
les places, et je m’égare dans les zones
de perdition jusqu’à la folie, j’erre
dans les déserts de soif à la recherche du Visage angélique perdu, en quête
sans fin de beauté, d’amour, de joie nuptiale ; je viens de loin, de
l’enfer même, des contrées de fange, d’angoisse et de deuil, et voici, j’avance
dans la lumière, rayonnante tête d’or couronnée de lauriers, brandissant ma
lyre électrique, et je déclare avec véhémence aux pitoyables humains aux
semelles de plomb, dévorés de soucis, de sombres passions, dévoreurs de fades
nourritures, sourds à la poésie, sourds et muets, fermés au cantique profond
des créatures, je leur déclare sans tergiverser, je vais ouvrir de force vos
oreilles, je vais sensibiliser vos cœurs et vos tripes au Verbe vertigineux, au
chant du visible et de l'invisible, du tragique et de la joie, de la vie et de
la mort.
Je vais hanter vos
jours et vos nuits de mes versets incandescents, de mes cantilènes
nostalgiques, de mes psalmodies lancinantes. Mes ïambes, mes anapestes seront
récités par les aèdes, scandés par les voix cristallines des enfants, les
haut-parleurs hurleront mes stances portées au loin par les ondes, par les
vents allègres, mon tendre langage sera susurré par les brises duveteuses, les
sources aux fraîcheurs de menthe, les ruisseaux vagabondant à travers prés et
prairies en fleurs.
Frères humains, sœurs humaines, je suis le messager inspiré,
le témoin du cœur du monde, le voyant,
l’initié aux mystères, le magicien mariant verbe et musique.
Je suis David le
harpiste, Li Po le Chinois, Basho le Japonais, Pindare, Virgile, François d’Assise
entonnant LE CANTIQUE DES CRÉATURES, Hafez le Perse, Dante, Hölderlin, Hugo,
Rimbaud, Whitman, Trakl, Tagore, Neruda, Césaire.
Je suis Orphée le
Logos vivant, Orphée-Phoenix toujours ressuscitant, les mille et une voix de la Création,
ce chaos inimaginable,
cette immense Bouche d’ombre qui ne parle pas, ce mystère infini, cette infinie
magnificence, expansés follement dans des abîmes de silence.
Je suis la voix
d’Orphée illuminant le monde abyssalement mutique, la voix innombrable venant
du tréfonds aimant et qui se répercute d’écho en écho jusqu’aux dernières
limites de la Création.
Je suis Orphée-Christ, la lumière du
Verbe de Vie plus profonde que toute vie.
Écrire, c’est écouter : écouter ce qui naît du silence.
*
Écrire, c’est interroger, creuser sans fin le silence.
Écrire, c’est interroger, creuser sans fin le silence.
*
Écrire et attendre dans le silence, durant des éternités s'il
faut, que quelqu'un vienne se pencher sur les feuillets et lise vraiment, lise
ce qui se trouve entre les lignes, derrière la surface des mots.
*
L’écriture est infini « hard labour ». Écrire et
sans cesse réécrire. Impossible approche de l’insaisissable.
*
Écrire contre la mort, tout contre. Pour témoigner de la vie
jusqu'au bord du gouffre.
*
ÉCRIRE À HAUTEUR DE MORT. Écrire dans la lumière de notre
mort, dans l'éclat de notre disparition, au cœur de la nuit du monde.
*
Écrire ici parmi les vivants,
mais comme d'au-delà de la mort. Ici parmi les vivants, écrire en aimant leur
précarité, en aimant la précaire beauté de toute chose terrestre dans la lumière de la
mort, dans la lumière de l'éternité.
*
On écrit vraiment quand on écrit face à la mort, face à
l'éternité, dépouillé des petites ambitions humaines.
*
Toujours tenter de dire à nouveau l'inouï avec la vieillerie
usée des langues humaines.
*
Ouvrir la langue à l'infini, l'éclater, la déchirer afin qu'y
tournoient les galaxies et qu'y vibre l'envol des anges.
*
Écrire. Risquer
sa vie, jouer son âme à chaque mot.
*
Celui qui écrit, s'il ne pense pas écrire l'essentiel, en
vérité n'écrit pas.
*
Toute écriture est une tentative désespérée de dire
l'essentiel.
*
Pour écrire, que rien d'humain et d'inhumain ne te soit
étranger, des pires perversions aux plus sublimes états de sainteté. Ose tout
regarder en face. Ne cesse de passer de l'enfer au ciel et inversement.
N'oublie pas non plus de séjourner sur terre parmi tes frères humains
humblement joyeux et souffrants.
