ou livre de l'enfance
ou la Bible des enfants
ou la nouvelle croisade des enfants
Chant de l'enfance
Promenades au royaume de l'enfance, au Kinderland.
Voyage en Fabuland, Oniria, Narragonie
et autres pays de merveilles et de monstres.
En chemin pour Fabuland
LA VOIX
Un matin au réveil j'ai entendu une voix qui me disait: Musi Kine, tu as une grande chose à faire à l'avenir; avec tes amis tu dois veiller sur la terre que nous habitons car elle est en péril. Tu dois veiller sur la Maison des êtres humains car elle est menacée.
Je ne comprenais pas ce que voulait dire la Voix et il m'a fallu du temps pour que cela s'éclaire un peu.
C'est alors que j'ai commencé à écrire pour saisir les pensées qui me venaient. Quelque chose de mystérieux s'éveillait en moi.
Musi Kine, qui suis-je? J'entends une voix...Suis-je folle?
Qui suis-je? Je ne sais pas. J'ai plusieurs visages. La fille chérie de papa, la sœur de Jade, la copine, la fillette sympathique un peu fofolle pour les gens du village, la bonne élève, et voilà la fille qui entend une Voix.
MUSI EST MON NOM
MUSI je m'appelle, Musi Kine.
Musi Kine, fille de Paul Kine et de feu Anne Kine, née Anne Hemeter.
Musi, petite muse, en dialecte alsacien kleina Müs, Misala, petite souris, Müsikala, petite musique.
Musi, je m'amuse, je muse. je musarde parfois des journées entières. Je suis Musi, cette drôlesse.
Oui, drôle de numéro, drôle d'oiseau, disent ceux qui me connaissent sans me connaître. Drôle, étrange, rêveuse, insaisissable... Qui suis-je? Je ne le sais pas vraiment. Une fille, une fille fantasque. Trop de choses me passent dans la tête, souvent assez folles Et je vis parfois des expériences étonnantes, transmission de pensées, actes magiques, lévitations. Il m'arrive parfois de m'élever en l'air et de survoler maisons et arbres. Vraiment ou en rêve? Je ne sais pas... Rêve et réalité sont tout le temps mêlés. Enfant-chamane disent certains. Je ne comprends pas ce que c'est chamane. J'essaie de tout écrire, même ce que je ne comprends.
Jade, ma sœur, me trouve insupportable. "T'es une chipie...Tu ne peux rien faire comme les autres." Elle dit ça, mais en même temps elle m'aime bien et m'aide de toutes ses forces.Oui, je sais qu'elle m'aide et me soutient de toutes ses forces surtout depuis que je lui ai révélé mon secret: Jade, une idée bizarre me trotte dans la tête, je crois que je dois avec mes amis me consacrer à sauver notre planète.
Mon autoportrait .
Je suis une rousse aux yeux verts Une jolie rousse aux regards malicieux, pétillants, comme disent certaines grandes personnes. Sale rouquine, poil de carotte, comme disent les copains et les copines quand ils m'en veulent.
Souvent je rêve d'avoir une longue chevelure blonde comme une princesse nordique.
Je me vernis les ongles des pieds et des mains, préférant la couleur violette.
Mes défauts. Paresse. Gourmandise. Distraction. Désordre...Autrement dit tous les défauts. Dès qu'on s'observe un peu on se trouve tous les défauts, mais aussi toutes les qualités. On devient facilement la personne qu'on rêve d'être, une star, une héroïne, une sainte, un génie. On s'invente une vie légendaire à laquelle on se met à croire.
Je suis très curieuse. Comme toutes les filles, dit mon ami Bobol souvent méchante langue. Sacré Bobol qui ne cesse de m'interroger sur les secrets de nous autres, les filles! Pas curieux, le gars?
J'aime parler. Je suis une pipelette volubile selon ma sœur Jade. Je parle évidemment en français, mais je connais aussi le dialecte alsacien. C'est mon grand-père Auguste, papapa Guschti, qui me l'a appris. Je m'entretiens en alsacien avec les personnes âgées de notre village, ce qui les étonne beaucoup car rares sont les jeunes qui connaissent encore le parler régional. J'ai voulu apprendre le dialecte parce que maman ne s'exprimait qu'en alsacien avec ses parents, mamama et papapa Richardine et Auguste, et avec ses amis. Il y a quelques années à peu près tout le monde parlait encore l'alsacien dans le village.
Je sors doucement de l'enfance.
Doucement? Il y a parfois des tempêtes sous mon crâne...Derrière moi il y a tous les charmes et toutes les peurs de l'enfance et devant moi l'inconnu.Oui, l'inconnu. Ô tous ces mystères que cache la vie! Mon corps va se transformer. Déjà j'éprouve de nouvelles sensations au fond de moi. Je vais peu à peu entrer dans un monde nouveau. A la fois ça me fascine et ça m'effraie.
JE VEUX ÉCRIRE LE LIVRE DE LA CROISADE DES ENFANTS
Car il y a une nouvelle croisade des enfants: sauver la Terre, la Planète des humains.
Une voix me dit: les choses vont mal, il faut sauver la Maison des humains.
Il faut faire la guerre à tout ce qui veut détruire la nature, à tout ce qui veut nuire à l'habitation heureuse.
J'entends la voie et je veux faire cette guerre.
N'est-ce pas une folie à mon âge?
Je ne sais pas écrire. Et pourtant il faut écrire. Il faut dire notre guerre pacifique.
La voix me dit: il faut parler et il faut faire, faire ce qu'il faut pour sauver la Maison humaine.
Je ne cesse d'écrire, de remplir des cahiers de mes gribouillages, de mes dessins, de mes photos, des images que je colle. C'est une manie..
Je veux écrire, écrire partout. Sur les murs. Sur les pierres. C'est une folie.
J'en lis des extraits à Bobol, à Helian, mes amis, et aussi à Jade ma sœur, à papa, à Pétrus. Ils trouvent ça très intéressant et m'encouragent à poursuivre, en m'aidant souvent à améliorer mon écriture avec leurs critiques et leurs suggestions.
Quand je lis mon livre à mes amis, ça les intéresse et je sens que certains veulent en devenir de vrais personnages, attendant que je parle de leurs histoires. Ils me rappellent mes oublis et souvent critiquent ce que je dis d'eux, me demandant de corriger mon texte. A la longue mon livre devient un dialogue avec les personnes évoquées. Ca devient un roman écrit en partie par les personnages eux-mêmes. Quasiment un livre écrit par quelques-uns pour tous. Jade, papa, Pétrus, Bobol, Hélian...tous font le livre avec moi. Je ne suis en quelque sorte que la secrétaire.
Jade ma sœur m'appelle la petite Rimbaud, l'Anne Frank de Heilbrunn, la nouvelle Minou Drouet. Rimbaud... Minou Drouet...je ne sais même pas qui c'est exactement. Rimbaud, le plus souvent je ne comprends pas grand chose quand je mets le nez dans ses poèmes. LE DORMEUR DU VAL, LES EFFARES, LE BUFFET, ça va, mais très vite je me perds. mais j'aime bien son portrait...
Dans mon livre, je veux raconter tout ce que je vis comme enfant. Ce sera le conte des mille et une facettes de notre notre vie d'enfants, ma vie à moi et celles de mes proches et de mes amis, voire aussi celles des êtres lointains que j'entrevois, que je devine, que j'essaie de comprendre.
Je veux écrire tout ce que je vois autour de moi, tout ce que perçoivent mes yeux, mes oreilles, mes narines, mes mains, ma bouche et ses papilles, toutes les choses de la vie quotidienne et aussi tout ce j'imagine dans ma tête, toutes les folies qui me traversent à la fin de mon enfance, toutes les choses folles, toutes les choses merveilleuses et effrayantes qui remplissent nos têtes d'enfants.
Je veux faire un livre qui ouvre d'innombrables portes, l'imagination, la réflexion, la poésie, la vie quotidienne...et qui débouche à la fin sur Fabuland, le Royaume des enfants, le Royaume des Merveilles et des Monstres.
J'écris pour dire la vie la plus simple et tous les rêves qui remplissent nos têtes.
J'écris mon livre pour être la muse de la plus belle des fêtes, la future grande fête de l'enfance souveraine. Appelons la INFANTASIA.
Enfant, j'écris le livre de l'enfance, pour raconter les joies et les peines des enfants, et leurs rêves terribles et sublimes, leurs rêves pleins d'étoiles et de monstres.
Un livre qu'on peut lire dans n'importe quel ordre. Un livre à manger morceau par morceau, à déguster selon ton humeur en l'ouvrant par hasard et en s'y promenant sans plan comme dans un jardin que tu ne connais pas. Un livre-jardin, un livre-forêt. Un livre à brouter et non à anônner de A à Z.
Un livre pour tout le monde, pour les enfants de tous les âges et même pour les grandes personnes qui ont gardé en eux une âme d'enfant.
Un livre à lire, à vivre.
Un livre sans fin, un conte qui va dans tous les sens, au gré des vents de l'imagination et des hasards de l'inspiration et de la vie.Un conte, un poème parlant de toute la vie réelle et de toute la vie rêvée. Un conte des contes.
Je veux décrire toute la vie, tous les aspects de la vie vécue par un(e) enfant, ma vie à moi , celle de mes amis et celle des gens qui nous entourent, même ceux que je connais mal (comme les Tziganes) ou ceux que je n'aime pas (comme les Gorgols).
Que mon livre devienne un immense Poème comme un arbre aux innombrables branches que viennent habiter les oiseaux et les insectes, que viennent traverser les vents, les nuits, les aubes, les crépuscules, les étoiles et la lune.
Un livre qui veut mener à Fabuland, le Parc de l'Enfance dont je veux être l'instigatrice, le Royaume des Merveilles et des Monstres.
J'écris en cheminant vers Fabuland. J'écris pour rêver le Royaume de l'Enfance quelque part sur terre. Pourquoi pas ici en Alsace, à Heilbrunn ?
A la fin, j'écris pour maman, j'écris à maman. J'écris pour parler à maman dans le silence de ma chambre. Dans le silence de ma chambre, elle m'écoute, je le sais.
J'ai le sentiment qu'elle lit tout ce que j'écris et qu'une nuit maman m'apparaîtra et que je lui remettrai le Livre en mains propres.
Les pages s'envolent, bleus, roses, vers l'invisible où maman les recueille et les lit.
TOUTE UNE GUIRLANDE DE VISAGES ...ET LES AUTRES
Tous ces noms, tous ces visages qui m'entourent, toute une guirlande de frimousses souriantes et de fronts graves. Elsa, Aube, Alizée, Jade ma sœur, Herrade, Odilie, Musarelle, Herby, le petit enfant de nos voisins Angel, Herbelaine, Luna la Noire, Bobol mon meilleur copain, Tristan, Hansel le dessinateur, Hélian le musicien- poète, Elis l'Enfant-Merveille, Pétrus, Finala, le père Breda..., la guirlande de mes proches, de mes amis, des habitants de mon village et de ces êtres enchanteurs qui nous rendent parfois visite venant des lieux de merveille.
Toute cette guirlande de noms. Chacun le sien. Le nom colle à chaque personne. Le nom est la personne et la personne est son nom. Impossible de penser à Jade sans dire son nom. Elle ne pourrait pas s'appeler autrement, Odile ou Violette. Ce ne serait plus Jade. Tout Jade est dans son nom.
Paul Kine est mon père.
Harold Kine est mon oncle, père de mes cousines parisiennes Nalou et Morgane.
Alba est la compagne de Harold et la mère des deux chipies.
Jade est ma sœur aînée. Elle me protège. Elle me morigène souvent.
Elle est éducatrice à l'Institut pour handicapés LES PAPILLONS BLANCS.
Autre guirlande, celle des noms des poètes, des musiciens, des peintres qui m'enchantent: Baudelaire, Verlaine, Rilke, Mozart, Renoir...
Dans la bande de mes copains et copines, il y a Helian. Il me fascine avec son piercing à l'oreille droite, ses tatouages qui lui couvreut tout le corps de signes cabalistiques. Il est beau comme un dieu, c'est un poète, un musicien et un chanteur génial et il est à peine un peu plus âgé que nous, 14, 15 ans... C'est notre grand frère fantasque. Il aime Rimbaud, Trakl et .Jimmy Morrison. Il nous parle de ses idoles, chante leurs chansons en s'accompagnant de la guitare et de l'harmonica , déclame leurs poèmes. Chez lui les murs sont tapissés des photos et des posters de ses vedettes. Il a un perroquet.
Elis est l'Enfant-Merveille, l'Enfant magicien, l'Enchanteur. On ne sait pas d'où il vient. Il se manifeste dans le village de façon inopinée.
Parfois il apparaît accompagné d'une licorne.
Il veut changer le calendrier, y faire figurer de nouvelles fêtes, la fête des fleurs, la fête des oiseaux, la fête des étoiles...
AËLE est un ange, une fée qui me rend souvent visite. C'est mon ange gardien. Elle m'apparait n'importe quand n'importe où. Elle est merveilleuse avec son immense chevelure lumineuse qui lui couvre tout le corps. Une chevelure comme une vague d'étoiles.
Nalou et Morgane sont mes cousines parisiennes qui viennent régulièrement en vacances à Heilbrunn.
Leur père Harold, frère de papa, est informaticien.
Oh! les discussions fabuleuses entre papa et l'oncle Harold! entre l'écolo et le fan des technologies nouvelles dont je ne comprends pas grand chose! Mais le ton monte souvent...
Nalou, tout le monde loue sa beauté. Dès qu'elle apparaît dans un groupe d'enfants, elle devient le commandant en chef.
Morgane est une passionnée des légos. Elle aime les jeux de garçons, s'affubler d'une armure, manier l'épée.
Garçon manqué, dit sa maman Alba.
Rozeline la Kurde. Son père tient une pizzéria dans notre village. Elle porte des lunettes qui la font ressembler à une petite étudiante. Elle peut faire la petite folle quand elle roule en vélo à travers le village. Paul, mon père, dit: ne fais pas la folle comme Rozeline quand tu prends ton vélo.
Culoche la dingue qui nous fait rire tout le temps. C'est la clownesse de la bande. C'est aussi la plus délurée, osant dire son avis à tout le monde.
Hansel, Hansala le fou de dessin. Il ne cesse de dessiner. Sa chambre est remplie de monceaux de dessins dont sa famille veut se débarrasser. Il dessine de drôles de personnages un peu partout sur les murs en tentant d'échapper à l’œil sévère de l'appariteur. Il peint des fleurs qui n'existent. Il peint des monstres.
Les filles et les garçons, on se chamaille souvent. On s'épie, on se surveille. Chacun a ses secrets.
Les garçons se demandent c'est comment les filles? et les filles se demandent c'est comment les garçons?
Bobol est mon meilleur copain. Nous avons exactement le même âge. C'est quasiment mon jumeau. On est né dans la même maternité à Huse où nos mères ont été ensemble dans la même chambre. Drôle de zigue, curieux de tout, il m'a entrainée dans de fameuses expéditions en particulier dans la forêt qui entoure Heilbrunn. Il veut tout explorer, les sous-bois, les souterrains, les blockhaus laissés par les guerres, les vieilles ruines.
Genre Gavroche, adroit, mèche sur le front.
Parfois il me traite de haut. "Tu n'es qu'une fille!" Dans ces moments-là je ne l'aime plus du tout. Il se prend pour qui, ce cher Bobol? Ah! ces garçons, ils se croient toujours les plus forts...
Parfois ils m'insultent, les garçons, et les filles aussi, hélas:. Rouquine! Poil de carotte! Rêveuse! Tu es dans les nuages...Tu es dans la lune.
C'est juste: je suis lunaire, rêveuse, et aussi lunatique, un jour lumineuse et le lendemain renfrognée, peu causante.
ROZELINE porte des lunettes comme une petite étudiante. Elle aime mettre un blue-jeans délavé lacéré. Elle s'occupe fréquemment de sa petite sœur qui commence à trottiner et qui sourit à tout le monde. Elle vient souvent voir Jade qui l'aide à faire ses devoirs.
Elle porte un sac d'école pesant comme s'il était rempli de pierres.
Son petit frère est un fou du trampoline installé dans la cour de la pizzéria. Avec ses copains ils sautent en l'air en gesticulant comme des diablotins et en poussant des cris de joie. En plus du trampoline il y a dans la cour une balançoire, un petit potager et un poulailler.
En-dehors de mes amis et de mes proches, il y a les habitants de Heilbrunn que je connais,
Monsieur Mann, le maire du village,
Pétrus, le vieux sage, instituteur retraité,
le Père Breda, le curé,
Mada, le bedeau,
Hava, sa compagne,
Finala, une vieille femme habitant près de la forêt
LES GORGOLS, ce sont des méchants.
Ils ne font pas partie de la guirlande. Ce sont des jeunes, garçons et filles, ayant de grosses motos, vestes de cuir, casques à visière, lunettes noires. Ils arborent des têtes de mort, ont le corps couvert de tatouages. Ils traversent parfois le village en bande de motards au milieu d' un vacarme effrayant et se rassemblent près des blockhaus en bordure de la forêt. Ils s'habillent et se griment en gothique, écoutent du hard rock. Tout le monde nous dit de ne pas les approcher.
Leur chef s'appelle Gorg. Les gens disent qu'il est fou. C'est vrai qu'il tient parfois des discours enflammés sur la place de la Mairie, entouré de ses copains qu'il appelle les Gorgols. Il hurle des vilénies contre tout le monde, le curé, le maire, les gendarmes. Il dit qu'ils vont tout casser.
Hélian, qui connait bien les Gorgols, partageant parfois leurs séances de musique tonitruante, dit qu'ils aiment faire beaucoup de bruit, mais qu'ils ne sont pas aussi terribles que ça.
Il y a aussi tous les amis imaginaires sortis des légendes, des contes, des livres, des films, Ulysse, Cendrillon, Blanche Neige, Don Quichotte, Gulliver, Robinson Crusoë, Harry Potter, Peter Pan, Heidi, Zazie, Pinochio, Mowgli.Tintin..Ils habitent nos têtes parfois plus réellement que des personnes vivantes.
Il y a encore mes héros préférés dans la vie: Jeanne d'Arc, Einstein, le grand savant aux cheveux en bataille qui montre sa langue pour se moquer des photographes, Albert Schweitzer, le bon docteur et son pélican ( papa est un de ses fans: Albert Schweitzer est né dans la petite ville d'où notre famille est originaire du côté de mon père).
Et puis il y a les autres, les étrangers, les inconnus, les millions d'inconnus sur la terre, et puis ces anges, ces fées, nymphes, nixes, elfes, naïades, faunes, ces êtres entre ciel et terre, ces habitants des autres mondes.
MON ENFANCE
Déjà j'ai des souvenirs de ma courte vie.
Je me souviens de ma première poupée de chiffon que je traînais avec moi nuit et jour.
Je me souviens de mon entrée à l'école maternelle. Je pleurais d'être tout-à-coup séparée de maman et il m'a fallu pas mal de temps pour aller à l'école avec plaisir. Peu à peu je me suis fait des copines et alors tout allait bien.
HELIAN
Il fonce comme un fou sur son scooter. Il m'entraine parfois dans ses virées, ce qui ne plait pas du tout à papa.
Helian rêve de partir loin du village. Où veut-il aller? De quoi rêve-t-il? Devenir une star de la chanson?
" Musi, un jour on ira loin de ces ploucs de Heilbrunn. Un jour je t'emmènerai au pays des merveilles." Qu'est-ce qu'il veut dire par là?
Parfois il me fait peur malgré son extrême gentillesse.
CULOCHE
On la traite de boulotte. Elle s'en moque. Elle ne cesse de manger.
PAPA
Paul Kine, c'est papa, monsieur papa. Les gens du patelin l'appellent Popaul, Popaul le jardinier, Popaul le footballeur. La plupart des gens le trouvent sympathiques.
Papa a été longtemps un joueur très apprécié de l'équipe de football, au poste d'avant-centre, et reste passionné par ce sport très populaire. Il ne manque pas un match de l'équipe local.
Papa est passionné aussi du jardinage et de la nature. Ou encore du bricolage.
Son habit préféré: la salopette bleue. Sous le soleil, il porte un chapeau à large bord. Et à la mauvaise saison, un gros pull à col roulé.
Je l'aime beaucoup, papa, c'est mon héros.
Il ne se fâche quasi jamais.
Quand il a des soucis, il reste silencieux et suce l'ongle de son pouce.
LE JARDIN DE MON PÈRE
Le jardin de mon père est un vrai paradis, un petit royaume qu'on n'a jamais fini d'explorer.
Dans un coin, il y a un cagibi rempli d'outils, bêches, pelles, râteaux, scies, haches, plantoirs, sécateurs, marteaux, clefs à molette, tenaille, tourne-vis. Il y a aussi une brouette, des arrosoirs, des sacs de terre. Et beaucoup de toiles d'araignée, ah! les araignées, ces bébêtes qui inspirent des paniques à ma cousine Nalou.
Dans le jardin de mon père, il y a des papillons, des coccinelles, un hérisson. des orvets, des lézards, des limaces, des crapauds, des scolopendres, des guêpes, des fourmis.
A vrai dire papa se plaint de plus en plus de la disparition des insectes et autres animaux familiers du jardin. Exemple: l'hirondelle, il n'y a plus d'hirondelle qui vient nicher sous le toit.
-0ù sont les sauterelles, les hannetons, les grenouilles d'antan? Où les coassements qui remplissaient les chaudes soirées d'été?
Il y a un poulailler et un clapier dont papa s'occupe quotidiennement.
Il y a une serre, un potager, un verger et beaucoup de fleurs. On dirait que papa ne voudrait cultiver que des fleurs.
Le jardin de mon père est un jardin fleuri. Y fleurissent selon les saisons coquelicots, bleuets, marguerites, tulipes, iris, pâquerettes, lys, glaïeuls, chrysanthèmes.
Des liserons grimpent sur les clôtures.
A la Toussaint, papa vend des chrysanthèmes à tout le village.A la période de Noël, il confectionne des ensembles avec des branches de sapins et de houx. Au printemps, c'est le tour des plants de tomates.
Le jardin se prolonge par un verger qui comporte des pommiers, des mirabelliers, des pruniers, des cerisiers, des cognassiers. L'herbe y pousse librement. Une chèvre broute tranquillement entre les arbres.
L'autre animal chéri de papa est son cheval.
J'aime participer aux travaux de papa. En particulier j'aime utiliser les arrosoirs, donner à boire aux plantes à la fin des journées de chaleur. J'ai l'impression que les plantes me disent merci.
JADE
Jade mordille sa lèvre inférieure lorsqu'elle est contrariée.
NALOU ET MORGANE
Ce sont mes cousines parisiennes.
Nalou a du plaisir à taquiner sa petite sœur. Son père Harold doit souvent la rappeler à l'ordre. "Ne va pas trop loin! Arrête de torturer ta sœur!" Ça se termine souvent par les pleurs de Morgane
Nalou, on l'appelle aussi Louloute, Loulou, Nanalou et Morgane, on l'appelle aussi Gaga ou Momo.
Quand les deux chipies disent des gros mots ou de l'argot, leur père ou leur mère leur font payer une amende.
Gros mots, argot (selon l'oncle Harold et tante Alma) : merde, emmerder, con, connasse, dégueulasse, je suis nase...cool...
Une autre punition: aller au coin.
Les deux cousines admirent Kylian M'Bapé. Elles en ont vu l'effigie au Musée Grévin à Paris.
Morgane voudrait même devenir gardien (gardienne?) de but.
Des pipelettes, les deux cousines. Nous avons des tchatches interminables sur Skype.
Quand elles viennent en Alsace, elles profitent pour faire du vélo, du skateboard, du gyropode sur les chemins aux alentours du village.
HAROLD KINE MON ONCLE, ALMA MA TANTE
Il a inventé un robot qui est devenu le Guide touristique de Heilbrunn. C'est Helbruna.
Helbruna trône au milieu de la place centrale du village, la place Nathan Katz, et répond aux questions des touristes.
Alma ma tante est d'origine martiniquaise.
LES GRANDES PERSONNES
On les appelle aussi les Adultes, les Grands. Ce sont les parents, les professeurs, les autorités officielles, les gens qui portent des képis, les gens qui pérorent à la télé...
On a toujours l'impression qu'elles savent tout, les grandes personnes. Pourtant il me semble que souvent elles ne nous comprennent pas, nous les enfants.
Ils cachent tant de choses, les adultes. Tant de choses mystérieuses que je ne comprends pas quand j'écoute leurs conversations.
Leur seule idée: nous imposer leurs façons de voir. Se brosser les dents, ne pas faire de désordre, ranger, ne pas se salir, ne pas mettre les coudes sur la table quand on mange, ne pas faire de bruit, être poli avec tout le monde, dire bonjour aux grandes personnes, faire ses devoirs, apprendre les tables de multiplication...
FILLES ET GARÇONS
Ils sont drôles, les garçons. J'ai du mal à les comprendre. Ils nous regardent bizarrement.
Mais j'aime Bobol, C'est un vrai copain. On se raconte tous nos secrets.
Les garçons ouvrent leur braguette pour faire pipi n'importe où.
Nous les filles, on va toujours se cacher en nous accroupissant derrière des buissons.
Parfois l'une de nous essaie de faire pipi debout et on rigole toutes comme des dératées.
LES ADOS
Il y a les grandes filles et les grands garçons, ceux qu'on appelle les ados. Ceux-là aussi, je ne les comprends pas et pourtant je vais bientôt avoir leur âge. Ils sont encore plus mystérieux que les grandes personnes avec leurs grands airs, leurs cachoteries, leurs histoires pathétiques.
MA TRIBU
Ma tribu, c'est maman, papa, Jade ma sœur, mamama, papapa, l'oncle Harold, la tante Alma, mes cousines Nalou et Morgane...
La chose la plus triste, la plus terrible : Maman est morte quand j'étais encore petite enfant. C'est le grand drame de ma courte vie.
J'ai promis à Maman d'être une grande fille courageuse, de vivre dans sa lumière. J'ai l'impression qu'elle est tout le temps à côté de moi.
Père, lui, est inconsolable depuis la disparition de Maman. Il s'est retiré dans le silence et dans son travail de jardinier, son métier et sa passion depuis toujours.
Papa s'appelle Paul Kine. C'est un fan de Pierre Rahbi. Dans le village, il est un des soutiens du Maire Ecolo, Monsieur Mensch.
Jade est ma grande sœur. Elle a en quelque sorte essayé de remplacer ma mère après le décès de celle-ci. Elle est éducatrice à l'Institut pour handicapés LES PAPILLONS BLANCS.
Papapa, Mamama, père et mère de Maman, lui ont survécu. Leur tendresse m'a aidée à supporter la perte de maman.
Papapa et Mamama, Grand-père et grand-mère, Joseph et Richardine Hemeter, étaient des paysans et maintenant ils vivent avec nous dans la ferme.
MAMAN
Maman s'appelait Anne .
Papapa, son père, l'appelait Anna, en accentuant fortement la première syllabe.
J'ai très peu de souvenirs d'elle. Je me souviens par exemple de cajoleries dans ses bras où elle chantonnait "schmusi schmusi boubala", ce qui veut à peu près dire en alsacien " bise bise à bébé".
Elle était belle. Les ^photos le montrent.
Elle tenait une mercerie. C'était pour moi un lieu magique, un lieu d'infinis découvertes. Les laines, les boutons, les fils, les étoffes de tous les coloris, un vrai paradis. Et j'adorais écouter les interminables causeries des femmes du village. Papapa Auguste les appelait les Ratscheuses, les Commères de Kukuxville, un des surnoms de Heilbrunn. "Ratscha" veut dire en dialecte: faire des commérages.
Maman est morte dans un accident de voiture. Comment c'est arrivé, on ne me l'a jamais dit exactement. C'est parait-il papa qui conduisait. Un jour peut-être il m'en parlera. En général on évite de parler de ce drame terrible dans la famille. Ce silence me cause du malaise.
J'ai des souvenirs imprécis de l'enterrement de maman. On essayait de m'expliquer ce qui se passait, mais je ne comprenais rien. Je n'arrivais pas à comprendre que je ne verrais plus jamais maman. On me disait qu'elle était au ciel. C'est où le ciel? Derrière les étoiles? Comment maman peut-elle être derrière les étoiles?
La mort de maman a été pour moi un malheur trop grand. J'étais comme écrasée. Très longtemps je n'ai plus parlé. Je me cachais pour pleurer. Moi aussi je voulais mourir, rejoindre Maman dans la nuit où elle avait disparu. Je n'arrivais pas à comprendre que jamais je ne la verrai plus. Il m'a fallu des mois pour sortir de ma tristesse et de mon mutisme. C'est Père et Jade qui m'ont aidé patiemment à revenir dans la vie ordinaire. Et lentement j'ai senti croître la présence de Maman dans mon cœur. Maintenant je lui parle constamment. Dans le silence nous ne cessons de nous parler et l'amour de Maman me réchauffe au plus profond de moi-même. Je sais qu'un jour je la reverrai car le véritable amour ne meurt jamais.
Je pense à la mort de maman chaque jour. Je vois, je vis tout à travers la présence-absence de maman. C'est le cœur de mon cœur.
Une dame m'apparaît souvent dans l'obscurité. Une forme vague qui flotte, aux gestes dansants. Un visage qui se précise, qui me sourit La nuit, debout près de mon lit, elle se penche vers moi. Je suis sûre que c'est maman.
J'écris pour écouter maman qui me parle dans le silence.
L'ACCIDENI
C'est l'événement le plus important, le plus bouleversant de ma petite vie. Et il reste bien obscur. Je n'en sais rien de précis. C'est comme si les choses étaient enveloppées dans du brouillard.On m'en a toujours parlé avec un certain mystère.
L'accident a coûté la vie à maman, mais aussi à Dolfi.
MAMAMA ET PAPAPA
Papapa et mamama s'appellent Auguste et Richardine Hemeter.
Jade m'a dit que les ancêtres Hemeter étaient sans doute des Tziganes. Ca pourrait expliquer la présence de la roulotte dans notre ferme.
Papapa est un vieil homme solide, le crâne chauve luisant. Mamama est une petite femme frêle.
Papapa et mamama ont adopté Dolfi, un enfant tzigane orphelin. Dolfi est mort dans l'accident de voiture qui a coûté la vie à maman car ce jour tragique là il accompagnait papa et maman. Il avait 17 ans.
La mort de maman et de Dolfi a été l'événement terrible qui a changé notre vie. Mamama et papapa préfèrent semble-t-il souffrir en silence. Ils ne parlent jamais de ce jour tragique. Mamama est plongée dans "la dépression" comme disent les grandes personnes et ne sourit que rarement, J'ai l'impression que je lui apporte encore un peu de joie. Elle m'embrasse en pleurant sans rien dire et je sais qu'elle pense alors à maman, sa fille.
Maman bien qu'absente est constamment présente dans notre famille, chez moi, chez papa, chez Jade, chez mamama et papapa.
Papapa et mamama connaissent toute l'histoire de notre village dont ils ne cessent de me raconter des anecdotes. Ils connaissent quasiment tous les habitants, surtout les plus anciens.
Le samedi soir ou le dimanche matin ils vont à l'église. Ils sont bien mis. Mamama trottine avec une canne et donne le bras à papapa.
Papapa a été longtemps le président de la chorale Sainte Cécile. Ayant une belle voix, il chantait naguère souvent en soliste. Je l'ai entendu chanter STILLE NACHT, HEILIGE NACHT ( Douce nuit, sainte nuit). C'était magnifique! Jade à mes côtés avait des larmes aux yeux.
Chez Mamama, j'apprends à tricoter, à coudre. Mamama me raconte que naguère toutes les femmes ne cessaient de tricoter des écharpes, des chaussettes, des pulls, des gilets. Maman paraît-il regardait la télé tout en tricotant.
ROZELINE
C'est la pipelette du village. Elle connaît tous les ragots qui se racontent dans la pizzéria de son père.
LA MAISON
La maison que j'habite est la demeure séculaire de ma famille, une maison traditionnelle avec des colombages, une ferme avec ses dépendances.
Ma chambre a des murs lambrissés.Ils sont tapissés de mes dessins.
Mais j'habite aussi la Hème, la maison de mes rêves. C'est une demeure fabuleuse. Parfois dans ma rêverie le vent l'emmène au-dessus des collines.Parfois la nuit elle se promène dans la Voie lactée. C'est une habitation qui ne cesse de changer de forme selon ma fantaisie.
LA HEME
C'est la maison de mes désirs, celle que je ne cesse de construire dans mon imagination.
Un arbre pousse au milieu.
MON CORPS
Je me regarde toute nue dans la glace de la salle de bain. Je me trouve belle, sauf les taches de rousseur qui parsèment mon visage. " Mais ça fait partie de ton charme!" disent mes amis sans arriver à me convaincre.
Il y a ce qu'il ne faut pas nommer, le kiki, le popotin ou cucul. Il faut les cacher. J'aime pas qu'on me regarde quand je suis nue. Est-ce cela qu'on appelle pudeur?
Bobol voudrait regarder: " Montre le moi ton kiki." Je dis non. Mais je ne souhaite pas non plus voir son kiki à lui car il pisse n'importe où sans se cacher et sa petite saucisse, je la connais. Sa mère lui répète souvent d'être un peu discret. Bobol, ça semble le laisser indifférent...Les copines disent qu'il n'a pas de pudeur.
Dans le corps, il y a quoi? C'est drôle de penser au dedans du corps, aux organes qu'on ne voit pas, le cœur qui ne cesse de battre, le sang qui ne cesse de circuler, les poumons, les intestins...
Mes maladies: fièvre, mal de gorge, diarrhée, toux, scarlatine ...
VIE QUOTIDIENNE
J'aime boire de l'eau. La fraîcheur et la transparence de l'eau me remplissent la bouche et puis tout le corps comme une vague de bien-être. Quel grand plaisir de boire de l'eau à une source en pleine nature quand lors d'une promenade on a une grande soif! On a l'impression de renaître.
L'eau, c'est la chose la plus simple et la plus merveilleuse.
J'aime manger. Je suis même gourmande. Jade dit que je vais à la longue me transformer en boulotte.
Je raffole des glaces.
Je peux manger de tout. Je ne comprends pas les enfants qui se montrent difficiles à table, qui font des caprices. Ils m'agacent même quand je pense aux enfants qui n'ont pas assez à manger.
Comment je m'habille. Je m'habille tantôt en rose, tantôt en bleu clair, en vert clair. J'aime les couleurs douces, les couleurs tendres.Parfois j'ai aussi envie de rouge vif ou de jaune solaire, de couleur dorée. Je n'aime pas le noir, la couleur des Gorgols. Et pourtant Rozeline s'habille parfois tout en noir et c'est pas mal du tout.
Dès qu'il fait froid, j'aime emmitoufler dans de gros pulls de laine, dont certains ont été tricotés par mamama Richardine, une fanatique du tricot.
Mamama ne quitte quasiment jamais son tricot. Elle tricote assise dans le jardin, elle tricote en regardant la télévision...
J'aime porter des bagues, des bracelets, des boucles d'oreilles. Certains bracelets, je les fabrique moi-même avec des scoubidous.
Comment je dors. J'aime dormir dans des draps bleus. Avant de m'endormir, il me faut un moment de lecture. Un des meilleurs moments de la journée.
J'ai souvent du mal à m'endormir, surtout quand je pense à maman.
Pour m'endormir je laisse souvent une veilleuse allumée et j'écoute de la musique douce.
Trop submergée par l'angoisse, il m'arrive d'aller dormir chez Jade, ce qu'elle n'aime pas du tout.
DRÔLES D'ENVIES
Drôles d'envies que j'ai parfois,
l'envie de dormir sur le parquet à côté de mon lit,
l'envie d'asperger mes amis avec de l'eau ou de les bombarder de boue,
l'envie de sortir la nuit dans le jardin pour surprendre les chats aux yeux luisants,
l'envie de dire des gros mots,
l'envie de taquiner mes copines,
de les pincer,
de caresser leurs mollets avec des orties,
l'envie parfois de me battre avec les garçons,
l'envie parfois de les imiter par exemple en pissant debout.
LES GROS MOTS
Les mots que papa n'aime pas. MERDE. TA GUEULE. CON.CONNASSE.
On les hurle comme des enragés quand on se promène dans les prés ou la forêt. Merde! Merde! Merde!
Papa n'aime ps non plus les mots "franglais": COOL. EMAIL.
OH NOS BÊTISES!
En été, on se baigne parfois tout nus dans l’Étang des saules, garçons et filles. On se regarde bizarrement, un peu gêné. C'est drôle, les zizis des garçons. Ils doivent trouver aussi que c'est drôle, les coucounes des filles.
Le mot "coucoune", c'est Nalou qui nous l'a appris. Valie, sa mère (ma tante) est martiniquaise et là-bas, on appelle "coucoune", le faire-pipi des filles.
LES MECHANCETES
Lydie, une copine du collège, me raconte comment elle est harcelée sur Facebook par certains garçons de notre classe. Ils se moquent de son acné, de son gros nez. ils la traitent de boulotte, de laideron. Elle devient la tête de turc d'une partie de la classe.
Les garçons de Heilbrunn ne sont pas des petits saints. Ils font leurs quatre cents coups. Ils visent les lampes de l'éclairage public avec leur lance-pierre. Ils allument des meules de foin. Je soupçonne Bobol de participer parfois à ces bêtises.
NOYADE
Terrible nouvelle! Disparue depuis plusieurs jours, on a retrouvé Lydie qui s'est noyée dans un étang près d' Altwihr.
MES LOISIRS, MES PASSE-TEMPS FAVORIS
J'aime faire du vélo, du rollers, du skateboard, de la danse.
Autres dadas: faire des photos, communiquer avec mes copines par mon smartphone, regarder la télé (Gulli est ma chaîne préférée), faire des jeux sur une tablette.
Père a horreur du smartphone... J'essaie de l'utiliser le moins possible, mais la tentation est grande et dès que papa est dans les parages, je le dissimule.
Papa n'aime pas non plus qu'on s'adonne trop aux jeux électroniques. Lui-même les ignore totalement. Même la pratique des mots croisés lui semble futile. Vieux jeu monsieur papa?
J'aime aller au cinéma.
Films que j'ai aimés: Harry Potter, Le livre de la jungle, Crin-blanc, tous les films de Charlot...
Avec mes copines, nous nous maquillons, nous nous déguisons en princesses, en garçons, en diablotins de carnaval...Nous imitons Charlot ou Louis de Funès. Nous improvisons du théâtre. Nous nous prenons en vidéos.
Marcher, me promener à pieds ou à bicyclette est une de mes occupations favorites. Avec mes amis, nous nous promenons dans le village et ses environs, les prés, les champs, les bois. Papa nous recommande toujours d'être prudents, de faire attention à la circulation, de ne jamais suivre des étrangers et d'emmener notre téléphone portable pour appeler en cas de problème. Ce cher papa (papa-poule) et ses éternelles inquiétudes...
MES OCCUPATIONS
Mes occupations, en-dehors des études et des loisirs, sont variables.
A la maison, je m'occupe un peu du ménage, je fais un peu de cuisine avec l'aide de Jade.
J'aime faire des gâteaux. Dernièrement j'ai cueilli des noisettes avec Rozeline et nous avons fait un gâteau aux noisettes avec l'aide de Jade.
MES PEURS
J'ai souvent peur dans l'obscurité que quelqu'un m'empoigne. Il m'arrive d'avoir peur à l'heure du coucher et je laisse souvent une veilleuse allumée.
Les garçons peuvent m'inspirer de la peur dès qu'ils se montrent brutaux.
Les adultes me font peur, surtout ceux qui exercent une autorité, les professeurs, les policiers, les gendarmes.
Il y a peu d'adultes en qui j'ai confiance, papa, Jade, papapa, mamama, Pétrus, Finala, le père Bréda...
IVRES DE JEUX
Ivres de jeux sommes-nous, mes amis et moi.On ne cesse d'en inventer.
On imite les grandes personnes pour apprendre le jeu de la vie et aussi pour se moquer des gens qui nous insupportent. Elsa Culoche est particulièrement douée pour mimer les personnes, les maîtresses de l'école, le curé, l'appariteur.
Parfois je joue moi aussi à la maîtresse d'école et je punis sévèrement mes élèves. Je peux devenir un vrai bourreau, et j'avoue, je ressens un certain plaisir à infliger des humiliations à mes camarades.
Nous jouons au "cadavre exquis", au téléphone, aux charades, aux devinettes, à la bataille d'eau...
Les garçons jouent à la guerre, je n'aime pas trop, mais parfois nous les filles on y participe pour se défouler et taper avec plaisir sur les garçons.
On peut aussi se bagarrer entre les filles comme les garçons, se rouler par terre, se plaquer au sol. Ça se termine parfois par des crêpages de chignon, des morsures, des griffures, des pleurs et des injures. Sale garce! Méchante! Je ne t'aime plus! T'es plus ma copine! Et un laps de temps plus tard on est à nouveau les meilleures amies du monde
Garçons et filles, on joue ensemble au football. J'admire la souplesse, la dextérité de Rozeline. On dirait qu'elle danse quand elle évolue sur le terrain, balançant gracieusement les bras, dribblant comme une championne.
On court dans les prés en gesticulant et en criant comme des dingues et puis hors d'haleine on batifole dans l'herbe, on s'v laisse tombe, on s'y roule.
Il est arrivé qu'on fasse ces courses folles tout nu ou presque...(évidemment on ne le raconte jamais aux grandes personnes).
Et puis il y a les incessants fou rires pour des bêtises, pour des riens.
Il y a les chansons qu'on hurle à tue-tête, ALLUMER LE FEU, QUE NOTRE ALSACE EST BELLE, FRÈRE JACQUES,DR HANS IM SCHNOGALOCH...
LA CABANE
Toute la bande des amis, on construit une cabane dans la grande clairière de la forêt. Elle n'est jamais terminée. On y ajoute sans cesse quelque chose.
RÊVER, RÊVER, FABULER
Rêver, fabuler, selon ma sœur Jade, je ne fais que ça.
J'aime inventer des histoires invraisemblables, des voyages sur des planètes inconnues, des voyages dans le temps, dans des royaumes merveilleux.
Entre nous, avec mes amis; nous inventons des pays imaginaires avec leurs villes, leur monnaie, leur langue.
Ah! inventer des langues inconnues!
Inventer des pays, des villes... Musiland... Musiville...Bobolia...
LES GRANDS DEVOIRS
Il y a les devoirs de l'école, il faut les faire consciencieusement, mais il y a aussi les devoirs, les grands devoirs dans la vie, dit Pétrus, le Vieux Sage.
Comme le Petit Prince de Saint-Exupéry, nous voulons sauver notre planète.
Avec tous mes amis, nous voulons défendre la planète où nous vivons, défendre les plantes, les bêtes, les êtres humains, contre la pollution. C'est notre devoir de chaque jour.
Avec papa qui est un vrai écolo, nous cultivons ensemble un jardin sans pesticide.
Un autre grave problème de la vie commune est celui de la pauvreté, celui des gens qui ont du mal à se loger, à se nourrir, à trouver du travail, des gens qu'on a tendance à mépriser. Par exemple les Tziganes qui habitent dans un campement près de chez nous . C'est un endroit mal famé. Pourtant nous y allons souvent pour jouer avec les enfants. Nous avons lié amitié avec Madora, une fille formidable, et nous avons commencé à connaître sa famille.
J'épingle des photos d'enfants malheureux sur les murs de ma chambre.
Visages faméliques d'enfants africains.
Le malheur des enfants me fait pleurer parce que je l'ai connu très fortement à la mort de Maman et je n'en ai jamais totalement guéri. La blessure restera ouverte en moi pour toujours. Je veux encore toujours revoir Maman et j'espère la retrouver au ciel. Elle me parle sans cesse et parfois elle m'apparait.
La souffrance qu'a provoquée en moi la perte de ma maman me permet maintenant de comprendre la souffrance des autres.
L’ÉCOLE
Notre école s'appelle École Oberlin. Oberlin est un pasteur qui a créé la première école maternelle en Alsace.
L'école est le lieu où se rencontrent les enfants de tous les âges. Ils ne sont plus classés par âges. Selon les activités ils passent d'une salle à l'autre. L'école est une sorte de ruche où les enfants s'activent librement. Les maîtresses et les maîtres disent qu'ils font du Freinet, du Montessori, du Neill... Ce sont paraît-il des gens qui ont essayé de changer l'école, de la rendre plus attrayante pour les enfants.
C'est vrai, j'ai aimé aller à l'école de notre village avec ses dessins d'enfants peints sur les murs. Maintenant je viens de la quitter pour aller au collège à Altwihr. C'est moins marrant.
HUSE
HUSE est la ville près de laquelle j'habite. Elle est triste. Elle est sale. Elle est bruyante. Murs tagués. Rues grouillantes de monde. Milliers de visages inconnues, sans expression, souvent mornes. Flots de voitures étincelantes, bruyantes, monstres froids, agressifs, se tamponnant, vous écrasant sur les passages pour piétons, vous éclaboussant les jours de pluie, stationnant sur les trottoirs.
Jade parfois m'emmène à Huse et je fais le rêve que la ville se transforme, qu'elle se vêt de verdure, que les voitures se dissolvent dans la lumière, que les passants se métamorphosent en calmes promeneurs souriants, que les agents de police se changent en jeunes princes pleins d'aménité ou en anges avec des ailes.
LA PETITE VILLE
ALTWIHR est la petite ville plus proche que je préfère à Huse, la grande ville. Depuis peu j'y fréquente le Collège ALBERT SCHWEITZER. J'y retrouve mes copains et copines de l'école de Heilbrunn, par exemple Bobol et Rozeline. Heureusement, car au début je me sentais perdue dans ce nouvel établissement ultramoderne. Nous nous y rendons en bus de ramassage conduit par une dame.
Les ruines d'un château médiéval domine la ville. Nous y montons parfois avec la classe et le professeur d'histoire nous explique tout le passé de ce lieu, la vie au Moyen-Âge et la destruction de l'édifice à la Révolution française.
LA MANIF
Avec Bobol, nous avons organisé dans les rues d'Altwihr une manif pour défendre la planète. Beaucoup d'élèves du collège y ont participé. Nous avons apporté une pétition au maire de la ville, un monsieur qui siège comme député à l'Assemblée Nationale. J'ai été interviewée à la télé régionale
et depuis je suis devenue une sorte de vedette. Ma photo a paru dans le journal L'ALSACE. Papa se moque de moi et m'appelle ministre de l'écologie ou encore la Greta Thunberg alsacienne.
MON PAYS
C'est l'Alsace, le beau pays entre Vosges et Forêt Noire, mais j'habite aussi, j'habite encore plus des pays de rêve appelés entre autres FABULAND, ONIRIA, NARRAGONIE... J'y emmène souvent mes amis.
Dans mon pays, l'Alsace, le soleil se lève derrière la Forêt Noire au milieu d'un ciel couleur de cuivre en fusion. Et puis le soir il se couche derrière les Vosges dans un ciel orange.
En hiver les crêtes vosgiennes et celles de la Forêt Noire sont enneigées. Par beau temps elles développent leurs courbes bleues et blanches en immenses panoramas.
J'aime contempler les montagnes enneigées de ma fenêtre à travers les arbres dénudés.
Le grand fleuve est le Rhin. Il réunit trois pays, la France, l'Allemagne, la Suisse, et termine son parcours en Hollande.
Ma région, le Sud de l'Alsace, le Sundgau, est une terre de vallonnements, de bois, d'étangs et de labours.
Les étangs sont poissonneux. Ils sont peuplés en particulier de carpes.
MES VOYAGES.
Nous sommes allés voir la Cathédrale de Strasbourg, sa fameuse horloge, le Retable d' Issenheim au Musée d'Unterlinden à Colmar, le Haut-Koenigsbourg et d'autres châteaux médiévaux.
Autres visites: le Zoo de Mulhouse, le Vieil Armand.
Nous avons fait un tour en péniche sur le Rhin et un tour en barque sur l'Ill.
Nous allons souvent à l’Écomusée et au Parc du Petit Prince à Ungersheim.
On a survolé le pays en ballon.
Avec Père et Jade, nous nous sommes rendus à Kaysersberg, la ville d'origine de la famille du côté de papa. C'est la ville où est né Albert Schweitzer. Nous sommes allés voir sa maison dans le village de Gunsbach non loin de Kaysersberg et nous avons cheminé le long de la promenade à flanc de montagne que le grand Docteur affectionnait.
Pétrus est un grand admirateur du Docteur Schweitzer dont il cite souvent les pensées essentielles, par exemple le respect de la vie, en allemand "Ehrfurcht vor dem Leben". C'est une attitude de respect devant toute créature vivante qu'elle soit plante, animal ou être vivant. Selon Pétrus c'est une règle de vie capitale qui résume toutes les autres règles.
Avec Pétrus nous avons visité la ville de Colmar, ville qu'il connait bien car il a été élève de l’École Normale d'instituteurs.
Certains voyages et nombre de promenades avec Papa nous les faisons en roulotte car Papa aime se déplacer en roulotte. Une roulotte qui s'est toujours trouvée dans notre ferme. Nous avons peut-être des ancêtres tziganes? Qui sait? Grand-mère Richardine (mamama) racontait avoir enfant fumé la pipe près d'une roulotte des gens du voyage, les Tziguiners comme on les appelle ici...
MES VOYAGES IMAGINAIRES
Ils ne s'arrêtent jamais, mes voyages imaginaires. Je voyage dans ma tête nuit et jour, jour et nuit.
Partir. Envie de partir, de quitter l'horizon étroit de notre village. Aller ailleurs, n'importe où. Par ennui. Par curiosité. Me perdre dans l'inconnu.
Je visite des planètes inconnues en compagnie d'Extraterrestres. Et je suis très souvent dans la lune, mes proches et mes amis le savent bien. Musi lunaire, Musi lunatique.
J'imagine un voyage au pays des Tziganes, en Roumanie. Nous traverserions toute l'Europe en roulottes.
Souvent mon imagination s'envole au-delà des crêtes vosgiennes ou des crêtes de la Forêt Noire pour survoler la mappemonde, Russie, Chine, Japon, Amérique, Afrique...
J'ai affiché la mappemonde dans ma chambre et mon imagination peuple ces pays lointains.
Maman n'a pratiquement pas quitté Heilbrunn. Je voyage pour elle. Je vis la vie qu'elle n'a pas connue.
NOTRE VILLAGE.
Village? Bourgade? Ville? Selon l'occasion on utilise l'une ou l'autre désignation. Restons-en à village...C'est le mot que je préfère. Village...Dorf... Je me sens habiter un village au milieu des collines, le village de ma mère. Je retrouve partout ma mère, dans chaque endroit, chez la plupart des gens d'un certain âge.
Mon village est blotti dans un vallonnement du Sud de la terre d'Alsace, cette partie qu'on nomme Sundgau.
Son nom est Heilbrunn. Maman y est née. Maman y a passée son enfance. Et nous habitons toujours dans la ferme où elle a vécu.
Papa m'a expliqué que Heilbrunn veut dire fontaine de bienfaisance.Et cette fontaine existe vraiment sur la place centrale du village. Les touristes viennent y boire car on dit que son eau est curative pour certaines maladies, en particulier les troubles digestifs.
Monsieur Mann, le Maire, est un Écolo qui veut faire du village un modèle de protection de la nature. Beaucoup disent que c'est un rêveur.
Mes endroits préférés: le Dorfbach, le ruisseau qui traverse le village et qui se jette dans l’Étang des saules. Nous le longeons souvent avec mes amis. Ses berges sont habitées par les grenouilles qui à notre passage sautent dans l'eau, faisant un petit plouf.
J'aime aussi aller au cimetière qui se situe au milieu des prés et où se trouve la tombe de Maman et de Dolfi. Je m'assois sur la pierre tombale et nous conversons, Maman et moi. C'est un lieu de profond silence, un lieu de paix. "Gottesàcker" dit-on en alsacien: champ de Dieu, ou encore "Friedhof", jardin de paix. Au centre se dresse une grande croix en pierre avec le Crucifié surmontant un socle sur lequel on voit un crâne entrelacé d'un serpent. Une sculpture qui m'a toujours terrifiée.
Non loin du cimetière chrétien, il y a aussi un cimetière juif.
J'aime aussi l'église romane où j'entre parfois avec une certaine crainte car dedans c'est sombre.
En bordure du village, il y a un stade, une salle polyvalente, un espace d'activités de loisirs, un petit zoo avec des poules, des canards, des cigognes, des porcs, des chèvres... et des jeux pour les enfants, trampoline, tyrolienne...un petit stade de football...
Il y a aussi une zone d'activité appelée l'aire de la Dolle avec une menuiserie, un garage, une déchetterie, des entreprises...et un cimetière de voitures.
Papa peste contre l'invasion de notre belle région par les zones industrielles et commerciales.
En grande partie le village est constituée de maisons typiquement alsaciennes, maisons à colombages. Il y a aussi des HLM où habitent généralement des ouvriers immigrés travaillant dans les usines de Huse et des environs.
Au centre du village, il y a l'église, la mairie et l'école bordant une grande place.
Au sommet du clocher roman de l'église se trouve un nid de cigognes.
Il y a encore quelques commerces, une pharmacie, une boulangerie, un buraliste, une supérette et des restaurants dans les rues menant au centre.
Restent même quelques paysans qu'on appelle maintenant agriculteurs. Reste aussi un berger qui fait
paître son troupeau aux environs du village.
Prés où paressent des vaches aux taches noires.
Le village est entièrement entourée de forêts que la rivière Dolle traverse en partie.
Non loin du village se trouve le hameau appelé Wolfsthal, le vallon des loups. On assiste souvent à des batailles entre les garçons qui y habitent et ceux de Heilbrunn.
LES HABITANTS
Parmi les habitants de Heilbrunn, il y a Mada, l'Idiot du Village. Je n'aime pas qu'on le surnomme ainsi. C'est un gros bonhomme très gentil, au visage poupin, qui ne parle presque pas. Il a restauré la chapelle de la Vierge dans la forêt. Elle s'appelle Notre Dame du Chêne. Mada ne cesse de l'entretenir et de la décorer. Il est aussi le bedeau de l'église du village.
Hava est la compagne de Mada. Certains l'appellent l'Idiote; d'autres disent que c'est une sainte.
Mada et Hava prétendent avoir eu des apparitions de la Vierge Marie.
Mada et Hava habitent une masure près de la chapelle de Notre-Dame du Chêne.
Il y a Finala la Vieille solitaire qui habite dans une cabane délabrée à la lisière de la forêt. On dit que c'est une sorcière. On l'appelle la "Watterhax".
Il y a Daphné la miss de beauté qui parle souvent dans la télé. Elle est vraiment belle, c'est une vedette et pourtant elle reste simple, parlant même en dialecte avec les gens âgés.
Il y a Pétrus, le Vieux Sage.
Heilbrunn, on l'appelle aussi pour se moquer Kukuxville car le surnom des habitants, c'est les coucous. Je ne sais pas d'où vient ce surnom.
Heilbrunn est aussi devenu un village-dortoir, habité par ceux qu'on appelle les transfrontaliers, les gens de plus en plus nombreux qui travaillent en Suisse et en Allemagne, pays tout proches de notre région.
LES GORGOLS
Ils sont assis sur un muret de la place centrale et fument, jetant les mégots par terre, crachant. Quelle horreur!
Ils se moquent des gens qui passent, rigolant bruyamment.
Quand je les vois, je fais un grand détour pour les éviter.
Comment Hélian peut-il les fréquenter, lui qui est la sensibilité même?
L’ÉGLISE
L'église est sombre et pourtant j'aime de temps en temps y entrer et regarder la lumière rouge près de l'autel.
A gauche, il y a un autel avec la Sainte Vierge. Je vais m'asseoir sur un banc devant elle et j'ai l'impression que Marie me sourit.
Je balbutie une sorte de prière: Marie, maman de Jésus, éclaire-nous dans notre effort pour protéger la nature; aide-nous à défendre la vie dans ce monde qui va mal.
Je sens comme une chaleur qui me remplit. Partout les anges me sourient.
Le curé s'appelle Père Breda et les gens l'appellent Bredala ( petit gâteau en alsacien). Le Père Breda est petit et d'une gentillesse exceptionnelle." Picolo santo", dit une voisine d'origine italienne. Il vient à l'école du village et parle aux enfants de Jésus et de la Bible. Quand j'étais élève au village, j'aimais bien l'écouter et lui poser des questions. Il a bien connu maman et dit que c'était une sainte.
Dans le secret de mon âme, je crois que je veux vivre avec Jésus, avec cette bonté qui se dégage de lui.
LA FERME
La ferme Bur est la seule ferme qui subsiste dans le village. On l'a visitée avec Pétrus qui connait bien les fermiers. Je me souviens de l'odeur de l'étable. Nous y avons goûté du lait tiède qui venait d'être trait.
Nous avons fait des bouquets multicolores et des couronnes fleuries sur les champs en friche où les fermiers laissent pousser librement des fleurs sauvages, coquelicots, bleuets, marguerites... Nous ressemblions aux nymphes et aux faunes de la forêt. Nous avons fait des rondes en chantant. Reiha Reiha Rosa...
LE BERGER
Il s'appelle Sep. Il porte une petite barbe. Il a un chien appelé Bobi.
LA FLEURISTE
NOS FÊTES
Le carnaval est fêté dans presque tous les villages de la région et les enfants y participent avec ferveur, inventant les déguisements et les masques les plus farfelus, diablotins, sorcières, extraterrestres...
A Pâques nous allons à la chasse aux œufs que les grands ont caché dans les jardins.
Parfois, par exemple pour la procession de la Fête-Dieu, nous nous mettons en costume traditionnel avec la grande coiffe noire et la jupe rouge. J'aime bien m'habiller en Alsacienne.
La procession traverse tout le village. La chaussée est jonchée de fleurs. Des reposoirs sont installés à différents endroits. Tout le monde participe à leur édification. La procession passe d'un reposoir à l'autre. Le curé s'avance sous un dais, portant l'ostensoir. Les pompiers aux casques scintillants ouvrent la marche, tambours en tête.C'est magnifique! Les anges doivent rigoler de joie là-haut dans le ciel.
La kilbe est la fête foraine. On y trouve des manèges, des autos tamponneuses ( j'adore), des stands de tir à la carabine, une piste de danse. Des accordéonistes en tenue alsacienne, chapeaux noirs et gilets rouges, animent le bal. On s'aventure sur la piste en imitant les adultes. Très vite toute notre bande, Bobol en tête, on se lance dans une folle sarabande.
La veille du 14 juillet il y a la nuit venue un feu d'artifice au stade municipal et une retraite aux flambeaux qui parcourt les rues du village. Certains enfants portent des lampions.
A la Toussaint, tout le monde décore les tombes. Le cimetière se remplit de chrysanthèmes, s'illumine à la tombée de la nuit.
Avec papa et Jade, nous restons longuement en silence près des tombes de maman et de Dolfi.
La St Nicolas. Les boulangers vendent des "manalas", brioches en forme d'enfants, ceux que selon la légende St Nicolas a sauvés (des "manalas", petits garçons, et pourquoi pas des "wiwalas", petites filles?) .Le St Nicolas passe de maison en maison pour distribuer des friandises et des gâteaux en pain d'épice. Il est accompagné du Hans Trapp, le père fouettard qui corrige les enfants peu obéissants, peu méritants et qui fait pleurer de peur les petits allant se réfugier dans les jupes de leurs mamans ou les bras de leurs papas. Avec mes copines nous rigolons en douce car nous savons bien que le Saint Nicolas et le Hans Trapp sont des adultes déguisés.
La plus grande fête est Noël. Dès la fin de novembre on installe les cabanons du marché de Noël. Et puis on érige un immense sapin décoré de guirlandes lumineuses sur la place centrale. La foule venant des environs et de plus loin envahit le village. Des senteurs de pain d'épice et de vin chaud se répandent en l'air. Des chants de Noël se font entendre.
On installe une crèche dans l'église. Tous les ans je vais la voir et elle ne cesse de m'émerveiller avec ses bergers, ses rois mages et l'âne et le bœuf entourant Marie, Joseph et l'enfant Jésus. Il y a aussi un négrillon portant une sébile: il incline la tête en remerciement si on lui donne l'aumône.
Et puis c'est la fête des cadeaux sous les sapins dans chaque maison.Et puis c'est le réveillon de Noël avec la bûche.
A la messe de minuit, papapa Auguste chante en solo DOUCE NUIT, SAINTE NUIT.
J'AIME LA NATURE.
Je peux contempler sans fin les nuages qui dérivent dans le ciel d'ouest en est comme de grands navires.
Je m'imagine couchée au milieu de l'un d'eux et de me déplacer ainsi au-dessus des toits et des cimes d'arbres, au-dessus des collines et des étangs.
Je rêve de voyager autour de la terre sur un nuage. Ce serait un grand voyage lent et silencieux. Des cigognes m'accompagneraient et m'apporteraient de quoi me nourrir.
LES SAISONS
Au printemps le village est assailli par les coquelicots. Ils envahissent les jardins, les prés, les champs, le rebord des routes. Ils se mêlent aux céréales avec les bleuets et les marguerites.
Bleuets, marguerites, coquelicots...On dirait qu'ils préparent la fête tricolore, le 14 juillet, qui approche.
Rouler en vélo par une chaude journée d'été et sentir le vent tiède envelopper tout mon corps, me caresser de ses mille doigts d'air, quel plaisir!
J'aime l'automne, saison qui correspond à mon fond de tristesse, cette tristesse qui demeure en moi depuis la mort de maman et que je cache le plus souvent. Il n'y a pas un jour où je ne pense pas à maman, mais j'essaie de ne pas me laisser aller. J'ai promis à maman de me montrer courageuse et de remplir mes devoirs. Le devoir le plus important me semble maintenant de participer aux actions pour sauver la planète. Oui, maman, je te promets d'y consacrer toutes mes forces et d'y entrainer mes amis.
J'aime l'hiver profond quand le vent souffle fort la nuit et qu'on a l'impression qu'il va emporter la maison. Blottie au fond de mon lit je me sens protégée.
J'AIME LES ANIMAUX
J'aime tous les animaux. Je hais les abrutis qui les font souffrir, ceux qui les tuent.
Je demande à mes amis de ne pas écraser les insectes.
J'aime voir jouer les animaux. Je contemple les jeux si charmants des chatons chez Finala.
Dans le jardin de Rozeline, il y a un poulailler. Nous venons souvent y observer la vie des poules. Rozeline ramasse régulièrement les œufs qu'elles pondent dans le nid de paille.
Nous posons au papa de Rozeline la question pourquoi il n'y a jamais de poussins et il répond parce qu'il n'y a pas de coq dans le poulailler.
Nalou, la cousine parisienne, a peur des araignées. Bobol essaie de lui montrer qu'elles sont inoffensives en les posant sur la paume de sa main, sa main à lui évidemment.
Personnellement j'ai peur des serpents et des abeilles. J'ai peur aussi des chiens quand ils aboient avec férocité et montrent leurs crocs.
Me dégoûtent les crapauds...pardon, pauvres bêtes.
ÉCRIRE, C'EST UN DES CHEMINS DU ROYAUME
J'aime écrire, dire simplement les choses de la vie ou inventer, fabuler, faire de la poésie. J'ai l'impression que si je n'écris pas tout se perd dans le temps qui efface tout. Écrire permet de revivre encore une fois la vie, de la revivre sans fin.
J'écris sur de grandes feuilles bleues ou dans des blocs de dessin en mélangeant sans cesse écriture et dessin.
Pour écrire, je contemple les choses et je laisse venir les mots qui disent la vie, qui chantent la vie.
Je veux dire les merveilles de la vie, mais aussi les tristesses, les difficultés, les malheurs.
Je veux aussi laisser libre cours à mon imagination, à mes rêves.
J'aime les mots, la musique des mots et ce qu'ils évoquent.
Mots que j'aime: libellule, colchique, automne, aurore, aube...
Ecrire et lire se mêlent constamment. Emerveillée par des auteurs, je veux les imiter tout en me rendant compte de mes insuffisances, de mes énormes difficultés à trouver les mots, à construire les phrases, à dire ce que je vois, ce que je ressens, ce que j'imagine.
Au collège, je suis assez bonne en rédaction, mais le professeur de français ne cesse de souligner mes fautes (ô cette maudite orthographe!), mon style médiocre.
LECTURE, MON ROYAUME SECRET.
J'aime lire, me perdre dans les histoires, m'y trouver, m'y retrouver.
Histoires d'Ulysse, des personnages de la Bible, Noë et son Arche, David et Goliath, Jésus. Histoires d'Ulysse, d'Ali Baba, de Don Quichotte, de Robinson Crusoë, de Cosette, de Tartarin de Tarascon, de Peter Pan, d'Alice au au pays des merveilles, de Heidi, de Tintin, du Petit Prince, de Harry Potter...Histoires sans fin...
Papa m'a lu les Heidi, Mark Twain, Lewis Carroll, Tolkien...Et Verlaine, Victor Hugo, Francis Jammes, Desnos, les poètes ...C'était des moments merveilleux avant de m'endormir.Et j'ai gardé ce goût de la magie des mots, de la magie des histoires et des poèmes.
J'aime les poèmes, mots qui chantent la vie, qui disent les rêves. IL PLEUT SUR LA VILLE COMME IL PLEUT DANS MON CŒUR.
J'aime me perdre dans les gros dictionnaires pleins d'images et absorber les connaissances infinies sur le monde, absorber les mots, me noyer dans l'océan des mots, la richesse époustouflante de la langue.
Je voudrais connaître beaucoup de langues. Et lire tous les livres. Quelle beauté sans limite toutes ces langues de la terre!
J'aime lire, mais lire aussi aux autres, mes proches, mes amis, ce que j'écris, LE LIVRE DE MUSI, qui devient de plus en plus le livre de Musi écrivant ce que suggèrent les autres, le livre de Musi écrivant avec les autres. Ca devient un livre écrit à plusieurs voix.
Je lis mon livre à haute voix en marchant à travers champs et bois. Je chante, je crie mon livre.
En tous les cas, lire et écrire est ma grande affaire: j'ai découvert la force secrète des livres; ce sont des objets si tranquilles et qui contiennent tant de choses vivantes, qui grouillent de vie.
PEINDRE, DESSINER
Une autre de mes passions. Je remplis mes cahiers de dessins. Je fais des aquarelles, des collages.
J'aime les dessins naïfs de Hansi, les dessins fous d' Ungerer.
Bleu est la couleur que je préfère.
MES PRÉFÉRENCES
Artistes préférés: Balthus, Renoir, le Douanier Rousseau, Miro, Dali, Chagall, Arp, Niki de Saint-Phalle...
Dessinateurs: Hergé, Hansi, Ungerer, Keith Haring.
Musiciens: Mozart.
Chanteurs: Julien Clerc, Chantal Goya, Vanessa Paradis.
Écrivains: Saint-Exupéry, Lewis Carroll, Mark Twain, Daudet, Johanna Spyri.
Poètes: Verlaine, Rimbaud, Victor Hugo, La Fontaine, Francis Jammes, Apollinaire, Desnos, Prévert.
Acteurs préférés: Chaplin, Tati.
MA POEMERAIE.
Une main d'enfant
cueille une étoile
et la laisse choir
nonchalamment
dans le bol d'azur frais
du matin.
Je cours dans l'herbe
plus légère que la brise.
Je suis fille de l'air,
je suis fille du vent.
Je cours le long des lisières des bois
aux odeurs de menthe.
Les biches me suivent à travers les clairières.
L'HERBE DE MERVEILLE
L'herbe de merveille
pousse n'importe où,
entre les pierres, dans la boue,
dans les jardins abandonnés,
au bout des chemins vicinaux.
L'herbe de merveille,
nous l'ignorons,
nous la piétinons,
n'ayant pas dans le regard
assez de simplicité
pour la voir,
extrême naïveté
de toute chose.
L'herbe de merveille
pousse pour le vent,
pour les chiens errants,
pour l'âme des enfants.
L'herbe de merveille diaphane
pousse pour les ânes.
Les feuilles folles
du mol automne
valsent et volent
dans les matins qui sonnent.
Feuilles de pluie,
pluie de pommes.
On pleure, on sourit.
Vive les petits hommes
qui s'en vont à l'école!
AUTOMNE
Il y a près des étangs
des peupliers tremblants
et sur les grands bois jaunes
le blanc soleil d'automne.
Il y a dans les rues grises
les feuilles que la bise
fait danser follement.
Il y a la pluie, il y a le vent.
Heures d'hiver
crépusculaires.
L'horizon infini
rayonne d'une lumière orange
derrière toits et branches
sous la neige ensevelis.
L'enfant rêve à la vie,
immensité étrange.
SOIR D'HIVER
Dehors on voit de furtifs cortèges
passer dans la tourmente de neige.
Dedans la maison est chaude,
la vie certaine.
La mère dans l'ombre brode
et l'enfant de son haleine
couvre la vitre de buée.
Sans fin se traîne
douce, dense, la soirée.
SOIR DANS LA CUISINE
Odeur de concombre
dans la cuisine.
Le jour décline.
La maison s'emplit d'ombre.
Le père rentre de l'usine,
l'air sombre.
JE RÊVE D'UNE MAISON SANS PORTE
Je rêve d'une maison sans porte
sans fenêtres
une maison faite uniquement de nuages
de brumes
de musique
une maison fluide
qui se perd la nuit dans les étoiles
et qui le matin dérive sur les prairies en fleurs
je rêve d'une maison sans murs
traversée de parfums colorés
l'oiseau en vol
ivre de vastitude
perd une plume
qui virevolte
et tombe doucement
dans l'étang en feu
du soir
DRÔLE DE MONDE
il y a une grenouille
qui mange des nouilles
il y a un cheval
qui s'en va au bal
il y a un chat noir
dansant sur une patinoire
il y a une rose
qui en oiseau se métamorphose
La brume enveloppe le village de douce tristesse.
Je suis assise à la fenêtre et je rêve
et lentement lentement la neige se met à tomber.
Je vois le soleil tournoyer au-dessus de la forêt.
Je vois la lune me sourire, faire des grimaces au-dessus des cimes d'arbres.
J'entends les arbres parler entre eux.
J'entends des fleurs murmurer des musiques.
Je vois des fleurs aux odeurs colorés, des fleurs qui ne cessent de changer de couleurs et d'autres qui s'envolent comme des papillons.
INVITATION A LA DANSE
Venez mes amis
danser avec les brises
dans la lumière du printemps
danser avec les oiseaux
jusqu'au vertige
chat blanc chat noir
la souris trotte dans le soir
la souris trotte dans la nuit
chat blanc chat gris
chat à l'affut chat nonchalance
la souris trotte en silence
sur le plancher enluné
chat qui dort chat éveillé
GUIRLANDE DES POÈTES DE JADIS ET DE NAGUÈRE
Apollinaire Aragon Basho Baudelaire Charles d'Orléans Cocteau Charles Cros Desnos Emily Dickinson Gautier Goethe Heine Hugo Jammes Nathan Katz La Fontaine Marie Noël Prévert Rimbaud Shakespeare Verlaine William Carlos Williams
APOLLINAIRE
Les sapins en bonnets pointus
VERLAINE
Le ciel est par-dessus le toit
Si bleu, si calme.
Un arbre par-dessus le toit
Berce sa palme.
*
Il pleure dans mon cœur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon cœur ?
Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un cœur qui s’ennuie,
Ô le chant de la pluie !
Il pleure sans raison
Dans ce cœur qui s’écœure.
Quoi ! nulle trahison ?…
Ce deuil est sans raison.
C’est bien la pire peine
De ne savoir pourquoi
Sans amour et sans haine
Mon cœur a tant de peine !
*
CONTERAIE
Y figurent les contes de Grimm. Papapa me les lisait en allemand et me les racontait de nouveau en alsacien et en français. J'aimais beaucoup les illustrations.
J'essaie aussi d' inventer de petits contes. Ainsi ce
CONTE D'UNE NUIT D’ÉTÉ
Une voix mystérieuse m'a appelée dans la nuit.
Musi! Musi!
Je me suis précipitée à la fenêtre et je ne voyais personne. La rue semblait déserte en-dehors des chats qui rôdaient dans l'obscurité.
Les appels ne cessaient pas
Je suis sortie en catimini de la maison où tout le monde dormait profondément.
A mon étonnement je trouvais dehors mon ami Bobol qui contrefaisait sa voix en adoptant une voix de fausset.
Il m'a fait signe de me taire et m'a emmenée en silence sur la place du village.
Presque toute la bande de nos amis s'y trouvait près de la fontaine, debout autour d'Elis, l'Enfant- Merveille qui nous rend souvent visite sans qu'on sache d'où il vient.
Une douce clarté émanait de son visage. Ses yeux avaient un éclat d'émeraude.
Mais le plus étrange, c'était la licorne qui l'accompagnait. Elis ne cessait de lui caresser l'encolure/
La lune éclairait les enfants qui semblaient endormis comme des somnambules.
Elis a fait apparaître une flûte cachée dans sa veste décorée d'étoiles. Il s'est mis à jouer une mélodie envoûtante qui a fait vibrer la licorne. Une chouette s'est envolée du clocher de l'église dominant la place.
La chouette nous a survolés avant de regagner son habitat.
L'horloge du clocher a sonné minuit et un nuage est passé devant la lune particulièrement lumineuse.
La licorne accroupie s'est redressée et s'est mise à avancer, suivie par Elis.
La petite troupe des enfants aussi a commencé à marcher, doucement, doucement, sur le chemin à travers prés qui mène à la forêt.
Elis jouait de sa flûte dans le silence de la nuit étoilée.
La licorne s'est mise à gambader. On aurait dit une danse.
Dans la grande clairière, des robots volants nous emmènent vers la Caverne des Merveilles.
LE LIVRE MAGIQUE
La Machine parle. La Machine dit: Écris!
J'écris: je m'appelle Musi.
L'ENFANT ET LA COMPAGNIE DES ROBOTS-MERVEILLE
Je suis sortie dans notre jardin à la nuit tombée pour contempler le ciel .
J'entendis appeler: Musi!
GORGA
En ces temps-là, une ogresse appelée GORGA vivait dans la forêt de Heilbrunn. Elle se nourrissait uniquement de chair. Elle chassait dans la profonde forêt où pullulait le gibier. Cependant il lui arrivait d'étendre sa chasse aux villages et aux hameaux se situant autour de la forêt, y capturant chiens, chats, volailles et autres animaux domestiques. Hélas, il lui arrivait aussi d'enlever des enfants, et cela choquait énormément les habitants. Elle semblait apparemment préférer les enfants blonds qui proportionnellement disparaissaient en plus grand nombre que les autres.
GORGA est devenue peu à peu la terreur du pays. Et on commençait à échafauder des plans pour empêcher l'Ogresse de nuire. Certains habitants avaient décidé d'apporter volontairement des quantités de vivres non loin de l'habitat de la monstresse afin d'atténuer le risque encouru par les enfants. D' autres se contentaient de prier ou d'allumer un cierge à la chapelle de Notre-Dame du Chêne pour conjurer la menace. D'autres personnes encore allaient jusqu'à envisager de faire passer de vie à trépas la dévoreuse de jeunes corps..Cependant cette solution radicale déplaisait à la majorité des gens. On déplorait les excès de l'ogresse, mais sa présence mystérieuse ne cessait de fasciner les imaginations, alimentant les histoires les plus fantasques et les peurs les plus insensées.
Parfois les garçons les plus aventureux du pays s'approchaient du lieu où séjournait l'Ogresse pour l'injurier de loin ou se moquer d'elle. Il arrivait qu'elle réponde aux bravades de ces impertinents par des criailleries furieuses.
Puis un beau jour apparut Ellis, l'enfant-merveille portant une étoile au front. Nul ne savait d'où il venait. Il s'adressa d'abord aux enfants leur demandant où habitait l'Ogresse Gorga. Les grandes personnes entendant cette demande s'offusquèrent. "Aller voir l'Ogresse, mais c'est une folie! Elle ne fera qu'une bouchée de toi, mon bel enfant."
Le jour même l'Enfant Ellis pénètra dans la forêt de Heilbrunn. Déjà la forêt s'assombrissait. Des fleurs lumineuses se dressaient le long du chemin herbeux facilitant la marche d'Ellis dans l'obscurité.
Il parvenait ainsi à une clairière où des yeux scintillaient dans les buissonnements, où la nuit vibrait de coassements, de grognements. Parfois des stridences aiguës perforaient le noir opaque des sous-bois.. Ellis sentait des souffles l'effleurer. L'obscurité pesait sur lui comme un lourd manteau. Par instants il avait la sensation de ventouses se collant à ses tempes.
Voici qu'une grande forme mouvante apparaissait derrière un voile brumeux violâtre. Brusquement la Chose se dressa de toute sa hauteur d'entre les buissons et les fleurs géantes. C'était la Bête, Gorga l'Ogresse, forme monstrueuse, phosphorescente. Ellis était paralysé par l'horreur.
MUSI AU PAYS DES HORREURS
MICROCONTES, FABULETTES
Un nuage vient m'envelopper et m'emmène au-dessus du village. Étrange: les maisons se mettent à danser et les gens dans les rues à battre joyeusement des mains. Des animaux éclatent de rire. Des oiseaux en vol m'accompagnent.
Un loup sort de la forêt et s'approche de moi. Je ne bouge pas. Le loup lèche ma main de sa langue râpeuse et puis s'éloigne à nouveau.
Des zombies sortent de la forêt et envahissent le village. Ils font des grimaces extraordinaires et provoquent le fou rire de tout le monde plutôt que la panique.
Des choses me parlent.
La pierre dit: je suis rempli de nuit, viens me caresser.
La nuit, les plantes se déplacent, les fleurs se mettent à danser et à chanter, les arbres se parlent.
L'enfant se lève la nuit et se met à la fenêtre. Il voit s'illuminer le grand pin du jardin. De petites créatures vertes sont assises sur les branches et le regardent. Lentement elles se métamorphosent en oiseaux et s'envolent.
L'enfant Musi est devenue l'amie d'un arbre. Dès que Musi s'approche de l'arbre, des branches de celui-ci se transforme en branches et mains qui viennent caresser la tête de l'enfant.
L'enfant Musi est devenue l'amie d'un arbre. Dès que Musi s'approche de l'arbre, des branches de celui-ci se transforme en branches et mains qui viennent caresser la tête de l'enfant.
Historiettes de Sieur K, Monsieur N'importe qui.
MA PENSERAIE
Vivre dans la joie. Vivre la joie, c'est ça vivre.
La joie ne se cherche pas. Elle est donnée comme par hasard au fil des instants qui tout-à-coup s'éclairent et nous remplissent de lumière... des présents du temps.
Choses que je ne comprends pas, choses obscures:
l'argent,
Dieu,
la guerre,
la mort,
pourquoi les hommes portent une cravate,
pourquoi les grandes personnes ne demandent jamais pourquoi et font semblant d'avoir tout compris.
J'aime les bébés. Ils ne parlent pas, mais ils savent d'où ils viennent: du ciel. Je mets mon oreille près de leur bouche et ils me soufflent des nouvelles de Dieu.
Ce que je ne comprends pas du tout, c'est l'univers et son immensité. La nuit, je contemple le ciel constellé et je me dis: tout cela s'étend à l'infini et il y a des milliards de milliards d'étoiles. C'est à la fois absolument splendide et absolument incompréhensible.
Ce que je ne comprends pas très bien:
comment naissent les enfants,
comment on devient une grande personne.
Nombre de choses bizarres que je ne comprends pas quand j'écoute les adultes parler tout en faisant de drôles de grimaces et de drôles de sourires.
En fait je ne comprends pas grand chose et j'aurai toute ma vie pour chercher, apprendre et réfléchir.
Les grandes personnes souvent m'étonnent. On dirait parfois qu'elles n'ont jamais été des enfants, qu'elles n'ont jamais ressenti les joies et les peurs des enfants, qu'elles ne se sont jamais posé les éternelles questions des enfants.
La nuit, couchée sur le plancher de ma chambre, toute lumière éteinte, je peux passer des heures à contempler le ciel étoilé, à me perdre dans son mystère profond et sa beauté apaisante.
Ce monde, le soleil, la lune, les étoiles, d'où ça vient?
Je ne cesse de penser aux choses, aux arbres , aux animaux, à leur devenir, à leur fin. Comment ça marche, la marche du monde?
La vie, je ne sais pas ce qu'elle est, ce qu'elle sera, mais je veux la vivre de toutes mes forces. Maman, je te le promets. Maman, inspire-moi!
La vie est comme une forêt aux innombrables sentiers. Il y a cent vies possibles et je ne choisirai qu'une. Laquelle?
PETIT THÉÂTRE DE MUSI
DIEU?
Je ne sais pas si je crois en Dieu. C'est qui, Dieu? Où est-il? Mais j'aime l'histoire de Jésus et celle de François d'Assise. J'aime l'histoire de Bernadette Soubirous et celle de Thérèse de Lisieux.
Jésus a dit aux grandes personnes: "Soyez comme les enfants!"
Il est le seul à avoir dit cela.
- Père Breda, où est Dieu?
- Dieu est dans ton coeur.
LES VIEILLES PERSONNES
J'aime les vieilles personnes. On dirait qu'elles ne font plus partie des grandes personnes, des gens toujours occupés. Elles se rapprochent de nouveau de l'enfance et aiment écouter les petits.
Je parle en alsacien avec beaucoup de personnes âgées et elles l'apprécient beaucoup. Je suis en quelque sorte devenue leur vedette. Papa et Jade en sont très contents et m'y encouragent. Souvent papa m'envoie apporter des produits du jardin à des vieux sans beaucoup de ressources, de la salade, des tomates, des pommes...
Je fais aussi certaines commissions pour des personnes qui ont du mal à se déplacer.
FINALA
Finala est une vieille dame qui habite une sorte de masure en bordure de la forêt. Elle a la passion des chats et en nourrit des dizaines qui hantent les environs de sa bicoque, son potager, ses cabanes et même l'intérieur de son habitation. Ça pullule, il y en a partout. Ils envahissent même les environs.
Parfois on la traite de sorcière. Ça me déplait beaucoup. Finala est une vieille dame gentille, je la connais, je lui rends parfois visite et j'admire son amour des chats. Avec quelle tendresse elle caresse les chatons qu'elle porte maternellement dans ses bras, qu'elle nourrit comme des bébés.
Des gens se plaignent d'être envahis par les hordes de chats et Monsieur Mann le maire est venu voir Finala pour lui demander de se débarrasser de quelques-uns de ses pensionnaires trop nombreux.
C'est un crève-cœur pour la vieille dame.
Un monsieur de la SPA est venu poser des cages dans le jardin de Finala, des cages où les chats se font piéger et sont emportés par l'agent. Plusieurs chats sont déjà partis ainsi au grand dam de Finala inconsolable qui ne cesse de pleurer, le cœur brisé.
Finala n'est pas une sorcière, mais il est vrai qu'elle a des dons de guérisseuse. Des gens viennent la voir pour des verrues ou pour des allergies et elle les en débarrasse en posant ses mains sur les parties du corps malades. Elles connait aussi les plantes qui sont des remèdes au mal de gorge, mal de ventre, mal de tête.
Elle m'aime bien, Finala, elle me fait boire du lait de chèvre et parfois elle lit les lignes de ma main, me prédisant une belle vie heureuse. Elle a bien connu maman, disant que c'était la dame la plus gentille, la plus serviable du village.
Finala est bossue et les gamins et gamines viennent parfois se moquer d'elle, en imitant sa drôle de démarche. Quand je la défends, on me dit que j'ai été ensorcelée par elle.
Il y a même des grands qui lancent des pierres sur sa pauvre maison, cassant parfois des vitres.
Finala se chauffe au bois qu'elle va ramasser dans la forêt. Avec mes copains et copines, nous lui donnons parfois un coup de main.
Je l'aide aussi dans son ménage, nettoie les fenêtres crasseuses qu'elle a du mal à atteindre.
Finala est souvent assise des heures durant dans son jardin. On dirait qu'elle oublie de rentrer même sous la pluie et des voisins viennent l'aider à regagner sa maison.
PETRUS LE VIEUX SAGE
Il habite en bordure du village dans une vieille maison à colombages mangée par le lierre. Il se nomme Pétrus. Les vieilles personnes l'appellent Peterla.
Il a des cheveux longs gris-blancs réunis en queue de cheval par un catogan, le visage buriné. Il porte des jeans, des pulls à col roulé, des chemises à carreaux, des chemises noires à fleurs et quand il sort à la mauvaise saison une vieille parka kaki.
Il roule dans une deux-chevaux brinquebalante ou sur une bécane quand il se déplace dans le village.
C'est l'homme le plus gentil du monde, toujours de bonne humeur, sifflotant ou chantonnant gaiement. Cependant tout le monde ne l'apprécie pas car c'est un blagueur, un "Wetzknüba", il aime se moquer des gens, les charrier, si bien que certains le nomment le vieux maboul ou encore le vieux hippie fada.
Il connait comme personne d'autre la nature, les plantes, les oiseaux du pays. Un savoir qu'il essaie de nous transmettre, en particulier à Bobol qui est son meilleur disciple. Il nous emmène dans des promenades instructives à travers champs et bois. Il a été maître d'école et sait ce qu'enseigner veut dire.
Il parle souvent des dégâts que subit aujourd'hui la nature, de la disparition des insectes, des oiseaux. Hannetons, coccinelles, papillons qui pullulaient jadis dans son enfance n'existent pratiquement plus. C'est lui qui nous a appris le respect des plantes et des animaux . C'est lui qui nous a montré ce grand devoir incombant à nous les jeunes de chercher à sauver la planète en luttant contre toutes les pollutions, toutes les nuisances qui la détruisent. Il est notre maître en écologie. Il nous dit sans cesse: enfants, notre Terre va mal, très mal, c'est à vous, enfants, de la sauver. Ce sera votre croisade, une croisade pacifique, la croisade verte.
Il ne veut rien savoir de tout ce qui est informatique. Il dit que c'est une invention du diable.
Sa maison est remplie de livres. Ça déborde de partout. Il court les bourses aux livres de la région
et ne cesse d'acheter des bouquins soldés en français et en allemand.
Pétrus parle en français, en alsacien et en allemand. Quel bonheur de le voir discuter avec passion en dialecte avec les vieilles personnes du village.
A nous enfants, il ne cesse de raconter des histoires de notre province et des anecdotes de sa longue vie. Enfant, il a connu la guerre, le village occupé par les soldats, les bombardiers américains traversant le ciel et volant vers l'Allemagne. Il a connu le Heilbrunn de naguère et les personnages pittoresques qu'on y rencontrait, les Tziganes, le scieur de bois et sa drôle de machine sur roues qu'il trimbalait d'une maison à l'autre avec l'aide de son épouse, le brocanteur ramassant les vieux métaux et les vieux meubles avec sa camionnette en lançant son appel en dialecte "àlt Issa Kengalapelz, vieille ferraille peaux de lapins", l'appariteur, dr Weiwel, et sa grosse cloche annonçant les dernières nouvelles du patelin d'une place à l'autre, interrompu par les aboiements des chiens qu'il se mettait à houspiller, déclenchant les rires des auditeurs...Dr Weiwel, un sacré gaillard, surtout quand il sortait éméché d'un des nombreux bistrots du patelin...Alors ses diatribes avec les caniches aboyeurs et autres hurleurs devenaient carrément épiques! Hàlta d Schnurra, soi Hunda! Fermez vos gueules, sales clebs!
Pétrus est une des rares grandes personnes qui comprend les enfants.
PAROLES DU VIEUX SAGE
Paroles que Pétrus nous glisse parfois en douce. Nous ne les comprenons pas toujours.
Pétrus dit: un jour la parole difficile à comprendre s'éclairera soudain dans ton intelligence.
Laisse patiemment croître les pensée comme des plantes.
Devant notre air ahuri, il répète souvent: un jour vous comprendrez mieux ce que je dis.
Ne te contente pas de lire les poètes. Vis la poésie. Vis la lumière, le soleil, la lune, la nuit, le vent, vis les joies et les tristesses des êtres humains, vis tes bonheurs et tes malheurs, tes peurs et l'amour que tu ressens pour les êtres et les choses. Vis, la poésie est la vie, le chant de la vie.
Respecte le ruisseau, respecte la limpidité de l'eau, n'y jette aucun déchet. Contemple la beauté de l'eau qui coule sous les branches des saules. Écoute le tranquille murmure du ruisseau.
Respecte les fleurs. Respecte toutes les plantes. Ne les piétine pas, ne les arrache pas inutilement. Soigne-les.
Respecte la nourriture. Ne jette aucun reste encore mangeable. Pense aux millions d'enfants affamés.
Ne fais pas trop la fine bouche. Ne fais pas l'enfant gâté(e).
Apprends l'amitié avec l'arbre. Parle avec l'arbre, écoute l'arbre, son silence vibrant, ses murmures, ses joies et ses plaintes quand le vent le traverse.
Contemple vraiment une fleur, longuement, longuement: elle s'épanouira dans ton regard.
Ecoute vraiment le vent avec toute ton attention: il murmurera des secrets dans le creux de ton oreille.
Enfants, ne cessez de contempler et de chanter la beauté de nos paysages, la beauté de notre terre vallonnée, de nos collines, de nos plantations de vignes et de houblons.
La vie n'est pas toujours facile, mais c'est toujours l'amitié, c'est toujours la tendresse qui aide, qui sauve.
Enfants, sachez-le, c'est vous qui possédez le secret des secrets: l'amour de la vie, la joie de vivre, gardez en vous cette profonde confiance, cette lumière qui éclate dans vos visages heureux, qui fait briller vos regards.
Il n'y a de vrai dans la vie que l'enfance, la lumière de l'enfance. La plupart des êtres humains se nourrissent toute leur vie de cette lumière.
Enfants, jouez, jouez jusqu'à plus soif , car les grandes personnes vous obligeront de plus en plus à être sérieux à l'école et plus tard au collège, au lycée, à l'université, au travail. Quand je vous vois jouer, je vous envie et je voudrais me mêler à vos ébats.
Enfants, sachez-le, les grandes personnes ont oublié qu'elles étaient des enfants et ont toujours du mal à vous comprendre.
Les grandes personnes ne deviennent vraiment grandes que si elles retrouvent la véritable enfance, la pureté du cœur, l'amour de la vie, la joie.
Enfants, vous croyez tout et tout vous fascine; mais attention, il y a aussi beaucoup de méchanceté dans le monde. Il y a des loups qui veulent vous dévorer, il y a des renards qui veulent vous trompez par leur ruse. N'ayez pas peur; ayez confiance; cependant n'écoutez pas tous les bonimenteurs, ne suivez pas tout le monde, il ya de très méchantes gens qui veulent vous faire du mal.
LA FUGUE
Un jour Helian m'a entrainée dans une virée folle.
C'était une fin d'après-midi en été. Je suis montée sur la selle du scooter d'Helian et nous avons démarré en trompe. Mon cœur battait. Je me cramponnais autour de la taille du conducteur. On roulait vers la forêt. Helian chantait à tue-tête. Du Hallyday... Allumer le feu... allumer le feu...
Je suis souvent montée sur la machine vrombissante d'Helian. On faisait un tour dans les rues de Heilbrunn pour s'amuser. Mais cette fois-ci c'était différent. Le garçon fonçait sans me dire où on allait. A mes questions pressantes, il répondait à voix forte d'un ton rieur: " Musi, Musi, on va au pays des merveilles!"
SOURIS VERTE
A force de jouer les Greta Thunberg dans ma région, je suis devenue une petite vedette, j'apparais à la télévision, dans les journaux...Il y a des gens qui me félicitent et d'autres que j'agace.
Je suis devenue en particulier la tête de turc des Gorgols qui taguent les murs avec MUSI SALE SOURIS VERTE ON AURA TA PEAU.
On me harcèle sur les réseaux sociaux. Les Gorgols menacent de m'enlever si je n'arrête pas mes prêches écolos.
FABULAND
C'est ainsi que j'ai baptisé la grande clairière qui se trouve dans la forêt de Heilbrunn, non loin de la chapelle abandonnée où vivent Mada et Hava. On y voit encore des restes de murs d'un couvent qui a disparu et dont faisait partie la chapelle. Un grand mur traverse la forêt qu'on appelle je ne sais pourquoi le " Mur paên".
C'est le lieu où se réalise le Parc de l'Enfance, INFANTASIA.
S'édifient des constructions fantastiques comme celles du facteur Cheval ou de Niki de Saint-Phalle.
Venez enfants bâtisseurs, venez maçons loufoques. Commençons à construire la Cité des enfants.
Fabuland est le lieu de l'essentielle enfance, celle dont les grandes personnes n'ont aucune idée.
Il y a une aire de jeux inventés par les enfants et non fabriqués par les adultes.
Des monstres se promènent qui s'appellent Mabuse, Maldoror, Quasimodo. Monstres gentils. Pourtant certains font peur.
Les monstres vraiment monstrueux habitent au-delà des collines, dans la vallée aux loups, le Wolfstahl.
L'Enfant-Merveille Elis nous emmène parfois, moi et mes amis, à Fabuland, dans la Clairière des Merveilles. Il fait apparaître un immense écran, l'écran Arc-en-ciel, que nous traversons comme du liquide. C'est ainsi que nous entrons dans Oniria si l'écran est bleu ou en Narragonia si l'écran est gris.
Avant d'approcher l'écran, Elis nous emmène près de l’Étang des biches. Nous devons nous laver le visage si c'est un voyage en Oniria qui nous attend ou nous barbouiller de boue si c'est pour entrer en Narragonia.
MATIÈRES
Animaux/Bricolage/Cirque/Contes/Corps/Dessin et peinture/Écriture/Fabuland/Fabulette/Fête foraine/Fleurs/Forêt/Jeux/Kilbe/Lecture/L'Enfant-Merveille/Le Jardin des délices/Les grandes personnes/Les journées/Le Vieux Sage/Mes amis/Ma famille/Ma maison/Maquillage/Marionnette/Mon École/Mon jardin/Mon livre/Mon pays/Mon petit théâtre/Mon portrait/ Mon village/Musi/ Musique/Nature/Noël/Notre grand devoir/Oniria/Poèmeraie/Saint Nicolas/Saisons/Visites/Voyage en Narragonie/Pétrus/Zoo
SOURCES
Adamov/Aladdin et la lampe merveilleuse/Alain-Fournier/Ali Baba/Alice au pays des merveilles/Alsace/ Andersen/Appel/Art/Art brut/Art naïf/ Astérix/ Aymé/
Balthus/Bandes dessinées/Paula Becker/Benameur/Bernanos/ Bettelheim/Bible/Binet-Simon/Bobin/Bosco/Louise Bourgeois/ Les Brontë/Wilhelm Busch/
Cadou/Camus/Maurice Carême/Carnaval/Lewis Carroll/Cervantès/Chamanisme/Chamberland/Chamoiseau/Chansons/Chaplin/Charpentreau/Cendrars/Cinéma/Cocteau/Coeurs vaillants/Colette/Collodi/Comptine/Contes/Contes des mille et une nuits/Croisade des enfants/Cros/Cyrulnik/
Danse/Dattas/Daudet/Decroly/Debussy/De Foe/Delerm/Deligny/Demy/Desnos/Marie Desplechin/Dessin/ Dessin du bonhomme/ Dessin animé/ Dhôtel/ Dickens/Dickinson/Disney/Dolto/Don Quichotte/Douanier Rousseau/Droits des enfants/Minou Drouet/Dubuffet/ Sabine Duflo/Duras/Duvert/
Ecologie/Egen/Eluard/Ende/ Enfants- philosophes/ Ésope/Essenine/Évangiles/
Fable/Fabliau/Fatrasie/Féerie/Fellini/Emil Ferris/Fifi Brindacier/Fombeure/Anne Franck/François d'Assise/Freinet/Freud/ Anna Freud/
Genevoix/Giono/Golding/ Chantal Goya/Grimm/Grönemeyer (Kinderfragen über Gesundheit)/ La guerre des boutons/Gutton/
Haïku/Halloween/Handke/Hansi/Harry Potter/Härtling/Hauff/Hemingway/Hergé/Heidi/ L'histoire sans fin/ Franz Hohler/ Homère/Hug Hellmuth/Hugo/
Jammes/Jeu/
Frida Kahlo/Kästner/Katerine/Nathan Katz/Judith Kerr/Kerwich/Stephen King/Kipling/ Mélanie Klein/Köhlmeier/Agota Kristof/
Lacan/La belle au bois dormant/La Fontaine/Lagerlöf/La guerre des boutons/Edward Lear/Le chaperon rouge/Lechermeier/Le Clézio/Légendes/Frédéric Lenoir/Le petit Nicolas/Leser/Les 400 coups/C S Lewis/Lindgren/Livre de la Jungle/Jack London/
Mac Carthney/Mafalda/Magie/Malle/Malot/Makarenko/ Mangas/Maud Mannoni/ Märchen/Marionnettes/Gérard Mendel/Merveilleux/Michaux/Mickey Mouse/ Miyazaki/Montessori/Morgiève/ Mowgli/Mozart/Mythes/
Narnia/Neill/Anaïs Nin/Noël/ Non-sense/Novalis/Nursery rhymes/
Obélix /Oberlin/Objet transitionnel/Ocelot/Oulipo/
Pagnol/Pédagogie/Pédiatrie/Pédopsychiatrie/Pergaud (La guerre des boutons)/ Perrault/ Pestalozzi/Peter Pan/Le Petit Nicolas// Le Petit Prince/Peinture/Piaget/ Pialat/Picouly/Pinocchio/Poésie/ Claude Ponti/Prévert/ Psychanalyse/Psychologie/
Queneau/Quino/Rabelais/
Rabhi/Raiponce/Ravel/Religion/Renaud/Renoir/Rêve/Rimbaud./Ritournelles/Yves Robert/Rousseau/Claude Roy/
Saint-Exupéry /Saint Nicolas/Nathalie Sarraute/Satouf(Cahiers d'Esther)/Schérer/Schittly/Raoul Schrott/Schumann/Science- Fiction/Ségur/Sempé/Sfar/Spielberg/Spitz/Spyri/Stevenson/Summerhill/Sundgau/ Surréalisme/
Tagore/Tartarin/Tati/Tests d'intelligence/ Tests de personnalité/Greta Thunberg/Tintin/Tolkien/Tolstoï/Tournier/ Trassard/ Truffaut/Twain/Tziganes/
Ulysse/Ungerer/Utopie/
Vasse/Verlaine/Jules Verne/ Vigée/
Waechter/Wallon/JClaude Walter/Toni Watson(The Kids are coming)/Wechsler/Weckmann/ Winnicott/ Monique Wittig/Peter Wohlleben/Virginia Woolf/
Zazie/
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