Pensées sur l'origine et la fin du Monde, sur l'origine et la fin de l'Homme, sur le sens de la Création
La Création est d'abord immensité de splendeur. Évidence absolument incontestable.
Stupéfiante puissance du déploiement des galaxies, de la naissance des étoiles.
Milliards de galaxies, milliards d'années-lumière...Ce monde où nous vivons, nous les infimes créatures humaines, est un vertige hallucinant.
Vie végétale, animale, époustouflante force de vivre de toutes les créatures vivantes et en même temps stupéfiante précarité, inéluctable finitude.
Les Livres sacrés de toutes les cultures, la Bible et toute la poésie humaine chantent cette sublime splendeur du Cosmos et de toute la Nature.
Beauté, grandeur et infinie complexité.
Admirable Cantique des créatures de François d'Assise.
LA PAUVRETÉ DE SAINT FRANÇOIS ÉTAIT LE DÉSIR DE JOUIR PUREMENT DE LA CRÉATION. " DE CE TOUT, PAR LE DÉTACHEMENT NOURRIS-TOI." (SIMONE WEIL)
LUMIÈRE D’ORPHÉE
Je suis Orphée le Poète.
Voici, je me lève et je déclare aux assis, aux assoupis, aux endormis, aux ectoplasmes, oui je déclare clairement, distinctement, à pleine gorge
que je suis poète.
Voici, je me lève et je déclare aux assis, aux assoupis, aux endormis, aux ectoplasmes, oui je déclare clairement, distinctement, à pleine gorge
que je suis poète.
Les mots brûlent dans mes entrailles, les mots saignent en moi, les mots m'enivrent comme de l'alcool.
Voici, je me lève et
je déclare aux créatures du bon Dieu, je suis Orphée, le poète, l’Étranger fabuleux,
la voix des êtres muets. Voici, je vais
incanter, transfigurer toutes les créatures terrestres.
Et je déclare aux
pierres, aux âpres rocs, je pénétrerai de mon dire chaleureux votre terrible, froide
opacité. Pierres précieuses, diamants, améthystes, opales, je dilapiderai votre
luxe royal.
Et je déclare aux
arbres, j’imbiberai de ma fluide énergie votre compacité, vos troncs rugueux
mangés de lierre, vos racines plongeant dans les entrailles terreuses, vos
floraisons enchanteresses, vos opulentes profusions de fruits.
Et je déclare aux
fleurs, jonquilles, coquelicots, glaïeuls, et vous lys candides, je vais
glorifier votre humble merveille, je vais chanter votre féérie multicolore à
travers jardins, prairies et bois.
Et plein d’humilité et
d’admiration, je déclare aux bêtes, je suis Orphée votre chantre.
Fauves, requins, je
célébrerai votre force indomptable, votre splendide cruauté ; gazelles et
biches, je louerai vos élans gracieux; reptiles, aigles et vautours, je
magnifierai votre sauvage beauté.
Oiseaux de nos bois,
de nos champs, je vais rivaliser avec votre mélodieuse légèreté, vos danses
aériennes, vos ivres ascensions dans la lumière d’été.
Alouettes, alouettes,
voltigez jusqu’à l’extase dans
l’immensité bleue au-dessus des houles de blé et semez vos perles sonores comme
des gouttes de lumière en trilles et roulades à travers l’azur libre.
Et voici, je me dresse
la nuit comme un veilleur au milieu de la plaine, et je déclare aux myriades d’étoiles
scintillantes, je vais illimiter la Voie lactée en galaxies de rêve
jusqu’aux confins de l’univers, je vais déployer le grandiose poème de la
naissance et de l’explosion des soleils, l’ode de l’imperceptible expansion des
milliards de mondes, sidérantes cosmogonies.
Je suis l’officiant
des liturgies de la clarté du Jour et de la ténèbre mystérieuse de la Nuit d’où
émergent toutes les créatures. Je médite la Genèse infinie, je contemple les
arc-en-ciel, lien somptueux entre les habitats de glaise terrestre et les
hauteurs du firmament, je rêve les aurores éternellement surgissantes.