*
Écrire à même la vie. Voir l'inouï
dans le plus ordinaire.
*
Écrire: devoir envers la vie, car la
vie veut être dite.
*
APHORISMES. Éclairs dans la ténèbre, non prolégomènes à une
future doctrine ambitionnant de penser globalement le monde.
Chaque aphorisme est une invitation à penser sans l’étayage
d’un système global imposé de l’extérieur.
*
Les aphorismes sont d’humbles étoiles émettant leur clarté
clignotante dans l’infini mystérieux du ciel nocturne.
*
L'aphorisme cherche à allier la brièveté de l'éclair et l'immensité du ciel.
*
Un bon aphorisme est germe de pensée plus que pensée close
sur elle-même.
*
Écrire pour crier la folle condition de l’homme. Folie dont
nous ne sommes conscients que très fugitivement.
*
Écrire en tentant d’atteindre la densité incandescente du
silence.
*
Écrire pour donner à manger, pour nourrir le feu.
*
Écrire comme acte de foi, non seulement comme œuvrer.
*
Ecrire pour manifester l’évidence non-évidente du Verbe
vivant contre le Monde qui ne veut que le règne sur le Monde c’est-à-dire la
Mort.
*
ÉCRIRE. L'écrivain est celui qui, par les mots, essaie
d'aller plus loin que les mots et de rejoindre la densité de la vie au-delà de
l'ordinaire bavardage.
*
L’écriture aide au cheminement; elle
ne délivre pas une doctrine.
*
Celui qui écrit lance des
feuillets aux vents du hasard et attend.
Parfois lui revient la parole de quelqu'un qui a ramassé un feuillet et accuse réception.
*
LECTURE PROFONDE. Lire vraiment, c’est se nourrir de l’écrit,
en faire l’aliment de sa méditation ininterrompue.
*
Lire pour manger le livre et l’incorporer à son être.
Le bon lecteur est selon Nietzsche un ruminant. Il laisse
longtemps agir en lui les fulgurances verbales.
*
Un vrai lecteur est
co-créateur de l’œuvre.
*
LIRE. Lire n'est pas consommer. Lire c’est entrer dans le
feu, laisser le livre écrire en soi. Les liseurs d'aujourd'hui: des animaux
cultivés qui subodorent les œuvres pour être au courant, au lieu de laisser le
courant les traverser. On n'a accès à l'écriture créatrice qu'une fois
abandonnés tous les préjugés (obsession de la signification, de l'utilité,
moralisme...) qui ferment l'esprit au grand jeu. Il faut s'avancer nu et se
laisser prendre.
*
THÉÂTRE. Le théâtre est le lieu
privilégié où peut s'expérimenter la poésie totale.
*
Ce qui est demandé à l'acteur, c'est
de mourir à son Moi et de s'ouvrir en son cœur intime à l'infini.
*
Jouer avec toute la voix, toutes les
voix, et tout le corps, tous les corps.
Explorer tout le registre vocal et
toutes les possibilités gestuelles.
*
Inventer une polyphonie inouïe à la fois vocale, gestuelle, sonore, visuelle.
*
THÉÂTRE COMME POÉSIE TOTALE. Rompre
avec la primauté du discours verbal, déplacer l'accent de la logique discursive
à l'incandescence du dire. Le théâtre devient une expérience de poésie totale.
Tout en n'étant plus centrale, la
poésie du verbe reste une dimension importante élargie d'ailleurs en
exploration des possibilités vocales, de la magie incantatoire jusqu'au cri.
La poésie gestuelle prend une place
essentielle; le jeu théâtral se joue avec le corps entier, pulsionnel,
s'aventurant au-delà du corps socialisé, soumis aux conventions.
La poésie spatiale, visuelle, sonore,
loin d'être seulement décorative, acquiert une fonction expressive au même
titre que celle de la voix et celle du corps.
Le théâtre devient le lieu vivant du
jeu poïétique entier, polyphonique, grand jeu entre les arts, verbe,
gestualité, arts plastiques, musique...
Le lieu où l'art et la vie peuvent se
rencontrer réellement, investir des êtres de chair. Et ces êtres de chair, de
chair devenue verbe, les humains, qu'ils soient acteurs ou spectateurs,
approchent du feu qui parfois transfigure leur misère.
*
ÉTHIQUE DE JEU. Jouer la vie, à l'infini. Mais personne ne sait vraiment
jouer ce jeu. Nous sommes tous trop adultes. Nous avons peur du jeu. Et cette
peur, nous l'habillons de notre dignité,
de nos mines sérieuses, de notre technique, de notre savoir.
*
ECCE HOMO, GRANDEUR ET
MISÈRE DE L’HOMME
GRANDEUR. La grandeur mondaine restera toujours
sur le devant de la scène et la vraie grandeur incognito.
*
La grandeur d’un homme est proportionnelle à son degré
d’humilité. La moindre particule de vanité le fait choir immanquablement dans
l’ordinaire médiocrité humaine.
*
Il faut une infinie humilité pour supporter l’expérience de
la vraie grandeur.
*
On ne peut vivre la véritable grandeur qu’à travers l’extrême
humilité.
*
Contempler l’homme plus dans sa misère que dans sa
réussite : on y perçoit plus matriciellement la dignité humaine.
*
Ce qui est commun aux êtres humains : leur essentielle
misère plus que leurs nobles qualités.
*
On ne se supporte soi-même que parce
qu’on ne se voit pas.
*
La vie n'est jamais banale. C'est
notre insensibilité, notre état de non-éveil qui la banalise.
*
Vivre lumineusement, non
sérieusement.
*
L’homme, cette bête singulière, grandiose,
dérisoire, perdu sur ce grain de poussière, la Terre, tournant dans les espaces
effrayants…
Humanité, cette espèce prodigieuse
avec ses drames consternants et ses réussites stupéfiantes.
*
grisailles routines
terrible monotonie terrestre
vagues jours de l’homme
travailler manger dormir travailler
parfois une lueur un éclair de beauté
grisailles lourdeurs doutes déchirures
morts absurdes
terrible machine de l’univers qui broie les vivants précaires
*
Impossible la vie humaine affrontée à
l’incommunication, à la perpétuelle guerre interhumaine, à la mort. Sans Dieu
nous sommes maudits.
*
Nous vivons au bord du gouffre. Un
rien peut nous précipiter dans l’abîme de mort.
*
Fugace figure de nos existences qui
se perdent dans le silence éternel des espaces infinis.
*
La vie humaine : un cri, rien qu’un
cri dans la nuit incompréhensible.
*
Le visage et la voix manifestent plus
notre vérité que ne le fait notre verbosité.
*
Pas de paysage plus familier et plus
énigmatique que le visage humain.
*
L'essentiel de ce que vit, de ce que
sent intimement un être humain n'est jamais vraiment exprimé. Gouffre de
mutisme que chacun emporte dans la tombe.
*
Nous sommes tous au fond de nous,
dans nos fantasmes, des criminels, des pervers. Mais, civilisés, corrects, nous
n’en laissons jamais rien paraître. Chacun cache le monstre qu’il est.
Quelques-uns passent aux actes. Et en
général nous les condamnons unanimement, n’osant pas reconnaître en eux des
frères en infamie.
*
Normalité : le mensonge derrière
lequel les humains cachent leur vraie vie, faite de fragilité, d’incertitude,
d’angoisse, de confusion, de perplexité, de désirs, de rêves, de plaisirs
interdits, d’actes honteux, de haines, de tendresses inexprimées, de peurs face
à toutes sortes de menaces, insécurité, maladies, mort…
*
Les visages les plus humains sont ceux des enfants et de
certains vieillards.
*
Le visage humain peut être beau à
tous les âges de la vie: il faut et il suffit qu'il irradie la lumière
intérieure.
*
SOLITUDE. Chacun vit son drame et
chacun croit qu'il est seul à vivre un tel drame.
*
Humanité, espèce grouillante; et
pourtant chacun est un abîme de solitude.
*
Le génie est à la fois infiniment
plus humble et infiniment plus grand que l'humanité ordinaire qui, elle, n'est
qu'uniformément ordinaire.
*
Infinie misère et infinie grandeur de l’homme.
*
Tu n’es qu’un fétu dérisoire dans l’énormité de l’univers et
l’innombrabilité des êtres. Et pourtant ton
existence est tout pour toi et le drame de ton apparition et de ta
disparition surpasse en importance celle des myriades d’astres qui s’allument
et s’éteignent au-dessus de ta tête.
*
Ne fais pas la fine bouche devant la vie. Souvent elle te
désespère, mais quelle prodigieuse aventure que de vivre le Mystère de cet Univers!
*
Chaque être humain est une histoire surnaturelle infiniment
plus profonde que les cieux étoilés.
*
Chaque être humain est une légende cosmique. Une vie humaine
est infiniment plus précieuse que toute l’histoire mondiale.
*
Une vie est si peu de chose et une vie est infiniment plus que
tout.
*
L'homme dépasse infiniment l'immensité des étoiles.
L'homme pense; le soleil qui ne pense pas est néant.
*
Voir en chaque être humain l'âme mais aussi cette végétation
furieuse qui la masque, l'effréné désir d'auto-divinisation.
*
La souffrance viole, le plaisir
voile.
*
Souvent, quand on n'a plus aucune consolation,
quand de toutes parts on est exposé aux morsures du monde, la chaleur de notre
corps reste notre dernier refuge. Refus de la crucifixion.
*
Tant que ta solitude te fait
souffrir, tu n'as pas trouvé la bonne solitude.
*
La preuve du divin réside dans le
visage de l’autre. Il exprime le sacré, la dignité inaliénable de l’homme.
Cracher sur lui est sacrilège.
*
Le sens du surnaturel est le seul
propre de l’homme absolument incontestable.
*
Qu’est cette créature, l’homme, pour
se poser la question de l’existence d’un Dieu ?
Chaque être humain croit être le
premier à vivre cette chose incroyable: être vivant et devoir mourir.
*
Me vivre comme un parmi d’autres, non comme exception. Ou alors chacun est une exception.
Me vivre comme un parmi d’autres, non comme exception. Ou alors chacun est une exception.
*
LE BIEN ET LE MAL
Le monde comme grande machine broyeuse. Guerres, accidents
absurdes, catastrophes, maladies...
Comment penser Dieu face à ce chaos insensé, à ce Mal
impitoyable inhérent à la marche du monde?
*
Si Dieu n'existe pas, s'il n'y a pas de Christ, le Mal jette
sur ce monde un éclat infernal, en en faisant pour une bonne part une horrible
farce, une sinistre comédie diabolique.
*
Bestialité, horrible terme. La bête n’est jamais
« bestiale » comme peut l’être l’homme.
*
L’étendue et la diversité de la malignité humaine ne cessent
de me stupéfier.
*
Le Bien n’est pas le contraire du Mal ; c’est la Lumière
qui l’éclaire et le traverse.
*
Le bien et le mal pensés au plan humain sont des
contraires : morale normative de la société et son envers immoral.
Le Bien et le Mal au plan transcendant ont un sens
différent : ils sont les faces d’un Jeu abyssal où Dieu, l’Homme et
l’ensemble de la Création sont les acteurs du Drame de la Vie et de la Mort, du
Salut et de la Perdition, dépassant les limites de la simple destinée
terrestre.
*
Morale normative: jardin de la "bonne moralité",
des habitudes respectables, où pourrissent les fleurs du divin.
*
Quand je vois des exemples de l’extrême cruauté, je conçois
la nécessité de Dieu pour ne pas penser le monde comme purement infernal.
*
Golgotha :
Dieu lui-même traverse l’enfer.
*
Le dernier pas, celui du Christ sur la Croix : le
consentement au pâtir du Mal, le pardon.
*
Sans le Christ, Dieu n’est pas crédible. Sans le Christ, Dieu
n’est qu’une vague abstraction céleste que le Mal disqualifie.
*
Le consentement au Mal, à la Mort, et le pardon ou
l’adoration-exécration d’une idole de puissance: tel est l’"ou bien ou bien" de
l’être humain.
*
Arracher l’arbre de la science du bien et du mal et le brûler
dans le feu de la Parole-Vie.
*
Quand parviens-tu à l’innocence de la vie ? Quand es-tu
libéré du bien et du mal ? Lorsque la Vie invente en toi la vie, sans
regard sur un modèle, sur une règle, sur une Loi prescrite.
*
L'espèce humaine n'est pas naturellement humaine. C'est
l'espèce qui peut faire le Mal. Le Mal est parmi d’autres caractéristiques le
propre de l'homme.
*
*
Je connais le fond de l’homme
parce que je me connais : cette part de folie orgiaque et meurtrière en
moi, cette « part maudite » (Bataille) commune à tout être humain.
*
L’homme est un animal essentiellement éthique, champ de
bataille entre le Bien et le Mal, voilà ce qui le distingue des autres espèces vivantes.
*
Source du Mal. Attachement à un "avoir", refus du
partage.
Le propre de l'homme humain est le partage. L'espèce n'est
humaine que dans le partage. Toute autre voie est voie de mort.
*
Être ou avoir, telle est la question.
*
L’être humain aspire à être plus qu’à avoir. Il ne veut avoir
que pour être. Il pense conquérir l’être par l’avoir.
*
ONTOLOGIE DU MAL. Le péché essentiel :
l’auto-enfermement de l’être humain dans son Ego.
*
L’homme ne veut pas de Dieu parce que Dieu met en cause
l’Enclos de l’Ego humain. L’homme veut être son propre Dieu.
*
Fait partie du propre de l’homme (comme le symbolique, la religion,
l’art, l’érotisme, le rire), la possibilité pour l’être humain de choir
dans la pire bestialité, dans l’horreur plus qu’extrême.
*
La malfaisance humaine est de tous les temps. Cependant elle
ne cesse de renouveler ses formes et sévit aujourd’hui, entre autres cancers en
expansion, dans l’univers numérique.
*
« Le bien est impossible » (SIMONE WEIL). Faire le
bien, c’est simplement renoncer à faire le mal.
*
Foi. Délivrance de la Création du joug de la finitude, du
Mal, de la Mort. Accès à la liberté des enfants de Dieu.
*
Se libérer du Mal, vaincre le Mal non en y cédant, non en le
niant, mais en le traversant et en le transcendant.
*
Ils ne croient plus en Dieu à cause du Mal. Ont-ils ainsi
résolu la question abyssale du Mal ?
*
BIEN ABSOLU. Relation non à un Principe abstrait, au Bien
absolu (comme dans le platonisme), mais à Dieu comme personne, à Dieu
s'incarnant dans une Personne concrète, Jésus de Nazareth, à l’Esprit vivifiant
tout croyant.
*
TRAGIQUE. L'aspect tragique, déchirant de l'existence. Nous
sommes sans cesse confrontés à la perte, à la frustration, à la séparation, à l'absence,
à la mort. Inéluctable part de tristesse.
*
Comment croire en un Dieu qui nous a rendu l’existence si
difficile, si tragique ? Question récurrente.
*
Spectacle tragique du monde. Il est sauvé par la
contemplation aimante de quelques âmes. Rares atomes de lumière soutenant des
abîmes de ténèbres.
Ceux qui ne traversent pas l’enfer les yeux ouverts n’arrivent
pas au paradis, mais restent dans les limbes.
*
L’enfer existe. Nous le voyons tous les jours. C’est le règne
du Mal sur la terre.
*
Tout être humain est le champ de bataille de la guerre intime
entre son Moi et Dieu.
*
Notre guerre intime n'oppose pas le corps et l'esprit, mais
l'esprit et l'esprit. Le corps en est le champ de bataille.
*
Chacun est meilleur et pire que les
autres et lui-même ne l'imaginent.
*
ÉROS ET AGAPÈ. Nous faisons rarement l’amour. En
général nous baisons.
« Il aime les femmes »veut le plus souvent
dire : il aime son propre désir.
*
Sexe : enfer et paradis, ordure et extase, tourments et
délices.
*
L’amour physique mêle le plus animal et le plus sublime.
*
La beauté de l’union charnelle ne s’illumine que dans
l’espace d’un amour plus grand que l’attirance purement physique.
*
Il ne s'agit pas de nier les
pulsions, il s'agit de les intégrer au Jeu de la Parole. Le corps pulsionnel,
la chair, se fait demeure du Verbe. L'esprit se greffe sur le corps, l'anime.
Il n'est pas substance à côté du corps, il est la dynamique ouvrant la
pulsionalité à la découverte du monde et à la rencontre des autres. L'homme,
animal ouvert.
*
Sublimation: conversion d'Éros en Agapè et non négation d’Éros.
Opération incompréhensible pour le monde actuel qui est soumis au totalitarisme
sexuel. Comment s'opère cette conversion: par le renoncement au Moi qui veut
aller au bout de la pulsion.
*
*
Le choix est simple : ou s’abandonner à la libido ou
renoncer à aller au bout de la jouissance, sublimer et aimer.
*
PÉCHÉ. Deux
aspects du péché : enfermement dans la finitude et éclatement des limites.
Deux manières de refuser la métanoïa
transégoïque.
*
Ne pas mythifier le Péché originel,
en le plaçant au Jardin d’Éden. Il a lieu transtemporellement ici et maintenant en chaque être humain. Tout
le drame divino-humain se passe toujours ici et maintenant.
Le Péché originel a lieu à tout
moment et le Salut a lieu à tout moment.
Adam et le Christ sont absolument
contemporains et je suis absolument contemporain à Adam et au Christ. C’est
l’instant kierkegaardien incluant tout le temps et l’éternité entière.
*
Le péché, c’est d’adorer aveuglément, avec toute sa libido,
un objet de ce monde, une idole.
*
Le péché est la chute du désir dans l’idolification du fini. Fermeture du Conscient sur lui-même, repli
sur soi. Volonté de possession sans réserve.
*
Au fond de l’homme cela : la volonté d’être Dieu.
*
Le péché consiste à ne plus se référer à la Parole, à se
murer dans le discours humain rien qu’humain, le béton du bien et du mal
normatifs.
*
L’homme s’est parfaitement enfermé dans la finitude.
Accomplissement du péché si impeccable que nous en avons perdu toute conscience.
Nous avons oublié l’oubli de Dieu.
*
Règne du Moi ou éclatement du Moi (Nietzsche, Bataille…), ce dernier
n’étant qu’une forme du Moi, sa forme suprême, extatique.
*
Le péché : refus de la liberté, soumission à une idole.
Je suis en état de péché lorsque je renonce à ma liberté, à la part divine en
moi, lorsque je me subordonne aux déterminismes physiques, psychiques, sociaux.
*
L'homme est prisonnier du péché. Il n'a pas d'autre solution
que le recours au Dieu Sauveur. L'auto-salvation est impossible. Toute
tentative auto-salvatrice redouble le mal.
*
Tu ne peux pas te guérir toi-même du
péché, mais tu peux le reconnaître en toi et t’ouvrir à ta part divine en ne te
réduisant plus à ton état peccamineux.
*
Commence par te pardonner à toi-même.
Pardonne à toi-même l’offense que tu
as commise et Dieu te pardonnera.
*
Tu es peccamineux parce que tu es
humain, donc forcément idolâtre, t’identifiant à un Ego imaginaire.
*
Péché : répétition du même, du cercle vicieux de la vie
pour la mort.
*
Personne n’échappe au péché, à l’attachement à son Moi. Le
problème : ne pas s’y réduire.
*
IDOLES. Toute
idole est un opium cherchant à apaiser illusoirement le désir de Dieu qui
constitue le cœur de l'être humain.
*
Le sexe, l’alcool, la drogue,
l’argent… : des ersatz du divin.
*
Chaque idole veut le règne sans
partage.
En ce monde la guerre des idoles est
sans merci.
*
L’idole est l’inverse du Dieu de Vie.
L’idole fascine et peu à peu répand la mort.
*
L’Idole absolue, c’est Dieu conçu comme Être suprême,
l’inverse du Dieu de miséricorde de l’homme de Nazareth.
*
SCEPTICISME. Le sceptique est un déçu
de la vérité. Il ne va pas encore assez loin, jusqu’à l’ardente inconnaissance.
*
Le sceptique ferme toutes les issues.
Et après ?
*
AGNOSTICISME. L'agnosticisme
peut être une posture de facilité. On ne se laisse pas travailler, crucifier
par la question des questions.
Agnosticisme : fuite la plus
subtile. Ne pas se prononcer face à la question de Dieu, à la question du
Christ : ou tu restes dans la sphère de l’ego ou tu en sors. La pensée qui
pense qu’on ne peut pas penser Dieu, ou plutôt : qu’on ne peut se
prononcer à ce propos, reste enfermée dans la tiédeur égoïque…
*
Ne rien penser de l’existence ? Agnosticisme
absolu ? Tolérance vis-à-vis de toutes les conceptions du monde ? Est-il
possible de ne pas prendre position ?
*
Évidence de l’amour. On peut douter de
tout sauf de l’amour qu’on ressent pour certains êtres dont la vie nous est
plus précieuse que la nôtre. Donc je crois à l’amour. Impossibilité de
l’agnosticisme sans réserve.
*
ATHÉISME. Système de pensée qui se referme et emprisonne, aussi bête que son
symétrique le système théologique et qui
pousse semblablement à l’intolérance et à l’oppression.
*
Le Dieu dont parlent les athées est un faux Dieu, le Dieu
Être suprême, et non le Dieu de Jésus venant
en Serviteur parmi les hommes.
*
Les athées ont raison d’être athées du Dieu tel qu’ils le
conçoivent, un Dieu horrible.
Pour arriver à la foi christique, il faut évidemment passer
par l’athéisme de tous les faux Dieux.
*
« LE PARFAIT ATHÉISME SE TIENT AU SOMMET DE L’ÉCHELLE
SUR L’AVANT-DERNIER DEGRÉ QUI MÈNE À LA FOI PARFAITE. » (DOSTOÏEVSKY)
*
L'athée dit: je sais; l'agnostique: je ne sais pas; le
croyant: je ne sais pas et cependant je crois, je désire l’Autre absolu, le
Dieu de charité.
*
Les contemporains préfèrent majoritairement la certitude
athée de la mort définitive ou les doutes ambigus (et en fin de compte
confortables) de l'agnosticisme à l'aventure incroyable, à la folie absolue de
la foi.
*
L'athée est souvent un orphelin de Dieu.
*
PANTHÉISME. Le panthéisme cherche l’harmonie avec l’univers.
Encore un enclos. La voie de l’amour va au-delà, expérimente l’infini.
*
L’ORDRE-DÉSORDRE
HUMAIN, TROP HUMAIN, INHUMAIN
Chaque génération rêve de rompre le vieux jeu humain et
retombe en fin de compte elle aussi dans la sempiternelle ornière de la vie
platement habituée.
Rompre le cercle vicieux de l'existence humaine exige sans
doute autre chose que les simples forces volontaires de l'homme.
*
CHANGER LE MONDE. Le monde ne change que dans l'exacte mesure
où change le cœur de l'homme.
Changer le monde, changer la vie du dehors est illusion. Tout
convertir de l'intérieur. À partir du cœur.
*
L’homme veut conquérir le monde, veut changer le monde pour
n’avoir pas à se changer lui-même.
*
*
Il ne s’agit ni de changer le
monde (Marx) ni de changer la vie (Rimbaud). Il s’agit de vivre le Dieu vivant,
hic et nunc, et c’est changer la vie, c’est changer le monde.
*
Ils sont au chaud dans leurs demeures confortables et ne se
sentent pas entraînés par le vertigineux mouvement du monde.
*
Au fond des humains
cela: l'attachement à la sécurité de ce monde, la conception normalisante de
l'existence.
*
*
L’humanité ne supporte pas la vérité et persécute les témoins
de la vérité. Les masses veulent la chape d’illusion du Pouvoir.
*
La Cité de l’Homme est toujours idolâtre : elle s’adore
elle-même.
*
La Cité est en son fond toujours déicide. Elle ne supporte
pas l'Absolument Autre et en assassine les Témoins.
*
Toute société, édification imaginaire, se ligue contre la
Parole vivante.
*
Sagesse des nations? Je n’ai vu partout que folie des
nations.
*
L’essentiel: la personne humaine, le respect, l’amour
concret, entier des personnes, non l’idéologie des valeurs abstraites prônées
par les collectivités humaines.
*
Il y a une place où l’on est toujours à la bonne place dans
la société: du côté des opprimés et des humiliés.
*
L’humanité « normale » veut un sens, un ordre, un
savoir du bien et du mal.
*
Le grand nombre aime l’ordre et l’ordre peut être
profondément mortifère.
*
Histoire, histoires... Gesticulations humaines, rien
qu’humaines. Inimaginables horreurs. Si loin le silence des astres.
*
L'homme n'est guère vertueux naturellement, l'homme n'est
naturellement ni libre ni égal ni fraternel. L'homme est naturellement
tyrannique et servile, naturellement inégalitaire, assoiffé de hiérarchie et d'asservissement,
naturellement en guerre avec ses semblables. L'homme n'est véritablement humain
que surnaturellement, que référé à Dieu et plus précisément au Christ par
l'entremise de qui il devient fils adoptif de Dieu.
*
La plus grande guerre oppose l’individu vivant à
l’incommensurable bêtise de masse, bêtise englobant le peuple et ses
dirigeants.
*
Toute collectivité humaine se fonde sur une religion de la
mort. Toute collectivité sacrifie les individus à la Grande Déesse
communautariste. Toute collectivité produit de la mort et se nourrit de mort.
*
Le grand mal humain, c’est le pouvoir de l’homme sur l’homme,
la domination de la Grosse Bête collective sur la Personne, ou tout simplement
de l’homme sur l’autre humain, comme par exemple dans le couple.
*
La plus grande guerre : guerre des forces de vie et des
forces de mort à travers le monde. La
grande guerre des humains, elle, oppose des deux côtés des puissances de
destruction et de mort.
*
L’humanité : espèce homicide, suicidaire : des êtres mortels,
des êtres voués à la mort, ô paradoxe ! se donnent la mort au lieu de se donner
(à) la vie.
*
Tout système du monde, édifié par l’Ego humain et son savoir
du Bien et du Mal, instaure forcément le règne du dia-bolique, la guerre des
contraires. Guerre des sexes, guerre des générations, guerre des classes,
guerre des races, guerre des religions, guerres à l’infini dans l’empire de
l’engeance humaine…
*
Les guerres de religion ne sont pas des guerres au nom de
Dieu, mais au nom du faux Dieu de la puissance et de la domination.
*
Guerre sainte entre la Mort (le Néant) et la Vie (Dieu).
Guerre verticale entre Dieu et l’Homme et guerre horizontale interhumaine des
entités égoïques.
*
Le Christ : JE NE SUIS PAS VENU APPORTER LA PAIX, MAIS LA
GUERRE. Guerre sainte entre le Verbe de Vie et les Visions du monde,
l’Ordre-Désordre humain.
*
La seule véritable guerre sainte
est le combat non-violent pour l’instauration de l’ordre sans réserve de la
charité, du respect absolu de tout être humain quel que soit son âge, son sexe,
son statut social, son intelligence, sa race, sa religion, sa nationalité…Incontournable
travail du Royaume à accomplir dans le plus concret de la vie humaine. Évidence
du plus haut devoir humain par-delà toute croyance ou incroyance.
*
Christité comme guerre non-violente entre le Bien et le Mal,
entre la Parole et le Fantasme, l’Idolification.
La guerre « violente » se déroule, elle, entre les Egos
collectifs ou individuels qui veulent dominer.
*
Méchanceté ordinaire des humains : chaque individu,
chaque collectivité est un Ego en guerre avec les autres Egos.
*
La guerre est l’état naturel de l’humanité, l’adoration du
règne de la Mort ; la paix le suspens « impossible » de ce
règne, le mourir à la Mort.
*
L’aut aut : ou l’Agapè, guerre pour la non-guerre, ou la
guerre interhumaine.
*
La seule façon de vivre entre les êtres humains est le pardon
perpétuel.
Le pardon perpétuel ou la guerre perpétuelle.
*
Pardon est l’autre nom de la paix.
*
Guerre ultime dans la Création entre la Vie et la Mort.
*
Rien ne dépasse en sublimité l'œuvre de paix, de
réconciliation. Les plus glorieux faits de guerre sont dérisoires à côté.
***
Ce qu'il y a de vraiment grand, ce sont les hommes qui
consentent à s'écouter et à faire la paix par-delà leurs différences.
***
La paix du Christ. Il ne s'oppose pas à la violence, il ne
rend pas le mal pour le mal. Il traverse le mal, il traverse la mort au lieu de
la donner.
*
Renoncement à la violence. Condamnation de la voie de
violence.
*
Christ : un des très rares qui refusent l’implacable
logique de violence et de mort interhumaines.
*
CELUI QUI TIRE L’ÉPÉE MOURRA PAR L’ÉPÉE.
*
Bouddha, Christ… Arrêter le cycle des violences, de
l’affrontement belliqueux qui oppose les humains depuis la nuit des temps.
*
La pensée de la paix exige une conversion : renoncer
sans réserve à la violence et consentir à la non-violence. Les chemins ambigus
du compromis ne suffisent pas.
*
Tant qu’on en reste au vivre-ensemble comme conflits de
forces, on perpétue l’état naturel de
guerre de l’humanité. La paix n’émerge
que de la co-naissance des hommes à la commune Parole de Vie à laquelle
l’inimitié et la belligérance tournent le dos.
*
L’inverse de l’homme de violence, du grand criminel n’est pas
l’homme de moralité moyen, le conformiste, mais l’extrémiste de l’Amour.
L’homme moyen suit les mouvements de masse, guerre ou paix, et devient rarement un guerrier de la paix.
*
Il n’y a pas de chemin pour les hommes hors de la
réconciliation permanente. Ou c’est la guerre et la mort, ou c’est la paix et
la vie. Aut aut valable pour toutes les cultures humaines, l’éthique de base
que nulle humanité ne peut éluder.
*
La paix a sa source dans la reconnaissance mutuelle sans
réserve des êtres humains comme semblablement humains à part entière, avec des
droits identiques.
*
Vivre la Parole de vie en nous, entre nous ou vivre la
guerre, la destruction, le règne de mort. Donc Dieu est la question vitale par
excellence. L’homme vit Dieu, c’est-à-dire justice, partage, vérité…, ou il
s’anéantit.
*
C’est sempiternellement la guerre entre l’Esprit et la Puissance, entre Dieu et Mammon.
C’est sempiternellement la guerre entre l’Esprit et la Puissance, entre Dieu et Mammon.
*
*
La vraie guerre sainte oppose le
Dieu de Miséricorde et le Dieu de Toute-Puissance, le Christ et l’Antéchrist.
*
Faire le Christ et non s'auto-adorer comme Groupe est la
visée des Suiveurs de Jésus.
Faire l'Absolue Personne. En chacun. En tous.
*
Hommes de toute la planète Terre, frères dans le plus intime
et frères dans l’abîme du cosmos.
*
Le lieu de l’essentiel est chaque personne humaine et jamais
une collectivité.
*
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire