25.12.18

LE JEU DES JEUX/ Brasier des langues

LE JEU DES JEUX/ Brasier des langues 

SPIEL DER SPIELE


LE LIVRE DE LA VIE 

S DIAFA LIAD VUM LAWA


D Arda schloft.
D Menscha schlofa,
Schwàrzer, blejschwarer  Schlof.
Sprochlos vegetiara mr,
Vrstummt, vrstummt, Gottverlo.       
 

Jetz vrwàch, Arda!

Vrwàcha, Menscha!

Stehn uf, Poeta, Dechter üs dr Heimet,

un empfànga  s Wort.

Heera züa!

D Werter senga wia Vegala im Friaïjohr.

D Werter bliahja uf wia Blüama.

Vrwàch, Müatersproch, diafa Ardasproch.

Fresch, grian Gràs esch s elsassischa Reda.

Stehn uf, Kender vu dr Heimet, Blüamakender, Sunnakender,

un senga un tànza frehlig im Morgaliacht.                                




Doïssigi Stemma vrwàcha in da Harza,
Sàmt-Stemma voll Fraïd,
rücha Nàcht-Stemma voll Schmarza,
zàhllosa Stemma fer riafa, fer vrzähla,
fer bata, fer prediga, fer flüacha,
Stemma vu àlla Gschepfer,
Deyfel-Stemma üs dr Hell, Nàrra-Stemma,
kreschtàlna Angel-Stemma,
welda Diarer-Stemma, Stemma vum Wend, vum Meer,
a Walt- Symphonie wu üsm dunkla Ungrund wàchst,
a pràchtvolla Gottes-Müsik.
In dr Stella zwescha Nàcht un Tàg
heer i züa.


Poesie esch d wunderbàri Màcht
wu lieslig vrwàcht
in dr stellschta Nàcht.
Poesie esch ennra Sunna.
Si keimt un wàchst üs unsrer Dunkelheit.
Poesie esch Morgarot.
Poesie well wecka
un d Menscha met Liacht ernähra.

D Vegel zwetschra àm Morga un riafa:
kumm met uns,
mr tànza im Summerhemmel,
mr tànza un senga in dr hocha, reina Herrlichkeit
gànz nooch vu da Angel.

Poesie ben i.
Ech seng met da Vegel.
Ech fliag met ehna in dr flümalichta Luft
hoch ewer da Dacher un da Bajm.
O fliaga, o kreisa im Liacht so hoch,
so ekstàtisch gànz nooch vu da Angel.
D Werter sen Flegel, freja, lichta Flegel
im Wend vu dr heiliga Begeischterung.

Poesie ben i.
Ech seng s Lawa,
s diafa Liad vum Lawa,
nawelgràï un fierrot,
s Liad vum Lawa un vum Tod,
s Liad vu dr heimliga Arda blàj un rund
un vum unheimliga fenschtra Abgrund.



Ech seng dr Psàlm vu dr Liawa.
O d Liawa wia Sunna, wia Fier,
wia wàrma Wulla, wia frescha Tàï.
Ech seng d Liawa met Blüamawerter.
Ech seng dr Mànn,
ech seng d Fràj,
ech seng s Kend.
O Gsechter, Gsechter vu da Menscha, rätselhàft,
Gsechter un Fràtza,
s Làcha, s Hiela vu da Menscha,
un d Frajd un d’Angscht un dr Wüat
un d Hoffnung wu emmer weder ufbliahjt üs dr Vrloraheit.
Ech seng s Lawa, s Menscha-Lawa
so heimlig, so làngwilig, so kurz, su wundervoll, so tràgisch,
a Bletz im geheimnisvolla Abgrund vu dr Walt.

Met unsra àrma, stolpriga Werter,
met unsrer growa Büra-Sproch,
seng i d Walt
un spàziar gànz froh
duch Stàdt un Fald.
Ech ben dert, ech ben do,
ech ben dr Storck in dr Luft.
Ech ben dr heitra Hemmel un dr Duft 
vu da Rosa un dr Wurm unterm Stei.

Poesie ben i.
Ech seng met dr gànza Schepfung eins,
met da blenzenda Starna,
Blüascht üs dr Fenschternis,
met dr nawliga Farna,
met dem Mond Goldsechel wu Vrsteckernis
speelt henter da Wulka.
Ech seng met dm tràjmenda Wàsser,
met da Pflànza grian Fascht vu dr Nàtür,
met da Diarer voll stummes Stühna.

Poesie ben i,
diafes Speela met dr Sproch,
Brot un Wie fer d Seela,
Vrklärung fer dr Geischt
Un zàrta Müsik fer dr Kerwer.


Poesie ben i, Dechtung ohna And.
Dechta, dechta,
ewigi Sehnsucht im Harz,
ewiger Schmarz,
dunkli Arwet.
Dechta bis in dr Wàhnsenn,
bis in dr Tod,
bis in d Hell,
unandlig dechta
bis in dr Hemmel,
ewiger Gottesdianscht.




LE CHANT PROFOND DE LA VIE

La terre hiberne.
Les humains sommeillent.
Sombre sommeil de plomb.
Sans langue nous végétons,
mutiques, mutiques, délaissés par Dieu.
 

Éveille-toi, Terre !
Éveillez-vous, êtres humains !
Levez-vous, poètes, bardes du pays proche,
et accueillez le Verbe !
Écoutez !
Les mots chantent comme oisillons au printemps. 
Les mots s’épanouissent comme des fleurs.
Éveille-toi, Langue maternelle, profonde langue du terroir !
Herbe fraîche, herbe verte est le Parler alsacien.
Levez-vous, enfants du pays, enfants-fleurs, enfants-soleil,
et chantez et dansez joyeusement dans la lumière du matin.