Et voici, je sors de
ma tour d’ivoire et je marche dans les cités humaines, je traverse les rues et
les places, et je m’égare dans les zones
de perdition jusqu’à la folie, j’erre
dans les déserts de soif à la recherche du Visage angélique perdu, en quête
sans fin de beauté, d’amour, de joie nuptiale ; je viens de loin, de
l’enfer même, des contrées de fange, d’angoisse et de deuil, et voici, j’avance
dans la lumière, rayonnante tête d’or couronnée de lauriers, brandissant ma
lyre électrique, et je déclare avec véhémence aux pitoyables humains aux
semelles de plomb, dévorés de soucis, de sombres passions, dévoreurs de fades
nourritures, sourds à la poésie, sourds et muets, fermés au cantique profond
des créatures, je leur déclare sans tergiverser, je vais ouvrir de force vos
oreilles, je vais sensibiliser vos cœurs et vos tripes au Verbe vertigineux, au
chant du visible et de l'invisible, du tragique et de la joie, de la vie et de
la mort.
Je vais hanter vos
jours et vos nuits de mes versets incandescents, de mes cantilènes
nostalgiques, de mes psalmodies lancinantes. Mes ïambes, mes anapestes seront
récités par les aèdes, scandés par les voix cristallines des enfants, les
haut-parleurs hurleront mes stances portées au loin par les ondes, par les
vents allègres, mon tendre langage sera susurré par les brises duveteuses, les
sources aux fraîcheurs de menthe, les ruisseaux vagabondant à travers prés et
prairies en fleurs.
Frères humains, sœurs humaines, je suis le messager inspiré,
le témoin du cœur du monde, le voyant,
l’initié aux mystères, le magicien mariant verbe et musique.
Je suis David le
harpiste, Li Po le Chinois, Basho le Japonais, Pindare, Virgile, François
d’Assise entonnant LE CANTIQUE DES CRÉATURES, Hafez le Perse, Dante, Hölderlin,
Hugo, Rimbaud, Whitman, Trakl, Tagore, Neruda, Césaire.
Je suis Orphée le
Logos vivant, Orphée-Phoenix toujours ressuscitant, les mille et une voix de la Création,
ce chaos inimaginable,
cette immense Bouche d’ombre qui ne parle pas, ce mystère infini, cette infinie
magnificence, expansés follement dans des abîmes de silence.
Je suis la voix
d’Orphée illuminant le monde abyssalement mutique, la voix innombrable venant
du tréfonds aimant et qui se répercute d’écho en écho jusqu’aux dernières
limites de la Création.
Je suis Orphée-Christ, la lumière du
Verbe de Vie plus profonde que toute vie.
*
Écoutez. Je suis la
Poésie.
Je chante le Cantique de la Création.
Je chante le Cantique de la Création.
Je chante à
l’unisson avec toute la Création,
avec les
étoiles clignotantes,
floraison
des ténèbres,
avec les
nébuleux lointains,
avec la
lune, faucille d’or qui joue à cache-cache
derrière les
nuages.
Je chante
avec les eaux rêveuses,
avec les
plantes fête verte de la nature,
avec les
animaux remplis de muette stupéfaction
face aux abîmes de lumière et de ténèbre.
Dieu Créateur dit:
J’ÉCLATE TELLEMENT DANS MA CRÉATION.
DANS TOUTES MES CRÉATURES.
(PEGUY)
face aux abîmes de lumière et de ténèbre.
Le silence chante la joie et la souffrance de toute la Création.
Le silence chante la splendeur du firmament constellé
et la fragile beauté du moindre papillon.
Le silence est adoration perpétuelle.
Au cœur du silence est caché le mystère de l’éternité.
Le silence est le cœur du monde,
le cœur de toute créature.
Le silence est la patrie de tous les êtres aimants.
Le silence est la respiration de Dieu.
Dieu Créateur dit:
J’ÉCLATE TELLEMENT DANS MA CRÉATION.
DANS TOUTES MES CRÉATURES.
(PEGUY)
La Création est miracle. La raison humaine n'en perçoit que la superficie et reste aveugle à son abime de splendeur, à son mystère sans fond.
Nous sommes immergés dans le grand Mystère et nous ne le
savons pas. Nous en restons à la vision superficielle du monde, ne percevant pas
sa profondeur sacrale.
La Création est déploiement d'une prodigieuse intelligence (constitution de la matière, complexité de la vie, organisation du corps humain...).
L'intelligence humaine essaie depuis son apparition d'explorer cette infinie, stupéfiante énigme du monde.
Être à l'écoute de toutes les interrogations sur l'Origine, mythes, religions, philosophies, sciences. Ne pas les opposer les unes aux autres. Les faire jouer, les faire dialoguer ensemble.
L'origine et la finalité du monde échappent à la pensée scientifique.
Hawking. Mêler physique et métaphysique comme l'auteur d'"Une brève histoire du temps"est toujours problématique. La science n'a rien à dire sur Dieu et la foi rien à dire sur les réalités physiques.Voies qu'il vaut mieux poursuivre indépendamment l'une de l'autre
Ardente inconnaissance. La connaissance scientifique ne peut saisir l'origine et la fin de l'être humain en tant qu'humain et ne se limite qu' à la dimension biologique.
