LE DÉSIR, L’ESSENTIEL,
L’IMPOSSIBLE
L’essentiel, je ne sais pas ce que c’est. Mais je sais ce que
cela n’est pas : l’Argent, le Prestige, le Confort, le Pouvoir, le Savoir,
le Sexe, la Jouissance sans entrave… enfin toute la liste des idoles humaines.
*
Le désir veut l’essentiel. Le désir est habité par l’absolu.
Il ne se contente jamais. Les perversions sexuelles constituent une des
expressions les plus manifestes de cette quête inapaisable.
La chair ne cesse de brûler. Rêves de caresses interdites,
d’étreintes impossibles.
Pourchas de Dieu à travers la chair.
*
Ce que l’être humain cherche au fond du sexe, de l’alcool, de
la drogue…, c’est Dieu, l’absolu qu’on ne peut jamais atteindre.
*
Notre cœur ne peut se contenter d’un amour fini. Tout amour
veut l’infini. Tout désir est au fond désir de l’absolu, désir du divin.
*
La sagesse ordinaire consiste à se contenter du fini. Mais cette
sagesse ne nous satisfait pas. Une folie nous habite qui envers et contre tout
nous fait désirer l’infini.
*
Le désir veut Dieu, la plénitude, l’impossible, y compris les
désirs pervers. C’est dans la transgression que le pervers fait l’épreuve de
l’impossible.
*
Le monde manifeste l’évidence de la finitude. Les étoiles et
les vivants naissent et meurent. L’infini n’habite que dans notre cœur. Je
regarde en face l’évidence de la mort des soleils et lui oppose la folie du
désir d’infini qui m’habite.
*
La quête de l’infini peut prendre deux formes : la
recherche de la jouissance sans entrave ou le mourir à soi et le naître à Dieu.
*
Sur l’essentiel, il vaut mieux se taire et le vivre car le
dire est impossible sans l’affadir, le
défigurer et le réduire.
*
Ici maintenant en tout lieu en tout temps où vivent des hommes
l’essentiel a lieu. Il n’y a ni lieu ni temps ni hommes privilégiés. Partout
l’essentiel a lieu.
*
L’essentiel a lieu en tout être
humain. Personne n’est hors.
*
En tout être humain brûle le feu du désir.
*
Il ne s’agit pas de nier le désir, mais de l’ouvrir, de le
faire accéder au jeu le plus profond.
*
La Parole est le lieu du Désir infini.
*
Ce qui fait un être, c'est son désir, la force, la qualité de
son désir.
*
Ne cherche pas à satisfaire ta faim; fais-en ta nourriture.
Mange le feu de ton désir.
*
MANGE LE FEU
AU
LIEU DE TE LAISSER MANGER PAR LUI.
*
« CE DÉSIR N’EST PAS UN DÉSIR QUE J’AI, C’EST UN DÉSIR
QUE JE SUIS. CE DÉSIR N’EST PAS UN ACCIDENT DE MA VIE, C’EST MON ESSENCE. JE
SUIS CE DÉSIR INCARNÉ. » (HELLO)
*
« LE DÉSIR SERA MON TRÉSOR. »(SIMONE WEIL)
*
Ne conforme pas ta vie aux normes de ce monde. Trouve le cœur
de la vie au cœur de ton désir. Ne cède pas sur ton désir, comme dit Lacan.
*
Je dis à chacun, à chacune : trouve Dieu au fond de toi
comme source de ta vie .
*
L’objet inconscient du désir est Dieu comme origine et finalité, alpha et oméga.
*
Le désir de sacré est plus profond que tout le reste des
aspirations humaines.
*
Il ne s’agit pas d’opposer l’ici-bas et l’au-delà, mais de
désirer vivre absolument ici, maintenant et à jamais.
*
Ceux qui ne manquent de rien manquent de tout: ils manquent
de la faim essentielle.
*
« CE QUI NOUS MANQUE, C’EST LE MANQUE. »(PÉGUY)
*
Brûle ton esprit questionneur et vis comme une flamme sans
demander pourquoi.
N’habite pas la terre ; habite le Feu dont elle n’est
qu’une figure trop familière. Brûle. Brûle sans raison.
*
D'ordinaire, c'est de néant que nous vivons, du fade aliment
de notre vague existence affairée et distraite. Mais, par instants, à travers
l'épaisseur du monde et de notre individualité, en quantité tout juste
suffisante pour nous maintenir au-dessus du gouffre de mort, nous parvient,
faible lueur, presque insaisissable reflet de l'être, signe fugace qui
encourage, la parole de vie qui brûle au cœur du cœur.
C'est la chaîne d'or de ces moments privilégiés, suspendue
au-dessus de notre perdition, qui nous relie à l'incorruptible.
*
BRÛLER SANS RAISON. Le seul but: sortir du but, du raisonnable,
du justifiable; brûler sans raison.
JEU DE L’EGO ET DU
NON-EGO
L’homme est l’animal habité d’infini. Mais l’infini
l’angoisse et il préfère se réfugier dans le fini et oublier son âme.
*
Le Moi est négation de l’infini.
Le Moi qui se pavane : comble du puéril et du dérisoire
car ces trémoussements vaniteux sont moins que rien en comparaison des temps et
des espaces illimités où se déroulent nos existences précaires.
*
La voie est: négation de la négation.
*
Le Moi est notre part idolifiante. En-deçà, l’âme «
inqualifiable ».
*
« LE MOI QUI DIT MOI N’EST PAS LE VRAI MOI. »
(LAO-TSE)
*
A la place de notre vie, nous construisons une autofiction à
laquelle nous nous mettons à croire.
*
Penser pour défaire les murs de l'auto-incarcération de
l'homme.
*
Chaque homme est enfermé dans la prison de son Moi. Renoncer
à soi, ce n'est que renoncer à son auto-incarnation pour entrer dans la liberté
de la Vie.
*
Terre des morts-vivants terrés dans leur abri hermétiquement
clos, dans leur
monde sans fissure, désespérément plat, minutieusement
aménagé...
*
Il y a les parfaits selon ce monde: les
parfaitement-organisés, et il y a les blessés d'azur, dont l'âme abrite la voix
mystérieuse.
*
Le Non-Ego: ce n’est pas un état, mais ouverture, mouvement,
Esprit créateur.
L'Ego n'existe qu'en tant qu'illusion, faux jeu.
*
Se relier à la Parole-Source pour ouvrir les discours de
l’Ego humain, interpréter les états de fermeture.
*
Tout le malheur de l'homme vient de vouloir maîtriser la vie
là où il s'agit de s'y
abandonner follement.
*
L’obsédé de l’ascension sociale aspire à arriver tout en
haut. Le pèlerin du chemin intérieur
désire revenir au plus profond.
*
Ce qu'ils appellent vaincre, les forts de ce monde, n'est que
faire triompher leur pire faiblesse, diviniser la chose existante la plus
chétive et la plus éphémère : leur moi.
Ce qu'ils appellent vaincre, c'est établir le règne d'une
puce dans l'incommensurable royaume des étoiles.
*
L’Ego, instance de l’orgueil. Nous, les humains, nous savons.
Nous savons d’avance. Refus opiniâtre de renoncer au savoir, au schéma que nous
avons échafaudé dans notre tête, à notre implicite philosophie de la vie et de
risquer l’aventure du non-savoir.
*
Regarde l’extrême misère et regarde l’horreur de la mort et
tu t’éveilleras du rêve de l’Ego humain.
*
Prendre conscience? Mentaliser? Non, au contraire, s'ouvrir à
l'Inconscient, à ce qui vient de la matricielle nuit du dedans.
*
Jeu de l’Ego et du Non-Ego, du Conscient et de l’Inconscient.
L’Ego égaré entre ses multiples facettes superficielles cherche vainement à se
fixer à un ordre maîtrisable, tournant
le dos au royaume intérieur, au Je profond infiniment plus vaste, infiniment
ouvert.
*
« JE EST UN
AUTRE. »(RIMBAUD)
*
Deviens ce que tu es: toi-même et non une copie des images
sociales en vogue.
Deviens l’Autre qui est en toi, inscrutable infinité.
*
Le Moi veut consister. Le Je est ek-sistant.
*
Se déconsister pour ex-sister. Sans cesse mourir pour naître.
*
MOURIR À SOI
POUR NAITRE À
LA VIE
*
Le mourir à soi est l’imitation du
Christ, la foi en la Vie plus forte que la mort, en l’Esprit salvateur.
*
Le mourir à soi et l’éveil à l’Esprit
dans la chair sont l’envers et l’endroit de la même expérience.
*
Ici maintenant
mourir
au Règne du Mal et de la Mort
pour co-naître
à l’Esprit vivant.
*
Naître à la Vie, à la Parole-Vie
transcendant l’humanité espèce vivante, l’humanité-humus,
l’humanité-nature .
*
« QUI CHERCHERA
À ÉPARGNER
SA VIE
LA PERDRA,
ET QUI LA PERDRA
LA
CONSERVERA. »
*
Nudité. Ne pas se faire d’Image. Ne
pas se fixer à une Image. Ne pas idolifier.
*
SICH NICHTS EINBILDEN
*
Impossible de ne pas se faire
d’Image. Cependant tenter sans cesse de suspendre
la fixation aux Images de soi et des autres, de ne pas se réduire à sa névrose,
à son état peccamineux. Renoncer à
l’inferno de l’idolification, du jugement de soi et des autres. Se pardonner,
pardonner aux autres et accueillir en soi la lumière de la Parole
aimante qui vient du Dedans.
*
Se dénuder et s'ouvrir sans réserve
au don de l'Amour. Rien d'autre à faire. Se dénuder et laisser naître. Se
dépouiller de toute Pensée sur l'existence sans exception.
*
Se dépouiller de tout titre, de
tout signe extérieur de distinction sociale ou religieuse. Être un homme nu et ne
vivre que relié à la Source du dedans.
*
Toute philosophie, toute image du
monde est un habit pour se protéger contre la nudité.
*
La dénudation mène au cœur de l’être,
lieu du mystère insondable. Nulle doctrine à enseigner. Défaire les
postures (impostures). Pur chemin
intérieur. Au bout du chemin, l’infini,
la Parole.
*
Se rapporter au Dedans absolu (la
Parole), c'est en même temps s'ouvrir infiniment aux autres et au monde; c'est
tout vivre à partir du cœur de l'existence.
*
RENONCEMENT. Le
renoncement délivre de l'accessoire pour ouvrir à l'essentiel.
*
Le mourir au Moi n’appauvrit pas ; il ouvre à l’infini.
*
Mourir aux valorisations humaines trop humaines et naître au
Verbe de vie.
*
Crime de lèse-vie, toute démesure
grossière, toute lourdeur. Crime de lèse-vie autant le glacial mépris de la
chair, certaines pratiques ascétiques excessives, la contrainte tyrannique, la
morosité des puritains, que la poisseuse voracité des "viveurs", le
cannibalisme écœurant des débauchés, le dégoût des blasés.
*
La vie exige un équilibre subtil,
cette "goldene Mittelmäsigkeit" dont parle Hölderlin, cette mesure
d'or, cette tendre et fertile paix entre les diverses tendances de notre être
complexe.
*
Qui veut à tout prix sauver sa vie,
qui veut sauver son âme, qui veut sauver son corps, qui veut les posséder à
pleines mains, avidement, furieusement, les perdra.
*
Ouvrir le Moi clos, la clôture égoïque, premièrement à la
Parole et en second lieu, dans la lumière de la Parole, aux autres êtres.
Double mouvement simultané.
*
L'expérience commence par un non radical au clos et s'accomplit par un oui entier: assumation de la Vie jusqu'à travers, jusqu'au-delà de la mort.
*
À travers la
Ténèbre dire un oui sans réserve à la Lumière.
*
Renversement du Moi et de son Sur-Moi :
nous arracher au Principe Unique, Dominateur pour entrer dans le jeu libre de
l’expérience originelle sans cesse recommencée.
*
Le Moi-Enfant se réfère au Sur-Moi
parental et doit peu à peu s’en détacher pour naître à la Parole en lui.
*
N’ÊTRE RIEN QUE OUI face à tout
(l’agréable, le désagréable, le net, le trouble…). Lutte pour constamment faire
taire le Moi, qui refuse le oui sans restriction, c’est-à-dire l’Amour entier.
*
Il faut mourir plusieurs fois de
son vivant pour connaître vraiment la vie comme précarité et beauté. Pour
s'éveiller de l'hypnose de son Moi.
*
Toujours commencer, recommencer par le
vide. Et non par : je pense, donc je suis.
*
Sans cesse se dé-penser.
*
Anticogito, geste inverse de celui de
Descartes (Cogito, ergo sum). Je me dé-pense, donc je suis.
*
L'essentiel : la dénudation, la métanoïa
en-deçà des fins humaines. Le reste vient du Dedans, de l’inspiration.
*
ANTICOGITO (je me dé-pense, donc je suis): tout l'humain est à repenser, de toute éternité, à travers cette postulation de base.
*
Golgotha de la pensée.
*
Le Cogito cartésien est l'expression du
péché originel. Moi, l’homme, je veux penser, je veux saisir le monde.
*
Certitude (précaire) du Moi ; mystère du
Je.
*
Prière du matin. Me dépouiller
intérieurement. Et toujours à nouveau renaître au mystère de l'existence.
*
Blessures narcissiques. Lente sortie de
l'enfance, de la naïve confiance en la vie immédiate. La foi, c'est retrouver
cette confiance à travers le crible du mourir.
*
Métanoïa ininterrompue, constamment à
vivre, à re-vivre. Pas d'accumulation. A tout instant refaire le saut en-deçà du Moi.
*
VIDE. L’expérience de foi implique forcément le passage par
le vide, le vide du mourir au Moi, le vide de la mort physique.
A la fin, rien de saisissable, mais l’expérience du
désaisissement radical et l’abandon au Mystère, un Mystère qui nous dépasse infiniment.
*
« DEVIENS TON ENFANT,
RENDS-TOI SOURD ET AVEUGLE !
TOUT TON ÊTRE DOIT DEVENIR NÉANT !
LAISSE LE LIEU, LAISSE LE TEMPS,
ET LES IMAGES ÉGALEMENT !
SI TU VAS PAR AUCUNE VOIE :
SUR LE SENTIER ÉTROIT,
TU PARVIENDRAS JUSQU’À L’EMPREINTE DU DÉSERT. »
(MAÎTRE ECKHART)
*
Vaine la recherche de la bonne explication, du bon chemin. Il
faut tout abandonner. Expérience de la Croix, expérience de l’agonie. A ne pas
séparer évidemment de la foi en la Vie, en la Résurrection.
N’accentuer que la Croix est posture doloriste, un des péchés
capitaux du Christianisme. *
Faire le vide et se laisser traverser par la Parole de vie.
Tu vis le Jeu lorsque ton être se vide totalement et ne
s'auto-fonde plus. Stase dans le vide radical. Co-naissance à l'ineffable, à la
Parole infinie.
*
Le vide seul te recentre. Alors tes périphéries psychiques et
physiques se remplissent par éclairs de
la lumière de l’invisible soleil intérieur.
*
Georges Bataille : négativité se prenant elle-même pour
objet, non la balance : se vider pour laisser place à Dieu.
*
Il ne faut pas que la recherche du vide devienne l’absolu.
C’est le risque du bouddhisme.
*
N’aspire qu’à cela: perfectionner l’état de nudité.
*
MÉTANOÏA. Point d’autre chemin que la
conversion, l’abandon du règne unilatéral du Moi. Dans tous les domaines.
*
Métanoïa. Passage de la paranoïa du Moi
au Je autre. Passage de la Logique égoïque déréalisante à l’Alogique transégoïque,
au Réel vivant absolu.
*
Remise en cause radicale. Mourir au monde que je me suis construit pour m'y enfermer. Se délester de toutes les petites certitudes et s'ouvrir au mystère d'être.
*
Mourir à toute autorité terrestre et
naître à la Loi de Dieu, Loi du Christ, Esprit de charité, dans l’intime
intimité de l’être humain. Anarchie sublime.
*
Le choix: règne du Moi,du Sur-Moi humain, ou règne de la Loi de Dieu, la Loi du respect de toute Créature.
*
Le choix: règne du Moi,du Sur-Moi humain, ou règne de la Loi de Dieu, la Loi du respect de toute Créature.
*
La vie, c’est un constant mourir à soi et un naître au Verbe
de Vie.
*
Sans expérience de la perte totale difficile d’accéder au
sens transcendant de la vie. Il faut l’arrachement sans réserve à l’immédiat, à
la normalité, pour co-naître au jeu infiniment profond.
*
Expérience d'abandon, non travail de volonté.
*
Le salut de l’être humain ne peut se trouver que par la voie
du dedans. La grande illusion est de croire que nous trouvons le salut hors de
nous, dans la société, dans le monde. Sans le retournement vers la Parole au
plus intime de l’intime, rien ne change dans le monde humain. C’est l’éternelle
injonction : convertissez-vous ! Le Royaume est en vous.
*
S’éveiller à l’Amour, non adhérer à une Croyance ou à une
Incroyance.
*
Vivre l’éternité dans le temps et le temps dans l’éternité, telle est la
conversion.
*
« WEM ZEIT WIE
EWIGKEIT UND EWIGKEIT WIE ZEIT,
DER IST BEFREIT
VON ALLEM LEID. »
« CELUI POUR QUI TEMPS EST COMME
ÉTERNITÉ ET ÉTERNITÉ COMME
TEMPS,
EST DELIVRÉ DE TOUTE PEINE. »
(BOEHME)
*
SECONDE NAISSANCE. La seconde naissance, la naissance
« surnaturelle », ne s’opère que par la mort à l’humanité
« naturelle ».
*
Nous sommes dès l'abord sur la mauvaise piste. Il nous faut
toute la vie pour
(re-)trouver ce que nous sommes. Là où est le cœur de l'être, au-delà du temps, tu dois
advenir.
Processus de la seconde naissance : (re-)deviens ce que
tu es.
*
La seconde naissance est la véritable naissance.
*
D'abord, tuer entièrement ses Dieux.
Se montrer dans ces meurtres sans pitié. Et ne pas oublier que cette
innombrable mise à mort est à recommencer chaque jour, à chaque instant : les
Dieux renaissent comme les têtes de l'Hydre de Lerne. La nudité n'est pas un
état, mais une guerre sans trêve contre notre congénitale idolâtrie.
*
Une action prodigieuse, impossible,
est exigée de nous : nous arracher à toutes nos confiances, à toutes nos
tiédeurs, nos petits bonheurs, nos idées claires et nettes, et nous jeter
consentants dans l'abîme du temps et de l'espace, dire oui lucidement,
pleinement, au sans-nom, sans-limites, à l'infini indéfinissable.
Vaincre notre pesanteur, sortir du
monde égocentrique et retrouver l'espace libre, co-naître à la réalité misérable
et grandiose, nous vouer corps et âme au Grand Œuvre divin, labeur d'amour sans
fin, brûlure infinie.
*
Nous laisser incendier par le Feu qui
brûle plus que tous les soleils, l’Agapè christique.
*
Tu dois ébranler la fermeté de ton
sol. Tu dois déchirer le livre de tes certitudes et en éparpiller les lambeaux
dans le feu de la nuit.
*
Il ne suffit pas d’être né; il faut
encore sans cesse renaître.
*
Vivre, c'est apprendre à naître,
à re-naître sans cesse.
*
FOI
Inconnaissance ardente, la foi
n'assène aucune affirmation dogmatique. Elle est désir, désir fou de Dieu, non
possession d'un savoir.
*
Si nous avions la moindre parcelle de savoir sûr de Dieu, il
n'y aurait plus de foi qui est risque absolu, liberté sans fond.
*
La foi ne s'appuie sur aucune
certitude objective. Elle est mouvement dans la nuit la plus noire. La moindre
certitude objective anéantirait la foi et nous précipiterait dans un monde
prédéterminé, sans liberté.
*
La foi est consentement à traverser
la nuit la plus noire, à parcourir jusqu’au bout le chemin de croix.
*
Les conceptions de l’existence qui se
limitent aux frontières du monde immanent refusent l’aventure extrême de la
foi, le saut dans l’abîme.
*
La foi n'est rien d'autre que de
croire ABSOLUMENT en la Vie. Croire infiniment plus en la Vie qu’en la Mort.
*
Quête de foi. Ne cesser de remettre
en jeu toute réponse simpliste et vivre jusqu'au bout l'incandescence de la
question.
*
La foi, non accompagnée du doute
absolu, de l'athéisme le plus radical, n'est que délire.
*
La foi n’est qu’un atome improbable dans l’abîme du doute.
*
La foi cohabite avec le doute absolu. La pensée est affrontée
jusqu'au bout à la question essentielle: Dieu ou le Néant. Rien ne permet
rationnellement de trancher la question hormis le mouvement entier de l'être
qui désire contre toute raison le règne de l'Amour.
*
La foi et la non-foi alternent constamment, pas de certitude monolithique ni dans un sens ni dans l'autre. Mais à la fin il faut croire comme un fou, pour sauver la Vie, pour sauver l’Amour.
La foi et la non-foi alternent constamment, pas de certitude monolithique ni dans un sens ni dans l'autre. Mais à la fin il faut croire comme un fou, pour sauver la Vie, pour sauver l’Amour.
*
La foi n'approche de sa vérité qu'au cœur de la Nuit la plus obscure, quand tout espoir ou désespoir humains se sont évanouis.
La foi n'approche de sa vérité qu'au cœur de la Nuit la plus obscure, quand tout espoir ou désespoir humains se sont évanouis.
*
La foi ne triomphe jamais du doute. Elle ne triomphe de rien
et n’est pure qu’en consentant à son extrême faiblesse.
*
La foi est l’extrême faiblesse de
croire malgré la toute-puissance du monde niant Dieu.
*
Foi , désir de Dieu, désir désespéré pour dire oui, alors que
nous ne sommes que non, non vague, informulé, déguisé en oui trouble à
l'illusion. Désir désespéré, aride, pour sauver, pour transformer en vraie
lumière la substance d'une vie honteuse, alors que constamment nous nous
perdons, nous nous effilochons dans l'imparfait, la banalité, que constamment
nous nous noyons dans le courant boueux du temps. Un désir difficile,
IMPOSSIBLE. Car à vrai dire nous ne souhaitons dans notre faible chair que la
continuation de ce monde d'illusion, de nos vies doucement assoupies, doucement
en dérive sur l'océan des jours. Nous avons peur de nous réveiller de notre
rêve trop familier, peur de l'absolu, peur de la mort et de l'espace infini qui
sont les faces tangibles du Jeu abyssal. Et malgré tout, malgré notre
tremblement et notre dégoût, malgré notre état de continuelle défaite, à cause
d'eux, contre eux, il nous le faut coûte que coûte maintenir dans notre âme, le
purifier, le nourrir, l'attiser sans repos, ce désir de l'absolu, ou consentir
lâchement à n'être que des ectoplasmes en décomposition sur le charnier d'un
monde absurde.
*
Vivre, souffrir, souffrir toujours
d'une part d'absence, de manque, désirer, espérer envers et contre tout, chaque
jour. C'est l'essence de la foi.
*
Qui a trouvé la Réponse, qui a trouvé
Dieu, ne peut s’ouvrir à la foi.
*
La foi ne saisit rien. Elle est infini
désaisir, infinie suspension du mouvement idolâtrique et abandon au Mystère.
*
Mourir sans cesse à la volonté de
saisir. Le non-saisir est la voie.
*
Aller au-delà, dans l’inconnu, dans
la nuit où se défait la parlerie humaine rien qu’humaine.
*
Aller au-delà de toute certitude ou
incertitude.
*
La pensée théologique, la pensée
athéologique et agnostique sont des évitements de l’expérience de dénudation et
de ténèbre.
*
Dieu ne se rencontre que dans
l’absolue nuit.
*
La foi, ce n'est pas se mettre à
l'abri du Christ; c'est prendre sa suite et tenter de parcourir jusqu'au bout
son chemin déroutant. En même temps, c’est croire qu’en Lui est le salut.
*
Dans la foi, on ne croit pas une
vérité parce qu’elle est proclamée par une institution, mais parce qu’elle fait
vivre.
*
La foi est abandon sans réserve à la
non-réponse. Dieu n’est pas la Réponse. Il est la Non-Réponse, la Faille dans
la sphère trop sphérique, si familière du monde humain.
*
La foi n’est pas Réponse. Elle est
désir de vérité que rien de terrestre ne peut satisfaire. Les énigmes de
l’existence restent entières.
*
La plupart des humains veulent une
Réponse et non la Voie où il faut se mouiller soi-même.
*
Ce qu’on peut croire appartient à
l’humain. Ce qu’on ne peut pas croire appartient à la foi.
*
La foi n’est pas certitude, mais
ardente inconnaissance, risque suprême.
La foi n’a rien à faire avec un
savoir; elle est pur désir, désir nu par-delà toute certitude.
*
La foi, ce n’est pas croire au Ciel,
c’est croire à l’Amour, au DEUS CARITAS. Ici, maintenant, à jamais.
*
Foi : saut au-delà de toute
raison de croire.
*
Je crois parce que la Foi, c'est infiniment plus grand que ce que peut concevoir et accepter la raison humaine.
*
Je crois parce que la Foi, c'est infiniment plus grand que ce que peut concevoir et accepter la raison humaine.
*
Je crois parce que la Foi, c'est infiniment plus grand que ce que peut concevoir et accepter la raison humaine.
*
Je crois parce que la Foi, c'est infiniment plus grand que ce que peut concevoir et accepter la raison humaine.
*
La véritable épreuve de la foi est la
mort. N’est vraie qu’une foi plus forte que la mort.
*
Ce monde est triomphe de la puissance
et de la mort, la foi est pari sur l’inverse.
*
La foi n'affirme pas un monde, un
autre monde. Elle affirme le refus de l’ordre du monde où triomphent la
finitude et la mort.
*
La foi ne peut faire l’économie de
l’expérience du Néant. Pas de véritable foi sans la Croix, le passage par le
Néant absolu.
*
La foi, c’est croire à Dieu à travers
la mort, par-delà la mort. Christ est le
Passeur.
Il ne nous préserve pas de la mort,
il va au-delà de la mort.
Christ ne change rien à la condition
humaine, il l’accomplit. Il accomplit sa destinée divine.
*
La foi n’est pas l’adhésion à une
dogmatique, elle est la décision personnelle de croire le Christ comme destinée humaine et divine de
l’homme.
*
Vivre à la fois totalement la « rugueuse
réalité » du monde sans Dieu et la folie de la foi.
*
Sans cesse faire coexister la
possibilité de la foi et la vision totalement désenchantée de l’existence.
*
C’est aujourd’hui que devient
peut-être possible l’expérience la plus
authentique de la foi. Hors de tout le poids des routines religieuses et de
tous les mirages illusoires.
*
L’acte de foi est risque absolu, saut
dans le vide.
*
Tous cherchent une certitude qui
n’existe pas, les uns dans un Livre sacré, les dogmes d’une religion, les
autres dans une philosophie, dans la techno-science, voire dans le total
non-sens de l’existence, dans la mort…
L’être de foi va au bout de son désir
fou sans la moindre garantie, funambule s’aventurant sans filet dans l’espace
de l’ardente inconnaissance.
*
Il faut constamment réinventer la
foi car Dieu est l’absolu Inouï, l’absolue Nouveauté impossible à saisir.
*
Il faut constamment réinventer la foi
car Dieu est l’absolu Inouï impossible à saisir
*
*
Ne cherche pas ce qu’il faut faire.
L’essentiel réside dans la foi en la Vie au tréfonds de notre cœur. Laissons
faire la Vie à travers nous.
*
Dieu est le Dieu de Vie, le Dieu des
vivants, non le Dieu des morts-vivants qui s’enferment dans leur
geôle-sépulcre.
*
Quête de foi comme ouverture de
l'esprit. Ne pas se replier dans son univers religieux clos, immobiliste.
Chercher Dieu sans répit à travers sa religion d'origine et à l'aide de toutes
les autres religions, toutes les autres spiritualités, y compris les athéistes.
Chercher Dieu sans répit dans son propre cœur, dans le souffle de l’Esprit
Inspirateur.
*
Vaine recherche des preuves de
l'existence de Dieu. Il n'y en a pas et la foi n'en a nul besoin. Il n'y a pas
de preuves de l'existence de Dieu; il n'y a que des signes du transcendant.
Dieu veut qu'on l'aime à travers sa
quasi absence. La foi ne peut se déployer comme acte libre et gratuit que dans
cette obscurité de Dieu. Si Dieu s'imposait par une présence trop manifeste, Il
écraserait l'homme et empêcherait la démarche libre et risquée de la foi. La
question la plus profonde n'est pas celle de l'existence de Dieu, mais celle de
l'orientation de notre amour. Que voulons-nous aimer? La finitude ou l'infini? La
mort ou la vie? La haine ou l'amour? La servitude ou la liberté?
*
La foi christique est folle. La foi
en ce monde est raisonnable, mais elle est en son fond défaitisme face à la
mort, nihilisme.
*
La Foi est peut-être voie d’illusion, mais la Non-Foi, c’est
certain, est à long terme voie de néant.
*
La Foi vise l’Impossible.
Les philosophies, elles, veulent
toujours saisir le possible de ce monde.
La Foi déborde le monde.
*
Il n'y a pas de foi sans la traversée sans réserve de la Croix et du néant. La foi est un combat traversant les certitudes mondaines et les croyances superstitieuses, le combat le plus ardu avec les forces de mort pour la plus grande liberté de la vie.
Il n'y a pas de foi sans la traversée sans réserve de la Croix et du néant. La foi est un combat traversant les certitudes mondaines et les croyances superstitieuses, le combat le plus ardu avec les forces de mort pour la plus grande liberté de la vie.
*
La foi, c'est de croire l'Amour
infiniment plus fort que la Mort et le Néant. Totale folie!
*
Malgré le Mal omniprésent, malgré la Mort,
il faut clamer la foi folle en la Vie. Seule tâche humaine vraiment
humanisante.
*
Deux questions symétriques: pourquoi certains ont besoin de
croire; pourquoi d'autres ont besoin de ne pas croire?
*
Il ne s'agit pas de croire en une Cause, en une Entité. C'est l'Ego qui veut croire sur ce mode pour trouver une consistance. Distinguer croyance, affaire du Moi, et foi en la Parole.
*
Croyance, incroyance: postures discursives secondaires,
prises par le Moi, que la Parole, dimension symbolique primordiale, précède.
*
*
*
Croyances usées et incroyances indifférentes se valent. Jeux
superficiels, oubli de la Source vivifiante.
*
Ce que tu vis, ta qualité d'être, importe infiniment plus que
ce que tu penses, que ce que tu crois, le contenu de ta croyance.
*
« L’INCERTITUDE OBJECTIVE
APPROPRIÉE FERMEMENT PAR L’INTÉRIORITÉ LA PLUS PASSIONNÉE, VOILA LA VÉRITÉ, LA
PLUS HAUTE VÉRITÉ QU’IL Y AIT POUR UN SUJET EXISTANT. LA VÉRITÉ CONSISTE DANS
CE COUP D’AUDACE QUI CHOISIT L’INCERTITUDE OBJECTIVE AVEC LA PASSION DE
L’INFINI. CETTE DÉFINITION DE LA VÉRITÉ EST UNE TRANSCRIPTION DE CELLE DE LA
FOI. LA FOI EST JUSTEMENT LA CONTRADICTION ENTRE LA PASSION INFINIE DE
L’INTÉRIORITÉ ET L’INCERTITUDE OBJECTIVE. SI JE PEUX SAISIR DIEU OBJECTIVEMENT,
JE NE CROIS PAS, MAIS JUSTEMENT PARCE QUE JE NE LE PEUX PAS, IL FAUT QUE JE CROIE. »
(KIERKEGAARD)
*
Croire le Christ, c'est le vivre, c'est
croire le Verbe du Dieu d'Amour, DEUS CARITAS, et laisser son Esprit nous
vivifier.
*
Il ne s’agit pas de croire ou de ne
pas croire ceci ou cela ; il s’agit de croire et de vivre la Parole-Vie au
plus profond de soi.
Le Dieu auquel tu crois se manifeste
plus dans ta façon de vivre que dans tes discours.
*
On peut dire croire en Dieu et
massacrer sans scrupules ses semblables.
*
Faire Dieu importe plus que croire en
Dieu.
*
Croire en Dieu et Le faire, c’est la
même chose.
*
«JE NE CHERCHE PAS À COMPRENDRE POUR
CROIRE, MAIS JE CROIS POUR COMPRENDRE. » (SAINT ANSELME)
*
La question n'est pas: croire ou ne pas croire. On croit
toujours quelque chose. La vraie question est: que croyons-nous? en quoi
croyons- nous?
La problématique ne se clarifie que
si l'on opère soigneusement la distinction essentielle entre croire à et croire
en, entre croyance et foi. Les croyances concernent l'adhésion à des mondes
imaginaires, fantasmatiques, et la foi, la confiance en une Personne.
*
La foi exige de mourir à toutes les
croyances, à toutes les Idées du monde naturel ou surnaturel et de ne
s'attacher qu'à Dieu en personne.
*
Croire vraiment, c’est croire
l’incroyable.
*
Croire en l’homme sans croire en
Dieu, ce n’est pas assez croire en l’homme. Croire en Dieu, c’est croire en
l’homme absolument.
*
Croire pour les autres, pour ne pas
abandonner les êtres aimés au Néant. Croire pour tous les humains. Croire en
Dieu pour vraiment croire aux êtres humains.
*
OU BIEN OU BIEN
Le choix entre les conceptions de la
vie se joue sur le type de valorisation. Que veux-tu ? Que
désires-tu ? Veux-tu l’Amour ou veux-tu la Volonté de puissance ?
Veux-tu véritablement exister ou es-tu fasciné par la dissolution dans le
néant ?
*
L’aut aut fondamental : tu es au
service de la Vie ou de la Mort. Choisis.
*
Tous ces milliards de vivants qui ont
vu la lumière et qui se sont à nouveau évanouis dans le néant…Une formidable
question. L’univers n’est-il qu’une machine de mort qui tourne dans le vide in aeternam?
L’homme moderne pense sauver le monde
par l’œuvre humaine rien qu’humaine. Illusion : la Terre moderne elle aussi
disparaîtra dans l’horrible ronde. L’homme ne peut briser le fatum de la mort. C’est là une
borne infranchissable. Seul un Dieu…C’est pourquoi il faut ou consentir au
monde qui passe ou adhérer à l’Histoire du salut. Ce choix est l’épreuve de la
foi. Et rien ne peut t’aider dans ce
choix que ton propre désir. Que veux-tu ? Veux-tu le Néant ou veux-tu la Vie ?
*
Évidemment nous sommes toujours entre
Vie et Mort et toute notre existence est choix, choix obscur, choix jamais
décidé en toute clarté. Et le choix véritable est de s’abandonner au Dieu
intérieur par-delà tout choix humain.
*
L’enjeu de la pensée est en fin de
compte le choix paradoxal entre un choix purement humain et l’abandon de tout
choix. Grosso modo consentir au monde tel quel, monde sans Dieu, monde-machine,
déterminisme pur, fatum implacable où nous sommes pris sans recours ou
s’abandonner au-delà de toute raison au Dieu inconnaissable révélé en Christ
comme Amour.
*
Le choix profond, qui ne se fait
jamais en toute clarté, se joue entre la
Vie qui vient du dedans et l’adoration-détestation de l’Ordre du monde et ses
conséquences inéluctables, le laminage, la mort.
*
Le choix est à la fin toujours
éthique, adhésion à une façon de vivre. En fin de compte on choisit toujours
bon gré mal gré soi un mode d’existence.
*
On n’échappe pas au « Entweder
oder » (au « ou bien ou bien »). Tout notre être, corps et âme,
y est pris constamment.
*
Pari pascalien. Je ne parie pas pour
Dieu, pour jouir du paradis, j’adhère à l’ordre de la charité, au « Deus
Caritas », au Dieu de Jésus-Christ, que j’éprouve comme le plus haut, le
plus pur de ce que l’être humain peut vivre ici et à jamais .
*
Le seul choix in fine : veux-tu
ou non le Christ c’est-à-dire le Dieu de charité ?
*
*
Le choix n’est pas entre ciel et terre, mais pour ou contre
le Christ.
Homme, tu n’as le choix à la fin
qu’entre la folie du Néant et la folie de Dieu.
Ou la démence du Monde ou la folie de
la Foi.
Double postulation qui ne cesse
de nous déchirer. L’homme est exposé à un choix impossible. Il ne peut
habituellement qu’avouer son incohérence, son incertitude, sa perplexité et se
laisser crucifier par le questionnement.
*
Voie de la foi nue. Dans ma nuit
obscure, je ne vois rien et j’implore. Lumière imperceptible, viens à mon secours !
*
Voie de la nudité. Dépouiller l’homme
de lui-même, de sa pensée de soi-même.
Dépouiller l’homme de ses conceptions
de l’homme et du monde.
*
Ne pas croire, c'est ne pas croire
assez en la Vie. C'est croire à la fin au Néant.
L'aut aut : croire en la Vie ou
croire en la Mort.
*
La question posée à chacun :
désires-tu l'infini, ou te contentes-tu du fini?
L'agnostique, lui, vient avec son
"je ne sais pas". Comment ? Tu ne sais pas si tu veux vivre? A vrai
dire, tu veux échapper à la question. Tu ne veux pas te prononcer. Mais on ne
peut pas ne pas se prononcer. Nous sommes embarqués, nous dit Pascal, personne
n’échappe à la question.
*
De quelque façon, tout existant se
prononce, manifeste par ses conduites de quel côté il penche, du côté du fini
ou du côté de l'infini.
L'agnostique voudrait gagner sur les
deux plans, mais en fait reste souvent trop englué dans le fini (sans éliminer
intellectuellement la question de l'infini).
*
Voie du non-savoir. Je ne parle
au nom d’aucune Autorité. Je ne parle au
nom d’aucun Savoir. Je n’enseigne rien. J’enseigne à se libérer de la dictature
des savoirs.
*
Entrez dans le Jeu. Abandonnez la
pesanteur du Savoir total et devenez liberté – ici et maintenant.
*
De rien l’homme n’a plus de peur que
de l’écroulement des murs de son Moi qui le protègent. Le protègent de
quoi ? De la liberté.
*
Il ne s’agit pas d’analyser, mais de
détruire la pensée, pas à pas, afin de délivrer le vivant enfoui derrière le
comédien homme. Ne pas analyser, mais détruire l’imaginaire (toute pensée
constitue un système imaginaire) afin de délivrer la Vie sans Image.
*
Le choix : ou
te terrer dans ton coin poussiéreux, consentir
à l'existence humaine close, c'est-à-dire
ne plus vivre, mais
végéter,
te transformer insensiblement
en lave inerte,
ou
poursuivre sans fin
la guerre,
la guerre sainte, vouloir la perpétuelle conversion,
affronter la peur,
la mort, le mystère,
l'impossible,
vivre en bête d'abîme,
jour après jour, sans que jamais ne s'use l'angoisse,
mais
avec le soleil
et la nuit pour compagnons,
mais avec
l'éblouissement et la joie, et l'angoisse toujours.
*
On ne perd pas sa liberté en croyant;
bien au contraire on gagne sa liberté en croyant en Dieu, le Libérateur.
*
Est-on libre en ne croyant rien? C'est quoi, ne rien croire? Croire au rien, croire au néant du monde?
Est-ce cela, la liberté, se vouer corps et âme au néant?
Le dernier mot de la liberté de
l'esprit est-il le nihilisme?
*
Aborder la question de Dieu comme question existentielle de vie ou de
mort, de liberté ou d'esclavage, et non de croyances mentales.
Dieu n'est pas une question de
croyance, mais de posture face à la vie: auto-limitation humaniste ou
illimitation de l'homme par l'incarnation de Dieu.
*
La question: peut-on croire sans
perdre sa liberté? présuppose un état primordial de liberté humaine.
Or nous ne sommes pas libres de
nature. De nature, nous sommes les esclaves du mal et de la mort. Libres, nous
ne le devenons qu'en Christ.
En croyant le Christ, nous ne perdons
pas notre liberté (inexistante), nous la gagnons.
*
Dieu est là où tu es le plus libre,
le plus dégagé des systèmes de pensée humaine. .
*
La véritable opposition:
incarcération dans l'enclos humain ou liberté en Dieu.
*
La véritable alternative :
auto-incarcération dans le Geôle humaine ou liberté en la Parole.
*
Il faut croire pour gagner sa
liberté, croire que la geôle humaine,
humaniste, n'est pas tout, croire que le sépulcre cosmique, la monstrueuse machine
de mort et de néant, n'est pas l'horizon
ultime.
*
Dieu comme force qui vivifie, qui libère, et non comme force qui écrase.
*
Les hommes restent à jamais esclaves:
d'eux-mêmes.
Dieu comme première et dernière
liberté.
*
Dieu comme l'Unique qui singularise,
qui libère les subjectivités, et non comme l'Unité qui totalise, qui opprime
sous le couvercle collectif.
*
Nos existences de peur, peur de
perdre notre petite liberté pour une liberté infinie. Peur de l'aventure absolue
à laquelle nous invite la foi.
*
La liberté réside dans la reconquête
de la part divine de l'être humain, dans la divinisation. Le divin ne s'oppose pas à l'humain;
il en est l'accomplissement ultime, absolu.
*
Nous aimons la servitude, la
soumission à nos idoles. Nous aimons l'habitude, la répétition. Emmurés dans l'Ego,
nous sommes en état d'essentielle captivité. Le Christ vient nous libérer du
règne des Dieux, ceux du sacré et ceux du profane, et nous rendre à notre
liberté de personnes. Il fait même infiniment plus: il brise le joug de la mort
et nous rend à l'infini de la Vie.
HOMO VIATOR
« NE DEMANDE
JAMAIS UN CHEMIN À CELUI QUI LE CONNAIT. TU RISQUERAIS DE NE PAS T’ÉGARER. »
(RABBI NAHMAN DE BRATSLAV)
***
On ne trouve sa liberté que sur des chemins d’égarement. La
route tracée d’avance tourne en rond en terre d’habitude.
***
Briser les formes, les habitudes. Sortir du connu et marcher
dans le délire lucide de l’Inconnu.
***
Le chemin ne cesse de commencer. L’aurore ne cesse de se
lever.
***
Êtres de foi, bêtes verticales qui s'élancent, qui se mettent
en chemin, allant de commencement en commencement, lutteurs de l'énigme, êtres qui ont les deux pieds sur terre et les
mains dressées vers les étoiles, têtes sans certitudes, sans habitudes, âmes
sans vertus, créatures équivoques, troubles, inconsistantes, mais tendues,
aspirées par le Souffle.
***
« DE COMMECEMENT EN COMMENCEMENT
PAR
DES COMMENCEMENTS SANS FIN… »
GRÉGOIRE DE NYSSE
***
Sur le chemin de tout être humain, se dresse un obstacle
infranchissable, le génie consistant précisément à faire malgré tout
le « pas au-delà », à oser entrer dans la « terra
incognita » de l’esprit.
***
Ce n’est pas le voyage vers l’ailleurs qui sauve, c’est le
voyage vers le dedans. N’importe qui peut le faire, n’importe où.
***
ÉCHECS, CHEMIN VERS LA VRAIE VOIE. Ce sont tes échecs, tes
difficultés qui te mènent sur le chemin de ta vraie voie. Ceux qui croient tout
réussir restent dans l'illusion que la vraie voie, ils la possèdent déjà et que
dans cette direction ils parviendront sans encombre à l'accomplissement.
***
« SI L’HOMME VEUT ÊTRE ASSURÉ DE SA ROUTE, QU’IL FERME
LES YEUX ET MARCHE DANS LA NUIT…
DANS LA NUIT BIENHEUREUSE SANS AUTRE LUMIÈRE CONDUCTRICE QUE
CELLE DE SON CŒUR. » (JEAN DE LA CROIX)
***
Marche
vers le lieu le plus aride
au cœur du désert,
c’est
là que se cache la Source vive,
c’est là qu’elle jaillira si tu te
mets à nu.
***
A genou,
nu,
dans la haute nef,
livré au terrible silence.
Des dalles monte
le froid de mort.
Vagues vitraux
de laiteuse nuit.
Nu,
face contre le sol,
abandonné
au vertige de nuit,
à la nuit infinie
où naissent et meurent
infiniment les mondes.
Seigneur,
quand montreras-tu ton visage?
*
Sois cri
maintenant
au cœur de ta sauvage réserve.
Sois cri,
cri abrupt silencieux
dans la nuit de Dieu
et attends,
attends
nu dans l'âpre,
dans l'obscur
sans chemin,
attends
le tendre éclair,
la grâce.
CRI
Être assis des heures durant, silencieux, dans la chambre
vide,
au bord de la ville.
Contempler le paysage sous la neige.
Arbres dénudés comme des spectres
d’angoisse dans le brouillard.
La forêt de l’horreur s’approche-t-elle
dans le lointain ?
Combien de jours, combien de nuits sans
parler
attendant une parole,
seulement une parole.
Mais rien.
Un silence sans fin.
Maintenant dehors
errer des heures durant dans des
quartiers déserts,
sombre promeneur sans destination.
Des heures durant ne rencontrer âme qui
vive, aucun visage,
pas un regard amical.
En chemin interminablement dans des rues
désolées, sur des voies comme abandonnées.
Promeneur égaré perdu
dans le pays de personne.
La ville est-elle
morte ?
Est-ce la fin du monde
ou Dieu est-il en
deuil ?
Arbres noirs sur la
rive du fleuve, eaux noires.
Crépuscule couleur de
mort. Nuit et brouillard.
Vaste solitude
jusqu’aux casernes, à la gare, à la prison,
jusqu’à la rue des
prostituées
où elle rayonne la
solitude
dans les regards incendiés
de famine et de honte.
Des déchets, des
cadavres flottent dans l’eau.
Des étoiles choient derrière les tours.
Sois cri
maintenant
au cœur de ta sauvage réserve.
Sois cri,
cri abrupt silencieux
dans la nuit de Dieu
et attends,
attends
nu dans l'âpre,
dans l'obscur
sans chemin,
attends
le tendre éclair,
la grâce.
*
TRAVERSER L’OBSCUR,
la rouille, la mort.
Avec patience, avec
courage,
avec rage.
Traverser la
nuit.
Douloureusement
traverser la glaise,
la gluante terre,
la terrible gluante
terre,
la chair.
Lumineusement traverser
l'enfer.
Ne pas s'arrêter.
Ne jamais
s'arrêter.
Ne pas se retourner.
Ne jamais se retourner.
Avancer.
Traverser.
Traverser le noir.
Dans l'absurde.
Dans le désespoir.
Encore. Encore.
Dans le délire.
Marcher.
Avancer.
Traverser, brûler le
pire.
Énergie de Dieu.
Au centre.
Force axiale.
Feu.
***
Le petit d’homme doit s’arracher à la nuit originelle, au
paradis de chair maternelle et s’ouvrir à l’infini de la Parole.
***
CHEMIN DE PÉRÉGRIN. Consentir aux blessures de la vie et en
faire des sources fécondes.
***
Renoncer à soi-même pour devenir soi-même.
***
Seconde naissance: de la vie intra-utérine à la conversion.
De la fusion dans la vie (sentiment océanique) au retournement vers la Source
de vie.
***
Sortir de l’enfance : de l’adoration et de la crainte de
l’Autre tutélaire.
***
La vieillesse, plus que le déclin de la vie, en est l’épreuve
de vérité.
L’âge, c’est un de ses rares bienfaits, force au travail de
vérité, à la confrontation inéluctable avec nos limites et notre finitude.
Travail que nous avons tendance à fuir tout au long de notre existence, passant
d’une illusion à l’autre. À la fin, acculés, ou nous confessons la vérité ou
nous nous perdons définitivement dans les limbes de la non-pensée.
***
Se dépouiller de toute « Weltanschauung » et vivre
le Christ dans la vie concrète. Récuser toute abstraction philosophique.
*
À la fin abandonne toutes tes petites vanités humaines rien
qu’humaines et sois enfin nu, sois enfin libre.
*
À la fin ne sois plus que désir, pure soif. Heureux les
assoiffés... Heureux les affamés... Heureux les pauvres en esprit (ceux qui
n'idolifient rien).
*
Ne cherche pas à être ceci ou cela. Laisse simplement la
Parole croître à travers toi.
*
Dès que tu crois connaître la Voie, ce n'est plus la Voie.
Dès que tu crois posséder la Formule, ce n'est plus la
Formule.
*
LA VOIE ÉVIDENTE N’EST PAS LA VOIE.
QUITTE LES ÉVIDENCES.
PÉRÉGRINE DANS L’INOUÏ.
PÉRÉGRINE DANS L’INOUÏ.
*
Pas de Formule. Se vider, toujours à nouveau. Partout, en
tout domaine, en toute matière, l'épreuve du vide, expérience lente, patiente
érosion des égoïtés, d'éclosion de la vie autre. Tout le temps, mort et
résurrection.
*
AUTREMENT
LA VIE
HORS DES SENTIERS BATTUS
HORS DES ORNIÈRES
HORS DES ORNIÈRES
***
Non la vie sauvagement libre, mais la vie souplement,
simplement libre.
Non la vie statique assise, mais la vie debout, dans
l'éternité énigmatique vécue au cœur du temps.
***
C'est un chemin déroutant vers l'absence de chemin. Tu
n'arrives nulle part. Tu nais à l'absence de lieu.
L'absence de lieu est la Terre Promise.
***
Le lieu est en toi, le lieu est toi, singularité inconcevable.
***
Le lieu est chaque Un, bipède habité de Verbe.
***
Sois le vacant.
Sois le vagant.
N'aies pas de demeure.
Ne t'établis pas.
Fais naitre.
Fais croître.
Que ta demeure soit la Vie, non quelque édification terrestre,
non quelque tabernacle céleste,
quelque empyrée imaginaire.
***
Guérir les hommes des visions du monde et de l’outre-monde
dans lesquelles ils ne cessent de fuir leur vie, la Vie.
***
ÉDUCATION. L’éducation
est éveil de l’humain en l’être humain, non imposition d’un ordre préétabli.
***
Éducation : conduire de l’égoïté (nature) à la
transégoïté (surnature).
***
C’est en matière d’éducation des enfants que les êtres
humains révèlent le plus leur qualité d’humanité ou son déficit.
***
Dans l'éducation, le développement des qualités de cœur
m'apparaît infiniment plus important que l'apprentissage des règles sociales.
On insiste souvent sur ces dernières, faute d'être éveillé
aux premières.
Tout pour la façade et derrière le vide.
***
"ÉDUQUER, CE N'EST PAS REMPLIR UN VASE, C'EST ALLUMER UN
FEU. (YEATS)
***
Que rien d'humain ni d'inhumain ne te soit étranger. Sois
parfaitement naïf et parfaitement non-naïf.
***
Chemin de la vie. À chaque âge, il faut apprendre son nouvel
âge si bien que la vie est un continuel apprentissage de la vie.
*
TRAVAIL DE LA PENSÉE
Que dit la pensée? Toujours la même chose: je veux penser le monde, le réduire à du pensable. Le réduire. Tout le travail de la pensée consiste à combattre cette tendance centrale de toute pensée, à la défaire.
***
Penser, c’est rester éveillé face à la ténèbre sans céder au
chant de sirènes des petites certitudes sécurisantes.
***
ÉVEIL DE LA PENSÉE. La pensée ne s'éveille des sommeils
dogmatiques qu'avec l'abandon de toute Grande Pensée englobante.
***
Lire chaque penseur comme expérience, drame, non comme système
de pensée objective.
***
Il n’y a pas de maîtres-penseurs; il n’y a que des
chercheurs, des travailleurs de la pensée.
***
Le vrai maître est celui qui détruit l'image du Maître, le
rêve du Maître, le besoin du Maître. Celui qui initie à la nudité sans maître.
Le vrai maître est le contraire d'un maître. Il n'impose pas,
il libère. Il libère de l'attachement. Il détruit le désir du disciple, désir
d'avoir un maître.
***
Aucun maître ne peut t'apprendre à vivre. Tout vrai maître de
vie n'enseigne que cette unique chose : sois libre comme moi et deviens
toi-même, singularité insignifiable.
***
Tu es un être de parole qu’aucun système de significations ne
peut enclore.
***
Au fond il s’agit plus de co-naitre à la Vie que de se
connaître, que de connaître la vie.
***
La pensée véritable est expérience de
décentrement infini, déconstruction de tout ordre centré, de toute évidence
naturelle en direction d’une altérité inconcevable,acentrique,anarchique.
Décentrement sans cesse à recommencer, à poursuivre.
Les grands penseurs, grands prophètes, grands artistes sont
ceux qui décentrent toujours à nouveau l'être humain, le propulsant hors de l'ordre étroit où sans
cesse il cherche à se renfermer.
***
Penser véritablement, c'est s'engager dans le vertige de
l'impensable.
***
La pensée s'endort dans le lit des vérités.
*
Quand on prétend posséder la vérité, ce n’est pas la vérité.
*
On ne possède jamais la
vérité ; on est toujours en chemin, travaillé par la Parole qui est
impossible à enclore dans un discours.
*
Pensée pensante à l’infini, jamais pensée achevée.
*
Pensées: éclairs dans la ténèbre, non fragments d’une doctrine ambitionnant de saisir
globalement le monde.
*
Chacun a sa philosophie, c’est-à-dire son système imaginaire
qui l’emprisonne, sa fausse raison d’être.
*
Chaque homme a une philosophie implicite ou explicite, une
façon de se représenter l’existence, une Image du monde.
Penser, c’est s’en délivrer, se délivrer de tout monde.
*
L’athée a trouvé sa Réponse. L’agnostique refuse de se
prononcer, s’abritant dans le dogmatisme du doute. L’homme de foi rouvre sans
cesse le questionnement, se laissant crucifier par la question des questions,
vivant l’ardente inconnaissance et l’humble ouverture du cœur.
*
La plus grande révolution qu’un esprit puisse accomplir,
c’est de se renoncer. C’est alors que tout commence.
*
Tâche "socratique": défaire toute discursivité
close, toute représentation fixiste pour (s’) éveiller au Dire vivant.
*
Penser autre, toujours fragmentaire, toujours aphoristique.
Absence d’Englobant. Cependant les fragments interagissent intensément dans la
non-totalité sans fond, comme les configurations stellaires dans l’espace-temps
acosmique.
*
Penser intuitif, non essentiellement réflexif. Penser trouvant sa source dans le cœur de l’être plus que dans l’intelligence. L’intelligence devient le satellite du cœur, de l’intériorité vivante.
Penser intuitif, non essentiellement réflexif. Penser trouvant sa source dans le cœur de l’être plus que dans l’intelligence. L’intelligence devient le satellite du cœur, de l’intériorité vivante.
*
L’intelligence éclaircit, l’amour éclaire.
*
« - JE PENSE QU'ON DOIT AIMER LA VIE PAR-DESSUS TOUT,
LUI DIT ALIOCHA.
- AIMER LA VIE PLUTÔT QUE LE SENS DE LA VIE?
- CERTAINEMENT. L'AIMER AVANT DE RAISONNER, SANS LOGIQUE,
COMME TU DIS ; ALORS SEULEMENT ON
EN COMPRENDRA LE SENS. » (FEDOR DOSTOIEVSKY)
*
On ne va pas de l'intelligence à l'amour, mais de l'amour à
l'intelligence juste, à
l'action juste, au sentiment juste.
*
« LA SCIENCE NE FAIT QU’AGRANDIR NOTRE CAGE, ELLE NE L‘OUVRE
PAS. » (CHARLES DE FOUCAULD)
*
La science analyse les phénomènes de la vie, mais le vivre
lui échappe.
*
Penser les questions religieuses, les questions spirituelles
avec une entière « Freigeisterei » (liberté d’esprit), hors de tout
cadre idéologique confessionnel ou laïque.
*
Ne te demande pas si ta pensée correspond à l’orthodoxie des
Églises ou aux idéologies en vogue dans la société séculière, mais si elle
exprime le plus fidèlement possible ton expérience avec la vérité.
*
La pensée chrétienne elle-même doit se convertir sans fin au
Christ, comme toutes les autres Traditions spirituelles.
*
LE QUESTIONNEMENT INFINI. Toutes ces morts absurdes, ces
jeunes êtres fauchés au hasard des guerres, des accidents, des maladies…
Qu’est-ce qu’une vie humaine, flamme précaire qu’un souffle peut
éteindre ? Qu’est-ce que Dieu face à ce fantastique gaspillage de
vie ?
*
Vivre les questions insolubles comme d’incurables blessures.
*
L'homme demande : pourquoi suis-je enchaîné? Mais c'est
précisément ce questionnement incessant qui l'enchaîne.
*
C'est votre inlassable, votre
frénétique quête de réponses qui vous cache l’essentiel, l’insondable Mystère.
*
Le choix est entre le monde
pensable, objectivable, les mille et une façons de penser le monde et notre
existence, et la dimension du Mystère.
*
Voie de la contemplation
silencieuse plus que celle de la permanente interrogation mentale.
*
Dieu, Christ: dimensions du Mystère, du Sacré. Vouloir les
saisir comme vérités objectivables, logiques, c'est errer, profaner le Sacré.
*
Nous sommes immergés dans le grand Mystère et nous ne le
savons pas. Nous en restons à la vision superficielle du monde, ne percevant pas
sa profondeur sacrale.
*
Vivre, faire la vérité, non vouloir la posséder
conceptuellement.
*
Le Christ dit : Je Suis la Vérité et non : J’ai la
vérité.
*
Expérience de la vérité comme
pari existentiel. Distinguer vérité existentielle qui exige une prise de risque
hors de toute certitude et vérité dogmatique qu’on possède conceptuellement.
*
Pari existentiel. Je risque le
chemin de la christité tout en sachant que ma vie peut se dissoudre dans le Jeu
du Néant cosmique. Je ne possède pas la vérité, je la risque. Et
pourquoi ? Je la risque parce que ce chemin m’apparaît le plus humain, le
plus humanisant.
*
La christité, c’est la pleine humanité de l’Homme, qu’il y
ait un Dieu ou non.
*
En ce qui concerne la vérité, chacun doit prendre le risque
de son chemin. Il n’y a pas de vérité prescrite.
*
La vérité n'est pas à trouver
dans les Livres sacrés, mais à travers Écritures et Traditions dans le Cœur.
Si tu trouves Dieu dans les Écritures et non dans ton cœur,
c’est un faux Dieu, un Dieu de domination.
***
Ceux qui brandissent impérativement les Livres sacrés et les
Dogmes de leur religion n’ont pas vraiment trouvé Dieu dans leur cœur.
***
Les poètes et les penseurs ne partent pas à la conquête de la
vérité; ils se mettent à l'écoute, ils tendent l'oreille par-delà le brouhaha
humain.
***
Vivre la question, la non-réponse, la non-certitude,
l'expérience du Mystère.
La vie ne se libère qu’à travers une destruction radicale de
toute Vérité. Nuit la plus noire de la pensée : le voile de familiarité,
d’habitude se déchire. Une lumière énigmatique émane de toute chose. Le monde
éclate en un silence vertigineux, brûle d’un feu abyssal. Fais taire tes
petites vérités, tes maladifs pourquoi et comment. Et VOIS.
*
FAIRE VERTIGINEUSEMENT
SILENCE
*
Tuer toute Vérité, toute cette vieille obsession d’un Secret
Ultime. Faire silence, vertigineusement.
Alors, Ô miracle, le monde s’ouvre, insondable secret.
*
INFINI MIRACLE LE MONDE
*
Il n’y a pas de vérité avec V majuscule. Il y a esprit de
vérité, désir de vérité, recherche, streben, dialogue. Vérité de la recherche,
au lieu de : recherche de la vérité.
Est vraie (bonne) la disposition à maintenir le discours
ouvert; est condamnable : la prétention à posséder la Vérité, le
dogmatisme.
Philosopher ne peut donc signifier : recherche de la
vérité, mais penser sans relâche au contact des autres et de la ténèbre de ce
qui est. La pensée comme pratique ouverte, dialogale, intuitive. Impossibilité
du système.
Le critère de vérité d’une pensée gît dans sa disposition à
l’ouverture, à l’échange, non dans son adéquation à un monde vrai
préexistant dont l’esprit humain serait coupé et qu’il s’agirait de redécouvrir
(Platon). Chez chaque être pensant, existent des moments de plus ou moins
grande vérité, selon qu’il consent à l’ouverture ou tend vers le dogmatisme.
Les moments les plus authentiques d’un penseur sont sans
doute ceux où il doute, où se lève en lui le soupçon contre lui-même. Les
moments où il découvre que lui aussi idolâtre sa propre pensée. Le dernier
Nietzsche. Les fulgurations de Turin.
***
Les esprits qui ont des certitudes sont perdus pour le
travail de vérité.
***
La vérité du Témoin de la vérité insaisissable se mesure à la violence de la réaction qu’il
suscite de la part des doctrinaires, des gardiens farouches de l’orthodoxie.
*
Si tu possèdes la vérité, ce n’est pas la vérité.
*
La foule et ses maîtres n’aiment pas ceux qui refusent
d’adorer leurs dieux, leurs idoles d’airain.
*
Dieu peut dire : Je suis la Vérité. L’homme n’a pas le
droit de dire : Dieu est la Vérité.
***
Dieu se révèle à l’homme et l’homme veut L’imposer aux autres
hommes, faisant de la vérité de la grâce la pire des pesanteurs.
***
En la Parole, nous sommes tous à égale distance de la vérité
inobjectivable. Personne ne la possède.
***
La vérité habite le corps et non le ciel des idées
***
La vérité habite chaque être singulier et non les
collectivités abstraites.
***
Le critère de vérité d’une pensée gît dans sa disposition à
l’ouverture, au dialogue, non dans son adéquation à un monde vrai préexistant
dont l’esprit humain serait coupé et qu’il s’agirait de redécouvrir (Platon).
Chez chaque personne, existent des moments de plus ou moins grande vérité,
selon qu’il consent à l’ouverture ou tend vers le dogmatisme.
*
Conception existentielle de la vérité. Ce n'est pas une vérité
objective, qu'il suffit d'appréhender avec son intellect comme une vérité scientifique;
c'est une vérité à croire, à vivre, une vérité subjective, à assumer et
expérimenter par chaque sujet.
La parole de vérité, la parole plaçant devant la ténèbre, la
parole faisant violemment affronter Dieu, est la plus terrible.
*
Elle soulève la colère de tous les idolâtres, la colère qui
crucifie.
*
« DIEU EST UN FEU DÉVORANT. »
*
Primordiale et ultime
Lumière
soulevant contre elle
innombrablement
insatiablement
les puissances de
négation
le Meurtre
***
« LA PAROLE EST PLUS TRANCHANTE QU’UN GLAIVE À DOUBLE
TRANCHANT. ELLE PÉNÈTRE JUSQU’À LA DIVISION DE L’ÂME ET DE L’ESPRIT. »
***
Connaissance essentielle : que tout est vrai, mais
relativement. N'est faux que ce qui affirme unilatéralement. Monde où le
Terrible et le Radieux ne sont pas dissociables, ni la mort et la vie, le ciel
et la terre, la femme et l'homme, etc.
Sens de la mystérieuse cohésion des contraires.
*
Tout est vrai, mais relativement. Ce n’est pas une apologie
du relativisme. Le relativisme ne croit pas à la vérité. À chacun sa vérité.
Carnaval des opinions, des vérités partielles,
et non sens profond de la vérité inobjectivable.
***
Relativisme, dogmatisme : perversions de l’esprit de
vérité.
***
"L'HÉRÉSIE EST UNE VÉRITÉ PARTIELLE QUI DEVIENT ERREUR
EN SE PRENANT POUR UNE VÉRITÉ EXCLUSIVE, TOTALE, SYSTÉMATIQUE...
LE PROPRE DE LA FOI EST DE CROIRE À CECI ET À CELA,
C'EST-À-DIRE À LA CONVERGENCE MYSTÉRIEUSE ET RÉELLE DE DEUX VÉRITÉS"
(BORNE).
*
ORDRE DE LA CHARITÉ, DIVINITÉ DE LA HAUTE TENDRESSE
Amour: mot le plus galvaudé, mais il n’y en a pas d’autre
pour dire l’essentiel.
*
Qu'importent les mots (Dieu...Ciel...etc.), qu'importent les
dogmes? Seule compte l'expérience indicible de l'amour.
*
L'important n'est pas de croire à Dieu, c'est de croire au
caractère sacré de chaque être humain, voire de chaque créature. C'est là que
réside Dieu. Dans le plus réel. Ici. Au cœur de la vie. Non dans les nuées.
*
DIEU ICI
AU CŒUR DE LA VIE
***
L'amour du prochain consiste à aimer l'autre comme le plus
lointain, à l'aimer malgré l'infinie distance qui nous sépare.
***
Aimer, écouter chacun selon son propre cheminement.
L’essentiel : l’attitude de non-jugement.
***
Chaque personne voudrait être aimée sans réserve et pardonne
difficilement à l’autre de ne pas la gratifier de ce total amour. Ce faisant,
on devient soi-même un mal-aimant, incapable d'aimer pleinement.
***
«S’AIMER C’EST AVOIR FAIM ENSEMBLE ET NON PAS SE DÉVORER L’UN
L’AUTRE. » (THIBON)
***
Même si tout se perd dans le néant, l'amour est la seule
lumière qui éclaire notre précaire passage en ce monde. C'est notre part
divine, même si Dieu n'existe pas.
*
Il n’y a aucune autre preuve de Dieu que l’expérience de
l’amour. Dieu ne se trouve que dans
l’amour le plus concret.
*
La liturgie ne peut être que la célébration de cet amour.
La théologie ne peut être que l’intelligence de cet amour.
L’art ne peut être qu’une pratique de l’amour.
***
Si Dieu n’est pas l’absolu de tendresse, il vaut mieux se
passer de Dieu.
*
Il y a une seule radicalité religieuse : celle de la charité.
Tout ce qui n’est pas charité n’est pas de Dieu.
*
Vérité de la tendresse pour les êtres humains. Dieu ne peut
se concevoir qu’à partir de ce sentiment le plus pur et le plus profond.
Le monde écrase l’homme, l’homme écrase l’homme, mais il y a l’imperceptible petite flamme de la tendresse humaine. Simplement croire en elle.
*
La tendresse humaine est ce qu’il y a de plus humble et de
plus grand sur terre.
*Le monde écrase l’homme, l’homme écrase l’homme, mais il y a l’imperceptible petite flamme de la tendresse humaine. Simplement croire en elle.
*
La foi, c'est croire en la tendresse, malgré le triomphe des
forces du Mal et de la Mort.
*
FOI CROIRE
LA TENDRESSE
PLUS FORTE QUE LE MAL
PLUS FORTE QUE LA MORT
*
Qui peut être un in-croyant de l’Amour ? Qui peut être
un croyant de la Haine ?
*
La grande affaire
humaine est la tendresse, non le sexe.
*
Dieu habite les gestes de la tendresse humaine, non les
édifices majestueux des religions.
*
Vis l’Amour, que tu crois en Dieu ou non.
Vivre l’Amour sans réserve, c’est croire en Dieu, implicitement ou
explicitement.
*
La seule porte vers l’Amour, vers Dieu, est l’amour.
*
Amour : non-juger. Aimer toute chose. Aussi la douleur.
Aussi l’obscur. Aussi « ma sœur la mort » comme dit François
d’Assise.
*
*
Supporter, sans maudire l’existence, la peine de vivre et
l’horreur de mourir.
*
Assumer tout ce qui est sans juger et le transcender dans la
charité.
*
Aimer au-delà de tout bien et de tout mal humains.
*
L’amour ne doit pas être un effort, un vouloir, mais l’inspiration fondamentale, le mode d’être essentiel, la source.
L’amour ne doit pas être un effort, un vouloir, mais l’inspiration fondamentale, le mode d’être essentiel, la source.
*
Sentimentalisme : parodie de l’Amour, de cette lumière
qui vient du plus profond.
*
L’amour rayonne, il n’agit que par rayonnement. Il ne prêche
pas, il ne sermonne pas. Il rayonne.
*
Ton amour fut toujours trop petit : amour du créé et non
amour de la création, amour du Verbe poïétique, amour du feu qui t’habite au
plus profond.
*
N’aime pas l’être humain, mais le vivre-mourir-créer en
l’être humain. N’aime pas l’homme, mais Dieu en l’homme.
*
L’amour qui met des réserves n’est pas l’amour. L’amour est
inconditionnel ou il n’est pas.
*
L’amour n’est l’Amour que s’il traverse l’horreur du monde
sans désespérer, sans perdre la foi.
*
Ce qu’il faut croire : que l’Amour vaincra dans les
siècles des siècles. Mais rien au monde n’est en faveur de ce triomphe. C’est
pourquoi c’est une foi. Une foi folle.
*
Le Royaume est en toi, dans ta découverte de l'amour.
*
L'amour ne peut être qu'éternel ou alors tu crois à la mort
plus qu’à l’amour, au triomphe de la mort plus qu’à la victoire définitive de
l’Amour.
*
Foi en l'amour ou désespoir.
*
Rien ne sert de chercher Dieu partout si tu ne l'as pas
trouvé d’abord au fond de toi-même, dans l’expérience de l’amour.
*
S'éveiller à l'Amour, non se convertir à une croyance.
*
Au centre de tout : l'Amour, non la Volonté de puissance, non
l'Être, etc...
*
Deux lectures du Monde possible : Force ou Amour. Mais la
seconde exige la Foi.
*
*
Auch wenn es Gott nicht gibt, ist
die Liebe das Absolute. Même
si Dieu n’existe pas, l’Amour est l’absolu.
Absolu qui s’impose aux croyants et aux incroyants.
*
Lieben, nicht urteilen, das ist
das eigentliche "jenseits von Gut und Böse." Aimer, non juger, voilà le véritable « par-delà le bien et le
mal. »
*
*
Ne pas juger, injonction christique
capitale.
*
Certitude de l’amour. Si la religion est vivre l’amour,
comment douter ? Douter serait douter de l’amour.
*
Rompre tout attachement particulier aux êtres pour aimer les êtres: tel
est le paradoxe de l'amour inconditionnel.
*
Aimer Dieu en nous conduit forcément à L'aimer en autrui.
Rapport d'âme à âme et non de moi à moi.
*
Une philosophie de l'amour sans transcendance se heurte immanquablement
à la limite de la mort, si bien que la question dernière se formule ainsi:
l'ultime réalité est-elle Amour ou Néant?
*
Vérité de l'Amour. Vérité qui est éternelle même si le monde
se dilue dans le Néant.
*
VOIE DE L’ÉCOUTE ACCUEILLANTE. On ne peut écouter l’autre
qu’à partir du dedans absolu, de l’intime intimité de la Parole, autrement dit
qu’à partir du silence sans pensée.
*
Écoute, exercice spirituel du non-jugement.
*
DIALOGALITÉ. Il n’y a de dialogue que dans l’abandon de tout
discours dogmatique et le co-naître interhumain à la Parole.
*
L’art d’écouter est infiniment plus difficile que celui de
parler.
*
Vivre avec les autres, c’est ou la guerre permanente ou le
permanent pardon.
*
Pardon sans fin, toujours recommencé. Ne pas haïr ceux qui
nous sont hostiles, encaisser l’ordinaire méchanceté.
*
Le Crucifié pardonne à la fin à ses tortionnaires. Leçon
christique suprême.
*
Compassion: seule éthique concevable en ce monde. Compassion
envers tous, sans exception, même les méchants, les criminels. Ne pas juger,
compatir.
*
*
Le destin de chaque être humain est aussi le tien.
*
Dieu existe tant qu’un atome de compassion survit en ce
monde.
*
Si ta religion exclut ou menace le moindre humain, elle n’est
pas de Dieu.
*
Charité : aimer la nudité de l’être humain, la mienne,
la tienne. Aimer l’autre comme moi-même, vivant nu, perdu dans ce monde
impossible.
*
Voir en chaque être humain l’enfant qu’il a été et
l’agonisant qu’il sera, c’est-à-dire l’extrême nudité.
*
La preuve du divin réside dans le visage de l'autre. Il
exprime le sacré, la dignité inaliénable de l'être humain. Le frapper, cracher
sur lui est ressenti comme sacrilège.
*
Sur une terre vraiment humaine, il n’y aurait plus de
maîtres, il n’y aurait que des serviteurs.
*
Impossible d’aimer car les humains sont rarement aimables. Et
c’est par ce sentiment d’impossibilité que commence vraiment l’amour, l’amour
qui va plus loin que le Moi et la simple sympathie.
Cet amour est la seule éthique possible ; tout vivre à
travers lui, y compris les amours humains, amour parental, filial, fraternel,
amitié, érotisme…
*
L’horizon ultime de tout amour est la charité, la compassion.
*
Aimer les autres comme ils sont, non comme on les rêve.
*
Qu'importe que tu crois en Dieu ou non, ce qui compte c'est
ton degré d'humanité, ta qualité d'être humain.
*
Qui connait l’amour de compassion connait Dieu, Dieu comme
réalité vécue.
*
La charité est la norme absolue.
*
Tout péché est péché contre la charité.
*
On ne nait à la charité qu’en naissant à la Parole et non par
acte de volonté.
*
Ne fais pas la charité, sois charité.
*
Facile l’amour abstrait des humains. Difficile d’aimer tel
être singulier dans le plus quotidien. C’est l’essence même de la charité :
aimer chacun concrètement sans rien n’excepter de sa personne.
*
Si tu fais la charité pour gagner le ciel, ce n’est pas la
charité, c’est de la morale.
La vraie charité est gratuite, elle ne cherche pas de
reconnaissance ni de récompense.
*
La charité est la voie des voies. La charité est la
vérité. La charité est Dieu. DEUS CARITAS EST. Et Christ est le Témoin de
ce Dieu. Il est ce Dieu s'incarnant en l'humanité. Par charité.
*
Même si la Mort et le Néant triomphent, la charité est la
valeur suprême pour les hommes.
*
La charité est à étendre à toutes les créatures, selon
l'inspiration venant de François d'Assise et d'Albert Schweitzer.
*
Dieu ne peut se prouver que par l’expérience de la charité.
La charité est l’essence de Dieu.
*
L’HOMO CARITAS, l’être humain christique, est le seul temple
de Dieu.
*
ABSOLUE SIMPLICITÉ, LUMIÈRE DE LA NUDITÉ
État de prière, de poésie : vivre
relié à la Parole qui vient du dedans.
***
Prier, c’est comme se laver de tout le fatras de la vie
quotidienne en se plongeant dans les rafraichissantes profondeurs de la
méditation, dans les eaux lustrales du silence.
***
Prière. Se détacher mentalement des
investissements humains et s'ouvrir au silence, au Dieu-Verbe en notre for
intérieur.
Passer des valorisations du monde à
la non-valorisation, à la vacuité accueillante, porte de la Parole créatrice au
cœur de notre être.
***
Vivre en état perpétuel de vide, de
prière. N'être que pures faim et soif et attendre sans fin, éternellement, le
pain du ciel.
***
S’effacer le plus et s’immerger en profondeur dans l'écoute du silence.
*
ADORATION PERPÉTUELLE
1.Matin
Le jour entier, la nuit entière,
les vivre comme prière
dans le silence intérieur.
Tendre, laiteux silence matinal,
ciel de porcelaine
par-dessus les villages endormis.
Sois entièrement silencieux et écoute le silence.
Silence des tendres corps rêveurs dans les chambres
tièdes.
Silence bleu de l’éveil,
du toujours neuf renaître à la vie.
Silence comme soie, comme source fraîche,
matière divine, paix de lumière, brume blanche
qui flotte au-dessus de toute la terre
et imprègne toute chose.
Tout est encore calme, tout est encore silencieux
Tout est encore calme, tout est encore silencieux
dans l’attente du jour.
On entend la secrète germination et la croissance des
plantes,
le lent dépliement des feuilles,
des fleurs dans la transparence du jour d’été,
le déploiement de la simple beauté, odeurs, couleurs,
formes,
psaume silencieux de toutes les créatures.
Arbres et buissons s’éveillent,
vibrant d’yeux et de gazouillis.
Les jardins resplendissent,
débordant de lys, de glaïeuls, de tournesols.
Une brise vagabonde traverse les maisons
ouvertes sans réserve dans l’illimité songe de
lumière.
La mer des champs de blé s’étend
jusqu’aux vignes, jusqu’au ciel.
Songe d’été. Tout est silence,
tout est extase, élévation, infinité.
Les oiseaux se perdent dans l’or liquide du soleil,
dans la splendeur du paradis.
Le jour le plus long,
pure édification d’azur,
règne sur la plaine en toute plénitude
et dans les vaporeux lointains bleu ciel
les montagnes nagent comme des nefs aériennes.
2. APRES-MIDI
Midi. Suspens du temps. Chaleur. Chaleur. Canicule.
L’odeur de la terre danse dans l’air vibrant.
Les abeilles bourdonnent dans le verger.
Les poules gloussent assoupies près du poulailler.
Les enfants somnolents fantasment
et se dissolvent
dans le délire solaire.
Les amoureux flirtent, gazouillent
et commettent de tendres péchés dans l’ombre.
Les chiens dorment et ronflent dans l’herbe humide.
Les chats s’étirent sur les pavés chauds.
Suspens du temps. Innocence de la vie.
Je suis assis sous mon arbre, l’arbre de la poésie,
et attentif, poreux, écoute le silence.
Maintenant pousse en moi un autre arbre,
l’arbre du verbe, musique du silence,
langue silencieuse des fleurs, des nuages, des
animaux.
Le verbe vivant croît dans mon corps,
le verbe devient chair, devient lumière, devient
poésie,
chant profond de la vie,
cantique de la
Création.
Chaleur. Fièvre caniculaire. Tout est en attente
d’orage.
Tout appelle : pluie ! pluie !
Viens, la pluie ! sombre temps d’orage !
Éclair sauvage, déchire le frêle silence
avec tes violents zigzags !
Submergez la terre assoiffée,
gigantesques seaux d’eau des nuages !
Après l’orage, calme, tendre calme.
Les arbres et les plantes boivent
la fraîcheur verte de lait-menthe du silence.
Un arc-en-ciel unit le ciel noir et la terre exhalant
des vapeurs.
Le soir violet monte derrière les toits.
Un cœur d’oiseau bat dans le silence crépusculaire.
Sérénité, tendresse rose avant la nuit.
Le ciel saigne dans la sombre forêt.
Entendez-vous battre le cœur de l’oiseau ?
Entendez-vous prier le silence ?
3.Nuit.
Doucement monte la nuit
des profondeurs matricielles du pays,
de l’abîme du firmament.
Dans le silence de la nuit brûle
la braise secrète de la nostalgie
et la flamme avide du désir,
désir de volupté, désir de vie.
Dans la nuit le silence s’approfondit.
De blêmes visions, d’étranges fantasmagories
d’angoisse
encerclent la solitude sidérée.
Dans le silence de la nuit on entend des voix
confuses.
Les ténèbres sont remplies de voix,
des voix muettes qui crient.
Ce sont des morts oubliés, nos défunts abandonnés,
pauvres âmes perdues entre nuit et brouillard.
Sois silencieux et calme,
vide ton esprit et écoute.
Tout parle dans le silence, tout chante, tout crie.
Tout est simple
et tout est infiniment mystérieux.
Tout commence, tout respire et tout retourne
dans le silence abyssal de Dieu.
Ô demeurer dans l’éternel repos !
Le silence est ma patrie.
J’habite le silence
loin du bruyant chaos du monde.
Le silence est ma source, le silence est ma
nourriture,
le silence est mon infinie quiétude.
Le silence chante la joie et la souffrance de toute la
Création.
Le silence chante la splendeur du firmament constellé
et la fragile beauté du moindre papillon.
Le silence est adoration perpétuelle.
Au cœur du silence est caché le mystère de l’éternité.
Le silence est le cœur du monde,
le cœur de toute créature.
Le silence est la patrie de tous les êtres aimants.
Le silence est la respiration de Dieu.
*
LITURGIE DU SILENCE
Faire silence pour écouter le silence, le dire profus du
silence.
Taire le vacarme incessant des pensées, vampire mental qui
dévore au dedans.
Faire silence. Doucement, graduellement, sans effort, mourant
à tout effort, toute crispation, toute volonté propre.
Et s'abreuver, se nourrir de silence.
N'être plus qu'oreille, attention intense au chuchotement des
choses.
Boire, boire à la source profonde, à la source la plus
profonde, infiniment profonde. Originelle. Matricielle.
Faire silence. Lentement, patiemment s'ouvrir, s'offrir.
N'être plus qu'ardente humble attention, plus que pure ouïe
de l'infini murmure.
Le silence parle. Avec des murmures, des babils, des
gazouillis, des balbutiements. Clameur muette à l'adresse des humains qui ont
des oreilles, mais qui n'entendent pas.
Le silence chante, bruissant comme soie, comme blé ployé par
brise, moires murmurantes.
Le silence chante, s'ouvrant, s'amplifiant, vaste psaume,
s'affinant porcelaine, fluide lave de fraîcheur.
Le silence chante, vastitude océanique précieuse comme une
perle.
Le silence chante, grandiloquence de voie lactée et
discrétion, fragilité d'élytre de libellule.
***
Quand tu parles, puise au silence inépuisable au fond de ton
intime intimité.
***
La parole qui ne se nourrit pas de
silence risque de n’être que du vent.
***
L’ESPRIT
D’ENFANCE. L’enfance irradie la lumière de la
vie, lumière inoubliable que la mélancolie de l’âge ne parvient jamais à
couvrir entièrement de ses brumes : cela fut, cela est in eternum.
*
L’ardente inconnaissance : l’enfance retrouvée par- delà
les blessures de la vie.
*
Le chemin de la vie est conquête sans fin de l'essentielle enfance, l'enfance de l'âme.
Le chemin de la vie est conquête sans fin de l'essentielle enfance, l'enfance de l'âme.
*
Les petits enfants posent les questions les plus grandes, les plus profondes. Au sortir de l’enfance, l’être humain oublie peu à peu son étonnement questionnant et s’enfonce dans le lourd sommeil de l’habitude et du conformisme granitiques.
Les petits enfants posent les questions les plus grandes, les plus profondes. Au sortir de l’enfance, l’être humain oublie peu à peu son étonnement questionnant et s’enfonce dans le lourd sommeil de l’habitude et du conformisme granitiques.
*
Redevenir sciemment des enfants, des êtres ouverts, sans
essence définie.
*
Rien n’est
plus contraire à l’esprit d’enfance que l’esprit bourgeois et plus encore
l’esprit petit-bourgeois, le bourgeoisisme au cube.
***
L’enfant
sait déjà tout. L’homme passe sa vie à redécouvrir cette première co-naissance
au monde.
***
Ce sont nos
enfants qui font de nous des êtres vraiment humains, regardant au-delà
d’eux-mêmes.
***
Nous sentons que la vérité de la vie habite en l’enfant.
C’est pourquoi sauf exceptions tristes nous le respectons plus que tout.
*
Monde adulte : système de défenses contre la Parole-vie,
contre l’esprit d’enfance.
*
« LE
TEMPS D’UNE VIE EST LE TEMPS D’UN SOURIRE DE NOUVEAU-NÉ : C’EST BREF ET CA
NE S’ÉTEINT PLUS. » (CHRISTIAN BOBIN)
*
L’homme qui ne sait pas apprendre de l’enfant ne restera
qu’un homme.
*
CHANT DE LA GRATUITÉ. Gratuit le frais sourire de l’enfant,
la lumière de son regard, la joie s’exprimant par tout son être, pur élan de
vie. Gratuite la beauté de la rose, la splendeur du ciel étoilé.
*
DIE ROSE IST OHNE
WARUM.
SIE BLÜHET WEIL
SIE BLÜHET.
SIE ACHTET NICHT
IHRER SELBST,
FRAGT NICHT OB MAN
SIE SIEHET.
(ANGELUS
SILESIUS)
LA ROSE EST SANS POURQUOI.
ELLE FLEURIT PARCE QU’ELLE FLEURIT.
ELLE NE SE SOUCIE PAS DE SOI,
NE CHERCHE PAS SI ON LA VOIT.
*
L’essentiel
est absolument simple.
*
Extraordinaire beauté des choses les plus ordinaires de la
vie. Vivre émerveillé par le plus simple.
*
L’absolument simple ne peut se saisir avec la pensée. On ne
peut le comprendre, on ne peut s’y ouvrir que par le cœur.
*
L’intellect embrouille tout,
noie l’absolument simple dans la complexité.
*
Il faut
arriver à une simplicité absolue. C’est l’unique finalité.
*
Le chemin est
long vers l’extrême simplicité : vivre Dieu en soi.
*
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