UNSPRACHE
ich kann nicht sprechen
alles dunkel

Sonnennacht

Nachtsonne

Nebel

ich bin das ewige Kind

Infans

ich zottere

wo das Leben ?

schon sterbe ich

schon versinke ich im Ozean des Nichts

ist am Ende  das Wort ?

ist am Ende Gott ?

NON-LANGUE

je ne peux parler

tout est sombre

soleilnuit

nuitsoleil

brouillard

je suis l’éternel enfant

infans

je bégaie

où est la vie ?

déjà je meurs

déjà je sombre dans l’océan du néant

à la fin y a-t-il la Parole ?

à la fin y a-t-il Dieu ?




DAS BLAUE BORDELLHAUS

Dunkle Bäume schlafen
um das blaue Bordellhaus
am Rande der Stadt.
Alles ist unendlich einsam
in der Sonne der Misere.
Der Hunger brennt.
Und hinter der Mauern
schlummern die Frauen.



LE BORDEL BLEU

Des arbres sombres dorment
autour du bordel bleu
en bordure de la ville.
Tout est infinie solitude
sous le soleil de la misère.
La faim brûle.
Et derrière les murs
sommeillent les femmes.
 
POÉSIE


La poésie est la part intraduisible de chaque langue.
Poesie ist das unübersetzbare Teil jeder Sprache.



CHANT DU TOTAL AMOUR


NOUVEAU CANTIQUE DES CANTIQUES
NEUES HOHELIED DER GANZEN LIEBE 
HOCHLIAD VU DR GANZA LIAWA


(Poésie trilingue)
                                                                                    Mon amant est pour moi un sachet de myrrhe,
                                                                                               Entre mes seins il passera la nuit…
                                                                                                               (Bible, Chant des Chants)
                                                                                      
                                                                                             L'amour est à réinventer (Rimbaud)


CHANT DES DÉSIRS


Je voudrais t'aimer herbe odorante de songe
Je voudrais t'aimer brume amoureuse du vent
Je voudrais t'aimer soir qui sur les prés s'allonge
Je voudrais t'aimer terre et être ton tourment

Je voudrais t'aimer glaise onctueuse et nocturne
Je voudrais t'aimer île exultante d'oiseaux
Je voudrais t'aimer svelte et fraîche comme une urne
Je voudrais t'aimer mer et fondre dans tes eaux

Je voudrais t'aimer braise au milieu de la neige
Je voudrais t'aimer fraise à l'orée d'un bosquet
Je voudrais t'aimer louve anxieuse prise au piège
Je voudrais t'aimer biche et être ta forêt

Je voudrais t'aimer pure en des pays de palmes
Je voudrais t'aimer nue sous un ciel orageux
Je voudrais t'aimer tiède au fond d'un jardin calme
Je voudrais t'aimer noire et rouge tel le feu

Je voudrais t'aimer fille affamée de viol
Corps suave s'offrant aux fauves convoitises
Je voudrais t'aimer chair obscène humide et molle
Chue dans la bourbe sombre au fond de caves grises


Je voudrais t’aimer vierge avec perversité.
Je voudrais t‘aimer sainte en te léchant le sexe.
Je voudrais t’aimer pure avec obscénité.
Je voudrais t’aimer ange et pécher sans complexe

Je voudrais t'aimer douce entourée d'enfants fous
Je voudrais t'aimer folle hallucinée d'un dieu
Je voudrais t'aimer sainte annonçant Christ aux loups
Je voudrais t'aimer sage auprès d'un chien très vieux

Je voudrais t'aimer pauvre et misérable chose
Abandonnée de tous dans l'ordure et le froid
Je voudrais t'aimer seule en ta détresse enclose
Tu ne serais que cri clameur de désarroi


                                 ICH MÖCHTE DICH LIEBEN REIN IN PALMENLÄNDER
ICH MÖCHTE DICH LIEBEN SCHWARZ UND ROT WIE DAS FEUER





donne-moi ton parfum afin que je me grise
donne-moi ta chair chaude afin que je m'enlise

donne-moi tes péchés afin que je les crie
donne-moi ta lumière afin que j'irradie

donne-moi ta langueur afin que je m'y baigne
donne-moi ta candeur afin que je la saigne 

donne-moi ton désir  afin que je  l'enflamme
donne-moi ton absence afin que je m'affame

donne-moi ta luxure afin que je me damne
donne-moi ta douleur afin que je la clame

donne-moi ta nuit blanche afin que je caresse
donne-moi ton aurore afin que je renaisse


             GIB MIR DEINE SÜNDEN DASS ICH SIE AUSSCHREIE

                                          GIB MIR DEINEN SCHMERZ DASS  ICH IHN HEULE

 

AU PAYS DE L'AMOUR

Au pays de tes  yeux la nuit est souveraine
au pays de tes joues des roses brûlent doux
au pays de ta bouche éclosent les baisers
au pays de ta gorge un  cygne resplendit


                                 IM LAND DEINER AUGEN IST DIE NACHT SOUVERÄN
              IM LAND DEINES MUNDES BLÜHEN DIE KÜSSE

 

COMPLAINTE DES JOURS D'AMOUR DES NUITS D'ORAGE ET
AUTRES LAPS DE TEMPS
Il y a des jours, il y a des nuits,
tendres saisons et temps maudits.
Il y a de limpides aurores;
fraîches les vierges les amphores.
Il y a parfois des matins vastes
où les regards éclosent chastes.
Il y a de lentes journées pâles;
douceur des rêves et des châles.
Il y a de souverains midis;
on étreint nu le feu de vie.
Il y a des hauts moments de fièvre
quand l'aveu fou brûle les lèvres.
Il y a des soirs, langueurs de brume,
où les cœurs saignent d'amertume.
Il y a de lourds laps de colère
parmi les fadeurs ménagères.
Il y a des nuits, moments de rage
où les corps hurlent dans l'orage.
Il y a des nuits rouges de crime;
l'amour y côtoie les abîmes.
Il y a des nuits sombres déserts,
chambres closes pour solitaires.
Il y a  des ères de détresse
dans les ruines de la Promesse.
Il y a des ans s'effilochant
dans la fugacité des vents.
Il y a des jours, il y a des nuits
saisons d'amour et temps d'oubli.
                                                                       ES GIBT FINSTRE ÖDE NÄCHTE
                                                                    GESCHLOSSENE ZIMMER FÜR EINSAME 

                                                       JAHRESZEITEN DER LIEBE 
                                                                                 UND ZEITEN DES VERGESSENS




IM DIAFA BLAÏA WALD


Wit vu da Derfer, vu da fenschtra Gotteshieser, vum gràïa Alltàg, gràïa Schufta,

tràïma d Maïdla im diafa blàïa Wàld,

wissa duchsechtiga Kerwer wia Angel henter da rota welda Rosa.

Maïblüama bliaïa zwescha da schlànka Bei im frescha Gràs .
Blutt sen d Maïdla im kiahla Summerwend,
Wàldfeea met Blüamakransla uf da goldiga Locka.
Si tànza so flenk un senga luschtig vu Schmatterleng umga.
Blutt stehn d Büawa henter da Baïm
un wàrta voll Luscht, Furcht, Ungeduld im griana Schàtta,
medla in da Brennesla, Pfaffermenz, Blendschlichla,
d Hand vor ehra Schàmteila.
Blutt lega jetz d unschuldiga Kender, d Maïdla un d Büawa, ufm weicha Moos
un schmüsa un schmutza sech un umàrma sech.
Jetz brenna d fieriga Kerwer Leib àn Leib henter da rota Rosa  im diafa blàïa Wàld.
As esch s Fascht vu dr Liawa met Fleisch un Seela.
D stella Diarer lüaga züa met stühnenda Aïga.
D Vegala schwiega im Làïb wu Geischter naschta.
D Pflànza un d Baïm hera àndachtig züa met hocher Rüaïh wia si schreïa, d Liawenda, wia si glucksa un stöhna vor seliger Freid, vor siassem  fleischlichem Genuss, d  Bessassene vum Liaweswàhn.
S esch dr Bàràdies uf dr Arda voll Sunna un Wolluscht.
Jetz erhewa sech làngsàm d Liawesparla in dr Luft
un schwawa wia Liachtgstàlta im ufena Hemmel
hoch ewer d Baïmwepfel.
Si fliaga wia Vegel ewr  Wiesa un Wàsser
un vergehn im Hemmelblàï,
im Goldglànz vum ewiga Summer.


DANS LA PROFONDE FORÊT  BLEUE

Loin des mornes cités, du béton et de l’asphalte, loin des sinistres maisons de Dieu, de la grisaille quotidienne, loin des usines et des grandes surfaces, loin du monotone turbin,  
les filles rêvent dans la profonde forêt bleue,
corps diaphanes comme des anges derrière les roses sauvages rouges. 
Des muguets fleurissent  dans l’herbe fraîche entre leurs jambes sveltes.
Elles sont nues les filles dans la tiède brise d’été, nymphes aux boucles d’or couronnées de fleurs.
Elles dansent souples lianes et chantent gaiement environnées de papillons.
Les garçons se tiennent nus derrière les arbres et attendent frémissant de désir, de peur, d’impatience dans l’ombre verte, au milieu des orties, de la menthe, des orvets, les mains devant les parties honteuses.
Peu après ils sont couchés nus les enfants innocents, garçons et filles, sur la mousse tendre, flirtant et se bécotant et s’embrassant. 
Maintenant les corps incandescents brûlent chair à chair derrière les roses rouges dans la profonde forêt bleue.
C’est la fête de l’amour corps et âmes.
Les bêtes silencieuses ouvrent de grands yeux étonnés.
Les oiseaux se taisent dans les feuillages où nichent les esprits.
Les plantes et les arbres en profond recueillement silencieux écoutent  crier les êtres d’amour,  gémir et  glousser de joie béatifique, de jouissance charnelle, les possédés de la folie d’aimer.  
C’est le paradis sur terre irradiant de soleil et de volupté.
Maintenant les couples amoureux s’élèvent  lentement en l’air et planent dans le ciel ouvert comme des êtres de lumière loin au-dessus de la canopée.
Ils volent comme des oiseaux au-dessus des prés, des étangs, des rivières et se dissolvent dans le bleu du ciel,
dans la splendeur d’or de l’éternel été.



 LITANIE DU VAGIN

Gloire à toi vagin
cœur du jouir
motte des suavités
cavité secrète que préserve la virginité
des jeunes filles vêtues de candeur et couronnées de fleurs
jardin des délices
porte de jade
sainte vulve
demeure des mystères de la conception et des émois de la gestation
noble vase de vie
vallon de douceur veloutée
vallée velue des vertiges voluptueux
flou triangle sombre derrière la gaze transparente des danseuses
objet des désirs fous des hommes
buisson ardent
bouche d'ombre 
origine du monde 
gloire à toi clitoris
rosebud 
bouton de rose
minuscule bouton de chair de divine sensibilité
à manier avec un tact de haute délicatesse
                                                 
                                     
         BOUTON DE ROSE ENTRE LES LÈVRES CHARNUES DU VAGIN
                                                       ROSEBUD                                
                                                      GÖTTLICHER ROSENKNOSPE    ZWISCHEN DEN LIPPEN DER VAGINA

                                                             HEILIGER ORT DER LUST




FLEUR DE NUIT

fleur sombre
fleur de nuit chaude humide
fleur de feu
de fange
fleur de douce débauche
bouche de chair noire
antre cachée
au milieu des collines de tendresse
trou rouge où s’engouffre
la rage âpre de jouir

DUNKLE BLUME
BLUME DER NACHT
HEISSE FEUCHTE NACHT
NACHT DER VERBOTENEN LIEBE
IM BLEICHEN LICHT DES BLINDEN MOND
NUIT DES AMOURS INTERDITES
DANS LA BLAFARDE CLARTÉ DE LA LUNE AVEUGLE
MUND VON UNTEN BOUCHE D'EN BAS
MUND DES SCHWARZEN FLEISCH
Ô LUST NACH DIR FLEISCH DER DUNKLEN SÜNDE
Ô DÉSIR DE TOI CHAIR DU SOMBRE PÉCHÉ

     LES ROSES BRÛLENT
            DANS LA NUIT
          

                                          NUIT DU DÉSIR                                          
                                                                           ROSES NOIRES

                                                                                                   SOMBRES ERRANCES CRIMES DE DOUCEUR
                                                       DANS L’INFERNAL PARADIS DE LA CHAIR



DIE ROSEN BRENNEN  IN DER NACHT

                                  NACHT DER LUST
                                                                                SCHWARZE ROSEN




L'ÂME DES SAISONS


WENTER

S Hisala schrumpft sech zamma
unterm kàlta Wenterwend.
Dr Schnee tànzt àn da Fanschter.
D kàlta Schiewa hiela.
Um s Hüs wàndra gràïa Gschpanschter.
D Welf hert ma briala in dr Wita.


HIVER
La maisonnette se pelotonne sur elle-même
sous le vent froid d’hiver.
La neige danse aux croisées.
Les vitres froides pleurent.
Des spectres gris errent autour de la maison.
Au loin on entend hurler les loups.





           "WINTER UNDER CULTIVATION
           IS AS ARABLE AS SPRING."

                                   (EMILY DICKINSON)

"L'Hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps."



L’ÉPOPÉE HUMAINE


ELSASSISCHER GOLGOTHA

Jetz steht dr Barg met sim hocha Kritz ewer d Ewena.
Jetz esch Stella, unandligi Stella ewerem Barg.
A Stella wia na verstummter Schreï vu doïsiga Geopferta,
a roter, schwàrzer Schreï wu üsm Blüatbarg brialt, üsm dunkla Harz vu dr Arda.
Jetz steht dr Barg in dr riawiga Stella,
dr Barg met dr verwundeta Nàtür,
dr Barg vum vruckta Morda, vum Schrecka, vum Hunger, vum Durscht,
 dr Barg vum Schmarz un vum Tod.
Ja, do owa han se sech gschlàchta wia welda Tiarer
 in da Schetzagrawa, in da Lecher, im Drack, in dorniger Weldnis un Stàcheldroht.
In Nàcht un Nawel, im Raga, im Schnee, under isiga Sterna un brennenda Hemmel,
 han si gekampft, wia Gschpanschter, d gehelmta, gestefelda Soldàta,
met Flenda, Grànàta, Baïonnetta, Masser.
 In da Unterstand han se sech verkrocha
underm heftiga Trummel-Fier vu da Kànona. 
Do owa verlora in dr Hell han si gwàrta  uf Erlesung vum unmenschliga Ewel.
Si han gwàrta uf Freeda oder Verdàmnis.
Gwàrta han si un verzwiefelt.
Do owa ufm buckliga Gepfel esch si gekritzigt wora,
d Jugend üs Ditschlànd un Frànkrich.
Do owa ufm riesiga Totakopf üs Felsa un Wurzla
 esch si verblüata, d flàmmenda Jugend.
Do  esch si umgebrocht wora, do esch si gstorwa in Schlàmm un Fülnis,
 in  Gottes Nàcht, ohna Gebat, ohna Psàlm, ohna Gnàda.
Jetz steht dr Barg met sim hocha Kritz wu Chreschtüs fahlt.
Ufm elsassischa Golgotha, in dr versprangta Fenschternis, in dr verressena Stella,
Esch Gottesdämmerung, esch Walt-Untergàng gse.
Ufm elsassischa Golgotha, under  Stàhlgwetter, underm blüatiga Hemmel,
esch Gott gstorwa.


GOLGOTHA ALSACIEN

Maintenant la montagne se dresse au-dessus de la plaine avec sa croix altière.
Maintenant le silence, l’infini silence règne au-dessus de la montagne.
Un silence comme la clameur muette de milliers de victimes, une clameur rouge, noire qui hurle hors de la montagne de sang, hors des entrailles  sombres de la terre.
Maintenant la montagne se tient dans un calme paisible, la montagne meurtrie,
la montagne de la folle tuerie, de la terreur, de la faim, de la soif, la montagne de la souffrance et de la mort.
Oui là-haut ils se sont massacrés comme des bêtes féroces dans les tranchées, dans les trous, la fange, les ronces, les torsades de barbelés.                                   
Entre nuit et brouillard, dans la pluie, dans la neige, sous les constellations glaciales, sous les cieux brûlants, ils se sont battus jusqu’à l’absurde, comme de sombres spectres d’horreur, les guerriers casqués, bottés, avec fusils, grenades, baïonnettes, couteaux.
Ils se sont terrés dans les souterrains sous le feu roulant des canons. 
Perdus là-haut en enfer ils attendaient d’être délivrés du Mal inhumain.
Ils attendaient la paix ou la damnation insensée.
Ils ont attendu et ils ont perdu l’espoir.
Là-haut sur le sommet bossu, elle a été crucifiée, la jeunesse de France et d’Allemagne.
Là-haut sur le crâne gigantesque de rocs et de racines, elle a versé son sang, la flamboyante jeunesse d’Europe.
Là-haut elle a été systématiquement décimée, la génération livrée à l’effroyable sacrifice; là-haut elle a péri dans la bourbe et la pourriture, dans la nuit de Dieu, sans prière, sans psaume, sans grâce.  
Maintenant la montagne s’élève avec son immense croix sans Christ.
Sur le Golgotha alsacien, dans les ténèbres fracassées, dans le silence lacéré, est advenu le crépuscule de Dieu, l’apocalypse du monde.
Sur le Golgotha alsacien, parmi les orages d’acier, sous les effroyables cieux de sang, Dieu est mort.


                                                                                                    
ELSÄSSISCHER GOLGOTHA

Jetzt erhebt sich der Berg mit seinem hochen Kreuz über der Ebene.
Jetzt ist Stille, unendlige Stille über dem Berg.
Eine Stille wie ein verstummter Schrei  von tausenden Geopferte, ein purpurner, schwarzer Schrei der aus dem Blutberg, aus dem dunklen Herz der Erde  brüllt.
Jetzt steht der Berg in friedlicher Ruhe, der Berg mit der verwundenen Natur, der Berg des verückten Mordens, des Schreckens, des Hungers, des Dursts, der Berg vom Schmerz und vom Tod.
Ja, da oben haben sie sich geschlachtet wie wilde Tiere in den Schützengraben, in den Löcher, im Dreck, in dorniger Wildnis und Stacheldroht.
Zwischen Nacht und Nebel, im Regen, im Schnee, unter eisigen Gestirne und brennenden Firmamente, haben sie gekämpft wie dunklen Horror-Gespenster, bis ins Absurden, die gehelmte, gestifelte Krieger, mit Flinten, Granaten, Bajonetten, Messer.
In den Unterstände haben sie sich verkrochen unterm heftigen Trommelfeuer der Kanonen.
Dort oben verloren in der Hölle haben sie gewartet auf Erlösung vom unmenschlichen Übel. Sie haben gewartet auf Frieden oder unsinnige Verdammnis.
Gewartet haben sie und verzweifelt.
Dort oben auf dem buckligen Gipfel ist sie gekreuzigt worden die Jugend aus Frankreich und Deutschland.
Dort oben auf dem riesigen Totenkopf aus Felsen und Wurzeln ist sie verblutet, die flammende Jugend Europas. Dort ist sie umgebracht worden, die Generation des ungeheuren Opfers ; dort ist sie verschwunden in Schlamm und Fäulnis, in Gottes Nacht, ohne Gebet, ohne Psalm, ohne Gnade.
Jetzt steht der Berg mit seinem mächtigen Kreuz wo Christus fehlt.
Auf dem elsässischen Golgotha, in der versprengten Finsternis, in der verrissenen  Stille, ist Gottesdämmerung,ist Weltuntergang gewesen.
Auf dem elsässischen Golgotha, unter Stahlgewitter, unter grauenvollem blutigem Himmel,
ist Gott gestorben.



EUROPÄISCHES REQUIEM

Sie strecken sich aus, die Soldatenfriedhöfe, über ganz Europa,
unendliche Felder mit den Gräber der unzähligen Gefallenen,
 Friedenfelder nach den blutigen Schlachtfelder,
Frieden Gottes oder Frieden des Vergessens
 des menschlichen Wahnsinns bis zum nächsten Sündenfall.
Sie schlafen, die Krieger von damals, die Helden
der Weltkriege, des dreissigjährigen Kriegs, des hundertjährigen Kriegs.
 Sie schlafen tief, die Deutschen, die Franzosen, die Engländer,
die Italiener, die Russen, die Amerikaner, die Afrikaner, die vergessene Soldaten aller Kriege.
In der Erde Europas schlafen sie, die Millionen von geopferten jungen Menschen,
die geschlachtete Jugend von überall.
REQIEM AETERNAM DONA EIS, DOMINE ! HERR, GIB IHNEN DIE EWIGE RUHE !
Satt haben jetzt die Völker mit dem Brüllen der Barbaren,
mit dem ewigen heillosen Morden,
mit den seelenlosen Trümmerhaufen und Leichenhaufen der Weltgeschichte.
 Satt haben die Völker mit den Tagen des Zorns, mit den Tagen des Wehens.
 DIES IRAE, DIES ILLA.
Kinder streuen weisse Rosen über die Massengräber.
Jungen singen Choräle und umarmen sich.
Eine Stimme spricht aus der Stille : Europa, Europa, vergiss nie
deinen alten tausenjährigen Wahnsinn, deine ungeheuren Sünden,
vergiss nie die Millionen von niedergemetzelten Menschen, die sinnlosen Zerstörungen.
Vergiss nie : es war Schrecken, Schmerz, Sterben ; es war Apokalypse.
Nein, nie wieder Krieg, nie wieder Krieg ! rufen die Kinder aller Nationen Europas,
nie wieder teuflischer Wahn, höllischer Horror, nie wieder die Hölle auf Erden!
Armeen von Toten stossen stumme Schreien aus über den endlosen Schlachthof Europa
 vom Atlantik bis zum Ural, Kontinent des Übels, gemeinsames Vaterland.
Die Gespenster der Toten stöhnen und heulen in der Finsternis underm bleichen Mond. 
REQUIESCANT IN PACE !
O HERR, LASSE SIE RUHEN IN FRIEDEN !


REQUIEM EUROPEEN

Ils s’étendent à travers toute l’Europe, les cimetières militaires, champs infinis de tombes des multitudes de soldats morts dans la géhenne guerrière, champs de paix après les sanglants champs de bataille, paix de Dieu ou paix de l’oubli de la folie humaine en attendant la prochaine chute calamiteuse au fond de l’horreur démentielle. 
Ils dorment, les guerriers de jadis, les combattants des Guerres mondiales, de la Guerre de trente ans, de la Guerre de cent ans.
Ils dorment profondément, les Français, les Allemands, les Anglais, les Italiens, les Russes, les Américains, les Africains, soldats oubliés, soldats inconnus de toutes les guerres.
Ils dorment d’un lourd sommeil dans la terre d’Europe, les millions de jeunes hommes sacrifiés, la jeunesse  massacrée de partout.
REQUIEM AETERNAM DONA EIS, DOMINE.
Seigneur, donne-leur le repos éternel.
Maintenant les peuples en ont assez avec les hurlements barbares, avec les sempiternelles tueries sans merci, avec les amas de ruines désolées et les amoncellements de cadavres de l’Histoire mondiale, Hystérie planétaire insensée, Loi de meurtre.
Ils en ont assez, les peuples, avec les jours de rage et les jours d’abîme.
DIES IRAE, DIES ILLA.
Des enfants jonchent les fosses communes de pétales de roses blanches.
Des adolescents de plusieurs nations chantent des chorals et puis s’enlacent pacifiquement.
Une voix s’élève dans le silence: « Europe, Europe, n’oublie jamais ton immense folie millénaire, tes péchés monstrueux, n’oublie jamais les millions de morts absurdes, les destructions catastrophiques. N’oublie jamais ces temps de terreur, de douleur, de massacre, ces jours d’apocalypse. »
Non, plus jamais la guerre, plus jamais la guerre ! s’exclament les enfants de toutes les nations d’Europe, plus jamais l’enfer sur terre !
Des armées de morts sortent des tombes la nuit et émettent des clameurs muettes à travers le vaste abattoir Europe, de l’Atlantique jusqu’à l’Oural, continent du Désastre, tragique patrie commune.
Les spectres des morts font entendre longuement de lugubres gémissements sous la lune livide.

REQUIESCANT IN PACE !

Seigneur, laisse les reposer en paix ! 

 ALSACE



NARRAGONIA

S Elsàss esch a Nàrralànd,

S Lànd vum Hàns im Schnoggaloch, vu dr ewiga Unfreedaheit. Wàs mr han dàs wan mr net un wàs mr wan dàs han mr net. Wenn Sunna schient wan mr Raga, wenn s ragend wan mr Sunna. Wenn s Elsàss sech kàt vereiniga wan mr zwei bliewa, Ower- un Unter-Elsàss; wenn mr zwei sen wan mr a einziges Elsàsslànd.


S Elsàss esch a Niamàndslànd,

SLànd wu sech d Iwohner emmer weder froga: wer sen mr denn? Frànzosa? Ditscha? Alemànna? Europäer? Mr sen net im Ennra. Im Ennra vu wàs? Wu sen mr denn? Emmer sen mr àm Rànd. Ràndmenscha, Zweschamenscha, zwescha Ditschlànd un Frànkrich, zwescha Norda un Süda. Unsri eigena Sproch, unser Gedachtnis, unser Harz han mr schu làng vererrt.


S Elsàss esch a Putzfummellànd.

Mr faga, mr rüüma uf, mr wascha, mr putza. Alles müass süfer se. Ordnung, Ordnung esch s hàlwa Lawa, àwer oï dr hàlwa Tod. Mr lawa emmer mehr in ra betoniarte, àbgràsiarte Làndschàft, un oï emmer mehr in ra versoïta Nàtür. Soll dàs heissa dàs dr Ordnungswàhn oï a gwessa Todeswàhn esch?


S Elsàss esch a gross Disneylànd,

a wites Ecomusée, a Art Schlàràffalànd, Heimet vum Kugelupf, Sürkrüt, Riesling, vu da kentschliga Storcka un da Garta-Zwarga, vu da Wianachtsmarkta un da Labküacha-Hieser, vum scheena Schien un owerflachliga Spàss.


S Elsàss esch a Jàmmertal.

Mr jommra, mr handla ewer àlles un ewer nix, ewer d Walscha, ewer d Schwowa, ewer d Schwitzerlöli, ewer d Aràwer un d Ziginer, ewer s kàlta Watter, ewer d Hetz, ewer s diera Lawa, d Regiarung,  rüahïlos ewer àlles un nix. Els-Hàss-Lànd werd mankmol unsri Heimet met unsra schrecklicka anga Gedànka, met unserm Hàss vu da Andra, d Hargloffena, dia wu a betzi dunkel sen, a betzi drackig, a betzi unheimlig un a betzi stenka wenn mer, d güata Elsasser,  so süfer, so àstandig  sen unter uns.


S Elsàss esch a Nàrrascheff.

Im Delirium vum moderna Haschta han mr unser Geischt verlora. Verlofa han mr uns in da Bànka, in da Supermarkta, in da Fàwereka, uf da Autobàhna, uf da Flughàfa. Mr sen àlli ufm Nàrrascheff vum Sebastian Brànt igscheft un fàhra noch Nàrragonia, d Unheimet vum totàla Wàhn wu d hohla Fàsenàchts-Màska met dem Tod tànza.



Werd àlles anda met ra fàwelhàfta Wàlpurgisnàcht um Fassena, met m a grossàrtiges Fierwark ewer d gànza Ewena zwescha Vogesa un Schwàrzwàld? Werd àlles àm And zum Teïfel geh? Kàt s Nàrrascheff noch umkehra?






L’Alsace est un pays de fous,
le pays du HANS IM SCHNOGGALOCH Jean dans le trou de moustiques, pays de l’éternelle insatisfaction. Ce que nous avons nous ne le voulons pas et ce que nous voulons nous ne l’avons pas. Quand le soleil brille, nous voulons de la pluie, quand il pleut nous voulons du beau temps. Quand l’Alsace pourrait s’unir, nous voulons rester deux, Haute-et Basse-Alsace. Quand nous sommes deux, nous voulons une Alsace unifiée.

L’Alsace est un No-mans-land,
le pays où les habitants se demandent toujours: mais qui sommes-nous? Des Français? Des Allemands? Des Européens? Des Alamans? On n’est pas de “l’intérieur”. L’intérieur de quoi?
Où sommes-nous en fin de compte? Toujours au bord, gens des bords, gens d’entre les deux, entre Allemagne et France, entre Nord et Sud. Notre propre langue, notre propre mémoire, notre coeur, nous les avons égarés depuis longtemps.

L’Alsace est un pays maniaque de nettoyage.
On balaie, on range, on lave, on nettoie. Tout doit être propre. L’ordre est la moitié de la vie, mais aussi la moitié de la mort. On vit de plus en plus dans un paysage bétonné, rasé et aussi dans une nature de plus en plus souillée. Cela signifie-t-il que l’obsession de l’ordre est aussi pour une bonne part pulsion de mort?

L’Alsace est un grand Disneyland, 
un immense écomusée, une sorte de pays de Cocagne, la patrie du kouguelopf, de la choucroute, du riesling, des cigognes artificielles et des nains de jardin, des marchés de Noêl, des maisons en pain d’épices, de la belle apparence et du divertissement superficiel. 
 
L’Alsace est une vallée de larmes.
Nous nous plaignons, nous rouspetons sur tout et sur rien, sur les Welsches, sur les Boches, sur les Ptits Suisses, sur les Arabes et les Tziganes, sur le coût de la vie, sur le gouvernement, sur le mauvais temps, sur la canicule,  sans répit sur tout et sur rien. Alsa-xenophobia-land devient parfois notre patrie avec nos pensées terriblement étroites et notre hostilité envers les venus-d’ailleurs, ceux qui sont un peu basanés, un peu sales, un peu louches et qui puent un peu alors que nous autres, les bons Alsaciens, nous sommes si propres et si corrects entre nous .

L’Alsace est une Nef des fous.
Nous nous sommes perdus dans le délire de la fièvre moderne. Nous nous sommes égarés dans les banques, les supermarchés, les usines, sur les autoroutes, les aéroports. Nous sommes tous embarqués sur la Nef des fous de Sebastian Brant et nous naviguons vers Narragonie, la Dystopia de la totale folie où les masques vides de Carnaval dansent avec la Mort.

Tout va-t-il se terminer à la fin par une fabuleuse nuit de Walpurgis autour de Fessenheim, avec un grandiose feu d’artifice au-dessus de toute la plaine entre Vosges et Forêt Noire? Tout à la fin va-t-il aller au diable? La Nef des fous ne peut-elle plus rebrousser chemin?

                            
                           ALSACE-NARRAGONIE

                                                 Alsace-Narragonie
                                                      Nef des fous
                                      pays d’éternelle insatisfaction
                                                de profonde amnésie
                                                  d’identité incertaine
                                         province d’entre les deux
                                                Germania et Gaule
                                                Bochie et Welchie
                                       HEIL HITLER VIVE LA FRANCE
                              ICI COMMENCE LE PAYS DE LA LIBERTÉ
                                    RAUS MIT DEM WELSCHEN PLUNDER
                                    dehors avec la vêture franchouillarde
                                   C’EST CHIC DE PARLER FRANÇAIS
                           fini avec le halsacien ce bredouillis paysan   
                                             
                                             Schissland Merdurie                                                     
                                cauchemar folklorique gastronomique
                                    QUE NOTRE ALSACE EST BELLE
                                       AVEC SES FRAIS VALLONS
                                 avec ses bourgades bien astiqués
                               Inferno vu dr Ordnung    enfer de l’ordre
                               névrose obsessionelle de propreté de rangement
                                       aux dimensions d’une province                                                                          
                          villages proprets au fleurissement géométrique
                                          Alsace du gentil Hansi
                                           géhenne du géranium
                                                        
                                     Elshass Alsa-xenophobia-land
                                      pays de haine   xenophobe                        
                      soï Polàcka Polàcka Schmàlz drackiga Tschingala   
                                      drackiga stenkenda Tziginer   
                      cochons de Polaks Polaks bouffeurs de saindoux
                                  sales Ritals Tziganes  crasseux puants 
                                     Juda-Hàss haine des Juifs
                                                  ça pue l’ail
                                 on va brûler le Juif derrière l’église                                        
                                                   Djihad El Shass 
                                          Halal Halal Halalsassland
                                             Hopla Hopla Hoplalala
                           assez avec ces basanés ces enturbanés ces voilées  
                                      mort aux Arabes aux Nègres  
                                  l’Alsace aux Fralsaciens aux Alamans
                                       HEIL HITLER VIVE LA FRANCE
                                   QUOI! DES COHORTES ETRANGERES
                                  FERAIENT LA LOI DANS NOS FOYERS!
                                                     
                           pays des invasions des guerres des annexions
                                     immense champ de bataile   Todeszone
                      zone de mort Hartmannswillerkopf 30000 morts
                                              Struthof 25000 morts
                                 Nacht und Nebel nuit et brouillard
                                                       no-mans-land
                                                       Schissland
                                                       pays de merde
                             Elsass über alles Alsace vitrine de la France
                                          ALLONS ENFANTS DE LA PATRIE
                                                 hymne patritrouillard                             
                              composé par Rouget de l’Isle à Strasbourg
                        et chanté chez le maire Philippe-Frédéric de Dietrich
                                                      le 26 avril 1792
                           Marianne coiffée de l’ample coiffe noire à la cocarde
                                         Walkyrie casquée à la croix gammée 
                                                     à la tête de mort
                                                      Lack mi àm Àrsch
                                                      lèche-moi le cul                                              
                                   Louis XIV Bismarck Hitler De Gaulle
                             1918      le drapeau rouge flotte sur la cathédrale  
                1945 le drapeau tricolore remplace le drapeau à la croix gammée                                                                                                 
                                     1968  le drapeau noir flotte sur l’université 
                                    on ne cesse d’aller d’un côté ou de  l’autre
                                 la nef des fous tangue jusqu’au vertige
                           à quand l’arrivée des Mongols et des Chinois ?
                              
                          Alsace morne plaine de la platitude consumériste
                                   hyper-disneyland cigoland choucroutland
                                                           alsaciété                                                               
                                          couscous choucroute merguez
                                              saucisses de Strasbourg
                                                     Menschterkaas
                                                    ô sublime odeur
                             ô délectable onctuosité du fromage de Munster
                           bocks débordant de bière moussante écumante
                                     Riesling Gewürtztraminer Edelzwicker                                      
                                           ô breuvages dorés mûris
                                sur les côteaux ensoleillés de Thann à Riquewihr
                                  ô nectar divin des vendanges tardives
                          cueillies sous les premières giboulées de neige
                                       süffa frassa pfurza kotza schissa
                                   se saouler s’emptffrer pèter vomir chier
                                              Hopla Hopla Hoplalala
                                            beuverie bouffe pétomanie                                                                                                                                                                                                                                                            
                                                    un drno fegla fegla
                                                    et puis baiser baiser
                            orgies rabelaisiennes de bonne chère et de luxure
                                     o Lack mi Lack mi lèche-moi lèche-moi
                                     lutsch meinen Schwantz suce ma bite
                                    pulpeuse halsacienne aux énormes nichons
                                   clame le brave tou-tou le gros touriste teuton
                                           le ptit-Suisse en goguette
                                         ô ces tétons de vache laitière
                                            ces fesses de sale truie
                                                       drack soï
                              ce cul comme un kouguelopf appétissant                                           
                                                 fecka fecka fuck me
                                             halsachienne  halsachatte
                                                  et que je  m’éclate
                                 et que j’accède au paradis des houris
                                                   au céleste bordel                                     
                                Alsace hortus deliciarum ô jardin des délices
                                          infernal éden de la bouffe
                                              suffa frassa bis in dr Tod
                                      boire bouffer jusqu’à en crever
                                      Schnaps das war sein letztes Wort
                                    encore  un coup de cette fameuse mirabelle                   
                         ce fut son dernier mot avant de rendre l’âme
                 mort au champ d’honneur des poivrots et des bouffeurs
                                      le brave tou-tou le brave touriste
                       ES GEHT ALLES VORÜBER ES GEHT ALLES VORBEI

                                                 Alsace-Narragonie
                      patrie de Sebastian Brant de Geiler de Murner de Fischart
                         d’Arp de Germain Muller de Siffer d’Ungerer d’Ehni
                               Heimet vum Hàns im Schnoga-Àrschloch
                            patrie de Jean dans le trou du cul de moustiques
                                           Schweissdissi welda Mànn vum Tivoli
 partie du gros Bosseur en sueur
de l’Homme auvage du Tivoli                                        
Alsace- Narragonie patrie du carnaval
      de la fête des fous
                                   àlemànischa-Fàsanàcht vu Bàsel bis Köln
                                  carnaval alémanique de Bâle à Cologne
                                          Rhin vallée de la haute folie
                                             immense danse des fous
                                             dada da da dadalsace[PK1] 
                                       Hopla Hopla jetz geht’s los
                                Allons allons enfants du Narrenland
                        embarquons dans la Nef du vieux Sebastian Brant 
                                        creuset de toutes les folies
                                                folie mystique
                                                 folie guerrière                                             
                                              folie de vie de mort
                                      où se mêlent le sacré et le profane
                          masques entraînés en une danse macabre infinie
                                    aux bras de walkyries plantureuses
                   sur de tonitruantes apocalyptiques musiques wagnériennes
                                           Hopla Hopla Hoplalala jetz geht s los
                                     danse de folie danse de mort
                                            dànza bis in dr Tod
                                  dissolution dans le nirvana dans l’enfer dans le paradis
                          avec les diables espiègles et les anges blagueurs
                                 car Dieu est Humour Être suprême en folie
                                           folie sacrée absolue folie



LA CONNAISSANCE SPIRITUELLE

Am Anfang ist das Wort und das Wort ist Tat, Lebensquelle.
Au commencement est la Parole et la Parole est Agir, Source de vie.

Das Wort ist Tat der Liebe. La Parole est Acte d'Amour.






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