La cosmologie, la biologie, l'anthropologie...ne prouvent rien. Elles ne font qu'ouvrir des questions comme toutes les théories scientifiques.
Astrophysique. Des télescopes géants investiguent le cosmos, plongent dans l'infiniment grand et creusent le Mystère, défaisant sans cesse les représentations naïves du monde sans jamais parvenir à un Fond. Le cosmos reste dans son ensemble incompréhensible comme le fond de l'âme humaine.
Cosmos: chaos incompréhensible, étoiles naissant et explosant, chocs de mondes. Chaosmos: jeux d'ordre et de désordre.
L'Univers cesse de naître et de mourir.
La science ne conçoit le monde que du dehors, objectivement. Elle ne pénètre pas le dedans de l'existence, la subjectivité, la dimension de l'esprit.
La science objectivise le monde et le coupe ainsi de sa source transcendante.
Stupides controverses entre les évolutionnistes et les créationnistes. La science et la Bible se déploient sur deux plans différents, celui du monde objectif et celui de la genèse de la subjectivité humaine, le dehors et le dedans du monde.
Le savoir croissant éloigne de la contemplation du Mystère.
Libérer le temps vivant de tout cadre qui l'enferme. Vivre l'instant, vivre le présent, c'est vivre la totale ouverture du temps dont l'origine et la fin sont impossibles à penser.
Il n'y a pas de chronologie. Impossible de penser le temps.
Il n'y a pas de cosmologie. Impossible de penser l'espace.
Nous vivons de plus en plus coupés du temps profond,
passé-source et en-avant prophétique, et déracinés de l’espace sensible de la
Patrie-Terre, de la Patrie-Cosmos. Nous vivons dans l’immédiat, l’éphémère, la
dispersion. Nous accumulons des masses de savoirs et d’informations et
cependant le sens de l’existence nous échappe.
Nous savons de plus en plus et nous comprenons de moins en moins le sens de l'existence, le sens de la Création.
La science ne nous livre pas le secret de la Création; cependant elle nous délivre des images naïves, mythiques de la Genèse du Monde, de la Vie, de l'Humanité.
Vaste opération de désacralisation du Cosmos qui permet le déploiement de l'approche scientifique.
Le ciel n'est pas immuable comme le pensaient les Grecs (Aristote) et les Chinois anciens. Tout naît et tout meurt.
Tout se meut dans le ciel et sur la terre. Illusion de la stabilité du monde. Illusion d'une Figure possible du monde. Le monde n'est pas figurable.
Du cosmos
concentrique ancien à la Métapoésie
comme décentralisation radicale, enracinée en la Parole créatrice, Inconscient absolu.
L’interrègne :
l’ambiguïté moderne : les décentralisations-recentralisations (Copernic,
Darwin, Freud, Marx, Nietzsche).
Du Cosmos des Anciens à la cosmologie contemporaine: un chemin de total éclatement. Nous habitons un délire sans mesure et non plus l'Antique Demeure couronnée d'astres des cultures anciennes.
L'univers n'est pas une immense demeure stable comme le pensaient les temps anciens. Il est pris dans les mutations et les bouleversements du Temps. Et le destin de l'humanité est inscrit dans cette abyssale temporalité.
Dans les sociétés traditionnelles, l’homme vit dans
l’éternité du cosmos. Nous, les Modernes, nous savons que les mondes et les
civilisations sont mortels. Ca change tout !
Les sociétés traditionnelles tournent en rond ; la Modernité
fuit en avant. Deux manières d’éluder l’état naissant.
Impossible de penser ce qui est au-delà de l'espace et en-deça du temps.
Einstein. Une cosmologie comme Copernic, Newton, non une métacosmologie comme la Bible.
Einstein reste pris dans la conception rationaliste du monde. S'il adhère à un Dieu, c'est celui de Spinoza.
Ou le monde tourne en rond (conception antique ou nietzschéenne du Retour Éternel) ou le monde s'ouvre incroyablement à l'Impossible (conception des religions monothéistes).
Comment penser le monde sans Dieu? D'où vient le Monde et vers où va-t-il? La Pensée moderne n'éclaire pas ces questions abyssales.
Sommes-nous les seuls êtres pensants dans cet univers aux dimensions infinies? La pensée n'est-elle apparue que sur la Terre, ce grain de sable perdu dans l'illimité?
Seulement en l'être humain, seulement en cette créature infime, l'univers infini sait-il qu'il existe? Stupéfiante pensée...
Dans cet univers a surgi un être qui est conscient de la mort, conscient de la finitude des choses. Animal vertical, hanté par la précarité de tout existant, témoin que tout va mourir. Sans l'être humain, cet univers où tout va disparaître n'en saurait rien.
Toutes les visions du monde modernes semblent inaptes à penser le monde en genèse et aboutissent apparemment au néant.
Il n'y a pas de Vision du Monde ( Weltanschauung), il n' y a qu'une abyssale Créativité, il n'y a qu'une abyssalité vertigineuse du Temps dont il est impossible de se faire une Image..
Le monde est genèse-apocalypse, le monde est sans cesse en genèse, en constante gestation, en perpétuel état naissant et perpétuelle révélation.
La Genèse est infinie Apocalypse, révélation du sens divin de la Création.
Nous sommes en plein dans la fièvre de la Genèse qui ne s'est pas arrêtée au septième jour du premier Livre de la Bible, une fièvre où plongent la Création entière et chaque créature, un Jeu infini qui emporte toute chose dans la Vie et par-delà la Mort.
Toute créature est perpétuelle genèse-apocalypse, chacune singulièrement.
Toute créature dans sa nuit aspire à la Lumière.
TOUTE LA NATURE ENSEMBLE EST OCCUPÉE A NAÎTRE ( CLAUDEL).
Le Monde va-t-il du néant au néant?
Nietzsche reprend le mythe de l’Éternel Retour en le renouvelant. Conception d'un monde cyclique clos sur lui-même, sans Néant.
Le Temps est la dimension de Genèse, de Vie en devenir, de Créativité divine et divino-humaine.
Tout est Histoire, tout est Devenir, déploiement dans le Temps, Genèse. Tout est Histoire, le Cosmos, la Vie, l'Humanité, chaque existence humaine.
Cosmos, Bios, Noos: trois créations originales, trois actes de la Genèse.
L'Histoire de l'Humanité est une Genèse où l'Homme tente de devenir lui-même.
Le temps est aussi ce qui efface tout, ce qui se heurte à la finitude. Le temps est à la fois Vie et Mort.
LE TEMPS EST L'INVITATION A MOURIR, LE MOYEN QUI PERMET AUX CHOSES D'AVOUER EN EXPIRANT LEUR NÉANT DANS LE SEIN DE LEUR CRÉATEUR (CLAUDEL).
Le temps est Vie, Mort et affrontement à l'éternité.
Apport de la Modernité. Découverte de l'Histoire du Cosmos, de la Vie, de l'Homme..Tout devient. Cependant l'Origine et la Finalité restent impensables. Impasses des Pensées modernes du Temps.
Le Jeu des jeux, l'Histoire du Cosmos, l'Histoire de la Vie, l'Histoire de l'Homme, est un Jeu infiniment profond de la Pulsion de vie et de la Pulsion de mort (Éros et Thanatos).
La question de Freud: qui l'emportera à la fin, Éros ou Thanatos, la Vie ou la Mort?
Depuis Copernic-Galilée, le Ciel n'est plus le séjour de la Divinité. Fin du Dieu Très-Haut.
Début de l'ère du Dieu venant du Dedans, du Dieu christique.
Origine. Chute. Péché originel. État de la Création avant l'Incarnation. L'humanité-nature, l'humanité sans Dieu.
La beauté est ce qui subsiste de Dieu dans le monde après la
chute.
La Création est processus de séparation de Dieu. Tsimtsoum comme le formule la pensée juive. Retrait de Dieu pour que le monde puisse exister. Monde de la nécessité, de la finitude, de la mort. L'envers de la dimension divine.
Thèse/antithèse.
DIEU NE PEUT ÊTRE PRÉSENT DANS LA CRÉATION QUE SOUS LA FORME DE L'ABSENCE (SIMONE WEIL).
Pourquoi Dieu a-t-il créé le monde? Pourquoi Dieu a-t-il créé l'homme? Quel est le dessein du Créateur?
Comment penser ensemble un Créateur Tout-Puissant et la misère de l'homme, le destin de souffrance et de mort de toutes les créatures?
Les milliards d'êtres humains apparus depuis des milliers d'années, quel est leur destin final? La fosse commune du Néant?
Pourquoi le Mal et pourquoi la Mort? Grande question à Dieu, s'il existe.
Dieu Créateur. Que peut signifier cette notion centrale des monothéismes?
Grande Genèse. Incarnation de Dieu dans la Création.
Schöpfung-Symphonie. Dieu/ Création/ Nouvelle Création: Histoire "hegelienne" en trois mouvements, thèse/antithèse/synthèse.
Unendlicher Pilgerweg ist die ganze Schöpfung.
Pèlerinage immense la Création entière.
St Paul, Rm 8, 28 : « Nous le savons, jusqu’à ce jour, toute la création gémit dans les douleurs de l’enfantement. Et non pas elle-seule : nous-mêmes qui possédons les prémices de l’Esprit, nous gémissons aussi intérieurement dans l’attente de la rédemption de notre corps. » Ceci s’applique à toute la Création. Toutes les souffrances que nous vivons, avec toute la Création, sont celles d’un long enfantement
La finalité de la Création est le Christ, l'Incarnation de Dieu, Dieu devenant le cœur de l'Homme, le Cœur du Monde, comme dit Hans-Urs von Balthasar.
En Marie, c'est la Création entière qui accueille l'Esprit de Dieu, le Verbe de Dieu, et permet à Dieu de s'incarner.
Le Verbe, la Parole de Dieu se fait chair humaine .
La Parole est infinie transcendance en acte.
La transcendance n’est pas une
Vérité abstraite qui plane au-dessus des mondes. La transcendance troue
l’immanence, elle ne la surplombe pas.
*
C’est une Parole vivante qui
s’offre au plus intime de la Création, qui s’incarne au plus intime de l’Histoire,
qui parle au plus intime du cœur de l’homme personnel et interpersonnel.
Abandon de toute Image du temps
et de l’espace. Nous n’habitons pas l’Histoire, nous n’habitons pas le Cosmos. Nous n'habitons pas la nature. Nous habitons le Lieu-Non-Lieu de la Parole.
Dieu n'accomplit la Création qu'en s'y incarnant et en s'y laissant crucifier pour assumer et transcender le Mal et la Mort, puissances négatives que l'être humain ne peut dompter.
Nous sommes à ce tournant de l’Histoire où, toutes les Images
du monde désagrégées, il nous faut affronter et vivre un univers
indéfinissable, un univers sans Image globale.
Qu’est-ce que l’Histoire ? Un évitement sans cesse
recommencé du temps du naître. Les hommes veulent toujours maîtriser le temps,
l’enfermer dans une téléologie, au lieu de s’y ouvrir sans réserve, de
s’abandonner totalement à l’état naissant de la Création.
Dieu doit passer par son absolu contraire. Moment crucial de
la Genèse.
En Christ, Dieu assume par amour la Création entière, lumière et ténèbres, bien et mal, et la transcende.
En Christ Dieu
accomplit la Création dont la finalité est la genèse de la Nouvelle Création,
le Royaume de l’Amour.
L'amout total, l'amour christique, c'est l'incarnation du Verbe à travers tout le corps, à travers tous les sens, à travers toutes les réalités, la libido transcendant toute la Création en Royaume de Dieu.
"JE PUIS EXPLIQUER TOUTES LES ÉNIGMES DE LA CRÉATION CAR LA SOLUTION DE TOUTES LES ÉNIGMES, C'EST L'AMOUR" (RUMI).
Prologue de l’Évangile de St Jean: nouvelle version de la Genèse.
"Croyance à l'unification du Monde en Dieu par l'Incarnation." (Teilhard de Chardin)
L'acte essentiel de la Genèse du Monde se produit au moment de la Résurrection du Christ: passage de la Création à la Nouvelle Création.
L’Esprit, l'Esprit du Christ, travaille au cœur de la Création pour faire advenir son accomplissement, la Nouvelle Création.
La Nouvelle Création est l’invention du règne de l’Amour dans un monde polarisé par la Force. Christification du monde. Retournement de la Création vers le Dieu-Amour. Grande Métanoïa.
La christité, l'expérience de l'Esprit du Christ, va infiniment plus loin que la simple convivialité
interhumaine. Elle embrasse la Création entière et espère en sa transmutation en
Nouvelle Création, en la victoire sur le Mal et la mort.
La Création présente est la matrice de la Nouvelle Création, de la genèse
du Royaume.
La Création sort du Néant et s’accomplit dans le Royaume de
Dieu.
LE CIEL ET LA TERRE. Les
deux grandes hérésies : penser la terre contre le ciel et le ciel contre
la terre.
*
Le ciel n’est pas un autre monde. Il est la dimension dans
laquelle s’accomplit ce monde.
Le Monde est le chantier du Royaume, non son opposé.
Terre et ciel sont liés dans le même drame abyssal.
La Terre est le champ, le ciel est le germe.
Notre tâche : laisser éclore le germe.
C’est le travail de l’Esprit à travers le temps.
Dieu habite le temps plus que l’espace.
Ne pas rêver du ciel.
Faire d'abord la vérité et la justice ici maintenant. Un Dieu exilé dans le
ciel est un faux Dieu.
Le monde est genèse dans la nuit, genèse-apocalypse.
Travail du Royaume. Assumer tout le réel et le transfigurer à travers la
Croix. Assumer toute la vie et la transmuer à travers la ténèbre de la mort.
Immense labeur de christification de toutes les réalités.
Le Royaume s'édifie en ce monde, contre sa réification.
Le Royaume, c’est
clairement et nettement l’incarnation du règne de la charité, non un ciel
chimérique.
Le Royaume se fait ici maintenant et n'est pas à exiler dans un au-delà
imaginaire.
*
Il n'y a de vie éternelle que celle dont nous sommes les germes dans le
champ du monde présent.
*
Travail du Royaume:
programme de l’antipolitique, le contraire de la politique de puissance. Lutte
pour l’homme de droit divin.
*
Tâche infinie : sans
cesse défaire toute Image du Monde et ouvrir en-deçà, au-delà, à la Vie
débordant toute Image de la Vie.
*
Le Royaume du Christ n'est pas de ce monde, c’est-à-dire du monde de la
domination, du monde de la puissance, du monde de la maîtrise. Du monde des
maîtres et des esclaves qui adorent les maîtres.
Dieu aussi a été réifié.
Le Royaume est en toi, dans ta découverte sans fin de l'amour. Le Royaume est entre toi et les autres, dans la mutuelle pratique de la charité.
Vision christique du monde :
Jeu du Monde et du Royaume. Ce n’est pas une rêverie d’outre-tombe, grand
reproche qu’adressent au christianisme ses contempteurs modernes. Le travail du
Royaume s’accomplit en pleine pâte du monde et va au-delà. Travail dans le fini
vers l’infini, fini et infini étant étroitement imbriqués.
*
Nous sommes sur terre pour incarner la Parole et par ce
moyen laisser croître le Royaume.
*
Le Royaume ne s’oppose pas à la Terre : il l’accomplit.
*
Celui qui veut aller au ciel n’y
arrivera pas car le ciel n’est pas un royaume à conquérir.
N’entre au Royaume que celui qui renonce à tout règne.
Un Royaume qui se ferme sur lui-même n’est pas le Royaume,
espace ouvert où doivent pouvoir se rencontrer tous les êtres humains.
Message de libération. Le Royaume, faites-le.
Jésus dit : le Royaume est en vous.
Mais on a tout recouvert, l’Ancien a réabsorbé l'absolue Nouveauté.
Les chaînes du monde sont en l’homme.
Jésus annonce le Royaume au
peuple. Mais les Puissants, les Docteurs le crucifient. Et la Nuit retombe.
Et règnent encore et toujours les Monopolisateurs du Monde.
Libérer l’Éternité incarcérée dans les chaînes du Temps.
Entrez dans le Jeu.
Abandonnez la pesanteur des
grands discours et devenez grâce – ici et maintenant.
Le Christ n'a été qu'un bref éclair improbable dans l'Histoire du Monde, mais un Éclair qui coupe cette Histoire en deux.
La Nouvelle Création naît du renoncement au Vouloir de la Toute-Puissance qui est voie de mort.
DE-CRÉATION EN TANT QU’ACHÈVEMENT TRANSCENDANT DE LA CRÉATION, ANÉANTISSEMENT EN DIEU QUI DONNE A LA CRÉATURE ANÉANTIE LA PLÉNITUDE DE L'ÊTRE , DONT ELLE EST PRIVÉE TANT QU'ELLE EXISTE (SIMONE WEIL).
Le Monde entier, la Création entière est Terre sainte; le Monde entier, la Création entière est la Demeure, le Lieu de l'infinie Métanoïa.
La Création entière est notre demeure.
Nous prenons de plus en plus conscience de l'unité de l'espèce humaine et de notre destin commun dans le devenir du monde. L'Humanité devient de plus en plus vraiment planétaire en dépit des conflits politiques, économiques et culturels entre les puissances.
Si ton Dieu n'est pas le Dieu de tous les hommes, de toutes les créatures, ce n'est pas le vrai Dieu.
Vivre Dieu ne peut être une simple expérience individualiste. Vivre Dieu ne se peut que dans le partage avec tous les humains, proches et lointains, le partage avec toutes les créatures. Eucharistie cosmique.
Nous faisons intimement partie de la Création et nous en sommes responsables. Nous devons retrouver le sens du Cosmos à l'instar de celui qu'éprouvaient les humanités prémodernes.
A la fois nous sommes partie intégrante de la Création et enracinés en Dieu, la Source de Vie. Nous sommes des êtres de nature et de surnature.
Tout le Dehors, le monde objectivé, est à relier au Dedans absolu, la présence de la Parole transcendante au plus intime de notre intimité.
Alliance de Dieu et de l'Homme pour accomplir le Royaume à travers la Création.
L'Amour divin ne passe que par l'Homme, Amour christique inspirant le respect de toute créature, ce qu'Albert Schweitzer nomme Ehrfurcht vor dem Leben, Respect de la vie.
L'être humain seul est théophore, théophane.
Dieu, c'est à nous de Le vivre pour toutes les créatures en leur témoignant notre plus grand respect.
Pourquoi l'homme moderne a-t-il perdu le sens de la Création? Cette perte est due à la montée de l'idéologie techno-scientifique de la Modernité mettant en avant la productivité, l'efficacité, l'enrichissement, la puissance. L'homme moderne peu à peu a oublié sa relation consubstantielle avec la nature.
Il faut une politique écologique pour la Création entière et pas seulement pour notre environnement.
Penser une éco-théologie.
Le salut du monde actuel pris dans le vertige du productivisme, du consumérisme et de ses conséquences la pollution sans limites et la destruction de la nature exige une conversion si radicale que peu de nos contemporains seraient prêts à y consentir.
Nous savons maintenant que nous allons pas à pas vers la Catastrophe écologique et pourtant malgré les incessantes paroles d'alerte nous poursuivons la route hallucinée de l'Ego moderne qui veut démentiellement toujours plus à tous les plans.
Nous vivons les temps extrêmes qui exigent de nous une métanoïa radicale si nous voulons éviter la Grande Catastrophe.
Le Très Grand Devoir de l'Homme: sauver la Création de Dieu, participer avec Dieu à l'émergence de la Nouvelle Création, le Royaume de Dieu initié par le Christ ressuscité.
Christ révélateur de ce qui est essentiel en l'homme, le dedans, l'inconscient absolu.
Ajouter Freud, Lacan,Vasse à Darwin, Teilhard de Chardin. L'être humain est la créature qui porte en elle inconsciemment l'image de Dieu.
"Il ne s'agit pas d'aller vers le plus profond en-dessous ou le plus lointain en arrière, mais vers le plus intérieur dans l'âme, et le plus nouveau dans le futur." (TEILHARD DE CHARDIN)
Nous sommes endormis. Nous ne voyons pas le miracle prodigieux de la Création, le miracle des créatures les plus humbles, l'herbe, l'araignée, jusqu'aux plus démesurées, les étoiles, les galaxies.
Le miracle de la Création se révèle à nous dans la mesure où nous lui ouvrons notre cœur.
Naître à l’étonnement de voir, à la grâce de voir, comme le
petit enfant, l’infans, s’éveillant
au monde, les yeux exorbités, extasiés.
Si l'homme détruit la Nature, il se détruit lui-même, il trahit sa mission de co-créateur et à la fin la Nature reprendra le dessus, effaçant l'espèce humaine.
Sans Dieu, l'humanité se dissout-elle dans le chaos incompréhensible du Devenir cosmique dont nous ignorons et l'origine et la fin?
Comprendre le vocable FIN à la fois comme terme et comme finalité.
Foi en la Nouvelle Création par-delà tous les mondes.
Jeu des jeux, le Jeu de Dieu et de l'Homme à travers toute la Création et son accomplissement en la Nouvelle Création.
Chaque être humain a deux patries: la sienne et puis la Création entière, Création présente et Nouvelle Création à venir par-delà les mondes finies.
Il n'y a pas d’ Œuvre complète, même pas celle de Dieu.
La Création est à achever, à accomplir
La nouvelle Création s'accomplit par-delà la mort, par-delà le monde présent; cependant tout se joue ici et maintenant.
C'est dans ce monde que Dieu s'est incarné. C'est dans ce monde qu'a eu lieu la Résurrection. C'est dans ce monde que nous avons à suivre le Christ, l'Ouvreur de Voie, la Voie de la Vie Éternelle.
REFERENCES
ADN Afrique berceau de l'humanité Alchimie Ameisen Anthropie Anthropocène Anthropogenèse Guilhen Antier (L'origine qui vient) Archéologie Apocalypse Aristote Jacques Arnould Art et poésie cosmiques Astrophysique Athéisme Augustin
Balmary Balthasar Barth Beauchamp(Création et séparation) Berdiaev Lee Berger Bergson ( L’Évolution créatrice) Béjart Bible Big Bang Biologie Blake Bloy Boehme Bonhoeffer (Schöpfung und Fall) François Bouchet Bouddhisme Boudignon André Boulet (Création et Rédemption) Dominique Bourg Brahic Breuil Brien
Cataclysme Catastrophe Changement climatique Chaos Charbonneau Charbonnier Chateaubriand Chesterton Bernard Chouraqui Chute Cinéma Cioran Civilisations Claudel Comte Copernic Yves Coppens Coran Corbin Cosmos Cosmogenèse Cosmogonie Cosmologie Création Créationnisme Créature Credo Cro Magnon Cuénot Cuvier Cycles
Darwin Dawkins (die Schöpfungslüge) Devenir Dogons Domestication Dubos Dworkin
Écologie Écologisme Einstein Ellul Pierre Emmanuel Empédocle Endzeit Engels Entropie Eschatologie Ésotérisme Éternel Retour Éternité Ethnologie Euvé Évangile Évolution Ex nihilo Exoplanètes Expansion de l'univers Exploration spatiale
Luc Ferry Fleg Finalisme Fin du monde Fin du monde et sens de l'humanité Fixisme Foessel Françoise d'Assise (Cantique des créatures) Robert Frank (Nanoart) Freud Otto Freundlich (Kosmischer Kommunismus)
Gaïa Galilée Gauguin Genèse Génétique Géologie Gestation Goethe Al Gore Gorz Götterdämerung Friedrich Wilhelm Graf Griaule Grosjean Grotte Chauvet Guardini
Haeckel Hafez Haley J.Michel Halimi Hasard Hawking Haydn Hegel Heidegger Héraclite Hérédité Hésiode(Théogonie) Hildegard von Bingen Hindouisme Histoire Histoire du Cosmos Histoire de la Terre Histoire de la Vie Hominidés Hominisation Homo Erectus Homo faber Homo Habilis Homo loquax Homo sapiens Hubble Hublin Hugo Hulot Husserl Huston
Joachim de Flore
Icônes Incas Islam
Jambet Jean Duns Scott Joachim de Flore Judaïsme Jugement dernier Juranville
Kabbale Kant Kepler Étienne Klein Pierre Koehl Krishnamurti
Lacan Lamarck Lanza del Vasto Laplace Lascaux Latour Nicole Le Douarin Roland Lehouc Leibnitz Lemaître Benny Lévy Linné Livre de Daniel Livre de Job Livres des Prophètes Livres sacrés Lubac Lupasco Lucrèce Luminet Jean Lurçat (Le chant du monde) Luther (Commentaires de la Genèse)
Jean-Clet Martin (Plurivers) Marx Matérialisme Matière noire Mayas Merleau-Ponty Métahistoire Michel-Ange Michelet Oscar Milosz Milton Miracle Jacques Monod Ben Moore Musique Mutation Mythes aborigènes, africains, amérindiens, celtes, chinois, dogons, égyptiens, germaniques, grecs, hindous, japonais, scandinaves, tibétains ... Mythologies
Nature Nature/culture Neandertal Nécessité Newton Nietzsche Nihilisme Nouvelle Création Novalis Novarina
Onfray (Cosmos) Ontogenèse Origine Orphée Orthodoxie Pierre Oster
Paléontologie Pape François (Encyclique "Laudato si") Parménide Parole Pascal Patou-Mathis Saint Paul Péché originel Pelt Penseurs musulmans Phénoménologie Philosophies de l'Histoire Philosophies du temps Phylogenèse Picq Pincas Platon Poème total mallarméen-ginsbergien Préhistoire Préserver la Création Présocratiques Prométhée Providence Psaumes
Rabhi J.Claude Renard Fabien Revol (Le temps de la création) Thomas Römer Jean Rostand Rythmes
Saadi Carl Sagan(Cosmos) Saint-John Perse Salut du Monde Sartre Schelling Schönborn Schopenhauer Schweitzer Science-fiction Serres Spinoza Swedenborg
Taoïsme Tautavel Teilhard de Chardin (Le phénomène humain)Téléologie Téléologie bouddhiste chrétienne islamique juive marxienne nietzschéenne Télescope Témoins de Jéhova Temps Temps et Éternité Théodicée Théologie Théologie de la Création Thomas d'Aquin Thoreau Tohu-bohu Transformisme Transhumanisme Tresmontant Les trois blessures narcissiques de l'humanité Tsimtsoum Turner
Urknall
Vahanian Valéry Vasse Verbe Vie extraterrestre
Waechter Wagner Watson-Crick Simone Weil
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire